comment les revenus et les prix influencent-ils les - SES
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COMMENT LES REVENUS ET LES PRIX INFLUENCENT-ILS LES CHOIX DES CONSOMMATEURS ? – FICHE PROFESSEUR – Plan du chapitre : I. SENSIBILISATION : COMMENT SE DÉTERMINE LE MONTANT DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES ? A. Comment dépenser son revenu ? B. Comment les évolutions du pouvoir d'achat influencent-elles la consommation ? II. APPROFONDISSEMENT : POURQUOI TOUS LES MÉNAGES NE RÉAGISSENT-ILS PAS DE LA MÊME MANIÈRE AUX ÉVOLUTIONS DES PRIX ET DES REVENUS ? A. Tous les ménages consomment-ils de la même façon ? B. Comment le revenu influence-t-il la consommation et l'épargne ? C. Quels effets les prix ont-ils sur la consommation ? Notions à maîtriser : Revenu disponible, consommation, épargne, pouvoir d'achat I. SENSIBILISATION : COMMENT CONSOMMATION DES MÉNAGES ? SE DÉTERMINE LE MONTANT DE LA A. Comment dépenser son revenu ? Dispositif pédagogique : Commencer par constituer des groupes de trois, et réorganiser la classe en conséquence. Chaque membre du groupe se voit assigner un document à étudier. Puis les élèves doivent mettre en commun les éléments étudiés pour répondre à la question générale (par exemple, sur un transparent : il sera alors possible de demander au rapporteur du groupe de présenter son transparent à l'ensemble de la classe). Pour motiver les élèves, leur préciser dès le début qu'ils ne peuvent pas répondre tout seuls à la question générale : chaque membre du groupe détient une petite partie de la réponse, et ils doivent collaborer pour construire la réponse la plus complète possible. Document 1 : À la découverte du revenu disponible des ménages Voici la composition des revenus et prélèvements obligatoires directrice des ressources humaines dans une grande de quatre ménages : entreprise, gagne environ 5 000 € brut par moi et paie 1 500 € Ménage n°1 : Manuel et Sarah, trois enfants : Sarah est de cotisations sociales. Ils possèdent un terrain dans caissière dans une petite boutique et gagne 750 € net par l'Aveyron qu'ils louent à un agriculteur (1 100 € par mois). Ils mois. Pas de chance pour Manuel qui travaillait dans les ont fait des placements financiers qui leur rapportent un cassettes audio : l'arrivée des MP3 lui a fait perdre son poste ! revenu de 450 € par mois. Ils perçoivent également des Depuis un an, il perçoit une allocation-chômage de 500 € nets allocations familiales (113 € par mois). Ils paient 1 100 € par mois. L'aîné des enfants, au collège, perçoit une bourse d'impôt sur le revenu par mois. d'études mensuelle de 80 €. Le ménage reçoit aussi des Ménage n°3 : Élise, 3 enfants. Élise est technicienne de allocations familiales (288 € par mois) et il est dispensé surface dans un supermarché. Elle gagne 650 € net par mois. d'impôt sur le revenu. Tous les mois, elle reçoit 360 € d'allocation parent isolé et Ménage n°2 : Abdel et Clémence, deux enfants : Abdel, 288 € d'allocations familiales. Elle est dispensée de payer journaliste, perçoit un salaire de 3 000 € brut par mois, auquel l'impôt sur le revenu. il faut retrancher 800 € de cotisations sociales. Clémence, Source : d'après manuel de SES Belin, 2010. 1. Quelle somme peuvent dépenser chaque mois ces différents ménages ? Ménage n°1 : Salaire net Sarah + allocation-chômage Manuel + bourse d'études + allocations familiales 750 + 500 + 80 + 288 = 1618 € Ménage n°2 : (Salaire brut Abdel - cotisations sociales Abdel) + (salaire brut Clémence - cotisations sociales Clémence) + loyer perçu + revenus du patrimoine + allocations familiales – impôt sur le revenu (3000 – 800) + (5000 – 1500) + 1100 + 450 + 113 – 1100 = 6263 € Ménage n°3 : Salaire net Élise + Allocation parent isolé + allocations familiales 650 + 360 + 288 = 1298 €. Document 2 : Les choix de consommation en fonction des ressources (par personne et par mois) en 2009 Source : Régis Bigot, « Les classes moyennes sous pression », Consommation et modes de vie, Crédoc, n°219, mars 2009. 2. Faites une phrase (sujet – verbe – complément) permettant de comprendre la signification des trois données entourées. Plus les personnes ont un revenu important et plus elles disposent d'une marge de manœuvre importante pour dépenser leurs ressources comme ils l'entendent. Ainsi, les 10 % de personnes les plus pauvres, dont les ressources s'élèvent à 625 € en moyenne, dépensent 545 €, soit 87 % de leur budget, pour payer les dépenses contraintes ou incontournables, pour lesquelles elles n'ont pas vraiment le choix. Au contraire, les 10 % de personnes qui ont les revenus les plus élevés ont un revenu mensuel après impôts de 4 213 € en moyenne, dont 2 738 € sont utilisés pour payer les dépenses contraintes et incontournables (soit seulement 65 % de leur budget). Le budget médian est celui qui partage la population en deux parties égales : la moitié des personnes gagnent moins de 1 467 € après impôts, et l'autre moitié gagne plus de cette somme. Document 3 : Les inégalités des Français face à l'épargne et au patrimoine Le rapport sur l'évolution du patrimoine des ménages entre Si le patrimoine des français a augmenté, sa répartition est 1997 et 2007 montre que la résidence principale constitue aussi devenue de plus en plus inégalitaire. Fin 2003, 10 % des l'essentiel du patrimoine des ménages français. L'épargne Français les plus riches possédaient à eux seuls près de la financière quant à elle est d'abord orientée vers l'épargne moitié du patrimoine total des ménages. Dans le même réglementée [livrets d’épargne réglementés par l'État, qui temps, le patrimoine de la moitié des ménages les plus définit notamment le taux d'intérêt] : 80 % des Français modestes représentait moins de 10 % du patrimoine total. possèdent un livret A ou un produit similaire. À l'opposé, ils Tandis que les ménages les plus modestes épargnent moins de ne sont que 20 % à acheter des actions. Ce sont les ménages 5 % de leurs revenus annuels, ceux qui ont les revenus le plus les plus aisés qui investissent dans ce produit d'épargne. élevés ont un taux d'épargne dépassant les 30 à 35 %. Source : Martine Orange, « Les inégalités patrimoniales se sont creusées en dix ans », Médiapart, 4 mars 2009. 3. Quelles différences peut-on établir entre les comportements d’épargne des différents milieux sociaux ? Les ménages qui ont les revenus les plus élevés sont aussi ceux qui épargnent le plus : chaque année, ils mettent de côté 30 à 35 % de leurs revenus, contre moins de 5 % pour les ménages les plus modestes. Les ménages n'épargnent pas de la même façon : si les produits d'épargne dont le taux d'intérêt est fixé par l'État, comme le livret A, sont très répandus (un français sur cinq en possède un), les placements financiers les plus rémunérateurs, comme les actions, sont essentiellement détenus par les ménages les plus riches. La conséquence de cette accumulation de flux d'épargne sur plusieurs années, c'est que les ménages qui ont les revenus les plus élevés sont aussi ceux qui disposent du patrimoine le plus élevé. Les inégalités de détention du patrimoine sont particulièrement importantes : la moitié du patrimoine total des Français est détenue par seulement 10 % d'entre eux. Travail à faire : répondez d'abord individuellement aux questions sur les documents (Cf. encadré). Puis, par groupe de 3, rédiger une réponse de l'ordre d'une dizaine de lignes à la question suivante : Les revenus des consommateurs sont-ils suffisants pour satisfaire leurs besoins ? Trace écrite : Les ménages, qui sont l'ensemble des individus vivant dans un même foyer, utilisent des biens et des services pour satisfaire directement leurs besoins : c'est la consommation. Une partie des biens et services consommés doit être achetée, grâce à leurs revenus. En France, une personne sur deux vit avec moins de 1 467 € par mois, une fois payés les impôts directs : c'est le revenu disponible médian. La somme dépensée pour la consommation peut-être plus ou moins contrainte par le budget dont on dispose . L’individu médian dispose de 1 467 € par mois de ressources après avoir payé ses impôts directs ; une fois payé les dépenses contraintes (logement, eau, gaz, électricité, frais d’assurance, téléphone…), ainsi que les sommes incontournables consacrées à l’alimentation, au transport, à la santé et à l’éducation, il lui reste 294 € par mois pour ses loisirs, ses vacances, ses dépenses d’habillement et son épargne. L'épargne est la partie du revenu qui n'est pas consommée. Les ménages qui ont les revenus les plus élevés peuvent épargner davantage que les autres : chaque année les 10 % des Français qui perçoivent les plus gros revenus peuvent mettre de côté plus d'un tiers de ce qu'ils ont gagné, une fois payé les impôts directs. En comparaison, les 10 % des Français qui ont les revenus les plus faibles dépensent pratiquement tout en consommation : leur taux d'épargne est inférieur à 5 %. En s'accumulant, les flux de revenus mis en réserve sous forme d'épargne accroissent le stock de biens possédés par l'individu ou le ménage, c'est-à-dire son patrimoine. Ce patrimoine est constitué essentiellement par la résidence principale, mais il peut aussi rapporter des revenus de la propriété (dividendes versés par les sociétés, intérêts et loyers des terrains), qui sont d'autant plus élevés que l'individu dispose d'un gros revenu. Au contraire, les individus les plus modestes ne disposent pas d'un revenu suffisant pour faire face à leurs dépenses. Ils sont alors aidés par l'État et la sécurité sociale, qui leur versent des revenus de transferts (allocations chômage, allocations familiales, pensions de retraites....) Le revenu disponible est constitué par l'ensemble des ressources perçues par l'individu ou le ménage, y compris les revenus de transfert versés par l'État ou la Sécurité sociale, auxquelles on retranche les impôts directs et les cotisations sociales que lui et son employeur ont versé pour financer la Sécurité sociale. Une partie de ce revenu sera utilisée pour la consommation. Le reste sera épargné. B. Comment les évolutions du pouvoir d'achat influencent-elles la consommation ? Document 4 : Salaire horaire net dans quelques grandes villes (en €) Ville Salaire horaire net Document 5 : Temps de travail nécessaire à l'achat de... Ville 1 Big Mac, 1 iPod nano 8Go, minutes heures Genève 15,6 Genève 17 10 New York 14,5 New York 14 9 Copenhague 13,5 Copenhague 17 11 Paris 10,2 Paris 20 15 Montréal 9,8 Montréal 15 10,5 Madrid 9,1 Madrid 27 15,5 Caracas 3,7 Caracas 126 97 Rīga 3,3 Rīga 42 51 Pékin 2 Pékin 44 73 Kiev 1,8 Méthodologie : Rémunération effective dans 14 professions, compte tenu du temps de travail, des jours fériés et des vacances. Pondération selon la représentativité des professions Kiev 45 82 Méthodologie : prix du produit divisé par le salaire horaire net pondéré de 14 professions Source : d'après UBS, Prix et salaires. Une comparaison du pouvoir d'achat dans le monde, édition 2009, tableau p. 11. Source : d'après UBS, Prix et salaires. Une comparaison du pouvoir d'achat dans le monde, édition 2009, tableau p. 27. Travail à faire : Quel paradoxe la comparaison de ces deux documents met-elle en évidence ? Formulez ce paradoxe avec vos propres mots. Un salaire moyen plus élevé ne permet pas toujours de consommer davantage. Par exemple, le salaire horaire est plus élevé à Caracas qu'à Rīga (3,7 € de l'heure en moyenne, contre 3,3 € de l'heure). Cependant, les habitants de la capitale lettone devront travailler 51 heure en moyenne pour gagner de quoi acheter un iPod nano, contre 97 heures dans la capitale vénézuélienne. À Caracas, le prix d'un iPod nano est de 3,7 ⋅ 97 = 358,90 €, contre seulement 3,3 ⋅ 51 = 168,30 € à Rīga. Trace écrite : Le pouvoir d'achat d'un individu ou d'un ménage est la quantité de biens et de services qu'il peut acheter avec son revenu disponible. Son évolution est liée à celles des revenus et des prix. Si les prix augmentent dans un environnement où le revenu disponible reste constant, le pouvoir d'achat diminue alors que si la hausse du revenu est supérieure à celle des prix, le pouvoir d'achat augmente. Schéma de synthèse : Remplissez le schéma avec les expressions suivantes : Consommation – Revenu disponible – Revenus de transfert – Revenus du travail – Prix Emprunts Crédit Remboursements Revenus du travail Impôts directs, cotisations sociales Prix Revenus de la propriété Revenus primaires Revenu disponible Revenus mixtes Revenus de transfert Consommation Pouvoir d'achat Épargne II. APPROFONDISSEMENT : POURQUOI TOUS LES MÉNAGES NE RÉAGISSENT-ILS PAS DE LA MÊME MANIÈRE AUX ÉVOLUTIONS DES PRIX ET DES REVENUS ? A. Tous les ménages consomment-ils de la même façon ? Dispositif pédagogique : Les élèves ont à préparer la question suivante à la maison. L'enseignant sépare le tableau en trois partie (Affirmation – Explications – Illustrations). Un élève est invité à lire sa réponse et l'enseignant note au fur et à mesure dans la partie correspondante, en corrigeant les éventuelles erreurs (certaines parties peuvent rester vide, notamment la partie « explications »). Le reste de la classe est alors invité à compléter la réponse. La synthèse ainsi réalisée tiendra lieu de trace écrite. Document 5 : Evolution de la consommation des ménages (en %) Postes budgétaires 1960 2007 Alimentation 38 25 Logement 16 19 Transports 11 18 Habillement 14 9 Santé 2 4 Loisirs, culture et communication 10 16 Autres 9 9 100 100 Total Source : Insee, La consommation des ménages depuis 50 ans. Document 6 : Structure des dépenses selon le niveau de vie (en %, en 2006) Quintiles de niveau de vie (*) De 0 à De 10 690 à De 14 453 à De 18 428 à Plus de 10 689 euros 14 452 euros 18 427 euros 25 044 euros 25 044 euros Ensemble Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 17,7 16,9 16,2 15,3 13,3 15,5 Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants 3,1 2,9 2,8 2,4 2,2 2,6 Articles d'habillement et chaussures 7,4 7,1 7,5 8,1 8,3 7,8 Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles 24,8 19,6 16,7 14,3 11,9 16,2 Ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison 5,6 6,3 6,8 7,4 8,7 7,3 Services médicaux et de santé 3,0 4,1 3,4 3,4 3,8 3,6 Transports 11,1 15,1 16,3 16,7 16,9 15,7 Communications 4,4 3,8 3,8 3,7 3,0 3,6 Loisirs et culture 6,7 7,4 8,4 9,4 11,0 9,0 Enseignement 0,7 0,6 0,6 0,7 0,8 0,7 Hôtels, restaurants, cafés 3,6 4,5 4,9 5,9 7,1 5,6 Autres biens et services 11,9 11,5 12,5 12,5 12,9 12,4 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Dépense totale (1) (2) (1) Notamment : biens et services de soins personnels, bijouterie et maroquinerie, dépenses relatives aux gardes d'enfants hors du domicile, assurances et services financiers, divers autres services (services juridiques, cotisation à des associations...). (2) La dépense totale s'entend ici hors impôts, gros travaux, remboursements de prêts et prélèvements effectués par l'employeur, transferts financiers entre ménages. (*) : Les quintiles de niveau de vie sont les valeurs-seuils qui, lorsque l'on ordonne la population selon les valeurs de niveau de vie, la partitionnent en 5 souspopulations de tailles égales. Par exemple, 20 % des individus disposent d'un niveau de vie inférieur à 10689 euros. Champ : France métropolitaine. Source : Insee, enquête budget de famille 2006. Travail à faire : Rédigez un paragraphe de l'ordre d'une dizaine de lignes à la question « tous les ménages consomment-ils de la même façon ? » Vous organiserez votre réponse sous la forme d'une séquence argumentative : une affirmation, des explications et une ou plusieurs illustrations. Trace écrite : Affirmation La structure de la consommation évolue au fil du temps. Explications Illustrations La société française de 2007 est plus riche que celle de 1960. En 1960, les français consacraient un dixième de leurs Cela permet d'augmenter le montant des dépenses consacrées dépenses de consommation aux loisir, à la culture et à la aux loisir ou à la santé. communication, contre 16 % en 2007. Le montant des dépenses consacrées à l'alimentation ne diminue pas forcément : bien que les rendements agricoles aient augmenté, ce qui peut rendre certains fruits et légumes plus abordables, les changements des modes de vie entraînent une plus grande consommation d'aliments transformés par l'industrie agroalimentaire, qui sont plus chers. Par contre, la dépense consacrée à l'alimentation a augmenté moins vite que le revenu disponible. En un demi-siècle, la part de la dépense de consommation des ménages consacrée à l'alimentation a diminué de 13 points, passant de 38 % à 25 %. À la fin du XIXe siècle, le statisticien allemand Ernst Engel a énoncé une série de « lois » rendant compte de cette constatation : lorsque le revenu augmente, la part des dépenses consacrées à l'alimentation diminue. Ce constat est aussi valable dans d'autres domaines, comme l'habillement. Par contre, la hausse des loyers, et l'étalement urbain qui en Entre 1960 et 2007, la part de la dépense de consommation résulte, ont conduit les ménages à s'éloigner de leur lieu de des ménages consacré aux transports est passée de 11 % à 18 travail, ce qui augmente leurs frais de transport. %. Cela correspond à une augmentation de près de 64 % 11−7 63,6 = = 63,6 % ). ( 7 100 Affirmation La structure de la consommation dépend des revenus. Explications Illustrations D'après Engel, il existe une hiérarchie des besoins : les individus commencent par satisfaire leurs besoins de base, puis passent à d'autres types de consommations si leur revenus le leur permettent. Ainsi, les individus qui ont le niveau de vie (c'est à dire le revenu disponible par personne, corrigé de la taille et de la composition du ménage) le plus élevé voient leurs besoins alimentaires arriver à saturation, et consacrent leur surplus à d'autres postes. Les 20 % des individus qui ont le niveau de vie le plus élevé ne consacrent que 13,3 % de leur dépense de consommation à l'alimentation et aux boissons non alcoolisées, soit 2,2 points de moins que la moyenne (15,5 %). De même, ils ne consacrent que 11,9 % de leur dépense de consommation au logement, contre près d'un quart pour les 20 % des individus qui ont un niveau de vie inférieur à 10 689 € par an., durement touchés par la hausse du prix de l'immobilier. Par contre, ils dépensent plus pour la culture, et vont davantage au restaurant : la part de leur dépense de consommation effectuée dans les hôtels, cafés et restaurant est deux fois plus élevée que celle des ménages les plus pauvres (7,1 % contre 3,6 %) Mais la saturation n'est jamais totale : à l'intérieur de chaque grand poste de consommation, l'augmentation du niveau de vie se traduit par des transformations qualitatives de la consommation. Par exemple, dans le domaine du transport, on n'effectue pas les mêmes types de trajet selon qu'on est riche ou qu'on est pauvre. Les dépenses de transport du cinquième des Français disposant du niveau le vie le plus élevé sont supérieures de 1,2 points à la moyenne (16,9 % contre 15,7 %), alors même qu'ils ont les moyens d'habiter près de leur lieu de travail. Le développement du tourisme vers des destinations plus lointaines contribue certainement à cette augmentation. B. Comment le revenu influence-t-il la consommation et l'épargne ? Document 7 : Pourquoi les Français épargnent-ils autant ? Au 3ème trimestre 2009, le taux d'épargne des ménages a atteint des sommets (17 % des revenus). Son niveau le plus élevé depuis 2002, une particularité très française, par comparaison avec la grande-Bretagne (environ 4 %) ou le Canada (2 %). Les explications de David Thesmar, 37 ans, économiste français, membre du Conseil d'analyse économique (CAE) et professeur à HEC. […] Pourquoi le taux d'épargne des Français a-t-il encore augmenté en 2009 ? D'abord à cause de la crise économique ! C'est ce que l'on appelle l'épargne de précaution ou l’instinct de survie... Quand vous sentez que le chômage vous pend au nez, vous avez tendance à vous constituer un petit matelas, pour y faire face au cas où. […] Les Français ont aussi profité d'une augmentation de leur pouvoir d'achat pour remplir leur bas de laine. Oui. Cette année l'État a distribué des revenus supplémentaires (aides et transferts sociaux), via le dispositif Scellier1 ou la prime à la casse 2. Ce surplus a été stocké en partie. D'autres facteurs ont joué. L'épargne a été particulièrement rémunératrice. En début d'année, […] les Français ont bénéficié de taux d'intérêt sans risques très élevés (dépôts à terme). Enfin, […] quand l'État s'endette beaucoup, les gens anticipent une augmentation d'impôt future et s'y préparent. La dette explose, les Français ont conscience qu'il faudra un jour payer la facture. Source : Propos recueillis par Nolwenn Le Blevennec, Le Journal du Dimanche, 2 janvier 2010. 1 : Dispositif Scellier : réduction d'impôt sur le revenu accordée aux acquéreurs d'un logement entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2012. 2 : Prime à la casse : aide à l'achat d'un véhicule neuf, accompagné de la mise à la casse d'un véhicule de plus de dix ans. Ce dispositif a été mis en place fin 2007, jusqu'en 2012. Travail à faire : Par groupe de trois, réaliser un schéma résumant les différentes causes de l'épargne des ménages. Crise économique, ä chômage ä déficit public, ä dette publique ä épargne de précaution Anticipation de ä d'impôts futures ä Épargne ä dépenses publiques : Aides, transferts sociaux (soutien à la croissance) ä revenu disponible Taux d'intérêts élevés Forte rémunération de l'épargne C. Quels effets les prix ont-ils sur la consommation ? Document 8 : Une demande élastique : le tabac Document 9 : Le cas français : un impossible ajustement à la baisse de la consommation de carburant Lors de la forte hausse du prix du pétrole de l'été 2000, les populations des pays européens sont descendues dans les rues. Les camionneurs ont bloqué les routes et les entrées des raffineries. La protestation politique a été massive. On aurait pu penser que les Américains, qui dépendaient plus du pétrole que les Européens (ils utilisent plus de carburant par tête d'habitant) allaient protester encore plus fort, d'autant que le pourcentage de hausse en Europe était sensiblement plus faible […]. Le fait que cela ne se soit pas produit doit attirer notre attention sur un point très important : les conséquences d'une hausse massive d'un prix ne dépendent pas seulement de ma consommation du bien concerné mais aussi de la capacité des consommateurs d'absorber cette hausse. Les Européens avaient déjà poussé au maximum les économies de carburant, en raison du niveau beaucoup plus élevé du prix de l'essence par rapport aux États-Unis. Il était donc difficile de faire des économies supplémentaires dans ce domaine. Pour les consommateurs, le coût d'un accroissement supplémentaire des prix est vraisemblablement bien plus élevé quand les individus ne peuvent plus faire des économies sur leur consommation d'essence. Source : Paul Krugman, Robin Wells, Microéconomie, De Boeck Université, 2ème édition, 2009. Questions sur les documents : 1. Quelle relation peut-on établir entre le prix moyen d'un paquet de cigarettes et la consommation annuelle de tabac ? (doc. 8) Affirmation : Lorsque le prix du paquet de cigarettes augmente, la consommation diminue. Explication : En effet, si l’augmentation du prix est suffisamment forte, les consommateurs sont contraints dans leur budget et doivent réduire leur consommation de cigarettes (ou se reporter sur des produits substituables, comme le tabac à rouler). Illustration : Par exemple, en 2007, l'indice du prix du tabac, base 100 en 1970 est proche de 220 : entre 1970 et 2007, le prix du tabac a été multiplié par 2,2. dans le même temps, la consommation de tabac est passée de 6,5 grammes à 2,5 grammes, soit -61,5 %. (Note : le document a été étudié à la suite d'une augmentation de 6 % du prix du tabac obtenue par les cigarettiers, soit environ 30 cents de plus par paquet. C'est l'occasion de rappeler que le tabac est un produit particulièrement addictif, et qu'une faible augmentation de son prix n'a aucun effet sur sa consommation – mais permet d'augmenter les profits des fabricants). 2. Expliquez la phrase soulignée (doc 9) La demande de carburants est d'autant plus sensible aux prix que les consommateurs peuvent réduire leur consommation d'essence. Ainsi, les ménages pourront réduire l'effet sur leur budget de l'augmentation des prix en réduisant leur consommation. Au contraire, lorsqu'ils ont déjà réduit au maximum leur consommation d'essence, ils n'ont d'autre choix que de subir de plein fouet l'augmentation du prix des carburants. Trace écrite : Pour la plupart des biens, une variation du prix se traduit par une variation en sens inverse de la demande : un individu qui aime particulièrement la pâte à tartiner au cacao et aux noisettes (et qui n'a pas peur de grossir !) en consommera sans doute des quantités plus importantes s'il peut se la procurer à moindre coût. On appelle élasticité-prix de la demande la sensibilité de la demande d'un produit à la variation des prix. Mais tous les produits n'ont pas la même sensibilité à la variation des prix : en Europe, contrairement aux États-Unis, le niveau élevé des taxes sur l'essence a incité les consommateurs à économiser le carburant. Lorsque les prix augmentent, ils ne peuvent pas diminuer davantage leur consommation. Lorsqu'une augmentation des prix se traduit par une forte variation des quantités demandées, on dit que la demande est fortement élastique. Inversement, elle sera dite inélastique si elle ne réagit pratiquement pas aux variations du prix. De même, une faible variation des prix n'a pas nécessairement le même effet qu'une variation importante : le tabac est un produit particulièrement addictif, et une faible augmentation de son prix n'a aucun effet sur la demande des consommateurs. L'élasticité n'est pas non plus nécessairement la même pour une hausse ou une baisse des prix. Le concept d'élasticité ne peut donc pas être utilisé de façon mécanique. Travail à faire : Répondez individuellement aux questions sur les documents 8 et 9, puis, par groupe de trois, rédigez une petite saynète mettant en scène un débat télévisé sur le thème : « Faut-il augmenter les prix pour sauver la planète ? » Chaque groupe sera composé : – d'un modérateur qui introduit le débat en expliquant la problématique (c'est à dire quel lien existe-t-il entre l'augmentation des prix et le fait de sauver la planète ?) – d'un partisan de l'augmentation des prix, qui devra montrer à partir d'un raisonnement argumenté que celle-ci conduit à réduire la consommation, – et d'un adversaire de l'augmentation des prix, qui devra expliquer à partir d'un raisonnement argumenté pourquoi certaines consommations sont peu sensibles aux variations des prix. Un groupe tiré au hasard viendra présenter son travail devant la classe.