Les paradoxes du développement durable et du tourisme l`enfer est

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Les paradoxes du développement durable et du tourisme l`enfer est
Cours
Connaissance de la branche
DÉVELOPPEMENT DURABLE
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Les paradoxes du développement durable et du tourisme
l’enfer est pavé de bonnes intentions
Analyse critique du tourisme, moteur de développement durable
les champs du possible
Actions entreprises par l’industrie du tourisme
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INTRODUCTION
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DÉVELOPPEMENT DURABLE
5
QU’EST-CE QUE LE TOURISME ?
7
Arrivées et recettes du Tourisme international
7
L'évolution du Tourisme mondial à l’horizon 2020
8
La nécessité d’un tourisme «différent»
8
Une balance entrée-sortie de devises défavorable
9
Un tourisme concentrationnaire
9
L’intégration asphyxie les offres alternatives
10
Une citoyenneté en vacances
10
Les ressources naturelles
11
Les pollutions
12
Impacts socio-culturels
13
Le travail forcé : une triste réalité
14
La fragilité des populations
15
Les déplacements forcés de population
15
...et bien d'autres conséquences négatives
15
Les points à retenir
16
QU’EST-CE QU’UN TOURISME « RESPONSABLE » ?
17
Comment ?
18
L’offre en tourisme «responsable»
18
Ce tourisme est-il crédible ?
19
Le tourisme responsable permet-il d’atteindre l’objectif affiché ?
19
N’est-il qu’une niche ou un alibi du tourisme industriel ?
19
Quelques acteurs du tourisme «responsable»
20
Les organisations internationales les plus importantes
20
Quelques associations et ONG
20
Les acteurs traditionnels du tourisme
21
FSAV
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Kuoni -
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Hotelplan
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TUI
23
Les activités de l’OMT
24
Les publications –livres – journaux – Internet
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CONCLUSION
27
BIBLIOGRAPHIE (PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE)
29
QUELQUES SITES INTERNET
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Introduction
Exprimer la notion de développement durable en relation avec celle du tourisme est un défi de par
le fait que les deux notions sont à des années lumières l’une de l’autre.
D’un côté, la notion de préservation de l’environnement et des ressources de notre planète. De
l’autre, la consommation desdites ressources.
Avec ce cours, il s’agit donc d’abord d’exprimer ce que sous-tend dans sa globalité, la notion de
développement durable. Ensuite de définir la notion du tourisme. Et de voir, si,
où, et surtout
comment ces deux notions parviennent à se rejoindre.
Parce que point de rencontre il y a. Fort heureusement pour les générations futures… Et chacun
peut agir :
• l’agent de voyage en conseillant son client,
• le voyageur en s’informant et écoutant les recommandations
• le voyageur encore, en agissant en voyage comme il le ferait chez lui,
• le TO en intégrant un certain nombre d’outils de mesures lors de l’achat des prestations et la
production de ses voyages,
• l’hôtelier sur place,
• la compagnie aérienne et l’avionneur qui construit les avions,
• les réceptifs….
• Etc…
Avec la notion de développement durable à l’esprit, chacun peut et devrait être responsable de
l’ensemble des biens qu’il utilise et consomme dans son quotidien. Les voyages en font partie...
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Développement durable
« Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».1
« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».2
Le rapport Bruntland, publié en 1987 déjà, insiste sur la nécessité de protéger la diversité des
gènes, des espèces et de l'ensemble des écosystèmes naturels terrestres et aquatiques, et ce,
notamment, par des mesures de protection de la qualité de l'environnement, par la restauration,
l'aménagement et le maintien des habitats essentiels aux espèces, ainsi que par une gestion
durable de l'utilisation des populations animales et végétales exploitées.
Cette préservation de l'environnement dont l’humain fait partie, doit être accompagnée de la « satisfaction des besoins essentiels en ce qui concerne l’emploi,
l’alimentation, l’énergie, l’eau, la salubrité ».
Le développement durable n’est possible que dans la réconciliation de trois mondes qui se sont longtemps ignorés : l’économie,
l’écologie et le social. A long terme, il n’y aura pas de développement possible s’il n’est pas économiquement efficace, socialement
équitable et écologiquement tolérable.
Cela étant, on se heurte à une difficulté qui est, de définir ce que sont les besoins des générations
présentes, et ce que seront les besoins des générations futures. On pourrait retenir par exemple
les besoins élémentaires pour se nourrir, se loger, et se déplacer.
Inséré parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement fixé par les Etats membres de
l’ONU, un scénario en trois points a été proposé:
• efficacité (techniques plus performantes) ;
• sobriété (techniques utilisées avec parcimonie) ;
• utilisation de ressources renouvelables (ex : l'énergie solaire ou les éoliennes)
Un quatrième point a été ajouté à savoir la préservation du patrimoine culturel qui se transmet de
génération en génération.
1
2
Propos d’un chef indien du nom de Seattle, et cité dans le rapport Bruntland 1987
Rapport Bruntland 1987
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Lorsqu’Harry Truman (33 ème président des USA de 1945 à 1953) s'est adressé à ses concitoyens lors de son discours d'investiture en 1949, pour évoquer l’aide aux pays « sousdéveloppés », le peuple américain était loin de penser que l'humanité serait un jour confrontée à
une limitation des ressources naturelles. Depuis les années 1970 et les deux chocs pétroliers de
1973 et 1979, l'Occident prend peu à peu conscience de cette limite naturelle. Depuis les années
2000, les ONG environnementales, avec à leur tête le WWF, ont conceptualisé ces questions avec
la notion d'empreinte écologique. Elles ont mis en évidence que l'impact écologique des activités
des pays les plus développés (États-Unis, Europe occidentale..) dépassait largement la capacité
biologique de la Terre à renouveler les ressources. Il est dès lors évident que le modèle occidental
de développement, hérité de la révolution industrielle, n'est pas généralisable tel quel à l'ensemble
de la planète ou dès lors, - le Club de Rome3 l’avait déjà souligné en 1972 - faudrait-il 6 planètes
similaires à la nôtre.
Et pourtant, c’est ce qui se fait. Ainsi voit-on les pays dits émergents se développer et demander le
même type de confort que celui dont nous, les occidentaux, bénéficions depuis plus de 60 ans.
Nous constatons par exemple que la Chine est en quelques années, devenue non seulement la
« grande fabrique » de l’Occident mais aussi le plus gros pollueur et consommateur de matières
premières de la planète. Ce non sans conséquences…
Il est dès lors non seulement urgent mais vital pour les générations à venir que les citoyens du
monde et leur dirigeants n’utilisent pas – plus - la notion de développement durable avec une
vision marketing (ou greenwashing) mais bien plus l’intègrent dans un mode de vie plus global,
plus systémique, qui est à repenser et à renouveler.
3
http://fr.wikipedia.org/wiki/Club_de_Rome
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Qu’est-ce que le tourisme ?
Pour l’OMT (Organisation mondiale du tourisme), « le tourisme est un déplacement hors de son
lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois, dans un but de loisirs, un
but professionnel (tourisme d’affaires) ou un but sanitaire (tourisme de santé) ».
Actuellement, le tourisme est l’une, sinon la plus importante industrie mondiale. Elle a généré en
2010 un CA mondial d’environ 465 milliards auxquels s’ajoutent les dépenses exogènes. (souvenirs, produits de consommation usuels ou de services achetés sur place, etc…).
Ci-dessous, en un coup d’œil l’évolution de la « masse touristique » sur 50 ans :
Arrivées et recettes du Tourisme international4
Années
Arrivées
Accroissement
en millions
en %
Recettes
en milliards de
dollars
Accroissement
en %
1960
69,3
6,9
1970
165,7
139%
17,9
159%
1980
268,2
62%
105,2
487%
1990
458,4
71%
260,1
148%
2010
935,0
104%
463,1
78%
L'accroissement en % est calculé par rapport à la décennie précédente.
4
Source : Organisation Mondiale du Tourisme
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L'évolution du Tourisme mondial à l’horizon 20205
L’industrie du tourisme recouvre différents secteurs d’activité : transport, hébergement, restauration, loisirs, spectacles, sport et entreprises de voyages.
Une croissance telle que celle que le tourisme a connu ne va pas sans quelques conséquences
négatives et fâcheuses. Les principales d’entre elles sont détaillées dans les pages à venir
La nécessité d’un tourisme «différent»
« Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux dans
des endroits qui seraient mieux sans eux. »6
Les critiques dont fait l’objet le tourisme de masse sont principalement :
• contrôle du secteur majoritairement par des groupes internationaux basés dans les pays occidentaux;
• balance en devises défavorables car les rentrées sont compensées par des besoins accrus en
produits importés;
• réalisation de la plus grande partie des bénéfices hors du pays d’accueil;
5
Source : WTO, http://www.unwto.org/facts/menu.html
6 J. Mistler, académicien, critique et homme politique français, 1897-1988
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• dépendance de l’activité touristique dangereuse car soumise à diverses influences (climat,
politique, mode...);
• emplois touristiques souvent mal rémunérés, saisonniers et sans possibilités de réelles qualifications;
• fragilisation du tissu social et des bases culturelles par le renforcement des disparités sociales
et l’introduction de modes de consommation non durables.
Les prochains paragraphes vont développer quelques-unes des critiques susmentionnées :
Une balance entrée-sortie de devises défavorable
L’apport massif de devises touristiques est une nécessité pour de nombreux pays du Sud mais,
dans la pratique, cela les oblige à investir pour réaliser les infrastructures indispensables (aéroports, ports, réseau routier, de communication, voierie et assainissement, adduction d’eau, équipements sanitaires...). Ces investissements doivent être payés en devises, généralement empruntées à des banques et contribuent ainsi à l’augmentation de la dette publique.
Par ailleurs, la part des recettes du tourisme prise par les différents agents (compagnies aériennes,
chaînes hôtelières et voyagistes) est de l’ordre de 55% selon la Banque Mondiale. Ce chiffre peut
monter à 95% pour un voyage tout compris. En général, la moyenne est de 70% à 80%.
A ce titre l’exemple fourni par « fairunterwegs » est parlant.
Sur un voyage à 5'200.00 en Afrique du Sud
Trans port ; 750.00;
14%
TO; 1'300.00; 25%
Guide ; 400.00; 8%
Logem ent ; 1'125.00;
22%
Vol ; 1'625.00; 31%
Dans l’espoir de rentrées significatives et rapides de devises, les gouvernements, malgré ces
pourcentages désastreux pour leur propre économie, se tournent naturellement vers le tourisme.
Dans certains cas même, la promotion du tourisme fait partie des programmes d’ajustement préconisés par le FMI.
Un tourisme concentrationnaire
Le tourisme de masse est basé sur le principe de la concentration, que ce soit dans le temps ou
dans l’espace. Les infrastructures sont localisées dans une zone limitée ignorant l’arrière-pays
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avec parfois un fort caractère saisonnier, ce qui accroît l’impact sur l’environnement et en affaiblit
parallèlement l’intérêt économique. Ce type de tourisme se développe dès lors sur un territoire
restreint, les investissements y relatifs ne contribuant en rien au développement des régions environnantes. Pire même, il crée un fossé socio-économique entre régions touristiques et environs
immédiats et plus lointains.
L’intégration asphyxie les offres alternatives
L’industrie du tourisme connaît aujourd’hui une mutation qui voit ses différents acteurs – agences,
voyagistes, groupes hôteliers, TO, etc. – évoluer en grosses structures à concentration verticale.
Un exemple en est le groupe ACCOR qui gère à la fois un certain nombre de chaînes hôtelières et
détient des participations – majoritaires ou minoritaires – dans des groupes tels Carlson Wagonlits
Travel, Europcar, Eurest, ce qui lui donne le contrôle sur l’ensemble de la chaîne des prestations.
Une fois que les différentes composantes de la filière sont intégrées dans un ensemble dans lequel
les coûts de gestion et d’approvisionnement sont traqués et les économies d’échelle recherchées
systématiquement, il s’ensuit une position dominante. Celle-ci permet aux opérateurs de traiter
d’égal à égal (sinon pire) avec les autorités et les fournisseurs locaux. Cet état de fait a pour
conséquence l’apparition d’une pression négative sur les revenus du tourisme et rend ainsi des
pays et régions dépendants du bon vouloir des compagnies étrangères. Il devient ainsi difficile de
proposer et, a fortiori, d’imposer des règles éthiques.
Les bilans publiés par les consortiums touristiques internationaux donnent à penser que la concentration contribue à une redistribution des pauvres vers les riches. Ceci est dû au mode de fonctionnement du tourisme qui implique une pensée à court terme et l’externalisation de ses coûts pour la
recherche du profit maximum pour ses actionnaires.
Une citoyenneté en vacances
Le citoyen est de plus en plus sensibilisé aux problèmes d’environnement et son comportement s’y
adapte lorsqu’il est chez lui. Par contre, dès qu’il se déplace à l’étranger – et plus encore dans des
pays moins sensibilisés aux problématiques environnementales – sa fibre «écologique» se met
également en vacances. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’observer les aires d’autoroutes en
période de relâches !
Ce simple constat permet de déterminer la première des conséquences défavorables du tourisme
non maîtrisé qui consiste en une forte dégradation des milieux naturels, du cadre de vie et des
patrimoines sociaux et culturels dans les pays récepteurs. Les phénomènes de surexploitation
découlant d’une forte concentration des flux touristiques engendrent des problèmes d’habitat de
mauvaise qualité, de difficultés de circulation, d’environnement saccagé, notamment les plages et
les zones littorales, de nuisances sonores et de pollution générale de l’environnement naturel.
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Exemple : les récifs de corail
«Udomsak Seenprachawong est professeur agrégé en économie de l’environnement au National
Institute of Development Administration (NIDA) de Thaïlande. Avec l’aide du Programme économie
et environnement pour l’Asie du Sud-est (PEEASE),7 il a évalué le coût à long terme de la dégradation du corail. Les récifs de corail du monde entier sont abîmés par l’activité humaine. Ils sont
surexploités (souvent à cause de pratiques de pêche destructives, comme le nettoyage au cyanure), touchés par la pollution, endommagés par le tourisme négligeant et par le trafic maritime. La
région des récifs des îles Phi Phi étudié par Udomsak Seenprachawong s’étend sur 32'000 hectares et montre des signes de détresse importants».
Un autre exemple bien visible de destruction de l’habitat naturel est Cancun qui, il y a 30 ans, était
une magnifique baie avec une faune et flore extraordinaire et qui, aujourd’hui n’est qu’un concentré
de béton et acier, baies vitrées, plages aménagées. Plus proche de nous, ce même type de phénomène est observable sur le littoral tunisien, italien ou espagnol.
Cancun en 1960
Cancun aujourd’hui
Les ressources naturelles
L’eau douce est la ressource la plus critique puisqu’elle est consommée en abondance par les
hôtels pour les piscines, les terrains de golf et l’usage des clients. Une tonne et demi de fertilisant
et de pesticide est utilisée pour rendre plus vert que vert un green de golf thaïlandais (il en va de
même pour tous les autres greens d’hôtels 5 étoiles). Ce même green consomme autant d’eau par
an que 60’000 habitants locaux. Dans un hôtel de luxe avec terrain de golf, le cubage d’eau utilisé
pour un seul client est l’équivalent de 16 fois le volume utilisé par un paysan pour cultiver son
champ et nourrir sa famille durant une année.
7
Programme économie et environnement pour l’aSIE DU sUD-eST - HTTP://WWW.EEPSEA.ORG
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Exemple : le cas de la palmeraie de Tozeur dans le sud tunisien .
«Tozeur est une petite ville du sud-est tunisien, située à la frontière algérienne à la limite Nord-est
du Sahara. C’est aussi une des oasis les plus célèbres du monde, irriguée par 200 sources. Elle
abrite une splendide palmeraie de plus de 1 000 ha, qui ne compte pas moins de 400 000 arbres.
Véritable coin de verdure entouré de dunes et de désert de pierres. Depuis des générations, la
palmeraie nourrissait la population de la zone. La production maraîchère (salade, blettes, carottes,
bananes, dattes…) garantissait l’équilibre alimentaire d’une population sédentarisée. L’organisation
agricole centrée sur une utilisation raisonnable de l’eau permettait une production vivrière importante. Or, ce fragile équilibre économique et social basé sur la raison va être fortement remis en
question au début des années 90. C’est en effet, la période durant laquelle le gouvernement de
Tunis va chercher à se lancer dans une politique d’ouverture accélérée au tourisme international.
Du coup, les agriculteurs se sont trouvés en concurrence avec les hôtels et un golf (en plein désert) pour l’accession à l’eau. Couplé à une fragilisation du régime des pluies et à une montée
générale de la moyenne des températures annuelles, la situation des agriculteurs de la palmeraie
s’est fortement dégradée. L’eau gérée historiquement de manière raisonnable était ainsi soumise à
une gestion rationnelle. Elle est aujourd’hui payante pour l’arrosage de la palmeraie. Bien évidemment, peu d’agriculteurs ont pu subsister».
Les pollutions
Le tourisme, au même titre que n’importe quelle industrie, émet les mêmes pollutions : pollution de
l’air, bruit, déchets solides et liquides, rejets d’eaux usées, produits pétroliers et résidus chimiques
ainsi que – et ce n’est pas la moindre - pollution visuelle ou architecturale.
Même le tourisme avancé et à connotation «verte» connaît des dérives. « L’écotourisme est un
tourisme dans des espaces peu perturbés par l’homme qui doit contribuer à la protection de la
nature et au bien-être des populations locales ». Cette définition, proposée par TIES (The International Ecotourism Society), est adoptée au niveau international par le PNUE et l’OMT.
L’écotourisme connaît un indéniable succès. Et pourtant - à juste titre d’ailleurs - il n’est pas épargné par les critiques : éco façade, éco terrorisme, concept ambigu, outil marketing…
En effet, une importante partie des proclamations de l’écotourisme concernant ses bénéfices sont
exagérées et se réfèrent plus à des démarches de labellisation et de marketing qu’à une durabilité
réelle. Trop souvent, ils menacent les cultures locales, l’économie et les ressources naturelles. De
plus les projets d’écotourisme sont souvent planifiés et menés à bien, de façon répétée, sans
concertation ni soutiens locaux. Les critiques le considèrent comme une « éco façade » : une
2002 – Claude Llena – enseignant chercheur en sciences sociales, Montpellier dans
www.actionsconsommation.org
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tactique pour dissimuler les pratiques de surconsommation et d’exploitation du tourisme de masse
en le «verdissant».
Le fait est que l’on ne peut pas décréter «l’écotourisme». La mise en œuvre des principes
liés à ce type de tourisme présuppose des choix techniques, (matériaux, architecturaux…)
qui permettent réellement de diminuer les impacts sur les milieux naturels «envahis», de
mieux gérer les ressources et surtout la fréquentation.
Du chemin reste à faire, car si les opérateurs sont de plus en plus conscients de la nécessité d’une
valorisation de l’environnement dans leurs produits touristiques, ils le sont parfois moins des impacts à long terme sur l’environnement. Par ailleurs, l’éco tourisme est d’autant plus à surveiller
qu’il se déploie dans des milieux fragiles. Utiliser ces milieux pour le tourisme demande dès lors
une gestion adaptée à la diversité des sites, une bonne expertise et un suivi constant.
Par ailleurs, même le « touriste écolo » - à moins de se déplacer à vélo depuis son domicile et
d’effectuer un tour en France voisine avec ce type de véhicule, voyagera soit en avion, soit en train
ou en voiture.
Exemple : Gaz à effets de serre.
L’avion est le premier contributeur aux émissions de GES des touristes, bien qu'étant encore le
moins utilisé pour se rendre sur le lieu de vacances. En 2006, seuls 7 % des touristes français ont
pris l'avion (contre 75 % qui ont utilisé leur voiture; pourtant ces avions ont produit 62 % des émissions de GES du tourisme français, soit 18,5 millions de tonnes, contre « une dizaine de millions
de tonnes » pour la voiture (36 % des émissions totales)
Impacts socioculturels
Certains comportements extrêmes des touristes occidentaux provoquent bien des malheurs dans
les pays du Sud. C'est le cas notamment du tourisme sexuel qui donne lieu à une dramatique
prostitution enfantine. Ceci constitue le cas le plus grave de l'impact négatif que peut avoir le
tourisme sur une population réceptrice.
La prostitution enfantine et des adultes : fléau du tourisme de masse
Les touristes occidentaux et spécialement d'Europe du Nord, sont à l'origine de ce fléau qui ravage
des pays comme la Thaïlande, le Vietnam, le Brésil, l'Inde, les Philippines ou certains pays d'Afrique. Les enfants sont victimes d'enlèvements ou sont achetés à leurs familles, puis sont séquestrés dans des maisons closes pour être vendus aux touristes occidentaux dont la conscience est
en vacances pour quelques temps.
En Thaïlande, un programme de recherche établi par le centre d'économie politique de la Chulalongkorn University de Bangkok a mis en évidence les chiffres du tourisme sexuel dans ce pays. Il
représenterait entre 90 et 100 milliards de francs soit à peu près la moitié du budget 1995 de la
nation. Cette énorme activité illégale - qui n'existe que parce que le gouvernement ferme les yeux -
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est "blanchie" à travers des placements immobiliers, des transactions boursières et l'industrie du
divertissement. Les recherches ont pu identifier 20 à 30 membres du parlement compromis dans
ce trafic, en participant directement, en protégeant, en finançant et en aidant ces activités. Les
chercheurs estiment que 10 à 20 % des prostitués sont mineurs.
les pays touchés par le tourisme sexuel. Source : ECPAT, 1999
C'est probablement l'aspect le plus scandaleux de l'impact du tourisme sur les pays du Sud et
quoique le combat contre l'exploitation sexuelle des enfants soit très médiatisé et soutenu par
l’ensemble des acteurs du tourisme suisse (FSAV – ainsi que tous les TO), condamné unanimement, il n’en demeure pas moins que cela reste une triste réalité pour des centaines de milliers
d'enfants et d’adultes à travers le monde.
Malheureusement, c'est loin d'être le seul aspect négatif du tourisme. D'autres dégâts sont constatés sur les populations d'accueil, qu'ils soient évidents, comme le cas que nous venons d'évoquer
ou plus insidieux et progressifs.
Pour plus d'informations sur le tourisme sexuel, vous pouvez consulter le dossier réalisé
par "Le Routard Magazine". Ou le site d’ECPAT pour ce qui concerne la prostitution des mineurs.
Le travail forcé : une triste réalité
Dans certains pays, on déplore des cas fréquents de travail forcé directement lié au tourisme et
notamment à la mise en valeur touristique des sites. Il est à noter que ces pratiques sont généralement limitées à des pays de régime dictatoriaux à de rares exceptions près.
C'est une atteinte grave aux droits de l'homme et une frustration économique importante pour des
populations vivant déjà en dessous du seuil de pauvreté et qui sont en droit d'attendre du tourisme
un revenu complémentaire plutôt qu'une source d'esclavage.
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La fragilité des populations
Dans sa quête d'exotisme et d'horizons différents, le touriste est parfois à l'origine de dégradations
irréversibles sur les populations d'accueil. Or, moins une population est habituée au tourisme,
moins elle sera armée et préparée à cette confrontation. De plus trop souvent ces populations sont
« montrées » au touriste. On peut ainsi citer le cas des tribus ancestrales comme les Masaïs
Maras d'Afrique Australe, des Indiens d'Amazonie ou de Guyane française ou encore des Aborigènes d'Australie qui – s’ils n’ont pas été décimés – ont subis un processus d’acculturation. Parqués
dans des réserves, ils se produisent comme des professionnels du spectacle en reproduisant leurs
danses et leurs cérémonies traditionnelles devant les regards des touristes. C'est ce que les ethnologues appellent la "folklorisation" des populations. Nous pouvons également parler des femmesgirafes ou Karen de Birmanie et Thaïlande du nord qui font l'objet d'un afflux de touristes et se
retrouvent parquées dans leur village, sous les regards des touristes venus les contempler et
prendre des photographies.
Les déplacements forcés de population
Des déplacements de population sont orchestrés à l'initiative ou avec l'accord des gouvernements
dans de nombreux pays, notamment pour édifier des projets immobiliers ou touristiques.
Exemple : La banlieue de Manille
Dans sa revue trimestrielle (18), Transverses cite le cas de CALABARZON aux Philippines, vaste
projet de développement industriel et touristique concernant 5 provinces pour décongestionner la
métropole de Manille. Le projet consiste, entre autres, à bâtir un hôtel de luxe et une série de
plages privées. Plus de 8600 hectares sont concernés, sur lesquels se trouvent actuellement
4 villages et plus de 10.000 familles qui vivent de l'exploitation agricole. Outre le préjudice subi par
leur communauté, les paysans soulignent les risques que ce projet fait courir à leur environnement
et notamment les menaces que fait peser l'arrosage des terrains de golf sur les réserves d'eau.
Les cas sont innombrables où des populations locales ont été déplacées définitivement de leurs
terres pour bâtir des projets touristiques bien plus rentables pour des motifs économiques ou
politiques. Dès lors, privé de ses moyens de subsistance, le groupe se voit obligé d'émigrer vers
les faubourgs des grandes villes et d'aller grossir les quartiers de bidonville pour survivre de mendicité ou d'emplois précaires.
...et bien d'autres conséquences négatives
Parmi les populations déjà urbanisées ou celles qui ont abandonné leur mode de vie traditionnel
depuis plus longtemps, les méfaits du tourisme se font aussi sentir.
On peut citer les restrictions imposées aux populations locales pour le bénéfice des touristes. C'est
notamment le cas des restrictions sur l'arrosage des cultures vivrières pour permettre aux touristes
de se baigner dans une piscine ou de jouer au golf (très gros consommateur d'eau et de pesticides).
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On notera aussi les interdictions et les restrictions qui sont faites aux populations locales pour
pénétrer dans les villages de touristes ou les hôtels, dans leur propre pays, sur les propres terres,
afin de préserver les touristes de tout désagrément.
Dans les villes très touristiques, la mendicité n'est pas le moindre mal qui guette les populations
locales. Elle est destructrice de l'équilibre et de la cohésion de la famille et du groupe. Parfois, en
mendiant ou en proposant ses services de faux guide, un enfant de 10 ans gagne plus que son
père qui travaille 10 à 12 heures par jour. Une femme qui se prostitue auprès des visiteurs étrangers gagne plus en 1 journée qu'au cours d'un mois entier d'un travail honnête.
Le marchandage, pratique communément admise par les touristes comme faisant partie d'un jeu
qui pimente les vacances, est également une arme à double tranchant. Les touristes marchandent
sans discernement - avec une ardeur qui n'a d'égal que l'amusement qu'ils en tirent - auprès de
petits artisans dont tout le fonds de commerce tient dans la main.
Dans son ouvrage Tourisme et Tiers-Monde, un bilan controversé, Paris, 1992, L'Harmattan, p. 49
et suiv., Georges Cazes démontre également la corrélation entre flux touristique et inflation. C'est
une conséquence qui peut s'avérer dramatique pour les populations locales. Le volume des touristes provoque généralement un accroissement des prix qui engendre des frustrations importantes
chez les populations locales qui ne peuvent plus consommer leurs propres produits mais voient
des étrangers venir les consommer sous leurs yeux.
Enfin les emplois que font miroiter ceux qui préconisent le développement par le tourisme, sont
bien souvent un leurre. Car l'expérience démontre qu'il s'agit souvent d'emplois subalternes voire
dégradants, la plupart du temps sous-payés et saisonniers, ne permettant pas toujours de vivre
décemment.
Les points à retenir
Le tourisme représentait en 1950 25 millions de voyageurs. Aujourd’hui il représente plus ou moins
935 millions de personnes voyageant selon la définition qui en est donnée par l’OMT plus haut. Le
modèle qui caractérise ces flux touristiques massifs depuis les années 50 est aujourd’hui plus que
jamais un modèle clairement insupportable, pour quatre raisons au moins :
• il ne tient que peu compte de l’importance de la conservation des systèmes naturels et de la
nécessité d’utiliser rationnellement les ressources naturelles ;
• il met l’accent sur la croissance en négligeant les aspects qualitatifs de celle-ci ;
• il distribue de façon très inégale les bénéfices dérivés de l’activité touristique ;
• il n’a pas intégré le territoire et ses singularités dans sa démarche et renforce ainsi
l’homogénéisation et la dépersonnalisation de l’offre touristique.
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Compte tenu de ce qui précède, les constats suivants s’imposent comme des évidences :
Il est indispensable d’amener un peu plus d’équité dans le cadre mouvant du tourisme. Tous les
•
acteurs du tourisme occidental sont d’accord sur cette affirmation puisque la plupart d’entre eux
adhèrent à la Charte du tourisme durable, édité par l’Organisation Mondiale du Tourisme–OMT.
En effet, ces acteurs cofinancent des publications destinées entre autres à inciter leurs membres à adopter des comportements de «citoyens de la planète», participent au lancement de
projets - essentiellement au niveau environnemental et médical (aide d’urgence) ou encore lancent des actions ponctuelles d’information et de formation de leurs collaborateurs directs ou/et
partenaires, par exemple en relation avec le tourisme sexuel. Bien que toute activité destinée à
améliorer le mieux-être des populations du Sud soit bienvenue, il n’en demeure pas moins que
la plupart de ces actions servent avant tout les intérêts de ceux qui les portent puisque ainsi,
leur propre image de marque est améliorée.
•
Les projets de tourisme solidaire, équitable, écologique, et autres sont marginaux et ne touchent qu’un public limité et une population locale limitée.
•
Les défenseurs de ce type de tourisme se déchirent entre eux, ne parvenant pas à se mettre
d’accord sur la notion de tourisme solidaire qui dans la plupart des cas s’apparente au mieux à
une simple aide humanitaire et au pire à du néo-colonialisme.
• Que signifie réellement le tourisme solidaire. N’est-ce pas une utopie que de vouloir amener
plus de solidarité dans un produit ou plutôt un service tel que le tourisme.
Ces critiques, en retour, motivent l’évolution du secteur dans au moins deux directions :
• Introduction de critères écologiques (protection de l’environnement et des ressources naturelles, économie d’énergie et lutte contre la pollution) ;
•
Apparition d’une offre alternative correspondant à une demande plus citoyenne de la part des
clients.
Qu’est-ce qu’un tourisme responsable ?
«Responsable selon le Larousse : qui pèse les conséquence de ses actes, «réfléchi» «qui doit
répondre de ses actes»
Il est difficile de donner une définition simple de la notion de «tourisme responsable». L’association
«Aventure au bout du monde - ABM9 en donne la définition suivante : «Voyager c’est aussi respecter et comprendre si possible l’environnement, tant humain que naturel, qui nous entoure.» Celle-
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http://www.abm.fr/pratique/deontol.html
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ci se retrouve également à la lecture du document10 «un carton rouge au tourisme? - dix principes
e
et défis pour un développement durable du tourisme au 21 siècle», édité par le réseau DANTE11 .
L’OMT en donne également une définition :
Le « Développement touristique durable satisfait les besoins actuels des touristes et des régions
d’accueil tout en protégeant et en améliorant les perspectives pour l'avenir. Il est vu comme menant à la gestion de toutes les ressources de telle sorte que les besoins économiques, sociaux et
esthétiques puissent être satisfaits tout en maintenant l'intégrité culturelle, les processus écologiques essentiels, la diversité biologique, et les systèmes vivants. » Sous la condition que tous les
acteurs concernés participent activement et s’engagent à respecter la mise en œuvre effective du
tourisme durable (GTD). »
Comment ?
Comment devrait se traduire cette mise en œuvre inscrite au programme de l’OMT ?
• Des postes de travail doivent être créés de façon ciblée pour les populations locales et pauvres,
et leur permettent de se qualifier.
• Les biens et services doivent, dans la mesure du possible, être achetés localement, afin
d’augmenter la valeur ajoutée du tourisme.
• Une importance particulière doit être accordée à la création de petites et moyennes entreprises,
ainsi qu’à la promotion des coopératives.
• Le système fiscal doit être réglementé de telle sorte qu’il bénéficie aux populations pauvres.
• Les incitations fiscales visant à attirer les investisseurs étrangers doivent être utilisées avec
prudence.
• Les investissements dans les infrastructures doivent profiter aux pauvres.
• La population doit jouir d’un droit d’information et de participation dans les décisions concernant
les projets touristiques.
• Les droits de propriété doivent être renforcés, spécialement pour les femmes.
L’offre en tourisme «responsable»
Pour une frange minoritaire de voyagistes, le tourisme traditionnel et de masse est un tourisme
dangereux, aléatoire, volatile, prédateur. Une fois ce constat sans nuances établi par ces chantres,
que reste-t-il ? Ont-ils des parades, des alternatives, d’autres cheminements ? La réponse est oui,
mais…
En effet, depuis une vingtaine d’années émerge l’offre d’un tourisme différent, d’un tourisme qui a
pris conscience d’horizons moins immédiats, de comportements moins opportunistes et de la
nécessité – si ce n’est morale du moins raisonnée – de faire autrement. Il a été classifié sous
10
Réseau Dante – un carton rouge au tourisme ?
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l’appellation de « tourisme responsable », indiquant par la terminologie utilisée, le franchissement
d’une ligne de démarcation entre la filière traditionnelle avec ses effets externes dévastateurs en
termes de développement et une voie plus consciente de ses responsabilités. Cette typologie de
tourisme recouvre plusieurs tendances dont les limites mouvantes évoluent constamment pour se
fondre souvent l’une dans l’autre. On relèvera le tourisme intégré et diffus, essentiellement en
milieu rural, l’écotourisme, le tourisme solidaire, le tourisme équitable, le tourisme communautaire
et pour les pauvres (pro-poor), le tourisme durable. Dans ce sens, le travail de recherche effectué
en 1999 par Françoise El Alaoui ou encore le groupe T2D2 sont d’excellents documents de référence (voire bibliographie) qui montrent bien les dérives du tourisme mais également les limites de
l’étiquette «tourisme équitable».
Ce tourisme est-il crédible ?
Le tourisme responsable est crédible dans sa démarche intellectuelle. Il l’est également dans le
cadre d’actions menées par de grands groupes en synergies avec des ONG ou des communautés
locales. Par contre à l’échelle à laquelle il est pratiqué par les structures existantes, il ne peut être
considéré comme réellement crédible puisqu’il ne s’affiche pour l’heure que comme une alternative
au tourisme traditionnel et ne s’adresse qu’à une minorité de consommateurs élitistes. De plus, ses
promoteurs se déchirent sur de simples questions de vocabulaires et de moyens.
Le tourisme responsable permet-il d’atteindre l’objectif affiché ?
L’objectif affiché de vouloir réduire la pauvreté par le tourisme n’est de loin pas atteint. Tel que
pratiqué actuellement, il l’est à bien trop petite échelle pour pouvoir prétendre atteindre cet objectif,
ce même si prises individuellement, les structures existantes les atteignent. Et pourtant le levier
existe. En effet, si l’outil «tourisme» impliquait réellement les voyageurs dans un processus visant
d’une part à «voyager responsable» et, d’autre part à participer activement par l’intermédiaire d’un
fond au financement de structures touristiques durables, à des programmes de micro financements, de formation et de développement dans les arrière-pays, à ce moment là, il peut constituer
un formidable outil. Néanmoins pour parvenir à un tel résultat il s’agit avant tout de développer une
volonté et une vision commune, Or, on rejoint ainsi le point précédent, puisque pour l’heure chaque
opérateur qu’il soit grand ou petit se satisfait de son pré carré, de son action qui peu ou prou le
valorise personnellement.
N’est-il qu’une niche ou un alibi du tourisme industriel ?
Il s’agit bien d’un tourisme de niche, d’un tourisme élitiste. De plus ce type de tourisme se cantonne dans la plupart des cas à une approche «d’aide au développement» qui respecte
l’environnement dans lequel il s’inscrit mais ne tient que peu compte des impératifs socioéconomiques globaux.
11
DANTE – http://www.dante-tourismus.org
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Quelques acteurs du tourisme «responsable»
La prise de conscience des dommages qu’occasionne le tourisme en général, mais également des
retombées bénéfiques de cette industrie a amené un certain nombre d’acteurs internationaux, dont
l’organisation mondiale du tourisme, à créer une dynamique visant à utiliser ce vecteur pour réduire la pauvreté. Ainsi le ST-EP a vu le jour.
Les organisations internationales les plus importantes
•
L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) est un organisme connexe des Nations Unies
fondé en 1975 qui s’occupe de promouvoir le tourisme. Son siège social est situé à Madrid (Espagne). En 2004, elle comptait 144 pays, 7 territoires et quelque 300 membres représentant le
secteur privé, des établissements d’enseignement, des associations de professionnels du tourisme et des autorités touristiques locales. L’OMT s’attache essentiellement à effectuer des
études, à générer des statistiques et à soutenir les Etats dans leurs démarches de promotion
du tourisme.
•
Créée en 1964, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
(CNUCED) vise à intégrer les pays en développement dans l´économie mondiale de façon à
favoriser leur essor. Elle collabore avec l’OMT dans la démarche ST-EP Sustainable TourismEliminating Poverty. Opérationnelle en 2003, cette démarche s’appuie sur trois piliers : un pilier
"international" pour consolider des financements, un pilier "recherches" pour identifier les principes et les applications et un pilier "communication" pour favoriser les bonnes pratiques chez les
opérateurs, les consommateurs et les communautés.
• Organisation mondiale du tourisme social, le BITS regroupe plus de 145 organismes membres
dans près de 40 pays.
Quelques associations et ONG
•
L’union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) est engagée depuis
plusieurs années maintenant dans le soutien et la promotion du tourisme solidaire. Différentes
actions sont menées dont en particulier, la mise en réseau d’opérateurs spécialisés, la publication d’une brochure répertoriant l’offre de voyages solidaires, la participation à différents groupes de travail sur le thème de l’identification de cette forme de tourisme, sa promotion et la
commercialisation.
•
Le réseau DANTE (Die Arbeitsgemeinschaft für Nachhaltige Tourismus Entwicklung), plateforme d’échanges de savoirs et d’expériences regroupant quinze initiatives et organisations non
gouvernementales d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse a édicté les dix principes du nouveau
tourisme. Les initiatives et organisations regroupées par le réseau DANTE travaillent quant à
elles dans leurs pays respectifs afin de promouvoir les principes d’un tourisme responsable.
•
L’association loi de 1901 «Tourism For Development» (TFD) dont le siège est à Paris veut
apporter une solution en prouvant que la première industrie mondiale, celle des voyages, peut
être un levier extraordinaire pour se battre contre la misère en assurant un développement durable aux populations les plus démunies des pays visités.
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•
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Le forum international tourisme solidaire et développement durable (FITS). Ce forum a pour but
principal de conforter le mouvement international en faveur d’un commerce plus juste pour les
produits (agricoles ou artisanaux), comme pour les services (tourisme). Visant prioritairement à
renforcer le poids économique du «commerce juste» et le poids politique de ses acteurs, il se
veut une contribution à l’objectif premier du Millénaire qui est de réduire de 50% la pauvreté à
l’horizon 2015.
• En Suisse, Fair Unterwegs est activement soutenu par la FASV dans sa démarche
d’information autour de la notion d’un tourisme responsable et durable. Il reste toutefois regrettable que sa documentation soit majoritairement éditée en allemand.
Les acteurs traditionnels du tourisme
Les acteurs traditionnels du tourisme ont, depuis de longues années déjà, pris conscience de la
nécessité d’agir et d’encourager un tourisme responsable. Ainsi, la «charte du tourisme durable»
élaborée par l’OMT en 1995 a donné lieu en Suisse à la déclaration de Crète, adoptée par la
majorité des voyagistes suisses. Cette déclaration qui n’est par contre plus actuelle, liait les signataires à un certain nombre d’obligations qui concrètement sont : «de veiller à ce que les directions
ou dirigeants des hôtels balnéaires proposés contribuent à la protection de l’environnement en
prenant des mesures adéquates dans les domaines suivants, ce tout en assumant la responsabilité de l’application des dites mesures :
• Traitement des eaux usées et des ordures, utilisation rationnelle de l’énergie,
• Politique d’achat tenant compte de critères écologiques,
• Sensibilisation des collaborateurs et cours de formation sur les questions relatives aux limites
du compatible sur le plan socio-écologique,
• Intégration de produits et d’activités locaux,
• la publication des activités de protection de l’environnement dans des brochures de vacances,
documents de voyage et sur place (manuels, séances d’information),
• Information sur les activités de protection de l’environnement».
Ainsi la plupart des voyagistes suisses se sont-ils dotés d’outils d’évaluation et de contrôles, de systèmes de récompenses et de financements permettant d’atteindre ces objectifs.
Plus encore, certains d’entre eux s’impliquent activement dans la promotion d’un tourisme
responsable en soutenant un certain nombre de publications, de mouvements de protection
de l’enfance ou de la femme, voire même participent au financement d’écoles et de structures médicales ou sociales. Leurs site et
brochures indiquent les ONG et projets qu’ils
soutiennent et mettent l’accent sur leur propre réalisation. Ils invitent également leurs
clients directs et indirects à compenser leur voyage par une taxe carbone reversée à my
climate et informent au sujet du tourisme sexuel (ECPAT). Par ailleurs, on voit de plus en
plus fleurir dans leur brochure divers labels qui indiquent au consommateur que tel ou tel
prestation est certifiée « éco responsable. De fait, les objectifs de la dite déclaration ont été
atteints et celle-ci a dès lors perdu sa validité.
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En
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France ou en Allemagne également, tous les grands conglomérats touristiques, regroupés
d’ailleurs au sein de l’OMT dans l’association des Tour Operators agissent activement pour faire du
tourisme un outil s’inscrivant dans une logique de durabilité.
Or même si au sein des politiques des grands opérateurs, il n’est que peu question des régions
périphériques, de salaires équitables ou encore d’éradication de la pauvreté par le tourisme, et
même si les outils mis en place servent en premier lieu leurs propres intérêts puisqu’ils contribuent
ainsi à préserver leur outil de travail, il n’en demeure pas moins que ces actions permettent de
rendre le public attentif aux dérives du tourisme.
Ainsi, certains acteurs – et non des moindres – s’emploient activement à soutenir la promotion d’un
tourisme responsable, que ce soit par l’information ou par des actions plus concrètes. Deux exemples d’acteurs majeurs du tourisme traditionnel :
•
Le groupe Sheraton facture sur toute nuitée passée dans l’un de leur établissement un dollar au
client, dollar qui ensuite est reversé à l’UNICEF pour des campagnes de vaccinations. Les tenants d’un tourisme responsable rétorqueront qu’il s’agit là d’aide d’urgence et non pas d’une
contribution à un tourisme responsable.
•
L’exemple du groupe Accor s’inscrit plus directement dans la lignée d’un tourisme durable. Ce
groupe international d’hôtellerie et de tourisme présent dans 140 pays avec 17 marques
connues à travers le monde, a conclu en 2001 un accord avec ECPAT, un réseau international
d’organisations luttant ensemble contre le tourisme sexuel et l’exploitation sexuelle des enfants
(à noter que la plupart des TO suisses en font également partie). L’objectif de ce partenariat est
de promouvoir un tourisme durable en sensibilisant les touristes aux conséquences de
l’exploitation sexuelle des enfants. Ainsi Accor a participé à une campagne de mobilisation de
l’opinion publique en France. Une autre campagne d’information s’adressait aux clients et employés des hôtels. Ce partenariat donne à Accor la possibilité de rendre visible ses activités de
développement durable et de témoigner d’un fort engagement éthique. ECPAT a profité de la
force de frappe d’ACCOR pour ainsi sensibiliser de nombreuses personnes et cibler un public
directement concerné par la problématique de l’enfance maltraitée. Là encore, des critiques ont
été émises dans le microcosme des promoteurs d’un tourisme responsable qui minimalisent les
actions entreprises en estimant que les dégâts amenés par le tourisme de masse tel que conçu
par le groupe Accor sont bien plus élevés que les «bénéfices» amenés par de telles actions.
(voir le rapport «carton rouge au tourisme»). Il n’en demeure pas moins qu’utiliser la puissance
économique d’un tel groupe est nécessaire si l’on veut sensibiliser les voyageurs de plus en
plus nombreux.
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On le voit donc, la responsabilité sociale de l’ensemble des acteurs du tourisme est bien
présente et est consciemment affichée et communiquée. Pour bien comprendre certains de
ces engagements, les sites suivants peuvent être visités (si vous avez le document en format
électronique, vous pouvez directement cliquer sur le nom):
FSAV12
La profession de foi de la FSAV est limpide. Elle s’engage – et par là même engage ses membres
– à un certain nombre d’actions concrètes visant à protéger à la fois les humains, leur environnement, les us et coutumes. Son objectif est de sensibiliser ses membres à la notion de tourisme
durable afin que ce sujet occupe davantage l’espace tant chez les TO que chez les revendeurs. De
nombreux liens et publications permettent par ailleurs de voir clair notamment dans la jungle des
labels et certifications (malheureusement ce document n’est disponible actuellement qu’en allemand).
Kuoni13 Sous le titre : « Voyager signifie rêver. Notre but est de maintenir ces rêves en vie », le groupe
Kuoni engage clairement sa responsabilité à l’égard de l’environnement et des gens en Suisse et
ailleurs. Il donne également quelques pistes aux consommateurs.
Hotelplan14
Hotelplan engage sa responsabilité depuis pratiquement deux décennies déjà. Cette société a
notamment créé « le franc écologique » où Hotelplan prenait 5 francs par voyageur pour financer
un fonds soutenant des projets de tourisme durable. Ils sont également à l’origine d’un prix distribué durant quelques années à des prestataires satisfaisant à des critères environnementaux.
TUI 15
Tui est également actif depuis plus de 20 ans dans la protection des hommes et soutient activement un certain nombre de projets environementaux. Le groupe (allemand) a été récompensé
cette année pour ses activités par le «Sustainability Yearbook» . Cette mention décernée par
Robeco SAM et KPMG International vise à récompenser les entreprises (quel que soit le secteur)
dont l’engagement environnemental est exceptionnel.
12
http://fsav.ch/fr/hn/umwelt-soziales/
13
http://www.kuoni.ch/fr/la-societe/corporate-responsibility/
14
http://www.hotelplan-suisse.ch/fr/durabilite/durabilite.aspx
15
http://www.tui.ch/service-kontakt/tui-qualitaets-und-umweltmanagement/
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Les activités de l’OMT
L’OMT a effectué en 2004 une étude portant sur la réduction de la pauvreté par le tourisme. Vingt
états ont participé à cette étude et fourni le profil de 26 projets aboutis. Il est évident que l’ampleur
des résultats obtenus par ces projets est très variable puisqu’elle dépend du type de projets et de
la région de son implantation. Néanmoins, l’ensemble des études démontre que le développement
du tourisme a contribué au renforcement de l’économie, à l’augmentation du niveau de vie et à la
qualité de vie des communautés concernées. Les conclusions générales de cette étude sont :16
•
Résultats économiques : les références aux créations d’emplois et de PME sont nombreuses,
et un décompte approximatif des emplois créés directement ou indirectement par les 26 projets
permet d’arriver au nombre de 1500. Ces emplois sont de plus considérés comme mieux rémunérés et moins pénibles que ceux des activités d’exploitation agricole ou des autres activités
traditionnelles, et ils sont une source de revenu plus régulière. La plupart des projets ont également eu des effets économiques indirects : un emploi créé dans le tourisme permet d’aider
financièrement de 4 à 10 autres membres de la famille dans la communauté concernée. Cela a
permis de réduire les migrations des zones rurales vers les zones urbaines.
•
Qualité de la vie : les conditions de vie ont été nettement améliorées en termes de services de
santé, d’égalité entre les sexes, de sécurité, d’alphabétisation, etc. d’où un comportement social
plus ouvert et positif de la part de certains milieux jusque là relativement conservateurs et fermés.
•
Education et autonomisation des communautés : les communautés ont été formées dans de
nombreux domaines, et des mesures ont été prises pour renforcer leur capacité de participation
aux avantages sociaux et économiques à tirer du tourisme, leur capacité à gérer leurs ressources et leurs systèmes de prise des décisions les plus importantes.
•
Protection de l’environnement : grâce aux activités de formation, les communautés agissent de
façon plus responsable en ce qui concerne leur environnement et en savent désormais davantage sur les technologies propres et l’utilisation durable des ressources naturelles. De plus, le
tourisme a été un facteur d’incitation à la réutilisation de produits alimentaires traditionnels et le
sens de la propriété s’étend désormais aussi à la durabilité physique des sites (par exemple, le
braconnage a disparu). Cette prise de conscience des problèmes de l’environnement a également été observée chez les visiteurs et les communautés avoisinantes.
•
Culture et préservation du patrimoine : le développement du tourisme a été bénéfique pour la
préservation des arts populaires locaux, de la cuisine locale, des techniques de construction
•
Estime de soi : il a été noté que l’on trouve à présent au sein des communautés une plus
grande estime de soi, et qu’elles sont fières de leur culture, reconnue désormais par des étrangers.
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• Reconnaissance et image : certains projets ont reçu des prix ou d’autres récompenses.
D’autres ont été reproduits dans d’autres régions.
•
Amélioration des équipements touristiques : outre les équipements destinés à l’hébergement ou
à la restauration, les offices d’information touristique gèrent à présent des centres
d’interprétation du milieu, des systèmes de signalisation et d’autres dispositifs permettant aux
touristes de vivre une expérience enrichissante.
•
Commercialisation et promotion : depuis le début de leurs activités, les responsables de nombreux projets touristiques ont constaté une augmentation régulière du nombre des visiteurs.
Plusieurs marques ont été créées, et des produits touristiques mis au point dans le cadre des
projets ont connu une importante réussite, grâce à une planification rigoureuse, à la constitution
d’équipes de gestion et d’équipes opérationnelles intégrées, et à l’exploitation de synergies
avec des (d’autres) voyagistes, Fondations, ONG, etc.
On le constate donc, bien planifiés avec une gestion rigoureuse par phase de développement, des
projets variés ont pu voir le jour et constituent clairement un moteur de développement pour les
régions et populations concernées. Et même si 26 projets aboutis ne constituent qu’une infime
partie de la «planète tourisme», ces 26 projets en cachent des dizaines d’autres et peuvent donner
des pistes pour concevoir d’autres projets.
Les publications –livres – journaux – Internet
Un grand nombre de publications, livres, sites Internet alimentent la polémique autour de la notion
de tourisme responsable et durable. Certaines permettent de conserver un regard critique sur cet
important enjeu que représente le tourisme durable :
• Tourisme durable et mondialisation touristique : Une analyse critique de l’AGCS
•
Le tourisme peut-il être un élément de développement durable ?
• La section tourisme du site ACTION CONSOMMATION
•
Le Monde diplomatique a consacré plusieurs articles critiques au tourisme.
En Suisse, nous connaissons le réseau « fair unterwegs » qui incite le consommateur à voyager de
manière responsable. Sa documentation est toutefois majoritairement germanophone. Le site
français Action Consommation17 a cette même démarche et tente d’inculquer aux touristes
consommateurs, une sorte de mode de voyager du touriste responsable. (Le lecteur de ce document peut visiter ces pages internet par un simple clic droit de la souris).
2005, La réduction de la pauvreté par le tourisme – un recueil de bonnes pratiques – édité par
l'OMT
17
http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=54
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1. S'informer18
2. Choisir un voyagiste et un type de voyage 19
3. Modifier nos comportements : voyager autrement !20
Ce code de bonne conduite est défini par certains documents dont par exemple la «Charte Ethique
du Voyageur»21.
La loi de la concurrence étant ce qu’elle est, la baisse des prix dans le secteur du tourisme ne peut
se faire qu’au détriment de l’environnement et des populations locales. Seule une action citoyenne
du consommateur pourrait inverser fortement cette tendance. Choisir entre son porte-monnaie et
son éthique, le dilemme est grand. Cependant, c’est sur ce point que l’éducation devrait pouvoir se
faire. Choisir une marque de café ou de banane équitable est facile, accepter de payer plus cher
son voyage, ou renoncer à faire de courts séjours dans des pays lointains, est plus difficile. Autant
les gens se mobilisent dans des actions solidaires lors de grandes catastrophes, comme le tsunami par exemple, autant il est difficile de les faire renoncer à un comportement insidieusement
nuisible. Un long chemin d’information et de communication reste donc à faire.
http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=54
http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=56
20
http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=57
21
http://www.onparou.com/CharteEthiquephp3.html
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Conclusion
La conclusion de ce cours s’articule sous forme d’une vision idéale – idéalisée, de ce que devrait
être le tourisme responsable.
En effet, le tourisme porte en lui tous les paradoxes du monde. Il se veut échange, développement,
brassage des cultures, tolérance, partage et en même temps il est destructeur, manipulateur,
colonialiste, politique, créateur de clivages… la liste est longue. Depuis maintenant une dizaine
d’année, il est même devenu un otage entre les mains de terroristes qui par de simples menaces
parviennent à immobiliser plusieurs jours durant une partie du trafic aérien international avec
toutes les conséquences sociales et économiques que cela entraîne. C’est dire à quel point cette
industrie mondiale est à la fois solide puisqu’elle est l’une des premières industries mondiales, qui
de plus connaît une croissance constante, et fragile, dépendante de facteurs environnementaux
(environnement social, politique, juridique, etc.) pour la plupart incontrôlables par les acteurs même
du tourisme. Il en va de même pour tout ce qui touche à la notion de tourisme responsable puisque
le réseau d’interaction de l’un et l’autre est similaire. Et pourtant même si l’un et l’autre constituent
un formidable outil de développement, seul un tourisme responsable (dont il faudrait tenter de
bannir les comportements que l’on peut qualifier de néo-colonialistes ou paternalistes – mais ne
rêvons pas !) peut être à long terme un levier économique pour les pays dits «émergents». Quelques pistes ont été esquissées, et il apparaît que l’un des leviers les plus importants reste le
consommateur. Pourquoi ?
•
Le tourisme responsable en est à ses balbutiements, puisque le touriste «lambda» n’est encore
que peu associé ni même sensibilisé à une démarche durable. Un réel travail de fond doit donc
encore se faire, notamment en amenant les puristes du tourisme responsable et ceux du tourisme traditionnel à travailler ensemble et à se «réconcilier» autour de la notion de tourisme
responsable.
•
La mémoire collective du consommateur est d’ores et déjà formatée pour penser «paiement du
prix juste», puisque le commerce équitable a, en 35 ans, connu un formidable essor. Toutefois
le consommateur de biens touristiques n’a pas encore acquis le réflexe «Nord-Sud, solidarité,
partage des richesses, paiement du prix juste, comportement général solidaire». Un travail de
fond reste à faire. C’est sur cet aspect que devraient porter la plus grande partie des efforts des
tenants d’un tourisme responsable. Les acteurs du tourisme «traditionnel» le font déjà et devraient veiller à une plus importante visibilité encore.
•
Labelliser le tourisme responsable est une piste intéressante qui est de plus en plus suivie, ce
malgré les paradoxes qu’une telle démarche porte en elle puisque le tourisme est par essence
un amalgame de services et de ressentis et non pas un «produit» à proprement parler. Ainsi, la
démarche de l’organe de certification d’Afrique du Sud est un exemple qu’il conviendrait de développer et de suivre, puisque, contrairement à tous les programmes de développement par le
tourisme qui sont initiés par le Nord, cette démarche vient du sud pour aller vers le nord. Retourner ainsi le «couteau» donne aux pays dits émergents non seulement un réel outil de déve-
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loppement et de commercialisation mais encore leur offre la possibilité de maintenir l’offre touristique à un niveau raisonnable. Toutefois une telle démarche demande une réelle vision et
une volonté portée par les gouvernements et instances internationales.
•
Bien que l’industrie du tourisme soit l’une des plus importantes, les organismes internationaux
et gouvernementaux considèrent le tourisme comme «un simple rouage de l’économie privée»
et attachent à son développement bien moins d’importance qu’ils ne le font pour l’industrie aéronautique ou nucléaire par exemple. Une plus forte implication au niveau de l’information (voir
point précédent) assorti à une volonté politique de respecter et faire respecter les engagements
de l’Agenda 21 pourrait amener le public à une prise de conscience rapide, modifiant durablement le comportement citoyen même et surtout quand il voyage.
Scepticisme, ironie voire éclat de rire, c’est probablement ce que susciteraient majoritairement les
pistes esquissées dans cette conclusion si celle-ci était appelée à être publiée. Néanmoins, l’avenir
s’inscrit au quotidien avec notre jeunesse. Et c’est à eux que s’adresse ce document.
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Connaissance de la branche
DÉVELOPPEMENT DURABLE
LES CHAMPS DU POSSIBLE
Bibliographie (par ordre alphabétique)
Remarque préalable s’adressant au lecteur de la version informatique de ce document :
tous les liens situés dans la partie droite mènent, directement à la page concernée. Merci d’utiliser
le bouton droit de la souris.
AUFFRET Laurent
AUROI Claude et YEPEZ Isabel
2006 - AFAQ Service confiance – Agir pour un tourisme responsable – Référentiel ATR.
Economie solidaire et commerce équitable – Acteurs et actrices
d'Europe et d'Amérique latine.
Presse universitaire – Genève – Louvain la Neuve
AVINA FOUNDATION
Rapport 2005 «leadership for sustainable development in Latin
America»
BUGNARD Denis, HONEGGER Max –
collaborateurs de la DDC
2000 – Evaluation externe, faisons-nous ce qu’il faut – comme il
faut – cahier thématique
DANTE
Un carton rouge au tourisme ?
EL ALAOUI Françoise
Le tourisme équitable – mémoire de recherche
GEORGE Susan
Le rapport Lugano – Jusqu’où ira le capitalisme – Editions de
l’aube – poche essai
IFRI - Eddy Fouggier et Jean-Damien Pô
2005 - Synthèse des réflexions du groupe de travail – les relations ONG - entreprises – bilan et perspectives – papier de travail
n° 6.
LAURENT Alain – Groupe T2D2
Caractériser le tourisme responsable, facteur de développement
durable – étude réalisée à la demande du ministère des affaires
étrangères français.
Lindberg & al
A critique of environmental carrying capacity as a means of
managing the effects of tourism development
LIPCZINSKY Malte – collaborateur DDC
1996 – 800 ex. Cahier thématique «PSER une entrée en matière
– Planification – Suivi – Evaluation – Réalisation»
LLENA Claude – enseignant chercheur
en sciences sociales, Montpellier
Le cas de la palmeraie de Tozeur
LLUCH Pascal & VOISIN Jérémie
Document inédit, Hommes & Montagnes, juillet 2003
MILLET Damien et TOUSSAINT Eric
Le Monde diplomatique : Les faux-semblants de l’aide au développement
OCDE
Les bonnes pratiques émergentes pour une gestion axée sur les
résultats de développement.
2005 – La gestion de l’aide – lignes directrices et ouvrages de
référence du CAD.
2005 – Faire reculer la pauvreté – le rôle de l’OCDE dans le
partenariat pour le développement.
OMC – Organisation mondiale du commerce
AGCS — Réalité et fiction
2005, La réduction de la pauvreté par le tourisme – un recueil de
bonnes pratiques
2004, La réduction de la pauvreté par le tourisme, recommandation pour l’action
OMT – Organisation mondiale du tourisme
Code mondial d’éthique du tourisme – Résolution adoptée par
l’assemblée générale des Nations Unies le 21.12.2001
Juin 2006 – Baromètre OMT du tourisme mondiale. Recettes du
tourisme international en 2005 – résultats – perspectives.
2005 – Faits saillants du tourisme – aperçu du tourisme international en 2004
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DÉVELOPPEMENT DURABLE
LES CHAMPS DU POSSIBLE
Message du secrétaire général – Francesco Frangialli – le
tourisme debout contre la pauvreté – le tourisme debout pour les
OMD –
Septembre 2003 – Francesco Frangialli – extraits du discours
prononcé lors du 1er FITS à Marseille.
ROY Arundhati
Le Monde diplomatique – octobre 2004 – Les périls du tout
humanitaire
RUBIO François
Dictionnaire pratique des organisations non gouvernementales,
Ellipses, Paris 2004
SOGGE David
Le Monde diplomatique : une nécessaire réforme de l’aide
internationale
STIGLITZ Joseph
The 1999 Annual World Bank Conference on Development
Economics: Wither Reform? Ten Years of the Transition
UNAT
Mars 2005 – Le tourisme solidaire vu par les voyageurs français –
notoriété, image et perspectives
ZWEIFEL Thomas D.
Communiques ou meurs – “Getting results through speaking and
listening” – p. 22 – Edition du Tricorne
QUELQUES SITES INTERNET
Certains sites internet sont d’ores et déjà référencés dans le document.
ABM – Aventures au bout du monde
Pour un tourisme responsable
Action Consommation
Agir par la consommation
Croq'Nature
La charte du tourisme équitable
DANTE
dante-tourismus.org
FTTSA – Fair Trade in Tourism
Tourisme équitable et responsable – le label
d’Afrique du Sud
OCDE
Annexe statistique de la publication «coopération
pour le développement – rapport 2005
ONPAROU
Charte éthique du voyageur
Programme économie et environnement
pour l’ASIE DU SUD-EST
EEPSEA.ORG
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