Tourisme et durabilité : un aperçu général
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Tourisme et durabilité : un aperçu général
Tourisme et durabilité : un aperçu général Ce document a été préparé par le Département du développement durable du tourisme de l’Organisation mondiale du tourisme. Il est en partie basée sur la publication OMT-PNUE : « Vers un tourisme durable : guide à l’usage des décideurs » (2005). Table des matières 1. TENDANCES DU TOURISME ET ANTECEDENTS SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE 2 2. LES PRINCIPAUX ENJEUX D’UN TOURISME PLUS DURABLE 6 3. RECONNAISSANCE INTERNATIONALE 9 4. PRINCIPES DIRECTEURS ET APPROCHES 10 5. UN PROGRAMME POUR LE TOURISME DURABLE 12 6. LE POINT DE VUE DES GOUVERNEMENTS, DU MARCHE ET DES ENTREPRISES 15 7. LE ROLE CRUCIAL DU GOUVERNEMENT 17 ANNEXE 1: RAPPORT DES POLITIQUES SOUMIS PAR L’OMT A LA DIVISION DU DEVELOPPEMENT DURABLE DE L’ONU (MAI 2001) 19 PUBLICATIONS DE L’OMT SUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE DU TOURISME 29 ANNEXE 2: 2 1. Tendances du tourisme et antécédents sur le développement durable Tourisme : dynamisme et croissance Le tourisme est un phénomène social et économique majeur qui a caractérisé le développement des sociétés durant la fin du XX et le début du XXI siècle. Avec 808 millions d’arrivées internationales enregistrées en 2005, soit près de 682 milliards de dollars de recettes, le tourisme est une activité mondiale majeure qui a crû de 25 % ces dix dernières années. Il représente actuellement à peu près 10 % de l’activité économique du monde et figure parmi les principaux secteurs créateurs d’emplois. Cependant, il a des impacts majeurs sur l’environnement naturel et bâti, ainsi que sur le bien-être et la culture des populations d’accueil. Les taux de croissance prévus restent élevés et même si les tendances mondiales et régionales ont fluctué d’une année sur l’autre (dernièrement à cause des craintes suscitées par le terrorisme, les crises sanitaires et les catastrophes naturelles), le tourisme a montré une solide capacité de se rétablir rapidement. De plus en plus de personnes ont envie de voyager et ont les moyens de le faire et l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) prévoit plus de 1,6 milliard d’arrivées internationales d’ici 2020, soit plus du double du niveau actuel. Les prévisions annoncent une croissance du tourisme dans toutes les régions du monde, la croissance relative la plus importante devant se produire dans certaines régions du monde en développement. L’Europe, l’Amérique du Nord et du Sud, l’Asie de l’Est et le Pacifique devraient cumuler 80 % des arrivées totales en 2020 et donc maintenir leur domination en volume ; les arrivées de touristes internationaux en Afrique devraient progresser en moyenne de 5,5 % par an pendant cette période et les arrivées en Asie du Sud de plus de 6 %, par rapport à une moyenne mondiale d’un peu plus de 4 %. Mais les voyages internationaux ne constituent qu’un aspect du tourisme. Dans de nombreux pays développés, le tourisme domestique dépasse les arrivées internationales en termes de volume et de revenus générés. Il devrait lui aussi se développer fortement. Les impacts environnementaux et économiques du tourisme domestiques, qu’ils soient positifs ou négatifs, sont généralement similaires à ceux du tourisme international. Développement durable du tourisme Le but du développement durable est de créer une vie meilleure pour tous les êtres humains par des moyens qui soient aussi viables dans l’avenir qu’aujourd’hui. En d’autres termes, le développement durable est basé sur le principe d’une gestion rationnelle des ressources du monde et de l’équité dans leur utilisation et dans la répartition des bénéfices qui en découlent. Trois dimensions ou « piliers » du développement durable sont généralement reconnus et considérés comme essentiels : 1. la viabilité économique, ce qui signifie générer de la prospérité à différents niveaux de la société et se soucier de la rentabilité de toute activité économique. Le plus Tourisme et durabilité : un aperçu général 3 important ici est la viabilité des entreprises et des activités et leur capacité de se maintenir à long terme ; 2. la viabilité sociale, qui signifie respecter les droits de l’homme et l’égalité des chances pour tous dans la société. Elle passe par une répartition équitable des bénéfices, avec pour priorité la lutte contre la pauvreté. L’accent est mis sur les communautés locales, le maintien et le renforcement de leurs systèmes de subsistance, la reconnaissance et le respect des différentes cultures et la disparition de toute forme d’exploitation ; 3. la viabilité environnementale, qui signifie conserver et gérer les ressources, en particulier celles qui ne sont pas renouvelables ou qui sont précieuses pour la survie de l’homme. Elle exige des mesures pour réduire la pollution de l’air, du sol et de l’eau et pour conserver la diversité biologique et le patrimoine naturel. Parvenir au développement durable, c’est trouver un équilibre entre ces trois dimensions, et cela est également applicable au tourisme. Par conséquent, le tourisme durable n’est pas une forme distincte ou spécifique de tourisme. Ce sont toutes les formes de tourisme qui doivent s’efforcer de devenir plus durables. Le tourisme occupe une position spéciale par rapport à la contribution qu’il peut apporter au développement durable et aux défis qu’il pose. Il a ceci de particulier qu’il peut à la fois avoir des retombées économiques et sociales favorables pour les communautés locales et renforcer la sensibilisation et le soutien à la conservation de l’environnement. Dans le secteur du tourisme, le développement économique et la protection de l’environnement ne doivent pas être considérés comme des forces opposées : ils devraient aller de pair, comme des aspirations qui peuvent et doivent se renforcer mutuellement. Les politiques et les actions entreprises doivent viser à renforcer les bénéfices et à réduire les coûts du tourisme. Il y a une relation spéciale entre le tourisme et le développement durable du fait que, dans ce secteur, c’est le consommateur (le touriste) qui se déplace jusqu’au producteur et au produit. Cela induit trois caractéristiques importantes et uniques de la relation entre le tourisme et le développement durable : - Interaction : en tant qu’activité de services qui consiste à faire découvrir de nouveaux lieux, le tourisme implique par nature de multiples interactions, directes et indirectes, entre les visiteurs, les communautés d’accueil et leur environnement local ; - Sensibilisation : le tourisme fait prendre conscience aux gens (visiteurs et hôtes) des problèmes d’environnement et des différences entre nations et cultures. Cela peut modifier les attitudes et les préoccupations par rapport aux questions de développement durable, au cours du voyage mais aussi pour toute la vie ; - Dépendance : de nombreux touristes recherchent des environnements intacts et propres, des aires naturelles attrayantes, des traditions historiques et culturelles authentiques et des hôtes accueillants avec lesquels ils puissent avoir de bonnes relations. Le secteur est donc tributaire de l’existence de ces conditions. Ce lien étroit et direct crée une situation fragile où le tourisme peut avoir des effets à la fois désastreux et très positifs sur le développement durable. Tourisme et durabilité : un aperçu général 4 Du côté des effets positifs, le tourisme peut : - Etre une source croissante d’opportunités de développement d’entreprises et de création d’emplois, ainsi que de stimulation les investissements et de soutien aux services locaux, même dans les communautés relativement isolées ; - Conférer une valeur économique tangible aux ressources naturelles et culturelles, ce qui peut se traduire par des revenus directs (dépenses des visiteurs) pour leur conservation et par un soutien accru des communautés locales à la conservation ; - Etre un facteur de compréhension interculturelle et de paix. A l’inverse, le tourisme peut : - Exercer une pression directe sur les écosystèmes fragiles, provoquant la dégradation de l’environnement physique et perturbant la faune et la flore sauvages ; - Exercer une pression considérable sur les communautés d’accueil et conduire à la désorganisation des sociétés traditionnelles ; - Etre en compétition pour l’utilisation de ressources rares, principalement le sol et l’eau ; • Apporter une contribution majeure à la pollution locale et globale ; - Etre une source de revenus vulnérable et instable, car souvent très sensible aux modifications, perçues ou réelles, de l’état environnemental et social des destinations. Le résultat est que tous ceux qui jouent un rôle dans le tourisme ont l’énorme responsabilité de reconnaître l’importance de sa durabilité. Le tourisme peut faire beaucoup de bien. Mais il peut aussi être le vecteur de pressions susceptibles de détruire les ressources dont il est tributaire. Si on le développe sans se soucier de sa durabilité, il peut non seulement faire du tort aux sociétés et à l’environnement, mais aussi receler les germes de sa propre destruction. Du point du vue des gouvernements, les politiques touristiques qui prennent en compte les problèmes économiques, sociaux et environnementaux et qui sont élaborées en ayant présent à l’esprit son pouvoir à la fois destructeur et bénéfique, sont un moyen de canaliser dans la bonne direction les forces résultant de la croissance dynamique du secteur. Du point de vue des professionnels du tourisme, accepter cette responsabilité ce n’est pas seulement faire preuve de civisme, c’est asseoir ce civisme sur un solide intérêt personnel, car toute atteinte à l’environnement naturel, culturel ou social d’une destination peut conduire à sa destruction ou à la perte de sa valeur en tant que produit touristique. En termes économiques, le développement durable est un moyen de garantir le facteur crucial déjà évoqué : « la viabilité des entreprises et des activités, et leur aptitude à se maintenir à long terme ». Il y a souvent une certaine confusion concernant le fait que le tourisme durable serait une forme particulière de tourisme attirant un marché étroit, sensible aux impacts environnementaux et sociaux, pour lequel il existe des types particuliers de produits et d’opérateurs et qui se caractérise généralement, contrairement au tourisme de masse, par sa petite échelle. C’est là une méprise dangereuse : il faut qu’il soit bien clair que l’expression « tourisme durable », qui désigne un « tourisme basé sur les principes du développement durable », fait référence à un objectif fondamental : rendre toutes les formes de tourisme plus durables. Le terme doit être employé pour désigner une condition du tourisme, pas un type de tourisme. Correctement géré, le tourisme de masse peut et Tourisme et durabilité : un aperçu général 5 devrait être aussi durable que le tourisme à petite échelle, dispersé ou axé sur des centres d’intérêt particuliers. De plus, le tourisme durable ne doit pas laisser entendre qu’il existerait un état « fini » du tourisme. En fait, il est souvent dit que le tourisme pourrait n’être jamais totalement viable : le développement durable du tourisme est un processus d’amélioration permanent. La confusion concernant la signification de l’expression « tourisme durable » a été accentuée par l’emploi du terme « écotourisme » comme synonyme de tourisme durable. Or, si l’écotourisme adhère aux principes du tourisme durable, il fait explicitement référence à un produit bien spécifique. Il s’agit d’une forme de tourisme pratiquée dans des régions naturelles, comportant une forme d’interprétation du patrimoine naturel et culturel, soutenant la conservation et des communautés autochtones et généralement organisée pour de petits groupes. Le développement de l’écotourisme peut être un outil utile dans le cadre de stratégies générales de tourisme plus durable, comme exposé dans la Déclaration du Québec sur l’écotourisme en 2002. En se basant sur les principes du développement durable, l’OMT a préparé une définition complète du tourisme durable, en insistant surle fair que cela se réfère à toutes les formes de tourisme. En termes simples, le tourisme durable peut être défini comme étant : « Un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil. » Développement durable du tourisme Définition conceptuelle Les principes directeurs et les pratiques de gestion du développement durable du tourisme sont applicables à toutes les formes de tourisme dans tous les types de destination, y compris au tourisme de masse et aux divers créneaux touristiques. Les principes de durabilité concernent les aspects environnemental, économique et socioculturel du développement du tourisme. Pour garantir sur le long terme la durabilité de ce dernier, il faut parvenir au bon équilibre entre ces trois aspects. Par conséquent, le tourisme durable doit : 1) exploiter de façon optimum les ressources de l’environnement qui constituent un élément clé de la mise en valeur touristique, en préservant les processus écologiques essentiels et en aidant à sauvegarder les ressources naturelles et la biodiversité ; 2) respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, conserver leur patrimoine culturel bâti et vivant et leurs valeurs traditionnelles et contribuer à l’entente et à la tolérance interculturelles ; 3) assurer une activité économique viable sur le long terme offrant à toutes les parties prenantes des avantages socioéconomiques équitablement répartis, notamment des emplois stables, des possibilités de bénéfices et des services sociaux pour les communautés d’accueil, et contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté. Le développement durable du tourisme requiert la participation, en connaissance de cause, de tous les acteurs concernés, ainsi qu’une forte direction politique pour assurer une large participation et l’existence d’un consensus. Le tourisme durable est le fruit d’efforts permanents et il exige le contrôle constant des effets de cette activité, ce qui suppose l’adoption, chaque fois qu’il y a lieu, des mesures préventives et/ou correctrices nécessaires. Il faut aussi que le tourisme durable inspire un degré élevé de satisfaction chez les touristes et qu’il soit pour eux une expérience utile en leur faisant prendre davantage conscience des problèmes de durabilité et en encourageant parmi eux les pratiques adaptées. Tourisme et durabilité : un aperçu général 6 Les acteurs du tourisme durable De nombreux groupes peuvent tirer avantage d’un tourisme plus durable : - les entreprises de tourisme, tout en cherchant la rentabilité à long terme, doivent se préoccuper de leur image de marque, des relations avec leur personnel et de leur impact sur l’environnement mondial et sur leur environnement immédiat ; - les communautés locales aspirent à une prospérité accrue, sans exploitation ni atteinte à la qualité de la vie ; - les défenseurs de l’environnement s’inquiètent des impacts négatifs du tourisme, mais y voient également une source de revenus pour la conservation ; - les touristes recherchent des prestations de qualité dans un environnement sûr et attrayant ; ils sont de plus en plus conscients des impacts de leurs voyages. Pour rendre le tourisme plus durable, les gouvernements doivent prendre en compte les différents points de vue et motivations de ces acteurs et travailler avec eux pour atteindre des objectifs communs. Les gouvernements ont un rôle clé à jouer La durabilité est la responsabilité de tous ceux qui sont impliqués dans le secteur du tourisme. La plupart des impacts du tourisme résultent des activités du secteur privé et des touristes eux-mêmes. Il est cependant évident que les gouvernements doivent jouer un rôle de premier plan, si des progrès significatifs vers un tourisme durable sont attendus, et ce, pour les raisons suivantes : - l’industrie touristique est très fragmentée. Il est difficile pour de nombreuses microentreprises et petites entreprises isolées d’avoir un impact significatif : aussi, une coordination s’impose ; - le développement durable touche des questions d’intérêt général : l’air, l’eau, le patrimoine naturel et culturel, la qualité de la vie. De plus, la plupart de ces ressources sont gérées par les gouvernements ; - les gouvernements ont à leur disposition la plupart des outils nécessaires pour faire la différence, tels que le pouvoir d’édicter des règlements et d’offrir des incitations économiques, ils ont également à disposition les ressources et les institutions à même de promouvoir et faire connaître les bonnes pratiques. Les gouvernements doivent créer les conditions d’un contexte qui permette au secteur privé, aux touristes et aux autres acteurs de prendre en compte les questions de durabilité et leur donne les moyens de le faire concrètement. La meilleure façon d’y parvenir est d’adopter et de mettre en oeuvre un ensemble de politiques de développement et de gestion du tourisme élaborées en concertation avec les autres acteurs et articulées autour du développement durable. 2. Les principaux enjeux d’un tourisme plus durable A l’instar d’autres secteurs, le tourisme est confronté à des défis globaux majeurs. Cinq d’entre eux sont abordés ci-dessous. S’ils ne rendent pas compte de la totalité des défis auxquels le tourisme doit faire face, tous constituent des questions importantes reconnues comme telles dans le monde. Elles permettent ici d’illustrer les multiples impacts et opportunités liées au tourisme, et de mettre en lumière quelques-unes des nombreuses Tourisme et durabilité : un aperçu général 7 raisons pour lesquelles les gouvernements devraient s’inquiéter sérieusement de son développement durable. Gérer une croissance dynamique La multiplication par deux des mouvements de touristes prévue pour les 15 prochaines années générera des pressions considérables. Si l’on veut éviter de porter atteinte aux ressources dont le tourisme est tributaire, il faut gérer correctement cette croissance. Ceci requiert une planification soigneuse de la localisation et des types d’aménagement, une amélioration des pratiques de gestion de l’environnement et une influence accrue sur les modes de consommation. Certains types de lieux, notamment ceux énumérés ci-dessous, sont particulièrement vulnérables aux pressions : - Les environnements côtiers et marins où des aménagements implantés sur des sites mal choisis, une gestion des déchets des stations balnéaires et des croisières inadaptée, et la surconsommation générale des touristes provoquent une sérieuse perte d’habitats naturels et d’attrait des sites ; - Les villes historiques et les sites du patrimoine culturel où les pressions et la surfréquentation des visiteurs ainsi que le trafic lié à leurs déplacements remettent en cause l’attrait des lieux et la qualité de vie des résidents ; - Les environnements naturels fragiles où des niveaux de fréquentation même faibles peuvent mettre en péril la biodiversité. Le changement climatique Le changement climatique est un problème majeur pour la viabilité à long terme du tourisme et ce à double titre : parce qu’il aura des conséquences sur le tourisme et parce que le tourisme est une des causes du changement climatique. Les effets du changement climatique, comme l’élévation des niveaux des mers, l’augmentation de la fréquence et de la violence des marées et des tempêtes, l’érosion des plages, le blanchissement du corail et les ruptures d’alimentation en eau, menacent de nombreuses destinations côtières. Les lieux de villégiature en montagne souffriront également de l’élévation de la limite des neiges et le raccourcissement de la saison de sports d’hiver. Les changements de température et des régimes de précipitations modifieront l’attrait du marché dans la plupart des régions du monde, bien que de façons différentes, en fonction de l’interaction des effets incitatifs et dissuasifs dans les pays d’origine et de destination. Le tourisme pourrait être aussi touché par d’autres facteurs comme la propagation des maladies tropicales et la disponibilité de l’eau. Certains de ces impacts se font déjà sentir. Le tourisme pourrait être responsable de 5,3 % des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, les transports constituant environ 90 % de ce pourcentage6. Selon les estimations, les avions représentent 2 à 3 % de la consommation totale de combustibles fossiles dans le monde et jusqu’à 3,5 % de l’effet de serre anthropique, plus de 80 % de ces chiffres étant le fait de l’aviation civile7. D’après les tendances actuelles, ces impacts devraient augmenter considérablement, le transport aérien étant l’une des sources d’émission de gaz à effet de serre qui s’accroît le plus rapidement. Tourisme et durabilité : un aperçu général 8 Lutte contre la pauvreté Réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015 est le but des Objectifs de développement du Millénaire des Nations Unies. La contribution potentielle du tourisme à cet objectif est de plus en plus reconnue, en partie parce ce qu’il s’agit d’un des rares secteurs où, grâce à leurs ressources culturelles et naturelles, les pays pauvres ont comparativement un avantage économique. Parce qu’il constitue souvent une nouvelle source de revenus dans les zones rurales qui concentrent les trois quarts des personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, le développement du tourisme procure des opportunités pour contribuer à la lutte contre la pauvreté. C’est aussi une activité qui utilise beaucoup de main-d’oeuvre et où il y a peu de barrières à l’embauche. La gageure est de trouver de meilleurs moyens de canaliser les dépenses des visiteurs vers les plus démunis, y compris par le biais de l’économie informelle. Le Programme ST-EP (Sustainable Tourism – Eliminating Poverty), mis en place par l’Organisation mondiale du tourisme depuis 2004 avec le support de plusieurs gouvernements, a pour objectif de mieux canaliser l’énorme potentiel économique du tourisme vers la réduction de la pauvreté. L’autre défi à relever est celui de l’inversion de la tendance à payer peu les employés du secteur. Tous les pays doivent veiller à ce que les gens employés dans le tourisme soient correctement rémunérés, bien traités et qu’ils bénéficient de possibilités d’avancement. Aide à la conservation La nécessité de trouver davantage de ressources financières pour soutenir la conservation de l’environnement est un problème mondial dont la gravité varie toutefois d’un pays à l’autre. Les fonds reçus par les aires protégées des pays en développement représentent souvent moins de 30 % de leurs besoins élémentaires et certains gouvernements ont réduit leurs budgets de conservation de plus de 50 % ces dix dernières années. Le tourisme constitue d’ores et déjà une contribution directe majeure aux revenus des aires protégées et des sites du patrimoine par le biais des droits d’entrée, des permis, des concessions, etc. ; cette contribution peut être élargie. Plus généralement, le tourisme peut devenir un moteur pour une gestion plus durable des terres dans toutes les régions du monde en fournissant une source de revenus supplémentaire ou alternative aux fermiers et aux communautés rurales qui sont tributaires de la bonne gestion des ressources naturelles. Santé, sûreté et sécurité Récemment les incertitudes liées à la santé et la sûreté des voyages et de certaines destinations ont provoqué des fluctuations considérables de flux de touristes. Même s’il s’agit probablement d’un phénomène à court terme et si le rétablissement des flux est souvent rapide, cet aspect doit être considéré globalement dans la problématique de la durabilité du tourisme. Les implications ont trait aux politiques mises en place en matière d’image, de gestion de l’information et aux mesures spécifiques visant à améliorer la sûreté et la sécurité des touristes. Tourisme et durabilité : un aperçu général 9 3. Reconnaissance internationale L’importance que revêt le tourisme pour le développement durable et la nécessité qu’il intègre les principes du développement durable sont reconnues de manière croissante dans les forums internationaux et sont reflétées dans plusieurs déclarations. La Commission du développement durable des Nations Unies, 7ème session, 1999 La septième session de la Commission du développement durable des Nations Unies (CDD) a appelé les gouvernements à faire avancer le développement du tourisme durable. Elle a particulièrement insisté sur la nécessité que soient élaborés des politiques, stratégies et plans directeurs pour un tourisme durable basés sur l’Agenda 21, afin de fournir aux organisations concernées, au secteur privé et aux populations autochtones et locales une orientation et des moyens pour concentrer leur action. Elle a souligné le caractère indispensable que revêtent la consultation de toutes les parties prenantes et le travail en partenariat avec elles. Elle a demandé le renforcement des capacités avec les communautés locales et le déploiement d’instruments parmi lesquels les accords et initiatives volontaires. Les aides aux PME ainsi que la diffusion d’une information adaptée aux touristes ont également été listées. Le Code mondial d’éthique du tourisme de l’OMT, 1999 Ce code a été approuvé par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2001 qui a invité les gouvernements et autres acteurs du secteur du tourisme à transcrire le contenu du code dans la législation, les règlements et les pratiques professionnelles principaux. Le code reprend la plupart des principes de développement durable du tourisme développés par la CDD et d’autres. Il place aussi un accent particulier sur le rôle particulier que joue le tourisme dans la compréhension mutuelle et le respect entre les peuples, et comme instrument d’accomplissement personnel et collectif. Des articles distincts définissent le droit au tourisme (« La possibilité d’un accès direct et personnel aux découvertes et à la jouissance des ressources de la planète est un droit dont bénéficient tous les habitants de la Terre sans distinction ») et la liberté de mouvement des touristes, basés en partie sur la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il définit aussi les droits des travailleurs et des entrepreneurs du secteur du tourisme en matière de reconnaissance, de formation, de protection sociale et autres aspects. La Convention sur la diversité biologique, Recommandations concernant la biodiversité et le développement du tourisme, 2003 Ces recommandations ont été adoptées en 2003 par la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB). Les gouvernements sont invités à les intégrer lors de l’élaboration ou de la révision de leurs stratégies et plans de développement touristique, de leurs stratégies nationales de biodiversité et plans d’action et autres stratégies sectorielles apparentées, en consultant les parties intéressées. Les recommandations définissent un processus en 10 étapes pour l’élaboration des politiques, la planification du développement et la gestion du tourisme dans les destinations ou sur les sites. Il couvre la collecte de données, la définition de stratégies et d’objectifs, la révision de la législation, l’évaluation et la gestion des impacts, la prise de décisions, la mise en oeuvre, le suivi et la gestion adaptative. Les recommandations fixent également des exigences de notification préalable de tout projet d’aménagement ainsi qu’en matière de renforcement des capacités permettant de soutenir l’ensemble du processus. Tourisme et durabilité : un aperçu général 10 Déclaration du Québec sur l’écotourisme, 2002 Il s’agit de la déclaration du Sommet mondial de l’écotourisme qui a été le point culminant de l’Année internationale de l’écotourisme (2002) des Nations Unies. Elle expose les recommandations des participants au sommet aux gouvernements, aux professionnels du tourisme et autres acteurs, sur les diverses mesures à prendre pour favoriser le développement de l’écotourisme. Plusieurs concernent des instruments spécifiques abordés plus loin dans cet ouvrage. La déclaration reconnaît explicitement la pertinence des approches élaborées pour l’écotourisme à la tâche plus vaste de rendre toutes les formes de tourisme plus durables. Le sommet mondial sur le développement durable, Johannesburg, 2002 Dans son Plan d’action, le SMDD préconise la promotion du tourisme durable comme l’une des stratégies de protection et de gestion des ressources naturelles qui sont à la base du développement économique et social. Bien que n’étant pas prescriptif, le plan (article 43) met l’accent sur la coopération internationale, l’assistance technique aux populations, la gestion des visiteurs et un meilleur accès au marché. Le développement du tourisme est également spécifiquement mentionné parmi les mesures à prendre pour permettre le développement durable des petits États insulaires et de l’Afrique, ainsi que pour la gestion de l’énergie et la conservation de la biodiversité. Déclaration sur « Le tourisme au service des objectifs de développement du Millénaire », 2005 À l’invitation de l’OMT, cette Déclaration fut adoptée en septembre 2005 par un groupe représentatif de dirigeants d’États, d’entreprises, d’institutions spécialisées des Nations Unies et de la société civile réuni à New York la veille de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la révision des ODM. 4. Principes directeurs et approches L’élaboration et la mise en oeuvre de politiques de tourisme durable doivent reposer sur un certain nombre de principes et d’approches à portée universelle. Certains sont inhérents aux principes du développement durable, d’autres ont été identifiés au fil du temps par ceux qui travaillent dans le secteur. Ces concepts et principes sont présentés ci-après. Impulser une direction Adopter un point de vue holistique La planification et le développement du tourisme ne doivent pas constituer des initiatives isolées. Le tourisme doit s’inscrire dans le développement durable des communautés, au même titre que les autres activités. Son impact sur d’autres secteurs, en termes de compétition pour l’utilisation des ressources et de soutien mutuel, doit être pris en compte. Il faut éviter toute dépendance excessive d’une économie et d’une société à l’égard du tourisme. Une approche holistique suppose aussi que l’on tienne compte de tous les impacts et des relations et liens en son sein même et que l’on considère les incidences que l’ensemble des politiques publiques peuvent avoir sur le tourisme et inversement. Tourisme et durabilité : un aperçu général 11 Rechercher la participation de l’ensemble des acteurs concernés Le tourisme durable est une affaire de contrôle local mais aussi de travail commun. Tous ceux qui sont impliqués dans le tourisme doivent avoir la possibilité d’influer sur son développement et sa gestion. Cela peut prendre la forme de partenariats formalisés ou d’accords plus informels, et impliquer le renforcement et l’utilisation des structures démocratiques locales. Planifier pour le long terme Les approches à court terme doivent être évitées et les visions à long terme encouragées, en mobilisant les ressources de manière adaptée. Autant que possible, les initiatives doivent être autosuffisantes. Les projets structurés autour de contributions et moyens financiers à court terme doivent s’inquiéter de savoir comment les initiatives, une fois lancées, pourront être pérennisées dans le plus long terme. Se préoccuper des impacts globaux et locaux Les impacts sur l’environnement et les communautés locales sont souvent manifestes. Il est donc souvent plus facile d’obtenir un soutien pour les politiques qui se préoccupent de ces impacts que pour celles qui se préoccupent de problèmes globaux. Cependant, le développement durable du tourisme doit accorder autant d’attention aux impacts globaux que locaux, notamment eu égard à la pollution qu’il génère (gaz à effet de serre, par ex.) et à l’utilisation des ressources non renouvelables. Ces impacts globaux ont en outre un effet direct sur le tourisme (par ex. le changement climatique). Promouvoir une consommation durable Le développement durable n’est pas seulement une question d’offre. La même attention doit être portée aux modes de consommation et à leurs impacts. Cela signifie agir sur le volume et la nature de la demande touristique, les choix des touristes (tels que les produits sélectionnés et les modes de transport), leurs activités et comportements. Mettre le développement durable sur un pied d’égalité avec la qualité L’idée qu’une destination ou un produit touristique de qualité doit prendre en compte l’ensemble des problèmes de développement durable et ne pas s’axer uniquement sur la satisfaction du visiteur devrait être acceptée par tous. Les touristes doivent être incités à considérer qu’il y a plus de chances pour qu’un lieu qui se soucie de l’environnement et de la main d’oeuvre qui y travaille se préoccupe également d’eux. Élaborer l’approche Intégrer tous les impacts dans les coûts : le principe du « pollueur payeur » Selon le principe du « pollueur payeur », c’est celui qui a des impacts sur l’environnement qui doit supporter les coûts correspondants lesquels doivent, dans la mesure du possible, être intégrés dans les coûts financiers. Ce principe a des implications majeures en termes d’élaboration des politiques et d’utilisation d’instruments économiques pour influencer la consommation et la pollution. Dans le secteur du tourisme, il a par exemple des implications au niveau du prix des activités suivantes : transports, accès aux sites, élimination des déchets, etc. Minimiser la prise de risques : le principe de précaution Une évaluation sérieuse des risques est une composante importante du développement du tourisme durable. Faute d’éléments suffisants pour apprécier l’impact possible d’un Tourisme et durabilité : un aperçu général 12 aménagement ou d’une activité, c’est le principe de précaution qui doit être adopté, ce qui signifie prendre des mesures pour prévenir tout dommage plutôt que de chercher des remèdes après coup. Adopter une perspective basée sur le cycle de vie L’évaluation du cycle de vie prend pleinement en compte les impacts sur toute la durée de vie d’un produit ou service, et inclut les ressources utilisées, le choix du site et la conception, le développement et la construction, tous les moyens mis en oeuvre pour son fonctionnement, son élimination et les conséquences et implications en fin de vie. Envisager des alternatives fonctionnelles Il convient de se demander si la même fonction peut être accomplie et le même résultat obtenu avec une solution qui peut être bénéfique et avoir moins d’impacts négatifs sur les ressources. Par exemple, dans une stratégie visant à améliorer la satisfaction des visiteurs en leur proposant de nouvelles activités de loisirs, il s’agit de donner la préférence aux options qui ont le moins d’impacts environnementaux et sociaux négatifs et le plus de bénéfices économiques. Respecter les limites La volonté et la capacité de limiter l’ampleur du développement touristique ou l’affluence des touristes sur une destination ou sur un site sont centrales dans le concept de tourisme durable. Les facteurs de limitation peuvent être la résilience écologique, la capacité en ressources naturelles, les préoccupations de la communauté, la satisfaction des visiteurs, etc. Ces facteurs doivent être pris en compte pour fixer les limites qui doivent être respectées par l’ensemble des acteurs concernés. Favoriser une amélioration permanente S’adapter à l’évolution du contexte L’action et la gestion adaptatives constituent un aspect important du développement durable. Le tourisme est sensible au contexte en termes de performance et de niveau d’impact. Les menaces mondiales, comme le changement climatique et le terrorisme, doivent être prises en compte dans la planification du tourisme et dans l’introduction de la gestion du risque dans les politiques mises en place. Assurer un suivi permanent à l’aide d’indicateurs Une gestion rationnelle du tourisme suppose que l’on puisse disposer rapidement de données sur l’évolution des impacts dans le temps, afin de pouvoir ajuster en conséquence les politiques et les mesures à prendre. Il faut établir des indicateurs relatifs aux buts et objectifs du développement durable afin de suivre l’état, les résultats et les impacts du tourisme. Des programmes de suivi rentables doivent être mis en place. 5. Un programme pour le tourisme durable Il convient, pour définir un programme de développement durable du tourisme, de prendre en compte le concept général de développement durable, la place spécifique du tourisme et des accords conclus sur la scène internationale. Tourisme et durabilité : un aperçu général 13 Ce programme devra couvrir deux aspects interdépendants de la durabilité du tourisme : - la capacité du tourisme de se maintenir en tant qu’activité dans le futur, en veillant à ce que les conditions soient réunies pour cela ; - la capacité de la société et de l’environnement d’absorber et de tirer avantage des impacts du tourisme de façon durable. Sur cette base, un programme de développement durable du tourisme peut être articulé autour de douze objectifs ayant trait aux impacts économiques, sociaux et environnementaux. Un programme ainsi formulé peut servir de cadre pour élaborer des politiques favorisant un tourisme plus durable et qui identifie et reconnaisse les deux axes sur lesquels la politique menée dans ce secteur peut influer : - la minimisation des impacts négatifs du tourisme sur la société et l’environnement ; - la maximisation de la contribution positive et créative du tourisme aux économies locales, à la conservation du patrimoine naturel et culturel et à la qualité de la vie des populations d’accueil et des visiteurs. Les douze objectifs d’un programme en faveur du tourisme durable sont : 1 La viabilité économique Assurer la viabilité et la compétitivité des destinations et entreprises touristiques afin qu’elles puissent continuer à prospérer et générer des bénéfices à long terme. 2 La prospérité au niveau local Maximiser la contribution du tourisme à la prospérité économique de la destination hôte, notamment la proportion de dépenses touristiques réalisées dont bénéficie la communauté locale. 3 La qualité de l’emploi Renforcer le nombre et la qualité d’emplois locaux créés et supportés par le tourisme, notamment les niveaux de salaire, les conditions de travail et l’égalité des chances devant l’emploi, sans discrimination de sexe, de race, de handicap ou autre. 4 L’équité sociale Rechercher une répartition large et juste des bénéfices économiques et sociaux du tourisme dans l’ensemble de la communauté bénéficiaire, notamment en améliorant les opportunités d’emploi, les revenus et les services proposés aux plus pauvres. 5 La satisfaction des visiteurs Offrir à tous les visiteurs des activités sûres, enrichissantes et appréciées, sans discrimination fondée sur le sexe, la race, le handicap ou autre. 6 Le contrôle local Faire participer les communautés locales, en leur en donnant les moyens, à la planification et au processus décisionnel concernant la gestion et l’évolution future du tourisme dans leur région, en consultation avec les autres acteurs. 7 Le bien-être des communautés Maintenir et améliorer la qualité de vie des communautés locales, notamment les structures sociales et l’accès aux ressources, aux services collectifs et aux Tourisme et durabilité : un aperçu général 14 systèmes d’assistance à la vie, en évitant toute forme de dégradation ou d’exploitation sociale. 8 Richesse culturelle Respecter et renforcer le patrimoine historique, la culture authentique, les traditions et les particularités des communautés d’accueil. 9 Intégrité physique Maintenir et améliorer la qualité des paysages, urbains et ruraux, et éviter toute dégradation physique et visuelle de l’environnement. 10 Diversité biologique Soutenir la conservation des aires naturelles, des habitats, de la faune et de la flore sauvages, et limiter le plus possible les dommages qu’ils peuvent subir. 11 Utilisation rationnelle des ressources Limiter au maximum l’utilisation des ressources rares et non renouvelables dans le développement et l’exploitation des infrastructures et services touristiques. 12 Pureté de l’environnement Limiter au maximum la pollution de l’air, de l’eau et du sol et la production de déchets par les entreprises touristiques et les visiteurs. L’ordre dans lequel ces objectifs sont présentés n’implique pas un quelconque ordre de priorité. Ils revêtent tous la même importance. Beaucoup de ces objectifs concernent une combinaison de problèmes et impacts environnementaux, économiques et sociaux, comme l’illustrent la figure et les exemples suivants : - La viabilité économique est fortement tributaire du maintien de la qualité de l’environnement local. - Satisfaire le visiteur, c’est répondre à ses besoins et créer des débouchés (objectif social) , mais c’est également crucial pour la viabilité économique. - La richesse culturelle est souvent considérée comme relevant de la sphère sociale du développement durable, mais elle a une énorme influence sur les aspects environnementaux à travers l’environnement bâti et les dimensions culturelles de l’interaction de la société avec la nature. - Le bien-être des communautés, qui peut être considéré comme un objectif principalement social, a de fortes corrélations avec la gestion des ressources environnementales, par exemple l’accès à l’eau douce. - Les questions de qualité de l’emploi et d’équité sociale, comme la lutte contre la pauvreté, sont étroitement liées aux problèmes de viabilité économique et sociale. Tourisme et durabilité : un aperçu général 15 Liens entre les 12 objectifs et les piliers du développement durable 6. Le point de vue des gouvernements, du marché et des entreprises Les gouvernements doivent reconnaître que de plus en plus d’entreprises du secteur privé et de visiteurs s’intéressent à la durabilité du tourisme. Ils doivent en tenir compte quand ils cherchent à persuader les professionnels du tourisme de prendre le développement durable plus au sérieux, en faisant valoir les avantages d’une approche plus durable pour développer leurs affaires et pour leurs bénéfices. Comprendre les attitudes des touristes : plus qu’un marché de niche Les gouvernements doivent comprendre ce qui est important pour les touristes s’ils veulent pourvoir influencer efficacement leur comportement. Aux dires de certains, les touristes ne seraient pas, dans leur majorité, intéressés par la durabilité de leurs voyages, ce qui est un obstacle majeur à l’instauration d’un tourisme plus durable. L’interprétation de la réaction des touristes dépend toutefois de la nature des questions posées. Ainsi, bien que des études sur le marché de l’écotourisme (par ex. celles effectuées par l’OMT) aient conclu qu’il s’agit effectivement d’un petit marché spécialisé (mais en plein essor), ces études avaient précisément pour objet d’identifier les touristes et les voyagistes recherchant ou proposant des vacances à thème axées sur l’observation de la nature et sa conservation. Les études plus larges qui ont tenté de déterminer dans quelle mesure les consommateurs étaient intéressés par les liens entre leurs activités de touristes et l’environnement et les communautés d’accueil (plutôt que leur réaction au concept de développement durable en général) suggèrent un écho beaucoup plus vaste sur le marché. Elles font apparaître : Tourisme et durabilité : un aperçu général 16 - - - - De hauts niveaux de préoccupation pour l’environnement et la société dans les destinations où le problème risque de nuire directement au bien-être même du touriste (par ex. propreté de l’eau et niveau de sécurité). Un intérêt majeur et croissant des touristes pour les visites de sites naturels et culturels pendant leurs vacances et la valeur éducative et authentique de ces expériences. Cela vaut aussi bien pour les vacanciers en général que pour ceux qui s’intéressent à des sujets particuliers. Le nombre important de touristes qui se disent soucieux de l’impact de leur voyage, que ce soit à travers leurs activités ou le choix du voyagiste ou prestataire de services auquel ils s’adressent. La volonté manifestée de payer davantage pour soutenir l’environnement et les communautés au niveau local. Malgré ces réactions positives, il est important de rester réaliste quant au rapport de force entre les différents facteurs qui influencent le choix des vacances. L’expérience et des enquêtes auprès des touristes semblent indiquer que la perception de l’attrait global d’une destination, le climat, la praticabilité, la qualité des infrastructures et le prix continuent de peser bien plus lourd que les préoccupations relatives à l’impact du voyage. Mais ces dernières peuvent faire pencher la balance si les autres facteurs sont comparables. Il semble aussi que les touristes se sentent plus facilement concernés par les impacts sur l’environnement local et la qualité de vie de leurs hôtes que par les impacts globaux. Enfin, il y a peu de données attestant les efforts réalisés par les touristes pour changer leurs pratiques de voyage et de consommation, malgré le souci et l’intérêt manifestés. Le défi repose donc sur plus de volonté politique, d’incitations et d’informations si l’on veut vraiment changer les choses. Conformément à l’approche générale préconisée, il vaut mieux encourager tous les touristes à être plus conscients des impacts de leurs voyages, à s’intéresser à et à se soucier davantage des populations d’accueil, que d’essayer de dénicher le « touriste durable ». Responsabilité sociale et environnementale des entreprises dans le secteur du tourisme Les entreprises du secteur privé sont de plus en plus nombreuses à reconnaître que leurs responsabilités à l’égard de la société vont au-delà des fonctions traditionnelles de production de richesses et de profit. Les gouvernements peuvent tenir compte de cette prise de conscience dans la conception de leurs politiques et initiatives dans le domaine touristique et l’exploiter pour mobiliser les professionnels et obtenir leur adhésion. Le concept de responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE) signifie l’adoption de pratiques transparentes, basées sur des valeurs éthiques. Il commence à faire son chemin et beaucoup d’entreprises intègrent déjà des engagements sociaux et environnementaux dans la définition de leur mission. Certaines ont adopté le principe du rapport de développement durable qui consiste à mesurer et communiquer les résultats sociaux et environnementaux avec les résultats financiers. Dans le secteur touristique, certaines entreprises ont mis en place un système de gestion de l’environnement et ont créé des fondations (ou d’autres mécanismes) de soutien à des projets sociaux et environnementaux dans les communautés où elles mènent leurs activités. Tourisme et durabilité : un aperçu général 17 Des voyagistes ont fait des efforts pour appliquer les principes du développement durable dans la conception de leurs programmes de voyage, le choix de leurs fournisseurs, le travail avec les communautés locales et l’information des touristes, mais cela concerne surtout des voyagistes spécialisés, d’envergure restreinte. Il existe des réseaux de voyagistes partisans de cette démarche en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et dans quelques autres pays. L’Initiative des voyagistes soutenue par le PNUE, l’UNESCO et l’OMT a des membres dans plusieurs pays et a été la première à faire adopter des bonnes pratiques durables aux voyagistes et dans les destinations où ils sont présents. L’attitude des petits prestataires de services indépendants est difficile à appréhender. Leur réaction à des questions comme celle de la gestion de l’environnement dépend souvent de l’intérêt personnel du propriétaire. La proportion d’établissements hôteliers individuels qui adhèrent au système d’écolabel (certification) se situe entre 1 et 10 % seulement du nombre total d’établissements dans les pays où le système existe. Il y a toutefois quelques exemples remarquables d’entreprises individuelles soutenant des projets environnementaux et sociaux locaux. Les gouvernements ont là un rôle majeur à jouer en favorisant une reconnaissance généralisée et l’adhésion de l’ensemble des professionnels du tourisme. 7. Le rôle crucial du gouvernement Les gouvernements ont un rôle crucial à jouer dans le développement et la gestion du tourisme et dans son évolution vers plus de durabilité. Le niveau d’engagement des gouvernements dans le tourisme varie considérablement d’un bout à l’autre du monde. Les contacts établis avec eux sur la question du développement durable montrent cependant que la plupart s’efforcent, du moins en théorie, de favoriser le développement d’un tourisme durable. Cela vaut aussi bien pour les pays développés que pour les pays en développement, même si l’importance qui lui est accordée peut varier. Dans les pays en développement, l’intérêt pour le tourisme durable est davantage lié à aux problèmes de lutte contre la pauvreté et de financement de la conservation ; dans le monde développé, ce sont surtout les questions de rajeunissement des destinations et de gestion des visiteurs qui sont mises en avant. Quelles que soient les motivations des gouvernements, l’intervention directe est un aspect mineur de leur rôle. Le tourisme est en effet principalement le domaine des entreprises privées et ce sont leurs activités, ainsi que celles des touristes, qui sont responsables de la plupart des impacts, positifs ou négatifs. L’une des fonctions premières du gouvernement, pour favoriser un tourisme plus durable, est donc de créer des conditions permettant ou encourageant l’adoption de pratiques plus durables par le secteur privé et influant sur l’évolution des flux et des comportements des visiteurs, afin de maximiser les bénéfices et de minimiser les impacts négatifs du tourisme. Les principales raisons justifiant l’importance du rôle des gouvernements sont les suivantes : - Les priorités du développement durable touchent prioritairement des domaines d’intérêt public plutôt que privé. Même si le secteur privé commence à reconnaître sa responsabilité, on ne peut attendre de lui qu’il adopte, seul, un rôle moteur en la matière. - Dans tous les pays, le secteur du tourisme est fragmenté en plusieurs milliers d’entreprises, principalement des microentreprises ou des petites entreprises., Tourisme et durabilité : un aperçu général 18 - - Collectivement, elles peuvent faire bouger les choses, alors qu’individuellement, cela n’est que peu perceptible, d’où le besoin de coordination. De plus, les très petites entreprises ont souvent besoin d’une assistance extérieure et de conseils pour modifier leurs activités et les adapter à de nouvelles priorités. Les gouvernements sont responsables de nombreuses fonctions cruciales pour le développement durable du tourisme, par exemple l’aménagement du territoire, la réglementation du travail et de la protection de l’environnement, la mise en place d’infrastructures et de services sociaux et environnementaux. De nombreux gouvernements apportent déjà un soutien actif au tourisme entre autres à travers des actions de marketing, des services d’information, de l’éducation, souvent dans le cadre de partenariats public-privé. Ces initiatives doivent être poursuivies et davantage harmonisées avec les objectifs du développement durable. Les développements et fonctions ci-dessus sont applicables aux instances gouvernementales nationales et locales. Dans de nombreux pays, les objectifs et actions poursuivis par les gouvernements peuvent être considérés comme compatibles avec un développement durable et il convient de noter l’intérêt, certes récent mais considérable, d’inscrire les politiques touristiques dans le cadre plus large des stratégies de développement durable ou de lutte contre la pauvreté. Cependant, comme cela a déjà été évoqué, la compréhension de ce qu’exige un développement durable du tourisme, voire même de la terminologie, n’est pas homogène d’un État à l’autre. Une approche plus systématique s’avère donc nécessaire pour lier les objectifs et principes du développement durable aux politiques et à leurs instruments. Tourisme et durabilité : un aperçu général 19 Annexe 1: Rapport des politiques soumis par l’OMT à la Division du développement durable de l’ONU (mai 2001) Ce rapport a été produit par l’OMT en préparation du Sommet mondial pour le développement durable. 1. Évaluation générale de l’efficacité des politiques des gouvernements, des organisations et organismes internationaux et des grands groupes A. Au niveau national Depuis le Sommet de la Terre de Rio, la durabilité est devenue, dans le monde entier, la question centrale des politiques de développement du tourisme. Bien que l’Organisation mondiale du tourisme encourage des politiques touristiques ne portant atteinte ni à l’environnement ni à la culture et même, depuis le milieu des années 1980, des méthodes d’application, le Sommet de Rio a marqué un net tournant dans le degré de perception des pratiques durables dans le secteur du tourisme de la part des gouvernements et des grands groupes. D’une façon générale, le besoin d’une démarche systématique de planification du tourisme est désormais largement reconnu, au point que cette démarche est devenue courante. Les politiques et les stratégies touristiques recommandées par les institutions internationales et formulées par les pouvoirs publics aux échelons national, régional et local abordent de plus en plus les problèmes d’environnement et de durabilité. Dans plusieurs pays, la politique de tourisme durable est intégrée dans une vaste politique ou stratégie nationale en matière d’environnement et de durabilité et, dans la plupart des cas où il existe une politique et une stratégie nationales de développement durable du tourisme, elles sont définies de façon précise. D’une enquête des Nations Unies auprès d’une cinquantaine de pays concernant leur politique et leur méthode pour favoriser le développement durable, y compris dans le secteur du tourisme, on peut tirer les conclusions suivantes : 1. La définition d’une politique globale de l’environnement et d’une stratégie l’accompagnant au niveau national, semble être, pour la plupart des pays, un élément clé, fondamental, pour assurer le développement durable du tourisme. 2. Cependant, l’administration nationale du tourisme de beaucoup de pays regrette que la politique, la législation et la réglementation relatives à l’environnement soient souvent formulées sans tenir compte des besoins et du potentiel du secteur du tourisme. 3. C’est donc seulement dans quelques cas que le tourisme est intégré dans le processus de planification nationale du développement. 4. Les politiques, les stratégies et les principes directeurs en matière de développement durable du tourisme et/ou les plans directeurs du tourisme de longue durée tenant compte des principes de la durabilité sont devenus tout à fait courants dans la plupart des pays en développement et à l’indépendance récente. Tourisme et durabilité : un aperçu général 20 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. Dans certains cas, les plans directeurs sont élaborés au niveau infranational (par ex. pour une province ou un département, voire pour une unité territoriale plus petite). La plupart des pays signalent un renforcement de la prise de conscience du problème de la durabilité chez au moins deux grands acteurs du tourisme : les pouvoirs publics et le secteur privé. Cette nouvelle perception est fréquemment le résultat de programmes particuliers de sensibilisation qui ont également atteint d’autres segments de la population comme les étudiants et les communautés locales. Les années 1990 ont vu une décentralisation accélérée de la prise de décisions, de la planification et de la réglementation de l’État concernant le tourisme et ses problèmes de durabilité. Dans quelques cas, il a été formulé et appliqué avec succès un programme local « Action 21 » visant le tourisme. Dans beaucoup de pays, tout cela a facilité l’association des grands groupes à tous les stades du développement et de la gestion du tourisme et même, dans certains cas, à la surveillance de ses effets. Si les communautés locales ne sont pas directement représentées par des responsables élus, les ONG assument le rôle de représentation des intérêts des communautés et de l’environnement. Le secteur du tourisme, qui est presque entièrement dans des mains privées, est consulté régulièrement par les responsables publics du tourisme au sujet de questions déterminées de planification ou de réglementation lorsque ces dernières existent ; certains gouvernements ont fait de sérieux efforts pour que les professionnels du tourisme participent à la solution des problèmes de durabilité et prennent des engagements dans ce domaine. Les plans et les principes directeurs en matière de durabilité semblent plus courants en ce qui concerne le sous-secteur de l’écotourisme et, parfois, on pense à tort que c’est le seul sous-secteur qui en a besoin. En raison de leur vulnérabilité et de la forte concentration d’équipements touristiques qu’on y observe, les zones côtières, les îles et les parcs nationaux font l’objet d’une attention spéciale dans certains pays. L’aménagement de l’espace ou du territoire n’est mentionné que dans très peu de cas comme instrument pour faciliter la durabilité du tourisme. Le secteur hôtelier en particulier reconnaît généralement la nécessité d’introduire dans ses activités un système de gestion de l’environnement. Dans certains cas, il n’a pas fallu adopter de réglementation à cet effet, le secteur lui-même ayant introduit pareil système volontairement et de sa propre initiative (c’est le cas, par exemple, de grandes chaînes d’hôtels ou, par l’intermédiaire d’une association professionnelle, d’hôtels indépendants). Seuls quelques pays ou régions de pays, principalement dans le monde développé, ont mis en place des indicateurs valables et efficaces pour évaluer les progrès accomplis sur la voie de la durabilité du tourisme. Entre autres initiatives volontaires, des systèmes d’homologation et des écolabels touristiques ont été officiellement adoptés ou soutenus par les administrations nationales ou locales d’un certain nombre de pays. Il n’est pas rendu compte de l’efficacité de tels systèmes, à savoir de leur respect et de leur reconnaissance évidente par les consommateurs. Dans pas mal de pays, on commence à s’efforcer de faire figurer les problèmes de durabilité dans les programmes d’éducation et de formation touristiques. Tourisme et durabilité : un aperçu général 21 15. 16. 17. Seul un petit nombre de pays et de destinations prises séparément reconnaissent les liens entre l’offre de produits touristiques durables et la compétitivité sur le marché. Les pays développés ont beaucoup fait progresser les connaissances dans le domaine du développement et de la gestion durables du tourisme. Une enquête de l’Organisation mondiale du tourisme auprès de ses États membres montre que, ces toutes dernières années, plus de cent projets d’étude des questions de développement durable du tourisme ont été entrepris dans quarante-sept pays, surtout en Europe et dans les Amériques. Par ailleurs, une enquête bibliographique de l’OMT a recensé presque cinq cents titres d’ouvrages et de revues consacrés, à la fin des années 1990, aux sujets particuliers du développement durable du tourisme, de la capacité de charge touristique, des effets du tourisme sur l’environnement, la société et la culture, des principes directeurs d’un aménagement durable pour le tourisme, etc. L’apparition de réseaux de coopération régionale et parfois interrégionale, soit de nature générale, soit propres au tourisme (dans les Caraïbes, dans les pays riverains de la Baltique et de la Méditerranée, dans l’Union européenne, etc.), a favorisé la diffusion des pratiques durables dans le tourisme. Les faits énumérés ci-dessus concernent un large éventail de pays développés et en développement sur tous les continents. Ils démontrent de façon manifeste l’évolution du développement et de la gestion du tourisme, la reconnaissance des principes de la durabilité par les acteurs du tourisme et les activités croissantes de réglementation des pouvoirs publics. Il est toutefois difficile d’évaluer à l’échelle planétaire l’efficacité de ces politiques pour la protection des environnements naturel et culturel, avec simultanément la garantie d’une croissance économique équilibrée assortie d’une juste répartition des avantages ; la cause en est la grande diversité des situations écologiques, sociales et économiques entre régions et pays. On peut conclure qu’il a été fait des progrès substantiels sous les angles a) d’une sensibilité accrue aux questions de durabilité chez tous les acteurs du tourisme, en particulier dans les administrations publiques, et b) de l’existence de solutions techniques plus ou moins douces pour remédier aux effets négatifs du tourisme sur l’environnement, la société et la culture. Cependant, chacun sait que les démarches, politiques et plans en faveur du tourisme durable ne sont pas toujours suivis et appliqués de façon systématique par tous les pays, dans toutes les destinations touristiques et par tous les acteurs du tourisme. Il existe de nombreux facteurs empêchant une application plus rigoureuse des politiques affichées et l’exécution des plans de mise en valeur touristique, facteurs dont les plus importants semblent être les suivants : 1. la faiblesse généralisée de l’administration nationale du tourisme dans la plupart des pays, pour ce qui est des moyens tant institutionnels que financiers ; 2. le manque d’intégration du secteur touristique dans un plan global de développement ; 3. l’absence de stratégies particulières de développement durable du tourisme ; 4. le caractère horizontal du secteur touristique, qui dépend de nombreux intrants et qui touche de nombreuses activités relevant de nombreux départements ministériels, d’où un manque de coordination ; Tourisme et durabilité : un aperçu général 22 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. la fragmentation du secteur touristique, avec une majorité écrasante de microentreprises et de petites et moyennes entreprises ; le manque de savoir-faire technique, surtout dans les pays en développement et dans les PMA, ou le transfert et l’application insuffisants des techniques existantes ; la persistance du manque de sensibilisation parmi les acteurs locaux, en particulier parmi les professionnels du secteur privé, au besoin d’instaurer des pratiques durables dans le tourisme ; l’insuffisance des fonds pour construire l’infrastructure voulue afin d’éviter les effets négatifs sur l’environnement (par ex. des installations de traitement des déchets et d’épuration des eaux) ; le manque de fonds pour surveiller efficacement les activités touristiques ; l’insuffisance ou le manque total de ressources humaines des pouvoirs publics pour planifier, gérer et surveiller les activités touristiques ; la pression permanente et parfois grandissante du secteur hôtelier et des promoteurs immobiliers pour construire une infrastructure d’hébergement supplémentaire dans les zones côtières ; l’absence ou l’insuffisance des données et des sources de données pour permettre l’application continuelle des indicateurs de durabilité du tourisme ; la prolifération des écolabels et des initiatives volontaires et le manque d’une procédure et de règles strictes pour beaucoup d’entre eux, ce qui crée la confusion et nuit à leur crédibilité auprès des consommateurs ; le manque de lois et règlements spéciaux et de mécanismes d’application et, par conséquent, le manque d’instruments de surveillance à la disposition des autorités touristiques, des pouvoirs publics locaux et d’autres administrations publiques. En conclusion, on peut affirmer qu’en dépit des deux facteurs positifs constatés plus haut (sensibilité accrue et existence de solutions techniques), le degré d’application des politiques et des techniques plus ou moins douces pour assurer le développement et la gestion durables du tourisme reste faible à cause des facteurs qui viennent d’être énumérés. B. Au niveau international Les organisations internationales ont joué un rôle majeur dans l’encouragement de la durabilité dans le secteur du tourisme. L’Organisation mondiale du tourisme a publié plusieurs ouvrages traitant de méthodes, de principes directeurs de planification et de gestion et de critères d’adoption de normes et d’indicateurs, tant de nature générale qu’adaptés à certains types de destinations ou à différentes régions du monde. Ces principes et techniques ont été diffusés en recourant à différents moyens : supports électroniques, conférences, missions spéciales dans les pays, séminaires de formation, etc. Plusieurs milliers de hauts responsables et de fonctionnaires du tourisme ainsi que de responsables locaux ont été les bénéficiaires immédiats de ces activités, tandis que les bénéficiaires finals devraient être les populations locales des destinations accueillant les touristes et les touristes eux-mêmes. Tourisme et durabilité : un aperçu général 23 Néanmoins, pour l’OMT comme pour toute autre institution internationale, il est difficile d’évaluer le degré réel d’application des recommandations sur lesquelles ont débouché ses travaux. La chose est particulièrement difficile dans le domaine du tourisme du fait que, comme il a été dit plus haut, l’application des plans, des stratégies et des principes directeurs particuliers y est du ressort de nombreux acteurs appartenant tant au secteur public qu’au secteur privé. Certaines organisations internationales s’occupant du tourisme au niveau régional, qui rassemblent souvent des membres des secteurs public et privé (par ex. l’Organisation du tourisme des Caraïbes, la Commission du tourisme de la Baltique ou la Pacific Asia Travel Association), ont également fait de la durabilité un de leurs champs d’activité prioritaires et y ont entrepris un travail technique dans l’intérêt de leurs membres. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’UNESCO, le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, la Banque mondiale, entre autres à l’échelon de la planète, ainsi que la CESAP et la CEPALC de l’ONU, l’Union européenne, l’OCDE, l’Association des États de la Caraïbe, la Communauté de développement de l’Afrique australe, l’Association des pays baltes, des institutions financières régionales et d’autres organismes internationaux à l’échelon régional se sont également engagés dans plusieurs programmes destinés à favoriser une plus grande durabilité dans le secteur du tourisme. Le PNUE en particulier a lancé un certain nombre d’initiatives pour encourager l’utilisation, par les entreprises touristiques, de techniques respectueuses de l’environnement et, avec son Programme international pour les mers, pour évaluer les effets du tourisme sur les zones côtières. Une action commune de l’OMT et du PNUE dans plusieurs domaines – le tourisme dans les petits États insulaires en développement, le comportement durable des voyagistes (initiative « Voyagistes »), le tourisme dans les parcs naturels et les zones protégées, etc. – a permis de rassembler les responsables nationaux et locaux des administrations chargées du tourisme et de l’environnement ainsi que les opérateurs du secteur privé, ce qui a stimulé entre eux la coopération et la coordination. De même, des activités et des publications communes de l’OMT et de l’UNESCO ont encouragé une plus grande durabilité dans le développement et la gestion du tourisme dans les sites du patrimoine culturel. Le souci croissant de la durabilité du tourisme dont ont fait preuve, ces dix dernières années, de nombreux organismes internationaux (en plus, bien entendu, des organismes comme l’OMT qui ont pour mission de s’occuper du tourisme) et leur engagement grandissant sur cette voie ont certainement été positifs. Parallèlement, aux échelons international, national et local, on comprend de plus en plus qu’il est fondamental que les multiples parties prenantes du secteur dialoguent et prennent ensemble les décisions. Le besoin impératif de rendre l’activité touristique plus durable et, en même temps, d’accroître la contribution du tourisme au développement durable est désormais un défi que presque tout le monde accepte et toute action des organismes internationaux en ce sens est utile. Il en découle aussi la participation d’un plus grand nombre d’acteurs, dont le secteur privé, les autorités locales et les ONG. Cependant, le risque de dispersion de l’action et d’emploi peu efficace des faibles ressources publiques internationales est également évident. Il existe un besoin pressant de plus grande concertation dans l’action de la part de l’ensemble du système des institutions internationales et l’idéal serait d’y inclure Tourisme et durabilité : un aperçu général 24 également les organismes d’aide bilatérale. Il a déjà été dit plus haut que le tourisme touche de nombreux autres secteurs d’activité. Sa durabilité a, par conséquent, des composantes économiques, écologiques et socioculturelles qui renvoient à un réseau complexe de fournisseurs de biens et services publics et privés. L’action indépendante d’un organisme sur un seul de ces aspects a peu de chances d’avoir des résultats significatifs pour ce qui est de rendre plus durable l’ensemble de l’activité touristique. Seule une action internationale coordonnée, surtout dans le cas de l’aide fournie aux pays en développement, peut garantir la prise en compte cohérente de tous les aspects du tourisme. Au niveau international, en 1999, la septième session de la CDD des Nations Unies a servi de forum mondial pour un débat entre les multiples parties prenantes sur les problèmes de durabilité dans le secteur du tourisme. Elle n’est toutefois pas parvenue à susciter une action plus concertée des nombreux organismes intergouvernementaux et grands groupes concernés. Le manque de ressources et l’absence d’un mandat clair ont probablement été les deux raisons principales de cet échec. 2. Exemples de politiques ayant provoqué un changement tangible en faveur du développement durable du tourisme Plusieurs types de politiques, de programmes et de projets peuvent servir d’exemples de la capacité qu’a le tourisme à devenir plus durable et à mieux contribuer au développement durable en un endroit déterminé. Un premier exemple a trait à l’association des communautés locales, à savoir d’ordinaire des communautés autochtones, aux programmes de protection de l’environnement en liant ceux-ci à des activités touristiques commerciales qui servent à créer des revenus, ce qui fait qu’on s’occupe simultanément des dimensions écologiques et socioéconomiques du développement durable. Dans certains pays (par ex. le Brésil, la Namibie, l’Ouganda et le Venezuela), il a été mis en place des programmes touristiques spéciaux pour aider les communautés autochtones. Une législation spéciale y a été adoptée pour permettre à ces communautés de tirer des avantages directs de la gestion des espèces sauvages et du développement du tourisme. L’État aide les membres des communautés à s’organiser en associations avec deux objectifs liés entre eux : la protection de la nature et les activités en rapport avec le tourisme, ces dernières leur permettant d’obtenir des revenus très nécessaires. Avec le concours des ONG, l’État assure la formation du personnel chargé de la protection de l’environnement et il y a partage de l’expérience acquise lors d’initiatives touristiques dans d’autres régions ou pays, parfois avec une assistance technique ou financière extérieure. Les populations locales vivant dans les parcs nationaux ou à proximité sont aussi encouragées à créer des réseaux de microentreprises touristiques ainsi que d’autres types d’activités soutenant le tourisme, comme la production et la commercialisation d’objets artisanaux, les services de restauration locale, les cultures de produits agricoles pour satisfaire la demande des touristes, etc. Pour ces populations, le tourisme représente une précieuse source de revenus – et parfois la seule – pouvant remplacer l’agriculture de subsistance ou axée sur l’exportation, ou une source de revenus supplémentaire pareillement appréciée. Tourisme et durabilité : un aperçu général 25 L’appui des pouvoirs publics et des ONG revêt différentes formes : assistance technique et aide à la gestion ; publication de cartes et de guides touristiques indiquant la situation des divers services qu’offre le réseau touristique local ; promotion internationale de la destination, etc. L’État et les ONG aident aussi à la création ou à l’amélioration de l’infrastructure de base comme l’électricité, les installations sanitaires et l’entretien des routes et des sentiers utilisés par les touristes. La mise en valeur des parcs naturels ou des zones protégées, grâce à une activité rentable pour les communautés locales comme le tourisme, sert également à améliorer la coopération entre les agriculteurs et les autorités. La législation relative à l’environnement n’est plus considérée comme une entrave à leur liberté et au développement économique. Et pour les pouvoirs publics, l’écotourisme est un instrument de protection de la nature. Bien que ces programmes aient été appliqués avec succès dans plusieurs pays, leur poids mondial est encore limité. Pour avoir une plus grande portée afin à la fois d’améliorer la qualité de vie des communautés autochtones et de contribuer à la protection de la nature et des espèces sauvages, ces programmes doivent être reproduits sur une plus grande échelle et davantage soutenus par les pouvoirs publics, les ONG et les organismes internationaux et bilatéraux de coopération. Le soutien est nécessaire dans divers domaines : pour créer ou renforcer les moyens et la capacité de gestion ; pour assurer la promotion et la commercialisation internationales, de préférence en coopération ; pour sensibiliser et former les communautés locales pour ce qui est des questions de protection de l’environnement et des risques d’un développement excessif du tourisme ; pour financer les investissements destinés à améliorer l’infrastructure de base dont ont besoin les touristes ; pour financer les programmes de surveillance et de contrôle, etc. Un deuxième exemple est celui de la création, par une autorité publique, d’un système d’homologation ou d’un écolabel d’une sorte ou d’une autre, soit au niveau régional au sens large (ex. : le Pavillon bleu en Europe), soit au niveau national (ex. : Costa Rica, France), soit encore au niveau régional ou local (ex. : Autriche, Espagne, Italie). Ces systèmes servent à encourager des sociétés ou même des municipalités à apporter des améliorations visant la protection de l’environnement et d’autres aspects de la durabilité à leur infrastructure touristique et/ou à leurs activités quotidiennes. En accordant une homologation ou un label reconnaissant la conformité avec les normes de durabilité fixées par la réglementation en vigueur ou leur dépassement, les destinations et les entreprises touristiques se mettent dans une meilleure position concurrentielle vis-à-vis du consommateur. De leur côté, les consommateurs ont ainsi, avec l’aval des pouvoirs publics, de solides garanties que les services touristiques qui leur sont offerts respectent les principes de la durabilité et qu’ils contribuent, directement ou indirectement, à rendre plus durables les destinations qu’ils visitent. Enfin, à condition de faire l’objet d’une gestion rigoureuse, ces systèmes servent à faire prendre davantage conscience à tous les acteurs du secteur de la nécessité de relever le niveau de durabilité du développement et des activités touristiques. Tourisme et durabilité : un aperçu général 26 3. Options et opportunités pour accélérer la réalisation des objectifs du développement durable dans le secteur du tourisme Atteindre à court et à moyen terme les objectifs du développement durable dans le secteur du tourisme ne semble pas être un défi impossible à relever. Un grand pas en avant a déjà été fait, pour l’essentiel depuis le Sommet de la Terre de Rio, à savoir la prise de conscience, désormais presque générale, qu’il faut que le tourisme soit plus durable s’il veut survivre pour les générations à venir et s’il veut vraiment contribuer au développement socioéconomique durable. Cette prise de conscience existe des deux côtés du marché. Chez les consommateurs, qui exigent dorénavant un degré plus élevé de durabilité dans les destinations qu’ils visitent et dans les pratiques des prestataires de services qui s’occupent de satisfaire leurs besoins. Et chez les fournisseurs, qui sont maintenant plus conscients du fait que leur réussite à long terme dépend de l’exploitation durable des atouts touristiques sur lesquels repose leur offre : sites naturels intacts, sites culturels et cultures traditionnelles vivantes. Il est néanmoins nécessaire de poursuivre l’action de sensibilisation pour approfondir et étendre l’engagement en faveur de la durabilité, surtout dans le segment dit du tourisme de masse. Les professionnels du tourisme de masse sont fréquemment tentés de se défausser des problèmes de durabilité pour obtenir une plus grande part de marché grâce à la compétitivité de leurs prix. Ils sont souvent suivis, voire encouragés, par les autorités locales, qui voient dans le tourisme une solution rapide au problème du chômage ou une façon simple d’assurer la notoriété internationale et un certain prestige à leur localité. De même, souvent, les adeptes du tourisme de masse n’ont pas conscience des conséquences de leur mode d’achat des voyages et des services touristiques ou de leur comportement dans les destinations qu’ils visitent. Les campagnes de sensibilisation, qui ont recours à divers moyens (internet, dépliants, accompagnement, etc.), s’avèrent assez efficaces pour leur en faire prendre conscience. De telles mesures contribueront à ce que tous les segments du secteur touristique et tous les touristes – et non pas seulement ceux liés à l’écotourisme, au tourisme culturel et à des créneaux analogues – se soucient de la durabilité écologique à long terme des zones présentant un intérêt naturel et culturel, ainsi que de la durabilité culturelle et économique des communautés avec lesquelles ils sont en contact soit comme prestataires de services touristiques, soit comme touristes. Une deuxième étape déjà franchie sur la voie de normes de durabilité plus strictes dans le tourisme est le développement de techniques plus ou moins douces satisfaisantes, adaptées au secteur et au genre d’entreprises qui y sont actives. Il existe aujourd’hui un solide corps de connaissances et un ensemble impressionnant d’établissements de recherche faisant progresser les connaissances et créant un savoir-faire pour la pratique du tourisme durable. Ce travail doit être poursuivi et soutenu par les pouvoirs publics, le secteur privé et la communauté internationale. Une façon de le soutenir consiste à rapprocher la création du savoir de sa mise en pratique dans des situations concrètes et variées. Peut-être est-ce là le principal défi que le secteur a devant lui : comment encourager l’application des connaissances existantes lors de la planification et du développement réels des destinations touristiques par les responsables de Tourisme et durabilité : un aperçu général 27 l’administration publique et dans les activités journalières des entreprises touristiques. Il peut être suggéré plusieurs manières de relever ce défi. Premièrement, en faisant un plus grand effort d’adaptation des connaissances méthodologiques et technologiques existantes aux situations précises qui prévalent dans chaque région, chaque pays et chaque province, jusqu’à l’échelon local. Chaque destination touristique a ses caractéristiques propres, ses atouts, ses problèmes et ses domaines à risque ; chacune peut définir sa propre stratégie touristique en fonction des désirs de ses habitants. Les solutions qui marchent à un endroit ne marchent pas forcément ailleurs. Il est nécessaire d’adapter les techniques existantes de planification, de gestion et de surveillance aux besoins locaux et il faut le faire en remplissant une condition préalable : comprendre les besoins et les souhaits de la population locale. Les organismes d’aide internationaux et bilatéraux peuvent jouer un grand rôle dans le transfert et l’adaptation du savoir-faire touristique d’un pays à l’autre. Pour ce faire, ils doivent posséder une compréhension approfondie de la culture locale et une connaissance aussi vaste que possible des expériences de développement durable du tourisme dans le monde entier, expériences qui peuvent fournir des exemples partiels de ce qu’on peut et ne peut pas faire. Deuxièmement, en munissant les pouvoirs publics, en particulier au niveau local, de mécanismes plus puissants pour surveiller l’application de la législation existante qui a un effet sur la durabilité du tourisme. Comme la législation peut concerner de nombreux aspects du développement et de la gestion du tourisme relevant de divers organismes publics, il importe de doter l’administration du tourisme d’une autorité et de moyens techniques suffisants pour qu’elle soit en mesure de rassembler les données utiles et de coordonner cette surveillance. Un exemple de mécanismes de ce genre est l’utilisation d’indicateurs de durabilité du tourisme, qui sont déjà en place dans certains pays et certaines localités mais auxquels il faudrait avoir davantage recours. Le renforcement de l’administration du tourisme, que ce soit au niveau national ou local, est un élément clé de l’évolution vers un secteur touristique plus durable et vers une meilleure intégration du tourisme dans les politiques nationales de développement durable. Troisièmement, s’il n’existe pas de législation générale ou précise en la matière ou si la politique économique continue à favoriser la déréglementation des activités, il faudrait au moins doter l’administration publique d’instruments pour surveiller la conformité avec les normes auto-imposées, les initiatives volontaires et autres systèmes d’homologation ou écolabels qu’adoptent spontanément les entreprises du secteur privé. En outre, il y a un besoin évident d’une forme ou l’autre de consolidation des systèmes volontaires valables existants en ce qui concerne la durabilité du tourisme afin d’en renforcer la transparence et la crédibilité aux yeux des consommateurs. Les institutions internationales ont un rôle irremplaçable à jouer dans ce domaine en fixant les exigences minimums que ces systèmes devraient comporter de façon à être acceptables pour les pouvoirs publics et les consommateurs. Il faudrait également envisager la possibilité de créer un organisme mondial et indépendant d’agrément des systèmes d’homologation, des écolabels et autres mécanismes analogues concernant la durabilité du tourisme. Tourisme et durabilité : un aperçu général 28 Dans les deux cas, il est grandement nécessaire de créer ou de renforcer les moyens au niveau local pour permettre aux autorités municipales, aux hommes d’affaires et à leurs associations professionnelles, aux ONG et à la population de participer en connaissance de cause à la surveillance et au contrôle du tourisme. La création de moyens ou leur renforcement devrait également rendre possible et faciliter le processus de participation nécessaire à l’élaboration de programmes « Action 21 » dans les localités où le tourisme est ou peut être le secteur clé de l’économie. Quatrièmement, il faut apporter un concours financier aux myriades de microentreprises et de petites et moyennes entreprises touristiques existant de par le monde pour les encourager à appliquer des méthodes de gestion durable ou à introduire dans leur infrastructure les techniques respectueuses de l’environnement les plus récentes et les plus satisfaisantes. Rendre les techniques de gestion durable et la technologie douce plus accessibles aux PME du secteur du tourisme aura également pour résultat un degré supérieur de durabilité économique car c’est ce genre d’entreprises ayant des propriétaires locaux qui assurent une répartition plus équitable des avantages économiques du tourisme et qui évitent les fuites financières vers l’étranger. Cinquièmement, une meilleure coordination du travail réalisé par le système des institutions internationales et les sources bilatérales d’assistance s’impose. Il n’est pas rare que plusieurs organismes d’aide travaillent simultanément dans le même pays ou la même région, dans des domaines d’activité parallèles et sans communication entre eux. La coordination des assistances technique et financière en matière de tourisme est fondamentale pour obtenir des résultats cohérents et aboutir à un développement durable du secteur. Les actions isolées en faveur de la durabilité sont d’habitude éphémères et même si elles se prolongent, elles n’ont pas d’effet significatif sur le niveau général de durabilité de la destination. Des actions intégrées et harmonisées du système des Nations Unies sous une direction claire mais faisant, bien sûr, intervenir toutes les institutions spécialisées requises pour traiter tous les aspects du tourisme et de la durabilité auraient des effets plus rapides et plus utiles sur une plus longue période. Pour conclure, si l’on veut traduire la conscience des problèmes de durabilité qui existe déjà chez les acteurs du secteur touristique dans des applications pratiques débouchant sur des résultats visibles et substantiels, il faut une action d’orientation de la part de l’État, de l’administration locale et des professionnels du tourisme, avec le concours des institutions internationales et des organismes bilatéraux. Cette action peut être appuyée et stimulée par les ONG et les milieux universitaires mais la responsabilité en incombe fondamentalement aux deux acteurs principaux. Tourisme et durabilité : un aperçu général 29 Annexe 2: Publications de l’OMT sur le développement durable du tourisme La réduction de la pauvreté par le tourisme - Un Recueil de bonnes pratiques (2006) Afin de continuer à soutenir les efforts des gouvernements et d’autres institutions, l’OMT a édité ce nouvel ouvrage de la collection « Tourisme et réduction de la pauvreté », qui comprend des exemples concrets de projets et d’activités touristiques du secteur privé ou du secteur public que plusieurs de ses États membres lui ont présentés comme de bonnes pratiques durables en matière de lutte contre la pauvreté par le tourisme. En tout, il a été reçu vingt-six études de cas de vingt pays. Vers un tourisme durable : guide à l’usage des décideurs (2005) Ce guide est un ouvrage fondamental de référence et fournit aux gouvernements les clés de l’élaboration et de l’application d’une politique de tourisme durable. Il s’ajoute aux travaux précédents de l’OMT et du PNUE sur les différents aspects de la durabilité. En plus de ces travaux, une enquête extensive a été entreprise parmi les États membres de l’OMT, en 2003 et 2004, afin d’identifier les politiques et instruments spécifiques utilisés dans leurs territoires et qui ont effectivement contribué à rendre leur secteur du tourisme plus durable. Les conclusions élaborés et les politiques et instruments recommandés dans ce Guide sont par conséquent basé sur des cas réels qui ont fait leur preuve en matière de développement durable. Tourisme, microfinance et réduction de la pauvreté - Recommandations aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux institutions de microfinance (IMF) (2005) Le tourisme peut contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement, et plus particulièrement les moins avancés. Cependant, ce potentiel est fortement lié à l'accessibilité aux sources de financement. Ce rapport présente des recommandations, tant aux micro et petites entreprises touristiques qu'aux institutions de microfinance, afin de stimuler le rapprochement entre celles-ci en faveur d'un développement touristique qui bénéficie aux pauvres. Le rapport incite les gouvernements et les IMF à adapter les conditions d'octroi de prêts aux spécificités de l'activité touristique et des populations pauvres. La gestion de la saturation touristique des sites naturels et culturels (2004) Ce manuel est destiné à un large éventail d’utilisateurs professionnels, que ce soit au sein de l’industrie touristique ou parmi tous ceux qui accueillent et gèrent « directement » les visiteurs à leur destination ou sur leur site ; il est également destiné aux représentants des pouvoirs publics en charge des domaines du tourisme, de la culture et de la préservation de la nature. Pour le large éventail de professionnels du secteur du tourisme, il constitue une source de recommandations sur la façon dont ils peuvent contribuer efficacement à réduire la saturation touristique. Tourisme et durabilité : un aperçu général 30 Indicateurs du développement durable dans les destinations touristiques (2004) Depuis le début des années 1990, l'OMT encourage l'emploi des indicateurs du tourisme durable, instruments essentiels pour la prise de décisions, la planification et la gestion au niveau des destinations. Le nouveau guide est le plus exhaustif en la matière ; il est l'aboutissement d'une vaste étude, à laquelle ont participé soixantedeux experts de plus de vingt pays, sur les initiatives prises partout dans le monde pour mettre au point des indicateurs. Le nouveau guide décrit plus de quarante grands problèmes de durabilité allant de la gestion des ressources naturelles (eau, énergie, déchets, etc.) à la maîtrise du développement en passant par la satisfaction des touristes et des communautés qui les accueillent, la sauvegarde du patrimoine culturel, la saisonnalité, les fuites économiques, le changement climatique, etc. Le tourisme, ferment de développement pour les PEID (2004) Le tourisme est la principale activité économique de la plupart des îles pour ce qui est des revenus, de la création d’emplois et des recettes en devises. En raison de la faiblesse de leur superficie, les petites îles sont très vulnérables aux effets négatifs que le tourisme peut parfois avoir sur l’environnement et sur la société. Aussi est-il essentiel de planifier, de gérer et de surveiller la mise en valeur touristique des petits États insulaires en développement (PEID) avec pour objectif la durabilité. Cette étude de l’OMT présente une synthèse de la situation actuelle du tourisme dans les PEID. Elle démontre le rôle fondamental du tourisme dans le développement durable de nombreuses îles et pour la réalisation des objectifs de développement du Millénaire des Nations Unies. Le tourisme et la réduction de la pauvreté- Recommandations pour l'action (2004) La réduction de la pauvreté est devenue une condition fondamentale pour la paix, la préservation de l'environnement et le développement durable, outre qu'elle relève d'une obligation morale dans un monde prospère où l'écart entre les nations riches et les nations pauvres semble s'être creusé ces dernières années. Cette publication présente des éléments soulignant la contribution que le tourisme peut apporter pour atteindre l'un des objectifs de développement les plus pressants de la Déclaration du Millénaire des Nations Unies, à savoir réduire la pauvreté. Changement climatique et tourisme (2003) Cette publication est le résultat de la première Conférence internationale sur le changement climatique et le tourisme qui a été tenue du 9 au 11 avril 2003 à Djerba, en Tunisie. Elle inclut un rapport et les résumés des discussions et des séances sur les conséquences, les possibilités et les risques du changement climatique mondial pour le secteur du tourisme. La publication inclut la déclaration de Djerba sur le changement climatique et le tourisme et le plan d'action. Tourisme et durabilité : un aperçu général 31 Développement durable de l'écotourisme : Recueil de bonnes pratiques dans les PME (2003) Ce recueil comprend 65 études de cas de 47 pays consacrées aux pratiques exemplaires des petites et moyennes entreprises (PME) d'écotourisme. Ces études de cas fournissent des précisions intéressantes sur les méthodes de gestion et les démarches commerciales suivies avec succès par un large éventail d'entreprises écotouristiques. Elles constituent une source précieuse d'informations susceptibles de donner des idées et de permettre d'adapter les pratiques de l'écotourisme durable à d'autres conditions locales. Initiatives volontaires en faveur du tourisme durable (2002) Les initiatives volontaires, telles qu’écolabels et systèmes d’homologation, prix, systèmes de gestion de l’environnement, codes de conduite, engagements et déclarations à titre particulier, jouent un rôle croissant dans la réglementation des activités touristiques. Sans en nier l’intérêt, un besoin d’intégration se fait sentir en raison de leur nombre, de leur diversité et de leur succès grandissants. À partir de l‘analyse de 104 initiatives volontaires du monde entier, cette étude offre une évaluation de l’efficacité des systèmes existants. Elle définit les similitudes et les différences des initiatives volontaires et passe en revue les facteurs qui en assurent la réussite sous l’angle du développement durable du tourisme. Le tourisme et la réduction de la pauvreté (2002) Une des pierres angulaires du tourisme durable que l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) s’engage à encourager sous ses angles écologique, social et économique est le bien-être des communautés pauvres et la protection de leur environnement. Le tourisme peut jouer un rôle important dans le développement durable équilibré et profiter aux pauvres. Cette étude reflète le souci qu’a l’OMT que les avantages du tourisme soient largement répartis dans la société et que les plus démunis bénéficient de son développement. Elle examine l’expérience acquise jusqu’à présent en la matière afin de définir ce que l’on sait des possibilités de contribution du secteur touristique à la réduction, voire à l’élimination de la pauvreté et elle fait des recommandations concernant les actions à entreprendre dans ce but par l’État, les professionnels, les organismes de développement et les communautés locales. Série d’études sur le marché de l’écotourisme (2002) En vue de l’Année internationale de l’écotourisme (2002), l’OMT a commandé une série de sept études novatrices sur le marché de l’écotourisme en Allemagne, au Canada, en Espagne, aux États- Unis, en France, en Italie et au Royaume-Uni. Aux fins de comparaison, il a été adopté pour toutes ces études des méthodes analogues et une définition commune de l’écotourisme. Outre les résultats, chaque volume contient une liste complète des voyagistes s’occupant dans chaque pays de tourisme de nature et d’écotourisme. Tourisme et durabilité : un aperçu général 32 Le tourisme durable dans les zones protégées – Principes directeurs pour l’aménagement et la gestion (OMT/PNUE/UICN 2002) Le lien entre zones protégées et tourisme est aussi ancien que l’histoire de ces espaces. Bien que leurs relations soient complexes et parfois conflictives, le tourisme est toujours un élément essentiel dont il faut tenir compte lors de la création des zones protégées et dans leur gestion. Ces principes directeurs visent à faire mieux comprendre le rôle et la gestion du tourisme dans les zones protégées. Ils offrent aux responsables de ces espaces à la fois une structure théorique et des orientations pratiques. Le but sous-jacent est que le tourisme contribue à la réalisation des objectifs des zones protégées et qu’il ne sape pas la raison d’être de ces espaces. Développement durable de l’écotourisme : Une compilation de bonnes pratiques (2001) Cette publication a été préparée à l’occasion de l’Année internationale de l’écotourisme (2002). C’est le deuxième volume de la collection «Bonnes pratiques» consacrée au développement durable du tourisme. Les 55 études de cas de 39 pays qui y figurent présentent systématiquement un large éventail d’initiatives couronnées de succès dans le domaine de l’écotourisme en indiquant notamment, pour chaque projet, les parties prenantes, les objectifs et les stratégies, le financement, les éléments de durabilité, les problèmes rencontrés, les solutions trouvées et les activités de surveillance. Les éléments de durabilité sont précisés en fonction des caractéristiques de l’écotourisme : protection de la nature, association de la communauté locale, éducation et interprétation, et pratiques de gestion écologiques. Développement durable du tourisme : Une compilation de bonnes pratiques (2000) Cette publication contient une cinquantaine d’exemples de bonnes pratiques en matière de développement et de gestion durables du tourisme, recueillis auprès de 31 pays. Chaque cas est décrit de façon systématique: genèse détaillée, facteurs de réussite sous l’angle de la durabilité, problèmes soulevés et leurs solutions, enseignement tiré de l’expérience et activités de suivi. Développement durable du tourisme : Guide à l’intention des autorités locales (1999) Cette publication présente les concepts, les principes et les techniques de la planification et du développement du tourisme et comprend des sections sur la gestion de son impact sur l’environnement et de ses effets socioéconomiques au niveau local. Elle contient également de nombreux exemples des bonnes pratiques en matière de tourisme durable, facilement adaptables aux conditions particulières et au niveau de développement de chaque destination. Tourisme et durabilité : un aperçu général 33 Développement durable du tourisme - Bibliographie annotée (1999) La bibliographie annotée la plus complète sur le tourisme durable et les thèmes connexes. Un index thématique permet une recherche par sujet. Manuel sur la réduction des effets des catastrophes naturelles dans les zones touristiques (1998) Ce manuel, préparé de concert par les spécialistes de l’OMT et de l’OMM, explique comment lutter contre les catastrophes naturelles dans les zones touristiques et comment en atténuer les effets. Il guide le lecteur du début de la catastrophe à la phase de reconstruction, puis de relance de la destination touristique. Campagne européenne pavillon bleu (1997) Publication commune de l’Organisation mondiale du tourisme, de la Fondation pour l’éducation environnementale en Europe (FEEE) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), expose les grandes lignes de la campagne Pavillon bleu de l’Europe. Action 21 pour l’industrie du voyage et du tourisme (1996) Cette publication commune de l’OMT, du WTTC et du Conseil de la Terre indique le chemin que les gouvernements et les compagnies privées peuvent prendre afin d’atteindre les objectifs du Sommet de la Terre de Rio et de rendre le secteur du tourisme plus durable. Tourisme et durabilité : un aperçu général 34 Le tourisme rural: une solution pour l’emploi, le développement local et l’environnement (1996) Cette publication est le résultat d’un Séminaire tenu en Israël en 1996. Elle inclut une sélection de présentations couvrant des sujets variés sur le tourisme rural dans le but de s’assurer que ce produit promeuve le développement durable au niveau local. Tourisme et protection environnementale (1996) Cette publication présente les thèmes suivants : impacts environnementaux du tourisme nouveaux produits touristiques : art, culture, conférences saisonnalité et gestion du trafic etc. Planification nationale et régionale du tourisme : Méthodologies et études de cas (1994) Cette publication jette les bases du développement touristique d’un pays et de ses régions. Elle établit les principales lignes directrices de préparation des plans de développement touristique à l’échelle nationale et régionale. Elle met particulièrement l’accent sur une approche intégrée et équilibrée des facteurs économiques, environnementaux et socioculturels pouvant aider à assurer un développement durable du tourisme. Approche intégrée à l’aménagement des stations touristiques (1992) Cette étude de l’OMT analyse six stations touristiques dûment réalisées et représentatives des différentes régions mondiales et des diverses formes de développement. L'Organisation mondiale du tourisme est une institution spécialisée des Nations unies qui réunit 150 États membres et plus de 300 Membres affiliés. Elle est la seule organisation intergouvernementale à offrir un cadre international pour la politique touristique et l'examen d'autres questions intéressant le secteur. L'OMT a pour mission de promouvoir et de développer le tourisme en vue de contribuer à la paix et à l'entente internationales, au développement économique et au commerce international. Contact: Organisation mondiale du tourisme Capitán Haya, 42 28020 Madrid – Espagne Tél.: (34) 91 5678 100 www.unwto.org Fax: (34) 91 5713 733 Courriel: [email protected] Tourisme et durabilité : un aperçu général