Il y a 50 ans, il fallait être une dame classique et raisonnable

Transcription

Il y a 50 ans, il fallait être une dame classique et raisonnable
1960-2010
nous en mieux !
[ Par chantal éthier et sophie st-laurent ]
photo : fuse / getty
Il y a 50 ans, il fallait être une
dame classique et raisonnable.
Aujourd’hui, on peut être ce
qu’on veut. On est passée de la
laitue iceberg au mesclun, de la
cigarette au yoga, du bronzage
intense à l’épilation totale. On
a des enfants comme et quand
ça nous plaît. On prend son pied
au lit. On s’entraîne avec ardeur.
On mange mieux. Bref, on est
bien dans son corps ! Même si
on a un peu grossi...
ChÂtelaine novembre 2010
195
Notre fécondité
2010
3,8 enfants par femme
en âge de procréer
1,7 enfant par femme
en âge de procréer
Âge moyen au premier enfant
Âge moyen au premier enfant
24,3 ans
source : institut de la statistique du québec
28 ans
photo : Maria Teijeiro / Getty
1960
SANTÉ
châtelaine, juin 1964
Pas de sexe sans enfant
photo :Vintage Images / Getty (famille), studio rogers (livre)
La pilule a tout
révolutionné
Commercialisée en 1960, la pilule arrive sur le marché
canadien en 1962, mais rares sont les médecins qui la
prescrivent. Pourquoi ? Parce que, tout comme l’avortement, la contraception constitue un crime passible d’emprisonnement. Le Code criminel canadien interdit aussi la
diffusion d’information sur la limitation des naissances.
Certains médecins contournent la loi en prescrivant des
anovulants (la pilule anovulatoire) pour régulariser les
menstruations et diminuer les douleurs menstruelles de
leurs patientes. Finalement, le projet de loi C-150 (qu’on a
appelé bill Omnibus), adopté en 1969 par le gouvernement
fédéral, légalise l’usage de la pilule et décriminalise du
même coup l’avortement (dit thérapeutique) effectué sous
certaines conditions.
2010 : Un bébé, oui, mais plus tard !
45 %
55 %
45 % des femmes atteignent
la trentaine sans avoir eu
d’enfant. C’est 10 % de plus
qu’il y a 20 ans.
source : conseil du statut de la femme, 2008-2009
« La société a-t-elle le droit de forcer la femme à donner la
vie ? L’Église condamne tous les accessoires qui empêchent la
conception », titre Châtelaine en juin 1963. Le sexe doit n’avoir
qu’un seul but, la procréation. Le curé fronce les sourcils si
l’une de ses paroissiennes n’a pas assez d’enfants. Aucune
excuse n’est valable, même pas les grossesses qui mettent la
vie de la femme en danger. Selon une enquête menée par le
magazine en juin 1964, les femmes veulent limiter leur famille
à quatre enfants et espacer les grossesses. De plus en plus de
femmes avouent au confessionnal avoir « empêché la famille ».
Pourtant, les deux méthodes contraceptives de l’époque
– l’abstinence et le coït interrompu – sont peu efficaces...
Les naissances chez les mères
plus âgées (35 ans et plus)
sont presque quatre fois plus
fréquentes qu’elles ne l’étaient
une génération auparavant.
source : statistique canada, 2004
L’anesthésie péridurale a 50 ans
Dans les années 1960, les accouchements sont très médicalisés. Châtelaine révèle en 1969 que 62 % des femmes qui arrivent dans la salle d’accouchement y sont menées en fauteuil
roulant, même si elles sont en mesure de marcher. La péridurale – une technique d’anesthésie locale – a fait son entrée dans
les hôpitaux québécois en 1962. « Les substances analgésiques
utilisées à cette époque gelaient comme du béton. La patiente
était incapable de pousser, explique l’obstétricien Antoine
Rochette. Alors, on devait recourir aux forceps, des pinces
conçues pour aider à sortir l’enfant. » Dès le début des années 1980, on a recours à des analgésiques qui permettent à
la femme d’accoucher plus naturellement. Ce qui fait chuter
radicalement l’usage des forceps.
ChÂtelaine novembre 2010
199
SANTÉ
sexualité
pour le plaisir,
madame !
Vers la deuxième moitié des années 1960,
une nouvelle « science » fait son apparition : la sexologie. Au Québec, c’est à
l’UQAM, en 1969, que cette matière est
enseignée pour la première fois. Alors
que cinq ans auparavant, les femmes ne
devaient ressentir aucun plaisir, voilà
qu’on apprend que « la frigidité se corrige », titre le Châtelaine d’octobre 1968.
C’est le monde à l’envers !
« Sans la pilule, rien de tout cela n’aurait
été possible, note la sexologue Jocelyne
Robert. Comment peut-on penser au
plaisir lorsqu’on vit dans la peur d’être
enceinte ? »
L’orgasme :
le « bon » et le « mauvais »
Au milieu des années 1960, le plaisir féminin est peu connu. On enseigne dans les
facultés de psychologie que le véritable orgasme est vaginal. L’orgasme clitoridien
serait un refus d’assumer pleinement son rôle de femme, dixit Sigmund Freud. Le
psychanalyste viennois avouera pourtant, à la fin de sa vie, ne pas connaître grandchose au sexe féminin.
Heureusement pour nous, des chercheurs vont rétablir les faits. En 1966, William
Masters et Virginia Johnson publient Human Sexual Response (Les réactions
sexuelles), un livre phénomène basé sur l’observation clinique de 382 femmes et
de 312 hommes « en action ». L’étude démontre que, quelle que soit la forme de
stimulation, vaginale ou clitoridienne, l’orgasme est le même.
200
novembre 2010 ChÂtelaine
châtelaine, février 1974
En 1974, on peut lire
dans Châtelaine :
« Ne perdez jamais
de vue que les
relations sexuelles
sont une bonne
chose : comme toutes
les bonnes choses,
elles valent que
l’on se force pour
les développer. »
photos : Creasource / Corbis (couple), studio rogers (livre)
L’épanouissement
sexuel repose sur
l’anéantissement
de nos peurs et
de nos angoisses,
dit-on aux femmes
dans Châtelaine
en 1968.
1
2
3
4
5
6
7
8
silhouette
photos : Popperfoto / Getty (1), Cinema Photo / Corbis (2), Douglas Kirkland / CORBIS (3),
Yann Gamblin / Corbis (4), Terry O’Neill / Getty (5), Walter McBride ./ Retna Ltd./ Corbis (6),
Stephane Kossmann / Getty (7), Sascha Baumann / Getty (8)
Plus ça change...
On se rappellera le raz-de-marée nommé Twiggy 1 , dans les
années 1960. À 16 ans, avec ses 45 kilos, elle est devenue une
superstar de la mode. Son gabarit de nymphette, sans seins
ni hanches, tranchait avec les silhouettes en rondeurs des
mannequins qui l’ont précédée. À côté d’elle, l’actrice Marilyn
Monroe 2 a carrément l’air toutoune ! Twiggy est la quintessence du look juvénile du moment, l’emblème d’une jeunesse qui prend sa place dans le monde et se rebelle contre
l’autorité de l’Église, des parents, de l’État.
Puis, retour du balancier : fin 1970, les mannequins reprennent du tonus. Elles pètent de santé (Cheryl Tiegs 3 , Christie
Brinkley). Cette tendance ouvre la voie aux super-modèles
– les Cindy Crawford , Linda Evangelista, Elle Macpherson
4 , etc. – de la fin des années 1980 et du début des années
1990, qui affichent un look athlétique, implants mammaires
en prime. Les nouveaux canons de beauté ont, liposuccion
aidant, un corps sculpté aux lignes parfaites.
Au milieu des années 1990, changement de cap : les pulpeuses
cèdent la place à Kate Moss 5 . Propulsée à 14 ans dans les
hautes sphères de la mode grâce au look waif (l’allure d’une
enfant abandonnée) et à sa silhouette de brindille, elle sera
l’incarnation du look de l’heure, heroin chic (maigreur, androgynie, traits émaciés et yeux cernés). C’était l’époque du
grunge, du groupe musical Nirvana, des pubs libidineuses de
Calvin Klein et de la glorification de l’héroïne – devenue
drogue chic. Dix ans plus tôt, il aurait été impensable qu’une
adolescente de 5 pi 7 po (1 m 70) aux jambes « croches », d’une
beauté toute relative, puisse faire pareille carrière.
Et maintenant ? La religion minceur s’essouffle. Les mannequins et les célébrités plus en chair sont populaires. Des
stars osent dénoncer la tyrannie de la taille 0. Le nouvel
esthétisme reflète une silhouette tonique qui permet les rondeurs. Qui plus est, des personnalités comme Jessica Simpson
6 , Beyoncé, Jennifer Hudson 7 , la première dame des ÉtatsUnis Michelle Obama, la comédienne Christina Hendricks (de
Mad Men) et la top-modèle Crystal Renn 8 prouvent que les
courbes sont sexy. Même les créateurs de mode semblent
s’inspirer davantage des formes féminines naturelles. Le
dernier défilé de la marque Louis Vuitton en est un exemple
éloquent : une profusion de robes rétro mettant en valeur le
galbe de la poitrine, une taille fine et des hanches rondes à la
Sophia Loren et à la Bardot.
ChÂtelaine novembre 2010
201
SANTÉ
Les Québécoises
ont de plus gros
seins qu’il y a
25 ans. Et ce n’est
pas qu’en raison
des augmentations
mammaires.
châtelaine, mars 1963
Le corps modifié
202
novembre 2010 ChÂtelaine
Chirurgie esthétique
À quels seins se vouer ?
De nos jours, la poitrine est plus généreuse et la cage thoracique plus développée qu’avant, confirme Raymonde Tranchemontagne, directrice Dessin
chez Hanes Brands (Wonderbra, Playtex). La preuve ? « La taille de soutiengorge la plus vendue aujourd’hui est 36C, alors que c’était la 34B il y a 25 ans.
On note également une hausse des ventes des bonnets comme le DD, voire le
DDD », dit-elle. Ève Grenier, présidente de C.J. Grenier, société montréalaise
qui fabrique des sous-vêtements depuis 1860, a noté pour sa part, depuis 5 à
10 ans, une hausse de la demande de soutiens-gorge à bonnets profonds dont
la bande entourant la cage thoracique est de petite taille. « Dans les années 1960,
on présumait qu’une fille portant un bonnet D était forcément boulotte, alors
qu’on propose maintenant des modèles en taille 32DD – et même 32F – destinés
à une clientèle de femmes minces à forte poitrine », dit-elle. À quoi attribue-t-on
ces seins volumineux ? Les habitudes alimentaires, la prise d’anovulants très
jeune et la popularité des augmentations mammaires sont des hypothèses avancées, mais aucune étude ne les confirme.
Chirurgies esthétiques les plus
populaires au pays en 2009
Augmentation mammaire
25 %
16 %
20 %
Liposuccion
Blépharoplastie
(rajeunissement des paupières)
Source : International Society of Æsthetic Plastic Surgery (ISAPS)
photos : studio rogers (livre), Fuse / Getty (corps)
La chirurgie plastique apporte-t-elle le
bonheur ?, demande Châtelaine en 1963.
On trouve alors peu de données sur ce
type d’interventions, pas encore très
répandu. À l’époque, la correction du nez
(rhinoplastie) est la chirurgie la plus courante. Si on avait alors recours au bistouri pour corriger des « caractéristiques
disgracieuses » de l’anatomie, les technol o g i e s d e s a n n é e s 19 7 0 e t 19 8 0
(liposuccion et prothèses mammaires)
permettent d’accéder à la perfection corporelle. On entrevoit la possibilité de
sculpter son corps en aspirant le gras et
en insérant çà et là des prothèses.
À la fin des années 1990, avec l’émergence des injections comblantes et des
appareils au laser, on nous promet la cure
de jouvence. « Les interventions non invasives ont révolutionné l’industrie. Depuis
que le Botox et les injections de comblement existent, on pratique moins de
déridages du front et on arrive à retarder
l’échéance du lifting », constate le docteur Éric Bensimon, chirurgien plasticien
à Montréal.
Les façons de rajeunir sont donc multiples et plus accessibles qu’auparavant.
Photorajeunissement au laser, microdermabrasion, chirurgie liftante, implants
aux pommettes et injections sont parfois
conjugués pour permettre aux femmes
de retrouver une allure juvénile. Avant, on
tirait simplement la peau vers le haut.
Maintenant, on efface les rides et on
donne du volume aux zones creusées par
le temps.
SANTÉ
40 ans hier,
40 ans aujourd’hui
Même sans chirurgie ni injections,
on reste jeune plus longtemps.
beauté
La quarantaine
était jadis
synonyme d’une
apparence sage
et classique.
Il y a 15 ans, les anglophones disaient : « Fifty is the new
forty ». Ils s’amusent maintenant à dire : « Sixty is the new
forty » tellement les sexagénaires n’ont rien à envier aux
plus jeunes en matière d’apparence. La cosméto moderne
a quelque chose à voir avec ce « rajeunissement ». Rares
sont les crèmes qui ne s’attaquent pas aux rides et autres
signes de vieillissement (pensons aux AHA, au rétinol, au
collagène et à la vitamine C). Il n’y a pas si longtemps,
unifier le teint, redonner de l’éclat à la carnation, lisser les
ridules, pâlir les taches pigmentaires et traiter l’indésirable acné nécessitaient un rendez-vous chez le dermato.
Depuis 10 ans, la beauté s’est médicalisée au point où on
a sous la main un véritable arsenal de pro : on s’achète des
kits de peeling et de microdermabrasion à domicile pour
exfolier la peau en profondeur, on a accès à des crèmes
blanchissantes à faible teneur en hydroquinone pour éradiquer les taches solaires et on se procure des outils
à ultrasons pour limiter la poussée de boutons. Même
pour les dents, qui jaunissent naturellement avec l’âge, on
se passe du dentiste puisque les traitements de blanchiment maison se glissent entre les dentifrices et les rincebouches à la pharmacie.
interventions cosmétiques
les plus populaires
au pays en 2009
Injections de botox
toxine qui paralyse les
muscles et fige les rides
d’expression
Maintenant,
à 40 ans, on
s’affirme ! L’une
de nos rédactrices
en chef, Sophie
Banford.
204
novembre 2010 ChÂtelaine
Injections d’acide
hyaluronique
28 900
22 270
pour combler les rides
« Dans les années 1990, seules les femmes mûres
consultaient pour des injections. Maintenant, certaines
s’offrent dès la fin de la vingtaine des injections à titre
préventif », remarque le chirurgien Éric Bensimon.
photo : Manchester Daily Express / Getty (portrait noir et blanc), maude chauvin (sophie banford), Alloy Photography / Veer (mannequin)
La jeunesse en petits pots
SANTÉ
tendance
Être ou ne pas être bronzée ?
En 1960, le bronzage fait déjà partie de nos mœurs. Il est synonyme de vacances
et de bien-être. C’est le monde à l’envers puisque, quelques décennies plus tôt,
on s’acharnait encore à entretenir un teint de porcelaine pour se dissocier des
classes inférieures (peau brune rimait alors avec travail aux champs).
La quête du hâle extrême atteint son paroxysme dans les années 1970 et 1980.
On n’hésite pas alors à se tartiner d’huile Baby’s Own et à utiliser des réflecteurs
métallisés pour tirer le max de notre mélanine. Même si les experts commencent
à nous dire que le soleil n’est pas source que de bienfaits, et même si les lotions
solaires avec FPS se généralisent, on fait la sourde oreille. Au même moment, se
développe l’industrie du bronzage artificiel, grâce à des méthodes qui permettent
aux habitants de l’hémisphère Nord d’avoir bonne mine toute l’année. On prend
donc notre dose de chauds rayons en cabine. Fleurit aussi toute la gamme des
autobronzants, mais le teint carotte qui leur est associé les rend peu populaires.
Ce n’est que vers la fin des années 1990 qu’on prend conscience des dangers
de l’exposition au soleil. Méchants mélanomes et vieillissement prématuré nous
guettent. Et on se charge de nous le rappeler, à grand renfort de campagnes de
sensibilisation. Si bien qu’aujourd’hui personne n’ose sortir au grand soleil sans,
au minimum, son FPS 15. Tirant parti de notre anxiété collective à l’égard des
rayons UV, les fabricants proposent depuis cet été des écrans solaires au FPS
très élevé (70 et même 100). Résultat ? La plupart d’entre nous osent maintenant
exhiber l’été des jambes nues... et laiteuses. C’est presque devenu un signe
d’intelligence ! D’autant plus qu’on évite les salons de bronzage depuis que
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les rayons UV qui y sont
produits dans la catégorie des « substances cancérogènes ».
Pour celles qui ne peuvent vivre sans hâle, il reste les autobronzants, le spray
tan, les douches bronzantes et autres technologies qu’on met au point. On parle
même d’un implant sous-cutané (SCENESSE®, approuvé dans certains pays et
réservé à l’usage médical) qui permettrait de bronzer sans soleil tout en protégeant des UV pendant six mois.
206
novembre 2010 ChÂtelaine
La guerre aux poils féminins ne date pas
d’hier. Dans les années 1960, on se rase
les jambes, les aisselles et le bikini – juste
ce qui dépasse du maillot. Dans les années 1970, on s’abonne à l’épilation à la
cire chaude ou froide. Sans grand succès,
on essaiera aussi les bidules motorisés douloureux comme l’Épil-lisse, qui arrachait
les poils avec un ressort. Puis, l’électrolyse devient la méthode par excellence
pour se débarrasser des poils une fois
pour toutes. Mais comme c’est fastidieux,
on la réserve à de petites zones (moustache, aisselles ou bikini).
Les années 1970, c’est aussi le Flower
Power et la beauté au naturel. On assume
la toison pubienne. On n’élaguera ce
buisson que vers la fin des années 1980.
Au fil des ans, on épile de plus en plus,
passant de la mode du « triangle américain » à la « brésilienne », puis au « ticket
de métro » (dès 1992). La dernière tendance ? L’épilation intégrale du triangle
de Vénus, cette fois au laser, technologie
définitive et moins douloureuse qui a
révolutionné l’industrie de l’esthétique.
« Depuis deux ans, 75 % de nos clientes
se font épiler le pubis », souligne Julie
Ellis, des Cliniques du Corps Skins. Une
tendance qui touche davantage les femmes de moins de 35 ans.
photos : Jim Sugar / Corbis (bronzage), George Marks / Getty (photo noir et blanc)
Toutes à poil!
SANTÉ
La cigarette est
partout en 1960.
On le constate
d’ailleurs dans la
série télé Mad Men.
bilan de santé
Ça va mieux !
1963
Châtelaine énumérait les maux à surveiller :
l’arthrite, les maladies du cœur, le diabète,
l’hypertension et le cancer. Le cancer du
sein occupait le premier rang des cancers
touchant les femmes. En 2010, c’est toujours le cas – mais il est mieux traité.
2010
Les problèmes de santé les plus importants chez les femmes sont maintenant
l’obésité, l’arthrite, l’hypertension et la
douleur chronique. Les principales causes
de décès : les tumeurs malignes et les
maladies cardiovasculaires.
Des innovations
bénéfiques
Espérance de vie
1963
73,1 ans
2007
83,1 ans
Source : Institut de la statistique du Québec
208
novembre 2010 ChÂtelaine
Fumer ? On écrase !
Le danger que constitue l’usage du tabac commence à inquiéter les médecins
dès les années 1950. Mais c’est en 1961 que l’Association médicale canadienne
déclare qu’il existe un lien formel entre la cigarette et le cancer du poumon.
Ce qui n’empêche pas les femmes de fumer de plus en plus : le tiers des Canadiennes sont alors abonnées au tabac, mais cette proportion grimpe à 40 % en
1972. C’est que les agences de publicité rivalisent d’ingéniosité pour nous
convaincre que fumer est in. En 2009, grâce aux lois sur le tabac, on ne
compte plus que 17,7 % de fumeuses au pays. Mais les jeunes et les femmes
sont toujours les cibles favorites de l’industrie. Et il faut savoir que, pour
chaque Québécoise emportée par un cancer du sein, deux autres meurent du
cancer du poumon.
photo : Presse CAnadienne / AMC /
Courtoisie de Everett Collection
La première génération d’antidépresseurs arrive sur le marché en 1960. Entre
autres, on emploie un médicament contre
la tuberculose qui n’améliorait pas l’état
de santé des patients, mais faisait des
merveilles pour leur moral !
En 1960, c’est le début de l’utilisation
à grande échelle de la mammographie
pour dépister le cancer du sein.
En 1963, des chercheurs commencent
à soupçonner le gras animal de contribuer à l’apparition des maladies cardiovasculaires.
L’assurance maladie entre en vigueur
en 1970.
SANTÉ
on bouge !
La forme pour les formes
Dix minutes par-ci, par-là suffisaient, il n’y a pas si longtemps. Plus maintenant.
On s’entraîne avec sérieux... Pour avoir un corps mince, musclé et en santé !
le gouvernement commence à inciter la
population à pratiquer des activités physiques. On propose alors aux femmes
d’entreprendre un programme d’entraînement de 10 minutes, le 10BX – pour
Basic eXercises, 10 exercices conçus par
l’Aviation royale du Canada –, « qui favorise la souplesse et la grâce des mouvements féminins ».
la position du lotus et la chandelle. On
prend une grande respiration et on travaille la souplesse en cultivant un idéal de
bien-être.
L’arrivée du jogging En 1970, une étude
américaine démontre que l’activité physique pratiquée régulièrement est bonne
pour la santé. On parle dès lors de « garder la forme » plutôt que de « garder la
ligne ». Ces recherches recommandent le
jogging comme activité de base pour la
mise en forme. Tout le monde se met alors
à la petite foulée (pendant 20 à 30 minutes), une course modérée qui améliore la
capacité cardiorespiratoire.
maintenant à haute intensité. « Le but ?
Suer à fond pour dépenser des calories ! »,
rappelle Lyne St-Roch, kinésiologue et
propriétaire des Studios Lyne St-Roch,
spécialisés en yoga.
lyne st-roch
Du kick-boxing ou du Pilates ? « Vers la
châtelaine, juillet 1968
Les muscles ? Non merci ! En 1966, si on
syntonise Radio-Canada pour regarder
Femme d’aujourd’hui, on peut s’entraîner
avec Yvette Volet, une diplômée en éducation physique. Ses séries de mouvements permettent de « raffermir les muscles et de maigrir ». Quand arrive la
minijupe, on propose même des exercices
pour raffermir les genoux ! On veut maigrir, affiner sa taille, modeler son corps,
mais surtout éviter de faire grossir ses
muscles, jugés trop masculins. À TéléMétropole, Suzanne Piuze donne des
cours de yoga aux Québécoises à l’émission Toast et café, leur faisant découvrir
210
novembre 2010 ChÂtelaine
Jane fonda
... et de la danse aérobique C’est l’explosion de la « culture physique » dans les
décennies 1980 et 1990. Les centres
sportifs se multiplient. On y va surtout
pour les cours de danse aérobique, car
c’est plus agréable de bouger au son d’une
musique rythmée. Sinon, on devient accro
aux cassettes d’exercices (en Beta !) produites par des stars devenues reines du
fitness comme Jane Fonda. Dans les deux
cas, le résultat est le même : on s’entraîne
fin des années 1990, on a compris que les
muscles permettent de brûler des calories au repos. C’est ce qui a amené la création de méthodes d’entraînement comme
le boot camp (pour recrues dans l’armée)
et le kick-boxing, qui combinent musculation et cardio », explique Lyne St-Roch.
Le stress faisant partie de nos vies, on
cherche aussi à se recentrer en prenant
du temps pour soi. Le yoga et la méthode
Pilates répondront à ces besoins.
Un entraîneur privé SVP Aujourd’hui,
62 % des femmes pratiquent régulièrement une activité physique. Nombre d’entre elles ont pour objectif de maintenir
une silhouette à la fois mince et musclée.
On s’entraîne en circuit (CrossFit, Swann,
Curves) ou on se paie les services d’un
entraîneur privé. Les muscles s’affichent
maintenant fièrement.
photos : studio rogers (livre), Steve Schapiro / Corbis (jane fonda), Marcel Mueller / dirXions (lyne st-roch)
Que 10 minutes ! Dans les années 1960,
SANTÉ
50 ans de régimes
On ne peut plus l’ignorer : les restrictions de toutes
sortes font maigrir, puis grossir. Immanquablement.
régimes et cie
Des diètes folles,
folles, folles
Avec l’arrivée de la minijupe en 1966, le
poids devient une préoccupation pour
toutes les femmes, y compris celles dont
l’indice de masse corporelle (IMC) est
normal.
Nous amorçons l’ère des régimes draconiens. Un exemple : la diète liquide, qui
consiste à boire un verre de lait écrémé
par jour, plus de l’eau, du thé, du café et du
bouillon à volonté. Total quotidien des
calories permises : 400, alors qu’une alimentation normale devrait en comporter
entre 1 800 et 2 000... On propose aussi
le jeûne sous supervision médicale pendant 14 jours, suivi d’un jeûne intermittent pour maintenir le poids. Un régime à
la mode recommande même aux femmes
de profiter de la grossesse pour maigrir,
car la perte de poids serait plus facile à ce
moment-là !
Ce n’est qu’au début des années 2000
que les chercheurs démontreront que ces
régimes, en plus d’être néfastes, font
prendre du poids.
Malgré cela, des régimes miracles complètement saugrenus font encore la une
à un moment ou à un autre. C’est le cas
récemment du Master Cleanse, un programme de détox qui consiste à boire un
mélange d’eau, de jus de citron, de poivre
de cayenne et de sirop d’érable pendant
10 jours. Récemment, il a été remis à la
mode par la chanteuse Beyoncé et l’actrice Demi Moore.
212
novembre 2010 ChÂtelaine
1970 : La phobie
des glucides
Place au régime Atkins, qui interdit
les féculents, les légumineuses et les
fruits. En revanche, les aliments riches
en gras ou en protéines, comme la viande et le fromage, sont permis. Résultat :
une diète pauvre en vitamines qui augmente le taux de cholestérol. Ce régime
revient en force dans les années 1990
avec la réédition du livre Dr Atkins Diet
Revolution, d’abord paru en 1972.
1980 : Les protéines
avant tout
En 1987, le livre Je mange, donc je
maigris se vend à 17 millions d’exemplaires dans le monde. Le régime Montignac bannit les aliments à indice glycémique élevé comme le pain blanc, les
pâtes, les pommes de terre et le maïs.
Il interdit aussi de mélanger au même
repas féculents et protéines animales,
comme le pain et le fromage. Décédé
cet été, son auteur, Michel Montignac,
n’était pas nutritionniste mais cadre
dans l’industrie pharmaceutique.
La Québécoise Lyne Martineau crée
Minçavi, un programme de gestion de
poids, en se basant sur le Guide alimentaire canadien. Un succès incroyable
qui ne se dément pas après 24 ans :
160 points de service au Québec, en
Ontario et au Nouveau-Brunswick.
1990 : À la recherche
de la solution miracle
Inventé en 1995 par un biochimiste,
le régime The Zone conseille de manger
40 % de glucides, 30 % de protéines et
30 % de lipides – des menus relativement équilibrés. Par contre, les portions sont minuscules et le choix des
aliments, monotone.
En 1996, un naturopathe lance une
diète basée sur le groupe sanguin : le
groupe O devrait se nourrir de protéines, le groupe A, de légumes et les
groupes B et AB peuvent manger un
peu de tout. Totalement farfelu !
Le docteur Howard Shapiro, qui
dirige depuis 30 ans une clinique spécialisée dans la perte de poids, réalise
un superbe coup de marketing en 1998
en faisant maigrir les policiers de New
York. Sa méthode est simple : on prend
conscience de ce que l’on ingère dans
une journée en tenant un journal alimentaire.
2000 : À l’écoute
de sa faim
En 2005, le psychologue Edward
Abramson publie l’essai Body Intelligence (L’intelligence corporelle), qui
suscite l’intérêt. Son credo ? « Mangez
quand vous avez faim et cessez de manger quand vous êtes rassasié. » Enfin,
un peu de bon sens ! L’année suivante,
au Québec, la nutritionniste Guylaine
Guèvremont va dans le même sens avec
Mangez !, un livre antirégime.
Mis au point par un cardiologue
américain, le régime Miami (South
Beach Diet) est adopté par plusieurs
célébrités dans les années 2000. Il
n’apporte rien de neuf, car il se rapproche en partie des méthodes Atkins et
Montignac.
photo : Ocean Photography / Veer
1960 : la diète liquide
C’est la mode des diètes liquides et
du Metrecal, une boisson chocolatée qui
prétend pouvoir remplacer un repas
complet. Une heure après l’avoir bue, on
avait faim.
Le programme Weight Watchers est
fondé en 1963. Près de 50 ans après, il
est toujours populaire.
SANTÉ
PROMOTION DE
EN ASSOCIATION AVEC LES
CHIROPRATICIENS CANADIENS
Les talons,
voyez-y!
châtelaine, avril 1964
Le MAGASINAGE DES CHAUSSURES
Magasinez tard dans la journée — ce qui est
confortable le matin peut être trop serré le
soir venu, lorsque les pieds sont enflés.
La bonne HAUTEUR
Pour ne pas nuire à votre posture, le talon
idéal ne doit pas mesurer plus de 5 cm (2
po). Les talons aiguilles ou biseautés offrent
peu de soutien.
Une PAUSE BIEN MÉRITÉE
Vous ne devriez pas porter des talons
hauts tous les jours. Ils causent un
rétrécissement du tendon d’Achille et des
muscles du mollet. Accordez un répit à vos
pieds de temps à autre.
Se chausser INTELLIGEMMENT
Les doublures de cuir et de nylon permettent aux pieds de mieux respirer et
procurent aux chaussures une plus grande
souplesse. Assurez-vous que la chaussure
soutienne l’arche de votre pied et évitez
les lanières minces ou serrées qui peuvent
causer une enflure douloureuse.
Pour d’autres conseils sur la façon de porter
des talons hauts en tout confort, visitez le
www.chatelaine.com/santedudos.
CONSEIL DES CHIROPRATICIENS
CANADIENS
De la viande, des patates et de la laitue iceberg Dans les années 1960, la viande
remplit la moitié de l’assiette. Aujourd’hui, elle en occupe le quart... Par contre, la
consommation de légumes est anémique, en plus d’être monotone : chou, carottes,
patates, petits pois en conserve figurent le plus souvent au menu. Pas de laitue Boston, de mesclun ou de roquette : la laitue iceberg est reine. « J’ai servi du brocoli
pour la première fois en 1962, raconte la nutritionniste Louise Lambert-Lagacé.
Personne n’en avait jamais vu ! »
On passe au végé ! Les années 1970 marquent l’émergence du végétarisme. En
1975, les chercheurs établissent un lien probant entre les maladies cardiovasculaires et la consommation de viande rouge. La mode du retour à la terre et
l’industrie des aliments naturels influencent aussi nos choix.
Haro sur le beurre En 1980, c’est la guerre au gras animal. « Au beurre surtout,
dit Louise Lambert-Lagacé. La margarine est une panacée ! »
Les gras trans pires que tout Horreur ! Les scientifiques découvrent, dans les
années 1990, que les gras trans – contenus dans les biscuits, les gâteaux préparés
et la margarine hydrogénée – sont nocifs pour les artères !
Place à la diète méditerranéenne Ces dernières années, de vastes études confirment les bienfaits de la diète méditerranéenne et de ses bons gras (huile d’olive,
oméga-3).
Le poids des générations
De 1978 à 2004, le pourcentage d’obèses
qui ont entre 25 et 34 ans a plus que doublé,
passant de 8,5 % à 20,5 %. « On s’identifie
plus que jamais à des modèles de plus en
plus minces, mais on n’a jamais été aussi
gros ! » dit Fannie Dagenais, directrice
d’ÉquiLibre, groupe d’action sur le poids.
214
novembre 2010 ChÂtelaine
photo : studio rogers
Vous aimez porter des
chaussures à talons? Voici
comment le faire avec style
et en tout confort.
Dans notre assiette
SANTÉ
Tatouages et perçages,
nouveaux rituels beauté
Il y a 50 ans, le tatouage n’intéressait que les motards et les détenus. Qui aurait cru
alors que des femmes couvriraient un jour leurs bras de tatouages, comme Cœur de
pirate, ou arboreraient un dragon dans le dos, comme Angelina Jolie ? Et qui aurait
imaginé que porter des pierres dans les narines et des anneaux dans les sourcils
deviendrait tendance ? Aujourd’hui, presque un Canadien sur cinq affiche un
tatouage, un perçage corporel (lobes d’oreille exclus), ou les deux.
« Depuis six ou sept ans, on pratique
de plus en plus de chirurgies de la vulve,
dans le but de rajeunir ou d’embellir
l’aspect des petites lèvres du vagin », précise
le docteur Éric Bensimon. Même s’il ne
s’agit pas d’une technologie nouvelle,
le chirurgien explique cet engouement
récent par l’épilation intégrale du pubis,
qui expose cette partie de l’anatomie.
En plus sur le web
Ouf ! Avez-vous tout retenu ? Testez votre mémoire en 5 questions !
chatelelaine.com/quizsante 216
novembre 2010 ChÂtelaine
photo : Zero Creatives / Getty
jusqu’où irons-nous ?