WALLONIE Discours du Ministre-Président à l`occasion des Fêtes
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WALLONIE Discours du Ministre-Président à l`occasion des Fêtes
WALLONIE PRÉSIDENCE DU GOUVERNEMENT RUDY DEMOTTE Discours du Ministre-Président à l’occasion des Fêtes de Wallonie Septembre 2010 Mesdames, Messieurs, Permettez-moi, à mon tour, de vous souhaiter la bienvenue au cœur de notre capitale, en ce jour de fête et d’anniversaire. La Wallonie célèbre aujourd’hui ses trente ans d’existence institutionnelle. Une période déterminante, qui a vu s’accélérer toutes les évolutions. 30 ans d’autonomie politique, c’est peu à l’échelle des Etats … Mais ces trois décennies de maturation nous permettent, aujourd’hui, de parler de maturité. Car, pour les peuples comme pour les individus, la maturité est à la fois une question d’âge et de contexte. Pour la Wallonie, comme pour la Flandre, comme pour Bruxelles, le contexte actuel est … particulier. Il se pourrait, en effet, que nous sachions bientôt dans quel processus l’Etat belge s’est engagé depuis 1970. Le fédéralisme est un système viable. Maints exemples en témoignent de par le monde. Il peut encore fonctionner au sein de l’Etat belge. Si nous prenons, d’ailleurs, la peine de considérer notre situation avec un peu de hauteur, nous constatons que le mouvement à l’œuvre chez nous, n’est pas unique. Bien au contraire, il est même caractéristique d’une vaste évolution des dernières décennies. Evolution qui a vu tant de régions souvent inscrites au sein d’Etats non contestés affirmer une conscience propre et un projet transversal. Tout cela, dans un contexte de mondialisation. Ils sont nombreux les exemples où un sentiment ouvert d’appartenance a constitué un facteur de mobilisation efficace. La Wallonie a choisi d’emprunter cette voie. Et la Wallonie avance dans cette voie. Ces trente années, nous ne les avons pas seulement consacrées à nous interroger sur les formes optimales de nos institutions. Elles ont servi à utiliser les compétences transférées, au bénéfice des citoyens et des entreprises de Wallonie. Alors que nous partions d’une situation économique structurellement difficile, c’est dans ce cadre régionalisé que nous avons défini un projet wallon. C’est dans ce cadre régionalisé que nous avons élaboré, avec les partenaires sociaux, une stratégie pour réinscrire la Wallonie dans une croissance durable, dans la cohésion sociale. Avec des résultats aujourd’hui indiscutables. A la suite de nombreux analystes, les responsables d’Ernst and Young que nous recevions la semaine dernière ont souligné cette évolution, ses causes, ses défis mais aussi ses promesses. C’est un fait : la Wallonie d’aujourd’hui n’est plus en rien la terre économiquement sinistrée d’il y a 30 ans. Fondamentalement, le visage de la Wallonie s’est modifié. Et il évolue encore ! Qui aurait cru, il y a même dix ans, que Microsoft viendrait s’installer un jour en Wallonie ? Que Google ferait de même ? Qui aurait cru, il y a cinq ans, que la Belgique atteindrait la 6e place dans le classement des pays les plus attractifs grâce aux résultats wallons ? C’était alors un rêve … C’est aujourd’hui une réalité ! Une réalité dont tout témoigne désormais : Les demandeurs d’emploi dont le nombre est orienté à la baisse depuis cinq mois consécutifs, dans une Wallonie qui résiste mieux à la crise que les autres Régions. La première place du podium européen des meilleures localisations pour la logistique et la distribution. Deux aéroports wallons à Liège et à Charleroi créant 15 000 emplois et s’affirmant comme de véritables pôles de développement ? Des exportations en croissance de 50 % par rapport à 2002. Autre illustration : en 2005, il y en avait un investissement étranger en Wallonie quand il y en avait trois en Flandre. Aujourd’hui, nous faisons jeu égal ; un pour un ! Grâce à cette dynamique, 16 000 emplois ont été créés en 10 ans. Vous savez, tous ces indicateurs économiques positifs ne doivent pas masquer une autre bonne nouvelle … en matière d’environnement. La Wallonie fait mieux que ce qu’on attend d’elle. Depuis 1990, alors que l’objectif était de -7,5 %, nous avons réduit nos rejets de gaz à effets de serre de 12,5 %. Qui niera encore que les indicateurs connaissent une évolution positive et très encourageante en Wallonie ? Mais ce n’est pas, pour nous, un motif de vaine satisfaction. C’est un formidable appel à continuer … et à accélérer le mouvement. Et c’est si je peux le dire pour chaque citoyen, un motif de plus de croire dans le résultat de nos efforts … et donc de s’investir pleinement. Pour faire le bilan de ces 30 premières années de la Wallonie nouvelle, c’est donc un constat positif que nous pouvons tirer de l’évolution fédérale. Mais je pense aussi aux autres Régions. La Flandre, bien sûr, qui a pu ainsi poursuivre le spectaculaire développement enclenché déjà auparavant, sous l’Etat unitaire, grâce à la solidarité nationale. Bruxelles, aussi, où la Région a pu démontrer sa capacité à assumer son rôle de capitale européenne et de métropole bilingue et cosmopolite, pour ses habitants. Sans oublier, bien sûr, la spécificité de la Communauté germanophone qui a vu reconnaître son droit à l’autonomie. Ce mouvement partagé a eu à la fois pour moteur et pour conséquence, l’affirmation d’une identité régionale fédératrice, en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Voilà pourquoi nous avons toujours défendu le droit des Bruxellois – francophones et néerlandophones – à disposer de leur Région propre, placée sur pied d’égalité avec les deux autres. C’est le sens d’une fédéralisation à trois à laquelle nous avons tous participé et qui doit être, pour chacune des Régions, synonyme de bien être. Car c’est bien là – dans cette recherche du bien être que se trouve la finalité. Là que se trouve l’urgence, dans le contexte international que nous connaissons. Cette nouvelle étape de la réforme de l’Etat doit donc être abordée comme un moyen supplémentaire de répondre aux besoins des citoyens et des entreprises. En négociant un accord équilibré qui donne plus de latitude aux projets de la Wallonie, de la Flandre et de Bruxelles … Trois Régions que nous voulons voir s’affirmer pleinement, en préservant une indispensable solidarité interpersonnelle et en n’appauvrissant aucune entité. Ce qui implique un juste financement de Bruxelles, pour ses missions particulières. Mais aussi des moyens adéquats pour la Wallonie ! … qui doit pouvoir mener à bien la stratégie qui a impulsé son redécollage. Dans ces conditions, nous appelons de nos vœux un accord équilibré dans lequel chaque entité trouvera le cadre de son épanouissement. Si cet accord est conclu, je proposerai au Gouvernement wallon de mettre immédiatement en place des groupes de travail associant représentants politiques, partenaires sociaux et universitaires, pour préparer l’accueil des nouvelles matières dans les meilleures conditions. En veillant, bien sûr, à les intégrer sans retard dans les axes de notre Déclaration de politique régionale, pour en faire de nouveaux outils au service de notre stratégie. Comme l’écrivait Herbert Georges Wells : « C'est cela qu'être adulte signifie : savoir assumer une responsabilité ». Et je me réjouis de voir cette conscience largement partagée, aujourd’hui. De même, je me réjouis de voir s’exprimer au sein de notre capitale une volonté forte d’assumer pleinement son rôle. C’est avec enthousiasme et fierté que je débattrai donc prochainement, devant notre Assemblée, du projet de décret que j’ai initié pour confirmer Namur comme capitale de la Wallonie et siège tant du Gouvernement que du Parlement. La création d’un Mérite wallon une distinction qui consacrera l’action de celles et ceux qui ont apporté un « plus » à la Wallonie s’inscrit dans cette volonté de soutenir une conscience collective ambitieuse en appui de notre stratégie socio économique. Car, Mesdames et Messieurs, en politique, il n’est pas un temps pour tout. Tout doit, au contraire, être mené de front. Et les questions économiques et sociales ne sont évidemment pas différées pour cause de négociations institutionnelles. Dès lors, si les déclarations de rentrée évoquent naturellement l’avenir de nos institutions … L’action de rentrée, elle, est directement centrée sur nos priorités. Les priorités de nos concitoyens et de nos entreprises. Car nous savons parfaitement quelles sont les attentes des hommes et des femmes de chez nous. A commencer par celles et ceux qui se battent pour leur avenir. Et si j’ai évoqué les succès qui fondent légitimement nos espoirs pour l’avenir, je n’oublie pas … - les 1 000 travailleurs toujours en chômage économique à Carsid, - les sous-traitants frappés par ricochet, - ceux qui pâtissent des restructurations - et tous ceux qui furent les victimes de la spéculation internationale. Je pense à celles et ceux vivent de leur travail avec 1 000 ou 1 200 euros par mois. Et je pense, aussi, à ceux qui n’ont pas encore de travail. Vous savez, Wallons, Flamands, Bruxellois s’adressent au monde politique dans sa globalité, quel que soit le niveau de pouvoir. Un monde politique qui n’envisage pas les questions institutionnelles pour elles-mêmes mais qui veut répondre aux plus légitimes des demandes : - un emploi stable, - des formations et un enseignement performants, - des soins de santé accessibles à tous, - un environnement préservé, - des opportunités pour entreprendre, créer, aller au bout de ses talents - et la perspective d’une pension décente. C’est ce que nous entendons assurer à chacun. Dans un modèle que nous voulons solidaire. Un modèle basé sur cette solidarité efficace qu’évoque un Prix Nobel d’Economie, Paul Krugman, dans son ouvrage « L’Amérique que nous voulons » … Où il montre que les Etats-Unis ne furent jamais aussi prospères que dans les années 50-60 où, justement, la solidarité était maximale. C’est pour cela que nous travaillons, à notre niveau, aux niveaux du Gouvernement wallon et du Gouvernement de la Communauté Wallonie/Bruxelles. Un travail qui s’inscrit pleinement dans la dynamique Marshall impulsée voici plusieurs années. Car les résultats engrangés aujourd’hui sont le fruit des mesures prises dans ce cadre, avec constance et détermination. Et le Gouvernement « Olivier » agit maintenant pour que le Plan Marshall 2.vert soit, à son tour, à la base des succès de demain. Avec le plan Creative Wallonia lancé par Jean-Claude Marcourt pour promouvoir plus encore le secteur vital de l’innovation … Avec une attention prioritaire accordée à la recherche cette clef d’avenir avec Jean-Marc Nollet, … Avec un accompagnement toujours plus individualisé des demandeurs d’emploi initié par André Antoine et un accent mis sur la formation pour orienter ou, au besoin, réorienter sa carrière … Avec des efforts très concrets pour assurer la démocratisation des études supérieures. Avec également mon souhait de voir lancé un Plan « Industrie » … C’est-à-dire un plan de simplification administrative qui fédère toutes les forces de l’équipe et des partenaires sociaux afin d’offrir le meilleur accueil aux initiatives créatrices d’activités … Ce sera un de nos grands enjeux, dans le cadre d’un suivi budgétaire rigoureux et ambitieux qui tient ses promesses de désendettement et démontre notre loyauté envers le fédéral et les autres Régions. Ainsi que dans une logique permanente d’alliance entre l’emploi et l’environnement. Voilà les priorités que le Gouvernement wallon entend mettre en exergue dans les prochains mois … En consacrant toute son énergie à actionner les leviers essentiels qui dépendent déjà de lui. Et en étant prêt à assurer efficacement et rapidement les missions additionnelles qui pourraient nous être dévolues. Car, j’affirme cette évidence : les Régions ont le sens des responsabilités ! N’en déplaise à ceux qui parlent insidieusement de responsabilisation. Et, vous savez, cette responsabilité, c’est d’abord devant leur population que les Régions les assument. C'est mépriser l'ensemble des Régions que de considérer qu'elles auraient de l'argent de poche à gérer. Ce qui nous préoccupe, c'est la manière dont nous exerçons nos compétences au service des Wallons. Si la responsabilisation signifie que chacun doit pleinement assumer ses missions pour le bien de l’entité dont il a la charge, cette volonté est pleinement partagée. Partagée par l’ensemble des décideurs, qu’ils soient politiques, économiques, syndicaux ou académiques. Et le sens des responsabilités n’est pas le fait d’une Région plus que d’une autre. Au final, les Wallons savent qu’ils devront toujours plus compter sur leurs propres forces, leur talent, leur travail pour garantir leur qualité de vie. Notre volonté est toujours de mettre tout en œuvre pour affirmer une Wallonie forte, aux côtés de Bruxelles maîtresse de son projet et d’une Flandre confiante dans son avenir … Le préformateur, Elio Di Rupo, que je salue, a mis toute son énergie pour proposer une base cohérente et équilibrée pouvant conduire à un accord. Aboutir implique, de chacun, courage et loyauté. De notre côté, nous avons toutes les raisons d’être fiers d’être Wallons. Et j’aspire à ce que la Wallonie, forte de son passé et des ses succès présents, contribue à ce nouveau modèle d’Etat fédéral modernisé. J’insisterai, pour cela, sur la nécessité de respecter chacun, dans sa dignité. Je souhaite donc que nous méditions, ensemble, cette phrase de Benjamin Franklin qui affirme ce qui convient bien au peuple wallon – qu’« un laboureur debout est plus grand qu’un gentilhomme à genoux ». Bonne fête à tous … Et vive la Wallonie !