L ettre n°41 de la - Société Jean

Transcription

L ettre n°41 de la - Société Jean
L
S oc ié té Jea n -Ma ri e V i anney
ettre n°41 de la
Ars
w w w .sj mv .n et
Réjouissez-vous dans le
Seigneur...
Dans ce
numéro:
 Interview de Mgr Bagnard
 Vivre l’année de la Foi en
paroisse
 Le cœur du Curé d’Ars en
Angleterre
 Présentation de la
propédeutique
Institutions le 22 novembre
Noël 2012
 L’Église en Chine…
1
Sommaire
Le sacerdoce
Pour la joie des prêtres
Mgr Guy Marie BAGNARD p. 3
Un nouveau prêtre !
Bruno CARON
Saint Joseph au Séminaire d’Ars
P. Thierry des ROCHETTES p. 8
Le cœur du Curé d’Ars en Angleterre
Robert DYKES
p. 9
Les institutions
P. Gaspard CRAPLET
p.10
Par ce signe tu vaincras
Josselyn CHALLAND
p.11
Année de la Foi ? Comment la vivre
P. Roch VALENTIN
p. 12
En famille !
Corentin MEIGNIÉ
p. 14
Réveil d’un directeur de camps
Louis-Emmanuel MEYER
p. 16
Témoignage sur la miséricorde
A. Patrick CLÉMENT
p. 18
Au nom d’une passion
P. Vincent SIRET
p. 20
De l’Empire du milieu
P. Augustin WANG
p. 21
Les propédeutes
Hubert D’ADLER
p. 24
Une année chez les Gaulois
Richard HOWARD
p. 25
Le cross du Séminaire
Modeste AKAKPO
p. 26
Les fraternités font leur sortie
Baptiste VANEL
p. 27
p. 6
SJMV
Séminaire
2
Pour la joie des prêtres
Zur Freude der Priester
A
u moment où Mgr Bagnard vient de quitter son siège épiscopal de BelleyArs, nous rendons grâce pour tout ce qu’il a semé et construit à Ars. Nous
rendons grâce pour la petite fraternité de prêtres de la Société Jean-Marie Vianney, pour le Foyer Sacerdotal Jean Paul II, qui veut vivre de son esprit de partage et de vie fraternelle en accueillant les prêtres du monde entier. Et nous rendons grâce particulièrement pour le Séminaire d’Ars, maison de formation de la
SJMV, qu’il a fondé en 1988, et qui a déjà formé de nombreux prêtres dans l’esprit du Saint Curé. Combien il est important aujourd’hui de voir des prêtres heureux de travailler, de prier et de porter leur mission ensemble !
À l’heure où il change de mission, nous assurons Mgr Bagnard de toute notre
amitié et de notre reconnaissance, heureux de continuer à travailler ensemble.
Que le Seigneur fasse grandir et fortifier tout ce qu’il a semé à travers son cœur
de pasteur ! Bénissons aussi le Seigneur pour tous ceux et celles qui œuvrent au
développement des vocations et s’offrent pour la sanctification des prêtres !
P. Philippe CARATGÉ
Modérateur SJMV
Interview de Mgr BAGNARD
M
onseigneur, vous avez fondé la société Saint Jean Marie Vianney,
pour vous quelle est l’idée de fond qui a présidé à cette fondation ?
J’ai toujours voulu vivre le sacerdoce en compagnie d’autres
prêtres, c’est pourquoi je suis entré à St Sulpice. Après quelques
années, mon évêque m’a demandé de prendre en charge le séminaire de Paray-le-Monial, j’ai donc quitté St Sulpice. Plus tard j’ai
été nommé évêque du diocèse de Belley qui est devenu par la suite celui de Bel3
ley-Ars, Ars étant pour moi un lieu béni. Un lieu béni notamment pour se
former, et c’est pourquoi j’ai voulu fonder le Séminaire. Mais face à diverses difficultés, je me suis rendu compte qu’il était nécessaire que ce séminaire
dépende directement d’une société de prêtres qui formerait des jeunes à l’ombre
du St Curé, dans une vie de fraternité. Je pense en effet qu’une vie avec des
confrères est nécessaire pour porter plus facilement le poids d’une charge de
curé. Par ailleurs ce mode de vie a un impact missionnaire considérable, quand
les gens voient des prêtres qui s’aiment, savent se soutenir, prier ensemble, cela
représente pour eux un merveilleux témoignage.
Pour la formation des prêtres, qu’est-ce qui vous paraît le plus important aujourd’hui ?
Une telle formation s’adresse d’abord à l’intelligence, même si elle touche également le cœur, la volonté et la liberté. Le jeune a besoin de découvrir la profonde cohérence de la foi. Comment affirmer que Jésus est la Vérité si on ne
sait pas en quoi Il est la Vérité ?
Ensuite, il est capital de progresser dans l’amour de l’Église, car elle nous transmet l’amour de Jésus. Les deux se tiennent, et un prêtre qui sortirait du séminaire sans être convaincu de la sainteté de l’Église serait inéluctablement malheureux. Sans l’Église on ne connaîtrait pas Jésus, ce sont les apôtres qui nous
ont transmis son enseignement.
Au séminaire on doit également apprendre à vivre la souffrance quand elle se
présente. Il faut savoir l’accueillir dans la joie comme le Christ sur la croix, car
elle est une des dimensions de notre vie. La mission est parfois aride, et le
prêtre ne reçoit pas beaucoup de mercis, il faut donc savoir accueillir cela. Ainsi
dans Novo millenium ineunte au paragraphe 26 Jean-Paul II rappelle que « le cri de
Jésus sur la Croix n'exprime pas l'angoisse d'un désespéré, mais la prière du Fils
qui offre sa vie à son Père dans l'amour, pour le salut de tous. Au moment où il
s'identifie à notre péché, “abandonné” par son Père, il “s'abandonne” entre les
mains de son Père. Ses yeux restent fixés sur son Père. »
Enfin, il est important que le séminariste apprenne à travailler avec les fidèles
laïcs, de manière ajustée, car les chrétiens sont d’abord appelés à transformer le
monde en l’imprégnant de l’Évangile. Ils sont également appelés à prendre leur
place dans la vie de la communauté chrétienne.
Chez le Curé d’Ars, qu’est-ce qui vous frappe le plus, et qu’a-t-il à nous dire aujourd’hui ?
Ce qui frappe c’est l’étendue prodigieuse de ses sacrifices et de ses pénitences ;
4
mais ce qui l’explique, c’est le don qu’il avait fait de sa personne. Il s’était dessaisi de lui-même pour se donner au Christ. Ainsi il avait dit : « Mon Dieu !
convertissez ma paroisse, je suis prêt à souffrir ce que vous voudrez ». Cette
donation était accompagnée d’humilité, de pauvreté, et d’attention aux détresses
humaines.
Pour lui, la paroisse était le centre, le lieu de mission et d’évangélisation par excellence, car c’est bien là que l’on y rencontre le peuple de Dieu.
Monseigneur, une dernière question, vous avez beaucoup œuvré pour le sacerdoce, comment
voyez-vous la mission du prêtre ?
Qu’il soit dans sa paroisse, puisque c’est le premier lieu d’évangélisation ! Et
c’est d’une grande exigence pour le prêtre, car cela nécessite qu’il soit présent.
Le prêtre ne doit pas se décourager du nombre réduit des fidèles ; car autrefois
on pratiquait parce que l’on était porté par un climat social, aujourd’hui cela
nécessite un engagement plus personnel. De la même manière on ne devient
plus prêtre pour occuper un rang social (le statut de prêtre n’étant plus très enviable : il vit modestement, il a beaucoup de travail et il n’est guère reconnu socialement). Le prêtre doit apprendre à être à la fois le petit grain de sénevé dans
sa communauté, et en même temps il ne doit pas négliger le grand arbre de
l’Église.
Le prêtre a une mission d’enseignement, qui est plus que jamais importante aujourd’hui, les personnes n’entendant que très peu souvent parler de Dieu. Il faut
donc que le prêtre se forme continuellement, et ce serait déjà pas si mal s’il faisait
la lecture des encycliques, des textes des
conciles et des synodes. L’enseignement
passe ensuite par trois chemins : la catéchèse, la prédication et la préparation aux
sacrements, et n’oublions pas l’éducation
de la conscience dans le sacrement du pardon.
Merci Monseigneur !
Propos recueillis par Corentin MEIGNIÉ
5
Un nouveau prêtre !
David de Lestapis, welcher am 24. Juni zum Priester geweiht worden ist, über seine ersten
Freuden als Priester, über das Vorbereitungsjahr (Propedeutikum) und seine Betrachtung des
Priestertums.
L
e 24 juin 2012, le Père David de Lestapis a été ordonné
prêtre pour le diocèse de Belley-Ars, au titre de la SJMV.
Ce prêtre de 32 ans, originaire du Béarn, est entré au séminaire
à 25 ans après une Maîtrise en métiers de l'Information et de la
Communication et un Master en Ressources Humaines, suivi
d'un an au siège d'une filiale de la Poste. Son passage chez les
Scouts d'Europe, les Petits Chanteurs, ainsi qu'une famille pratiquante et toujours ouverte aux prêtres l'ont aidé à découvrir la beauté et la grandeur de la foi chrétienne et du prêtre qui est chargé de la transmettre. Nous
sommes donc allés l'interroger.
Bonjour Père David ! Récemment ordonné prêtre, vous
avez été nommé chapelain au sanctuaire d’Ars, racontez
-nous vos premières joies sacerdotales ?
La première et la plus grande de mes joies est la
célébration quotidienne de l’Eucharistie. Il
m’est donné de « rendre Dieu présent » malgré
mon indignité. Je suis par ailleurs souvent au
confessionnal. Quelle joie d’y être témoin de la
miséricorde de Dieu, d’accueillir tous ces pénitents qui ont foi en cette miséricorde ! Je suis
frappé aussi de constater combien la grâce du Saint Curé aide bon nombre de
pèlerins à faire le pas vers la confession.
Une autre de mes joies est de bénir : « bénissez, c’est à cela que vous avez été appelé » (1 P 3,9) nous rappelle Saint Pierre. Nombreux en effet, sont les groupes de
pèlerins qui demandent spontanément une bénédiction à un jeune prêtre.
Pour vous, que représente le prêtre aujourd'hui ?
Étant à Ars, je vais reprendre les mots du saint Curé : « le prêtre est quelque chose de
grand ! ». En effet, « c'est le prêtre qui continue l'œuvre de Rédemption sur la terre » : il fait
renaître à la vie du Christ (Baptême), il donne Dieu aux hommes (Eucharistie)
6
et il absout les péchés (Confession),… Il n'est
qu'un pauvre pécheur et pourtant il est un témoin et un canal de la Miséricorde divine : c'est
fou quand on y pense ! Aussi, en tant que baptisé, mais plus spécifiquement en tant que prêtre,
il est appelé à la sainteté afin de pouvoir sanctifier les âmes dont il a la responsabilité devant
Dieu et devant son évêque.
Aujourd'hui, le prêtre doit être attentif à tous
(pratiquants ou non) et doit être missionnaire,
car la profonde crise de la foi qui affecte nos
pays de vieille chrétienté nous oblige à évangéliser, c'est-à-dire à semer largement et partout. Il
me semble qu'en France, l'une des missions
premières du prêtre est redevenue l'évangélisation : il doit donner l'exemple aux
baptisés et rappeler l'urgence (et la joie !) de témoigner du Verbe de Dieu venu
sauver tous les hommes. La tâche est immense !
On dit souvent que « les ordinations vident les séminaires », quel est votre message pour ceux
qui entendent cet appel à suivre le Christ ?
Qu'ils n'hésitent pas, même si l'appel leur semble encore flou, à faire une année
de propédeutique : c'est en avançant que Dieu nous éclaire ! Elle permet de se
poser les bonnes questions, de devenir familier de la Parole de Dieu, d'enraciner
et d'affermir sa vie spirituelle, d'acquérir les bases de l'anthropologie et de la
foi,... et ce dans une vie communautaire structurante. C'est une année qui est
unique dans une vie et l'on y reçoit beaucoup ! Que l'appel du Seigneur se confirme ou non, c'est toute la vie spirituelle et humaine qui se trouve stimulée et
approfondie. Je n'ai jamais rencontré de garçon qui se soit repenti d'avoir tenté
l'aventure !
Nous vous remercions mon Père d'avoir bien voulu répondre à
ces questions.
Que Dieu vous bénisse et vous garde !
Bruno CARON
Première année de Philosophie
7
Saint Joseph
au Séminaire d’Ars
Wissen Sie wo sich diese Fotos des heiligen Josefs befinden ?
1
2
L
es photos qui encadrent cette page ont été prises dans le
voisinage ou à l’intérieur des maisons du séminaire.
5
Les reconnaissez-vous ? Arrivez-vous à les situer ? Elles témoignent simplement de l’importance de ce grand Saint pour la vie
de l’Église et des séminaires.
La figure et la mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de
l’Église a beaucoup de choses à nous dire aujourd’hui.
6
En cette année de la foi, il nous est utile de contempler ce grand
témoin qui fit ce que l’ange lui avait prescrit : il prit chez lui son
épouse alors qu’il avait envisagé de se retirer et de rendre à la
3 Vierge Marie sa liberté. Comme le dit le Bienheureux Jean Paul 7
II, « ce qu’il fit est pure obéissance de la foi ». « La foi de Marie rencontre
la foi de Joseph ». ( Exhortation apostolique Redemptoris Custos 15 Août
1989). Ce grand saint à l’image des patriarches a pleinement répondu à l’appel de sa vocation. Aussi, est il bon de se confier à
lui pour répondre pleinement à l’appel de Dieu.
En ces débats d’aujourd’hui sur ‘le mariage pour tous’ et la possibilité d’adopter pour les couples homosexuels, il nous rappelle
l’importance du mariage comme fondement de la parenté. « S’il
4 est important de défendre la conception virginale de Marie, il est non moins
important de défendre le mariage de Marie avec Joseph, car juridiquement,
c’est de lui que dépend la paternité de Joseph ». Le fils de Dieu pour 8
grandir dans son humanité a eu besoin d’un père et d’une mère
lesquels étaient pleinement époux.
Essayez de découvrir les lieux où se trouvent ces
statues, réponses au prochain numéro !
P. Thierry DES ROCHETTES
Père du Séminaire
8
Le cœur du Curé d’Ars
en Angleterre
Das Herz des heiligen Pfarrers von Ars in England.
Ein Bericht erzählt von Robert Dykes, Untertan der Königin von England
L
’été dernier, pour la première fois, le cœur de Saint Jean Marie Vianney a
visité l’Angleterre. Accompagnée par Mgr Bagnard, le Père Craplet prêtre
du diocèse de Belley-Ars ainsi que d’Éloi séminariste d’Ars, la relique du cœur
est passée dans le diocèse de Shrewsbury (Nord-Ouest de l’Angleterre) et notamment dans sa cathédrale datant du XIXème siècle. Il est également allé au
Séminaire à Oscott (près de Birmingham) et dans les cathédrales de Liverpool et
Birmingham.
Pourquoi la relique du cœur est-elle allée en Angleterre ?
Tout a commencé en septembre 2011, lorsque, nouvellement ordonné, l’évêque de Shrewsbury, Mgr Mark
Davies, partit en pèlerinage à Ars, confiant par la même
occasion tous les prêtres et séminaristes de son diocèse
au Saint Curé. Lors d’une réunion avec Mgr Bagnard, il
a eu alors l’idée d’exposer le cœur du Curé d’Ars dans
les églises du diocèse. Plus tard lorsque Mgr Bagnard
informa qu’un tel projet était possible, Mgr Davies s’exclama : « je suis ravi que nous puissions accueillir cette relique de
saint Jean Marie Vianney en Angleterre. Les Écritures parlent des saints comme témoins qui
nous encouragent dans notre foi. Ce rappel visible du cœur d’un pasteur simple et extraordinaire va nous encourager à nous tourner vers l’amour et la vérité trouvée au cœur du sacerdoce
catholique, car Saint Jean Marie Vianney a dit “le sacerdoce c’est l’amour du cœur de Jésus ” ».
Pourquoi la relique n’est-elle pas venue avant ?
En Angleterre, Saint Jean Marie Vianney était jusque-là peu
connu, et les prêtres se confiaient plus volontiers à Saint Thomas Becket, patron des prêtres anglais.
Robert DYKES
Séminariste du diocèse de Shrewsbury, Angleterre
9
Les Institutions
Die Einführungen
L
e chemin de l’ordination
est constitué de plusieurs
étapes : l’admission (entre la fin
du premier cycle et le début du
second), le lectorat et l’acolytat.
Chacune de ces étapes donne
lieu a une demande libre du candidat (une lettre manuscrite) et
une réponse libre de l’Église.
Ainsi, Paul (ci-dessus) a été institué lecteur ; cette étape rappelle l’importance de la Parole
de Dieu dans la vie du prêtre.
Martin (ci-contre) et RémiGabriel (en couverture) ont été
institués acolytes. L’acolytat
souligne la place primordiale de
l’Eucharistie pour les serviteurs
du Christ. Nous nous réjouissons de ces avancées sur le chemin du Sacerdoce !
Père Gaspard
CRAPLET
Responsable de la liturgie
10
« Par ce signe tu vaincras ! »
Durch dieses Zeichen wirst du siegen
vous avez tous déjà vu ce fameux signe - un P superposé avec
J eunsuisX -sûret que
que vous vous êtes souvent interrogé sur sa signification. Ne vous
inquiétez plus de rien, cet article est là pour combler cette lacune !
Sachez tout d’abord que ce signe est appelé un chrisme.
Quant aux lettres, ce ne sont pas des lettres latines mais des
lettres grecques qui constituent en réalité un monogramme du
nom du Christ qui se compose des deux premières lettres du
mot grec , placées l’une sur l’autre : X (chi) et P
(rhô). Le chrisme existait avant le IVème siècle, mais c’est l’empereur Constantin qui le mit à l’honneur à la suite de la bataille du pont Milvius contre Mayence le 28 octobre 312, après avoir eu la vision
de la croix avec l'inscription : « Tu vaincras par ce signe ». Après cette victoire, il fit
graver le fameux chrisme sur les boucliers de ses soldats et le fit figurer sur son
labarum (étendard).
C’était un signe déjà connu des premiers chrétiens puisque lorsque la tombe de
St Pierre fut découverte, de nombreux graffitis apparurent, gravés par les pèlerins du deuxième siècle, et parmi ces graffitis ce fameux chrisme. Aussi, depuis
Pie XII, tous les Papes ont voulu imiter Saint Pierre en mettant ce
chrisme sur leur tombe.
Au Moyen Âge, ce chrisme, dit constantinien, fit place à un autre
monogramme, fort utilisé dans l'art gothique. Cette fois c'est le
nom de Jésus qui est abrégé : le monogramme se compose des
trois premières lettres de son nom grec . C'est à tort
(mais c’est plein de sens spirituel) que la seconde lettre est devenue un H et qu'on interprète ces trois lettres IHS par ces mots :
Jesus Hominum Salvator.
Aujourd’hui, nous pouvons retrouver le chrisme constantinien principalement sur les vêtements liturgiques comme la chasuble ou l’étole mais
également dans les églises, sur des autels, des
châsses, des colonnes… etc.
Chrisme de l’autel
de la Basilique d’Ars
Josselyn CHALLAND
Première année de philosophie
11
Année de la foi !
Comment la vivre ?
Ein Pfarrer vom Lande erklärt uns wie wir das Jahr des Glaubens leben können.
C
omme beaucoup, en abordant cette année à vivre en paroisse, je me suis
penché sur la note et les indications pastorales données par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF). Voici quelques fruits de ma lecture, complétant ceux de la vôtre.
La feuille paroissiale :
Au § I, 7, il nous est demandé d’avoir un accueil plus attentif à l’enseignement
du Saint Père. Pourquoi ne pas mettre par exemple le résumé de la catéchèse
du mercredi (pris sur le site du Vatican) ? Ou bien les horaires, les fréquences ou
les coordonnées Internet pour pouvoir suivre les audiences pontificales
(ktotv.com, radio-esperance.fr…).
La prédication :
La note propose de faire des homélies cyclées, nourries
du Catéchisme et du Concile, et suggère des thèmes (§
IV, 3). Or, le Pape vient de commencer un cycle de catéchèses sur la foi et le credo. Pourquoi ne pas enrichir
notre prédication dominicale avec ce fil rouge, selon la
prescription du canon 767 §1 : « les mystères de la foi
[…] seront exposés à partir du texte sacré » ?
La célébration de la foi :
Le Pape va conclure l’année de la foi par une profession de foi solennelle (§ I,
10), sans doute à la manière de Paul VI, le 30 juin 1968 (document à faire connaître, soit dit en passant). Dans les paroisses ce sont les enfants du catéchisme
qui font leur profession de foi solennelle. Pourquoi n’y aurait-il pas cette année une occasion similaire pour entendre les prêtres la faire, et une pour les paroissiens ?
Le Carême et le temps pascal :
La CDF suggère que l’on puisse demander pardon pour les péchés contre la foi
(§ III, 7). Le Carême pourrait être mis à profit pour les mettre en lumière (CEC
12
2088-89) afin que s’opère une prise de conscience qui s’ouvre sur le pardon. La
foi des communautés en serait plus rayonnante.
La formation de la foi :
La note demande de vérifier que la formation des catéchistes soit bien appuyée
sur le CEC (§ III, 5 ; § IV, 4). Charge aux pasteurs de les y aider, eux ainsi que
les autres groupes de fidèles. L’autre axe donné à l’année de la foi, est l’étude du
Concile Vatican II, à titre d’information, le diocèse de Versailles propose un
parcours dont le programme et les outils sont sur son site Internet.
Pèlerinages :
La CDF encourage les pèlerinages, en particulier auprès du Siège de Pierre (§ I,
2), mais aussi dans les sanctuaires de la Vierge Marie « réalisation la plus pure de
la foi » (CEC § 149) (§ I ; 3), mais aussi auprès des saints locaux, authentiques
témoins de la foi (§ II, 5). Où nous conduira le pèlerinage paroissial de foi ?
Indulgences :
L’Église propose une indulgence plénière à l’occasion de l’année de la foi pour
« développer au plus haut niveau la sainteté de vie ». Elle est notamment concédée aux
fidèles « chaque fois qu’ils visiteront un baptistère ou des fons baptismaux pour y renouveler
leurs promesses baptismales », aux conditions habituelles qui sont de prier aux intentions du Pape, de communier et de s’être confessé dans les 8 jours (d’après VIS
5 octobre 2012).
C’était le partage tout simple et fraternel d’un curé de campagne.
Père Roch VALENTIN
professeur de théologie fondamentale
Église de Replonges où il est curé
13
En Famille !
Petite entrevue de la session d’été de la SJMV
Rückblick auf die Sommersession welche im Gebet, im Studium
aber vor allem sehr familiär war.
A
rs et ses étés chauds et… humides. L’air est toujours humide mais l’hiver
réalise déjà son œuvre si mélancolique ! Mais pourquoi regretter un éternel
soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine ? Car c’est bien
l’Éternel que les membres de la Société Jean Marie Vianney sont allés chercher
cet été durant une dizaine de jours. Comme Élie sur l’Horeb, ils ont recherché à
Ars la force du Tout Puissant pour passer victorieusement l’année présente avec
ses vicissitudes !
Au programme, préparation de l’année de la Foi avec le Père Matthieu Rougé,
puis des entretiens sur le thème « Foi et Raison » avec Madame Fernandez qui,
pour le plus grand bonheur de certains, a revisité les mondes merveilleux de
Tolkien (Le Seigneur des Anneaux) et de Lewis (Le Monde de Narnia). C’est ainsi
que nous avons appris que « pour Lewis, le mythe est un rayon de Lumière divine sur l’imagination pour aller au secours de la raison ». Et depuis la rentrée,
certains séminaristes lisent ces auteurs fantastiques quand ils ne sont pas plongés dans St Thomas d’Aquin !
Il fut également question de bioéthique, du rapport sacerdoce /eucharistie avec
le Père Caratgé, nous introduisant à une journée de prière. La prière qui fut centrale tout au long de cette session a permis de mettre à l’honneur la fête du 4
août. Ce fut l’occasion pour Mgr Bagnard (accompagné de plusieurs évêques
dont son successeur Mgr Roland) de présider pour la première fois 1 cette célébration si chère aux prêtres (qui étaient venus ce jour-là très nombreux de toute
la France !).
Si l’ambiance était très recueillie et studieuse, il n’en demeure pas moins que
nous étions « en famille » pour reprendre les termes chers à notre modérateur
général. C’est dans cette optique que la veillée festive en salle de conférence a
laissé d’étranges souvenirs. Les sketches, combattant d’originalité pour un résultat des plus désopilants, portèrent ainsi sur les huiles essentielles, la prière tactile
du bréviaire, mais surtout sur d’immenses ours : les fameux grizzlis.
L’évocation de ces imposants plantigrades combinée à un surmenage intellectuel
1 en effet habituellement c’est un cardinal qui préside cette célébration. Cette année ce devait être le cardinal Schönborn qui,
fatigué, n’a pas pu venir.
14
a donné l’idée aux plus belliqueux d’en découdre dans une partie endiablée de
paintball, à d’autres de prendre de la hauteur sur une via ferrata, les plus émotifs
se retrouvant au restaurant.
Aujourd’hui, tout cela nous semble bien lointain, les aubes cristallines ayant laissé place à la sombre clarté de décembre… Alors si
le remplacement des constellations florales par les pâles couleurs
de l’hiver nous pèse, rappelons-nous que nous avons rendez-vous
l’été prochain en Allemagne !
Corentin MEIGNIÉ
Première année de philosophie
Prochaines Sessions de la SJMV :
Prêtres et séminaristes
 Session, au Foyer Sacerdotal du 28 au 30 janvier 2013 (14h). A
noter : L’ assemblée générale de la SJMV se tiendra le 30 janvier matin.
 Session régionale en Allemagne près de Fulda du dimanche 24
février 2013 (soir) au mercredi 27 février 2013 (midi)
 Session régionale France-Nord à Paris du dimanche 7 avril 2013
(soir) au mardi 9 avril 2013 (soir)
 Session été 2013 du jeudi 1er août 2013 (19h) au samedi 10 août
2013 (8h), à Ars et en Allemagne.

Colloque sur la Charité pastorale du 27 au 29 janvier 2014
Laïcs associés
 Récollection du mercredi 1er mai 2013 (19h) au dimanche 5 mai
2013 (14h)
 Récollection du mercredi 23 octobre 2013 (19h) au dimanche 27
octobre 2013 (14h)
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Réveil d’un directeur de camp
« Ego sum pauper, nihil habeo, cor meum dabo »1
Das Sommercamp der 12-15 jähringen, unter dem Patronat des heiligen Martin, wurde geleitet von einem Seminaristen welcher Fachmann in Sachen « Aufwecken » ist.
Parmi les différents camps proposés par la SJMV, celui de Notre Dame de la joie pour les 12
-15 ans avait pour saint patron St Martin, ce fut l’occasion de revisiter son histoire si riche,
pour la plus grande joie des adolescents !
S
ix heures et demie du matin, le chalet commence à respirer sous un autre
mode, les bruits de la nuit cessent pour laisser place à un jour nouveau. Le
soleil, déjà fait grandir les ombres des montagnes sur les pourtours de la vallée
de Chamonix et commence à
caresser le clocher de Combloux.
Bientôt mon réveil sonnera.
Toutefois, le difficile combat du
lever risque de reprendre. De
l’autre côté de la porte, j’entends
les douches qui sifflent et ronronnent, l’aumônier doit déjà
être debout.
Les mélopées et les images de la
journée passée flottent encore
dans mon esprit. La thèque sur la
grande pelouse sous le regard de Notre-Dame du Christomet, les cris des garçons, les points qu’il faut compter sans erreur, le goûter de grenadine et son
traditionnel pain-chocolat. Une belle journée de repos, digne du paradis ; peutêtre jouera-t-on à la thèque au ciel. L’aumônier n’a pas dit cela dans son topo,
hier à la flamme claire qui brille et palpite. Je fais taire mon réveil.
« Moi je suis pauvre, je n’ai rien, je donnerai mon cœur. » L’hymne du camp me revient
à l’esprit, c’est le chant de St Martin notre patron. Si seulement chacun pouvait
finir ce camp en ayant offert son cœur à Dieu. Être rentré en soi-même pour y
retrouver le Seigneur, lui avoir parlé face à face comme Moïse au désert et rester
en sa présence comme Josué dans la Tente. Si un seul venait à faire cela je n’aurai pas peiné en vain. … « Cor meum dabo, ego sum pauper ». Il faudra en remettre
un coup pour l’adoration… Mon réveil sonne pour la seconde fois. Ce sera la
dernière !
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D’autant qu’aujourd’hui nous partons
en grande rando au chalet de Doran.
Un endroit magnifique, petit cirque
rocheux sous la Pointe-Percée. S’il fait
beau nous monterons aux QuatreTêtes. Et puis il y a la chapelle, l’alpage où nous achèterons du lait et du
miel. Et Là-bas, sur la route de schiste
qui s’élève vers Doran : grand jeu. La
IXèmeLégion va tâcher de retrouver la
chlamyde de St Martin, ce qui lui permettra d’acquérir la domination sur
les Gaules. Un sinistre trésor égaré
par les Carthaginois va sûrement nous
permettre de la racheter en cas de
division dans la Légion. En tout cas
les gars vont sentir le dénivelé dans
leurs caliga, surtout avec tout leur
fourbi. Sommet physique légionnaire :
pour devenir un saint, il faut devenir un homme ! « Nihil habeo, cor meum dabo… »
Encore cette vielle complainte...
Mon réveil sonne pour la troisième fois. Cette fois il faudra lui obéir. Corentin,
dans la même chambre que moi, est déjà debout. Allez branle-bas, à la douche,
oraison, laudes et Messe. Nous sommes des fils de St Martin ! « Cor meum dabo ! »
Louis-Emmanuel
MEYER
Troisième année de
théologie
1: Vieille complainte du temps jadis signifiant : « Moi je suis pauvre, je n’ai rien, je donnerai mon cœur ».
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Témoignage sur la Miséricorde
Abbé Patrick Clément über die Bedeutsamkeit der gättlichen Barmherzigkeit in seinem Leben
L’abbé Patrick Clément, au lendemain de son ordination diaconale, contemple l’œuvre de
Dieu dans sa vie. Une action de grâce pour cette présence fidèle à ses côtés, un témoignage
rempli d’espérance. À lire !
orsque l’on m’a demandé de faire un témoignage sur la miséricorde, je n’ai
pas eu de problème à trouver les moments où Dieu m’a fait miséricorde
car, je ne peux m’empêcher de constater que Dieu a toujours été présent à mes
côtés malgré mes infidélités et mes misères. Je ne crois pas que mon témoignage soit extraordinaire, car pour chacun, je ne doute pas que le Seigneur soit
présent, et ne cesse de faire Miséricorde.
L
Tout d’abord, je me présente. Je suis l’abbé Patrick Clément. J’ai été ordonné
diacre en vue du sacerdoce le 24 juin dernier à Ars : je suis donc un tout jeune
diacre et je serai probablement ordonné prêtre en juin 2013. Mais comme pour
toute grande étape, c’est le Seigneur qui mène le navire et je me remets entre les
mains de son Église. Actuellement, je suis responsable d’un petit foyer vocationnel pour des jeunes de 14 à 17 ans qui se posent la question d’être prêtre : le
foyer Marcel Van à Ars. Je suis également, associé à la paroisse d’Ars, l’humble
serviteur du curé d’Ars actuel, le père Lavaur.
Au cours de ce témoignage, j’insisterai beaucoup sur ma vocation sacerdotale
car le Seigneur n’a cessé de la mettre en avant lorsqu’il me faisait Miséricorde et
que je m’approchais de Lui. Mon désir d’être prêtre a débuté vers l’âge de 5-6
ans. Je me rappelle encore dire à ma mère : « maman, j’ai envie d’être prêtre ». Mais
assez rapidement, je fus confronté à mes cousins qui mettaient en avant les exigences de la vie sacerdotale, en particulier le célibat. Et à l’époque, je voulais
être comme mes parents et pouvoir fonder une famille, c’est pourquoi ce désir
a alors pratiquement disparu. Ce premier épisode me fait évoquer les prédications du Christ de se faire petit comme un enfant. Oui, il y a chez l’enfant une
certaine spontanéité, une simplicité, une perception de l’essentiel : « maman, j’ai
envie d’être prêtre. », même s’il ne sait pas encore répondre aux arguments des plus
grands. Ce désir d’être prêtre a donc disparu, mais le Seigneur était présent.
Mystérieusement, à chaque messe de prière pour les vocations ce désir réapparaissait. Le Seigneur me faisait comme un clin d’œil : « Tu sais Patrick, je t’appelle
toujours… ». A l’adolescence, j’ai fait ma première et ma terminale dans un lycée
militaire et je crois que j’étais tombé dans l’idolâtrie du sport, et avec les compétitions, la messe dominicale passait bien souvent à la trappe. Il me restait tout
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de même un trésor que j’avais reçu depuis ma petite enfance : c’était le conseil
d’un prêtre qui m’avait dit, « avant de t’endormir, dis un Notre Père et un je vous salue
Marie ». Par grâce, j’y ai toujours été fidèle et encore aujourd’hui.
Puis j’ai commencé des études de médecine et grâce au soutien de mon frère
avec qui je logeais et de mes grands-parents qui habitaient dans la même paroisse que moi, j’ai pu reprendre le rythme régulier de la messe dominicale. Petit
à petit, le Seigneur a travaillé en moi. Lors d’un Carême, j’avais pris comme résolution de prendre des temps personnels avec Dieu en méditant sa Parole. Ma
foi s’est confortée, elle a mûri. J’ai également redécouvert à cette période le village d’Ars et son Saint curé. En entrant, dans l’église, je me souviens encore
d’avoir pu ressentir la présence du curé d’Ars qui me conduisait à une relation
personnelle avec le Christ. J’ai pu revivre le Sacrement de la confession que je
ne pratiquais plus, puisque chez mes parents, nous avions des absolutions collectives. Mon désir d’être prêtre est alors réapparu et je me rappelle encore
l’avoir évoqué lors de cette première confession. Peu de temps après, je suis
rentré au séminaire. Je peux vous témoigner que le Seigneur n’a cessé d’être présent. Même si nous sommes infidèles, lui il est fidèle.
Au cours des années de séminaire, j’ai pu vivre une grande grâce : l’année jubilaire des 150 ans de la mort de Saint Jean-Marie Vianney. Une porte Sainte avait
été ouverte. Je n’arrivais pas à faire la démarche jubilaire tous les jours mais tout
de même assez régulièrement. Le simple fait, de rechercher à chaque fois une
personne pour qui offrir cette démarche m’a vraiment ouvert le cœur à la prière
pour les âmes du purgatoire : celles de ma famille et de mes amis mais aussi
celles des personnes que je pouvais rencontrer. Oui le Seigneur veut faire miséricorde mais il veut également que nous collaborions. Aujourd’hui, en tant que
supérieur d’un foyer vocationnel, je me rends bien compte que le Seigneur nous
appelle à être nous-mêmes miséricordieux, et que si nous pouvons la vivre envers les autres, c’est parce que lui-même est miséricordieux envers nous.
Depuis le jour de ma naissance, le Seigneur n’a cessé de me faire miséricorde et
heureusement il ne cesse pas. Je me souviens d’une remarque d’un prêtre assez
âgé qui me disait : « as-tu remarqué, que les premiers à lâcher leur pierre lors de
la lapidation de la femme adultère, ce sont les plus âgés ? » Oui,
plus on avance en âge, plus on a pu avoir des occasions de pécher, mais heureusement la Miséricorde de Dieu ne cesse de nous
remettre sur le chemin vers le Salut et la sainteté.
Abbé Patrick CLÉMENT
Responsable du Foyer Marcel Van
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À paraître !
Le père Vincent Siret nous présente un livre original qui sera bientôt dans vos librairies.
A
u nom d’une passion, c’est le titre d’un ouvrage collectif qui devrait paraître en
janvier 2013 aux éditions Artège1. Livre à la fois théologique, historique –
il traverse les deux mille ans de l’histoire de l’Église – et pastoral ; lui-même
évangélisateur, cet ouvrage atypique pourrait être décrit, à certains égards,
comme le dessin à grands traits du parcours historique de la mission évangélisatrice de l’Église ; il pourrait aussi être compris comme une anthologie, spirituelle
et originale, rassemblant quelques grandes figures d’évangélisateurs du christianisme.
Il est bien plus ou plutôt, il est autre que cela ; les études et évocations si singulières qui le composent laissent affleurer clairement, au-delà de leur évidente
diversité, ce qui les unit et qui rend raison de leur acte même d’évangélisateur :
la recherche enthousiaste, déterminée, ardente, d’une intimité toujours plus
grande avec le Dieu même que leur acte missionnaire annonce par toute leur
vie. Ainsi sont mis en évidence ce qu’on pourrait appeler les fondamentaux spirituels de l’acte évangélisateur qui, depuis saint Paul, le plus éminent d’entre eux,
signe la spécificité de la mission chrétienne, celle-là même qu’appellent de leur
vœux les successeurs de saint Pierre depuis que le Concile a rappelé aux baptisés
leur double vocation à la sainteté et à la mission.
Il s’agit là d’une manière inédite de prendre en compte le double appel inhérent
au baptême chrétien et que le concile Vatican II a fortement souligné : appel à la
sainteté et à la mission.
La manière d’aborder la question est elle-même originale : présenter des évangélisateurs à partir de la cohérence qui lie leur vie spirituelle et leur activité missionnaire. On pense tout particulièrement à l’étude du plus emblématique
d’entre eux, Paul de Tarse, l’apôtre des nations, très rarement voire jamais présenté jusqu’à maintenant, sous l’angle de l’enracinement spirituel de son œuvre
missionnaire.
L’accent est délibérément mis sur l’expérience concrète de figures qui, tout en
étant exceptionnelles, invitent, par leur enthousiasme et leur joie, à entrer dans
l’aventure exaltante de l’annonce de Celui qui les a saisi et les fait vivre : le
Christ Jésus rencontré, aimé, suivi. Dans la suite du synode « La nouvelle Évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », ce livre s’adresse à tous
ceux qui voudront approfondir leur foi et leur désir missionnaire en puisant auprès des saints, nos contemporains.
1– Écrit sous la direction de Mme Thérèse Nadeau-Lacour, professeur de théologie spirituelle à l’université Laval de Québec et
qui est intervenue déjà souvent au Foyer sacerdotal lors de sessions et de colloques, et au Séminaire. Une dizaine d’auteurs y ont
travaillé. Mme Nadeau-Lacour signe la partie sur saint Paul et sur la Bienheureuse Marie Guyart de l’Incarnation. Le père
Vincent Siret, quant à lui, a rédigé les notices sur les martyrs jésuites canadiens, sur saint Jean-Marie Vianney et sur le Bienheureux Jean-Paul II.
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De l’Empire du milieu
(suite et fin)
Le père Augustin Wang, membre de la société Jean-Marie Vianney et prêtre d’un diocèse de
Chine orientale, nous présentait dans le numéro précédent, les origines de la situation actuelle
de l’Église de Chine. Il nous livre ici la fin de ses explications : une fois que le principe de
Triple Autonomie a été accepté et mis en œuvre par les Églises « réformées », le gouvernement
chinois a voulu le faire appliquer également à l’Église catholique de Chine, ce qui fut une autre
paire de manches !
La mise en œuvre de la Triple autonomie chez les catholiques
La création de l’Association patriotique
A
près avoir accueilli favorablement la
Triple autonomie proposée par les
protestants, le premier ministre M. Chou
En lai encouragea les dirigeants catholiques
à s’engager dans la même voie. Pour garder
la liberté de l’évangélisation et l’universalité
de la foi, ces derniers rédigèrent un projet
de Triple autonomie propre à l’Église catholique de Chine, manifestant ainsi leur
volonté de coopérer le plus possible avec le
gouvernement. Ils proposèrent de maintenir les œuvres et institutions catholiques au
moyen d’aumônes d’origine chinoise uniquement, et de remettre progressivement la
responsabilité de la propagation et du
maintien de la foi à un clergé uniquement
chinois qui demeurerait cependant en communion hiérarchique avec le Souverain
Pontife. Mais certains évêques et prêtres chiNotre Dame de Chine
nois ont finalement attaqué ce lien de communion ecclésiale en fondant l’Association patriotique des catholiques chinois.
Le 15 juillet 1957, 241 délégués venant de 143 diocèses se sont réunis à Pékin
pour l’ouverture de la première Assemblée générale des catholiques. Tous les
participants s’accordèrent pour déclarer que l’Église catholique de Chine devait
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être véritablement indépendante, libre et administrativement autonome,
dirigée uniquement par des clercs et des fidèles chinois, mais que, en ce qui
concerne les doctrines religieuses à croire et les règlements ecclésiastiques à observer, elle devait obéir au pape. A la suite de cette Assemblée générale, l’Association patriotique des catholiques chinois fut fondée pour promouvoir le patriotisme et l’observance des lois et encourager les fidèles à étudier les doctrines
patriotiques en mettant en pratique la Triple autonomie. Tous les évêques,
même s’ils n’avaient pas été présents à l’Assemblée générale, furent invités, voire
forcés à en faire partie. Cependant, beaucoup refusèrent à cause de discours
ouvertement hostiles au Saint Siège prononcés à l’occasion de l’ouverture de
l’Assemblée générale par Mgr Ignace Pi Shu Shin et Mgr Paul Wang Wen
Cheng, à qui échurent les sièges de président et de vice-président de l’Association. De nombreux « non partisans » de la Réforme furent ensuite arrêtés et les
missionnaires expulsés. A la fin de 1958, presque tous les missionnaires (plus de
six mille !) avaient été expulsés de la Chine. Une centaine de sièges épiscopaux
restèrent vacants, plongeant ainsi les communautés catholiques dans une situation de crise.
Mgr Bernardin Dong Guang Qing.
Premier évêque de l’Association patriotique à avoir été ordonné sans mandat
pontifical , le 13 avril 1958
La consécration des évêques sans mandat pontifical
Le Saint Siège ne pouvait pas nommer immédiatement des évêques pour ces sièges.
L’Association patriotique pris donc les
choses en mains et commença à procéder à
des élections de candidats épiscopaux dans
les diocèses où le siège était « vacant », en
choisissant évidemment des prêtres qui adhéraient à la Triple autonomie et à l’Association patriotique. Elle ne possédait cependant
et ne possède toujours pas la compétence
pour l’élection d’évêques. Par conséquent, le
Saint Siège refusa les deux premiers candidats que l’Association lui présenta en mars
1958, les menaçant même d’excommunication latae sententiae. Cette réponse demeura
malheureusement sans effet et l’Association
patriotique fit procéder à la première consécration d’évêques sans mandat pontifical
pour l’Église de Chine en avril 1958, par un
prélat pourtant fidèle à Rome, Mgr Li Tao
Nan, évêque de Pu Xin depuis 1951. A partir
de ce jour là, le gouvernement chinois interdit aux candidats épiscopaux de solli22
citer le Saint Siège pour leurs nominations. Tous
les moyens de communication avec Rome furent
d’abord contrôlés puis coupés, si bien que même
chez les catholiques clandestins, quelques consécrations épiscopales sans mandat pontifical survinrent.
Depuis que les responsables des communautés
locales arrivent plus facilement à contacter le
Saint Siège par téléphone, fax, et aussi ces dix
dernières années par Internet, ces consécrations
ont cessé dans l’Église clandestine. En revanche,
ce genre de consécration n’a jamais cessé dans
l’Église patriotique. « Une telle ordination représente une douloureuse blessure à la communion
ecclésiale et une grave violation de la discipline
canonique », elle place d’ailleurs le nouvel
évêque dans une situation difficile puisqu’il ne
peut jouir d’aucun pouvoir magistériel ni de
juridiction dans le diocèse.
Mgr Pierre Joseph Fan Xue Yan,
nommé par le pape Pie XII évêque du
diocèse de Ding en 1951.
Pendant ses 41 ans d’épiscopat, il a
été condamné quatre fois à la prison.
Seul évêque à avoir obtenu du pape
Jean-Paul II le privilège d’ordonner
des évêques sans mandat pontifical .
Bien que la plupart des évêques patriotiques
aient été intégrés dans la pleine communion de
l’Église sous les pontificats de Jean-Paul II et de
Benoît XVI, la Triple autonomie n’en est pas pour autant légitimée. Pour un
certain nombre d’entre eux qui continuent à participer et même à présider des
consécrations épiscopales sans mandat pontifical, un doute persiste quant à leur
véritable communion avec Rome. Le dialogue entre le Saint Siège et le gouvernement chinois concernant la nomination des évêques est toujours difficile aujourd’hui, confions donc cette situation délicate au Seigneur, pour qui rien n’est
impossible !
P. Augustin WANG
23
Présentation de la propédeutique
Vorstellung des Propedeutikums (Vorbereitungsjahres)
F
in août et son habituel retour de vacances et de préparation de la rentrée.
On achète des cahiers, des stylos, une trousse, des feuilles… Mais aussi
pour certains : une Bible, un bréviaire, les textes de Vatican II et le Catéchisme
de l’Église Catholique. Nous sommes 16 jeunes, de 19 à 45 ans, à s’être apprêtés
à vivre une rentrée pas comme les autres. 16 jeunes venant de plusieurs pays : la
Belgique, le Québec, le Congo Brazzaville, le Vietnam, le Laos et la France.
Mais, qui sont ces jeunes achetant des livres qu’on ne voit pas sur les bancs des
universités, qui viennent du monde entier, qui vont vivre en communauté ? La
réponse est toute simple, ils viennent pour se poser une question auprès du St
Curé : « Est-ce que le Seigneur veut que je sois prêtre ? ».
Afin de discerner, le séminaire nous donne des moyens répartis autour de quatre
piliers. Le premier est le pilier spirituel, en effet chacune de nos journées commence par l’oraison, nous prions les offices, le chapelet, et enfin le sommet de la
journée : la messe. Le second pilier est le travail intellectuel. Nous étudions les
Écritures Saintes, les textes du Concile Vatican II, l’histoire de l’Église, la liturgie… Le troisième pilier est le pilier communautaire. En effet nous sommes
dans un séminaire, et il n’y a pas que les propédeutes, mais aussi ceux qui sont
en premier cycle (les philosophes) et ceux qui sont en second cycle (les théologiens). En tout nous sommes 45 séminaristes. On mange donc tous ensemble,
la messe et les vêpres se disent ensemble, et nous avons aussi l’entretien de la
maison. Le quatrième pilier est la vie pastorale. Chaque dimanche nous allons en
paroisse afin de découvrir concrètement la vie des prêtres.
En arrivant au séminaire je m’attendais à avoir tout cela. Mais il y a une chose
qui m’a beaucoup étonné : le sport ! En effet deux heures de nos mercredi après
-midi sont consacrées au sport. Nous avons du foot, du tennis, du volley, nous
pouvons aller courir… Bref, je pensais
en avoir fini avec le sport, mais j’ai découvert que le sport allait m’apprendre
la persévérance !
Hubert D’ADELER
Propédeutique
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Une année chez les « Gaulois »
Ein Jahr bei den Galliern
A
u moment où on m'a demandé de rédiger un article sur mon expérience en
France, la première phrase qui m'est venue était : « Je vais chez ceux que je
ne connais pas ». Cette phrase fut dite par le bienheureux John Henry Newman
(1801 – 1890) qui pensait que les catholiques étaient presque des étrangers à la
culture anglaise, bien qu'il sentait en lui ce désir de conversion. Quand mon
évêque m'a dit qu'il allait m'envoyer à Ars pour l'année propédeutique, je n'ai
pas compris le but de sa décision. Premièrement, je ne savais parler le français.
Ensuite, je pensais que les « Gaulois » n'aiment pas beaucoup les Anglais. Étant
Anglais moi-même, j'ai compris ce que sentait John Henry Newman !
Malgré tout cela, en juillet 2011 je suis arrivé à l'école des langues à Vichy afin
d'apprendre le français. Je n'ai jamais vécu quelque chose d'aussi difficile que
l'apprentissage d'une langue étrangère. Jusque là, je ne m'étais pas rendu compte
qu’une telle expérience bouleverserait tous mes points de repère. Pendant mon
séjour à Vichy, j'ai découvert un bon moyen pour progresser en français.
Comme je connais toutes les aventures de Tintin par cœur, j'ai lu tous les albums que j'ai pu trouver aux magasins, il ne s'agissait que de traduire les mots
qui m’étaient inconnus. Voilà que mon niveau de français s'améliorait !
Quelles ont été mes impressions du catholicisme en France ? En Angleterre, la
présence catholique est une minorité par rapport à l'Église anglicane. Depuis la
rupture de 1539 et la persécutions contre les catholiques, peu à peu les anglais
ont perdu souvenir du catholicisme en Angleterre. Le contraste avec l’Église de
France m’a par conséquent frappé.
En suivant le cours sur St Jean-Marie Vianney, j'ai appris que les révolutionnaires français au XVIIIème siècle voulaient supprimer l'Église. Cependant, malgré la violence de la Révolution, le catholicisme a pu durer en France de sorte
qu'il possède les richesses qui résultent d'une tradition non interrompue. Cette
tradition perdure depuis presque deux mille ans et elle nous donne à nous séminaristes un fondement solide à notre formation dans la tradition catholique,
malgré le progrès de la déchristianisation.
Pendant cette année, j'ai vécu dans la fraternité St Joseph avec cinq autres séminaristes dont quatre sont français. Parfois je me demandais ce que les Français
pensaient de la présence d’un Anglais parmi eux. Au niveau de l'histoire il y a
25
une certaine méfiance entre les Anglais et les Français et ceci a été la
source de plaisanteries entre nous. Cependant, les Français m'ont beaucoup aidé pour me familiariser avec leur langue !
Aujourd’hui je suis au collège anglais de Rome, j’y suis heureux au sein d’un bon
groupe de séminaristes. Je suis également des études à l’université Pontificale de
St Thomas d’Aquin (l’Angelicum) et je chante pour la ‘Schola’ au
séminaire.
Richard HOWARD
Le cross du Séminaire
Der Crosslauf des Seminars
C
omme il est de tradition, un cross a été organisé le 17 octobre dernier, 46
personnes prenant le départ pour se lancer dans une course d’environ 6
kilomètres.
Dans sa providence, le Seigneur a réuni au complet toute la communauté du
séminaire avec les diacres du cru 2012, à savoir les abbés Patrick, Thomas, Jean
-Marc, et André qui ont manifesté beaucoup d’enthousiasme en nous prouvant
la joie qu’ils rencontrent déjà dans leur ministère. L’ambiance était familiale
« oui il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être
unis ! » (Ps132,1). Chacun cependant était invité à défendre l’honneur de sa fraternité en donnant le meilleur de lui-même dans la course. Les cris de joie, les
applaudissements qui accompagnaient les arrivées montraient que tous étaient heureux de vivre ce moment cordial.
Classement par fraternité
1 St Benoît Labre
2 St François Régis
3 St Bruno
4 St Joseph
5 St Vincent de Paul
Classement individuel
1 Bruno CARON
2 Abbé Patrick CLÉMENT
3 Corentin MEIGNIÉ
4 Père Gaspard CRAPLET
5 Martin SOBOUL
Modeste AKAKPO
Première année de
philosophie
Responsable des activités sportives
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Les fraternités du séminaire
font leurs sorties !
Die Ausflüge der Fraternitäten
Diaporama réalisé par
Baptiste VANEL
Première année de philosophie
Les joies de la montagne pour la fraternité St François Régis !
St Benoît Labre près du lac d’Annecy
pendant que St Joseph changeait ses
pneus à Clermont-Ferrand !
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Saint Bruno près d’Avignon en terre
provençale !
Bonne et Sainte année 2013 !