Gestion endoscopique des complications de la chirurgie bariatrique

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Gestion endoscopique des complications de la chirurgie bariatrique
Acta Endosc. (2016) 46:214-220
DOI 10.1007/s10190-016-0553-2
MISE AU POINT / UPDATE
Gestion endoscopique des complications de la chirurgie bariatrique
Endoscopic Management of Bariatric Surgery Complications
G. Vanbiervliet · J.-M. Gonzalez · M. Barthet
© Lavoisier SAS 2016
Introduction
L’endoscopie digestive est devenue progressivement essentielle au diagnostic et au traitement des complications de la
chirurgie bariatrique dont le nombre absolu ne cesse d’augmenter avec l’engouement légitime pour cette prise en
charge de l’obésité. Différentes procédures endoluminales
permettent de répondre aux problématiques postopératoires,
notamment anastomotiques en cas de RYGB (Roux en Y
Gastric bypass) et de la ligne d’agrafage pour la sleeve gastrectomy (SVG) (Tableau 1). Le point fort de l’endoscopie
est son excellent profil de tolérance, y compris en situation
aiguë et en période postopératoire précoce, notamment grâce
à l’usage de l’insufflation au CO2. De façon intéressante, les
complications chirurgicales dans ce domaine ont poussé les
endoscopistes à développer de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux et concepts thérapeutiques innovants,
contribuant probablement à l’avènement d’une nouvelle discipline médicochirurgicale : l’endoscopie chirurgicale.
Hémorragie
Le saignement est le plus souvent précoce, se présentant généralement dans les 48 premières heures après la chirurgie
(Tableau 1). Il est le plus souvent localisé à la ligne d’agrafage
dans la SVG et la gastrojéjunostomie en cas de RYGB. Plusieurs séries de malades, bien que rétrospectives et de faible
effectif, ont rapporté l’efficacité du traitement d’hémostase
endoscopique dans ces situations. Une double technique par
injection d’adrénaline diluée et électrocoagulation présentait
un succès de 80 % dès la première session thérapeutique [1,2].
L’usage des clips a également démontré toute son utilité,
réduisant le risque de lésion anastomotique par diffusion du
courant d’électrocoagulation [3]. L’hémostase par entéroscopie double ballon a été rapportée en cas de lésions situées soit
en regard de l’anastomose jéjuno-jéjunale, soit au niveau de
l’estomac ou du duodénum exclus [4].
Ulcère marginal
Si le traitement des ulcérations anastomotiques, en particulier
après RYGB, relève surtout de l’éviction des facteurs favorisants (tabac, prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens,
infection par Helicobacter pylori), de la suppression de
l’exposition acide voire de l’usage du sucralfate, l’endoscopie
peut être utile afin de retirer des corps étrangers, notamment
des fils de suture non résorbables, qui entretiennent localement des conditions propices aux lésions muqueuses [5]. Plusieurs séries rétrospectives ont ainsi confirmé la faisabilité et
l’efficacité de ces techniques endoscopiques d’extraction,
notamment grâce à l’usage d’un gastroscope double canal
opérateur afin de mieux exposer les fils à couper à l’aide
d’une pince à corps étranger placée en parallèle aux ciseaux
ou à la fibre argon [6].
Sténose
G. Vanbiervliet
Endoscopie digestive, hôpital L’Archet 2,
centre hospitalier universitaire, F-06202 Nice, cedex 3, France
G. Vanbiervliet · J.-M. Gonzalez · M. Barthet (*)
CERC, LBA UMRT24, université Aix-Marseille,
Faculté de médecine, F-13916 Marseille, cedex 20, France
e-mail : [email protected]
J.-M. Gonzalez · M. Barthet
Gastroentérologie, hôpital Nord,
Assistance Publique des hôpitaux de Marseille,
F-13915 Marseille, cedex 20, France
Traditionnellement, la dilatation endoscopique sous contrôle
fluoroscopique des sténoses anastomotiques de la gastrojéjunostomie après RYGB par ballon hydraulique à travers le
canal opérateur (« through the scope » ou TTS) est couronnée de succès dans plus de 90 % des cas (extrêmes allant de
77 à 100 %) [7]. Une moyenne de 1,2 à 3,1 session(s) toutes
les deux à trois semaines sont nécessaires pour atteindre
l’objectif clinique [8]. L’objectif est de ne pas dépasser un
diamètre de dilatation de 15 mm permettant d’obtenir le
meilleur rapport bénéfice/risque limitant la survenue de
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Tableau 1 Principales complications post-chirurgie bariatrique pouvant bénéficier d’un traitement endoscopique.
Localisation
Complication
Techniques endoscopiques disponibles
Hémorragie
Techniques d’hémostase
- sclérose
- électrocoagulation
- mécanique (clips)
- poudre hémostatique
Extraction du matériel étranger / sutures non résorbables
- ciseau
- plasma argon
Technique de dilatation
- ballon hydraulique ou pneumatique
- bougie
- prothèse - incision
Réparation primaire
clips
- colle
- suture
Diversion / couverture
- prothèse
Drainage interne
- prothèse plastique en queue de cochon
- incision à l’argon
Promotion de la cicatrisation
- prolifération cellulaire
Extraction et drainage endoscopique
- cholangiopancréatographie rétrograde par entéroscopie
- accès transdigestif (gastrique ou grêlique)
Anastomose / ligne d’agrafage
Ulcère marginal
Sténose
Fistule / Déhiscence et fuite
Sphère biliaire
Lithiase/obstruction
perforation, sans péjorer le pronostic métabolique et la perte
de poids [9]. Des facteurs prédictifs de succès thérapeutique
ont pu être individualisés. Si l’obtention du diamètre maximum de dilatation dès la première session est identifiée de
manière concordante comme un facteur indépendant de succès thérapeutique, l’influence du délai entre la chirurgie et la
première séance de dilatation reste sujette à discussion. Il
semble cependant que la dilatation précoce en cas de symptômes survenant dans les trois premiers mois postopératoires
soit associée à de meilleurs résultats [10]. En cas de rares
échecs de la dilatation par ballonnet, l’incision endoscopique prudente, en utilisant un papillotome avant dilatation
par ballonnet, a montré un intérêt [11].
La dilatation hydraulique semble présenter un taux de
réussite moins important (44 %) dans le cadre des sténoses
symptomatiques sur SVG, et ceci malgré l’usage de diamètres plus élevés (jusqu’à 20 mm) [12]. L’usage de la dilatation endoscopique pneumatique en utilisant des ballons rigides pour achalasie jusqu’à 30 mm est alors intéressante en
cas de sténose réfractaire : le taux de succès est alors proche
de 74 % en une à deux sessions [12,13].
Les prothèses métalliques complètement couvertes ou
plastiques ont été également employées afin de calibrer
ces sténoses postopératoires et ont été rapportées dans plusieurs séries de malades de faible effectif. Cependant, les
résultats sont relativement décevants malgré les insuffisances méthodologiques évidentes des travaux proposés : si les
taux de succès technique et clinique précoces sont élevés
(entre 80 et 100 %), comme régulièrement observé après
pose de prothèse, le taux de succès clinique à long terme
n’est que de 32 % (7/22) pour deux des plus récentes publications [14,15]. Ceci peut être expliqué par les taux de
migration prothétique élevés (47 à 58 %) et par l’usage
quasi exclusif de cette technique pour des sténoses réfractaires, par définition plus difficiles à traiter. Malgré ces taux
de migration élevés, l’emploi des stents complètement couverts reste à privilégier, les prothèses partiellement couvertes impliquant des lésions muqueuses après retrait (quand il
est possible) et l’arrimage des prothèses couvertes étant
récemment rendu possible par des procédés de fixation
innovants tels que les macroclips OTSC (« over-the-scope
clip ») et autre [16,17].
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Fistule et déhiscence
Le pronostic lié à cette complication et les difficultés de prise
en charge, que ce soit dans sa présentation aiguë ou chronique, ont permis le développement des techniques mini
invasives non chirurgicales dont l’endoscopie tient la place
principale. Ces moyens thérapeutiques non opératoires ont
intégré les récentes recommandations de la société américaine de chirurgie bariatrique et métabolique (ASMBS) sur
la prise en charge des fistules post-RYGB et SVG [18]. Plusieurs points essentiels doivent être mis en avant dans ce
domaine :
•
•
l’endoscopie, qu’elle soit diagnostique ou thérapeutique en
cas de suspicion de fistule/déhiscence, et malgré la rapidité
et l’aisance avec laquelle elle peut être réalisée, ne doit pas
se substituer initialement au contrôle et à la gestion du
sepsis. L’antibiothérapie à large spectre, la mise en place
d’une nutrition artificielle et le drainage sont alors primordiaux. Le drainage peut être radiologique, chirurgical mais
aussi endoscopique par débridement transfistuleux digestif
qui, à l’instar de la nécrosectomie pancréatique, est étonnement bien toléré et efficient, sous réserve d’une insufflation
au CO2 [19-21] ;
le traitement endoscopique implique plusieurs sessions
thérapeutiques mais le succès clinique, la durée d’hospitalisation et la rapidité de cicatrisation des fistules/déhiscences après chirurgie bariatrique sont directement corrélés à
la précocité de la prise en charge. Une des plus larges
études multicentriques, française, récemment publiée,
confirmait de manière, certes rétrospective, chez plus de
110 patients avec fistule post-SVG que le traitement endoscopique réalisé durant les 21 jours faisant suite au diagnostic était un facteur prédictif indépendant de succès
clinique et de cicatrisation (HR=0,381, IC 95 % [0,201 –
0,721]) [20]. Si 84 % des malades présentaient une fermeture de la fistule/déhiscence durant les six premiers mois
de la prise en charge, ce taux diminuait à 42 % au-delà des
•
•
12 mois de traitement. Une médiane de quatre sessions
thérapeutiques endoscopiques et de 113 jours étaient
nécessaires afin d’obtenir la cicatrisation avec un taux de
réussite global de 74 % ;
il apparaît important de traiter les causes anatomiques
sous-jacentes permettant de favoriser l’alimentation d’une
fistule, telles que des sténoses entraînant une hyperpression dans la poche gastrique résiduelle ;
il n’y a pas de consensus sur la technique endoscopique à
proposer en première intention ni d’algorithme validé à ce
jour. Ce qui reste encore comme une faiblesse dans le
paysage prometteur de l’endoscopie interventionnelle,
est attribuable à un manque de rigueur méthodologique
dans les études publiées qui sont pour la plupart rétrospectives, portant sur de faible effectif et mélangeant plusieurs
types de fistules ou de déhiscences (aiguë, chronique), de
chirurgie (RYGB, SVG…) et de techniques endoscopiques (prothèse, clips, colle…) parfois utilisées de
manière combinée.
Diversion et prothèse
Le concept de couverture ou de diversion par pose de prothèse
occlusive est rapidement apparu comme séduisant : la procédure est simple, bien codifiée dans le domaine de l’endoscopie digestive et bénéficie des développements des matériaux
dans le domaine (forme, calibre, couverture). La pose de prothèse est ainsi la plus souvent utilisée, parfois de manière
combinée comme pour 80 % des malades dans la série multicentrique française [20]. Les taux de succès clinique sont élevés, variant de 61 à 100 % après une durée d’implantation
raisonnable de six semaines en moyenne [21-28] (Tableau 2).
Cependant, ces taux sont beaucoup plus faibles en cas de
fistule chronique : Puig et al. [14] observaient une cicatrisation pour 12 % uniquement des malades présentant des fistules prises en charge 386 jours en moyenne après les chirurgies initiales. De plus, il apparaît que le profil de tolérance
Tableau 2 Efficacité et taux de migration des prothèses posées par voie endoscopique dans le traitement des fistules/déhiscences
aiguës post-chirurgie bariatrique ; *méta-analyse des études publiées avant 2011.
Premier auteur et année
n
Type de chirurgie
Taux de succès clinique ( %)
Migration
( %)
Puli SR 2012* [22]
El Mourad H 2013 [23]
Alazmi W 2014 [24]
Yimcharoen P 2011 [25]
Swinnen J 2011 [26]
Bège T 2011 [21]
Gonzalez JM 2015 [27]
Christophorou D 2015 [20]
67
47
17
14
46
22
15
88
Tout type
Tout type
SVG
Tout type
Tout type
SVG
SVG
SVG
88
87
76
72
61
100
80
74
17
15
6
22
11
59
15
43
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Réparation primaire : clips, colle et suture
canal opérateur des endoscopes. Les taux de succès technique
sont supérieurs à 90 % dans la plupart des séries publiées,
avec un taux de succès clinique à long terme proche de celui
observé après pose de prothèse couverte (entre 43 et 89 %)
[20,27-31]. De manière très intéressante, une étude multicentrique internationale rapportant les résultats des clips OTSC
dans la prise en charge des défects gastro-intestinaux (avec
31 malades post-chirurgie bariatrique) montrait que les fuites
et déhiscences anastomotiques notamment aiguës (OR=5,36)
et la prise en charge précoce dans les 30 jours suivant le
diagnostic (OR=3,84) étaient des facteurs prédictifs de succès
thérapeutique [27]. Les fistules, en particulier chroniques,
étaient, comme avec les prothèses, plus souvent sujettes à
l’échec.
L’usage des clips et colles biologiques n’a rapidement pas
présenté les résultats escomptés en cas d’utilisation isolée :
les clips TTS pour des raisons techniques compréhensibles
dans le cadre d’un matériel ayant initialement un but hémostatique, et les colles pour des variations propres aux caractéristiques des fistules (taille, fibrose ou inflammation, sepsis)
[26] (Fig. 1). Le développement de nouveaux clips de grande
taille (ou macroclips ou encore OTSC) en nitinol a ouvert de
nouvelles perspectives. La fermeture des orifices pouvant
mesurer jusqu’à 15/20 mm de grand axe est devenue accessible, ce qui n’était pas possible avec les clips déployés par le
Il apparaît difficile, en l’absence de travaux prospectifs
randomisés de pouvoir recommander une technique par rapport à une autre : c’est d’ailleurs ce qui émerge des conclusions des recommandations de l’ASMBS [18]. Cependant,
la morbidité induite par la pose des prothèses pourrait plaider en faveur de l’usage des macroclips en première intention si la taille de la déhiscence ou de l’orifice fistuleux le
permet. Ceci est en partie conforté par un travail comparatif rétrospectif portant sur 106 malades présentant des perforations, fuites ou fistules digestives (mais aucune après chirurgie bariatrique) ayant mis en évidence la supériorité
des clips OTSC face aux prothèses en termes d’efficacité
des prothèses n’est pas aussi bon qu’attendu. Si les migrations sont usuelles dans le cadre de prothèses complètement
couvertes, leurs conséquences sont parfois sévères : les ulcérations muqueuses induites notamment au pôle inférieur des
stents sont fréquentes (41 %) et à l’origine d’hémorragie,
voire de perforation nécessitant une prise en charge chirurgicale dans certains cas avec un décès recensé dans la série
française [20]. De multiples complications dites mineures
(douleur, dysphagie, éructation…) sont également observées
dans plus de 20 % des cas [24]. Des solutions de réparation
primaire de la fistule ou de la déhiscence prennent alors tout
leur sens.
Fig. 1 Pose de macroclip OTSC dans la cadre du traitement d’une fistule depuis le haut de la ligne d’agrafage en post-SVG : a) orifice
fistuleux centimétrique ; b) opacification du trajet de la fistule (fluoroscopie) ; c) fermeture de la fistule après pose du clip ; d) opacification en fin de procédure, clip posé confirmant la fermeture de la fistule. À gauche : photographies du macroclip en position ouverte, semi
fermée et fermée
218
(85 vs 64 %, p<0,05) et de complications (8,8 % vs 68 %,
p<0,001) [32].
Finalement, la suture endoscopique apparaîtrait comme
techniquement idéale afin de répondre à cette problématique
de défect pariétal digestif. Cette option n’est plus virtuelle
grâce aux innovations technologiques récentes. Une courte
série de patients ayant bénéficié de la seule suture endoscopique totopariétale de fuite sur la ligne d’agrafage de SVG
avec efficacité suggère que cette technique pourrait être suffisante. Le système de suture le plus simple et le plus abouti à
l’heure actuelle semble être l’OverStitch® (Apollo Endosurgery, Austin, Texas, États-Unis), celui-ci permettant de se
fixer sur les endoscopes souples actuels.
Drainage interne
Il s’agit d’un vrai changement de philosophie dans la prise en
charge endoscopique des fistules/déhiscences post-chirurgies
bariatriques : à défaut de pouvoir cicatriser et refermer durablement les orifices constatés, certains auteurs ont suggéré
que favoriser le drainage interne-interne de ces trajets pathologiques, après avoir levé le sepsis, permettait d’en obtenir
plus facilement l’assèchement. La première de ces techniques
de drainage est commune au drainage transdigestif des collections pancréatiques par pose de prothèse plastique en « double
queue de cochon » : l’insertion de plusieurs stents au sein de
la collection et du trajet fistuleux post-SVG est techniquement
simple et permettrait une cicatrisation dans 75 % des cas après
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une prise en charge moyenne de trois sessions endoscopiques
et un peu plus de 57 jours, sans avoir recours aux techniques
plus onéreuses (macroclips, stent métallique couvert, colle
biologique ou suture…) [33]. Suivant le même raisonnement
et de manière encore plus simple, Baretta et al. [34] et HaïtoChavez et al. [35] ont récemment décrit un procédé de fistulotomie ou de septotomie par aiguille ou argon afin d’affaisser
la cloison et de mettre en communication la cavité périgastrique avec la lumière digestive. La cicatrisation des fistules
après SVG ou RYGB fut observée dans tous les cas (n=27)
dans un délai moyen de 18 jours. Ces deux derniers modes
de prise en charge semblent être des options thérapeutiques
prometteuses.
En conclusion et à ce jour, il peut être proposé un algorithme simple de prise en charge endoscopique des fistules
ou déhiscences anastomotiques et de la ligne d’agrafage,
basé sur la présence ou non d’un drainage efficient des
collections péridigestives éventuelles et la taille des orifices
constatés (Fig. 2).
Pathologie biliaire
Les patients bénéficiant de chirurgie bariatrique sont à plus
haut risque de pathologie biliaire, notamment lithiasique dès
les premiers mois postopératoires. L’extraction rétrograde
endoscopique (CPRE) peut alors être un véritable challenge
en cas d’exclusion duodénale comme dans le RYBG et la
Fig. 2 Algorithme de prise en charge endoscopique des fistules ou déhiscences post-chirurgie bariatrique (OTSC : Over The Scope Clip)
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diversion duodénale. Trois possibilités endoscopiques peuvent alors schématiquement être proposées ; elles nécessitent
bien évidemment de s’enquérir avec précision du compterendu opératoire et du montage réalisé avant toute décision :
•
•
•
la première est la réalisation d’une CPRE assistée par
entéroscopie. Les difficultés de cette technique sont non
seulement liées à l’accès mais également à la canulation
papillaire du fait de matériel non adapté (longueur de
cathéter…) et d’un abord vidéo-endoscopique axial. Le
taux de succès est de 70 %, le plus faible parmi les procédures de CPRE chez des patients présentant une altération
de l’anatomie gastroduodénale [36]. Cependant, le succès
thérapeutique est directement associé à la longueur de
l’anse alimentaire et de l’anse biliaire créées lors du montage chirurgical. Il peut ainsi atteindre 88 % si cette longueur est inférieure à 150 cm [37] ;
la seconde est la CPRE laparo-assistée. Cette technique
prend tout son sens en cas de chirurgie vésiculaire programmée, les deux procédures pouvant se réaliser dans
le même temps opératoire. La CPRE laparo-assistée a
démontré sa supériorité face à la CPRE assistée par entéroscopie dans une étude comparative non randomisée :
elle permet d’obtenir de meilleurs résultats en termes
d’identification de la papille (100 vs 72 %, p=0,005), de
cathétérisme et de succès thérapeutique (100 vs 59 %,
p<0,001) [37]. L’inconvénient de cette technique reste
son coût et sa faisabilité, puisqu’elle mobilise deux équipes en même temps ;
la dernière est la CPRE assistée par un abord endoscopique transgastrique atypique afin de restaurer un passage
duodénal « usuel » durant la procédure. Il s’agit dans la
plupart des cas de la réalisation d’un accès par gastrostomie percutanée. Cette gastrostomie peut être chirurgicale,
permettant d’obtenir un taux de succès élevé dans la littérature (97 %), mais également écho-endoscopiquement
assistée après instillation aqueuse dans la cavité gastrique
exclue [38,39]. La CPRE est alors réalisée en moyenne
cinq à sept jours après la réalisation de la gastrostomie. Récemment, le développement de nouvelles prothèses métalliques courtes complètement couvertes, à collerette large et évasée, dites « d’apposition luminale », ont
été utilisées afin de réaliser de manière volontaire sous
contrôle échoendoscopique des fistules gastrogastriques
ou jéjuno-gastriques par voie orale [40-42]. La fistule
ainsi créée permet le passage du duodénoscope dans l’estomac exclu pour restaurer l’accès papillaire. Cependant,
la fermeture de cette fistule après le geste reste problématique, le montage chirurgical bariatrique pouvant perdre
potentiellement de son efficacité. La question ne se
pose par contre pas en cas d’obstruction biliaire maligne
chez des patients après chirurgie bariatrique : le drainage
écho-endoscopiquement guidé par voie transgastrique ou
219
jéjunale (hépatico-gastrostomie, hépatico- ou duodénojéjunostomie) peut alors prendre tout son sens en cas de
malade non curable sur le plan carcinologique.
Il n’y a pas de consensus ni d’algorithme validé permettant de choisir l’une ou l’autre de ces techniques présentées
ci-dessus. L’usage de la CPRE assistée par entéroscopie peut
être privilégiée si la longueur des anses est connue et inférieure à 150 cm, la CPRE laparo-assistée si la chirurgie vésiculaire est programmée et l’abord transgastrique en cas
d’échec des deux précédentes.
Conclusion
L’endoscopie permet de faire face à la quasi-totalité des
complications post-chirurgie bariatrique et en a modifié le
pronostic. Elle nécessite une expérience de l’endoscopie
interventionnelle, une connaissance de l’histoire naturelle
de ces complications, et des moyens à la disposition de
l’endoscopie.
Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien
d’intérêt.
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