Mammifères terrestres

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Mammifères terrestres
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 15.1
Distribution et écologie des espèces de Chiroptères présentes en
Nouvelle-Calédonie ................................................................................15-3
Tableau 15.2
Espèces de mammifères terrestres susceptibles d’être présentes
dans la zone d’étude ............................................................................15-10
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo 15.1
Roussette (Mégachiroptères) .................................................................15-7
Photo 15.2
Colonie de roussettes de Tonga (Pteropus tonganus geddiei) ..............15-7
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15. MAMMIFÈRES TERRESTRES
Cette section regroupe les informations provenant de différentes sources tels que des
articles scientifiques de J. Rageau, entomologiste médical du centre Orstom de
Nouvelle-Calédonie et de P. Revilliod. Les sites Internet consultés sont principalement celui
de O. Thatcher, de l’Université de Leeds, celui du Swedish Biodiversity Centre, celui de
l’Indonesian Nature Conservation database ainsi que celui de l’UICN.
Malgré que l’insularité de l’île fasse en sorte que le nombre d’espèces de mammifères
terrestres soit limité, les connaissances taxinomiques et celles sur leur biologie sont faibles.
De plus, la littérature concernant la présence des espèces de mammifères terrestres en
Nouvelle-Calédonie est restreinte. Les Nouvelles calédoniennes (2001a) mentionnent que
puisque très peu d’études ont été réalisées sur les Chiroptères, il n’est pas exclu que
d’autres espèces soient découvertes dans le futur.
15.1 COMPOSITION SPÉCIFIQUE
La Nouvelle-Calédonie ne possède pas de mammifère autochtone à l’exception des
Chiroptères (Grenier et Rageau, 1956). Selon les informations disponibles concernant les
mammifères terrestres natifs inventoriés en Nouvelle-Calédonie, ils seraient représentés
par 11 espèces de Chiroptères (plus une espèce éteinte) qui se répartissent en deux
sous-ordres, soit les Mégachiroptères (roussettes) (photo 15.1) et les Microchiroptères
(chauves-souris) (Conservation International et Maruia society, 1998).
Les Mégachiroptères sont représentés en Nouvelle-Calédonie par une seule famille, les
Pteropodidés.
Six
espèces,
réparties
en
2
genres,
ont
été
inventoriées
en
Nouvelle-Calédonie. Il s'agit des genres Notopteris et Pteropus (tableau 15.1). En ce qui
concerne les Microchiroptères, ils sont représentés par la famille des Vespertillonidés pour
laquelle 2 genres ont été inventoriés, soit Chalinolobus et Miniopterus (tableau 15.1).
Selon la littérature, 6 des 11 espèces de Chiroptères inventoriées sont endémiques à la
Nouvelle-Calédonie, dont une espèce (Notopteris macdonaldii neocaledonica) qui est
endémique à la Grande Terre et 2 espèces qui sont endémiques aux Îles Loyauté
(tableau 15.1). Pteropus ornatus auratus et Pteropus vetulus sont les espèces endémiques
aux Îles Loyauté et ne sont pas présentes sur la Grande Terre.
Parmi les 11 espèces de Chiroptères qui composent la faune des mammifères terrestres de
la Grande Terre, 5 espèces possèdent un statut particulier (tableau 15.1). Selon
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l’UICN (2000), Notopteris macdonaldii neocaledonica et Pteropus ornatus ornatus sont
vulnérables. Les espèces Chalinolobus neocaledonicus et Miniopterus australis robustior
sont menacées d’extinction. De plus, l’espèce Nyctophilus howensis est éteinte
(tableau 15.1). Les principales menaces pour ces espèces sont la perte d'habitat et la
chasse (Ekstrom et al., 2000).
La chasse aux roussettes et aux chauves-souris est réglementée selon la délibération
no 85-2001/BPN, adoptée par la Province Nord. Selon cette délibération la chasse aux
roussettes est autorisée sans autre formalité que le permis de chasse alors que la chasse
aux chauves-souris est interdite sauf sous autorisation provinciale.
Les lois et réglementations concernant la chasse des espèces à statut particulier sont
discutées au chapitre 16.
Toutes les espèces appartenant au genre Pteropus, à l’exception de l’espèce
Pteropus tonganus geddiei, font partie de l’annexe II de la Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES, 2001).
Pteropus tonganus geddiei fait partie de l’annexe I de cette convention qui comprend les
espèces qui sont menacées d'extinction et qui sont ou pourraient être affectées par le
commerce. Le commerce de ces espèces doit être soumis à une réglementation
particulièrement stricte afin de ne pas mettre davantage leur survie en danger et ne doit
être autorisé que dans des conditions exceptionnelles (CITES, 2001). L'annexe II
comprend les espèces qui ne sont pas menacées d’extinction mais qui peuvent le devenir
si le commerce international de ces espèces n'est pas réglementé.
Les seuls rongeurs sauvages inventoriés sur le territoire calédonien sont des rats et des
souris, d’importations polynésienne et européenne, arrivés avec les premiers habitants.
Selon Grenier et Rageau (1956), la population de rongeurs, en Nouvelle-Calédonie, est
représentée par Rattus exulans, Rattus rattus rattus et sa sous-espèce Rattus rattus
alexandrius, Rattus norvegicus ainsi que Mus musculus canacorum.
Deux prédateurs ont aussi été introduits par l’homme, soit le chien et le chat. Le chien
aurait été introduit par les Mélanésiens et le chat serait venu avec les Européens. Ces deux
espèces possèdent maintenant des populations sauvages sur le territoire calédonien
(Inco, 2000). Le cerf (Cervus timorensis rusa) et le cochon sauvage sont deux espèces
présentes sur la Grande Terre qui auraient été introduites pour la chasse. Le cerf,
provenant d'Indonésie, aurait été introduit vers les années 1870 (SEFP, 2000a).
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Tableau 15.1
Distribution et écologie des espèces de Chiroptères présentes en Nouvelle-Calédonie
15.2 ABONDANCE
L’information concernant l’abondance des espèces de mammifères terrestres présentes en
Nouvelle-Calédonie est très fragmentaire. On ne dispose que d’informations concernant
l’abondance de quelques espèces de Chiroptères et ces informations ne sont pas récentes.
Le tableau 15.1 présente une évaluation semi-quantitative de l’abondance de certaines
espèces de Chiroptères. Revilliod (1914) fait mention de Pteropus ornatus auratus qui est
l’espèce la plus commune des Mégachiroptères dans les Îles Loyauté et de Pteropus
ornatus ornatus qui est une roussette bien commune, fréquentant les différentes régions de
la Grande Terre et des Îles Loyauté. Pteropus vetulus possède une vaste distribution mais
demeure rare. Miniopterus macrocneme, du sous-ordre des Microchiroptères, semble avoir
une distribution assez étendue mais l’espèce n’est pas abondante.
Selon Chardonnet (1988) cité dans Gargominy et al. (1996), la population locale du cerf
rusa est évaluée à 100 000 – 120 000 têtes, ce qui représenterait l'effectif principal de cette
espèce dans le monde. Les Nouvelles calédoniennes (2001b) rapportent toutefois que le
nombre de cerfs rusa vivant sur la Grande Terre est encore invérifiable. Le recensement et
l'inventaire de la population du cerf rusa en Nouvelle-Calédonie est cependant prévu dans
le cadre d'un programme d'étude réalisé par des chercheurs de l'Institut Agronomique
Néo-Calédonien (IAC) et financé par le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de
l'Environnement.
Selon SEFP (2000a), le cochon sauvage abonde un peu partout sur la Grande Terre, il
serait même trop abondant.
15.3 DISTRIBUTION
Quarante-cinq pour cent des espèces de Chiroptères inventoriées en Nouvelle-Calédonie
se retrouvent également à l’extérieur du territoire calédonien et la plupart possède une
répartition qui couvre tout le Pacifique Sud. Le tableau 15.1 présente la distribution
générale des espèces de Chiroptères en Nouvelle-Calédonie.
Le sous-groupe des Mégachiroptères se retrouve généralement en Afrique, au sud-est de
l’Asie, en Indo-Australie et dans le Pacifique Sud. La majorité des espèces de ce
sous-groupe possède une distribution confinée aux îles (The Swedish Biodiversity
Centre, 1999). Cinq espèces sont endémiques à la Nouvelle-Calédonie dont une espèce
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qui est endémique à la Grande Terre et 2 espèces endémiques aux Îles Loyauté
(tableau 15.1).
Le sous-groupe des Microchiroptères se retrouve aussi dans les îles du Pacifique Sud.
Chalinolobus neocaledonicus est la seule espèce de ce sous-ordre qui est endémique à la
Nouvelle-Calédonie (tableau 15.1).
Revilliod (1914) a décrit la distribution des rongeurs de la famille des Muridés en
Nouvelle-Calédonie. Toutes les espèces possèdent une large distribution, aucune d’entre
elles n’est endémique à la Nouvelle-Calédonie. Rattus norvegicus est l’unique espèce qui
n’est pas présente sur la Grande Terre, elle se retrouve seulement aux Îles Loyauté alors
que Rattus rattus rattus ne se retrouve que sur la Grande Terre et non sur les Îles Loyauté.
Il n’y a pas d’informations précises concernant la distribution du cerf rusa et du cochon
sauvage sur la Grande Terre. Il semblerait toutefois que ces deux espèces soient
présentes sur tout le Territoire.
15.4 BIOLOGIE
15.4.1 Territoire, domaine vital et déplacements
La plupart des espèces de Mégachiroptères se nourrissent la nuit et se perchent durant le
jour dans de grands arbres et en colonies imposantes de plusieurs milliers d’individus. Les
forêts tropicales telles les mangroves et les forêts denses humides sont les habitats les
plus importants pour les Mégachiroptères. La plupart des espèces se perchent en
communauté sur des branches exposées des grands arbres émergents (photo 15.2).
Quelques espèces indigènes de Mégachiroptères préfèrent les feuillages épais qui les
protègent du soleil (Thatcher, 2000). Par exemple, Pteropus tonganus geddiei est une
espèce grégaire qui forme de grandes colonies durant le jour. Les lieux de perchage sont
principalement caractérisés par de grosses branches d’arbres exposées. Cette espèce se
retrouve aussi dans des aires habitées lorsque celles-ci sont protégées.
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Source :
Yahoué (2000)
Photo 15.1
Source :
Roussette (Mégachiroptères)
California State University (2000)
Photo 15.2
Colonie de roussettes de Tonga (Pteropus tonganus geddiei)
Thatcher (2000) a défini les avantages de vivre en colonie :
•
avantage thermique malgré que le fait de vivre en colonie empêche de fuir rapidement;
•
la colonie offre un accroissement de la vigilance contre les prédateurs et permet aux
individus de réduire le temps passé à la surveillance;
•
laisse plus de temps pour l’alimentation et la reproduction;
•
le feuillage dense protège du climat et du soleil;
•
le feuillage cache aussi les Chiroptères des prédateurs. Ils sont camouflés par le patron
de leur fourrure et l’enroulement de leurs ailes sur eux-mêmes qui les fait ressembler à
des feuilles mortes (Churchill, 1998 cité dans Thatcher, 2000).
Quelques espèces vivent seules ou en petits groupes alors que d’autres forment des
colonies dans des cavernes ou des abris rocheux. En effet, on retrouve les
Microchiroptères dans les grottes, à proximité des massifs karstiques (plateau calcaire où
prédomine l’érosion chimique) ou encore en forêt de basse et moyenne altitudes où ces
espèces
nichent
dans
des
trous
ou
dans
des
troncs
d'arbres
creux
(La
Nouvelle-Calédonie, 2000).
Les habitats de forêts denses et humides, de mangroves et de massifs karstiques sont
présents dans la zone d’étude. Il est donc probable de rencontrer la majorité des espèces
de Chiroptères dans la zone d’étude, à l’exception de Nyctophilus howensis qui est une
espèce éteinte ainsi que de Pteropus ornatus auratus et Pteropus vetulus qui sont
endémiques aux Îles Loyauté. Ainsi, 9 espèces de Chiroptères sont susceptibles d’être
présentes dans la zone d’étude (tableau 15.2) dont 4 espèces sont endémiques et 4 à
statut particulier.
Rattus norvegicus, Rattus rattus rattus et Rattus rattus alexandrinus sont des espèces
domestiques vivant la plupart du temps dans les habitations. Ainsi, des 5 espèces de
Muridés inventoriées en Nouvelle-Calédonie, quatre espèces ne sont pas susceptibles de
se retrouver dans la zone d’étude puisqu’elles ne s’observent pas dans les types d’habitats
présents dans la zone d’étude. Rattus exulans est la seule espèce susceptible d’être
observée dans la zone d’étude puisqu’elle se retrouve dans la savane (tableau 15.2).
Selon Gargominy et al. (1996), le cerf rusa a conquis tous les milieux naturels de la Grande
Terre à l'exception des maquis à terrain minier. Cette espèce est aussi susceptible de se
retrouver dans la zone d'étude.
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Tableau 15.2
Famille
Espèces de mammifères terrestres susceptibles d’être présentes
dans la zone d’étude
Espèce
Muridés
Notopteris macdonaldii
neocaledonica
Pteropus anetianus
Pteropus macmillani
Pteropus ornatus ornatus
Pteropus tonganus geddiei
Chalinolobus neocaledonicus
Miniopterus australis
Miniopterus australis robustior
Miniopterus macrocneme
Rattus exulans
Cervidés
Cervus timorensis rusa
-
Cochon sauvage
Pteropodidés
Vespertilionidés
Espèce
endémique
Espèce à
statut (UICN,
2000)
X
X
X
X
X
X
X
X
Habitat
Forêt dense et
humide,
mangrove
Massif karstique,
forêt de basse et
moyenne
altitudes
Savane
Tous les milieux
naturels à
l'exception du
maquis minier
-
Le cochon sauvage est aussi susceptible de fréquenter la zone d’étude puisque selon
SEFP (2000a), l’espèce abonde un peu partout sur la Grande Terre.
15.4.2 Alimentation et croissance
Les Mégachiroptères de Nouvelle-Calédonie sont frugivores et se nourrissent de fruits, de
nectar et de pollen (tableau 15.1). Ces espèces ne consomment en fait que le jus des fruits
et en dédaignent la pulpe. Leur langue creuse le fruit et prend la forme d’un tube pour en
aspirer le nectar. Leurs besoins alimentaires sont très importants car elles sont dotées
d’une digestion très rapide (La Nouvelle-Calédonie, 2000).
Les roussettes sont de précieux auxiliaires de la protection de l’environnement puisqu’elles
se chargent de disperser dans la nature de nombreuses graines dans leurs excréments
(Nouvelles calédoniennes, 2001a).
Les Microchiroptères sont insectivores, se nourrissant ainsi exclusivement d'insectes (The
Swedish Biodiversity Centre,1999) (tableau 15.1).
Le cerf rusa est herbivore. Les effets du broutage des cerfs sur la forêt sclérophylle sont
importants et selon Gargominy et al. (1996), le sous-bois est condamné à la disparition à
cause de l'absence de régénération. Le cerf et le cochon sauvage sont aussi reconnus
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comme agent de dispersion de plantes introduites (Stone, 1995, cité dans Gargominy
et al., 1996).
15.4.3 Reproduction
Les Mégachiroptères ont un faible taux de reproduction. Les femelles ont seulement un
jeune, parfois deux, par année (The Swedish Biodiversity Centre,1999) (tableau 15.1). Les
mâles et les femelles Mégachiroptères sont semblables, il n’y a pas de caractères sexuels
secondaires. Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle à 1,5 à 2 ans.
Selon Dwyer (1968), les naissances de Microchiroptères ont lieu dans le mois de
décembre; les mâles sont sexuellement actifs durant l'hiver et les activités de reproduction
ont lieu durant les mois de juillet et août.
15.4.4 Facteurs de mortalité et de contrôle des populations
Selon The Swedish Biodiversity Centre (1999), les principaux facteurs affectant la survie
des Chiroptères sont :
•
la chasse intensive pour la consommation de la chair;
•
la destruction de leurs habitats, tels les forêts denses et humides, les mangroves ainsi
que les massifs karstiques.
Les effets de l’empiétement des habitations sur le territoire des Chiroptères ainsi que le
tourisme croissant peuvent aussi avoir des effets négatifs sur les populations.
Thatcher (2000) mentionne que la chasse aux roussettes est réglementée sous une loi de
protection de la faune et qu’elle est seulement permise d'avril à juin lorsque les
Mégachiroptères causent le plus de dommages aux récoltes de fruits. Selon les Nouvelles
calédoniennes (2001a), les prises sont limitées à 10 par jour par chasseur. La chasse
illégale est toutefois fréquente. De plus, le braconnage est souvent pratiqué au moment de
la floraison des érythrines (famille des Papilionacées), en septembre et octobre, époque où
la roussette allaite son petit (Nouvelles calédoniennes, 2001a). De l’avis des amateurs de
la chasse à la roussette, certaines espèces se raréfieraient de façon inquiétante (Nouvelles
calédoniennes, 2001a).
Le faucon pèlerin Falco peregrinus est un prédateur de roussettes et de chauves-souris
(Thatcher, 2000). L’abondance ainsi que les habitats du faucon pèlerin ont été discutés au
chapitre précédent. Comme on le retrouve principalement dans les lagons et les îlots, il est
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plutôt rare sur la Grande Terre (voir chapitre 15). Les pressions exercées par le faucon
pèlerin sur les Chiroptères sont donc probablement faibles.
Les mouvements fréquents ainsi que le bruit peuvent être néfastes et déranger les
populations de Chiroptères, entraînant une diminution des populations. Des études ont
démontré que chez les Mégachiroptères, les dérangements fréquents entraînent une
diminution des performances reproductives, qui est normalement à un bas niveau puisqu'ils
dépensent 20 fois plus d’énergie en vol qu’au repos (INCO, 2000).
La conservation des espèces de Chiroptères oblige à une interdiction de chasse ainsi qu’à
l’établissement de plusieurs réserves à travers les aires de distribution des espèces (The
Swedish Biodiversity Centre, 1999). La réglementation spécifique concernant les
périmètres de réserves et les sites classés incombent à la Province Nord. De plus, la
gestion des forêts est la responsabilité du Service Forêt, Bois et Environnement de la
Province Nord.
Selon Dwyer (1968), la conservation des espèces de Microchiroptères requiert une
minimisation des dérangements principalement dans les sites de crèche, localisés
habituellement dans les grottes.
15.5 VALEUR INTRINSÈQUE ET D’USAGE
Les Mélanésiens ont une forte tradition de chasse et utilisent les ressources de la nature
sous toutes ses formes (SEFP, 2000a). Les produits de la chasse sont consommés par les
chasseurs, leur famille et leur entourage (SEFP, 2000a). En effet, les produits de la chasse
peuvent faire l'objet de nombreux cadeaux, d’échanges et de dons coutumiers.
Selon un questionnaire d'enquête réalisé par SEFP (2000b), 3 unités de paysage de la
zone d’étude, dont la principale utilisation est la chasse, sont considérées comme
importantes pour la population. Il s'agit de la vallée de la Côgo, des hauteurs de la
Tiombola-Tiakana et de la vallée de la Kamédwa. Ces unités de paysage représentent les
zones spécifiques de chasse dans la zone d'étude.
Les activités coutumières sont pratiquées essentiellement dans l’enceinte agglomérée de la
tribu ainsi que dans des réserves de chasse situées en dehors de la tribu et dont les gibiers
prisés pour les cérémonies sont protégés par des règles coutumières (SEFP, 2000b).
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La chasse à la roussette est réglementée et dure pendant une période de trois mois. Elle
se pratique essentiellement à la tombée du jour mais doit se terminer avant 18 heures. Les
Nouvelles calédoniennes (2001a) mentionne qu'il est interdit de tirer les nids des arbres à
fleurs et à fruits, où les roussettes se nourrissent et nichent de façon permanente ou
campent temporairement durant la floraison.
En Province Nord, la Direction du Développement Économique est responsable de
l’émission du permis de chasse à la roussette (Nouvelles calédoniennes, 2001a). Celui-ci
est obligatoire et gratuit sur le domaine public. La commercialisation des roussettes est
toutefois interdite.
Les gibiers recherchés pour la chasse sportive sont le cerf rusa et le cochon sauvage
(SEFP, 2000b). La chasse sportive est une activité secondaire par rapport à la chasse de
subsistance qui est pratiquée par les Mélanésiens des tribus, par quelques habitants de
village au revenu modeste ainsi que par les Européens. Il existe également un tourisme de
chasse exclusivement ciblé sur le cerf et destiné à des clients étrangers (SEFP, 2000b).
Cette activité de chasse est principalement pratiquée sur des propriétés privées.
Le cochon sauvage représente un gibier moins prisé que le cerf et on le chasse en partie
pour protéger les cultures (SEFP, 2000a).
Selon les délibérations no 235 du 14-11-1975 et no 103 du 11-02-1981, la chasse aux cerfs
est autorisée toute l’année et sur toutes les parties du Territoire de la Nouvelle-Calédonie
qui n’ont pas fait l’objet de mise en réserve particulière. Les prises sont limitées à un cerf
par chasseur, par journée de chasse.
Pour ce qui est de la chasse aux cochons sauvages, la délibération no 185 du 03-02-1960
mentionne qu’elle ne comporte pas de période de fermeture.
Selon Gargominy et al. (1996), une conséquence positive de l'introduction de certains
mammifères aura été de reporter l'effort de chasse locale dirigée vers les espèces
indigènes (par exemple, la roussette) sur le cochon sauvage et surtout le cerf rusa, qui
constitue le gibier par excellence.
Il n’est pas possible actuellement de statuer sur la répartition de ces espèces dans la zone
d’étude ainsi que sur leurs besoins de protection.
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En ce qui concerne les rongeurs présents en Nouvelle-Calédonie, ils ne sont pas
seulement nuisibles à cause des ravages qu’ils exercent dans les plantations et les
maisons. Ils mettent aussi en danger la santé publique en étant vecteurs de virus de
nombreuses maladies (Rageau, 1957).
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RÉFÉRENCES
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Juin 2001
Étude environnementale – Rapport final
- 15-16 20199