Il y a 50 ans, il fallait être une dame classique et raisonnable
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Il y a 50 ans, il fallait être une dame classique et raisonnable
1960-2010 nous en mieux ! [ Par chantal éthier et sophie st-laurent ] photo : fuse / getty Il y a 50 ans, il fallait être une dame classique et raisonnable. Aujourd’hui, on peut être ce qu’on veut. On est passée de la laitue iceberg au mesclun, de la cigarette au yoga, du bronzage intense à l’épilation totale. On a des enfants comme et quand ça nous plaît. On prend son pied au lit. On s’entraîne avec ardeur. On mange mieux. Bref, on est bien dans son corps ! Même si on a un peu grossi... ChÂtelaine novembre 2010 195 Notre fécondité 2010 3,8 enfants par femme en âge de procréer 1,7 enfant par femme en âge de procréer Âge moyen au premier enfant Âge moyen au premier enfant 24,3 ans source : institut de la statistique du québec 28 ans photo : Maria Teijeiro / Getty 1960 SANTÉ châtelaine, juin 1964 Pas de sexe sans enfant photo :Vintage Images / Getty (famille), studio rogers (livre) La pilule a tout révolutionné Commercialisée en 1960, la pilule arrive sur le marché canadien en 1962, mais rares sont les médecins qui la prescrivent. Pourquoi ? Parce que, tout comme l’avortement, la contraception constitue un crime passible d’emprisonnement. Le Code criminel canadien interdit aussi la diffusion d’information sur la limitation des naissances. Certains médecins contournent la loi en prescrivant des anovulants (la pilule anovulatoire) pour régulariser les menstruations et diminuer les douleurs menstruelles de leurs patientes. Finalement, le projet de loi C-150 (qu’on a appelé bill Omnibus), adopté en 1969 par le gouvernement fédéral, légalise l’usage de la pilule et décriminalise du même coup l’avortement (dit thérapeutique) effectué sous certaines conditions. 2010 : Un bébé, oui, mais plus tard ! 45 % 55 % 45 % des femmes atteignent la trentaine sans avoir eu d’enfant. C’est 10 % de plus qu’il y a 20 ans. source : conseil du statut de la femme, 2008-2009 « La société a-t-elle le droit de forcer la femme à donner la vie ? L’Église condamne tous les accessoires qui empêchent la conception », titre Châtelaine en juin 1963. Le sexe doit n’avoir qu’un seul but, la procréation. Le curé fronce les sourcils si l’une de ses paroissiennes n’a pas assez d’enfants. Aucune excuse n’est valable, même pas les grossesses qui mettent la vie de la femme en danger. Selon une enquête menée par le magazine en juin 1964, les femmes veulent limiter leur famille à quatre enfants et espacer les grossesses. De plus en plus de femmes avouent au confessionnal avoir « empêché la famille ». Pourtant, les deux méthodes contraceptives de l’époque – l’abstinence et le coït interrompu – sont peu efficaces... Les naissances chez les mères plus âgées (35 ans et plus) sont presque quatre fois plus fréquentes qu’elles ne l’étaient une génération auparavant. source : statistique canada, 2004 L’anesthésie péridurale a 50 ans Dans les années 1960, les accouchements sont très médicalisés. Châtelaine révèle en 1969 que 62 % des femmes qui arrivent dans la salle d’accouchement y sont menées en fauteuil roulant, même si elles sont en mesure de marcher. La péridurale – une technique d’anesthésie locale – a fait son entrée dans les hôpitaux québécois en 1962. « Les substances analgésiques utilisées à cette époque gelaient comme du béton. La patiente était incapable de pousser, explique l’obstétricien Antoine Rochette. Alors, on devait recourir aux forceps, des pinces conçues pour aider à sortir l’enfant. » Dès le début des années 1980, on a recours à des analgésiques qui permettent à la femme d’accoucher plus naturellement. Ce qui fait chuter radicalement l’usage des forceps. ChÂtelaine novembre 2010 199 SANTÉ sexualité pour le plaisir, madame ! Vers la deuxième moitié des années 1960, une nouvelle « science » fait son apparition : la sexologie. Au Québec, c’est à l’UQAM, en 1969, que cette matière est enseignée pour la première fois. Alors que cinq ans auparavant, les femmes ne devaient ressentir aucun plaisir, voilà qu’on apprend que « la frigidité se corrige », titre le Châtelaine d’octobre 1968. C’est le monde à l’envers ! « Sans la pilule, rien de tout cela n’aurait été possible, note la sexologue Jocelyne Robert. Comment peut-on penser au plaisir lorsqu’on vit dans la peur d’être enceinte ? » L’orgasme : le « bon » et le « mauvais » Au milieu des années 1960, le plaisir féminin est peu connu. On enseigne dans les facultés de psychologie que le véritable orgasme est vaginal. L’orgasme clitoridien serait un refus d’assumer pleinement son rôle de femme, dixit Sigmund Freud. Le psychanalyste viennois avouera pourtant, à la fin de sa vie, ne pas connaître grandchose au sexe féminin. Heureusement pour nous, des chercheurs vont rétablir les faits. En 1966, William Masters et Virginia Johnson publient Human Sexual Response (Les réactions sexuelles), un livre phénomène basé sur l’observation clinique de 382 femmes et de 312 hommes « en action ». L’étude démontre que, quelle que soit la forme de stimulation, vaginale ou clitoridienne, l’orgasme est le même. 200 novembre 2010 ChÂtelaine châtelaine, février 1974 En 1974, on peut lire dans Châtelaine : « Ne perdez jamais de vue que les relations sexuelles sont une bonne chose : comme toutes les bonnes choses, elles valent que l’on se force pour les développer. » photos : Creasource / Corbis (couple), studio rogers (livre) L’épanouissement sexuel repose sur l’anéantissement de nos peurs et de nos angoisses, dit-on aux femmes dans Châtelaine en 1968. 1 2 3 4 5 6 7 8 silhouette photos : Popperfoto / Getty (1), Cinema Photo / Corbis (2), Douglas Kirkland / CORBIS (3), Yann Gamblin / Corbis (4), Terry O’Neill / Getty (5), Walter McBride ./ Retna Ltd./ Corbis (6), Stephane Kossmann / Getty (7), Sascha Baumann / Getty (8) Plus ça change... On se rappellera le raz-de-marée nommé Twiggy 1 , dans les années 1960. À 16 ans, avec ses 45 kilos, elle est devenue une superstar de la mode. Son gabarit de nymphette, sans seins ni hanches, tranchait avec les silhouettes en rondeurs des mannequins qui l’ont précédée. À côté d’elle, l’actrice Marilyn Monroe 2 a carrément l’air toutoune ! Twiggy est la quintessence du look juvénile du moment, l’emblème d’une jeunesse qui prend sa place dans le monde et se rebelle contre l’autorité de l’Église, des parents, de l’État. Puis, retour du balancier : fin 1970, les mannequins reprennent du tonus. Elles pètent de santé (Cheryl Tiegs 3 , Christie Brinkley). Cette tendance ouvre la voie aux super-modèles – les Cindy Crawford , Linda Evangelista, Elle Macpherson 4 , etc. – de la fin des années 1980 et du début des années 1990, qui affichent un look athlétique, implants mammaires en prime. Les nouveaux canons de beauté ont, liposuccion aidant, un corps sculpté aux lignes parfaites. Au milieu des années 1990, changement de cap : les pulpeuses cèdent la place à Kate Moss 5 . Propulsée à 14 ans dans les hautes sphères de la mode grâce au look waif (l’allure d’une enfant abandonnée) et à sa silhouette de brindille, elle sera l’incarnation du look de l’heure, heroin chic (maigreur, androgynie, traits émaciés et yeux cernés). C’était l’époque du grunge, du groupe musical Nirvana, des pubs libidineuses de Calvin Klein et de la glorification de l’héroïne – devenue drogue chic. Dix ans plus tôt, il aurait été impensable qu’une adolescente de 5 pi 7 po (1 m 70) aux jambes « croches », d’une beauté toute relative, puisse faire pareille carrière. Et maintenant ? La religion minceur s’essouffle. Les mannequins et les célébrités plus en chair sont populaires. Des stars osent dénoncer la tyrannie de la taille 0. Le nouvel esthétisme reflète une silhouette tonique qui permet les rondeurs. Qui plus est, des personnalités comme Jessica Simpson 6 , Beyoncé, Jennifer Hudson 7 , la première dame des ÉtatsUnis Michelle Obama, la comédienne Christina Hendricks (de Mad Men) et la top-modèle Crystal Renn 8 prouvent que les courbes sont sexy. Même les créateurs de mode semblent s’inspirer davantage des formes féminines naturelles. Le dernier défilé de la marque Louis Vuitton en est un exemple éloquent : une profusion de robes rétro mettant en valeur le galbe de la poitrine, une taille fine et des hanches rondes à la Sophia Loren et à la Bardot. ChÂtelaine novembre 2010 201 SANTÉ Les Québécoises ont de plus gros seins qu’il y a 25 ans. Et ce n’est pas qu’en raison des augmentations mammaires. châtelaine, mars 1963 Le corps modifié 202 novembre 2010 ChÂtelaine Chirurgie esthétique À quels seins se vouer ? De nos jours, la poitrine est plus généreuse et la cage thoracique plus développée qu’avant, confirme Raymonde Tranchemontagne, directrice Dessin chez Hanes Brands (Wonderbra, Playtex). La preuve ? « La taille de soutiengorge la plus vendue aujourd’hui est 36C, alors que c’était la 34B il y a 25 ans. On note également une hausse des ventes des bonnets comme le DD, voire le DDD », dit-elle. Ève Grenier, présidente de C.J. Grenier, société montréalaise qui fabrique des sous-vêtements depuis 1860, a noté pour sa part, depuis 5 à 10 ans, une hausse de la demande de soutiens-gorge à bonnets profonds dont la bande entourant la cage thoracique est de petite taille. « Dans les années 1960, on présumait qu’une fille portant un bonnet D était forcément boulotte, alors qu’on propose maintenant des modèles en taille 32DD – et même 32F – destinés à une clientèle de femmes minces à forte poitrine », dit-elle. À quoi attribue-t-on ces seins volumineux ? Les habitudes alimentaires, la prise d’anovulants très jeune et la popularité des augmentations mammaires sont des hypothèses avancées, mais aucune étude ne les confirme. Chirurgies esthétiques les plus populaires au pays en 2009 Augmentation mammaire 25 % 16 % 20 % Liposuccion Blépharoplastie (rajeunissement des paupières) Source : International Society of Æsthetic Plastic Surgery (ISAPS) photos : studio rogers (livre), Fuse / Getty (corps) La chirurgie plastique apporte-t-elle le bonheur ?, demande Châtelaine en 1963. On trouve alors peu de données sur ce type d’interventions, pas encore très répandu. À l’époque, la correction du nez (rhinoplastie) est la chirurgie la plus courante. Si on avait alors recours au bistouri pour corriger des « caractéristiques disgracieuses » de l’anatomie, les technol o g i e s d e s a n n é e s 19 7 0 e t 19 8 0 (liposuccion et prothèses mammaires) permettent d’accéder à la perfection corporelle. On entrevoit la possibilité de sculpter son corps en aspirant le gras et en insérant çà et là des prothèses. À la fin des années 1990, avec l’émergence des injections comblantes et des appareils au laser, on nous promet la cure de jouvence. « Les interventions non invasives ont révolutionné l’industrie. Depuis que le Botox et les injections de comblement existent, on pratique moins de déridages du front et on arrive à retarder l’échéance du lifting », constate le docteur Éric Bensimon, chirurgien plasticien à Montréal. Les façons de rajeunir sont donc multiples et plus accessibles qu’auparavant. Photorajeunissement au laser, microdermabrasion, chirurgie liftante, implants aux pommettes et injections sont parfois conjugués pour permettre aux femmes de retrouver une allure juvénile. Avant, on tirait simplement la peau vers le haut. Maintenant, on efface les rides et on donne du volume aux zones creusées par le temps. SANTÉ 40 ans hier, 40 ans aujourd’hui Même sans chirurgie ni injections, on reste jeune plus longtemps. beauté La quarantaine était jadis synonyme d’une apparence sage et classique. Il y a 15 ans, les anglophones disaient : « Fifty is the new forty ». Ils s’amusent maintenant à dire : « Sixty is the new forty » tellement les sexagénaires n’ont rien à envier aux plus jeunes en matière d’apparence. La cosméto moderne a quelque chose à voir avec ce « rajeunissement ». Rares sont les crèmes qui ne s’attaquent pas aux rides et autres signes de vieillissement (pensons aux AHA, au rétinol, au collagène et à la vitamine C). Il n’y a pas si longtemps, unifier le teint, redonner de l’éclat à la carnation, lisser les ridules, pâlir les taches pigmentaires et traiter l’indésirable acné nécessitaient un rendez-vous chez le dermato. Depuis 10 ans, la beauté s’est médicalisée au point où on a sous la main un véritable arsenal de pro : on s’achète des kits de peeling et de microdermabrasion à domicile pour exfolier la peau en profondeur, on a accès à des crèmes blanchissantes à faible teneur en hydroquinone pour éradiquer les taches solaires et on se procure des outils à ultrasons pour limiter la poussée de boutons. Même pour les dents, qui jaunissent naturellement avec l’âge, on se passe du dentiste puisque les traitements de blanchiment maison se glissent entre les dentifrices et les rincebouches à la pharmacie. interventions cosmétiques les plus populaires au pays en 2009 Injections de botox toxine qui paralyse les muscles et fige les rides d’expression Maintenant, à 40 ans, on s’affirme ! L’une de nos rédactrices en chef, Sophie Banford. 204 novembre 2010 ChÂtelaine Injections d’acide hyaluronique 28 900 22 270 pour combler les rides « Dans les années 1990, seules les femmes mûres consultaient pour des injections. Maintenant, certaines s’offrent dès la fin de la vingtaine des injections à titre préventif », remarque le chirurgien Éric Bensimon. photo : Manchester Daily Express / Getty (portrait noir et blanc), maude chauvin (sophie banford), Alloy Photography / Veer (mannequin) La jeunesse en petits pots SANTÉ tendance Être ou ne pas être bronzée ? En 1960, le bronzage fait déjà partie de nos mœurs. Il est synonyme de vacances et de bien-être. C’est le monde à l’envers puisque, quelques décennies plus tôt, on s’acharnait encore à entretenir un teint de porcelaine pour se dissocier des classes inférieures (peau brune rimait alors avec travail aux champs). La quête du hâle extrême atteint son paroxysme dans les années 1970 et 1980. On n’hésite pas alors à se tartiner d’huile Baby’s Own et à utiliser des réflecteurs métallisés pour tirer le max de notre mélanine. Même si les experts commencent à nous dire que le soleil n’est pas source que de bienfaits, et même si les lotions solaires avec FPS se généralisent, on fait la sourde oreille. Au même moment, se développe l’industrie du bronzage artificiel, grâce à des méthodes qui permettent aux habitants de l’hémisphère Nord d’avoir bonne mine toute l’année. On prend donc notre dose de chauds rayons en cabine. Fleurit aussi toute la gamme des autobronzants, mais le teint carotte qui leur est associé les rend peu populaires. Ce n’est que vers la fin des années 1990 qu’on prend conscience des dangers de l’exposition au soleil. Méchants mélanomes et vieillissement prématuré nous guettent. Et on se charge de nous le rappeler, à grand renfort de campagnes de sensibilisation. Si bien qu’aujourd’hui personne n’ose sortir au grand soleil sans, au minimum, son FPS 15. Tirant parti de notre anxiété collective à l’égard des rayons UV, les fabricants proposent depuis cet été des écrans solaires au FPS très élevé (70 et même 100). Résultat ? La plupart d’entre nous osent maintenant exhiber l’été des jambes nues... et laiteuses. C’est presque devenu un signe d’intelligence ! D’autant plus qu’on évite les salons de bronzage depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les rayons UV qui y sont produits dans la catégorie des « substances cancérogènes ». Pour celles qui ne peuvent vivre sans hâle, il reste les autobronzants, le spray tan, les douches bronzantes et autres technologies qu’on met au point. On parle même d’un implant sous-cutané (SCENESSE®, approuvé dans certains pays et réservé à l’usage médical) qui permettrait de bronzer sans soleil tout en protégeant des UV pendant six mois. 206 novembre 2010 ChÂtelaine La guerre aux poils féminins ne date pas d’hier. Dans les années 1960, on se rase les jambes, les aisselles et le bikini – juste ce qui dépasse du maillot. Dans les années 1970, on s’abonne à l’épilation à la cire chaude ou froide. Sans grand succès, on essaiera aussi les bidules motorisés douloureux comme l’Épil-lisse, qui arrachait les poils avec un ressort. Puis, l’électrolyse devient la méthode par excellence pour se débarrasser des poils une fois pour toutes. Mais comme c’est fastidieux, on la réserve à de petites zones (moustache, aisselles ou bikini). Les années 1970, c’est aussi le Flower Power et la beauté au naturel. On assume la toison pubienne. On n’élaguera ce buisson que vers la fin des années 1980. Au fil des ans, on épile de plus en plus, passant de la mode du « triangle américain » à la « brésilienne », puis au « ticket de métro » (dès 1992). La dernière tendance ? L’épilation intégrale du triangle de Vénus, cette fois au laser, technologie définitive et moins douloureuse qui a révolutionné l’industrie de l’esthétique. « Depuis deux ans, 75 % de nos clientes se font épiler le pubis », souligne Julie Ellis, des Cliniques du Corps Skins. Une tendance qui touche davantage les femmes de moins de 35 ans. photos : Jim Sugar / Corbis (bronzage), George Marks / Getty (photo noir et blanc) Toutes à poil! SANTÉ La cigarette est partout en 1960. On le constate d’ailleurs dans la série télé Mad Men. bilan de santé Ça va mieux ! 1963 Châtelaine énumérait les maux à surveiller : l’arthrite, les maladies du cœur, le diabète, l’hypertension et le cancer. Le cancer du sein occupait le premier rang des cancers touchant les femmes. En 2010, c’est toujours le cas – mais il est mieux traité. 2010 Les problèmes de santé les plus importants chez les femmes sont maintenant l’obésité, l’arthrite, l’hypertension et la douleur chronique. Les principales causes de décès : les tumeurs malignes et les maladies cardiovasculaires. Des innovations bénéfiques Espérance de vie 1963 73,1 ans 2007 83,1 ans Source : Institut de la statistique du Québec 208 novembre 2010 ChÂtelaine Fumer ? On écrase ! Le danger que constitue l’usage du tabac commence à inquiéter les médecins dès les années 1950. Mais c’est en 1961 que l’Association médicale canadienne déclare qu’il existe un lien formel entre la cigarette et le cancer du poumon. Ce qui n’empêche pas les femmes de fumer de plus en plus : le tiers des Canadiennes sont alors abonnées au tabac, mais cette proportion grimpe à 40 % en 1972. C’est que les agences de publicité rivalisent d’ingéniosité pour nous convaincre que fumer est in. En 2009, grâce aux lois sur le tabac, on ne compte plus que 17,7 % de fumeuses au pays. Mais les jeunes et les femmes sont toujours les cibles favorites de l’industrie. Et il faut savoir que, pour chaque Québécoise emportée par un cancer du sein, deux autres meurent du cancer du poumon. photo : Presse CAnadienne / AMC / Courtoisie de Everett Collection La première génération d’antidépresseurs arrive sur le marché en 1960. Entre autres, on emploie un médicament contre la tuberculose qui n’améliorait pas l’état de santé des patients, mais faisait des merveilles pour leur moral ! En 1960, c’est le début de l’utilisation à grande échelle de la mammographie pour dépister le cancer du sein. En 1963, des chercheurs commencent à soupçonner le gras animal de contribuer à l’apparition des maladies cardiovasculaires. L’assurance maladie entre en vigueur en 1970. SANTÉ on bouge ! La forme pour les formes Dix minutes par-ci, par-là suffisaient, il n’y a pas si longtemps. Plus maintenant. On s’entraîne avec sérieux... Pour avoir un corps mince, musclé et en santé ! le gouvernement commence à inciter la population à pratiquer des activités physiques. On propose alors aux femmes d’entreprendre un programme d’entraînement de 10 minutes, le 10BX – pour Basic eXercises, 10 exercices conçus par l’Aviation royale du Canada –, « qui favorise la souplesse et la grâce des mouvements féminins ». la position du lotus et la chandelle. On prend une grande respiration et on travaille la souplesse en cultivant un idéal de bien-être. L’arrivée du jogging En 1970, une étude américaine démontre que l’activité physique pratiquée régulièrement est bonne pour la santé. On parle dès lors de « garder la forme » plutôt que de « garder la ligne ». Ces recherches recommandent le jogging comme activité de base pour la mise en forme. Tout le monde se met alors à la petite foulée (pendant 20 à 30 minutes), une course modérée qui améliore la capacité cardiorespiratoire. maintenant à haute intensité. « Le but ? Suer à fond pour dépenser des calories ! », rappelle Lyne St-Roch, kinésiologue et propriétaire des Studios Lyne St-Roch, spécialisés en yoga. lyne st-roch Du kick-boxing ou du Pilates ? « Vers la châtelaine, juillet 1968 Les muscles ? Non merci ! En 1966, si on syntonise Radio-Canada pour regarder Femme d’aujourd’hui, on peut s’entraîner avec Yvette Volet, une diplômée en éducation physique. Ses séries de mouvements permettent de « raffermir les muscles et de maigrir ». Quand arrive la minijupe, on propose même des exercices pour raffermir les genoux ! On veut maigrir, affiner sa taille, modeler son corps, mais surtout éviter de faire grossir ses muscles, jugés trop masculins. À TéléMétropole, Suzanne Piuze donne des cours de yoga aux Québécoises à l’émission Toast et café, leur faisant découvrir 210 novembre 2010 ChÂtelaine Jane fonda ... et de la danse aérobique C’est l’explosion de la « culture physique » dans les décennies 1980 et 1990. Les centres sportifs se multiplient. On y va surtout pour les cours de danse aérobique, car c’est plus agréable de bouger au son d’une musique rythmée. Sinon, on devient accro aux cassettes d’exercices (en Beta !) produites par des stars devenues reines du fitness comme Jane Fonda. Dans les deux cas, le résultat est le même : on s’entraîne fin des années 1990, on a compris que les muscles permettent de brûler des calories au repos. C’est ce qui a amené la création de méthodes d’entraînement comme le boot camp (pour recrues dans l’armée) et le kick-boxing, qui combinent musculation et cardio », explique Lyne St-Roch. Le stress faisant partie de nos vies, on cherche aussi à se recentrer en prenant du temps pour soi. Le yoga et la méthode Pilates répondront à ces besoins. Un entraîneur privé SVP Aujourd’hui, 62 % des femmes pratiquent régulièrement une activité physique. Nombre d’entre elles ont pour objectif de maintenir une silhouette à la fois mince et musclée. On s’entraîne en circuit (CrossFit, Swann, Curves) ou on se paie les services d’un entraîneur privé. Les muscles s’affichent maintenant fièrement. photos : studio rogers (livre), Steve Schapiro / Corbis (jane fonda), Marcel Mueller / dirXions (lyne st-roch) Que 10 minutes ! Dans les années 1960, SANTÉ 50 ans de régimes On ne peut plus l’ignorer : les restrictions de toutes sortes font maigrir, puis grossir. Immanquablement. régimes et cie Des diètes folles, folles, folles Avec l’arrivée de la minijupe en 1966, le poids devient une préoccupation pour toutes les femmes, y compris celles dont l’indice de masse corporelle (IMC) est normal. Nous amorçons l’ère des régimes draconiens. Un exemple : la diète liquide, qui consiste à boire un verre de lait écrémé par jour, plus de l’eau, du thé, du café et du bouillon à volonté. Total quotidien des calories permises : 400, alors qu’une alimentation normale devrait en comporter entre 1 800 et 2 000... On propose aussi le jeûne sous supervision médicale pendant 14 jours, suivi d’un jeûne intermittent pour maintenir le poids. Un régime à la mode recommande même aux femmes de profiter de la grossesse pour maigrir, car la perte de poids serait plus facile à ce moment-là ! Ce n’est qu’au début des années 2000 que les chercheurs démontreront que ces régimes, en plus d’être néfastes, font prendre du poids. Malgré cela, des régimes miracles complètement saugrenus font encore la une à un moment ou à un autre. C’est le cas récemment du Master Cleanse, un programme de détox qui consiste à boire un mélange d’eau, de jus de citron, de poivre de cayenne et de sirop d’érable pendant 10 jours. Récemment, il a été remis à la mode par la chanteuse Beyoncé et l’actrice Demi Moore. 212 novembre 2010 ChÂtelaine 1970 : La phobie des glucides Place au régime Atkins, qui interdit les féculents, les légumineuses et les fruits. En revanche, les aliments riches en gras ou en protéines, comme la viande et le fromage, sont permis. Résultat : une diète pauvre en vitamines qui augmente le taux de cholestérol. Ce régime revient en force dans les années 1990 avec la réédition du livre Dr Atkins Diet Revolution, d’abord paru en 1972. 1980 : Les protéines avant tout En 1987, le livre Je mange, donc je maigris se vend à 17 millions d’exemplaires dans le monde. Le régime Montignac bannit les aliments à indice glycémique élevé comme le pain blanc, les pâtes, les pommes de terre et le maïs. Il interdit aussi de mélanger au même repas féculents et protéines animales, comme le pain et le fromage. Décédé cet été, son auteur, Michel Montignac, n’était pas nutritionniste mais cadre dans l’industrie pharmaceutique. La Québécoise Lyne Martineau crée Minçavi, un programme de gestion de poids, en se basant sur le Guide alimentaire canadien. Un succès incroyable qui ne se dément pas après 24 ans : 160 points de service au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. 1990 : À la recherche de la solution miracle Inventé en 1995 par un biochimiste, le régime The Zone conseille de manger 40 % de glucides, 30 % de protéines et 30 % de lipides – des menus relativement équilibrés. Par contre, les portions sont minuscules et le choix des aliments, monotone. En 1996, un naturopathe lance une diète basée sur le groupe sanguin : le groupe O devrait se nourrir de protéines, le groupe A, de légumes et les groupes B et AB peuvent manger un peu de tout. Totalement farfelu ! Le docteur Howard Shapiro, qui dirige depuis 30 ans une clinique spécialisée dans la perte de poids, réalise un superbe coup de marketing en 1998 en faisant maigrir les policiers de New York. Sa méthode est simple : on prend conscience de ce que l’on ingère dans une journée en tenant un journal alimentaire. 2000 : À l’écoute de sa faim En 2005, le psychologue Edward Abramson publie l’essai Body Intelligence (L’intelligence corporelle), qui suscite l’intérêt. Son credo ? « Mangez quand vous avez faim et cessez de manger quand vous êtes rassasié. » Enfin, un peu de bon sens ! L’année suivante, au Québec, la nutritionniste Guylaine Guèvremont va dans le même sens avec Mangez !, un livre antirégime. Mis au point par un cardiologue américain, le régime Miami (South Beach Diet) est adopté par plusieurs célébrités dans les années 2000. Il n’apporte rien de neuf, car il se rapproche en partie des méthodes Atkins et Montignac. photo : Ocean Photography / Veer 1960 : la diète liquide C’est la mode des diètes liquides et du Metrecal, une boisson chocolatée qui prétend pouvoir remplacer un repas complet. Une heure après l’avoir bue, on avait faim. Le programme Weight Watchers est fondé en 1963. Près de 50 ans après, il est toujours populaire. SANTÉ PROMOTION DE EN ASSOCIATION AVEC LES CHIROPRATICIENS CANADIENS Les talons, voyez-y! châtelaine, avril 1964 Le MAGASINAGE DES CHAUSSURES Magasinez tard dans la journée — ce qui est confortable le matin peut être trop serré le soir venu, lorsque les pieds sont enflés. La bonne HAUTEUR Pour ne pas nuire à votre posture, le talon idéal ne doit pas mesurer plus de 5 cm (2 po). Les talons aiguilles ou biseautés offrent peu de soutien. Une PAUSE BIEN MÉRITÉE Vous ne devriez pas porter des talons hauts tous les jours. Ils causent un rétrécissement du tendon d’Achille et des muscles du mollet. Accordez un répit à vos pieds de temps à autre. Se chausser INTELLIGEMMENT Les doublures de cuir et de nylon permettent aux pieds de mieux respirer et procurent aux chaussures une plus grande souplesse. Assurez-vous que la chaussure soutienne l’arche de votre pied et évitez les lanières minces ou serrées qui peuvent causer une enflure douloureuse. Pour d’autres conseils sur la façon de porter des talons hauts en tout confort, visitez le www.chatelaine.com/santedudos. CONSEIL DES CHIROPRATICIENS CANADIENS De la viande, des patates et de la laitue iceberg Dans les années 1960, la viande remplit la moitié de l’assiette. Aujourd’hui, elle en occupe le quart... Par contre, la consommation de légumes est anémique, en plus d’être monotone : chou, carottes, patates, petits pois en conserve figurent le plus souvent au menu. Pas de laitue Boston, de mesclun ou de roquette : la laitue iceberg est reine. « J’ai servi du brocoli pour la première fois en 1962, raconte la nutritionniste Louise Lambert-Lagacé. Personne n’en avait jamais vu ! » On passe au végé ! Les années 1970 marquent l’émergence du végétarisme. En 1975, les chercheurs établissent un lien probant entre les maladies cardiovasculaires et la consommation de viande rouge. La mode du retour à la terre et l’industrie des aliments naturels influencent aussi nos choix. Haro sur le beurre En 1980, c’est la guerre au gras animal. « Au beurre surtout, dit Louise Lambert-Lagacé. La margarine est une panacée ! » Les gras trans pires que tout Horreur ! Les scientifiques découvrent, dans les années 1990, que les gras trans – contenus dans les biscuits, les gâteaux préparés et la margarine hydrogénée – sont nocifs pour les artères ! Place à la diète méditerranéenne Ces dernières années, de vastes études confirment les bienfaits de la diète méditerranéenne et de ses bons gras (huile d’olive, oméga-3). Le poids des générations De 1978 à 2004, le pourcentage d’obèses qui ont entre 25 et 34 ans a plus que doublé, passant de 8,5 % à 20,5 %. « On s’identifie plus que jamais à des modèles de plus en plus minces, mais on n’a jamais été aussi gros ! » dit Fannie Dagenais, directrice d’ÉquiLibre, groupe d’action sur le poids. 214 novembre 2010 ChÂtelaine photo : studio rogers Vous aimez porter des chaussures à talons? Voici comment le faire avec style et en tout confort. Dans notre assiette SANTÉ Tatouages et perçages, nouveaux rituels beauté Il y a 50 ans, le tatouage n’intéressait que les motards et les détenus. Qui aurait cru alors que des femmes couvriraient un jour leurs bras de tatouages, comme Cœur de pirate, ou arboreraient un dragon dans le dos, comme Angelina Jolie ? Et qui aurait imaginé que porter des pierres dans les narines et des anneaux dans les sourcils deviendrait tendance ? Aujourd’hui, presque un Canadien sur cinq affiche un tatouage, un perçage corporel (lobes d’oreille exclus), ou les deux. « Depuis six ou sept ans, on pratique de plus en plus de chirurgies de la vulve, dans le but de rajeunir ou d’embellir l’aspect des petites lèvres du vagin », précise le docteur Éric Bensimon. Même s’il ne s’agit pas d’une technologie nouvelle, le chirurgien explique cet engouement récent par l’épilation intégrale du pubis, qui expose cette partie de l’anatomie. En plus sur le web Ouf ! Avez-vous tout retenu ? Testez votre mémoire en 5 questions ! chatelelaine.com/quizsante 216 novembre 2010 ChÂtelaine photo : Zero Creatives / Getty jusqu’où irons-nous ?