La visée: évaluer pourquoi ? L`objet de l`évaluation: évaluer quoi
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La visée: évaluer pourquoi ? L`objet de l`évaluation: évaluer quoi
D’après : Savoir et pouvoir, Les compétences en questions Jacques Aubret, Patrick Gilbert, Frédérique Pigeyre LE PROCESSUS D'EVALUATION RENFERME NEUF COMPOSANTES : ♦ La visée: évaluer pourquoi ? "La visée est soit conservatrice (reproduction d'un existant) soit adaptatrice ou tout au moins précédant une adaptation (changement), soit orthopédique (suppléant à une fonction déficiente), soit seulement élucidatrice (production de connaissance sur l'objet d'évaluation." "Au nombre des multiples écueils attachés à la visée de l'évaluation, on note tout spécialement l'absence d'objectifs ou leur multiplicité, la confusion des fonctions, les effets induits contraires à la visée (ex: l'appréciation annuelle qui doit préparer les décisions d'augmentation individuelle est utilisée comme ‘bon à payer’), la ritualisation (perte de sens parce que la visée est peu crédible, gênante ou oubliée). Lorsque les enjeux sont trop forts, pour l'évaluateur et/ou l'évalué, il peut y avoir détournement de la visée du processus d'évaluation." ♦ L'objet de l'évaluation: évaluer quoi ? "L'objet indique ce sur quoi porte l'évaluation ou à propos de quoi elle est formulée. Il est possible d'ordonner les objets d'évaluation du plus factuel au plus personnel, selon une gradation du type suivant: performance - activité compétence - aptitude - trait de personnalité. Située en position charnière entre activité et aptitude, la compétence n'est qu'un objet d'évaluation parmi d'autres." ♦ Les procédures: évaluer avec quoi ? "Les procédures sont les techniques et outils utilisé isolement ou en combinaison pour l'observation et l'évaluation des individus. Elle représentent la partie la plus visible du processus et interviennent pour aider à la mise en oeuvre des activités. (Ex.: un support d'entretien individuel, un test psychométrique, un questionnaire de connaissances, un essai professionnel)." Dans la mesure où la procédure utilisée constitue déjà une prise de position par rapport à la production des jugements évaluatifs, le concepteur de la procédure doit porter un choix sur les éléments suivants: ü ‘les observables’ : ce que nous pouvons observer, ce qui est perceptible ne représente généralement qu'une partie, une façon de voir, un objet, un être, un événement, un phénomène, un comportement, une performance. Parfois même nous ne disposons que de traces qui comme les indicateurs, indices ou signes ne peuvent être confondus avec ce qu'ils représentent ou signifient; ♦ ü ‘les objets à évaluer’ : dans le domaine des techniques ou des procédures d'évaluation, les objets évalués ou définis par les procédures qui permettent de les observer ou évaluer alors même que les mots qui les désignent dans le sens commun leur confèrent un statut de réalité indépendant de ces procédures. Il s'agit là d'une source de confusion et d'ambiguïté qui dans le passé a suscité de nombreux débats. Le plus classique et le débat sur l'‘intelligence’ considérée comme ‘objet’ de mesure pour les uns et définie par les autres comme le produit de la mesure; ü les rapports entre les observables et ce qui est désigné par énoncés évaluatifs: Ces rapports sont définis par un ensemble de règles dont l'explication est une condition nécessaire de la détermination du sens des observations et évaluations. Si l'on veut, par exemple, généraliser le résultat d'observations conduites sur un petit nombre de situations à l'ensemble des situations dans lesquelles se trouve placé un individu, les situations d'observation devront constituer un échantillon représentatif des situations couvertes par l'évaluation. De même, il en est ainsi de la dimension psychologique par lesquels on caractérise les individus. Les indicateurs observables choisi pour caractériser l'individu sur une dimension (l'extraversion, par exemple) doivent satisfaire aux règles de représentativité par rapport au contenu ou à l'ensemble des traits qui définissent la dimension ou le concept; ü les systèmes de référence ou les échelles de valeur: un objet ainsi construit peut être caractérisé par rapport à sa position dans un système ou sur une échelle. Un objet idéal ou typique, un programme, une population, un modèle théorique de développement, de fonctionnement peuvent tout à tour servir de ‘référentiel’. La valeur informative et la validité d'une procédure d'évaluation peuvent dépendre largement des référentiels utilisés (les étalonnages dans les tests par exemple). On notera, toutefois, que les opérations qui permettent de situer des objets sur des échelles de référence s'appuient sure des échelles de mesure dont le choix (niveau de mesure, règles d'attribution d'un nombre à un fait) conditionne fortement la signification des résultats qu'il permet de mettre en évidence." Les activités: évaluer comment ? "Le terme ‘activité’ comporte, outre les actes d'évaluation proprement dits, ceux qui l'organisent ou lui succèdent directement. Peuvent relever notamment du même processus, en amont, l'analyse du travail et la constitution d'un référentiel de compétences et, en aval, le choix, ou le rejet, d'un candidat à une formation. En outre, il faut compter sur celles qui portent sur la communication au personnel des modalités de l'évaluation et de ses résultats." ♦ La population concernée: évaluer qui ? "Individus ou groupes, les sujets de l'évaluation sont considérés selon le cas comme simples ‘objets’ d'évaluation, ou peuvent avoir un rôle plus ou moins important: destinataire de l'évaluation, partie prenante, ou dans l'option la plus participative, être acteurs de leur propre évaluation. L'identité de la population évaluée n'est pas sans conséquence sur les autres termes du processus, en particulier sur la procédure retenue." ♦ Le référentiel: évaluer en raison de quoi ? " Pour exercer leur rôle, les acteurs s'appuient sur des principes ou référentiels de décision, qui peuvent relever de différentes sources implicites ou explicites, institutionnelles ou individuelles. Alors que le but indique aux acteurs le ‘pour quoi faire?’, le référentiel leur indique ‘comment faire?’. Le référentiel peut être constitué de règles de gestion, de consignes, mais aussi dans les cas moins favorables, par des orientations non explicites produites par la logique sous-jacente." ♦ Les acteurs: évaluer par qui ? Les acteurs de l'évaluation (les ‘évaluateurs’) sont des individus ou des groupes, membres de l'entreprise ou extérieure à celle-ci, qui agissent de manière directe ou indirecte sur la conduite du processus. Ils peuvent être différenciés selon leur rôle dans le processus: • • • • • les ‘politiques’ définissent la visée du processus, en sont les porteurs, distribuent les rôles, assurent tout ou partie du financement du processus et ont le pouvoir d'en interrompre le déroulement; les ‘producteurs’ mettent en oeuvre tout ou partie des activités constituant le processus; les ‘producteurs’ mettent en oeuvre tout ou partie des activités constituant le processus; les ‘destinataires’ utilisent les informations résultantes; les ‘spécialistes’ conçoivent les procédures, les proposent, en assurent la mise en place ou en assurent certaines fonctions (telles que le contrôle technique)." "Le tableau ci-après indique pour chaque type d'acteurs les éléments du processus qu'il contrôle (les ‘zone de contrôle’) et les moyens par lesquels ce contrôle est exercé (les ‘sources de pouvoir’). Types d'acteurs Politiques Fournisseurs Producteurs Destinataires Spécialistes Zone de contrôle Visée et contexte Intrants Activités Extrants Procédures Source de pouvoir Contrôle de l'environnement Maîtrise des informations Spécialisation fonctionnelle Utilisation de règles Expertise ♦ Le temps: évaluer quand ? "Même si elle est posée comme réponse à des problèmes structurels, la visée du processus est toujours déterminée par des antécédents et des éléments de situation de natures conjoncturelle. (..) La dimension temps réfère aussi au moment auquel sont fournis les résultats de l'évaluation par rapport aux décisions de gestion. Des résultats qui parviennent trop tôt ou trop tard au décideurs risquent de n'être d'aucune utilité." ♦ Le contexte: évaluer où ? "Le contexte englobe tout ce qui affecte le processus et peut être affecté par lui. Le processus d'évaluation est toujours spécifique à un contexte d'utilisation. En particulier, il ne peut être dissocié de la logique de gestion dans laquelle il s'inscrit et qui structure le référentiel des activités évaluatives et leur utilisation par un ensemble de postulats, de règles, de représentations, eux-mêmes surdéterminés par un ensemble de facteurs parmi lesquels le système de production et l'idéologie des dirigeants. Les difficultés surgissent lorsqu'il n'y a pas d'analyse préalable du contexte, et que plusieurs composantes, la procédure en particulier, qui suivent sont inadaptées.