Fiche d`information - Remise en état des terres en friche
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Fiche d`information - Remise en état des terres en friche
PROGRAMME PILOTE D’APPUI À LA MULTIFONCTIONNALITÉ DE L’AGRICULTURE FICHE D’INFORMATION REMISE EN ÉTAT DES TERRES EN FRICHE 1. MISE EN CONTEXTE Une friche fait référence à une superficie agricole abandonnée, sans intention d’être cultivée 1 , où s’implante graduellement une végétation naturelle, incontrôlée et donc impossible à travailler avec un équipement aratoire conventionnel. Toutes les régions du Québec comportent des terres en friche, mais celles-ci sont habituellement plus nombreuses sur les territoires caractérisés, entre autres, par des terres moins fertiles et un éloignement des marchés, des conditions moins favorables à l’agriculture intensive. Les terres en friche entraînent la fermeture du paysage, une sous-utilisation économique des terres agricoles et la perte parfois irréversible du potentiel agricole. Friche herbacée, Bas-SaintLaurent. Écosociété Les Basques La mise en valeur par l’agriculture des terres en friche est susceptible de contribuer à la redynamisation de certains milieux ruraux et de générer des bénéfices économiques, environnementaux et sociaux. En effet, cette pratique favorise la mise en valeur des paysages, l’attractivité des territoires tant pour les résidents que pour les touristes ainsi que la préservation du potentiel agricole, qui sont des objectifs poursuivis par le Programme. 2. DESCRIPTION DE LA PRATIQUE La durée, la complexité et les coûts des travaux de défrichage et de remise en état de la terre varient selon le type de friche et les caractéristiques physiques et chimiques du terrain. Les friches peuvent être herbacées, arbustives ou arborées, selon le nombre d’années qui se sont écoulées depuis la dernière utilisation de la terre. Le Programme préconise la remise en état des terres en friche qui sont situées en bordure de route, qui sont destinées à des pratiques culturales favorisant la préservation de la biodiversité ou qui font partie d’un projet visant l’accessibilité à l’espace rural ou l’occupation dynamique du territoire. Selon le projet, l’ensemble ou une partie des travaux mécaniques, manuels et de remise en culture peuvent être admissibles à une aide financière. 1 Gariépy et Vouligny, 2008. 3. EXEMPLES DE PRATIQUES Une terre défrichée et remise en état présente de nombreuses possibilités de production. En voici quelques-unes. Agroforesterie Les pratiques agroforestières combinent agriculture et foresterie. Elles peuvent prendre différentes formes comme les cultures intercalaires ou le sylvopastoralisme. Ces pratiques ne sont pas encore très développées au Québec, mais elles représentent un potentiel certain, particulièrement dans un contexte de multifonctionnalité. Pour plus d’informations, consultez la fiche Pratiques agroforestières. Culture intercalaire de céréales et de feuillus, Saint-Nicolas. D. Rivest Cultures fruitières La plupart des arbres et arbustes fruitiers présentent une bonne capacité d’adaptation et nécessitent peu de pesticides et de fertilisants. La culture de petits fruits encore méconnus comme la camerise, l’argousier et l’amélanchier, qui poussent très bien dans des climats nordiques et comportent des qualités nutritionnelles intéressantes, est particulièrement prometteuse. Cultures fourragères et pâturages Aujourd’hui, la production de fourrages est souvent délaissée au profit des grandes cultures. Pourtant, cette culture valorise très bien les terres marginales et peu fertiles, et elle fournit une alimentation de qualité et à faible coût aux ruminants. Le choix de plantes fourragères adaptées au milieu ainsi qu’une gestion adéquate permettront une prairie durable et rentable. Bovins au pâturage. MAPAQ Pour plus d’informations, consultez la fiche Pâturages. Cultures paysagères Ce type de cultures est particulièrement intéressant sur les sites qui se trouvent en bordure de route ou qui sont accessibles à la population. Il peut s’agir d’une culture destinée à la production comme celle des tournesols, du lin et du sarrasin ou simplement de bandes de fleurs sauvages, indigènes de préférence, qui favoriseront la protection de la biodiversité ainsi que la présence de pollinisateurs et embelliront le paysage. Pour plus d’informations, consultez la fiche Cultures paysagères. 4. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS Avantages pour les producteurs Valorisation d’une terre marginale. Possibilité d’une augmentation des revenus à plus ou moins long terme. Avantages pour la communauté Mise en valeur du paysage. Attractivité accrue du territoire. Revitalisation de l’économie régionale et préservation du potentiel agricole pour les générations à venir. Inconvénients pour les producteurs Coûts associés à la remise en culture. 5. ASPECTS RÉGLEMENTAIRES Avant de défricher une terre, le promoteur doit s’assurer que son projet est conforme à la réglementation en vigueur. Les règlements suivants sont présentés à titre indicatif seulement. Il est possible que d’autres règlements s’appliquent, par exemple en présence d’un milieu humide. En cas d’incertitude, adressezvous au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). 1) Les règlements sur l’abattage d’arbres Une municipalité locale ou une municipalité régionale de comté (MRC) peut régir ou restreindre l’abattage d’arbres sur une partie ou l’ensemble de son territoire afin d'assurer la protection du couvert forestier et de favoriser l'aménagement durable de la forêt privée 2 . À cette fin, elle peut exiger tout permis ou certificat d’autorisation pour la réalisation des travaux, établir certaines conditions et imposer des sanctions en cas de non-respect de la réglementation. Lorsqu’un règlement sur l’abattage est en vigueur dans une MRC, il limite souvent la superficie qui peut être déboisée à des fins de remise en culture. De plus, la MRC exige généralement un plan agronomique pour s’assurer de la 2 Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, articles 6, 8, 79.1, 113 et 233.1. qualité des travaux et impose parfois un délai pour la remise en culture (ex. : au plus tard deux ans après la délivrance du permis). 2) Le Règlement sur les exploitations agricoles Le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) a pour objet d’assurer la protection de l’environnement contre la pollution causée par certaines activités agricoles 3 . Ce règlement interdit le déboisement à des fins de mise en culture dans certaines municipalités du Québec, sauf si le site visé a été cultivé au moins une fois depuis 1990 ou 1991 selon la municipalité ou s’il a une superficie inférieure à un hectare. Il est toutefois possible de déboiser une superficie à des fins de mise en culture, en échange du reboisement d’une superficie équivalente déjà en culture. 3) La Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles Le déboisement d’une terre est reconnu comme une activité agricole au sens de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA). Il peut donc être effectué sans l’autorisation de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Il existe cependant une exception pour les peuplements forestiers de plus de quatre hectares propices à la production de sirop d’érable. En effet, une personne ne peut, sans l’autorisation de la CPTAQ, utiliser une érablière à une autre fin ni y faire la coupe des érables, sauf à des fins sylvicoles de sélection ou d’éclaircie 4 . 4) La Loi sur la qualité de l’environnement Lorsque des travaux sont prévus « dans un cours d’eau à débit intermittent ou régulier, dans un lac, un étang, un marais, un marécage ou une tourbière 5 », l’obtention préalable d’un certificat d’autorisation du MDDEP est obligatoire. POUR PLUS D’INFORMATIONS, COMMUNIQUEZ AVEC RÉGIONALE DU MAPAQ. Règlement sur les exploitations agricoles, articles 1, 50.1, 50.3 et 50.4. Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, articles 1 et 27. 5 Loi sur la qualité de l’environnement, article 22. 3 4 VOTRE DIRECTION RÉFÉRENCES Anel, Bertrand (2009). De la multifonctionnalité de l’agriculture à l’agroforesterie : le projet de mise en valeur de l’espace rural de la MRC du Rocher-Percé (février 2005 – août 2009). Réalisations et réflexions. CLD du Rocher-Percé. http://www.agrireseau.qc.ca/agroenvironnement/documents/MiseEnValeurEsp aceRuralMRCRP-RapportFinalReduit.pdf Gariépy, S., et C. Vouligny (2008). Les friches agricoles au Québec : état des lieux et approches de valorisation. Agriculture et Agroalimentaire Canada. http://www.agrireseau.qc.ca/Agroforesterie/documents/Rapport_friches_agrico les_QC_2007_Fr_Final.pdf