04 - Le Caire, nid d`espions

Transcription

04 - Le Caire, nid d`espions
Le Caire, nid d’espions
Michel HAZANAVICIUS (2006)
Jean Dujardin : Hubert Bonnisseur de la Bath
Bérénice Béjo : Larmina
Aure Atika : Princesse Al Faruk
Synopsis du film :
1955. Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS117, est envoyé au Caire pour
enquêter sur la mort de son collègue et ami Jefferson. Officiellement, il est supposé
reprendre la SCEP (Société Cairote d’Elevage de Poulets). L’agent local est Larmina,
prétendue secrétaire de la SCEP, en réalité agent double à la solde du groupe
d’activistes islamistes « les Aigles de Khéops ».
En fait, plusieurs organisations convoitent des armes soviétiques disparues : les
Aigles de Khéops mais aussi un groupuscule nazi, les Soviétiques eux-mêmes et
l’ancienne famille royale égyptienne, représentée par la princesse Al Faruk
(nymphomane et passablement perturbée).
OSS117, qui ne connaît rien au monde arabo-musulman et dont l’intelligence est
très limitée, traverse ces complots sans comprendre ni maîtriser les événements,
servi par contre par une chance insolente.
LES GRANDS THEMES
L’ignorance des codes culturels
OOS117 ne connaît rien des mœurs et de la culture arabo-musulmane.
La scène où il va faire taire le muezzin illustre cette ignorance. De même, après
avoir proposé de l’alcool à Larmina, qui refuse, il prédit un avenir bref à sa religion.
Il ne connaît pas la langue (scènes dans la médina et dans l’arrière-boutique). Cette
ignorance le met en porte-à-faux avec l’environnement et parfois en danger.
Il ne connaît pas non plus l’histoire ou le système politique du pays. Il tente donc
de donner du sens à cet environnement nouveau en ayant recours à des
stéréotypes : les familles nombreuses, un niveau d’études limité, la pauvreté, une
élite locale nécessairement moins compétente que celle des pays occidentaux
(photo de René Coty)…
Les indigènes sont infantilisés (attitude paternaliste d’Hubert vis-à-vis de Slimane,
le contremaître de la SCEP).
Il manque de respect envers les coutumes et la religion, voire critique ouvertement
(il dénigre le pays et le mode de vie, accuse l’Egypte d’être « en retard », affirme
que sans la présence européenne l’Egypte serait livrée au chaos et donne le conseil
méprisant : « Faut grandir »).
Le héros n’a aucune conscience de son attitude, qui lui paraît naturelle.
Le film représente une critique très dure du colonialisme.
De nombreux préjugés
D’autres catégories sont visées par des stéréotypes et des préjugés :
Karin Lafont-Miranda - 2011
-
les femmes (à qui on ne peut pas faire confiance, qui n’ont pas de mémoire,
etc.),
les homosexuels (Hubert est très anxieux à l’idée qu’on puisse penser qu’il
est homosexuel. Exemple : la conversation avec le nazi).
Les hommes, la virilité (Hubert est persuadé que les femmes attendent ses
faveurs comme un cadeau).
Le personnage principal
Le film présente le personnage principal sous l’angle d’un fort contraste entre une
apparence soignée, séduisante, et au moral, un catalogue de défauts :
- la prétention (on l’a vu, Hubert se croit irrésistible),
- le chauvinisme,
- le manque de savoir-vivre et l’égoïsme (le canapé, le narguilé),
- la bêtise et le manque de culture,
- l’immaturité (« J’aime me battre », etc.). Hubert donne l’impression d’un
enfant dans un corps d’homme, incapable de résister à ses impulsions,
- l’incapacité à éprouver de l’empathie.
Il s’agit d’une critique féroce du modèle masculin « traditionnel ».
LES PROCEDES DU RIRE
Le film constitue une parodie des films d’espionnage de type James Bond,
jusque dans le titre (117 / 007) :
- le héros est un « sous-James Bond », dont les qualités ont été remplacées
par des défauts,
- la James Bond girl fascinée est ici une jeune femme incrédule et agacée
devant semblable personnage, et qui souvent doit mettre le « héros » sur la
bonne voie,
- les méchants sont maladroits (le Belge), ridicules (les nazis), adipeux (le
Russe) et ont tous comme couverture des commerces de viande,
- aucun gadget : OOS117 travaille « à l’ancienne ».
Comique de geste : la gestuelle et les bagarres des films d’espionnage sont
également parodiées.
Comique de situation : péripéties, nombreux quiproquos.
Comique de caractère : le héros est stupide et impulsif.
Comique de mœurs : observation de travers et de préjugés.
Comique de mots : le mot de passe, les mots d’arabe (la choukra).
Comique de répétition : « J’aime … », les flashbacks, le jeu avec la lumière et
les poulets.
Comique de l’absurde : l’interprétation de Bambino en arabe (à rapprocher de
la danse hassidique de Louis de Funès dans Rabbi Jacob).
Karin Lafont-Miranda - 2011