La mesure du courant différentiel-résiduel
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La mesure du courant différentiel-résiduel
4 bâtitech 3-14 partie technique ELECTROTECHNIQUE Différences avec la mesure du courant différentiel dans la pratique La mesure du courant différentiel-résiduel L’article 10 de l’Ordonnance du DETEC du 15 mai 2002 sur les installations électriques à basse tension (RS 734.272.3) définit le contenu technique du rapport de sécurité. Outre les informations spécifiées conformément à l’article 37, paragraphe 1 de l’OIBT, les valeurs de la mesure d’isolement ou de la rigidité diélectrique doivent être également indiquées. Une mesure du courant différentiel-résiduel est admise en lieu et place d’une mesure d’isolement dans le cas d’un contrôle de réception ou d’un contrôle périodique. Michael Knabe* Bases Une mesure d’isolement suppose la possibilité de mettre une installation hors tension. Ce processus est toutefois impossible à mettre en œuvre à maintes reprises en raison des technologies de l’information dont l’importance est croissante à l’heure actuelle. C’est la raison pour laquelle la branche électrique a recherché des solutions alternatives appropriées en matière de mesure d’isolement et elle les a trouvées dans la mesure du courant différentiel-résiduel. L’avantage majeur de cette méthode de mesure réside dans la possibilité de contrôler les installations en service continu. Les ventes importantes de pinces ampérométriques pour courant différentiel-résiduel («pinces pour courant de fuite») démontrent par ailleurs leur cote de popularité très élevée auprès des spécialistes. La mesure du courant différentiel-résiduel repose sur la loi de Kirchhoff suivante: «La somme de tous les courants entrants est égale à la somme de tous les courants sortants.» Le système du dispositif de protection à courant différentiel-résiduel s’appuie également sur ce principe déjà établi en 1845. Si un courant circule par un chemin non prévu, ce phénomène est alors détecté, étant donné que la somme des courants n’est pas nulle. En règle générale, il est possible de se représenter une pince ampérométrique pour courant différentiel-résiduel sous la forme d’un dispositif de protection à courant différentiel-résiduel (DDR) mobile équipé d’un écran. Une pince de mesure encercle tous les conducteurs actifs afin de mesurer le courant différentiel-résiduel. Courant de fuite ou courant de défaut Si un courant différentiel-résiduel est mesuré sur un point d’une installation, deux courants sont alors calculés: le courant de fuite et le courant de défaut de la partie de l’installation en question. Un courant de fuite est un courant qui circule en service normal. De tels courants sont notamment générés par des filtres de réseau mis à la terre. Un courant de fuite ne doit pas être confondu avec un courant de défaut qui est, lui, la conséquence d’un défaut d’isolement. La distinction de ces deux courants nécessite un degré important de compétence technique. Même les spécialistes expérimentés doivent parfois faire face à des défis de taille. Réalisation de la mesure Figure 1 La mesure du courant différentiel-résiduel ne peut s’effectuer que sur des installations réalisées selon le système TN-S. Les installations doivent être en service, c’est-à-dire enclenchées et sous tension, et un courant de charge approprié doit circuler. Autrement dit, la personne qui effectue la mesure doit préalablement mettre en service un maximum de récep- Figure 2a Figure 2b partie technique Figure 3 teurs dans le circuit concerné. L’utilisation de l’appareil de mesure se révèle toutefois très simple, la pince de ce dernier encercle l’ensemble des conducteurs actifs (figure 1). L’appareil de mesure doit présenter une précision de 0,1 mA. Interprétation de la mesure Les valeurs limites suivantes s’appliquent: • jusqu’à 30 mA: l’installation est correcte. La valeur mesurée doit être consignée. • de 30 mA à 300 mA: le courant différentielrésiduel doit être justifié (par exemple un courant de fuite en aval de nombreux convertisseurs de fréquence). • à partir de 300 mA: un courant différentielrésiduel supérieur à 300 mA n’est pas acceptable. Une mesure d’isolement doit être effectuée. Citation: Somme algébrique des valeurs des courants électriques dans tous les conducteurs actifs, au même instant en un point donné d’un circuit électrique. Pièges et problèmes Il est souvent impossible d’effectuer une mesure du courant différentiel-résiduel en raison du type d’installation. Dans le cas d’une disposition des conducteurs sur les bornes tel qu’illustré sur la figure 3, la pince ne peut encercler les conducteurs actifs sans provoquer des efforts considérables. En raison d’une traction ou d’une torsion inappropriée, une telle opération est également susceptible d’entraîner une rupture ou une déconnexion des conducteurs avec des conséquences imprévisibles pour l’utilisateur de l’installation. Les circuits peu chargés ne montreront que bâtitech 3-14 5 très rarement un courant différentiel-résiduel. Il est donc important qu’un circuit à vérifier soit chargé. De plus, les parties importantes et spéciales d’une installation sont souvent raccordées à des coupe-surintensité spécifiques. Par conséquent, lorsqu’un circuit est composé uniquement de récepteurs qui provoquent des courants de charge faibles tels qu’une installation de détection incendie, une centrale d’alarme ou un serveur, le résultat de mesure du courant différentiel-résiduel ne sera pas pertinent. Dans ces cas, la mesure d’isolement constitue bien souvent la seule alternative en la matière. Conseils et astuces L’obtention de valeurs mesurées correctes nécessite l’utilisation d’une pince ampérométrique pour courant différentiel-résiduel de type TRMS (figures 2a et 2b). Par ailleurs, il est également avantageux qu’un appareil mesure également la fréquence appliquée. Les filtres antiparasites des matériels génèrent la plupart du temps des courants de fuite à partir de 150 Hz. La mesure de la fréquence du courant différentiel-résiduel permet ainsi aux utilisateurs confirmés de distinguer rapidement un courant de fuite d’un courant de défaut. Les figures 2a et 2b démontrent l’avantage supplémentaire présenté par un tel appareil de mesure par exemple lors de la mesure d’un convertisseur de fréquence. Afin de vérifier si un circuit est chargé, la pince ampérométrique pour courant différentiel-résiduel permet de contrôler tout d’abord le courant dans le conducteur neutre. C’est uniquement lorsqu’un courant circule dans ce conducteur qu’il est possible de réaliser une mesure sérieuse du courant différentiel-résiduel. Bilan La mesure du courant différentiel-résiduel constitue un outil intéressant pour les électriciens afin d’évaluer les propriétés isolantes d’une installation. Cette méthode de mesure nécessite toutefois un savoir-faire solide et complet. Néanmoins, il convient de procéder à une mesure d’isolement dès que possible. La mesure du courant différentiel-résiduel doit demeurer une exception et par conséquent ne pas devenir la règle. ■ * Michael Knabe est installateur-électricien diplômé fédéral et occupe la fonction d’inspecteur de l’équipe d’inspection nord-est pour Electrosuisse. Son travail quotidien en tant qu’inspecteur lui permet d’être un fin connaisseur et utilisateur des techniques de mesure d’un point de vue pratique. A travers ses différents exposés techniques et articles, il est considéré comme un spécialiste de son domaine.