Accès au Droit des enfants et des jeunes
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Accès au Droit des enfants et des jeunes
Participation, engagement, citoyenneté Les fiches Repères Accès au Droit des enfants et des jeunes L’accès au Droit pose le problème de la difficulté d’accès aux normes juridiques – complexité des textes, inflation législative, coût – dans tous les domaines : famille, garde d’enfants, surendettement, délits, emploi, création d’activité… Cette difficulté d’accès contribue à l’exclusion de nombreux jeunes. Il est important de distinguer si le jeune est mineur – nous parlerons plus communément des droits de l’enfant – ou majeur – il relève alors du régime de droit commun, même s’il est nécessaire de prendre en compte certaines spécificités. Concernant le droit commun, la première des difficultés de l’accès au Droit concerne l’accès à l’information. L’information s’entend comme la capacité à connaître la norme juridique, mais aussi à la comprendre afin de l’adapter à sa situation personnelle. Dans une société complexe, à la législation envahissante et disparate, vouloir respecter l’adage « nul n’est censé ignorer la loi » devient un enjeu stratégique. Les droits de l’enfant La Convention internationale des droits de l’enfant et les différentes normes élaborées par le Conseil de l’Europe sont des leviers pour protéger les enfants, leur reconnaître des droits sociaux et les éduquer au civisme et à la citoyenneté. Elle entend l’enfant au sens de mineur. « Nul n’est censé ignorer la loi » L’accès au Droit est un principe fondateur à respecter. Il participe à la fois de la citoyenneté, facteur de cohésion sociale et outil d’égalité. Le droit est un outil d’accès à la citoyenneté et à l’autonomie L’accès au droit des enfants et des jeunes ne peut être confiné aux seuls champs de l’aide juridictionnelle et juridique. Une acception pleine et entière de la notion d’accès au droit exige la prise en compte dans la situation du jeune des dimensions économiques, sociales et culturelles. Quel serait en effet le sentiment du jeune qui ne peut accéder à un logement, un travail ou obtenir des papiers, sinon celui d’être exclu de la communauté de ses concitoyens ? Le droit est un facteur de cohésion sociale L’une des fonctions du droit est d’assurer la cohésion sociale en émettant des règles qui canalisent les surenchères dans les situations de conflit ou de violence et protègent, de ce fait, la société et le citoyen. Réciproquement, le citoyen a le devoir et la responsabilité de respecter ces règles. Pourtant, force est de constater que beaucoup de jeunes perçoivent ces règles comme un instrument de répression et entendent le droit comme une série d’interdits. Dans ce contexte, les actions de sensibilisation et d’éducation à la citoyenneté constituent un véritable vecteur de socialisation, car elles donnent aux jeunes les clés de positionnement et d’ancrage dans la société. © Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, décembre 2012 1 Participation, engagement, citoyenneté Les fiches Repères encadré 1 La convention internationale des droits de l’enfant La Convention internationale des droits de l’enfant a été adoptée par l’ONU le 20 novembre 1989 et ratifiée par la France l’année suivante. Elle a pour vocation de protéger l’enfant en tant qu’être humain. Elle consacre la garantie à tous les êtres humains des droits suivants : le droit à la vie, le principe de nondiscrimination, le droit à la dignité à travers la protection de l’intégrité physique et mentale (la protection contre l’esclavage, la torture et les mauvais traitements…). Les droits de l’enfant sont aussi : • des droits civils et politiques, tels que le droit à une identité, le droit à une nationalité… ; • des droits économiques, culturels et sociaux tels que le droit à l’éducation, à un niveau de vie décent, à la santé ; • des droits individuels : droit de vivre avec ses parents, de bénéficier d’une protection ; • des droits collectifs : enfants réfugiés, droit des enfants handicapés, droit des enfants issus de minorités ou de groupes autochtones. Ces droits sont adaptés à l’enfant, tiennent compte de sa fragilité, des exigences propres à son âge, de son développement et de ses besoins essentiels (alimentation appropriée, soins nécessaires, éducation) ainsi que de sa nécessaire protection (exploitation par le travail, enlèvement, maltraitance). Le droit est un outil d’égalité La plupart des enfants sont concernés par le droit de la famille (séparation des parents, filiation…) ; un certain nombre par leur statut lié au droit au séjour, à la nationalité ; d’autres par des violences intrafamiliales, par du harcèlement et/ou des discriminations. L’égalité des droits doit être mise en œuvre pour les enfants vivant dans les familles monoparentales, pour ceux dont les familles vivent en dessous du seuil de pauvreté, pour les familles des gens du voyage… Les obstacles à l’accès aux droits Dans le même ordre d’idée, le revenu de solidarité active (RSA), comme le revenu minimum d’insertion (RMI) auquel il succède, ne s’applique pas aux moins de 25 ans – à l’exception de ceux ayant un ou plusieurs enfants. Ils sont éventuellement éligibles, dans des conditions très restrictives, à un RSA jeune : il est nécessaire d’avoir travaillé pendant deux ans les trois dernières années et ce sont les heures de travail qui sont comptabilisées ; il faut avoir cumulé 3 214 heures de travail sur les trois ans précédant la demande de RSA. Cependant le Conseil économique, social et environnemental (CESE), dans son avis du 12 juin 2012, recommande un assouplissement de l’accès au RSA pour les moins de 25 ans. L’éducation au Droit Le premier obstacle est lié à l’absence totale d’une culture du droit dans l’enseignement général. La plupart des collégiens sont concernés par le droit de la famille (divorce/et ou séparation des parents, filiation et reconnaissance) ; un grand nombre par leur statut lié au droit au séjour, à la nationalité ; un petit nombre par des violences intrafamiliales, par du harcèlement et/ou des discriminations. Or toutes ces interrogations, parfois fortes et perturbantes, de l’enfant et du jeune produisent du stress, de l’agressivité et sont la cause de parcours chaotiques de désocialisation quand elles ne trouvent pas de réponses. L’école de ce point de vue n’apporte pas de réponse organisée, ni individuellement ni collectivement. L’inversion de Droit Une des conséquences les mieux analysées de cette prise de distance d’un droit qui ne protège plus ou pas, et la recherche de la solution inverse. « Si le Droit ne me protège pas, je me protégerai moi-même ou avec d’autres pairs. » Nous verrons ainsi des enfants et des jeunes victimes devenir des agresseurs, des fauteurs de troubles et passer ainsi du statut de victime à celui de délinquant. À la lecture de faits divers dramatiques, il est édifiant de s’intéresser aux parcours de vie des agresseurs pour repérer les ruptures de la chaîne protectrice. © Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, décembre 2012 2 Participation, engagement, citoyenneté Les fiches Repères Les droits et les obligations Les deux obstacles bien identifiés : l’absence d’éducation au Droit protecteur et l’inversion de Droit sont accompagnés de phénomènes sociaux parasitant un rapport positif. Citons-en quelques-uns : les élus politiques condamnés, les trafics d’influence de toute sorte, la corruption, l’économie souterraine, les scandales financiers… Tous ces phénomènes encadrés de plus en plus par la loi ont des effets terribles, notamment dans les relations entre les jeunes et les éducateurs. Comment éduquer au respect des obligations quand les adultes passent outre ? Faciliter l’accès aux droits des enfants et des jeunes Quelques tentatives gouvernementales (conseils départementaux de l’accès au droit, maisons de la justice et du droit) s’efforcent d’apporter des réponses. De même, nombre de collectivités territoriales ont engagés des actions dans ce sens. L’éducation à la loi est une dimension primordiale. Elle doit trouver son fondement dans l’explicitation des droits par le biais de méthodes actives (témoignages, échanges après un film, études de cas, théâtre-forum...). À l’école, « l’éducation au droit » reste encore limitée et quand il y en a une elle est en général très abstraite. Des évolutions sont cependant à noter, comme le soulignent les Cahiers pédagogiques. Les établissements scolaires fonctionnent, au moins théoriquement, comme « territoires de droit » garantissant « l’application de normes internes (règlement intérieur) et externes » et comme lieux d’apprentissage à travers toute une série de dispositifs (heure de vie de classe, itinéraire de découverte, éducation civique, juridique et sociale) et d’instances comme les comités d’éducation à la santé, le conseil de la vie lycéenne (Cordonnier, 2010). Les acteurs associatifs, tant locaux que les grands réseaux d’éducation populaire, se sont emparés du encadré 2 L’association Thémis à Strasbourg Créée en 1990 à Strasbourg, Themis est une association d’accès au droit pour les enfants et les jeunes, qui intervient surtout en Alsace. L’association a trois missions : l’accueil individuel, l’éducation à la citoyenneté et la promotion des droits de l’enfant. • L’accueil individuel L’équipe (permanents et bénévoles) de Themis reçoit en entretien toute personne, jeune ou adulte, qui souhaite exposer une situation relevant du droit et concernant des enfants ou des jeunes. L’équipe écoute ces personnes, les aide à reformuler leurs questions en termes de droit, leur apporte une information juridique et les accompagne dans leurs démarches administratives et judiciaires. Dans certains cas, cet accompagnement peut aller jusqu’à la mise en relation avec un avocat de la jeunesse afin que l’enfant ou le jeune puisse être représenté ou défendu lors de procédures qui le concernent Les thèmes abordés sont : le droit de la famille, le droit pénal, le droit des étrangers, les discriminations, le droit du travail ainsi que de nombreux autres domaines de la vie quotidienne des jeunes. • Les actions d’éducation à la citoyenneté et la formation Themis intervient dans des établissements scolaires, des centres socioculturels et différentes structures qui accueillent des jeunes afin de sensibiliser et d’informer sur des questions de droit et de citoyenneté. Les équipes de Themis utilisent pour ce faire différents supports de communication (expositions, jeux, questionnaires, débats, etc.) et fait intervenir, selon les besoins, des avocats, des magistrats ou des pédagogues… Themis organise également des formations sur l’éducation à la loi en direction des personnels des institutions éducatives. • La promotion des droits de l’enfant À travers divers groupes de travail internes et externes à l’association, ainsi que par l’organisation de conférences, l’association mène une réflexion sur la promotion des droits de l’enfant, en développant l’idée de l’utilisation du droit comme outil de socialisation des enfants et des jeunes. www.themis.asso.fr/ © Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, décembre 2012 3 Participation, engagement, citoyenneté Les fiches Repères encadré 3 L’association Accès au droit des enfants et des jeunes à Marseille Créée en 1995 à Marseille, l’ADEJ intervient principalement dans les quartiers Nord de la ville. Aujourd’hui, elle élargit son action aux établissements et équipements sociaux volontaires, implantés dans les zones retenues par le nouveau contrat de ville de Marseille. Les interventions de l’ADEJ : • Information et formation des enseignants et travailleurs sociaux, relais de son action auprès des jeunes, en vue de la constitution de réseaux d’interventions sur le thème de l’accès au droit. • Animation d’outils d’éducation à la loi et à la citoyenneté auprès des enfants et des jeunes (l’exposition interactive « 13/18 Questions de justice », le logiciel pédagogique et ludique sur la citoyenneté « sais-je ? », l’exposition « Exercer ses libertés », le jeu « graine de droit », des animations de cassettes vidéo...) • Aide à l’élaboration de projets éducatifs autour des droits de l’enfant, des questions de justice... • Mise à disposition de livres et outils autour des mêmes thèmes dans la médiathèque de l’ADEJ. • Animation de groupe de parole avec les parents autour des notions d’autorité et de fonction parentale : l’action « Au tour des Parents ». • Information et accompagnement d’enfants et de jeunes sur toute problématique juridique les concernant dans le cadre du « point écoute droits des jeunes ». www.adej.org/ problème, mais souvent avec peu de moyens pour développer et pérenniser des initiatives pertinentes comme les réseaux de permanences itinérantes, la formation des acteurs sociaux… Au niveau national plusieurs associations et institutions se sont saisies de cette question et avaient fondé en 2000 le Réseau national pour l’accès au(x) droit(s) des enfants et des jeunes en partenariat avec le Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD), le ministère de la Justice et la Fondation de France. Ses objectifs se conjuguent en quatre temps : réfléchir, proposer, agir, partager. Son activité un temps mis en veilleuse vient d’être relancée. Jean-Claude Richez et Richard Sancho-Andreo, chargé de mission jeunesse à la ville de Strasbourg, ancien directeur de Themis Bibliographie • Cordonnier M., 2010, « Le recours au droit, un point d’appui », Cahiers pédagogiques, no 485, pp. 41-43. Sitographie Sitographie • Défense des enfants international www.dei-france.org • Convention internationale des droits de l' enfant texte intégral www.droitsenfant.org/convention/ • Les droits de l’enfant www. droitsenfant.org © Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, décembre 2012 4