Février-avril 2015

Transcription

Février-avril 2015
REVUE de PRESSE du 18 février au 8 avril 2015
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Cette revue de presse est destinée en priorité aux membres des associations Avenir Cambodge, Action Cambodge Fronton,
et Fondation Gravelle auxquels sont associés tous les amis qui veulent se tenir informés sur le Cambodge auquel ils sont liés
pour diverses raisons. Cette revue, essentiellement tirée du Cambodia Daily, se borne à donner des faits, sans porter de
jugement, laissé à l’appréciation du lecteur.
Alain Darnis-Gravelle, qui avait repris le flambeau de son grand père, créateur de
la Fondation Charles Gravelle, vient de décéder le 6 avril, suite à un
accident survenu à son domicile, (Mont-Bené, Evires, 74 Haute Savoie) quelques
jours plus tôt. C’était un ami de longue date, voué coeur et âme à la cause des
orphelins khmers. Nous présentons nos plus sincères condoléances à Claudie
son épouse, et à tous les membres de son association.
POLITIQUE INTERIEURE
L’événement essentiel de ces deux derniers mois est sans conteste, l’achèvement des
négociations entre le PPC (Parti du Peuple Cambodgien, au pouvoir), et le PSNC (Parti du Salut
National Cambodgien, opposition) pour la création d’un nouveau CEN (Comité Electoral
National) chargé de piloter les futures élections, ainsi que la modification de la loi électorale.
* La loi concernant la création du nouveau CEN et la modification de la loi électorale sont approuvées par
l’Assemblée nationale (AN) le 19 mars, sans débat, par 103 voix sur 123 ; puis, le 23 mars, par le Sénat, en une
heure, également sans discussion. Ces deux documents doivent recevoir l’aval du Conseil Constitutionnel, puis
à être promulguées par le roi. Le nouveau CEN devrait être mis en place avant le Nouvel an (13 avril).
* Le nouveau CEN comprendra 9 membres : 4 seront choisis parmi les deux partis représentés à
l’AN, et un 9ème choisi par consensus. Mme Pung Chhiv Khek, fondatrice et présidente de la
LICADHO, pressentie pour être ce 9ème membre, a estimé ne pas bénéficier des conditions
requises pour remplir son rôle (refus de l’impunité parlementaire et obligation d’abandonner deux
de ses triples nationalités cambodgienne, canadienne et française). Le 31 mars, les deux partis se
sont accordés sur le nom de Hang Puthéa, directeur du NIFEC (Comité Neutre et Impartial pour
des Elections Libres et Correctes). Hang Puthéa est pourtant parmi les opposants aux textes des
deux nouvelles lois et n’a pas été consulté avant sa nomination. Ce choix réjouit les membres de
l’Alliance pour la Réforme Electorale dont le NIFEC est membre. Réaliste, Hang Puthéa, 50 ans,
veut mettre ses compétences pour « tenter d’opérer les réformes que les deux partis n’ont pu
réaliser » (CD du 02.04. 2015).
* Le 28 février, date butoir pour la fin des négociations concernant le CNE, Sam Rainsy et le ministre de
l’Intérieur Sâr Keng solutionnent les 15 points de désaccord entre les deux partis au sein du groupe mixte de
travail (Il y en avait 10, mais à la dernière minute, le PPC en a ajouté 5) : il y aura deux nouveaux sièges de
députés, la campagne sera réduite de 30 à 21 jours, les ONG ne devront pas « insulter » (=critiquer) quelque
parti que ce soit ; les formulaires 1018 en cas d’absence de cartes d’identité seront maintenus, bien que ce soit
l’une des principales sources de fraude ; les militaires, la police et l’administration pourront faire campagne en
dehors de leurs heures de travail et en tenue civile. Concernant la loi électorale, le Premier ministre impose une
proposition sine qua non : les députés qui boycotteront l’AN perdront ipso facto leur poste et seront remplacés
par d’autres (CD du 3.03.15).
* On reproche le manque d’indépendance du CNE : son secrétaire général et secrétaire général-adjoint seront
nommés par sous-décret du Premier ministre. D’autre part, le CNE touchera ses fonds du Budget national et se
trouve donc, de fait, sous le contrôle de l’Etat.
* Le 9 mars, lors d’un séminaire tenu à l’AN, la nouvelle loi est présentée à la société civile. Une douzaine
d’ONG, dont l’Alliance pour la Réforme Electorale (qui compte, entre autres, Comfrel, Nifec, Adhoc,
Tranparency International) boycottent la rencontre : elles reprochent l’absence de consultations préalables et de
nombreuses « surprises » dans le texte de loi : les lourdes pénalités en cas d’« insulte » qui interdisent toute
critique ; ces pénalités ne vise pas uniquement les individus, mais les partis en tant que tels. Le peuple a moins
de liberté qu’auparavant. « Cette loi est pire que l’ancienne », remarquent ces ONG (CD du 09.03.15).
* Les candidats au CNE seront choisis le 13 avril. Une centaine de femmes qui manifestaient pour demander la
présence de femmes dans le CNE sont bloquées par la police (CD du 08.04.15).
* Les négociations qui ont duré plus de six mois, ont toujours été l’objet de menaces de la part du PPC, parfois
par le Premier ministre en personne. Sam Rainsy y a montré des qualités d’un homme d’Etat responsable, qui
ne demande pas l’impossible, mais se contente de ce qu’on veut bien lui concéder : « Nous ne sommes pas
satisfaits à 100 pour 100, mais nous avons dû chercher des solutions, et cela demande des concessions pour
trouver une solution équilibrée », dit le chef de l’Opposition. Le 25 février, le Premier ministre déclare comme
une menace que « L’armée, la police, la police militaire et le personnel de l’administration ne sont pas neutres
dans le conflit entre les partis et l’Etat ». Ces propos sont repris par le chef de l’armée le 3 mars. Il menace de
faire emprisonner Kem Sokha qui n’est pas totalement d’accord avec la nouvelle loi électorale. Le 5 avril, la
chaîne télévision BTV, aux mains de la fille de Hun Sen, diffuse un film de 30 minutes qui rapporte les propos
de Kem Sokha tenus en Amérique le 13 mars, qui visent à renverser le gouvernement. Kem Sokha est convoqué
devant un tribunal de 8 avril. On estime que ces gesticulations visent à diviser l’Opposition (CD du 07.04.15).
Divers
* Le Mouvement du Pouvoir du Peuple Khmer (KPPM), fondé par Sourn Sérey Ratha, et condamné en janvier
dernier pour “insurrection”, est autorisé à s’enregistrer comme parti politique (CD du 09.03.15). Le Prince
Ranariddh redevient le chef incontesté du FUNCINEC. Tout ce qui peut atomiser l’Opposition est favorisé par
le pouvoir.
* Le président de la commission parlementaire des finances demande au secrétaire général de l’AN
de justifier ses dépenses : 30 voitures à 200.000$ chacune, 25.000$ pour l’achat de porte-drapeaux,
un photocopieur qui coûte 3.500$, 11,5 millions en « services » pour la réception de parlementaires
étrangers ou pour les voyages de parlementaires khmers à l’étranger ; il devra répondre sur le
népotisme dans le choix de ses employés, etc. Le 10 mars, le secrétaire se présente devant l’AN,
mais refuse pendant deux heures et demies de répondre aux questions. Il est défendu par ses pairs
du PPC (CD du 13.03.15).
CHAMBRES EXTRAORDINAIRES au sein des Tribunaux (CETC)
* Le 28 février, le juge international Mark Hamon, sans la coopération de son homologue
cambodgien, lance un acte d’accusation contre Méas Muth, chef de la marine khmère rouge, et
contre Mme Im Chaem, chef de district de la région Nord Ouest (cas Nº003 et Nº004). Le 27 mars,
un troisième acte d’accusation est établi l’égard de Ao An, appelé Ta An, secrétaire adjoint de la
même région. Il aurait été responsable d’un réseau de centres où auraient été tués 140.000
personnes (CD du 28.03.15). Cependant la police cambodgienne refuse d’arrêter les suspects.
* Deux jours auparavant, le Premier ministre évoque à nouveau la possibilité d’une guerre civile et de chaos si
les CETC inculpait des chefs khmers rouges de second rang.
* Le mois de mars est employé à l’audition de chefs khmers rouges du centre de Kraing Ta Chan
(Takéo) qui s’accusent mutuellement de crimes contre l’humanité. 15.000 personnes auraient été
exécutées au centre de Ta Chan.
* Le 26 mars, un stupa à la mémoire des victimes est inauguré dans l’enceinte de Musée du
génocide de S-21, en présence de l’ambassadeur d’Allemagne (CD du 27.03.15).
ECONOMIE
* Près de 4.000 entreprises ont été enregistrées auprès du ministère du Commerce en 2014, soit
29% de plus par rapport à l’année précédente, bien que le Cambodge soit au 184ème rang sur 189
dans la difficulté d’ouvrir une entreprise (CD du 25.03.15).
* Le 6 mars, le Conseil des ministres rend publique sa nouvelle politique économique pour les dix années à
venir : un plan-cadre est en préparation en collaboration avec l’Agence Japonaise de Développement pour
développer la région de Sihanoukville, alors que Kampot restera une zone touristique (CD du 07.03.15).
* Le 11 mars, Donaco International ajoute 100 millions de dollars aux 360 déjà promis il y a six
semaines pour l’acquisition de deux casinos de Poïpet. (CD du 11.03.15). Les casinos cambodgiens
ont versé 25 millions de dollars d’impôts au gouvernement en 2014, soit 15% en plus de l’année
précédente (CD du 25.03.15).
* Le 6 avril, le Premier ministre inaugure le pont Tsubasa, de Néak Loeung, long de 2,2km, qui a
coûté 127 millions, don du gouvernement japonais. Avec la réfection de la route Nationale 5, le
corridor économique du Sud-Ouest, reliant Ho Chi Minh City à la Birmanie via Bangkok, dont la
réalisation est prévue pour 2020, se met en place. La veille, le Premier ministre inaugurait le pont
de Thalabarivat (Stoeung Treng) sur le Mékong (CD du 07.04.15).
* Le 7 avril, le ministère des Finances rend public son projet de budget pour 2016 : il s’élèvera à
4,34 milliards de dollars, dont 38,65 millions seront alloués aux Affaires sociales, 24,76 à la
Défense et à la Sécurité, 13,44 à l’Administration et 10,76 pour l’expansion industrielle. Ce budget
prévoir un accroissement des revenus de l’Etat qui se sont élevés à 16,35% du PIB en 2014. On
prévoit un PIB de 20,37 milliards en 2016 (CD du 08.04.15).
* En mai-juin prochain, Coca-Cola va commencer la construction d’une usine dans la ZES de Phnom Penh, qui
sera achevée au milieu de l’année prochaine (CD du 02.04.15).
DONS et INVESTISSEMENTS
* En 2013, le Cambodge a reçu environ 4 milliards d’investissements, soit le même montant qu’en
2013. La Chine est le principal investisseur, suivi par la Malaisie et le Japon. Entre 2013 et 214, les
investissements japonais au Cambodge ont baissé de 2%, et s’élèvent à 47,9 millions de dollars.
Les exportations vers le Japon, en revanche, ont crû de 33% pour atteindre 771 millions,
spécialement en produits textiles. Les importations ont crû de 21% (254 millions) (CD du
13.03.15).
* Le 16 mars, le ministre cambodgien des Affaires étrangères annonce un plan audacieux pour porter les
échanges commerciaux entre le Cambodge et la Turquie à 500 millions de dollars à l’horizon 2020, (contre 124
actuellement, dont 113 d’exportation cambodgiennes). Un Turc a investi 5 millions de dollars au Cambodge,
dans une usine textile qui emploie 2.000 ouvriers (CD du 17.03.15).
* Selon un communiqué en date du 16 mars, EDC (Electricité Du Cambodge) prévoit de dépenser
167 millions de dollars pour une ligne de 230 KVolts de 350 km de longueur pour électrifier les 4
provinces situées autour du Tonlé Sap (Battambang, Siemréap, Kompong Thom, Kompong
Chhnang), ainsi que celles de Préah Vihéar et de Oddar Méan Chhey. Une autre ligne de haute
tension, pour un coût de 100 millions, reliera les 1.000 MW des usines de Kompomg Speu à
Oudong, Kandal et Takmau. (CD du 17.03.15). On peut constater en effet un progrès réel de
l’électrification des campagnes depuis l’année dernière.
* Le 26 mars, le Japon promet d’accorder différents prêts d’un montant total de 236 millions de
dollars à faible taux d’intérêt : 194 pour la Nième réparation de la nationale 5 entre Battambang et
Poipet... 36 millions pour le drainage de la ville de Phnom Penh, d’autres pour de projets de
création de petits barrages dans la province de Ratanakiri et la réhabilitation de l’hôpital de Svay
Rieng (CD du 26.03.15).
* Le 6 avril, Le Centre National d’Arbitrage du Commerce adopte un code éthique, en préparation
depuis près de 5 ans pour résoudre les conflits. Ce code devrait faciliter les investissements (CD du
07.04.15).
* Le 2 avril, 3 propriétaires d’entreprises de dragage de sable et 8 employés, qui opéraient sans
autorisation sont arrêtés. Désormais c’est le ministère des Mines et de l’Energie qui accorde des
licences de dragage. On impute à ce dragage inconsidéré du Mékong l’effondrement de ses
rives (CD du 02.04.15).
SOCIETE
Réfugiés
* Lors d’une troisième visite ministérielle cambodgienne dans le camp de réfugiés Nauru, en Australie, aucun
des 400 réfugiés n’est volontaire pour partir au Cambodge, pays pauvre et dans lequel les Droits de l’homme ne
sont pas une priorité. On ne sait pas exactement si les 35 millions de dollars promis par le gouvernement
australien seront déboursés (CD du 1er avril 15).
* 58 Cambodgiens font partie des quelques 300 marins-esclaves qu’Associated Press a découvert le 3 avril en
Indonésie. Ces travailleurs migrants de Birmanie, du Laos et du Cambodge ont été réduits en esclavage par la
société thaïlandaise Pusaka Benjina. Certains étaient enfermés dans des cages de fer (CD du 08.04.15).
* Plus de 90 montagnards d’ethnie radhè se sont réfugié dans les forêts de Ratanakiri depuis
octobre dernier. Quand ils sont découverts par la police cambodgienne, ils sont renvoyés au
Vietnam, dont 36 à la fin février. 24 ont pu rejoindre Phnom Penh, 13 sont reconnus comme
réfugiés. Le 5 avril, 11 autres se réfugient au Cambodge. ADHOC rapporte des rumeurs faisant état
de 8 cadavres flottant sur la Sésan, le 6 avril, un autre en partie enterré (CD du 08.04.15).
* Le 17 mars, après 4 ans de suspension, le gouvernement approuve un projet de loi autorisant la
reprise de l’envoi de femmes et jeunes filles en Malaisie, ce qui, selon le ministère du Travail,
rapportera 120 millions de dollars au Cambodge. Cet accord sera signé lors du sommet de
l’ASEAN à Kuala Lumpur en avril. En janvier, ADHOC a rapporté que depuis 2011, 122 femmes
cambodgiennes avaient disparu ou avaient été soumises à divers abus. Selon les media malaisiens,
plus de 800 femmes de ménage étrangères quittent leur emploi chaque mois pour mauvaises
conditions de travail, intimidation ou abus divers (CD du 18.03.15).
* Le 26 mars, la police ferme un centre illégal de recrutement de travailleurs pour le Japon et la Corée qui
demandait entre 3.000 et 5.000 $ pour la préparation à ces départs (CD du 27.03.15). Plusieurs entremetteuses
d’envoi de jeunes femmes en Chine son arrêtées.
Mouvements sociaux
Un rapport de 140 pages établi par Human Rights Watch en date du 12 mars dénonce l’obligation
imposée aux ouvrières de faire des heures supplémentaires, le travail des jeunes de moins de 15
ans, le harassement des syndicalistes, l’abus des contrats à durée déterminée, etc. HRW reproche
aux grandes marques internationales de ne pas agir suffisamment en faveur des ouvriers. On sait
que le salaire des ouvrières représente une part infime dans le prix de revient des habits façonnés.
Les autorités cambodgiennes et le patronat affirment qu’il y a des cas isolés regrettables, mais
HRW déclare au contraire que ces violations sont systématiques. Selon le ministère du Travail,
1.686 inspections ont été menées durant les 11 premiers mois de 2014 (le gouvernement affirmera
ensuite en avoir effectué 7.191 dans l’année...) (CD du 14.03.15). Les faits semblent donner raison
au rapport :
* Il est un usage courant que des familles empruntent des cartes d’identité de leurs proches en âge de travailler à
l’attention d’enfants de moins de 15 ans. Les ouvrières trop jeunes doivent retenir leur nouvelle identité par
cœur. Dans certaines usines, les trop jeunes doivent se cacher lors d’inspections ; dans d’autres, on leur dit de
ne pas venir au travail quand on connaît la date d’inspection, etc. (CD du 21.03.15).
* On continue à déplorer de l’évanouissement de nombreuses ouvrières dans leur usine (62, le 21 février ; une
soixantaine deux jours plus tard).
* Le 19 février, environ 3.000 ouvrières de l’usine britannique Quantum Clothing, à Phnom Penh, qui
touchaient déjà 128 $ par mois, se mettent en grève pour demander une augmentation de salaire. Le 25, deux
d’entre elles sont giflées par le personnel d’encadrement. Les autres ouvrières bloquent l’entrée de l’usine (CD
du 25.03.15).
* Le 10 mars, plus de 300 ouvrières manifestent devant leur usine Kui Xing, qui a fermé ses portes le 1er février,
après 12 ans de travail. Les manifestantes demandent leurs indemnités de licenciement et bloquent les entrées
de l’usine pour éviter que les machines ne soient emportées et installées dans une nouvelle usine (CD du
11.03.15).
*Après trois jours de grève, le 12 mars, la Socfin KCD, société française qui a reçu une concession de 4.062
hectares à Mondolkiri, accepte de réembaucher un ouvrier licencié, mais refuse d’augmenter les salaires
journaliers, ainsi que de diminuer les heures de travail de 10 à 8 comme le demandaient les grévistes (CD du
13.03.15).
* Le 11 mars, 10 des 22 employés de la seule radio indépendante « la Ruche » manifestent depuis 5 jours contre
la décision de Mâm Sonando qui a licencié des employés sans leur verser d’indemnités. Il finira par accepter de
payer les salaires, mais non les primes de départ (CD du 17.03.15).
Concessions-Déforestation
La LICADHO a récencé 10.625 conflits fonciers en 2014 (3.475 en 2013). Le ministère de
l’Aménagement du territoire s’inscrit en faux contre ce chiffre et accuse l’association d’avoir
compté deux fois les mêmes conflits. Cependant l’association persiste en présentant une liste très
précise (CD du 27.02.15).
* Selon la LICADHO, 272 sociétés sont propriétaires de 2,14 millions d’hectares, soit plus de la
moitié des terres arables du pays. Les propriétaires cambodgiens possèdent un peu moins de la
surface totale de ces concessions ; les sociétés chinoises possèdent environ 350.000 hectares, les
vietnamiennes à peu près autant ; les sociétés malaysiennes, singapouriennes, sud-coréennes et
thaïlandaises en possèdent entre 79.000 et 112.000 par nationalité. 834.000 hectares ont été plantés
en hévéas, soit 33% de l’ensemble des concessions. Loin derrière viennent les plantations de sucre,
d’arbres pour pâte à papier, de manioc et de palmiers à huile. (CD du 31.03.15).
* Le 23 février, Alex Gonzalex-Davidson, de l’ONG Mère Nature, dont le visa était expiré, est
expulsé du pays. Il manifestait depuis des années aux côtés des membres de l’ethnie Chong contre
le projet de barrage hydroélectrique de Chhay Areng dans les Cardamones, qui doit inonder 9.500
hectares de forêt primaire, mettre en danger une trentaine d’espèces animales, et déplacer 1.300
personnes. L’adjudication de ce barrage est accordée à Lao Men Kin, ministre des cultes, qui, avec
son épouse, possède l’une des plus grosses fortunes du pays. Le lendemain, le Premier ministre
menace de faire tirer des orgues de Staline sur les manifestants de la vallée de Chhay Areng. Il
repousse cependant la construction du barrage à 2018. Selon le CDCD (Conseil de Développement
du Cambodge), il y aurait entre 12 projets de barrage hydroélectriques en construction, sur 18, à
l’horizon 2020. Ils produiront 6.320 MW, soit deux fois plus les besoins du pays. Le barrage du
Chhay Areng ne représente que 108 MW, soit 1,7% du total (CD du 28 .02.15).
* Le 24 février, une centaine de villageois, représentant plus de 500 familles, manifestent devant la préfecture
de Sihanoukville pour demander l’appui du gouvernement dans deux conflits qui les opposent à la société
chinoise Yijéa (CD du 25.03.15).
* Le 9 mars, le ministre de l’Environnement reprend 9.000 hectares accordés en concession et les redonne aux
villageois qui les cultivaient précédemment. 14 autres sociétés sont en examen pour avoir déforesté au delà de
leur territoire (CD du 10.03.15).
* Le 10 mars, environ 70 villageois de Prek Préah Sdech, manifestent au nom de 600 familles contre leur
expulsion, sans compensation, des terres qu’elles occupent depuis 1979 (CD du 11.03.15).
* Le 16 mars, plus de 160 familles de O Chreuv (Bantéay Méan Chey) demandent la révocation de leur chef de
village qui a comploté avec un commerçant pour les déposséder de 835 hectares (CD du 16.03.15).
* Le 17 mars, une centaine villageois de Boeung Chhouk (Phnom Penh), se heurtent à une cinquantaine de
policiers et interdisent le travail de bulldozers venus combler un étang pour élargir une route qui détruira leurs
maisons. Ils demandent de discuter des compensations avant le début des travaux (CD du 18.03.15).
* Le 17 mars, environ 150 membres de l’ethnie Kouy de Préah Vihéar s’opposent à la police qui tentait de
récupérer deux bulldozers de la société chinoise Lang Feng saisis par les villageois en décembre dernier (CD du
18.03.15).
* En 2007, 163 familles avaient gagné un rare procès en leur faveur sur la possession de 9.982 hectares qui leur
avaient été attribués par la cour municipale de Phnom Penh, puis en appel en 2008, ainsi que devant la cour
suprême en 2011. Cependant, le 11 mars, deux jours avant le partage de ce terrain entre les familles concernées,
le ministère de l’Agriculture fait savoir que 11.701 hectares, dont ce terrain, ont été accordés en 2009 à la
société Kim Hap pour y construire des bâtiments officiels.... (CD du 13.03.15).
* Le 19 mars, environ une trentaine d’employés, encadrés par une centaine de policiers et militaires détruisent
62 maisons et expulsent environ 70 habitants de la plage de O Très (Sihanoukville). Selon ADHOC 149
familles vivaient sur 24 hectares depuis 1989, mais en 1997, un riche personnage proche du pouvoir a reçu 6
titres de propriété et accusé les villageois de squatter son terrain. « C’est une injustice manifeste », affirme le
représentant d’ADHOC (CD du 20.03.15).
* Le 31 mars, une trentaine de policiers et de militaires brûlent172 huttes construites par des membres de
l’ethnie Bunong à l’intérieur d’une concession de 5.100 hectares accordée à la société vietnamienne Binh Phuoc
1. Or en 2012 les autorités locales avaient formellement accordé ce terrain à ces 200 familles. Selon ADHOC, le
gouvernement a pris parti pour la société. Le 1er avril, environ 200 Bunong, armés de bâtons et de machettes,
avec 10 sacs de cailloux, empêchent 30 policiers et militaires de brûler 6 autres maisons (CD du 02.0415).
* Le 6 avril, environ 200 villageois de Chhuk (prov. de Kampot) font reculer les fonctionnaires et 5 policiers
venus les déloger d’un terrain qu’ils occupent depuis 2003 (CD du 07.04.15).
* La déforestation continue : Au début mars, 500 pièces de Sokrom sont saisies dans le Sanctuaire
de la vie sauvage de Lumphat (Ratanakiri). Pendant 5 jours, depuis 2 avril, et 400 militants de
quatre provinces (Soeung Treng, Préah Vihéar, Kompong Thom, Kratié) organisent des patrouilles
dans la forêt de Prey Long, qui couvre 650.000 hectares de forêts primaires, pour s’opposer à la
déforestation illégale. Ils saisissent au moins 12 tronçonneuses et 583 pièces de bois plus ou moins
précieux (CD du 06.04.15).
Santé
* En 2014, on déplore 98 accidents par explosion de mines, qui ont fait 157 victimes, dont 21
morts et 38 amputés, soit 40% de plus que lors de l’année précédente (CD du 07.04.15).
* Un trafic d’organes (reins) est démantelé et les auteurs condamnés.
Education
* Le 31 mars, le ministre de l’Education nationale annonce des visites impromptues dans les
différents collèges et écoles du Royaume pour supprimer la corruption, l’absentéisme des
professeurs, et vérifier la qualité de l’enseignement. Après avoir augmenté le salaire des
professeurs, il tient à encourager une meilleure conduite, une meilleure éthique et une meilleure
discipline (CD du 1er avril 2015). Une délégation a déjà fait une inspection dans le collège Heng
Samrin de Chamlak, et sérieusement sermonné le personnel enseignant.
* Dans un cadre de visites en Asie pour promouvoir le droit des femmes, Michèle Obama s’est rendue durant
deux jours à Siemréap, le 21mars, où son séjour a coûté 242.500 US$, uniquement en frais d’hôtel... de quoi
financer dix écoles maternelles de deux salles (CD du 1er avril 2015).
* Le mars, après avoir enquêté sur d’éventuels abus sexuels, la police ferme un orphelinat et école de
l’association Our Hope et arrête leur directeur. Ce dernier est l’ancien directeur de l’ONG Action Pour les
Enfants, qui a souvent porté des accusations mal fondées. Les différents responsables successifs, tant Français
que Khmers, s’accusent mutuellement de détournements de fonds, d’accusations mensongères pour motif de
revanche, si bien qu’il est difficile de distinguer le vrai du faux (CD du 06.03.15).
Droits de l’Homme
* A la fin de sa 28ème session à Genève, l’ONU nomme Rhona Smith comme nouveau rapporteur
spécial de l’ONU pour l’observation des droits de l’Homme au Cambodge, en remplacement de
Surya Subedi, arrivé au terme de son mandat. Le nouveau rapporteur est anglais, professeur en
droits de l’Homme à l’université de Northumbria (Angleterre) et professeur occasionnel à
l’université Pannasastra de Phnom Penh (CD du 31.03.15).
Justice
* Le 23 février, Le Premier ministre ordonne aux services compétents de choisir 40 femmes
enceintes ou avec un jeune enfant, en vue de leur libération avant le Nouvel an khmer (13 avril). Il
y aurait 20 femmes enceintes et 40 autres incarcérées avec enfant dans les 28 prisons
cambodgiennes (CD du 27.2.15).
* Les oligarques russes continuent leurs sombres magouilles financières, se lancent dans des attaques en règle
les uns contre les autres, ou portent plainte mutuellement pour détournement d’argent devant les tribunaux
cambodgiens. Plusieurs sont arrêtés par la police cambodgienne. Le directeur de la police nationale de
Sihanoukville est muté pour incompétence dans la gestion de la sécurité (CD du 07.04.15).
* Comme il arrive relativement souvent, le 18 mars, une foule de 200 personnes lynche un ouvrier
accusé d’avoir volé un téléphone portable et une sacoche. La veille, une vingtaine d’ouvriers du
bâtiment de Mondolkiri lynchent un de leur compagnon accusé de viol de la femme d’un d’entre
eux. Un membre de l’ethnie Djarai doit fuir son village, accusé d’avoir provoqué la mort de
plusieurs personnes par des pratiques de sorcellerie, etc. (CD du 07.04.15).
Education nationale
* Selon les chiffres du ministère du Plan, en 2013, 79,4% des Cambodgiens âgés de plus de 15 ans
sauraient lire. Une campagne vise à porter ce pourcentage à 84,4% à la fin de l’année et emploie
92,135 personnes qui enseignent en 3,685 classes (CD du 03.03.15).
Divers
* Le 29 mars, la police de Kampot tente de mener un raid et de saisir 29 motos de spectateurs de combat de
coqs. Elle doit battre en retraite devant une centaine de paysans armés de machettes et de bâtons (CD du
31.03.15).
* Le ministère cambodgien des Affaires étrangères tente l’impossible pour rapatrier 6 de ses ressortissants
d’ethnie chame, en études musulmane au Yémen. Six d’entre eux seraient désormais en Arabie Séoudite. On
ignore cependant le nombre exact de Cambodgiens qui étudient dans ce pays (CD du 07.04.15).
Phnom Penh
* L’an dernier, la municipalité de Phnom Penh dénombrait 503 bidons-villes sur son territoire. Qui
hébergeraient 24.000 familles, soit 140.000 personnes. Selon un rapport de la World Vision et de
NGO Forum, en date du 7 avril, ces « communautés » n’ont aucun titre de propriété, ce qui les
exclut de la vie économique et les plonge dans la misère (CD du 08.04.15).
HUN SEN’S CAMBODIA, par Sebastian Strangio, 322 pp., Silkworm Books, Bangkok 2013.
Très bien documenté, ce livre est sans conteste la meilleure analyse du régime actuel du
Cambodge. Il balaye les différents volets du développement exponentiel du pays et démonte les
mécanismes d’un système qui dépossède le pays de toutes ses richesses au profit d’un petit nombre
de personnes proches du pouvoir. Lecture INDISPENSABLE par tous les décideurs
internationaux et les amoureux du Cambodge.