Relations médicamenteuses Silicea

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Relations médicamenteuses Silicea
Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Silicea - Phosphorus
Travaux
T
r vaux dir
rav
dirigés
rigés
Relations médicamenteuses
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1
Objectifs :
- Approfondir votre connaissance de la Matière Médicale de : Silicea et Phosphorus
- Acquérir des stratégies thérapeutiques fiables dans des situations cliniques complexes.
- Revenir sur un aspect fondamental des principes de base de l’homéopathie : Terrains, modes
réactionnels chroniques. Histoire et évolution
Comment préparer cette formation ?
- Répondre au pré-test
- Lire attentivement les différents documents fournis : Ils seront un matériau
indispensable pour échanger avec l’enseignant et les autres médecins présents.
- Apporter quelques cas cliniques de votre pratique.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Programme
Programme
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E2
1) Pre-test et tour de table : Auto-évaluation de vos acquis et de votre
pratique.
2) Analyses des situations cliniques "oubliées" ou peu fréquentes.
Révision de la matière médicale.
3) Construire des arbres décisionnels dans les pathologies les plus fréquentes
à partir de l'expérience de chacun.
4) Discussion sur le thème : Terrains, modes réactionnels chroniques. Histoire
et évolution.
5) Synthèse en conclusion.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Pré - test
Chapitre
PRE-TEST- Silicea
Silicea - signes caractéristiques
Classer par ordre croissant les symptômes caractéristiques suivants :
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E3
1: le symptôme selon vous le plus caractéristique
5: le symptôme selon vous le moins caractéristique
Une case reste libre pour inscrire les symptômes de votre choix.
• Sensation d’épine
• Le froid
• La nouvelle lune
• Aggravation par les vaccinations
• ...............................
Silicea - indications cliniques
Classer par ordre croissant les indications cliniques suivantes :
1: l'indication qui selon vous est la plus caractéristique du médicament
5: l'indication qui selon vous est la moins caractéristique du médicament
Une case reste libre pour inscrire l’indication de votre choix.
• Suppurations chroniques
• Terrains ORL chroniques
• Transpiration
• Trac, timidité
• ...............................
Silicea - pharmacologie
Classer par ordre croissant les affirmations suivantes :
1: l'affirmation qui selon vous est la plus caractéristique du médicament
5: l'affirmation qui selon vous est la moins caractéristique du médicament
Une case reste libre pour inscrire l’affirmation de votre choix.
• La typologie est indispensable
• La silice est pharmacologiquement inactive
• C’est un médicament de MRC tuberculinique
• Silicea est utilisé uniquement en haute dilution
• ...............................
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Phosphorus - signes caractéristiques
Pré - test
PRE-TEST- Phosphorus
Classer par ordre croissant les symptômes caractéristiques suivants :
1: le symptôme selon vous le plus caractéristique
5: le symptôme selon vous le moins caractéristique
Une case reste libre pour inscrire les symptômes de votre choix.
• Sensation de brûlure
• Sensation de vide dans l’abdomen
• Fringale nocturne
• Aggravation par l’orage
• ...............................
Phosphorus - indications cliniques
Classer par ordre croissant les indications cliniques suivantes :
1: l'indication qui selon vous est la plus caractéristique du médicament
5: l'indication qui selon vous est la moins caractéristique du médicament
Une case reste libre pour inscrire l’indication de votre choix.
• Hépatite
• Pneumopathie
• Hémorragie
• Acétone
• ...............................
Phosphorus - pharmacologie
Classer par ordre croissant les affirmations suivantes :
1: l'affirmation qui selon vous est la plus caractéristique du médicament
5: l'affirmation qui selon vous est la moins caractéristique du médicament
Une case reste libre pour inscrire l’affirmation de votre choix.
• La constitution longiligne est indispensable
• Phosphorus est utilisé uniquement en haute dilution
• C’est d’abord un médicament d’action lésionnelle
• C’est un sujet hypersensible et vulnérable
• ...............................
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E4
Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
valorisation
Chapitre
Silicea
Valorisation
Notes – Exemples de prescription
Étiologie, causalités
circonstancielles
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E5
• Carence alimentaire, trouble
d’assimilation
• Antibiothérapie répétée
• Affection chronique ORL et digestive
• Mauvaise tolérance aux vaccinations
• Suite de surmenage intellectuel
Cibles, physiopathologies • Manque de réaction générale
et lésions
• Suppuration et infection chroniques
• Trouble de la croissance
• Déminéralisation
• Système nerveux
Sensations
• Épine, écharde
• Hyperesthésie générale
Modalités
• Aggravation
- par le froid
- par l’humidité
- par les vaccinations non adaptées
- à la nouvelle lune
• Amélioration
- par la chaleur
- par temps sec
- par enveloppements chauds
Symptômes
concomitants
• Manque de réaction générale
• Maigreur et frilosité
• Transpiration abondante
• Ongles tachetés de blanc
Désirs et aversions
• Désir d’aliments froids
• Aversion pour la viande
Humeur et
comportement
• Diminution de l’efficacité intellectuelle
Typologie
• Constitution chétive
• Hypertrophie des bosses frontales
• Grands yeux vifs et brillants
• Sueurs au niveau de la tête, du cou
et des pieds
• Adénopathies cervicales
• Enfant nerveux, agité, anxieux,
hypersensible
Modes
• Infections répétées
Réactionnels Chroniques • Manque de réaction favorable
• Tendance aux parasitoses
• Chronicité des infections muqueuses
• Tendance dépressive générale
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Principales indications cliniques
Syndromes généraux
(infections,
inflammations…)
Notes – Exemples de prescription
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Cardiologie
Dermatologie
Indic cliniques
Silicea
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• Tendance aux suppurations itératives
• Mycose interdigitale (hyperhidrose)
Endocrinologie
Gastro-entérologie
• Constipation atonique
• Tendance aux parasitoses intestinales
• Diarrhée des syndromes de malabsorption
• Tendance aux caries dentaires
• Suppuration dentaire
Gynécologie
• Métrite, salpingite
• Allaitement (fatigue)
Ophtalmologie
• Orgelets à répétition
• Blépharite avec sécrétions purulentes
ORL
• Otite chronique suppurée
• Rhinites et rhino-pharyngites itératives
Pneumologie
• Maladie pulmonaire chronique à
réactivation hivernale : bronchite
chronique, dilatation bronchique
Neurologie
• Céphalées chroniques (trajet d’Arnold)
Rhumatologie
• Ostéite des osselets
• Épiphysite de croissance
• Retard de formation du cal (fractures)
• Tendance ostéoporotique
• Coccygodynie
• Algoneurodystrophie
Urologie
• Cystite chronique
• Urétrite, prostatite
Troubles de l’humeur
et du comportement
• Épuisement intellectuel
• Trouble de l’attention et de la mémoire
• Trac et timidité, manque de confiance
en soi
• Trouble du sommeil, parasomnie
Posologie
Règles usuelles de posologie
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valorisation
Chapitre
Phosphorus
Valorisation
Notes – Exemples de prescription
Étiologie, causalités
circonstancielles
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• Hépatite virale, toxique
• Pneumopathie, cardiopathie
• Gastro-entérite aiguë
• Sénescence
Cibles, physiopathologies • Atteinte lésionnelle : inflammation
et lésions
puis sclérose
• Sang : tendance hémorragique
• Foie, poumons, reins, cœur
• Système nerveux
Sensations
• Hyperesthésie sensorielle
• Sensation de brûlure :
- aux paumes
- rachis dorsal
- interscapulaire
• Sensation de congestion
• Vertiges (vieillard +++)
• Sensation de larynx à vif avec
enrouement
Modalités
• Aggravation
- par le froid, l’orage
- le soir au crépuscule
- couché sur le côté gauche
- effort physique
- effort intellectuel
- émotions
• Amélioration
- par la chaleur (sauf tête et estomac)
Symptômes
concomitants
Désirs et aversions
• Désir de boissons et d’aliments froids
• Désir de sel et d’aliments salés (sauf
poisson et huîtres)
• Aversion pour les boissons chaudes
Humeur et
comportement
• Fringale nocturne
• Sommeil tardif et rêves agités
Typologie
• Biotype longiligne
• Rythme rapide, discontinu
• Alternance de thymie
• Hypersensible à l’environnement
Modes
Réactionnels Chroniques
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Principales indications cliniques
Syndromes généraux
(infections,
inflammations…)
• Hémorragies fréquentes
• Prévention des hémorragies
chirurgicales
Cardiologie
• Artériosclérose
• Insuffisance cardiaque
• Vertiges, céphalée des vieillards
• Séquelles d’AVC hémorragique
• Artériopathie des membres inférieurs
• Complication vasculaire du diabète
Notes – Exemples de prescription
Dermatologie
Endocrinologie
• Diabète
Gastro-entérologie
• Hépatite aiguë
• Alcoolisme chronique
• Congestion hépatique
• Cirrhose
• Polynévrite éthylique
• Affection chronique du foie
• Insuffisance hépato-cellulaire
• Gastro-entérite aiguë
• Pancréatite aiguë et chronique
Gynécologie
• Méno-métrorragie
Ophtalmologie
• Hémorragie rétinienne
ORL
• Laryngite
Pneumologie
• Pneumopathie aiguë
• Asthme
Neurologie
• Indication neurologique
• Myélite et myélopathie
• Névrite et polynévrite
• Vertige, céphalée des vieillards
Rhumatologie
Urologie
• Néphropathie chronique
• Néphrite hématurique aiguë
Troubles
de l’humeur et
du comportement
• Alternance d’états opposés d’excitation
et de dépression
Posologie
Préférer 9 ou 15 CH
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Indic cliniques
Phosphorus
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Cas clinique
Chapitre
Cas clinique
Souligner chaque symptôme évoquant la prescription d’un médicament.
Noter ce médicament dans la marge (un médicament peut être cité plusieurs fois).
sexe :
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profession :
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consulte pour :
Prescription :
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age :
ag
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Chapitre
Souligner chaque symptôme évoquant la prescription d’un médicament.
Noter ce médicament dans la marge (un médicament peut être cité plusieurs fois).
sexe :
age :
profession :
Cas clinique
Cas clinique
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consulte pour :
Prescription :
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Cas clinique
Chapitre
Cas clinique
Souligner chaque symptôme évoquant la prescription d’un médicament.
Noter ce médicament dans la marge (un médicament peut être cité plusieurs fois).
sexe :
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consulte pour :
Prescription :
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age :
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Chapitre
Souligner chaque symptôme évoquant la prescription d’un médicament.
Noter ce médicament dans la marge (un médicament peut être cité plusieurs fois).
sexe :
age :
profession :
Cas clinique
Cas clinique
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consulte pour :
Prescription :
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Feuille de note
Chapitre
Feuille de note
Arbres décisionnels
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Chapitre
Arbres décisionnels
Feuille de note
Feuille de note
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Feuille de note
Chapitre
Feuille de note
Arbres décisionnels
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Arbres décisionnels
Feuille de note
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Annexe
Chapitre
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Annexe
CAS CLINIQUES
- 1) Silicea, Extrait de : Cliniques homéopathiques, volume 1, p.123, Observation n° 1,
Dr A. Holtzscherer
- 2) Silicea, Extrait de : 9è congrès international du CLH, mars 1998, PAUVRE
ESTHÈTE QUI, COMME LA GRENOUILLE DE LA FONTAINE, AURAIT TANT AIMÉ RESSEMBLER
À UN BŒUF, Dr J. Victoor
- 3) Phosphorus, Extrait de : la revue du CEDH n°3 (octobre 2006), le perfectionnement du praticien
(Cas Clinique n°1) p.36- 37, Dr A. Pelligrini
- 4) Phosphorus, Extrait de : la revue du CEDH n°16 (janvier 2010), la pratique au quotidien, p.17,
Dr J-F. Becker
Matière médicale
- Silicea (1), Publié dans : Annales homéopathqiues françaises vol. 3.
Année : 1960, SILICEA, KENT, Matière Médicale (extraits),
(Traduction par le Docteur DEMARQUE, père)
- Silicea (2), Extrait de : De l'utilisation de Silicea en homéopathie à l'effet
des hautes dilutions de Silice sur les macrophages, Revue : Homéopathie Française 1987,
B. Poitevin
- Phosphorus (1), Extrait de : la revue du CEDH n°3 (octobre 2006),
le perfectionnement du praticien p.30- 35, Phosphorus : Typologie sensible, Dr A. Pelligrini
- Phosphorus (2), Extrait de : Homéopathie Française, 1984, Etude de
l'action de différentes dilutions de phosphorus sur l'hépatite toxique du rat, J. Bildet, J.-M. Guere,
J. Saurel, M. Aubin, D. Demarque, R. Quilichini
Terrains, modes réactionnels chroniques. Histoire et évolution
- 1) Extrait de : HOMEOPATHIE Conception médicale à la dimension de l’homme,
LA CONCEPTION REACTIONNELLE HOMEOPATHIQUE DU TERRAIN, Michel Conan Mériadec,
Edition Boiron
-2) Extrait de : Nouvelle approche méthodologique du concept de « terrain » en homéopathie,
Communication présentée au XXXIe Congrès de la Ligue Médicale Homéopathique
Internationale ; Athènes , mai 1976, D. Demarque
MATIERE MEDICALE à consulter
- Pharmacologie & matière médicale homéopathique (D. Demarque, J. Jouanny, B. Poitevin, Y. Saint-Jean)
- Fiches de matière médicale (J. Boulet, J.P. Loupias)
- Matière médicale homéopathique (M. Guermonprez, M. Pinkas, M. Torck)
- Etudes de matière médicale homéopathique (J.A. Lathoud)
- Homéopathie - Les relations médicamenteuses (M. Busser, F. Chefdeville, J.M. Cousin, P. Desobeau, J. Lambert, J. Merckel, J. Nouguez )
- Mémento homéopathique (M. Busser, F. Chefdeville, J.M. Cousin, P. Desobeau, J. Lambert, J. Merckel, J. Nouguez )
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Extrait de : Cliniques homéopathiques, volume 1, p.123
Dr A. Holtzscherer
Observation n° 1
En septembre 1987, une enfant m'est adressée par un confrère avec la lettre suivante :
« Mon Cher Ami,
Je t'adresse Christine B., 6 ans et demi :
— eczéma de l'enfance
— asthme depuis 1985
— janvier 1986 : macro poly adénopathie due à un bacille aviaire, elle a été contaminée à partir des pigeons
— la cuti réaction à la tuberculine a viré pendant l'hiver 86/87
— le poids est stable depuis deux ans, bien qu'elle ait augmenté de taille
Bien amicalement »
L'interrogatoire nous apprend que la grossesse et l'accouchement se sont bien passés ; elle a subi
le DTCP en avril, mai et juin 1981, avec un rappel en septembre 1982, à chaque fois avec poussée
fébrile.
Son eczéma a débuté à l'âge de 2 mois jusqu'à l'âge de 5 ans, immédiatement suivi par l'apparition
de l'asthme.
Dans la petite enfance, elle a fait de nombreuses rhinopharyngites et otites.
Elle est particulièrement sujette aux crises de verminose.
Le père et le grand-père paternels ont de l'eczéma. La mère R.A.S. Une sœur de 3 ans R.A.S.
Son asthme existe en toutes saisons mais est nettement aggravé l'hiver, au printemps et par temps
humide. Elle est améliorée à la montagne. C'est une enfant plutôt frileuse.
Elle a reçu de nombreux antibiotiques ; pendant les crises Théophylline, Ventoline, Cortisone. Des
tests allergologiques ont été pratiqués qui montrent une positivité aux pollens et aux acariens pour
laquelle une désensibilisation a été conseillée (celle-ci est commencée depuis un an et entraîne à
chaque fois une très nette aggravation des symptômes).
Depuis janvier 1986, l'appétit est nettement diminué (comme il est dit plus haut, pas de prise de poids
depuis deux ans).
Indépendamment des crises d'asthme, le sommeil est médiocre. L'enfant se réveille souvent. Elle s'endort sur le dos ou sur le côté, et toujours découverte (volontairement car elle n'est pas frileuse au lit).
Elle transpire particulièrement de la tête en s'endormant.
Sur le plan psychique, on retient que c'est une enfant qui était gaie et qui est devenue excessivement triste depuis l'apparition de son asthme. C'est une enfant douce et caline.
Physiquement, elle pèse 24,5 kg pour une taille de 125 cm ; elle est blonde.
Elle présente à ce jour une adénopathie très volumineuse cervicale droite (8 cm sur 6 cm) qui suppure depuis 6 mois (écrouelle), le pus est jaune-grisâtre, sans odeur, non irritant.
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Cas clinique 1
Cas clinique n°1 - Silicea
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Cas clinique 1
Chapitre
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Cas clinique n°1 - Silicea
Le jour de l'examen, l'enfant n'est pas en crise, mais à l'auscultation, il existe cependant des
râles sibilants.
Les crises sont faites de dyspnée expiratoire avec toux grasse productive, de crachats épais
blancs ou le plus souvent jaunes. Elles n'ont pas d'horaire particulier ni de rythme bien défini,
globalement deux à trois crises par semaine.
Etude du cas
1) Mode réactionnel
Le mode réactionnel de base est d'évidence psorique. En effet l'asthme a succédé à l'eczéma. Il
existe de l'eczéma dans la famille ; nette tendance à la parasitose intestinale. Devant ce mode réactionnel psorique, on pense plutôt à Sulfur, chez cette enfant qui a chaud la nuit et dont le rythme des
crises est court et anarchique.
Le mode réactionnel tuberculinique est lui aussi très net chez cette enfant qui a fait de très nombreuses
rhinopharyngites et otites, et infestée par le bacille aviaire. C'est bien sûr à Silicea que l'on pense ici
en raison de cette écrouelle qui persiste depuis plusieurs mois.
Le mode réactionnel sycotique a été surajouté par : les vaccinations, les antibiotiques, les nombreuses
prises de cortisone, ce qui est confirmé par la nette aggravation à l'humidité.
2) Type sensible
Chez cette enfant, la morpho-psychologie fait penser essentiellement à Pulsatilla (qui devait être sont
type sensible d'origine), Silicea (qui paraît mieux correspondre à l'actualité), éventuellement Natrum
muriaticum (maigreur).
3) Type d'allergie
Il s'agit, comme cela a été prouvé par les lgE et les tests cutanés, d'une allergie de type 1. Intérêt
éventuel de Poumon histamine ou Histaminum.
4) Détermination des allergènes
Les tests cutanés montrent une sensibilité aux pollens et aux acariens.
Intérêt éventuel d'une isothérapie de ces allergènes.
5) Détermination des médicaments de crise
Ces crises faites de toux grasses productives ; pas très obstructives, font penser essentiellement à
des remèdes comme Ipeca, Antimonium tartaricum, Blatta orientalis, Kalium carbonicum.
Premier traitement
Aviaire
Sulfur
Thuya
Silicea
9 - 12 - 15 - 30 CH
1 dose 4 jours de suite
30 CH
1 dose chaque dimanche
15 CH
3 granules le matin
15 CH
3 granules le soir
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Traitement pour deux mois. Arrêt de la désensibilisation.
Je n'ai pas donné de traitement de crise, laissant ce soin au médecin traitant.
Ici nous avons préféré Aviaire à Tuberculinum d'une part pour éviter les aggravations possibles dues
à ce remède chez cette enfant fatiguée, d'autre part en espérant pouvoir agir sur cette adénopathie.
C'est volontairement pour ne pas surcharger l'ordonnance que nous n'avons donné ni Poumon histamine, ni des dilutions d'allergènes, nous réservant ces possibilités pour la suite en cas d'insuffisance
du traitement.
Deux mois après, la mère la dit très bien. Elle n'a pas eu de véritable crise, au maximum dyspnée
après effort physique. Elle a meilleur appétit, elle dort mieux et ne transpire plus. L'adénopathie qui
avait nettement régressé de volume s'est aggravée depuis une semaine avec arrêt de l'écoulement.
Deuxième traitement
Sulfur
Silicea
30 CH
1 dose le dimanche
9 CH
3 granules matin et soir
Traitement pour deux mois.
(Nous espérions avec Silicea 9 CH plutôt que 15 CH faire réapparaître l'écoulement de l'écrouelle).
Deux mois après, l'asthme a disparu, la taille de 126 cm et le poids de 26,5 kg.
Rien de changé pour l'adénopathie (pas d'écoulement, volume important) : déception...
Troisième traitement
Aviaire
Sulfur
Silicea
Silicea
Siegesbeckia
30 CH
1 dose par mois
30 CH
30 CH
en alternance chaque dimanche
5 CH
3 granules le matin
5 CH
3 granules le soir
Nous redonnons Aviaire pour des raisons évidentes d'étiologie de l'adénopathie. Silicea 5 CH et
Siegesbeckia 5 CH, remèdes de suppuration bien connus, cette suppuration étant favorisée par les
basses dilutions.
Traitement pour deux mois.
L'asthme est bien contrôlé. L'adénite s'est mise à couler 15 jours après le début du traitement.
Actuellement il persiste toujours une suppuration et l'adénite a très nettement régressé de volume
(2 à 3 cm). Le poids est de 28 kg et la taille de 128 cm.
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Cas clinique 1
Cas clinique n°1 - Silicea
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Cas clinique 1
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Cas clinique n°1 - Silicea
Quatrième traitement
Aviaire
Sulfur
Silicea
Isothérapique
30 CH
1 dose par mois
30 CH
30 CH
1 dose chaque dimanche en alternance
de pus en 15 CH dilution
20 gouttes chaque matin.
Traitement pour deux mois.
Deux mois après, l'asthme est toujours bien contrôlé. Le ganglion n'est presque plus perceptible et
il persiste une toute petite fistule à la peau avec très peu d'écoulement.
Cinquième traitement
Tuberculinum
Sulfur
Silicea
Isothérapique
30 CH
1 dose une fois
30 CH
30 CH
en alternance le dimanche
à continuer jusqu'à guérison de la suppuration (cette guérison fut obtenue
trois semaines après).
Traitement pour deux mois.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Extrait de : 9è congrès international du CLH, mars 1998
Dr J. Victoor
PAUVRE ESTHÈTE QUI,
COMME LA GRENOUILLE DE LA FONTAINE,
AURAIT TANT AIMÉ RESSEMBLER À UN BŒUF
Isabelle souffre depuis des années d'éruptions en plaques, squameuses et prurigineuses, sur
les jambes et les seins : psoriasis.
Essentiel de l'anamnèse : « Je veux qu'on me comprenne avant même que je ne me sois
expliquée ! (IMPATIENCE) ; j'invite toujours chez moi, je veux toujours des gens à la maison (COMPANY DESIRE FOR) ; je suis incapable de refuser quelque chose à quelqu'un (YIELDING DISPOSITION) ; penser à une prise de sang me rend moite de trouille (FEAR OF PINS) ; je suis si frileuse que
je me coucherais sur le radiateur (LACK OF VITAL HEAT) ».
SILICEA 200 K, et tout disparaît en trois semaines.
Cinq mois plus tard, Isabelle me consulte pour manque d'énergie : « Je n'arrive plus au bout
de ma semaine ».
SILICEA 201 K, et tout est bien.
Quatre mois plus tard, dysménorrhée et désir alimentaire anormal : « Je ne mangerais que
de la crème glacée si je m'écoutais (ICE CREAM DESIRE) ».
SILICEA 1 000 K, et ça s'arrange.
Deux mois plus tard, Isabelle est effondrée sur sa chaise, de l'autre côté de mon bureau :
l'œil vitreux, la voix faible et plaintive, emmitouflée dans un gros manteau, la gorge recouverte de
plusieurs tours d'écharpe, elle offre à ma pitié une légère pharyngite, des courbatures et une température de 37,5 ° !
Je prescris SILICEA 0/6.
Quatre heures plus tard, elle me téléphone : « C'est comme si vous m'aviez mis une fusée
au derrière, Docteur ! » Isabelle n'en revient pas, et sa voix est enthousiaste…
Cinq mois plus tard, Isabelle fait une fausse couche. Elle pleure beaucoup et me confie que,
depuis trois mois, l'ambiance au travail est détestable, mais elle n'ose pas se plaindre de peur d'avoir
des ennuis.
Je lui donne SILICEA 1 001 K, et elle va tellement mieux qu'elle va se plaindre à son supérieur et obtient son changement de service !
Depuis deux ans, elle va fort bien.
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Cas clinique 2
Cas clinique n°2 - Silicea
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Cas clinique 3
Chapitre
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Cas clinique n°3 - Phosphorus
Extrait de : la revue du CEDH n°3 (octobre 2006),
le perfectionnement du praticien (Cas Clinique n°1) p.36- 37
Dr A. Pelligrini
Mélanie : psoriasis de la plante des pieds
Mélanie, 30 ans, consulte pour un psoriasis de la plante des pieds apparu il y a quatre ans, après
l’arrêt de l’allaitement de son premier enfant.
Ce psoriasis n’a jamais disparu depuis ; simplement s’est-il amélioré durant ses deux autres grossesses.
Les topiques locaux prescrits par un dermatologue sont restés sans effet. Comme elle avait eu vent
d’une guérison spectaculaire de la même maladie par l’homéopathie, elle a décidé d’essayer.
Dans l’anamnèse, on notera d’autres cas de psoriasis chez le père et dans la fratrie.
Sa mère est décédée jeune d’un cancer du sein alors que la patiente avait 14 ans.
Bien que Mélanie n’ait rien de la constitution phosphorique hormis de magnifiques yeux bleu-vert,
je pense à Phosphorus, comme on doit le faire pour le psoriasis, surtout avec cette localisation. Voici
ses réponses à mes questions :
- A un grand besoin de sommeil et fait des rêves vivants et colorés.
- A une grande sensibilité à la lumière et à l’électricité statique, à l’orage qui l’effraie en montagne,
qui l’excite quand elle est à la maison (enfant, elle avait peur des feux d’artifice).
- Est très sociable. Titulaire d’une maîtrise en communication, elle est journaliste mais n’exerce pas
actuellement son métier.
- Vit avec un compagnon, sculpteur sur bois.
- Attire les confidences : les gens lui racontent leur vie dans les salles d’attente.
- Aime et attire les chats, mais pas les chiens qu’elle craint un peu.
- A très soif et aime les boissons glacées.
- Aime le lait froid et boit très rarement du lait chaud.
- Déteste les poissons salés (anchois et sardines). Elle mange volontiers une truite pêchée par son
mari, mais ne peut en aucun cas la vider. Par contre, elle n’a rien contre les fruits de mer et les huîtres
: discordance, selon moi, indiquant une note superposée Natrum muriaticum, confirmée par « s’arrache
sans cesse les peaux autour des ongles ».
Je lui prescris donc : Phosphorus, seul, 9 CH, 15 CH, 30 CH, MK, une dose à une semaine d’intervalle.
À la consultation suivante, deux mois plus tard, elle me dit que les trois premières doses n’ont eu
aucun effet. Après la MK, la peau a pelé et les lésions ont presque disparu : elle présente du prurit
au niveau du pied qu’elle n’avait pas avant. Elle déclare d’elle-même être beaucoup moins sensible
à l’électricité statique. Mais elle revient aussi parce qu’elle se sent très fatiguée, en hypoTA (9/6), et
ne supporte plus ses enfants.
Ces trois derniers symptômes, ajoutés au prurit des pieds (Sulfur, Sepia), me font prescrire Sepia 9
CH, 15 CH, 30 CH en échelle, suivi 15 jours plus tard d’une seule dose de Phosphorus XMK.
Nouvelle consultation : elle déclare que les doses de Sepia ont intensifié quelques jours le prurit et
laissé une peau rouge. Puis, tout a disparu, donc depuis cinq mois. Voilà pourquoi elle a attendu pour
revenir. Depuis quelques jours, elle a juste quelques peaux, comme autour des ongles. Je lui reparle
de sa mère, les larmes sont au bord des yeux.
Je lui prescris donc une seule dose de Natrum muriaticum XMK, plus un tube de Phosphorus 15
CH à la demande, si le psoriasis revenait.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Extrait de : la revue du CEDH n°16 (janvier 2010),
la pratique au quotidien, p.17
Dr J-F. Becker
Il m’a semblé intéressant de reprendre la publication d’observations de pneumopathies aiguës, publiées
dans Le Journal de l’homéopathie n° 13 (avril 1999), en l’enrichissant d’un troisième cas récent.
En effet, les cas de pneumopathies – virales ou bactériennes – sont plus fréquents d’hiver en hiver, toujours
traités par antibiothérapie. De plus, je constate toujours, dans mon activité d’enseignant, la réticence, voire
la peur de nos étudiants à tenter un traitement homéopathique devant un tel diagnostic, ne serait-ce que
pendant 48 heures, avant de recourir à l’antibiothérapie.
Pour ma part, dans le domaine des pneumopathies, la prescription d’antibiotiques est exceptionnelle, le
plus souvent due au fait que les malades la préfèrent « par sécurité », car je leur laisse toujours le choix .
Dans ces cas, j’accompagne toujours la prescription d’antibiotiques de Phosphorus 15 CH, 5 granules
matin et soir. « Dieu reconnaîtra les siens… »
Monsieur Tagba B. est un sympathique Sénégalais que je suis régulièrement depuis son arrivée en France
il y a 15 ans : il est professeur de musique et de danses africaines, et a épousé une de mes patientes
françaises. Le 5 novembre 2009, il arrive avec sa femme à mon cabinet en très mauvais état général :
il semble épuisé et est secoué par des quintes de toux très rauques, qui le font se plier en deux de douleur.
Il respire avec peine, est nauséeux. Pourtant, il est a-fébrile.
ANTÉCÉDENTS
On ne note pas grand-chose, si ce n’est un eczéma et quelques troubles digestifs. C’est un type
sensible mixte Sulfur-Natrum muriaticum.
INTERROGATOIRE
Son épouse me raconte qu’il y a 10 jours, il a fait un épisode de toux grasse avec crachats purulents,
qu’elle a soigné avec succès avec Hepar sulfur 30 CH, Kalium bichromicum 9 CH et Ipeca 7 CH
(elle a l’habitude de ces symptômes, car je la traite régulièrement pour une sinusite récidivante).
L’amélioration a été rapide et, la veille de la consultation, se sentant complètement guéri, il est parti
toute la journée à Angers pour son travail, et « a dû prendre froid ». À son retour, « il avait le teint
bleu-vert et était complètement épuisé », me dit-elle. La toux grasse a récidivé, très douloureuse,
accompagnée de nausées. Les crachats sont muqueux clairs, mais accompagnés de sang rouge. Il
n’a pas de fièvre, mais il a très soif d’eau froide.
EXAMEN CLINIQUE
Il montre une gorge très rouge, une langue propre avec hypersalivation et quelques petits ganglions
cervicaux. À l’auscultation, je trouve des râles diffus et un foyer de la base droite. Je téléphone au
radiologue qui l’attend pour une radiographie pulmonaire immédiate. Quelques heures plus tard,
il me confirme le diagnostic : « Foyer de pneumopathie du lobe inférieur droit sans réaction pleurale
associée. Opacités péri-hilaires. »
TRAITEMENT
• Phosphorus 15 CH, 5 granules matin et soir, pour la lésion du parenchyme pulmonaire, la toux rauque
et douloureuse, les crachats hémoptoïques, l’asthénie profonde.
• Ipeca 7 CH, 3 granules à répéter au rythme des quintes de toux, pour la toux spasmodique avec
suffocation, les nausées, l’hypersalivation, la langue propre, les crachats sanglants.
Je demande au malade de me tenir au courant de son état : s’il n’y a pas d’amélioration nette de tous
les symptômes après 48 heures de traitement, il faudra recourir aux antibiotiques.
Radiographie de contrôle prescrite pour le 14 novembre, soit à J10, avec rendez-vous pour une
consultation de contrôle.
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Cas clinique 4
Cas clinique n°4 - Phosphorus
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Cas clinique 4
Chapitre
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Cas clinique n°4 - Phosphorus
2E CONSULTATION (14.11)
L’amélioration a été très rapide. Il a eu une fièvre à 38,5° C le premier soir et pendant 24 heures,
traitée avec du paracétamol. La toux est très vite devenue indolore avec quelques crachats clairs et
sans nausées, pour cesser complètement le 5e jour. Il me dit se sentir un peu fatigué, mais n’a repris
son travail que le 8e jour.
TRAITEMENT
• Sulfur iodatum 9 CH, 5 granules 1 fois par jour, pendant 10 jours, pour la convalescence de maladie
infectieuse, le rôle anti-inflammatoire tissulaire.
• Kalium phosphoricum 9 CH, 5 granules 1 fois par jour, pour la convalescence de maladie infectieuse,
afin de prendre le relais de Phosphorus.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Publié dans : Annales homéopathqiues françaises vol. 3. Année : 1960
KENT, Matière Médicale (extraits)
(Traduction par le Docteur DEMARQUE, père)
SILICEA
L'ACTION de Silicea est lente. Dans l'expérimentation il faut un temps prolongé pour que les symptômes se constituent. Il convient par suite à des troubles qui se développent lentement. A certaines
époques de l'année, et sous l'influence de certaines circonstances, des symptômes particuliers peuvent se faire jour. Ils peuvent persister chez le sujet en expérience pour le reste de sa vie. Ainsi en
est-il des remèdes à action prolongée, à action profonde ; ils ont le pouvoir de pénétrer de façon si
complète au cœur des désordres organiques, que les troubles héréditaires en sont extirpés.
Le malade de Silicea est frileux ; ses symptômes se développent par temps humide, par
temps froid, quoique souvent améliorés par temps froid et sec ; des symptômes se révèlent après un
bain.
L'état mental est particulier. Le malade manque de tonus : ce qu'est la Silice dans le champ
pour la tige de céréale, elle l'est aussi pour l'esprit humain. Détachez la tunique externe, brillante et
rigide d'une tige de céréale, examinez-la, et vous vous rendrez compte de la fermeté avec laquelle
elle soutient l'épi jusqu'à ce qu'il soit mûr ; il se forme graduellement dans son épaisseur un dépôt
de Silice qui lui donne de la tonicité. Il en est de même pour l'esprit : quand un esprit a besoin de
Silicea, il est dans un état de faiblesse, d'embarras, de crainte, un état de passivité. Lorsqu'on écoute
la description que fait de cet état un homme d'Eglise important ou un homme de Loi, un homme
habitué à se produire en public avec confiance en soi, avec fermeté et dans la plénitude de sa pensée et de sa parole, il vous dira qu'il en est arrivé à un état où il redoute de paraître en public ; il subit
ses propres impressions à tel point qu'il ne peut pas entrer dans son sujet, qu'il en a peur, qu'il a peur
d'y être insuffisant, son esprit refuse de travailler, il est fatigué et usé par des efforts prolongés de
travail mental. Mais il vous dira que lorsqu'il se remonte et se force à entrer dans le collier il peut
continuer à son aise, sa maîtrise habituelle de soi lui revient et il réussit bien ; il accomplit son travail
promptement, complètement et soigneusement. L'état particulier à Silicea réside dans la crainte de
faillir. S'il doit effectuer un travail intellectuel quelconque inaccoutumé, il a peur de s'y montrer insuffisant, et cependant il le fait bien... Ceci est l'état de début ; il va sans dire qu'il vient un temps où il
est incapable d'exécuter le travail convenablement, et il est cependant possible qu'il ait encore besoin
de Silicea.
Un autre exemple est celui d'un jeune homme qui a poursuivi ses études pendant des années
et qui, maintenant, approche de la fin de sa course. Il redoute les derniers examens, mais il les réussit très bien. Après quoi il est pris de fatigue, et pendant des années il est incapable de se lancer
dans sa profession. Il a cette peur d'entreprendre quoi que ce soit.
Irritable et irascible lorsqu'on l'excite, laissé à lui-même il est timide, sauvage, veut tout éviter ; femmes tranquilles, douces, larmoyantes... L'enfant de Silicea est grincheux et pleure quand on
lui parle, que ce soit affectueusement ou non. C'est le complémentaire naturel et la chronique de
Pulsatilla à cause de sa grande ressemblance avec lui. C'est Pulsatilla, mais encore davantage ; c'est
un remède plus profond, qui creuse davantage. Mélancolie religieuse, tristesse, irritabilité, déséquilibre. Lycop. est inerte ; la crainte d'entreprendre quoi que ce soit vient chez lui de la conscience générale de son incapacité. Chez Silicea, c'est imaginaire.
Silicea ne convient pas à l'irritabilité et à l'épuisement nerveux qui succèdent au surmenage
cérébral des affaires, mais plutôt à la forme de surmenage cérébral qui appartient aux techniciens,
aux étudiants, aux légistes, aux membres du clergé ; un homme de loi vous dit : « Je n'ai jamais été
moi-même depuis cette affaire John DOE. » Il a traversé une période d'efforts prolongés, suivie de
nuits sans sommeil. Silicea rend au cerveau son tonus.
Le remède provoque de l'inflammation autour de toute concrétion fibrineuse microbienne
et engendre une suppuration qui l'expulse. Il agit sur les tempéraments qui sont torpides, et enflamme
les dépôts fibrineux autour des balles, des vieux projectiles enkystés. Ralentissement de la nutrition.
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Matière médicale
Matière médicale - Silicea (1)
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Matière médicale
Chapitre
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E27
Matière médicale - Silicea (1)
Si le sujet reçoit une légère blessure, il suppure et la cicatrice s'indure, est dure et nodulaire. Sur le
trajet d'une coupure de couteau, il se fait un dépôt fibrineux, résultant de la pauvreté et de la lenteur de la nutrition. Une vieille ulcération se cicatrise en s'indurant. Là où du tissu cicatriciel se forme,
il est induré, luisant, vitrifié. Si l'on donne Silicea dans des cas de ce genre, il va déterminer des abcès
dans ces cicatrices et les faire ouvrir d'un bout à l'autre. Il rouvrira d'anciens ulcères et les fera guérir avec une cicatrice normale.
Chez les gens normaux, si une écharde se loge dans les tissus, une suppuration va l'éliminer ; mais dans ces tempéraments affaiblis, il se forme autour d'elle un dépôt plastique, et elle reste.
Ceci ne constitue pas la perfection dans l'ordre. Que la suppuration s'établisse autour d'une balle et
l'expulse, voilà ce que l'on peut demander de mieux.
Silicea donc, hâte la formation des abcès et des furoncles. Il chasse, en les faisant suppurer,
de vieilles loupes et des tumeurs indurées. Il a guéri des néoformations fibreuses récidivantes et de
vieilles tumeurs indurées.
S'il existe un foyer de tubercules dans les poumons, Silicea provoque autour d'eux une zone
inflammatoire et les expulse. Si le poumon tout entier est tuberculeux, il en résultera une pneumonie suppurée généralisée. D'où le danger de donner de tels remèdes et le danger de les répéter.
Non seulement Silicea, mais beaucoup d'autres remèdes ont ce pouvoir d'éliminer par suppuration
les dépôts résultant d'une nutrition appauvrie.
Productions aqueuses de la peau, éruptions humides, boutons, pustules, abcès. Cavités suppurantes. Le remède provoque la cicatrisation des trajets fistuleux anciens à bords indurés. Suppurations
catarrhales. Suppurations des muqueuses ; écoulements muco-purulents des yeux, du nez, des oreilles,
de la poitrine, du vagin, etc...
Accidents consécutifs à la suppression d'écoulements ; à la suppression des sueurs. Ces suppressions entraînent dans l'organisme un état dangereux pour le peu d'ordre qui y soit resté. Qu'une
sueur fétide des pieds cesse après s'être mouillé les pieds et il s'ensuit des frissons et des accidents
graves. Silicea guérit les sueurs des pieds d'ancienne date, quand les symptômes y correspondent,
ou des accidents qui remontent à la suppression d'une sueur des pieds.
Ecoulements catarrhaux épais et jaunes. Les malades disent : « J'ai cet écoulement depuis
tel nombre d'années. » Quand on fait des recherches, on s'aperçoit qu'il y a eu quelque incident, un
coup de froid qui a supprimé une sueur des pieds, et que celle-ci n'est jamais reparue depuis lors.
Silicea ramènera la sueur, fera cesser l'écoulement catarrhal et, à son heure, guérira la sueur des
pieds. Ecoulements catarrhaux du nez ou d'autres régions, indurations, tumeurs, gastrite chronique,
fatigue cérébrale, tout cela remontant à la suppression d'une sueur des pieds ou d'une otorrhée ou
à la cicatrisation d'une fistule.
Migraines chroniques accompagnées de nausées et même de vomissements. Mal de tête
débutant au matin dans le derrière de la tête, gagnant le front vers midi, s'aggravant le soir, par le
bruit ; amélioré par la chaleur, névralgies sus-orbitaires améliorées par la pression et la chaleur, avec
transpiration abondante de la tête. Sueur froide, collante, fétide, sur le front. Quand un malade de
Silicea prend de l'exercice, il transpire de la figure, la partie inférieure du corps est sèche ou à peu
près. Il faut un violent exercice pour provoquer une transpiration générale. C'est un trait frappant que
cette sueur de la tête et des régions supérieures du corps. Mal de tête une fois par semaine (Gels.,
Lyc., Sang., Sulf.). Mal de tête montant de la nuque et surtout vers le côté droit de la tête. Ressemble
à Sanguin. Poids dans l'occiput, comme s'il était tiré en arrière, avec un flux de sang à la tête, comme
Carbo veg. et Sepia. Mal de tête aggravé par l'air froid. Psor. porte un bonnet de fourrure, même en
été.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Extrait de :
De l'utilisation de Silicea en homéopathie à l'effet des hautes dilutions de Silice
sur les macrophages
Revue : Homéopathie Française 1987
B. Poitevin
L'effet des hautes dilutions de silice sur les macrophages péritonéaux de souris a été étudié en fonction, d'une part de l'usage homéopathique de Silicea, d'autres parts de la connaissance de ses effets
biologiques. Cette étude, effectuée sur un modèle expérimental rigoureusement défini a donné des
résultats très reproductibles. La qualité des contrôles effectués souligne la spécificité de l'action de
la silice ainsi que la précision du mode de fabrication des médicaments homéopathiques. Le mécanisme d'action de Silicea 9 CH reste, malgré la présence de quelques molécules, inconnu. Même si
ces résultats sont cohérents avec l'usage clinique de Silicea qui a inspiré ce travail, ils ne peuvent être
utilisés pour justifier l'activité thérapeutique de ce produit en homéopathie, des études cliniques
devront être réalisées selon un protocole qui reste à définir.
Le principe de l'expérimentation
Nous avons personnellement choisi ce thème de travail en 1981 en considérant trois types de facteurs :
• En pratique quotidienne homéopathique, l'impact des dilutions « infinitésimales » de Silicea dans
les infections à répétition est bien connu des médecins homéopathes, particulièrement chez l'enfant.
• L'effet cytotoxique de la silice sur le macrophage, qui est une véritable plaque tournante de l'immunologie et de l'inflammation, par sa double capacité de phagocyter des éléments étrangers, ce
qui sollicite la réaction inflammatoire, et de présenter les antigènes aux lymphocytes, ce qui met en
jeu la réaction immunitaire.
Le macrophage constitue donc une cible cellulaire privilégiée pour l'étude des substances utilisées
dans les inflammations chroniques et dans les infections à répétition.
Or, la silice, à dose pondérale, est le toxique le plus connu du macrophage. Elle est utilisée en biologie pour détruire sélectivement ce type cellulaire.
• L'effet métabolique de la silice sur le macrophage. La silice, in vitro, entraîne la production par les
macrophages péritonéaux de souris, de différents médiateurs dont le paf-acéther.
Le paf-acéther est un médiateur lipidique de l'inflammation et de l'allergie, synthétisé par de nombreux types cellulaires. Il a été découvert par J. Benveniste en 1972.
Il était logique, en fonction de « l'hypothèse » de similitude, de rechercher une modulation de la production des médiateurs par des doses infinitésimales de silice. La production et la libération de pafacéther avaient été étudiées de façon très détaillée par R. Roubin à l'I.N.S.E.R.M. U 200. Nous avons
donc choisi la libération de ce médiateur comme reflet de l'activité du macrophage.
C'est donc l'usage homéopathique de la silice, complété par des connaissances biologiques précises
qui nous a conduit à faire ce travail. Ce fait doit être souligné, même si pour des raisons de stratégie
de publication, il ne pouvait être mentionné dans l'article.
Réalisation expérimentale
Pendant la première année, nous avons, avec Mademoiselle Descours, testé l'action de la silice sur
les macrophages péritonéaux de souris, le produit étant injecté par voie intrapéritonéale.
Dans ces études préliminaires, nous avons obtenu par rapport au témoin sérum physiologique, un
effet potentiateur de Silicea 5 CH et 9 CH sur la production de paf-acéther.
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Matière médicale
Matière médicale - Silicea (2)
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Matière médicale
Chapitre
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Matière médicale - Silicea (2)
Une critique avait été faite à ce travail : le produit était administré sur la cible elle-même, à savoir les
macrophages du péritoine.
Les variations considérables observées (+70 % à +150 % pour Silicea 5 CH et 9 CH selon les expérimentations) nous ont conduit à reprendre ce travail, en administrant quotidiennement pendant 25
jours 1 ml de Silicea 5 CH et 9 CH dans l'eau de boisson des souris (100 ml pour 12 souris).
Le protocole de ces expérimentations réalisées ensuite par Mademoiselle Davenas nécessite une
réalisation minutieuse. Les macrophages sont prélevés puis, après une phase d'adhérence, sont stimulés in vitro par du zymosan utilisé à deux concentrations : l'une usuelle (200 µg/ml), l'autre plus
basse (50 µg/ml). L'usage d'une stimulation faible est, à notre avis, très important pour tester l'action
des produits homéopathiques qui ne prétendent pas entraîner de variations biologiques extrêmes.
Une première série d'expériences a été réalisée sur 252 souris. Devant les résultats surprenants obtenus (cf. article Eur. J. Pharmacol. 1987 ; 165), des critiques très « pointues » ont été faites.
Une deuxième série d'expériences a donc été effectuée avec, comme contrôle, le sérum physiologique « dynamisé ». La spécificité de l'effet de la silice a été testée en comparant son action à celle
de Gelsemium 9 CH. Ces expériences ont été faites en aveugle, le code étant détenu par des personnes étrangères à l'Unité 200 de l'I.N.S.E.R.M. et aux Laboratoires L.H.F. Les résultats ont confirmé
l'action spécifique de la silice. Les résultats obtenus avec Gelsemium 9 CH ont été de 153 + 15 et
de 268 + 18 nmol paf-acéther/mg protéine pour une stimulation de 50 µgZ/ml et 200 µgZ/ml, respectivement. Ceci traduit, par rapport au sérum physiologique 9 CH, une augmentation de +12 %
et de +2 % non significative. La spécificité de l'action de Silicea 9 CH a donc été confirmée.
Ensuite, le rôle, pour le moins très hypothétique, du lactose nécessaire pour la préparation des basses
dilutions de silice, a été soulevé. Une troisième série d'expériences a été effectuée en aveugle, confirmant les résultats précédents.
Discussion
Ces travaux publiés dans une revue de pharmacologie de référence appellent plusieurs commentaires :
— L'étude a porté sur la synthèse, par les macrophages péritonéaux de souris, de paf-acéther. Le
modèle expérimental choisi est scientifiquement très bien défini. Le médiateur synthétisé, le paf-acéther, est rigoureusement caractérisé par des techniques biochimiques de pointe utilisées dans cette
expérimentation.
— L'effet de hautes dilutions de silice, en particulier Silicea 9 CH a été observé sur trois séries d'expérimentations effectuées sur 450 souris.
Le pourcentage d'amplification dû à Silicea 9 CH est très reproductible : 67,5 %, 55,5 %, 61,3 % pour
Z = 50 µg/ml et 38 %, 33,5 %, 28,6 % pour Z = 200 µg/ml.
— Cet effet n'est dû ni au sérum physiologique dynamisé, ni à la silice arrachée du verre, ni au lactose utilisé pour les triturations correspondant aux basses dilutions de silice (jusqu'à la 2 CH). De tels
contrôles, outre leur intérêt scientifique, confirment là de façon certes ponctuelle mais très rigoureuse,
la qualité et la précision du mode de fabrication des médicaments homéopathiques, les produits étant
dans ce cas précis fabriqués par les Laboratoires Homéopathiques de France, L.H.F.
…
Notons par ailleurs le caractère très spécifique de l'effet obtenu : Gelsemium, produit n'ayant à dose
toxique aucun effet sur le macrophage et possédant en dilution infinitésimale une activité différente
de celle de Silicea, n'exerce à la dilution 9 CH aucun effet.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
— Cet effet ne peut être dû à une intervention des expérimentateurs, les deux dernières séries d'expérimentations ayant été effectuées en aveugle, le code étant détenu par des personnes étrangères
à l'Unité.
— L'action des dilutions de silice s'est toujours révélée plus efficace sur des macrophages stimulés
par des doses faibles de zymosan (50 µg/ml).
Il est usuel, en pharmacologie classique, que l'effet d'un produit soit plus intense en présence d'une
stimulation faible. Ce fait est ici retrouvé avec de hautes dilutions.
— L'effet des hautes dilutions de silice, sur les macrophages péritonéaux de souris n'a été observé
qu'après stimulation in vitro des cellules par le zymosan.
Les macrophages non stimulés n'ont produit dans toutes les expériences que des quantités négligeables de paf-acéther. L'absence d'effet direct des hautes dilutions sur du matériel biologique non
stimulé est de nouveau vérifié.
— La dilution 9 CH de silice s'est, dans la première expérience, révélée plus active que la dilution 5
CH. L'on pourrait, tout en étant étonné par cette action non linéaire, attribuer l'activité de Silicea 9
CH aux quelques molécules restant dans cette dilution nombre qui est environ de 800 par souris et
par jour, en moyenne, mais ce nombre est théoriquement totalement insuffisant pour activer les millions de macrophages correspondants. De plus, il est nettement inférieur à la quantité de silice présente dans l'eau de boisson. L'action de Silicea 9 CH dans ce modèle reste donc paradoxale et inexpliquée, ceci bien qu'il y ait encore des molécules présentes.
— Cet effet très démonstratif de hautes dilutions de silice sur le métabolisme des macrophages péritonéaux de souris, s'il ne permet naturellement aucune extrapolation clinique est cohérent avec l'action très fidèle de ce produit dans les infections à répétitions, le macrophage jouant un rôle clé dans
ces phénomènes. A partir de tels travaux, l'hypothèse d'un essai clinique cherchant à éprouver l'effet « immunomodulateur » de hautes dilutions de silice peut être soulevée. Un tel travail nécessiterait, en fonction non seulement des principes de base de l'homéopathie, mais aussi et surtout de la
réalité clinique quotidienne qu'observent les praticiens homéopathes utilisant ce produit, de poser
comme critères d'inclusion les caractéristiques du « type sensible » Silicea. Un tel essai serait conforme
à la réalité homéopathique, sans que pour autant les problèmes éthiques soient aisément résolus,
car il n'est pas simple d'administrer du placebo à des sujets, enfants ou adultes, atteints d'infection
à répétition ou de suppuration chronique. La nécessité d'arbitrer entre rigueur scientifique d'un côté,
pragmatisme et humanisme médical de l'autre est de nouveau présente. Personnellement, nous
sommes favorables dans de tels cas à des essais ouverts, ou à des essais comparatifs, contre des traitements immunomodulateurs de référence. Mais l'usage du double aveugle dans un tel essai doit
être discuté.
Conclusion
Nous voudrions insister sur deux éléments :
• l'hypothèse de départ provient de l'usage homéopathique de Silicea. L'article porte sur l'effet des
hautes dilutions de silice. Cet effet est cohérent avec l'usage clinique de Silicea mais il ne le valide
pas pour autant ;
• l'étude des hautes dilutions dans des systèmes in vitro apporte des arguments très précieux pour
l'homéopathie. Mais l'homéopathie clinique inclut également d'autres notions conceptuelles telles
les notions de similitude, de sensibilité individuelle, de globalité, notions qui apparaissent, dans une
approche contemporaine de la biologie, de plus en plus cohérentes. Et il appartiendra aux homéopathes qui se sont interrogés en profondeur sur les fondements de leur thérapeutique, de savoir
apporter des arguments solides, qu'il s'agisse d'éléments d'observation, de faits expérimentaux ou
de données épistémologiques, afin que l'homéopathie ne soit pas enfermée dans une démarche exclusivement expérimentale et donc nécessairement réductionniste.
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Matière médicale
Matière médicale - Silicea (2)
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Matière médicale
Chapitre
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Matière médicale - Phosphorus (1)
Extrait de : la revue du CEDH n°3 (octobre 2006),
le perfectionnement du praticien p.30- 35
Dr A. Pelligrini
Phosphorus : Typologie sensible
Bienvenue dans le « monde de Phosphorus ». C’est en ces termes que Jacqueline Barbancey introduisait son
article sur ce médicament « dont la symptomatologie a une tonalité si particulière, si originale […] qu’on
est tenté de lui donner une place à part dans la matière médicale […] ». L’ auteur de Homéopathie en
psychopathologie faisait référence à l’explosion kaléidoscopique de la multitude de ses symptômes mentaux.
1) Un médicament d’indication très fréquente
Le numéro 2 de la psore
Dans son traité des maladies chroniques, Samuel Hahnemann considère Phosphorus comme le
numéro 2 de la psore après Sulfur et juste avant Arsenicum album.
Si l’on fait référence au point de vue de Hahnemann selon lequel la psore est la « mère » de toutes
les maladies chroniques (à l’exception de celles d’origine vénérienne, et encore, car ces dernières
sont presque toujours intriquées à la psore), Phosphorus sera un médicament d’indication très
fréquente.
On peut même préjuger qu’il le sera davantage que Sulfur, dont on sait que la grande majorité des
symptômes recouvre ce que Hahnemann appelait les états psoriques latents. Ceux-ci, pour importants
qu’ils soient au regard de l’homéopathie, amènent moins souvent le malade à consulter…
➥Un « médicament personnage »
Le nombre d’articles et de publications sur Phosphorus est considérable et tend à accréditer l’idée
du « médicament personnage », comme on le fait pour d’autres.
Mais, pour Phosphorus, l’habit du dit personnage semble si bien seoir à l’idéal compassionnel et à
la brillance de l’intellect, que nombre de thérapeutes sont prêts à l’endosser pour eux-mêmes : nous
avons tous connu des « maîtres Phosphorus » !
Parfois, la Nature, dans sa générosité, a doté le personnage d’une constitution du même nom, ajoutant
la finesse racée de longues mains effilées au geste de compassion, un crâne dolichocéphale à la
hauteur d’une pensée sublime…
Mais tout cela reste de la littérature et le but de cet article, justement, est d’être quelque peu
iconoclaste. Lorsque j’étais médecin sur la Côte d’Azur, j’ai connu nombre de ces personnages, dont
une des caractéristiques est qu’ils cherchent toujours et finissent souvent par devenir l’ami de leur
médecin. Longtemps plus tard, certains d’entre eux sont aux « confins de bouffées délirantes éroticomystiques », comme le décrit Mme Barbancey dans sa psychopathologie de Phosphorus.
➥Une constitution phosphorique ?
Aujourd’hui, j’exerce dans la haute vallée de la Maurienne, où l’habit en question est peu porté. Et,
si l’on en croit les habitants de l’avant-pays savoyard (riverains du lac du Bourget, cher à Lamartine),
le Haut-Mauriennais serait fermé, peu communicatif et près de ses sous – nageant la brasse à l’envers,
comme on dit à Aix-les-Bains ! De surcroît, il est souvent petit et râblé… Quoi ? Tout sauf Phosphorus
!
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Et pourtant, c’est un médicament que je prescris très souvent, parfois avec des résultats spectaculaires.
Pour quelques observations, il m’arrive de le prescrire seul, voir même de n’en donner qu’une seule
dose – pour des maladies parfaitement définies sur le plan nosologique – à des individus qui, pour la
plupart et à première vue, n’évoquent pas le fameux type sensible.
Matière médicale
Matière médicale - Phosphorus (1)
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2) Un terrain complexe
L’absence de lumière
Pourquoi cette efficacité de Phosphorus dans la haute vallée de la Maurienne chez des patients qui,
a priori, ne relèvent pas de la typologie sensible de ce médicament ? C’est ce que je vais tenter
d’expliquer.
Une première idée, pour ceux qui connaissent la vallée en question, est liée à l’absence de lumière :
certains villages, de Noël à février, et par grand beau temps, ne voient jamais le soleil…
Cette absence de lumière qui, jadis, favorisait rachitisme et tuberculose a sans doute favorisé, au
fil des générations, une sensibilité à Phosphorus, même si l’individu n’en a pas l’air !
➥Les antécédents familiaux
Bien qu’ils ne soient pas toujours faciles à mettre en évidence – en lumière, si j’ose dire ! –, on note
chez ces patients d’importants antécédents familiaux de tuberculose. Quelle que soit leur constitution,
ils présentent des déformations thoraciques (thorax aplati, en carène…, peu d’ampliation).
Le deuxième élément semble être, dans beaucoup de familles – souvent nombreuses d’ailleurs, avec
12, 14 enfants… –, l’antécédent de l’alcoolisme. La toxicité de l’alcool et les carences nutritionnelles
qui en furent la conséquence, il y a une cinquantaine d’années encore, justifient une sensibilité à
l’élément phosphore, principalement, là, sur le plan nerveux.
3) Phosphorus et le psioriasis
Phosphorus / Arsenicum
Une des maladies qui illustre au mieux, selon moi, la complexité d’un terrain hérité de la tuberculose
et de l’éthylisme est le psoriasis. Dans ce cas, Phosphorus est un remède royal. Pendant trop longtemps,
je lui ai préféré Arsenicum album, Arsenicum iodatum, Kalium arsenicum, sans compter les Hydrocotyle,
Chrysarobine et autres polychrestes, comme Sepia. Avec peu de résultat.
Il faut savoir que le phosphore, au niveau de l’intoxication chronique, produit sur la peau les mêmes
lésions que l’arsenic : érythématosquameuses, avec desquamation fine, furfuracée…, la seule différence
étant leur tendance à saigner. L’apparition de la rosée sanglante après grattage des squames est, pour
le dermatologue, un signe pathognomonique du psoriasis. La similitude lésionnelle, anatomopathologique
est évidente.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Matière médicale
Chapitre
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Matière médicale - Phosphorus (1)
➥Dans les répertoires
Phosphorus et le psoriasis : la relation ne semble pas avoir échappé non plus aux homéopathes d’il
y a plus d’un siècle, les Kent, Allen, Hering. Dans le répertoire de Kent, Phosphorus apparaît souvent
seul, au deuxième ou troisième degré, dans différentes localisations de psoriasis. Ainsi, par exemple
: « psoriasis, sole of foot, Phosphorus, seul médicament ».
Je cite cette rubrique, non pour faire l’apologie du répertoire, ni celle de l’unicisme, mais pour qu’elle
nous serve de base de réflexion. Que signifie cette inscription de Phosphorus comme seul médicament
au deuxième degré du répertoire, pour cette localisation précise de psoriasis ? Que cette donnée
est à la fois expérimentale et qu’elle a été confirmée maintes fois cliniquement.
Je me dis alors : à moi de la confirmer également ou non ; je ne me dis pas, comme un vulgaire
usager de dictionnaire : Phosphorus est LE médicament du psoriasis dans sa localisation sous la
plante des pieds.
Je me dis que j’ai des chances de succès de guérison de tels cas avec ce médicament à la condition
suivante : le malade atteint de cette maladie semblable, au niveau de sa lésion, à celle que peut
produire le phosphore, doit présenter, à titre individuel, une sensibilité au phosphore telle que ce
même phosphore, dilué, dynamisé, puisse apporter un message audible à ce malade et rétablir en
lui l’harmonie de sa santé, ce qui n’est autre que la guérison, comme disait Hahnemann (paragraphe
1 de l’Oraganon).
4) Réflexion sur le type sensible
Questions
La seule question qui reste alors est la suivante : quels sont les critères, chez un individu, d’une
sensibilité au phosphore telle que ce dernier, porté par la dilution et la dynamisation au-delà de sa
nature atomique, puisse encore être audible – j’emploie cet adjectif à dessein – au niveau du vivant
? Il pourra ainsi rétablir l’équilibre nécessaire afin que la maladie, exprimée par son symptôme local,
disparaisse, la disparition du symptôme en attestant. La réponse, je l’ai annoncé, sera iconoclaste.
Mais on pourrait ajouter une question subsidiaire, à laquelle il ne m’appartient pas de répondre : quels
seraient les critères qui permettraient, sur une opportunité concrète aussi objective que limitée, de
juger d’un résultat thérapeutique en fonction du niveau de prégnance des critères de valorisation chez
l’individu du médicament présenté a priori comme unique dans cette indication ?
Dans une perspective de recherche clinique, cela pourrait satisfaire à la fois le camp des nosologistes
– à maladie précise, un médicament précis – et celui des homéopathes : le succès thérapeutique escompté
avec le seul médicament de la maladie précise est fonction de la prévalence des critères de sensibilité
individuelle du malade.
➥La recherche d’archétypes fondamentaux
Réponse iconoclaste, car les critères en question ne sauraient se calquer intégralement sur la description
stéréotypée du type sensible dans sa morphologie et sa caractérologie, souvent prise en défaut, comme
je l’ai déjà souligné en ce qui concerne ma vallée.
Au-delà de ce type caricatural, y a-t-il la possibilité de percevoir chez un malade, même petit et gros,
sans dimension poétique ou artistique, parfaitement égocentrique, à la générosité réservée aux siens…
quelque chose de global, d’unifié, qui en ferait une sensibilité au phosphore ? Et cela, outre les antécédents
familiaux, qui n’ont valeur que d’orientation et qui ne sont pas toujours faciles à obtenir et encore
moins à vérifier ?
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Si c’est le cas, cette unité peut-elle être appréciée par des questions ciblées, précises et basées sur
des données expérimentales (pathogénésies) ?
On peut avoir la perception d’un fil conducteur général lié à la sensibilité au phosphore chez un
individu, laquelle pourra se décliner sous la forme d’un éventail de questions précises.
Oh ! Certains vont dire : « Voilà l’esprit du remède ! » Je n’ai pas l’habitude de voler
les idées des autres, ni de les juger ! Je dirais que les grands médicaments, souvent des corps simples
comme le soufre, l’arsenic, le phosphore, le silicium – Hahnemann faisait remarquer que les principaux
homéopsoriques étaient de la nature de ces corps chimiques simples que l’on commençait à découvrir
à l’époque –, se présentent comme de véritables principes thérapeutiques. On peut les retrouver
d’ailleurs dans la composition de médicaments plus complexes : pour Phosphorus, Phosphorus
acidum, Kalium phosphoricum… et, aussi, Alium cepa. Ce sont en quelque sorte des archétypes
fondamentaux, des sons fondamentaux, serais-je même tenté de dire.
5) La typologie sensible de Phosphorus
La dépendance au monde extérieur
L’idée, à la façon de Platon, de Phosphorus, est tout d’abord celle qui l’oppose à Sulfur. Au niveau du
principe, voilà deux médicaments diamétralement opposés : la dépendance au monde extérieur contre
l’indépendance au monde extérieur (sympathetic versus indifference external things, dans le répertoire).
Sulfur est chez lui partout, il n’est pas dérangeant, ni agressif, il vit sa vie, invente ses propres jeux, il
existe sans vous ; Phosphorus aussi est vif et créatif, mais vous le verrez suspendu à votre regard, le
sien vous surprendra également tant il exprime une soif d’intense communication émotionnelle,
infraverbale, il existe par vous…
Le regard, la soif sont des symptômes clés de Phosphorus. Phosphorus donne le sentiment de
pénétrabilité, Sulfur, d’impénétrabilité. Phosphorus est une véritable éponge, sensible à tout ; tout
lui fait de l’effet, principalement l’environnement, le temps, et surtout la luminosité ; il n’est pas bien
lorsque le temps est nuageux, menaçant, variable, orageux ; l’orage lui fait peur dans la montagne
et le fascine à la maison… Il est très bien sous un ciel bleu sans tache, mais il lui faut des lunettes de
soleil, car il est facilement ébloui.
➥La sensibilité au magnétisme
Sensible à la lumière, Phosphorus l’est à tous les phénomènes électromagnétiques, l’orage encore,
la foudre et simplement l’électricité statique, sensibilité partagée avec Nitric acidum (souvent
aggravation de Phosphorus, crainte commune de l’orage et peur commune de la maladie, sans parler
du lésionnel : polypes au colon).
Comme Phosphorus est toujours en quête de sympathie et d’affection (Kiss everyone, Kent), c’est
souvent là que les décharges électriques se produisent. Dans les Matières Médicales anciennes, on
lisait souvent : sensibilité au magnétisme, ce qui peut se décliner de plusieurs manières. Il est vrai
que le patient sensible va souvent consulter des magnésiteurs ou bien se déclarer à moitié guéri de
vous avoir rencontré.
Au-delà du magnétisme, c’est à tout l’invisible qu’il est sensible, de la foi religieuse à la peur des
esprits. Un village de haute Maurienne, où le soleil se cache l’hiver, a fourni le plus grand nombre de
prêtres au diocèse !
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Matière médicale
Matière médicale - Phosphorus (1)
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Matière médicale
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Matière médicale - Phosphorus (1)
➥La sensibilité aux produits chimiques
L’aspect le plus parlant et le plus fidèle, selon moi, de cette sensibilité à tout, est aujourd’hui celle aux
produits chimiques.
Combien de patients, guéris par Phosphorus, m’ont raconté des troubles évoluant parfois depuis
des années, troubles qui ont débuté après une intervention chirurgicale, entendez par là, anesthésie
générale. La sensibilité aux anesthésies (mauvais réveil, vomissements) est un excellent critère de
valorisation d’une sensibilité au phosphore.
Certains vous affirment d’entrée de jeu que c’est cette anesthésie qui les a rendus malades. La réaction
aux médicaments chimiques devrait être érigée en véritable symptôme homéopathique. Avec un
quart d’Imovane, Phosphorus n’arrive plus à se réveiller, alors qu’au contraire Lachesis se vante de
résister à une posologie double de tous les psychotropes… Ces deux médicaments sont intéressants
à comparer car ils sont souvent indiqués dans les allergies qui n’en sont pas (les tests sont négatifs),
comme l’asthme faussement allergique…
➥La sensibilité au monde animal
La question du rapport avec les animaux est aussi très particulière.
Je pose toujours la question lorsque j’évoque ce médicament : la réponse varie, mais il y a toujours
quelque chose de spécial à dire. Le plus typique, selon moi et dans ma région : « J’attire les chats, j’ai
peur des chiens » (les femmes à chat). Chacun sait que les allergiques au poil de chat ne se débarrasseront
jamais de leur chat, chose qui fâche les médecins… qui ne connaissent pas Phosphorus.
Même parmi ceux qui aiment les chiens et qui en possèdent, il en est qui ne sont jamais tranquilles en
montagne, seuls face à un gros chien noir qui surveille le troupeau de vaches.
➥La sensibilité aux humains
La question de la sensibilité aux humains est tout aussi originale. Phosphorus se caractérise par une
dépendance aux autres et sa modalité psychique majeure est l’aggravation par la solitude (commun
avec Arsenicum). Il recherche donc la compagnie et a soif des autres (Arsenicum, lui, a soif d’UN autre,
« son esclave, son souffre-douleur »). S’il va vers les autres, c’est avant tout pour étancher cette soif : c’est
un besoin, pas forcément de l’altruisme. Phosphorus se précipite au café pour régler l’addition : est-il
généreux et gentil ou a-t-il seulement peur de perdre ses amis et de se retrouver seul ?
La pénétrabilité se fait dans les deux sens : lorsque je plonge dans le regard de mon patient Phosphorus,
je ne ressens aucune résistance ; son regard est accueillant (celui de Sulfur est neutre, celui de Lachesis
hostile, celui de Lycopodium méfiant). Ses yeux ne sont pas forcément bleus, mais quand ils le sont, je
fonds !
La pénétrabilité dans l’autre sens se traduit par la question : « Attirez-vous la confidence ?
— Oui, me dit la dame. En venant chez vous j’ai pris un auto-stoppeur ; il m’a raconté toute
sa vie. — Ah bon ? Vous prenez des auto-stoppeurs ? Vous n’avez pas peur ? » Insouciance, besoin de
compagnie… Phosphorus l’a guérie… d’un psoriasis.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
➥Désirs et aversions alimentaires
Le dernier point de la valorisation de Phosphorus porte sur les concomitants. Cette question doit être
envisagée avec précision sous peine d’erreurs fatales…
Les désirs et aversions alimentaires sont précis et dûment répertoriés. Il y a tout d’abord la soif vive de
boissons glacées – pas toujours présente, en dehors des cas aigus –, qui m’amène souvent à demander
: « Mettez-vous des glaçons dans votre eau, même en hiver ? »
Il y a également la question du lait : parfois Phosphorus en boit, souvent froid, parfois il n’aime pas
trop. Mais ce qui est caractéristique, c’est l’aversion pour le lait bouilli, son odeur et les « peaux » qui
surnagent à la surface du bol : rédhibitoire (aversion boiled milk : remède unique, 2e degré).
L’aversion pour les huîtres bénéficie du même statut au répertoire, mais certains patients peuvent
être guéris par Phosphorus et aimer les huîtres. Certains vous répondent : « Je n’aime pas vraiment,
mais j’en mange une ou deux pour faire plaisir ! »
Rien n’est jamais absolu en homéopathie, et les non-concordances ont toujours un sens. C’est
le score global qui indiquera le niveau de valorisation.
La question du poisson doit être bien posée : « Aimez vous le poisson ? — Oui. — Vous en mangez
? — Non. Enfin, parfois au restaurant, bien préparé, quand il ne sent pas trop… » L’aversion de
Phosphorus, ce n’est pas celle du poisson, mais celle de son odeur sur les doigts. Quand on était
gamins, on nous disait : « Mangez du poisson, il y a du phosphore. »
J’ajouterai, par expérience personnelle, que le type sensible présente souvent une aversion pour la
viande saignante. Le sang, la vue du sang, l’idée qu’on a tué l’animal…, c’est dans le registre de
Phosphorus.
Phosphorus a par ailleurs besoin de beaucoup de sommeil, ne peut dormir sur le côté gauche. S’il
est nerveux, il rêve beaucoup, des rêves vivants, en couleurs. Aucun rêve n’est pathognomonique,
si ce n’est le cauchemar de blessures d’où s’écoule du sang.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Matière médicale
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Matière médicale - Phosphorus (2)
Extrait de : Homéopathie Française, 1984
J. Bildet, J.-M. Guere, J. Saurel,
M. Aubin, D. Demarque, R. Quilichini (1)
Etude de l'action de différentes dilutions de phosphorus sur l'hépatite toxique
du rat
Résumé. En s'appuyant sur l'analogie existant tant sur le plan biologique que sur le plan anatomopathologique entre l'intoxication par le tétrachlorure de carbone et l'intoxication par le
Phosphore, les auteurs ont étudié l'action de Phosphorus (7 CH) et Phosphorus (15 CH) sur l'hépatite toxique du rat au CCL 4. Les résultats de cette expérimentation ont été objectivés à la
fois par des dosages biologiques et par des examens anatomopathologiques des coupes de
foie.
La thérapeutique homéopathique repose essentiellement sur la loi de similitude (similitude entre l'action toxique ou pathogénétique et l'action thérapeutique).
Le médicament homéopathique à prescrire dans un cas clinique donné est le médicament capable
de déclencher, lors d'une expérimentation pathogénétique, d'une intoxication accidentelle chez
l'homme ou d'une intoxication expérimentale chez l'animal, des symptômes semblables à ceux présentés par le malade.
Le but de nos travaux est de montrer le bien-fondé de la pensée homéopathique en vérifiant et en
objectivant par des tests biologiques et des examens anatomopathologiques la véracité de la loi de
similitude.
Nous connaissons bien la similitude existant tant sur le plan clinique que biologique et anatomopathologique entre l'intoxication par le tétrachlorure de carbone et par le phosphore. Il nous a paru
intéressant d'appliquer, dans ce cas précis, la loi de similitude en déclenchant chez le rat une hépatite toxique par le tétrachlorure de carbone et en la traitant par diverses dilutions de phosphore.
Matériel et méthode
Choix de l'agent toxique
Notre choix s'est porté sur un dérivé halogéné : le tétrachlorure de carbone.
Etude des lésions anatomopathologiques créées par ce toxique
Au niveau du foie, on observe au cours de l'intoxication aiguë et quelle que soit la voie d'administration du toxique, une atteinte de la cellule hépatique caractérisée par une infiltration graisseuse
avec nécrose centrolobulaire qui atteint son maxima 24 à 48 h après l'intoxication et par un retour à
la normale après quelques jours. Dès la 72e heure, commence la régénération tissulaire.
L'étude anatomopathologique des lésions nous a permis de suivre l'évolution sur 15 jours de l'hépatite toxique créée expérimentalement.
Modifications intéressant le métabolisme cellulaire
En dehors de cet aspect morphologique, on constate des modifications intéressant le métabolisme
cellulaire et qui sont faciles à mettre en évidence par des techniques biochimiques. Les enzymes augmentent beaucoup dans le sérum, très rapidement après l'intoxication (quelques heures).
Chez l'animal, on connaît bien la relation qui existe entre l'importance de l'activité enzymatique du
sérum et la dose d'une substance hépatotoxique administrée (transaminases, L.D.H., O.C.T., ...).
Afin de suivre l'évolution de l'hépatite toxique, nous avons choisi de prendre comme test, la transaminasémie ; en effet, l'augmentation de l'activité transaminasique du plasma au cours de l'hépatite
(1) Article publié pour la première fois dans les Ann. Homéop. Fr., 1975, 4.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
épidémique ou de l'hépatite expérimentale au tétra-chlorure de carbone est très connue et son étude
a fait l'objet de nombreux travaux.
Ce test présente l'avantage d'être très sensible ; en effet, il suffit d'une modification même légère
de la membrane cellulaire pour observer un passage d'enzyme dans le plasma.
De plus, l'élévation du taux plasmatique des transaminases est proportionnelle à la quantité de tétrachlorure administré ; l'activité des transaminases plasmatiques est également directement proportionnelle au degré de nécrose hépatique.
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Matière médicale - Phosphorus (2)
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Traitement homéopathique choisi
Nous avons utilisé deux dilutions couramment employées en médecine humaine :
Phosphorus (7 °CH),
Phosphorus (15 °CH).
Voie d'introduction du produit : intrapéritonéale.
Volume d'injection : 1 ml.
Dose de toxique : 1 g/kg.
Volume administré : 1 ml.
Moyenne sur 50 rats.
Résultats
Nous avons effectué les dosages de la transaminasémie par méthode colorimétrique (Reitman et
Frankel).
Si on peut observer une différence très significative dans l'évolution des transamisases sériques SGOT
et SGPT entre le lot des traités (7 °CH) et les témoins (de l'ordre de 20 %), la différence entre les traités (15 °CH) et les témoins bien que sensible n'est pas significative et rentre dans les limites d'erreurs
admises.
Des essais se poursuivent en ce qui concerne des animaux traités avec cette dernière dilution (dosage
de la LDH, des triglycérides, etc.).
Conclusion
Ces dosages de la transaminasémie chez le rat permettent de montrer qu'un traitement curatif à
l'aide de phosphorus entraîne l'amélioration du métabolisme enzymatique. De plus, les enzymes
sériques retrouvent chez les animaux traités un niveau satisfaisant plus rapidement que chez les animaux témoins.
Etude histologique
On note la présence de foyers de nécrose hépatocytaire à topographie centrolobulaire avec vacuolisation cytoplasmique et présence de noyaux pycnotiques. Au P.A.S., on note une diminution de la
charge glycogénique dans les zones centrolobulaires avec atteinte parcellaire des hépatocytes médiolobulaires.
Traités (7 °CH)
Les foyers de nécrose centrolobulaire sont réduits, il en est de même de la vacuolisation cytoplasmique. L'anisocytose et l'anisocaryose sont peu marquées. Au P.A.S., on note une répartition plus
homogène de la charge glycogénique tant dans la région centrolobulaire que médio-lobulaire. Cette
dernière reste inférieure à la normale. Les figures de mitoses sont peu fréquentes mais commencent
à apparaître.
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Matière médicale - Phosphorus (2)
Traités (15 CH)
Dans l'ensemble les altérations hépatiques sont en régression ; on note également une charge glycogénique accentuée au P.A.S. avec répartition plus hétérogène que pour (7 °CH). Les territoires
P.A.S. négatifs sont absents. Les noyaux hépatocytaires florides présentent de fréquentes figures de
mitoses.
J+8
L'ensemble des coupes de foies examinées ne permet pas de noter des différences significatives entre
animaux témoins et animaux traités, ceci tant avec (7 °CH) que (15 °CH).
J + 15
Témoins
Persistance de zones P.A.S. négatif dans les régions centrolobulaires.
Traités (7 °CH)
La charge en glycogène est modérée dans l'ensemble du parenchyme hépatique, toutefois on note
l'absence de zone P.A.S. négatif centrobulaire.
Traités (15 °CH)
Forte charge glycogénique dans l'ensemble du parenchyme hépatique.
Conclusion
Ces travaux nous permettent de vérifier le bien-fondé de la loi de similitude, loi fondamentale sur
laquelle repose la thérapeutique homéopathique.
Ces dosages biochimiques et les examens histologiques concordent pour apporter la preuve de l'action des dilutions (7 °CH) (10-14) et (15 °CH) (10-30) de Phosphorus dans l'hépatite expérimentale
du rat, déclenchée par le tétrachlorure de carbone.
Si, sur le plan biologique (dosage des transaminases) l'action des dilutions (15 °CH) est moins nette
que celle des dilutions (7 °CH), l'étude histologique par contre montre que les dilutions (15 °CH) sont
les plus efficaces.
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Expertise 1 : Silicea et Phosphorus
Chapitre
Extrait de : HOMEOPATHIE Conception médicale à la dimension de l’homme
Michel Conan Mériadec
Edition Boiron
LA CONCEPTION REACTIONNELLE HOMEOPATHIQUE DU TERRAIN
L'homéopathie passe, à juste titre, pour une médecine du terrain ; or c'est justement depuis
que le terrain biologique a trouvé des assises scientifiques que le terrain « homéopathique » a perdu
les siennes et que les conceptions traditionnelles du terrain soutenues par les homéopathes sont en
discrédit. Pourquoi les homéopathes rejettent-ils ainsi la moitié de l'héritage de Hahnemann et de
Nebel ?
Parce que, en fait, leurs conceptions du terrain n'étaient pas homéopathiques, mais nosologiques, alors que toute conception homéopathique du terrain ne peut être que réactionnelle et fondée sur la méthodologie homéopathique.
La méthodologie homéopathique est une étude sémiologique comparée de la réactivité
humaine spontanée et de la réactivité humaine expérimentale, qui révèle :
1) que les facteurs pathogènes ont sur les organismes un double potentiel réactionnel :
— d'une part un potentiel réactionnel spécifique d'une maladie, traduit par une sémiologie caractéristique de cette maladie,
— d'autre part un potentiel réactionnel spécifique d'un malade, caractéristique de sa réaction personnelle au cours de cette maladie ;
2) que deux facteurs pathogènes de nature différente peuvent induire dans deux organismes des
réactions personnelles semblables, alors qu'ils induisent dans ces organismes des réactions spécifiques différentes, des maladies différentes.
Autrement dit, les organismes réagissent aux facteurs pathogènes de deux façons :
— d'une part par un mode réactionnel commun, imposé par le facteur pathogène et caractéristique
d'un syndrome ou d'une maladie,
— de l'autre par un mode réactionnel propre, personnel, qui dépend de leur personnalité réactionnelle.
Mais ce mode réactionnel propre, personnel, peut être mis en jeu par des facteurs pathogènes différents ; par exemple un facteur pathogène naturel, comme un germe ou un virus, et un
facteur pathogène expérimental, comme une substance bioactive.
C'est sur cette similitude de mode reactionnel personnel que repose la thérapeutique
homéopathique. C'est parce qu'une substance bioactive est capable d'induire dans un organisme
une réaction personnelle semblable à celle induite par un facteur pathogène naturel qu'elle peut la
réguler dans un organisme malade, parce qu'elle met en jeu les mêmes mécanismes réactionnels.
Le domaine de l'homéopathie n'est pas le nosologique, mais le réactionnel : l'homéopathie
est fondée sur la confrontation du réactionnel spontané avec le réactionnel expérimental pathogénétique.
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Terrains, modes...
Terrains, modes réactionnels chroniques. Histoire et évolution (1)
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Terrains, modes...
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Terrains, modes réactionnels chroniques. Histoire et évolution (1)
Pour l'homéopathe, l'individu est un ensemble réactionnel spontané, à sémiologie clinique
ou paraclinique, expression d'un terrain individuel biologique, qu'il définit homéopathiquement,
c'est-à-dire par sa similitude avec un autre ensemble réactionnel connu par la sémiologie homéopathique ; ce n'est plus un ensemble réactionnel spontané, naturel, mais provoqué, expérimental, à sémiologie également clinique ou paraclinique.
Cette similitude sémiologique permet de relier directement les ensembles réactionnels spontanés, à travers lesquels s'exprime la personnalité morbide et réactionnelle du terrain biologique
individuel, des médicaments homéopathiques de ces terrains, quelle que soit l'interprétation de leurs
mécanismes.
Notre problème est donc de définir le terrain en homéopathes et non en biologistes, c'està-dire à partir de la sémiologie homéopathique.
LE POLYEDRE REACTIONNEL
Nous savons que chaque organisme est unique sur le plan biologique : son potentiel réactionnel est donc unique comme son potentiel morbide et chacun fait sa propre maladie selon ses
propres réactions. Mais tout nous laisse à penser que l'organisme ne dispose que d'un nombre limité
de mécanismes réactionnels : c'est donc par la combinaison d'un certain nombre de ces mécanismes
réactionnels que se définit la personnalité réactionnelle unique de chaque individu.
Bien que nous ne possédions en homéopathie que quelques milliers de modèles expérimentaux, dont seulement quelques dizaines bien étudiés, ayant une sémiologie pathogénétique précise
et fiable, l'usage thérapeutique montre que ces modèles permettent de couvrir la majeure partie de
l'expression clinique de nos malades par des signes homéopathiques ; c'est donc que la combinaison d'un nombre limité de modèles expérimentaux suffit à définir la personnalité homéopathique
de chaque individu.
En pratique, tout se passe comme si cette personnalité unique était couverte par la combinaison de trois ou quatre médicaments, mais avec la prédominance, alterne ou successive, de l'un
d'entre eux. Le malade n'est donc jamais un Lycopodium ou un Aurum metallicum, ou une Sepia,
mais une combinaison Lycopodium-Aurum metallicum-Nux vomica ou Sepia-Natrum muriaticumSilicea, etc... avec, par exemple, un Lycopodium dominant actuel, ou une Sepia dominante actuelle.
Mais cette dominance n'est pas immuable et peut s'effacer au profit d'un autre aspect de la
combinaison, sous l'influence de facteurs évolutifs ou de facteurs pathogènes. Ainsi un sujet apparemment Calcarea carbonica est aussi en puissance un Silicea, ou un Nitric acidum, un Calcarea phosphoricum, ou un Natrum muriaticum, qui peuvent émerger sous l'influence de facteurs existentiels.
On peut donc se représenter la personnalité réactionnelle de chaque individu dans l'espace
comme un polyèdre. Si ce polyèdre se présente par une de ses faces, sa personnalité réactionnelle
semble bien unique. Mais s'il se présente par un de ses sommets, il offre à l'observateur, en perspective, plusieurs faces, de surfaces différentes, dont la plus importante est la personnalité réactionnelle dominante actuelle. Mais un facteur évolutif ou un facteur pathogène, peut faire basculer le
polyèdre, qui présentera une autre face ou une autre perspective à l'observateur.
En pratique, sauf aux périodes de croissance, d'évolution ou en présence d'un facteur pathogène puissant, le polyèdre est assez stable, de sorte que la personnalité dominante va persister assez
longtemps, ou reparaître rapidement après un épisode aigu qui n'a pas engagé la personnalité réactionnelle profonde mais l'a seulement masquée provisoirement
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Chapitre
La définition homéopathique de la personnalité réactionnelle peut donc se faire tantôt par
un seul modèle expérimental, tantôt par plusieurs, mais avec dans ce cas prédominance d'un des
modèles.
STRUCTURES REACTIONNELLES STRATIFIEES
En somme le terrain réactionnel se définit en homéopathie par plusieurs plans qui permettent de cerner au plus près la réaction individuelle en signes homéopathiques :
— un plan de signes communs banals, sans intérêt, car ce ne sont pas des indices ;
— un plan de signes communs « de groupe », dit plan diathésique, qui permet de limiter le choix
des modèles homéopathiques à ceux qui manifestent la mise en jeu d'un même mode réactionnel
général : psorique, tuberculinique, sycotique ou luétique ;
— un plan de signes communs individuels, dit plan syndromique, que peut présenter individuellement le malade, quelle que soit sa personnalité : par exemple un syndrome réactionnel Nux vomica,
Lycopodium ou Sepia, etc... ;
— un plan de signes communs personnels, plan de la personnalité dominante actuelle, la face évidente actuelle du polyèdre : de nombreuses personnalités réactionnelles différentes peuvent avoir
une facette Lycopodium, Nux vomica ou Sepia, qui peut émerger sous l'influence d'un facteur évolutif ou d'un facteur pathogène ;
— un plan de signes propres personnels : c'est le plan du polyèdre réactionnel personnel définissant
la personnalité réactionnelle homéopathique propre de chaque individu par un certain nombre de
facettes, de surfaces différentes.
Autrement dit, un individu ne peut se définir, sur le plan réactionnel homéopathique, que
par une combinaison personnelle unique de plusieurs personnalités réactionnelles homéopathiques
modèles : 2, 3, 4... n, qui peuvent chacune prendre le devant de la scène à un moment donné et en
imposer temporairement pour une personnalité monolithe.
Mais la connaissance homéopathique de l'Homme réactionnel met en évidence l'existence
de modes réactionnels de groupe, qui correspondent à des tactiques réactionnelles, qu'il est bien
difficile de ne pas considérer comme des tactiques de défense de l'organisme et que nous appelons
des modes réactionnels diathésiques. En effet, si nous ne pouvons plus admettre les diathèses des
homéopathes comme des diathèses morbides, nous les admettons toujours comme des diathèses
réactionnelles : des prédispositions à réagir selon un mode réactionnel général spécifique.
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Extrait de : Nouvelle approche méthodologique du concept de « terrain » en homéopathie
D. Demarque
Communication présentée au XXXIe Congrès de la Ligue Médicale
Homéopathique Internationale ; Athènes , mai 1976
Une étude moderne de la conception des maladies chroniques exposée par HAHNEMANN il y a environ un siècle et demi nécessite la distinction :
• des faits d'observation clinique et de leurs corollaires thérapeutiques dépendant de la loi
d'analogie ;
• des théories explicatives basées sur les connaissances biologiques des médecins du début
du 19e siècle, avant l'ère expérimentale sur l'animal ouverte par Claude BERNARD et la naissance
de la bactériologie.
Surpris par la discordance entre les résultats thérapeutiques rapides obtenus dans les états
aigus et la fréquence des rechutes chez les malades chroniques, HAHNEMANN avait constaté avec
une remarquable perspicacité que la thérapeutique homéopathique des maladies chroniques devait
tenir compte de la périodicité et des alternances chez un même malade de phénomènes morbides
en apparence distincts au niveau de la peau, des muqueuses, des séreuses, des organes internes et
du psychisme. Il montra que pour obtenir une modification profonde et durable il était indispensable de tenir compte des antécédents héréditaires du malade et des signes caractéristiques manifestés depuis la première enfance. Ces faits d'observation clinique et leurs conséquences thérapeutiques sont toujours valables en 1976.
Par contre, la théorie explicative formulée par HAHNEMANN devait subir d'inévitables
confrontations avec les grands courants d'idées suscités par le développement des multiples sciences
biologiques.
La fréquence de la gale sarcoptique à son époque, son extrême contagiosité et sa relation
thérapeutique avec le soufre avaient induit HAHNEMANN à attribuer les manifestations pathologiques alternantes à la psore. Ce terme désignait alors aussi bien la gale elle-même qu'une multitude d'affections cutanées que la nosologie devait distinguer ensuite.
HAHNEMANN eut l'idée d'effectuer la pathogénésie de la sérosité d'une vésicule de gale.
Il constata les étroites relations symptomatiques avec la pathogénésie de SULFUR, ce que la thérapeutique devait confirmer. L'action du nosode PSORINUM joua en faveur de la véracité de l'hypothèse hahnemannienne.
Pour HAHNEMANN, la psore était une maladie chronique d'une extraordinaire fréquence
essentiellement contagieuse due à un « miasme »(2) extérieur à l'organisme, mais susceptible de
se transmettre de génération en génération. Plus pastorien avant la lettre que PASTEUR lui-même,
HAHNEMANN attribuait une étiologie infectieuse à l'immense majorité des maladies chroniques réunies en un seul concept nosologique.
Il faisait une place plus restreinte à la syphilis dont on ne connaissait pas encore l'agent et
à ce qu'il appela la sycose, dépendant selon lui d'une étiologie blennorragique exclusive.
Cette conception « miasmatique » des maladies chroniques paraît exclure la notion de « terrain » mais l'importance attribuée par HAHNEMANN à la transmission héréditaire de la psore ramena
tout naturellement l'attention de ses disciples sur l'étude des dispositions permanentes du terrain
morbide qui connurent au 19e siècle parallèlement au courant bactériologique antagoniste, une
grande vogue sous le nom de diathèses herpétique, scrofuleuse, lymphatique, arthritique...
(2) Le terme « miasme », actuellement désuet, s'appliquait au XVIIIe siècle à des facteurs pathologiques extrinsèques mal précisés, capables de provoquer de grandes épidémies depuis la lèpre jusqu'au choléra.
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JAHR posait le problème en ces termes en 1857 : « Peu nous importe que la gale acareuse
soit ou non la seule mère de toutes les diathèses chroniques et des affections qui en résultent ; la
véritable question que pose la théorie des maladies chroniques émise par HAHNEMANN n'est point
là, quoi qu'on en dise ; elle n'est pas non plus dans la nature plus ou moins herpétique ou psorique
(dans le sens le plus restreint de ce mot) de ces diathèses ; elle est tout entière dans cette grande
vérité, qu'aucune affection chronique particulière n'est une maladie en elle-même d'une essence
à part, mais que toutes, sans exception, reposent sur une diathèse chronique quelconque dont
il faut détruire le principe pour guérir radicalement l'affection locale. »
La bactériologie triomphante, la parasitologie, la virologie allaient ridiculiser auprès de ses
disciples eux-mêmes la prétention d'HAHNEMANN de rattacher les trois quarts des maladies chroniques à la gale. Ces sciences devaient aussi faire reculer l'ancienne conception hippocratique et
galénique du terrain basée sur l'étude des tempéraments, des constitutions et s'attaquer aux cadres
trop imprécis des diathèses. L'immunologie est arrivée à temps pour sauver du naufrage la « diathèse atopique » responsable entre autres manifestations de l'eczéma diathésique.
Suivant l'époque de leurs études et leurs tendances personnelles, les médecins homéopathes essayèrent de rattacher les constatations cliniques objectives et les résultats thérapeutiques
dérivés de la conception hahnemannienne des maladies chroniques, soit à la bactériologie, soit à la
psychosomatique.
Ce fut la théorie du tuberculinisme soutenue par Antoine NEBEL et ses disciples et la théorie psychique des disciples théosophes de KENT. L'une et l'autre de ces hypothèses comptent toujours de nombreux partisans.
La théorie de NEBEL a l'avantage de mettre en évidence dans l'étiologie probable de certains troubles chroniques l'importance de la tuberculose, maladie chronique définie la plus répandue et l'intérêt de l'usage thérapeutique des tuberculines diluées. Elle généralise sans preuves biologiques convaincantes. Le B.K. et les toxines tuberculeuses ne sont pas des entités abstraites. Parler
de tuberculinisme en dehors de toute référence à la bactériologie est une gageure difficile à tenir.
Une expérimentation rigoureuse permettra peut-être de circonscrire le rôle de la tuberculose dans
l'étiologie des faits cliniques objectivement constatés par HAHNEMANN dans sa description de la
psore. Elle exigerait la soumission à une méthodologie scientifique.
La théorie de KENT rattache les maladies chroniques à un désordre héréditaire d'ordre moral
remontant à la limite au péché originel. Cette hypothèse a priori s'éloigne de la conception hahnemannienne primitive en rejetant toute notion de contagion et d'influence matérielle exogène. Elle
se situe en dehors de toute vérification expérimentale possible. Une de ses expressions actuelles soutenue par T.P. PASCHERO ramène en pratique la psore à la névrose d'angoisse. Cela a le mérite de
souligner l'importance du psychisme dans bien des manifestations pathologiques chroniques. Il est
artificiel et parfaitement indémontrable de l'appliquer à l'ensemble des faits décrits par HAHNEMANN et vérifiés par la clinique.
L'extrême complexité de cette question primordiale du « terrain » nécessite une approche
pluridisciplinaire effectuée selon une méthode expérimentale scientifique. L'Homéopathie est
susceptible de recevoir les confirmations expérimentales les plus éclatantes des diverses sciences de
l'homme : biochimie, biologie cellulaire, génétique, immunologie, endocrinologie, et des sciences
plus conjecturales que sont la typologie et la caractérologie. La condition préalable indispensable
est de présenter l'Homéopathie non pas tel un système clos parvenu à une perfection définitive, mais
comme une science expérimentale ouverte à la critique et à la vérification de ses assertions.
Une première exigence méthodologique consiste à procéder du simple au complexe : étudier en priorité dans leurs relations avec chacune des sciences biologiques fondamentales les faits
incontestables recueillis dans les pathogénésies des substances constitutives de l'organisme : le soufre, le phosphore, l'arsenic, le chlorure de sodium, l'iode, la silice, les sels de calcium...
Puisque dans l'étude du terrain la notion de mode réactionnel est primordiale en Homéopathie
comme en immunologie, il conviendrait de s'attacher particulièrement aux relations entre la clinique
homéopathique et cette science fondamentale en plein essor.
En 1976, il n'est plus utopique d'envisager la collaboration de médecins homéopathes avec
leurs confrères des services d'allergologie, de dermatologie et des laboratoires d'immunologie.
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Il est indispensable de présenter nos conceptions sur le terrain comme des cadres d'attente. Psore, sycose, tuberculinisme, luétisme sont des mots auxquels les médecins homéopathes
ne devraient pas attacher plus d'importance que nos confrères allopathes à celui aussi vague de collagénose. Il est préférable de conserver ces termes tant qu'il n'y aura pas de raison évidente de les
remplacer par d'autres plus adéquats aux réalités biologiques. HAHNEMANN insistait à juste titre
sur l'erreur des médecins qui prescrivent un médicament sur une étiquette de maladie. Ne faisons
pas, selon la juste remarque de J. JOUBLIN, des monstres sacrés de la psore et de la sycose, qui ne
sont que des étiquettes nosologiques.
L'important n'est pas le mot, c'est la réalité qu'il désigne. Le terme psore circonscrit un mode
réactionnel caractérisé par sa périodicité, ses alternances et ses relations avec toutes sortes de germes,
de parasites et d'allergènes. La description des signes de SULFUR en constitue une des formes cliniques fréquentes, de même pour ARSENICUM ALBUM...
A titre d'exemple, il serait déjà très évocateur d'étudier systématiquement le plus grand
nombre de coordonnées immunologiques avant et après traitement, sur un lot de sujets typiquement SULFUR et de faire une étude analogue sur un lot de sujets ARSENICUM ALBUM.
Pour la sycose, des études comparatives analogues pourraient s'envisager sur des lots de
sujets SILICEA après réaction vaccinale au B.C.G. par exemple.
Cette première approche du terrain à partir de l'immunologie se justifie d'autant plus que
l'on peut ainsi associer les connaissances acquises sur l'agresseur, le germe quel qu'il soit, microbe,
virus, parasite, allergène, à la connaissance homéopathique des réactions de l'agressé, selon qu'il
présente les signes caractéristiques du terrain SULFUR, ARSENICUM ALBUM, SILICEA...
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