Tamoxifène versus inhibiteurs de l`aromatase
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Tamoxifène versus inhibiteurs de l`aromatase
Tamoxifène versus inhibiteurs de l’aromatase : quels bénéfices pour quelle tolérance ? Comparison of tamoxifen and aromatase inhibitors: which benefit for which tolerance? Dossier D ossier A. Lesur*, P. Khalifa** C inq ans après la publication des premiers résultats de l’essai ATAC comparant l’anastrozole (antiaromatase non stéroïdien de troisième génération) au tamoxifène, une certitude s’est imposée : quel que soit le cas de figure exploré (d’emblée, après deux ou trois ans de tamoxifène, ou après cinq ans) les inhibiteurs de l’aromatase (IA) donnent des résultats supérieurs, au prix d’effets secondaires graves moindres. Même si les recommandations de Saint-Gallen (1) posent la question de la place restante du tamoxifène, et même si au cours du temps, au quotidien, les effets secondaires des IA se révèlent plus importants que prévu, les prescriptions incluent ceux-ci dans tous les schémas d’hormonothérapie adjuvante. En 2007, quels résultats pour quelles études ? Le XXIe siècle s’illustre comme étant l’ère de l’Evidence-Based Medicine (EBM) avec des essais de taille importante randomisés et de méthodologie validée. Chaque situation thérapeutique possède son essai et, depuis 2002, date de la première parution des résultats de l’essai ATAC, les actualisations se succèdent confirmant les données initiales d’une supériorité des IA sur le tamoxifène, mise en évidence par une différence absolue de 2 à 3 % entre les deux thérapeutiques, ne se traduisant pas encore par une amélioration de la survie globale. Dans toutes les études, les patientes sont encore en traitement ou viennent juste de l’arrêter et il est trop tôt pour dire si le bénéfice obtenu se maintiendra, comme pour le tamoxifène, au-delà de la durée de prise du traitement. Prescription initiale d’hormonothérapie adjuvante Deux essais concordants – ATAC et BIG 98 – ont inclus chacun un nombre important de patientes à travers le monde dans une méthodologie prospective randomisée en double aveugle. L’essai ATAC a comparé en traitement adjuvant le tamoxifène, l’anastrozole et l’association des deux, incluant 9 366 femmes provenant de 381 centres répartis dans 21 pays (2, 3). Plus de la moitié d’entre elles présentaient une tumeur inférieure à 2 cm, sans atteinte ganglionnaire. Les récepteurs hormonaux n’étaient positifs que dans 83 %. La première analyse à 33 mois a mis en évidence l’absence de supériorité de l’association anastrozole-tamoxifène par rapport au tamoxifène seul et seuls les bras tamoxifène et anastrozole ont fait l’objet d’actualisation ultérieure (soit 6 200 femmes). * Centre Alexis-Vautrin, avenue de Bourgogne-Brabois, 54511 Vandœuvre-les-Nancy. ** 79, avenue de Breteuil, 75015 Paris. La Lettre du Gynécologue - n° 325 - octobre 2007 Une actualisation en janvier 2005 avec une médiane de survie de 68 mois a permis de confirmer le bénéfice du bras anastrozole : une survie sans récidive de 85 % pour les IA contre 81,7 % pour le tamoxifène a été observée correspondant à une réduction absolue de 3,3 %. Le profil de tolérance était plutôt favorable à court terme à l’anastrozole, avec un peu moins de bouffées de chaleur et moins de pertes vaginales. Cinq cancers de l’endomètre étaient survenus sous anastrozole contre 17 sous tamoxifène. On notait également moins d’accidents thromboemboliques (87 contre 140 soit 2,8 % contre 4,5 %). En revanche, il y avait plus d’arthralgies (1 100 contre 911 ; p < 0,0001) et une tendance non significative à l’augmentation d’accidents cardiovasculaires ischémiques sous anastrozole (127 contre 104 ; 4,1 % contre 3,4 %). En ce qui concerne les fractures, on retrouve les mêmes données que celles rapportées en phase métastatique, avec une différence hautement significative entre les deux bras (340 contre 237 ; HR : 1,49 IC95 : 1,25-1,77 ; p < 0,0001). Étude BIG : en mars 1998 et en septembre 1999, deux essais ont été mis en place par le Breast International Group (BIG). Le premier comparait cinq ans de létrozole à cinq ans de tamoxifène, sur le même schéma que l’essai précédent. Le second comparait dans un même essai quatre bras : cinq ans de létrozole à cinq ans de tamoxifène ; la séquence de deux ans de tamoxifène suivie de trois ans de létrozole et la séquence inverse : deux ans de létrozole suivie de trois ans de tamoxifène. L’analyse groupée des deux essais a été réalisée pour les patientes des bras tamoxifène et létrozole, ainsi que pour les patientes des bras séquentiels en ne tenant compte que de la période de traitement initial avant le switch. Au total, 8 010 patientes avaient été incluses dans les deux essais ; 779 rechutes (351 contre 428) avaient été observées au moment de l’analyse présentée à Saint-Gallen en janvier 2005 (4). Le suivi médian était de 25,8 mois. Toutes les patientes avaient au moins un des deux récepteurs hormonaux positifs et 63 % avaient les deux récepteurs positifs. Vingt pour cent étaient RE + RP-. Les traitements par létrozole entraînaient une augmentation significative de la survie sans rechute, locale et à distance (HR : 0,81 ; IC95 : 0,70-0,93 ; p = 0,003). En février 2007 (5), l’actualisation du suivi à 51 mois (ne concernant que les deux bras sans switch, soit 4 922 femmes) a été publiée avec 352 événements sous létrozole et 418 sous tamoxifène. Cela correspond à une réduction du risque de 18 % (HR : 0,82, IC95 : 0,71-0,95 ; p = 0,007). La différence, en faveur du létrozole, est observée aussi bien au niveau de la récidive locale qu’à distance, qu’au niveau de la survenue d’un cancer 29 Dossier D ossier controlatéral (14 sous létrozole contre 26 sous tamoxifène). À noter qu’il existe plus de décès en l’absence d’événements cancérologiques dans le bras létrozole, 60 contre 48, sans que ce soit significatif. Il n’y a pas non plus de différence significative au niveau de la survie globale. En ce qui concerne les effets secondaires, ils étaient superposables à ceux précédemment décrits dans une première actualisation et les constatations sont du même ordre que celles de l’essai ATAC (moins de thrombophlébites et d’événements gynécologiques et davantage de fractures et de myalgies). Figure 1. Étude ATAC. Prescription séquentielle : tamoxifène puis IA Il n’existe pas actuellement de résultat concernant une randomisation initiale entre un bras antiaromatase et un bras tamoxifène puis antiaromatase (prévu dans l’option à quatre bras de l’essai BIG et dans l’essai TEAM). Un certain nombre d’essais ont comparé, après deux ans de prise de tamoxifène, un bras séquentiel avec un IA au bras tamoxifène poursuivi pendant cinq ans. L’essai IES (Intergroup Exemestane Study) a inclus 4 742 patientes et a été actualisé une première fois à 36 mois puis en février 2007 à 55,7 mois (6). Les résultats portent sur 4 724 patientes évaluables, randomisées dans 37 pays et 366 établissements, entre 1998 et 2003. Huit cent neuf événements sont alors rapportés : 354 dans le bras avec IA et 455 dans le bras tamoxifène avec un hasard ratio de 0,76 (IC95 : 0,66-0,88 ; p = 0,0001) en faveur de l’exémestane. Le bénéfice absolu est de 3,3 %. Enfin, 222 décès sont rapportés dans le groupe exémestane comparés à 261 dans le groupe tamoxifène (HR : 0,85 ; IC95 : 0,71-1,02 ; p = 0,08). En conclusion, ces résultats montrent, là encore, le bénéfice en survie sans récidive chez les patientes chez qui le tamoxifène a été remplacé par de l’exémestane au bout de deux ou trois ans et cela se traduit par une discrète tendance à l’amélioration de la survie globale. En ce qui concerne la tolérance, les mêmes constatations déjà rapportées ont confirmé que la toxicité thromboembolique et gynécologique est moindre dans le bras exémestane. En revanche, on note une augmentation des arthralgies, de l’ostéoporose, des troubles visuels et des diarrhées avec ce traitement. Les essais de traitements séquentiels, ITA et ARNO 95, menés avec l’anastrozole (7, 8) montrent également le même type de résultats. Prescription secondaire de IA après traitement de cinq ans de tamoxifène : l’essai MA-17 Après cinq ans de tamoxifène révolus, l’essai MA-17, conduit aux États-Unis et au Canada (9, 10), randomisait en double aveugle un bras de létrozole pendant 5 ans à un bras placebo pendant la même durée. Cette étude a inclus 5 187 femmes ménopausées après 4,5 à 6 ans de tamoxifène. À la première analyse intermédiaire, soit après une durée médiane de 2,4 ans, 207 événements étaient rapportés : le nombre était significativement inférieur dans le groupe létrozole (75 versus 132). Les résultats de cette analyse intermédiaire, prévue au départ, ont été évalués par un comité indépendant et l’essai a été arrêté afin que toutes les patientes puissent bénéficier du traitement. Cet arrêt a occasionné de nombreuses polémiques (11), alors que les courbes de survie 30 Figure 2. Étude BIG1-98. ne différaient pas de façon significative. À l’ASCO 2004, Goss a actualisé ses résultats, mettant en évidence un avantage en survie globale dans le bras létrozole, chez les patientes avec un envahissement ganglionnaire (réduction de 39 % de la mortalité, p = 0,035). Il est important de noter que l’analyse par sous-groupes avait été prévue dès le départ, et il y avait donc un nombre de sujets suffisants dans les groupes N+ et N-. Pour l’ensemble de la population étudiée (N- et N+), la réduction de la mortalité était de 18 %, mais elle n’était pas significative. On retrouvait les mêmes effets secondaires avec des bouffées de chaleur, des arthralgies et des myalgies plus fréquentes dans le groupe létrozole, mais des hémorragies vaginales moins fréquentes. De la même façon, l’ostéoporose était plus fréquente chez les femmes sous létrozole par rapport au groupe placebo, en revanche, les taux de fractures et d’accidents cardiovasculaires étaient similaires. L’arrêt précoce de cette étude ne permet pas de répondre à la question de la durée optimale du traitement hormonal après 5 ans de tamoxifène. De nombreuses incertitudes persistent également en termes de tolérance à long terme. Pour cette étude, de nouvelles données actualisées ont été publiées tout récemment en mai 2007 (10) confirmant ces résultats. TOLÉRANCE ET TRAITEMENT Dans les publications des résultats de toutes ces études, l’accent a été mis sur l’absence d’effets secondaires potentiellement graves sous IA avec deux fois moins de risques thromboemboliques et disparition des pathologies utérines. De même, l’ensemble des études retrouve des données similaires en ce qui concerne les effets secondaires liés à la très forte déprivation estrogénique induite par le traitement (IA). Les complications osseuses ont été bien étudiées et font l’objet de nombreuses réflexions, notamment sur l’utilisation des bisphosphonates pour compenser l’effet délétère sur l’ostéoporose (12). L’incerLa Lettre du Gynécologue - n° 325 - octobre 2007 titude sur les plans cardiovasculaire et métabolique a été également mentionnée, incitant à une surveillance stricte et attentive de ces populations au-delà des années de traitement. Tolérance et traitement en pratique quotidienne Les grandes études princeps ont toutes fait l’objet d’un relevé soigneux des effets secondaires, et d’études de qualité de vie (13-17). Elles ont été réalisées à partir de questionnaires validés largement détaillés. Rapidement, l’effet délétère sur le squelette a été documenté, lié à la baisse de l’estradiolémie qui expose les patientes à un risque accru d’ostéoporose et de fracture (12, 15). En revanche, la fréquence et parfois l’intensité des effets douloureux musculotendineux et articulaires ont surpris la plupart des équipes et font l’objet depuis quelques mois de nombreuses publications. Certes, cet effet secondaire n’est pas le seul attribué aux IA, mais il se révèle progressivement un facteur limitant de la prescription au long cours, ce d’autant que certains oncologues sont tentés d’envisager d’augmenter les prescriptions d’IA bien au-delà des cinq ans actuellement admis, voire d’en étendre l’indication à des femmes plus jeunes, nécessitant alors un recours aux analogues de la LHRH, majorant d’autant l’effet délétère évoqué. Les douleurs tendineuses et musculaires ont été rapportées lors de la mise en route du traitement, et ce, avant même les premiers résultats des études. Donnellan en faisaient mention dès 2001, attirant l’attention sur ce facteur limitant de tolérance (18). Ces arthralgies affectent essentiellement les mains, sous forme de raideur matinale, de difficultés à fermer les poings, les doigts, voire de syndrome de canal carpien. Les genoux, les hanches, les épaules sont souvent affectés. Elles s’associent généralement à une fatigabilité et sensation de “coup de vieux” très bien décrite par les patientes. Leur incidence varie beaucoup d’une étude à l’autre, de 20 à 36 % des cas, ce qui tient en grande partie à l’imprécision de leur description et de leur origine musculaire, articulaire ou tendineuse. L’item “arthralgie” n’est notamment pas présent dans toutes les études de qualité de vie… Dans l’étude IES, des douleurs ont été rapportées chez 33 % des patientes sous exémestane versus 29,4 % dans le bras tamoxifène (p = 0,17) et des arthralgies chez respectivement 5,4 % et 3,6 % des patientes (p = 0,01). Dans l’étude MA17, leur fréquence dans le groupe traité par létrozole est de 21,3 % c’est-à-dire un peu supérieure à celle observée dans le groupe placebo (16,6 %). Dans l’étude BIG 1-98, enfin, leur fréquence dans le groupe traité par létrozole est de 30,3 %, supérieure à celle observée dans le groupe tamoxifène (12,3 %). Leur mécanisme est mal connu mais fréquemment relié à la carence estrogénique profonde que les IA induisent. Même s’il existe des douleurs de ce type chez les patientes ménopausées sans traitement et chez les patientes sous tamoxifène, celles sous IA rapportent de façon significative des doléances plus marquées. À titre anecdotique, on peut citer les constatations cliniques de douleurs articulaires de la ménopause remontant à 1925 par Cecil dans le JAMA. Il était mentionné que l’arthrose apparaissait, voire se majorait de façon importante au moment de la ménopause. Ultérieurement, un des bienfaits du traitement substitutif de la ménopause a été décrit comme étant une résolution de ces douleurs arthrosiques, bien documenté dans l’étude PEPI entre autres (19). C’est également une notion qui était La Lettre du Gynécologue - n° 325 - octobre 2007 retrouvée dans les effets secondaires des traitements par analogue de la LH-RH dans le but d’induire une ménopause artificielle chez des patientes souffrant de pathologie gynécologique de type endométriose. Un certain nombre d’auteurs ont relié ces phénomènes à une augmentation de sécrétions des cytokines proinflammatoires liée à la carence estrogénique (20). À la suite de la publication des résultats de l’étude WHI en 2002 et 2003 (21), un grand nombre de femmes ont arrêté le traitement substitutif de la ménopause : de nombreux syndromes arthromyalgiques ont été rapportés, cédant à la réintroduction du traitement substitutif lorsqu’il avait lieu (22). Dans le contexte délétère que l’on connaît suite à l’étude WHI et bien que mentionnée dans de nombreux congrès, cette symptomatologie, parfois plus invalidante que les bouffées de chaleur, n’a pourtant pas fait l’objet d’enquête systématique sur sa fréquence et son évolution. Les arthralgies sous IA sont plus documentées, même si le mécanisme de ce symptôme est loin d’être univoque (23). Il est intéressant de se souvenir que les doléances à la ménopause des chinoises ne sont pas tant les bouffées de chaleur que les douleurs articulaires. Il a été évoqué, notamment dans cette différence par rapport aux femmes caucasiennes, le rôle possible des taux particulièrement bas de l’estradiol chez les femmes asiatiques après la ménopause (19). Les explications souvent avancées mettent en cause les cytokines et la production de NO dans les cellules endothéliales (24). D’autres avancent un rôle possible au niveau central (25). La similitude des signes présentés a été soulignée aussi bien par les gynéco-endocrinologues que par les rhumatologues et a fait parler d’un effet “classe” des médicaments, prenant en compte des signes similaires observés quelle que soit la molécule en cause, qu’elle soit stéroïdienne ou non stéroïdienne (26). Cette symptomatologie qui, contrairement à ce que l’on a voulu croire, ne disparaît pas au cours du temps et cède seulement à l’arrêt du traitement, et ce, non immédiatement, a été largement sous-estimée et apparaît actuellement comme un facteur limitant pour certaines patientes pour l’observance du traitement. En effet, il n’est pas rare d’observer un arrêt pur et simple du traitement au bout de quelques mois par les patientes elles-mêmes, non incitées à le reprendre devant le retour à la vie normale après quelques semaines d’arrêt. Ce n’est donc pas un hasard si ce signe a fait l’objet d’une dizaine de publications en quelques mois (12, 27-30). Un traitement symptomatique antalgique ou inflammatoire par voie locale ou générale est généralement préconisé dans les formes mineures. Le changement d’antiaromatase comme nous l’avons vu est, en général, peu efficace. L’arrêt du traitement est parfois nécessaire. Certains préconisent un traitement par corticoïdes (10 mg par jour de prednisone) qui améliore généralement bien les patientes. Les autres effets secondaires, concernant notamment la sphère gynécologique, mériteraient également d’être mieux précisés par des études ciblées. Certes, il existe moins de pertes gynécologiques qu’avec le tamoxifène et pas de métrorragies (sous réserve que le traitement par IA soit donné à distance de la ménopause). Il est décrit une sécheresse vaginale accentuée et des troubles de la libido, qui mériteraient d’être documentés, car curieusement souvent plus discrets en tolérance quotidienne qu’attendus eu Dossier D ossier 31 Dossier D ossier égard aux résultats des essais thérapeutiques. En ce qui concerne les bouffées de chaleur, l’étude ATAC avait montré un bénéfice de l’anastrozole sur ce point par rapport au tamoxifène. Celui-ci n’est pas retrouvé dans les autres études dans lesquelles ce symptôme n’est pas significativement différent, que les patientes soient sous IA ou tamoxifène. Enfin, à long terme, les conséquences cardiovasculaires, lipidiques et sur la sphère cognitive nécessitent certainement une attention régulière. Conclusion Compte tenu du bénéfice certain, mais modéré, obtenu par les IA par rapport au tamoxifène, il semble raisonnable, à titre individuel, de prendre en compte, lors de la prescription, l’indication cancérologique certes, mais aussi les comorbidités et la qualité de vie. À l’heure où l’information et le dépistage généralisé amènent aux chirurgiens des tumeurs infracliniques dont le pronostic est excellent, il est nécessaire de considérer, de façon attentive, les effets secondaires induits par les traitements donnés à des patientes potentiellement guéries. Il devient indispensable de pouvoir définir le profil des patientes de très bon pronostic ne présentant quasi aucun risque de récidive dans les premières années, voire à terme, et qui, de par leurs caractéristiques physiologiques, pourraient trouver un bénéfice certain à la prescription du tamoxifène plutôt qu’à celui des IA dans un premier temps. Il y a pour cette option de nombreux arguments, sans évoquer celui du coût (31, 32). Plusieurs auteurs ont mis en évidence les caractéristiques tumorales des patientes présentant des récidives précoces (33, 34). Pour celles-ci, l’hypothèse d’une thérapeutique séquentielle est très séduisante en termes de tolérance et d’effets secondaires à long terme. Les résultats des essais comparant le traitement séquentiel au traitement par IA pur sont, dans ce contexte, très attendus. L’abandon pur et simple du tamoxifène n’est donc n moins que jamais à l’ordre du jour... Références bibliograpihiques 1. Goldhirsch A, Wood W, Gelber R et al Progress and promise: highlights of the international expert consensus on the primary therapy of early breast cancer 2007. Ann Oncol 2007;18:1133-44. 2. The ATAC (Arimidex, Tamoxifen Alone or in Combination) Trialist’s Group. Anastrozole alone or in combination with tamoxifen versus tamoxifen alone for adjuvant treatment of postmenopausal women with early breast cancer: first results of the ATAC randomized trial. Lancet 2002;359:2131-9. 3. Howell A, Cuzick J, Baum M et al. Results of the ATAC (Arimidex®, Tamoxifen, Alone or in Combination) trial after completion of 5 years’ adjuvant treatment for breast cancer. Lancet 2005;365:60-2. 4. The Breast International Group 1-98 Collaborative G. 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