Les paradoxes du développement durable et du tourisme l`enfer est
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Les paradoxes du développement durable et du tourisme l`enfer est
Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Les paradoxes du développement durable et du tourisme l’enfer est pavé de bonnes intentions Analyse critique du tourisme, moteur de développement durable les champs du possible Actions entreprises par l’industrie du tourisme Tourisme & branche © Sonja Laborde 1 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE INTRODUCTION 4 DÉVELOPPEMENT DURABLE 5 QU’EST-CE QUE LE TOURISME ? 7 Arrivées et recettes du Tourisme international 7 L'évolution du Tourisme mondial à l’horizon 2020 8 La nécessité d’un tourisme «différent» 8 Une balance entrée-sortie de devises défavorable 9 Un tourisme concentrationnaire 9 L’intégration asphyxie les offres alternatives 10 Une citoyenneté en vacances 10 Les ressources naturelles 11 Les pollutions 12 Impacts socio-culturels 13 Le travail forcé : une triste réalité 14 La fragilité des populations 15 Les déplacements forcés de population 15 ...et bien d'autres conséquences négatives 15 Les points à retenir 16 QU’EST-CE QU’UN TOURISME « RESPONSABLE » ? 17 Comment ? 18 L’offre en tourisme «responsable» 18 Ce tourisme est-il crédible ? 19 Le tourisme responsable permet-il d’atteindre l’objectif affiché ? 19 N’est-il qu’une niche ou un alibi du tourisme industriel ? 19 Quelques acteurs du tourisme «responsable» 20 Les organisations internationales les plus importantes 20 Quelques associations et ONG 20 Les acteurs traditionnels du tourisme 21 FSAV 23 Tourisme & branche © Sonja Laborde 2 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Kuoni - 23 Hotelplan 23 TUI 23 Les activités de l’OMT 24 Les publications –livres – journaux – Internet 25 CONCLUSION 27 BIBLIOGRAPHIE (PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE) 29 QUELQUES SITES INTERNET Tourisme & branche 30 © Sonja Laborde 3 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Introduction Exprimer la notion de développement durable en relation avec celle du tourisme est un défi de par le fait que les deux notions sont à des années lumières l’une de l’autre. D’un côté, la notion de préservation de l’environnement et des ressources de notre planète. De l’autre, la consommation desdites ressources. Avec ce cours, il s’agit donc d’abord d’exprimer ce que sous-tend dans sa globalité, la notion de développement durable. Ensuite de définir la notion du tourisme. Et de voir, si, où, et surtout comment ces deux notions parviennent à se rejoindre. Parce que point de rencontre il y a. Fort heureusement pour les générations futures… Et chacun peut agir : • l’agent de voyage en conseillant son client, • le voyageur en s’informant et écoutant les recommandations • le voyageur encore, en agissant en voyage comme il le ferait chez lui, • le TO en intégrant un certain nombre d’outils de mesures lors de l’achat des prestations et la production de ses voyages, • l’hôtelier sur place, • la compagnie aérienne et l’avionneur qui construit les avions, • les réceptifs…. • Etc… Avec la notion de développement durable à l’esprit, chacun peut et devrait être responsable de l’ensemble des biens qu’il utilise et consomme dans son quotidien. Les voyages en font partie... Tourisme & branche © Sonja Laborde 4 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Développement durable « Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».1 « Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».2 Le rapport Bruntland, publié en 1987 déjà, insiste sur la nécessité de protéger la diversité des gènes, des espèces et de l'ensemble des écosystèmes naturels terrestres et aquatiques, et ce, notamment, par des mesures de protection de la qualité de l'environnement, par la restauration, l'aménagement et le maintien des habitats essentiels aux espèces, ainsi que par une gestion durable de l'utilisation des populations animales et végétales exploitées. Cette préservation de l'environnement dont l’humain fait partie, doit être accompagnée de la « satisfaction des besoins essentiels en ce qui concerne l’emploi, l’alimentation, l’énergie, l’eau, la salubrité ». Le développement durable n’est possible que dans la réconciliation de trois mondes qui se sont longtemps ignorés : l’économie, l’écologie et le social. A long terme, il n’y aura pas de développement possible s’il n’est pas économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable. Cela étant, on se heurte à une difficulté qui est, de définir ce que sont les besoins des générations présentes, et ce que seront les besoins des générations futures. On pourrait retenir par exemple les besoins élémentaires pour se nourrir, se loger, et se déplacer. Inséré parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement fixé par les Etats membres de l’ONU, un scénario en trois points a été proposé: • efficacité (techniques plus performantes) ; • sobriété (techniques utilisées avec parcimonie) ; • utilisation de ressources renouvelables (ex : l'énergie solaire ou les éoliennes) Un quatrième point a été ajouté à savoir la préservation du patrimoine culturel qui se transmet de génération en génération. 1 2 Propos d’un chef indien du nom de Seattle, et cité dans le rapport Bruntland 1987 Rapport Bruntland 1987 Tourisme & branche © Sonja Laborde 5 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Lorsqu’Harry Truman (33 ème président des USA de 1945 à 1953) s'est adressé à ses concitoyens lors de son discours d'investiture en 1949, pour évoquer l’aide aux pays « sousdéveloppés », le peuple américain était loin de penser que l'humanité serait un jour confrontée à une limitation des ressources naturelles. Depuis les années 1970 et les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, l'Occident prend peu à peu conscience de cette limite naturelle. Depuis les années 2000, les ONG environnementales, avec à leur tête le WWF, ont conceptualisé ces questions avec la notion d'empreinte écologique. Elles ont mis en évidence que l'impact écologique des activités des pays les plus développés (États-Unis, Europe occidentale..) dépassait largement la capacité biologique de la Terre à renouveler les ressources. Il est dès lors évident que le modèle occidental de développement, hérité de la révolution industrielle, n'est pas généralisable tel quel à l'ensemble de la planète ou dès lors, - le Club de Rome3 l’avait déjà souligné en 1972 - faudrait-il 6 planètes similaires à la nôtre. Et pourtant, c’est ce qui se fait. Ainsi voit-on les pays dits émergents se développer et demander le même type de confort que celui dont nous, les occidentaux, bénéficions depuis plus de 60 ans. Nous constatons par exemple que la Chine est en quelques années, devenue non seulement la « grande fabrique » de l’Occident mais aussi le plus gros pollueur et consommateur de matières premières de la planète. Ce non sans conséquences… Il est dès lors non seulement urgent mais vital pour les générations à venir que les citoyens du monde et leur dirigeants n’utilisent pas – plus - la notion de développement durable avec une vision marketing (ou greenwashing) mais bien plus l’intègrent dans un mode de vie plus global, plus systémique, qui est à repenser et à renouveler. 3 http://fr.wikipedia.org/wiki/Club_de_Rome Tourisme & branche © Sonja Laborde 6 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Qu’est-ce que le tourisme ? Pour l’OMT (Organisation mondiale du tourisme), « le tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois, dans un but de loisirs, un but professionnel (tourisme d’affaires) ou un but sanitaire (tourisme de santé) ». Actuellement, le tourisme est l’une, sinon la plus importante industrie mondiale. Elle a généré en 2010 un CA mondial d’environ 465 milliards auxquels s’ajoutent les dépenses exogènes. (souvenirs, produits de consommation usuels ou de services achetés sur place, etc…). Ci-dessous, en un coup d’œil l’évolution de la « masse touristique » sur 50 ans : Arrivées et recettes du Tourisme international4 Années Arrivées Accroissement en millions en % Recettes en milliards de dollars Accroissement en % 1960 69,3 6,9 1970 165,7 139% 17,9 159% 1980 268,2 62% 105,2 487% 1990 458,4 71% 260,1 148% 2010 935,0 104% 463,1 78% L'accroissement en % est calculé par rapport à la décennie précédente. 4 Source : Organisation Mondiale du Tourisme Tourisme & branche © Sonja Laborde 7 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE L'évolution du Tourisme mondial à l’horizon 20205 L’industrie du tourisme recouvre différents secteurs d’activité : transport, hébergement, restauration, loisirs, spectacles, sport et entreprises de voyages. Une croissance telle que celle que le tourisme a connu ne va pas sans quelques conséquences négatives et fâcheuses. Les principales d’entre elles sont détaillées dans les pages à venir La nécessité d’un tourisme «différent» « Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux. »6 Les critiques dont fait l’objet le tourisme de masse sont principalement : • contrôle du secteur majoritairement par des groupes internationaux basés dans les pays occidentaux; • balance en devises défavorables car les rentrées sont compensées par des besoins accrus en produits importés; • réalisation de la plus grande partie des bénéfices hors du pays d’accueil; 5 Source : WTO, http://www.unwto.org/facts/menu.html 6 J. Mistler, académicien, critique et homme politique français, 1897-1988 Tourisme & branche © Sonja Laborde 8 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE • dépendance de l’activité touristique dangereuse car soumise à diverses influences (climat, politique, mode...); • emplois touristiques souvent mal rémunérés, saisonniers et sans possibilités de réelles qualifications; • fragilisation du tissu social et des bases culturelles par le renforcement des disparités sociales et l’introduction de modes de consommation non durables. Les prochains paragraphes vont développer quelques-unes des critiques susmentionnées : Une balance entrée-sortie de devises défavorable L’apport massif de devises touristiques est une nécessité pour de nombreux pays du Sud mais, dans la pratique, cela les oblige à investir pour réaliser les infrastructures indispensables (aéroports, ports, réseau routier, de communication, voierie et assainissement, adduction d’eau, équipements sanitaires...). Ces investissements doivent être payés en devises, généralement empruntées à des banques et contribuent ainsi à l’augmentation de la dette publique. Par ailleurs, la part des recettes du tourisme prise par les différents agents (compagnies aériennes, chaînes hôtelières et voyagistes) est de l’ordre de 55% selon la Banque Mondiale. Ce chiffre peut monter à 95% pour un voyage tout compris. En général, la moyenne est de 70% à 80%. A ce titre l’exemple fourni par « fairunterwegs » est parlant. Sur un voyage à 5'200.00 en Afrique du Sud Trans port ; 750.00; 14% TO; 1'300.00; 25% Guide ; 400.00; 8% Logem ent ; 1'125.00; 22% Vol ; 1'625.00; 31% Dans l’espoir de rentrées significatives et rapides de devises, les gouvernements, malgré ces pourcentages désastreux pour leur propre économie, se tournent naturellement vers le tourisme. Dans certains cas même, la promotion du tourisme fait partie des programmes d’ajustement préconisés par le FMI. Un tourisme concentrationnaire Le tourisme de masse est basé sur le principe de la concentration, que ce soit dans le temps ou dans l’espace. Les infrastructures sont localisées dans une zone limitée ignorant l’arrière-pays Tourisme & branche © Sonja Laborde 9 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE avec parfois un fort caractère saisonnier, ce qui accroît l’impact sur l’environnement et en affaiblit parallèlement l’intérêt économique. Ce type de tourisme se développe dès lors sur un territoire restreint, les investissements y relatifs ne contribuant en rien au développement des régions environnantes. Pire même, il crée un fossé socio-économique entre régions touristiques et environs immédiats et plus lointains. L’intégration asphyxie les offres alternatives L’industrie du tourisme connaît aujourd’hui une mutation qui voit ses différents acteurs – agences, voyagistes, groupes hôteliers, TO, etc. – évoluer en grosses structures à concentration verticale. Un exemple en est le groupe ACCOR qui gère à la fois un certain nombre de chaînes hôtelières et détient des participations – majoritaires ou minoritaires – dans des groupes tels Carlson Wagonlits Travel, Europcar, Eurest, ce qui lui donne le contrôle sur l’ensemble de la chaîne des prestations. Une fois que les différentes composantes de la filière sont intégrées dans un ensemble dans lequel les coûts de gestion et d’approvisionnement sont traqués et les économies d’échelle recherchées systématiquement, il s’ensuit une position dominante. Celle-ci permet aux opérateurs de traiter d’égal à égal (sinon pire) avec les autorités et les fournisseurs locaux. Cet état de fait a pour conséquence l’apparition d’une pression négative sur les revenus du tourisme et rend ainsi des pays et régions dépendants du bon vouloir des compagnies étrangères. Il devient ainsi difficile de proposer et, a fortiori, d’imposer des règles éthiques. Les bilans publiés par les consortiums touristiques internationaux donnent à penser que la concentration contribue à une redistribution des pauvres vers les riches. Ceci est dû au mode de fonctionnement du tourisme qui implique une pensée à court terme et l’externalisation de ses coûts pour la recherche du profit maximum pour ses actionnaires. Une citoyenneté en vacances Le citoyen est de plus en plus sensibilisé aux problèmes d’environnement et son comportement s’y adapte lorsqu’il est chez lui. Par contre, dès qu’il se déplace à l’étranger – et plus encore dans des pays moins sensibilisés aux problématiques environnementales – sa fibre «écologique» se met également en vacances. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’observer les aires d’autoroutes en période de relâches ! Ce simple constat permet de déterminer la première des conséquences défavorables du tourisme non maîtrisé qui consiste en une forte dégradation des milieux naturels, du cadre de vie et des patrimoines sociaux et culturels dans les pays récepteurs. Les phénomènes de surexploitation découlant d’une forte concentration des flux touristiques engendrent des problèmes d’habitat de mauvaise qualité, de difficultés de circulation, d’environnement saccagé, notamment les plages et les zones littorales, de nuisances sonores et de pollution générale de l’environnement naturel. Tourisme & branche © Sonja Laborde 10 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Exemple : les récifs de corail «Udomsak Seenprachawong est professeur agrégé en économie de l’environnement au National Institute of Development Administration (NIDA) de Thaïlande. Avec l’aide du Programme économie et environnement pour l’Asie du Sud-est (PEEASE),7 il a évalué le coût à long terme de la dégradation du corail. Les récifs de corail du monde entier sont abîmés par l’activité humaine. Ils sont surexploités (souvent à cause de pratiques de pêche destructives, comme le nettoyage au cyanure), touchés par la pollution, endommagés par le tourisme négligeant et par le trafic maritime. La région des récifs des îles Phi Phi étudié par Udomsak Seenprachawong s’étend sur 32'000 hectares et montre des signes de détresse importants». Un autre exemple bien visible de destruction de l’habitat naturel est Cancun qui, il y a 30 ans, était une magnifique baie avec une faune et flore extraordinaire et qui, aujourd’hui n’est qu’un concentré de béton et acier, baies vitrées, plages aménagées. Plus proche de nous, ce même type de phénomène est observable sur le littoral tunisien, italien ou espagnol. Cancun en 1960 Cancun aujourd’hui Les ressources naturelles L’eau douce est la ressource la plus critique puisqu’elle est consommée en abondance par les hôtels pour les piscines, les terrains de golf et l’usage des clients. Une tonne et demi de fertilisant et de pesticide est utilisée pour rendre plus vert que vert un green de golf thaïlandais (il en va de même pour tous les autres greens d’hôtels 5 étoiles). Ce même green consomme autant d’eau par an que 60’000 habitants locaux. Dans un hôtel de luxe avec terrain de golf, le cubage d’eau utilisé pour un seul client est l’équivalent de 16 fois le volume utilisé par un paysan pour cultiver son champ et nourrir sa famille durant une année. 7 Programme économie et environnement pour l’aSIE DU sUD-eST - HTTP://WWW.EEPSEA.ORG Tourisme & branche © Sonja Laborde 11 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE 8 Exemple : le cas de la palmeraie de Tozeur dans le sud tunisien . «Tozeur est une petite ville du sud-est tunisien, située à la frontière algérienne à la limite Nord-est du Sahara. C’est aussi une des oasis les plus célèbres du monde, irriguée par 200 sources. Elle abrite une splendide palmeraie de plus de 1 000 ha, qui ne compte pas moins de 400 000 arbres. Véritable coin de verdure entouré de dunes et de désert de pierres. Depuis des générations, la palmeraie nourrissait la population de la zone. La production maraîchère (salade, blettes, carottes, bananes, dattes…) garantissait l’équilibre alimentaire d’une population sédentarisée. L’organisation agricole centrée sur une utilisation raisonnable de l’eau permettait une production vivrière importante. Or, ce fragile équilibre économique et social basé sur la raison va être fortement remis en question au début des années 90. C’est en effet, la période durant laquelle le gouvernement de Tunis va chercher à se lancer dans une politique d’ouverture accélérée au tourisme international. Du coup, les agriculteurs se sont trouvés en concurrence avec les hôtels et un golf (en plein désert) pour l’accession à l’eau. Couplé à une fragilisation du régime des pluies et à une montée générale de la moyenne des températures annuelles, la situation des agriculteurs de la palmeraie s’est fortement dégradée. L’eau gérée historiquement de manière raisonnable était ainsi soumise à une gestion rationnelle. Elle est aujourd’hui payante pour l’arrosage de la palmeraie. Bien évidemment, peu d’agriculteurs ont pu subsister». Les pollutions Le tourisme, au même titre que n’importe quelle industrie, émet les mêmes pollutions : pollution de l’air, bruit, déchets solides et liquides, rejets d’eaux usées, produits pétroliers et résidus chimiques ainsi que – et ce n’est pas la moindre - pollution visuelle ou architecturale. Même le tourisme avancé et à connotation «verte» connaît des dérives. « L’écotourisme est un tourisme dans des espaces peu perturbés par l’homme qui doit contribuer à la protection de la nature et au bien-être des populations locales ». Cette définition, proposée par TIES (The International Ecotourism Society), est adoptée au niveau international par le PNUE et l’OMT. L’écotourisme connaît un indéniable succès. Et pourtant - à juste titre d’ailleurs - il n’est pas épargné par les critiques : éco façade, éco terrorisme, concept ambigu, outil marketing… En effet, une importante partie des proclamations de l’écotourisme concernant ses bénéfices sont exagérées et se réfèrent plus à des démarches de labellisation et de marketing qu’à une durabilité réelle. Trop souvent, ils menacent les cultures locales, l’économie et les ressources naturelles. De plus les projets d’écotourisme sont souvent planifiés et menés à bien, de façon répétée, sans concertation ni soutiens locaux. Les critiques le considèrent comme une « éco façade » : une 2002 – Claude Llena – enseignant chercheur en sciences sociales, Montpellier dans www.actionsconsommation.org 8 Tourisme & branche © Sonja Laborde 12 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE tactique pour dissimuler les pratiques de surconsommation et d’exploitation du tourisme de masse en le «verdissant». Le fait est que l’on ne peut pas décréter «l’écotourisme». La mise en œuvre des principes liés à ce type de tourisme présuppose des choix techniques, (matériaux, architecturaux…) qui permettent réellement de diminuer les impacts sur les milieux naturels «envahis», de mieux gérer les ressources et surtout la fréquentation. Du chemin reste à faire, car si les opérateurs sont de plus en plus conscients de la nécessité d’une valorisation de l’environnement dans leurs produits touristiques, ils le sont parfois moins des impacts à long terme sur l’environnement. Par ailleurs, l’éco tourisme est d’autant plus à surveiller qu’il se déploie dans des milieux fragiles. Utiliser ces milieux pour le tourisme demande dès lors une gestion adaptée à la diversité des sites, une bonne expertise et un suivi constant. Par ailleurs, même le « touriste écolo » - à moins de se déplacer à vélo depuis son domicile et d’effectuer un tour en France voisine avec ce type de véhicule, voyagera soit en avion, soit en train ou en voiture. Exemple : Gaz à effets de serre. L’avion est le premier contributeur aux émissions de GES des touristes, bien qu'étant encore le moins utilisé pour se rendre sur le lieu de vacances. En 2006, seuls 7 % des touristes français ont pris l'avion (contre 75 % qui ont utilisé leur voiture; pourtant ces avions ont produit 62 % des émissions de GES du tourisme français, soit 18,5 millions de tonnes, contre « une dizaine de millions de tonnes » pour la voiture (36 % des émissions totales) Impacts socioculturels Certains comportements extrêmes des touristes occidentaux provoquent bien des malheurs dans les pays du Sud. C'est le cas notamment du tourisme sexuel qui donne lieu à une dramatique prostitution enfantine. Ceci constitue le cas le plus grave de l'impact négatif que peut avoir le tourisme sur une population réceptrice. La prostitution enfantine et des adultes : fléau du tourisme de masse Les touristes occidentaux et spécialement d'Europe du Nord, sont à l'origine de ce fléau qui ravage des pays comme la Thaïlande, le Vietnam, le Brésil, l'Inde, les Philippines ou certains pays d'Afrique. Les enfants sont victimes d'enlèvements ou sont achetés à leurs familles, puis sont séquestrés dans des maisons closes pour être vendus aux touristes occidentaux dont la conscience est en vacances pour quelques temps. En Thaïlande, un programme de recherche établi par le centre d'économie politique de la Chulalongkorn University de Bangkok a mis en évidence les chiffres du tourisme sexuel dans ce pays. Il représenterait entre 90 et 100 milliards de francs soit à peu près la moitié du budget 1995 de la nation. Cette énorme activité illégale - qui n'existe que parce que le gouvernement ferme les yeux - Tourisme & branche © Sonja Laborde 13 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE est "blanchie" à travers des placements immobiliers, des transactions boursières et l'industrie du divertissement. Les recherches ont pu identifier 20 à 30 membres du parlement compromis dans ce trafic, en participant directement, en protégeant, en finançant et en aidant ces activités. Les chercheurs estiment que 10 à 20 % des prostitués sont mineurs. les pays touchés par le tourisme sexuel. Source : ECPAT, 1999 C'est probablement l'aspect le plus scandaleux de l'impact du tourisme sur les pays du Sud et quoique le combat contre l'exploitation sexuelle des enfants soit très médiatisé et soutenu par l’ensemble des acteurs du tourisme suisse (FSAV – ainsi que tous les TO), condamné unanimement, il n’en demeure pas moins que cela reste une triste réalité pour des centaines de milliers d'enfants et d’adultes à travers le monde. Malheureusement, c'est loin d'être le seul aspect négatif du tourisme. D'autres dégâts sont constatés sur les populations d'accueil, qu'ils soient évidents, comme le cas que nous venons d'évoquer ou plus insidieux et progressifs. Pour plus d'informations sur le tourisme sexuel, vous pouvez consulter le dossier réalisé par "Le Routard Magazine". Ou le site d’ECPAT pour ce qui concerne la prostitution des mineurs. Le travail forcé : une triste réalité Dans certains pays, on déplore des cas fréquents de travail forcé directement lié au tourisme et notamment à la mise en valeur touristique des sites. Il est à noter que ces pratiques sont généralement limitées à des pays de régime dictatoriaux à de rares exceptions près. C'est une atteinte grave aux droits de l'homme et une frustration économique importante pour des populations vivant déjà en dessous du seuil de pauvreté et qui sont en droit d'attendre du tourisme un revenu complémentaire plutôt qu'une source d'esclavage. Tourisme & branche © Sonja Laborde 14 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE La fragilité des populations Dans sa quête d'exotisme et d'horizons différents, le touriste est parfois à l'origine de dégradations irréversibles sur les populations d'accueil. Or, moins une population est habituée au tourisme, moins elle sera armée et préparée à cette confrontation. De plus trop souvent ces populations sont « montrées » au touriste. On peut ainsi citer le cas des tribus ancestrales comme les Masaïs Maras d'Afrique Australe, des Indiens d'Amazonie ou de Guyane française ou encore des Aborigènes d'Australie qui – s’ils n’ont pas été décimés – ont subis un processus d’acculturation. Parqués dans des réserves, ils se produisent comme des professionnels du spectacle en reproduisant leurs danses et leurs cérémonies traditionnelles devant les regards des touristes. C'est ce que les ethnologues appellent la "folklorisation" des populations. Nous pouvons également parler des femmesgirafes ou Karen de Birmanie et Thaïlande du nord qui font l'objet d'un afflux de touristes et se retrouvent parquées dans leur village, sous les regards des touristes venus les contempler et prendre des photographies. Les déplacements forcés de population Des déplacements de population sont orchestrés à l'initiative ou avec l'accord des gouvernements dans de nombreux pays, notamment pour édifier des projets immobiliers ou touristiques. Exemple : La banlieue de Manille Dans sa revue trimestrielle (18), Transverses cite le cas de CALABARZON aux Philippines, vaste projet de développement industriel et touristique concernant 5 provinces pour décongestionner la métropole de Manille. Le projet consiste, entre autres, à bâtir un hôtel de luxe et une série de plages privées. Plus de 8600 hectares sont concernés, sur lesquels se trouvent actuellement 4 villages et plus de 10.000 familles qui vivent de l'exploitation agricole. Outre le préjudice subi par leur communauté, les paysans soulignent les risques que ce projet fait courir à leur environnement et notamment les menaces que fait peser l'arrosage des terrains de golf sur les réserves d'eau. Les cas sont innombrables où des populations locales ont été déplacées définitivement de leurs terres pour bâtir des projets touristiques bien plus rentables pour des motifs économiques ou politiques. Dès lors, privé de ses moyens de subsistance, le groupe se voit obligé d'émigrer vers les faubourgs des grandes villes et d'aller grossir les quartiers de bidonville pour survivre de mendicité ou d'emplois précaires. ...et bien d'autres conséquences négatives Parmi les populations déjà urbanisées ou celles qui ont abandonné leur mode de vie traditionnel depuis plus longtemps, les méfaits du tourisme se font aussi sentir. On peut citer les restrictions imposées aux populations locales pour le bénéfice des touristes. C'est notamment le cas des restrictions sur l'arrosage des cultures vivrières pour permettre aux touristes de se baigner dans une piscine ou de jouer au golf (très gros consommateur d'eau et de pesticides). Tourisme & branche © Sonja Laborde 15 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE On notera aussi les interdictions et les restrictions qui sont faites aux populations locales pour pénétrer dans les villages de touristes ou les hôtels, dans leur propre pays, sur les propres terres, afin de préserver les touristes de tout désagrément. Dans les villes très touristiques, la mendicité n'est pas le moindre mal qui guette les populations locales. Elle est destructrice de l'équilibre et de la cohésion de la famille et du groupe. Parfois, en mendiant ou en proposant ses services de faux guide, un enfant de 10 ans gagne plus que son père qui travaille 10 à 12 heures par jour. Une femme qui se prostitue auprès des visiteurs étrangers gagne plus en 1 journée qu'au cours d'un mois entier d'un travail honnête. Le marchandage, pratique communément admise par les touristes comme faisant partie d'un jeu qui pimente les vacances, est également une arme à double tranchant. Les touristes marchandent sans discernement - avec une ardeur qui n'a d'égal que l'amusement qu'ils en tirent - auprès de petits artisans dont tout le fonds de commerce tient dans la main. Dans son ouvrage Tourisme et Tiers-Monde, un bilan controversé, Paris, 1992, L'Harmattan, p. 49 et suiv., Georges Cazes démontre également la corrélation entre flux touristique et inflation. C'est une conséquence qui peut s'avérer dramatique pour les populations locales. Le volume des touristes provoque généralement un accroissement des prix qui engendre des frustrations importantes chez les populations locales qui ne peuvent plus consommer leurs propres produits mais voient des étrangers venir les consommer sous leurs yeux. Enfin les emplois que font miroiter ceux qui préconisent le développement par le tourisme, sont bien souvent un leurre. Car l'expérience démontre qu'il s'agit souvent d'emplois subalternes voire dégradants, la plupart du temps sous-payés et saisonniers, ne permettant pas toujours de vivre décemment. Les points à retenir Le tourisme représentait en 1950 25 millions de voyageurs. Aujourd’hui il représente plus ou moins 935 millions de personnes voyageant selon la définition qui en est donnée par l’OMT plus haut. Le modèle qui caractérise ces flux touristiques massifs depuis les années 50 est aujourd’hui plus que jamais un modèle clairement insupportable, pour quatre raisons au moins : • il ne tient que peu compte de l’importance de la conservation des systèmes naturels et de la nécessité d’utiliser rationnellement les ressources naturelles ; • il met l’accent sur la croissance en négligeant les aspects qualitatifs de celle-ci ; • il distribue de façon très inégale les bénéfices dérivés de l’activité touristique ; • il n’a pas intégré le territoire et ses singularités dans sa démarche et renforce ainsi l’homogénéisation et la dépersonnalisation de l’offre touristique. Tourisme & branche © Sonja Laborde 16 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Compte tenu de ce qui précède, les constats suivants s’imposent comme des évidences : Il est indispensable d’amener un peu plus d’équité dans le cadre mouvant du tourisme. Tous les • acteurs du tourisme occidental sont d’accord sur cette affirmation puisque la plupart d’entre eux adhèrent à la Charte du tourisme durable, édité par l’Organisation Mondiale du Tourisme–OMT. En effet, ces acteurs cofinancent des publications destinées entre autres à inciter leurs membres à adopter des comportements de «citoyens de la planète», participent au lancement de projets - essentiellement au niveau environnemental et médical (aide d’urgence) ou encore lancent des actions ponctuelles d’information et de formation de leurs collaborateurs directs ou/et partenaires, par exemple en relation avec le tourisme sexuel. Bien que toute activité destinée à améliorer le mieux-être des populations du Sud soit bienvenue, il n’en demeure pas moins que la plupart de ces actions servent avant tout les intérêts de ceux qui les portent puisque ainsi, leur propre image de marque est améliorée. • Les projets de tourisme solidaire, équitable, écologique, et autres sont marginaux et ne touchent qu’un public limité et une population locale limitée. • Les défenseurs de ce type de tourisme se déchirent entre eux, ne parvenant pas à se mettre d’accord sur la notion de tourisme solidaire qui dans la plupart des cas s’apparente au mieux à une simple aide humanitaire et au pire à du néo-colonialisme. • Que signifie réellement le tourisme solidaire. N’est-ce pas une utopie que de vouloir amener plus de solidarité dans un produit ou plutôt un service tel que le tourisme. Ces critiques, en retour, motivent l’évolution du secteur dans au moins deux directions : • Introduction de critères écologiques (protection de l’environnement et des ressources naturelles, économie d’énergie et lutte contre la pollution) ; • Apparition d’une offre alternative correspondant à une demande plus citoyenne de la part des clients. Qu’est-ce qu’un tourisme responsable ? «Responsable selon le Larousse : qui pèse les conséquence de ses actes, «réfléchi» «qui doit répondre de ses actes» Il est difficile de donner une définition simple de la notion de «tourisme responsable». L’association «Aventure au bout du monde - ABM9 en donne la définition suivante : «Voyager c’est aussi respecter et comprendre si possible l’environnement, tant humain que naturel, qui nous entoure.» Celle- 9 http://www.abm.fr/pratique/deontol.html Tourisme & branche © Sonja Laborde 17 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE ci se retrouve également à la lecture du document10 «un carton rouge au tourisme? - dix principes e et défis pour un développement durable du tourisme au 21 siècle», édité par le réseau DANTE11 . L’OMT en donne également une définition : Le « Développement touristique durable satisfait les besoins actuels des touristes et des régions d’accueil tout en protégeant et en améliorant les perspectives pour l'avenir. Il est vu comme menant à la gestion de toutes les ressources de telle sorte que les besoins économiques, sociaux et esthétiques puissent être satisfaits tout en maintenant l'intégrité culturelle, les processus écologiques essentiels, la diversité biologique, et les systèmes vivants. » Sous la condition que tous les acteurs concernés participent activement et s’engagent à respecter la mise en œuvre effective du tourisme durable (GTD). » Comment ? Comment devrait se traduire cette mise en œuvre inscrite au programme de l’OMT ? • Des postes de travail doivent être créés de façon ciblée pour les populations locales et pauvres, et leur permettent de se qualifier. • Les biens et services doivent, dans la mesure du possible, être achetés localement, afin d’augmenter la valeur ajoutée du tourisme. • Une importance particulière doit être accordée à la création de petites et moyennes entreprises, ainsi qu’à la promotion des coopératives. • Le système fiscal doit être réglementé de telle sorte qu’il bénéficie aux populations pauvres. • Les incitations fiscales visant à attirer les investisseurs étrangers doivent être utilisées avec prudence. • Les investissements dans les infrastructures doivent profiter aux pauvres. • La population doit jouir d’un droit d’information et de participation dans les décisions concernant les projets touristiques. • Les droits de propriété doivent être renforcés, spécialement pour les femmes. L’offre en tourisme «responsable» Pour une frange minoritaire de voyagistes, le tourisme traditionnel et de masse est un tourisme dangereux, aléatoire, volatile, prédateur. Une fois ce constat sans nuances établi par ces chantres, que reste-t-il ? Ont-ils des parades, des alternatives, d’autres cheminements ? La réponse est oui, mais… En effet, depuis une vingtaine d’années émerge l’offre d’un tourisme différent, d’un tourisme qui a pris conscience d’horizons moins immédiats, de comportements moins opportunistes et de la nécessité – si ce n’est morale du moins raisonnée – de faire autrement. Il a été classifié sous 10 Réseau Dante – un carton rouge au tourisme ? Tourisme & branche © Sonja Laborde 18 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE l’appellation de « tourisme responsable », indiquant par la terminologie utilisée, le franchissement d’une ligne de démarcation entre la filière traditionnelle avec ses effets externes dévastateurs en termes de développement et une voie plus consciente de ses responsabilités. Cette typologie de tourisme recouvre plusieurs tendances dont les limites mouvantes évoluent constamment pour se fondre souvent l’une dans l’autre. On relèvera le tourisme intégré et diffus, essentiellement en milieu rural, l’écotourisme, le tourisme solidaire, le tourisme équitable, le tourisme communautaire et pour les pauvres (pro-poor), le tourisme durable. Dans ce sens, le travail de recherche effectué en 1999 par Françoise El Alaoui ou encore le groupe T2D2 sont d’excellents documents de référence (voire bibliographie) qui montrent bien les dérives du tourisme mais également les limites de l’étiquette «tourisme équitable». Ce tourisme est-il crédible ? Le tourisme responsable est crédible dans sa démarche intellectuelle. Il l’est également dans le cadre d’actions menées par de grands groupes en synergies avec des ONG ou des communautés locales. Par contre à l’échelle à laquelle il est pratiqué par les structures existantes, il ne peut être considéré comme réellement crédible puisqu’il ne s’affiche pour l’heure que comme une alternative au tourisme traditionnel et ne s’adresse qu’à une minorité de consommateurs élitistes. De plus, ses promoteurs se déchirent sur de simples questions de vocabulaires et de moyens. Le tourisme responsable permet-il d’atteindre l’objectif affiché ? L’objectif affiché de vouloir réduire la pauvreté par le tourisme n’est de loin pas atteint. Tel que pratiqué actuellement, il l’est à bien trop petite échelle pour pouvoir prétendre atteindre cet objectif, ce même si prises individuellement, les structures existantes les atteignent. Et pourtant le levier existe. En effet, si l’outil «tourisme» impliquait réellement les voyageurs dans un processus visant d’une part à «voyager responsable» et, d’autre part à participer activement par l’intermédiaire d’un fond au financement de structures touristiques durables, à des programmes de micro financements, de formation et de développement dans les arrière-pays, à ce moment là, il peut constituer un formidable outil. Néanmoins pour parvenir à un tel résultat il s’agit avant tout de développer une volonté et une vision commune, Or, on rejoint ainsi le point précédent, puisque pour l’heure chaque opérateur qu’il soit grand ou petit se satisfait de son pré carré, de son action qui peu ou prou le valorise personnellement. N’est-il qu’une niche ou un alibi du tourisme industriel ? Il s’agit bien d’un tourisme de niche, d’un tourisme élitiste. De plus ce type de tourisme se cantonne dans la plupart des cas à une approche «d’aide au développement» qui respecte l’environnement dans lequel il s’inscrit mais ne tient que peu compte des impératifs socioéconomiques globaux. 11 DANTE – http://www.dante-tourismus.org Tourisme & branche © Sonja Laborde 19 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Quelques acteurs du tourisme «responsable» La prise de conscience des dommages qu’occasionne le tourisme en général, mais également des retombées bénéfiques de cette industrie a amené un certain nombre d’acteurs internationaux, dont l’organisation mondiale du tourisme, à créer une dynamique visant à utiliser ce vecteur pour réduire la pauvreté. Ainsi le ST-EP a vu le jour. Les organisations internationales les plus importantes • L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) est un organisme connexe des Nations Unies fondé en 1975 qui s’occupe de promouvoir le tourisme. Son siège social est situé à Madrid (Espagne). En 2004, elle comptait 144 pays, 7 territoires et quelque 300 membres représentant le secteur privé, des établissements d’enseignement, des associations de professionnels du tourisme et des autorités touristiques locales. L’OMT s’attache essentiellement à effectuer des études, à générer des statistiques et à soutenir les Etats dans leurs démarches de promotion du tourisme. • Créée en 1964, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) vise à intégrer les pays en développement dans l´économie mondiale de façon à favoriser leur essor. Elle collabore avec l’OMT dans la démarche ST-EP Sustainable TourismEliminating Poverty. Opérationnelle en 2003, cette démarche s’appuie sur trois piliers : un pilier "international" pour consolider des financements, un pilier "recherches" pour identifier les principes et les applications et un pilier "communication" pour favoriser les bonnes pratiques chez les opérateurs, les consommateurs et les communautés. • Organisation mondiale du tourisme social, le BITS regroupe plus de 145 organismes membres dans près de 40 pays. Quelques associations et ONG • L’union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) est engagée depuis plusieurs années maintenant dans le soutien et la promotion du tourisme solidaire. Différentes actions sont menées dont en particulier, la mise en réseau d’opérateurs spécialisés, la publication d’une brochure répertoriant l’offre de voyages solidaires, la participation à différents groupes de travail sur le thème de l’identification de cette forme de tourisme, sa promotion et la commercialisation. • Le réseau DANTE (Die Arbeitsgemeinschaft für Nachhaltige Tourismus Entwicklung), plateforme d’échanges de savoirs et d’expériences regroupant quinze initiatives et organisations non gouvernementales d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse a édicté les dix principes du nouveau tourisme. Les initiatives et organisations regroupées par le réseau DANTE travaillent quant à elles dans leurs pays respectifs afin de promouvoir les principes d’un tourisme responsable. • L’association loi de 1901 «Tourism For Development» (TFD) dont le siège est à Paris veut apporter une solution en prouvant que la première industrie mondiale, celle des voyages, peut être un levier extraordinaire pour se battre contre la misère en assurant un développement durable aux populations les plus démunies des pays visités. Tourisme & branche © Sonja Laborde 20 /30 Cours Connaissance de la branche • DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Le forum international tourisme solidaire et développement durable (FITS). Ce forum a pour but principal de conforter le mouvement international en faveur d’un commerce plus juste pour les produits (agricoles ou artisanaux), comme pour les services (tourisme). Visant prioritairement à renforcer le poids économique du «commerce juste» et le poids politique de ses acteurs, il se veut une contribution à l’objectif premier du Millénaire qui est de réduire de 50% la pauvreté à l’horizon 2015. • En Suisse, Fair Unterwegs est activement soutenu par la FASV dans sa démarche d’information autour de la notion d’un tourisme responsable et durable. Il reste toutefois regrettable que sa documentation soit majoritairement éditée en allemand. Les acteurs traditionnels du tourisme Les acteurs traditionnels du tourisme ont, depuis de longues années déjà, pris conscience de la nécessité d’agir et d’encourager un tourisme responsable. Ainsi, la «charte du tourisme durable» élaborée par l’OMT en 1995 a donné lieu en Suisse à la déclaration de Crète, adoptée par la majorité des voyagistes suisses. Cette déclaration qui n’est par contre plus actuelle, liait les signataires à un certain nombre d’obligations qui concrètement sont : «de veiller à ce que les directions ou dirigeants des hôtels balnéaires proposés contribuent à la protection de l’environnement en prenant des mesures adéquates dans les domaines suivants, ce tout en assumant la responsabilité de l’application des dites mesures : • Traitement des eaux usées et des ordures, utilisation rationnelle de l’énergie, • Politique d’achat tenant compte de critères écologiques, • Sensibilisation des collaborateurs et cours de formation sur les questions relatives aux limites du compatible sur le plan socio-écologique, • Intégration de produits et d’activités locaux, • la publication des activités de protection de l’environnement dans des brochures de vacances, documents de voyage et sur place (manuels, séances d’information), • Information sur les activités de protection de l’environnement». Ainsi la plupart des voyagistes suisses se sont-ils dotés d’outils d’évaluation et de contrôles, de systèmes de récompenses et de financements permettant d’atteindre ces objectifs. Plus encore, certains d’entre eux s’impliquent activement dans la promotion d’un tourisme responsable en soutenant un certain nombre de publications, de mouvements de protection de l’enfance ou de la femme, voire même participent au financement d’écoles et de structures médicales ou sociales. Leurs site et brochures indiquent les ONG et projets qu’ils soutiennent et mettent l’accent sur leur propre réalisation. Ils invitent également leurs clients directs et indirects à compenser leur voyage par une taxe carbone reversée à my climate et informent au sujet du tourisme sexuel (ECPAT). Par ailleurs, on voit de plus en plus fleurir dans leur brochure divers labels qui indiquent au consommateur que tel ou tel prestation est certifiée « éco responsable. De fait, les objectifs de la dite déclaration ont été atteints et celle-ci a dès lors perdu sa validité. Tourisme & branche © Sonja Laborde 21 /30 Cours Connaissance de la branche En DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE France ou en Allemagne également, tous les grands conglomérats touristiques, regroupés d’ailleurs au sein de l’OMT dans l’association des Tour Operators agissent activement pour faire du tourisme un outil s’inscrivant dans une logique de durabilité. Or même si au sein des politiques des grands opérateurs, il n’est que peu question des régions périphériques, de salaires équitables ou encore d’éradication de la pauvreté par le tourisme, et même si les outils mis en place servent en premier lieu leurs propres intérêts puisqu’ils contribuent ainsi à préserver leur outil de travail, il n’en demeure pas moins que ces actions permettent de rendre le public attentif aux dérives du tourisme. Ainsi, certains acteurs – et non des moindres – s’emploient activement à soutenir la promotion d’un tourisme responsable, que ce soit par l’information ou par des actions plus concrètes. Deux exemples d’acteurs majeurs du tourisme traditionnel : • Le groupe Sheraton facture sur toute nuitée passée dans l’un de leur établissement un dollar au client, dollar qui ensuite est reversé à l’UNICEF pour des campagnes de vaccinations. Les tenants d’un tourisme responsable rétorqueront qu’il s’agit là d’aide d’urgence et non pas d’une contribution à un tourisme responsable. • L’exemple du groupe Accor s’inscrit plus directement dans la lignée d’un tourisme durable. Ce groupe international d’hôtellerie et de tourisme présent dans 140 pays avec 17 marques connues à travers le monde, a conclu en 2001 un accord avec ECPAT, un réseau international d’organisations luttant ensemble contre le tourisme sexuel et l’exploitation sexuelle des enfants (à noter que la plupart des TO suisses en font également partie). L’objectif de ce partenariat est de promouvoir un tourisme durable en sensibilisant les touristes aux conséquences de l’exploitation sexuelle des enfants. Ainsi Accor a participé à une campagne de mobilisation de l’opinion publique en France. Une autre campagne d’information s’adressait aux clients et employés des hôtels. Ce partenariat donne à Accor la possibilité de rendre visible ses activités de développement durable et de témoigner d’un fort engagement éthique. ECPAT a profité de la force de frappe d’ACCOR pour ainsi sensibiliser de nombreuses personnes et cibler un public directement concerné par la problématique de l’enfance maltraitée. Là encore, des critiques ont été émises dans le microcosme des promoteurs d’un tourisme responsable qui minimalisent les actions entreprises en estimant que les dégâts amenés par le tourisme de masse tel que conçu par le groupe Accor sont bien plus élevés que les «bénéfices» amenés par de telles actions. (voir le rapport «carton rouge au tourisme»). Il n’en demeure pas moins qu’utiliser la puissance économique d’un tel groupe est nécessaire si l’on veut sensibiliser les voyageurs de plus en plus nombreux. Tourisme & branche © Sonja Laborde 22 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE On le voit donc, la responsabilité sociale de l’ensemble des acteurs du tourisme est bien présente et est consciemment affichée et communiquée. Pour bien comprendre certains de ces engagements, les sites suivants peuvent être visités (si vous avez le document en format électronique, vous pouvez directement cliquer sur le nom): FSAV12 La profession de foi de la FSAV est limpide. Elle s’engage – et par là même engage ses membres – à un certain nombre d’actions concrètes visant à protéger à la fois les humains, leur environnement, les us et coutumes. Son objectif est de sensibiliser ses membres à la notion de tourisme durable afin que ce sujet occupe davantage l’espace tant chez les TO que chez les revendeurs. De nombreux liens et publications permettent par ailleurs de voir clair notamment dans la jungle des labels et certifications (malheureusement ce document n’est disponible actuellement qu’en allemand). Kuoni13 Sous le titre : « Voyager signifie rêver. Notre but est de maintenir ces rêves en vie », le groupe Kuoni engage clairement sa responsabilité à l’égard de l’environnement et des gens en Suisse et ailleurs. Il donne également quelques pistes aux consommateurs. Hotelplan14 Hotelplan engage sa responsabilité depuis pratiquement deux décennies déjà. Cette société a notamment créé « le franc écologique » où Hotelplan prenait 5 francs par voyageur pour financer un fonds soutenant des projets de tourisme durable. Ils sont également à l’origine d’un prix distribué durant quelques années à des prestataires satisfaisant à des critères environnementaux. TUI 15 Tui est également actif depuis plus de 20 ans dans la protection des hommes et soutient activement un certain nombre de projets environementaux. Le groupe (allemand) a été récompensé cette année pour ses activités par le «Sustainability Yearbook» . Cette mention décernée par Robeco SAM et KPMG International vise à récompenser les entreprises (quel que soit le secteur) dont l’engagement environnemental est exceptionnel. 12 http://fsav.ch/fr/hn/umwelt-soziales/ 13 http://www.kuoni.ch/fr/la-societe/corporate-responsibility/ 14 http://www.hotelplan-suisse.ch/fr/durabilite/durabilite.aspx 15 http://www.tui.ch/service-kontakt/tui-qualitaets-und-umweltmanagement/ Tourisme & branche © Sonja Laborde 23 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Les activités de l’OMT L’OMT a effectué en 2004 une étude portant sur la réduction de la pauvreté par le tourisme. Vingt états ont participé à cette étude et fourni le profil de 26 projets aboutis. Il est évident que l’ampleur des résultats obtenus par ces projets est très variable puisqu’elle dépend du type de projets et de la région de son implantation. Néanmoins, l’ensemble des études démontre que le développement du tourisme a contribué au renforcement de l’économie, à l’augmentation du niveau de vie et à la qualité de vie des communautés concernées. Les conclusions générales de cette étude sont :16 • Résultats économiques : les références aux créations d’emplois et de PME sont nombreuses, et un décompte approximatif des emplois créés directement ou indirectement par les 26 projets permet d’arriver au nombre de 1500. Ces emplois sont de plus considérés comme mieux rémunérés et moins pénibles que ceux des activités d’exploitation agricole ou des autres activités traditionnelles, et ils sont une source de revenu plus régulière. La plupart des projets ont également eu des effets économiques indirects : un emploi créé dans le tourisme permet d’aider financièrement de 4 à 10 autres membres de la famille dans la communauté concernée. Cela a permis de réduire les migrations des zones rurales vers les zones urbaines. • Qualité de la vie : les conditions de vie ont été nettement améliorées en termes de services de santé, d’égalité entre les sexes, de sécurité, d’alphabétisation, etc. d’où un comportement social plus ouvert et positif de la part de certains milieux jusque là relativement conservateurs et fermés. • Education et autonomisation des communautés : les communautés ont été formées dans de nombreux domaines, et des mesures ont été prises pour renforcer leur capacité de participation aux avantages sociaux et économiques à tirer du tourisme, leur capacité à gérer leurs ressources et leurs systèmes de prise des décisions les plus importantes. • Protection de l’environnement : grâce aux activités de formation, les communautés agissent de façon plus responsable en ce qui concerne leur environnement et en savent désormais davantage sur les technologies propres et l’utilisation durable des ressources naturelles. De plus, le tourisme a été un facteur d’incitation à la réutilisation de produits alimentaires traditionnels et le sens de la propriété s’étend désormais aussi à la durabilité physique des sites (par exemple, le braconnage a disparu). Cette prise de conscience des problèmes de l’environnement a également été observée chez les visiteurs et les communautés avoisinantes. • Culture et préservation du patrimoine : le développement du tourisme a été bénéfique pour la préservation des arts populaires locaux, de la cuisine locale, des techniques de construction • Estime de soi : il a été noté que l’on trouve à présent au sein des communautés une plus grande estime de soi, et qu’elles sont fières de leur culture, reconnue désormais par des étrangers. Tourisme & branche © Sonja Laborde 24 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE • Reconnaissance et image : certains projets ont reçu des prix ou d’autres récompenses. D’autres ont été reproduits dans d’autres régions. • Amélioration des équipements touristiques : outre les équipements destinés à l’hébergement ou à la restauration, les offices d’information touristique gèrent à présent des centres d’interprétation du milieu, des systèmes de signalisation et d’autres dispositifs permettant aux touristes de vivre une expérience enrichissante. • Commercialisation et promotion : depuis le début de leurs activités, les responsables de nombreux projets touristiques ont constaté une augmentation régulière du nombre des visiteurs. Plusieurs marques ont été créées, et des produits touristiques mis au point dans le cadre des projets ont connu une importante réussite, grâce à une planification rigoureuse, à la constitution d’équipes de gestion et d’équipes opérationnelles intégrées, et à l’exploitation de synergies avec des (d’autres) voyagistes, Fondations, ONG, etc. On le constate donc, bien planifiés avec une gestion rigoureuse par phase de développement, des projets variés ont pu voir le jour et constituent clairement un moteur de développement pour les régions et populations concernées. Et même si 26 projets aboutis ne constituent qu’une infime partie de la «planète tourisme», ces 26 projets en cachent des dizaines d’autres et peuvent donner des pistes pour concevoir d’autres projets. Les publications –livres – journaux – Internet Un grand nombre de publications, livres, sites Internet alimentent la polémique autour de la notion de tourisme responsable et durable. Certaines permettent de conserver un regard critique sur cet important enjeu que représente le tourisme durable : • Tourisme durable et mondialisation touristique : Une analyse critique de l’AGCS • Le tourisme peut-il être un élément de développement durable ? • La section tourisme du site ACTION CONSOMMATION • Le Monde diplomatique a consacré plusieurs articles critiques au tourisme. En Suisse, nous connaissons le réseau « fair unterwegs » qui incite le consommateur à voyager de manière responsable. Sa documentation est toutefois majoritairement germanophone. Le site français Action Consommation17 a cette même démarche et tente d’inculquer aux touristes consommateurs, une sorte de mode de voyager du touriste responsable. (Le lecteur de ce document peut visiter ces pages internet par un simple clic droit de la souris). 2005, La réduction de la pauvreté par le tourisme – un recueil de bonnes pratiques – édité par l'OMT 17 http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=54 16 Tourisme & branche © Sonja Laborde 25 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE 1. S'informer18 2. Choisir un voyagiste et un type de voyage 19 3. Modifier nos comportements : voyager autrement !20 Ce code de bonne conduite est défini par certains documents dont par exemple la «Charte Ethique du Voyageur»21. La loi de la concurrence étant ce qu’elle est, la baisse des prix dans le secteur du tourisme ne peut se faire qu’au détriment de l’environnement et des populations locales. Seule une action citoyenne du consommateur pourrait inverser fortement cette tendance. Choisir entre son porte-monnaie et son éthique, le dilemme est grand. Cependant, c’est sur ce point que l’éducation devrait pouvoir se faire. Choisir une marque de café ou de banane équitable est facile, accepter de payer plus cher son voyage, ou renoncer à faire de courts séjours dans des pays lointains, est plus difficile. Autant les gens se mobilisent dans des actions solidaires lors de grandes catastrophes, comme le tsunami par exemple, autant il est difficile de les faire renoncer à un comportement insidieusement nuisible. Un long chemin d’information et de communication reste donc à faire. http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=54 http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=56 20 http://www.actionconsommation.org/publication/article.php3?id_article=57 21 http://www.onparou.com/CharteEthiquephp3.html 18 19 Tourisme & branche © Sonja Laborde 26 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Conclusion La conclusion de ce cours s’articule sous forme d’une vision idéale – idéalisée, de ce que devrait être le tourisme responsable. En effet, le tourisme porte en lui tous les paradoxes du monde. Il se veut échange, développement, brassage des cultures, tolérance, partage et en même temps il est destructeur, manipulateur, colonialiste, politique, créateur de clivages… la liste est longue. Depuis maintenant une dizaine d’année, il est même devenu un otage entre les mains de terroristes qui par de simples menaces parviennent à immobiliser plusieurs jours durant une partie du trafic aérien international avec toutes les conséquences sociales et économiques que cela entraîne. C’est dire à quel point cette industrie mondiale est à la fois solide puisqu’elle est l’une des premières industries mondiales, qui de plus connaît une croissance constante, et fragile, dépendante de facteurs environnementaux (environnement social, politique, juridique, etc.) pour la plupart incontrôlables par les acteurs même du tourisme. Il en va de même pour tout ce qui touche à la notion de tourisme responsable puisque le réseau d’interaction de l’un et l’autre est similaire. Et pourtant même si l’un et l’autre constituent un formidable outil de développement, seul un tourisme responsable (dont il faudrait tenter de bannir les comportements que l’on peut qualifier de néo-colonialistes ou paternalistes – mais ne rêvons pas !) peut être à long terme un levier économique pour les pays dits «émergents». Quelques pistes ont été esquissées, et il apparaît que l’un des leviers les plus importants reste le consommateur. Pourquoi ? • Le tourisme responsable en est à ses balbutiements, puisque le touriste «lambda» n’est encore que peu associé ni même sensibilisé à une démarche durable. Un réel travail de fond doit donc encore se faire, notamment en amenant les puristes du tourisme responsable et ceux du tourisme traditionnel à travailler ensemble et à se «réconcilier» autour de la notion de tourisme responsable. • La mémoire collective du consommateur est d’ores et déjà formatée pour penser «paiement du prix juste», puisque le commerce équitable a, en 35 ans, connu un formidable essor. Toutefois le consommateur de biens touristiques n’a pas encore acquis le réflexe «Nord-Sud, solidarité, partage des richesses, paiement du prix juste, comportement général solidaire». Un travail de fond reste à faire. C’est sur cet aspect que devraient porter la plus grande partie des efforts des tenants d’un tourisme responsable. Les acteurs du tourisme «traditionnel» le font déjà et devraient veiller à une plus importante visibilité encore. • Labelliser le tourisme responsable est une piste intéressante qui est de plus en plus suivie, ce malgré les paradoxes qu’une telle démarche porte en elle puisque le tourisme est par essence un amalgame de services et de ressentis et non pas un «produit» à proprement parler. Ainsi, la démarche de l’organe de certification d’Afrique du Sud est un exemple qu’il conviendrait de développer et de suivre, puisque, contrairement à tous les programmes de développement par le tourisme qui sont initiés par le Nord, cette démarche vient du sud pour aller vers le nord. Retourner ainsi le «couteau» donne aux pays dits émergents non seulement un réel outil de déve- Tourisme & branche © Sonja Laborde 27 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE loppement et de commercialisation mais encore leur offre la possibilité de maintenir l’offre touristique à un niveau raisonnable. Toutefois une telle démarche demande une réelle vision et une volonté portée par les gouvernements et instances internationales. • Bien que l’industrie du tourisme soit l’une des plus importantes, les organismes internationaux et gouvernementaux considèrent le tourisme comme «un simple rouage de l’économie privée» et attachent à son développement bien moins d’importance qu’ils ne le font pour l’industrie aéronautique ou nucléaire par exemple. Une plus forte implication au niveau de l’information (voir point précédent) assorti à une volonté politique de respecter et faire respecter les engagements de l’Agenda 21 pourrait amener le public à une prise de conscience rapide, modifiant durablement le comportement citoyen même et surtout quand il voyage. Scepticisme, ironie voire éclat de rire, c’est probablement ce que susciteraient majoritairement les pistes esquissées dans cette conclusion si celle-ci était appelée à être publiée. Néanmoins, l’avenir s’inscrit au quotidien avec notre jeunesse. Et c’est à eux que s’adresse ce document. Tourisme & branche © Sonja Laborde 28 /30 Cours Connaissance de la branche DÉVELOPPEMENT DURABLE LES CHAMPS DU POSSIBLE Bibliographie (par ordre alphabétique) Remarque préalable s’adressant au lecteur de la version informatique de ce document : tous les liens situés dans la partie droite mènent, directement à la page concernée. Merci d’utiliser le bouton droit de la souris. AUFFRET Laurent AUROI Claude et YEPEZ Isabel 2006 - AFAQ Service confiance – Agir pour un tourisme responsable – Référentiel ATR. Economie solidaire et commerce équitable – Acteurs et actrices d'Europe et d'Amérique latine. Presse universitaire – Genève – Louvain la Neuve AVINA FOUNDATION Rapport 2005 «leadership for sustainable development in Latin America» BUGNARD Denis, HONEGGER Max – collaborateurs de la DDC 2000 – Evaluation externe, faisons-nous ce qu’il faut – comme il faut – cahier thématique DANTE Un carton rouge au tourisme ? EL ALAOUI Françoise Le tourisme équitable – mémoire de recherche GEORGE Susan Le rapport Lugano – Jusqu’où ira le capitalisme – Editions de l’aube – poche essai IFRI - Eddy Fouggier et Jean-Damien Pô 2005 - Synthèse des réflexions du groupe de travail – les relations ONG - entreprises – bilan et perspectives – papier de travail n° 6. LAURENT Alain – Groupe T2D2 Caractériser le tourisme responsable, facteur de développement durable – étude réalisée à la demande du ministère des affaires étrangères français. Lindberg & al A critique of environmental carrying capacity as a means of managing the effects of tourism development LIPCZINSKY Malte – collaborateur DDC 1996 – 800 ex. Cahier thématique «PSER une entrée en matière – Planification – Suivi – Evaluation – Réalisation» LLENA Claude – enseignant chercheur en sciences sociales, Montpellier Le cas de la palmeraie de Tozeur LLUCH Pascal & VOISIN Jérémie Document inédit, Hommes & Montagnes, juillet 2003 MILLET Damien et TOUSSAINT Eric Le Monde diplomatique : Les faux-semblants de l’aide au développement OCDE Les bonnes pratiques émergentes pour une gestion axée sur les résultats de développement. 2005 – La gestion de l’aide – lignes directrices et ouvrages de référence du CAD. 2005 – Faire reculer la pauvreté – le rôle de l’OCDE dans le partenariat pour le développement. 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ROY Arundhati Le Monde diplomatique – octobre 2004 – Les périls du tout humanitaire RUBIO François Dictionnaire pratique des organisations non gouvernementales, Ellipses, Paris 2004 SOGGE David Le Monde diplomatique : une nécessaire réforme de l’aide internationale STIGLITZ Joseph The 1999 Annual World Bank Conference on Development Economics: Wither Reform? Ten Years of the Transition UNAT Mars 2005 – Le tourisme solidaire vu par les voyageurs français – notoriété, image et perspectives ZWEIFEL Thomas D. Communiques ou meurs – “Getting results through speaking and listening” – p. 22 – Edition du Tricorne QUELQUES SITES INTERNET Certains sites internet sont d’ores et déjà référencés dans le document. ABM – Aventures au bout du monde Pour un tourisme responsable Action Consommation Agir par la consommation Croq'Nature La charte du tourisme équitable DANTE dante-tourismus.org FTTSA – Fair Trade in Tourism Tourisme équitable et responsable – le label d’Afrique du Sud OCDE Annexe statistique de la publication «coopération pour le développement – rapport 2005 ONPAROU Charte éthique du voyageur Programme économie et environnement pour l’ASIE DU SUD-EST EEPSEA.ORG Tourisme & branche © Sonja Laborde 30 /30