Article Express 29.09.12

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Article Express 29.09.12
29.09.2012, 00:01 - Canton de Neuchâtel
Actualisé le 29.09.12, 01:05
Actidot pour lendemains de fête, marketing et quête
de performance
INNOVATION
Le Neuchâtelois Maxime Flury (à gauche) et le Jurassien Renaud Jubin ont monté un stand à la Fête des
vendanges. CHRISTIAN GALLEY
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Deux jeunes de la région créent leur start-up et rêvent de succès.
Etre dynamique et efficace les lendemains de fête. Mythe ou réalité? Le jeune Neuchâtelois
Maxime Flury, économiste d'entreprise, et son collègue jurassien Renaud Jubin, ingénieur en génie
thermique, pensent avoir trouvé la solution: une boisson naturelle au nom évocateur, Actidot,
lancée hier à l'occasion de la Fête des vendanges de Neuchâtel. Rêveurs devant le succès
économique du fondateur d'Apple, Steve Jobs, les deux compères de 26 ans espèrent avoir trouvé
la bonne idée pour prendre le chemin de la réussite.
C'est ainsi qu'ils ont récemment lancé leur start-up, Antidot Drink Sàrl, qui commercialisera leur
breuvage. Ils espèrent profiter d'un créneau encore peu exploité en Suisse, selon leur étude de
marché. Mais ce produit pose aussi des questions sur la quête de performance dans une société
qui veut aller toujours plus vite, toujours plus loin.
Soutiens et coaching
Après s'être côtoyés sur les bancs du lycée Blaise-Cendrars, à La Chaux-de-Fonds, les deux potes
ont décidé de monter une affaire il y a un an et demi. " On a listé les biens et services où il y avait
une carte à jouer. Quelques semaines plus tôt, on avait voyagé en Asie, où il existe déjà des
boissons qui aident à la performance. On s'est dit qu'un tel produit, en version naturelle, pouvait
marcher. " Maxime Flury est épaté par le nombre de structures qui existent en Suisse pour
soutenir les jeunes entrepreneurs. Avant de trouver une recette et un financement, les deux
hommes ont participé à un concours de la Haute Ecole de gestion, à Yverdon. Là, ils ont gagné un
encadrement pour mettre en place leur projet. L'incubateur de start-up Espace création, à Sion,
qui soutient les idées innovantes en mettant à disposition des fonds, des locaux et un coaching, les
a hébergés.
Pourquoi n'ont-ils pas opté pour Neode, dans le canton? " Parce que notre produit a été développé
en Valais, on a profité des synergies possibles là-bas ", explique Renaud Jubin.
En contact avec un fabricant d'huiles essentielles et avec l'herboriste valaisan Jean-François
Mottier, les deux entrepreneurs ont mis au point leur cocktail. Composé de produits naturels, il
contient de l'aloe vera, " excellent détoxifiant ", et des hydrolats, " dérivés de la distillation d'huiles
essentielles, à base de menthe, de camomille et de romarin ", énumère Maxime Flury. Le goût de
plantes étant très concentré, une bonne dose de sirop d'agave et du jus de citron ont été ajoutés.
Le produit est à mi-chemin entre l'homéopathie et les huiles essentielles. Sous forme de shots de
60 ml, la boisson s'avale avant le coucher et promet une bonne forme au réveil. Mille premières
bouteilles ont été produites. La vente passera par internet (www.actidot.ch).
Le Neuchâtelois a réalisé une étude de marché et un plan marketing dans le cadre de son travail
de bachelor à la Haute Ecole de gestion Arc, à Neuchâtel. Si Maxime Flury conserve un emploi en
attendant de voir " comment va réagir le marché ", Renaud Jubin se consacre à plein-temps au
projet et en est déjà salarié, grâce aux fonds récoltés par les deux collègues, 52 000 francs pour
démarrer, et aux soutiens reçus.
Pas un produit miracle
En attendant de décoller, peut-être, les deux copains ont fait protéger leur marque. L'étiquetage a
été soumis à contrôle. " Nous avons vérifié que tout soit conforme à l'Ordonnance sur l'étiquetage
et la publicité des denrées alimentaires ", confirme le chimiste cantonal adjoint du canton de Vaud,
Christian Richard. " Mais nous avons refusé le premier nom fantaisie du produit, 'Antidot', trop
accrocheur."
Quand on leur demande si leur boisson ne risque pas d'inciter les jeunes à boire, en leur faisant
croire que l'on peut gommer les effets de l'alcool, Renaud Jubin coupe court: " Ce n'est pas un
produit miracle. Actidot ne fait pas baisser le taux d'alcool dans le sang. C'est un petit truc simple,
comme ceux qui se préparent un litre de thé avant d'aller au lit. " Son collègue ajoute: " On ne
cible pas les moins de 20 ans, on a d'ailleurs opté pour un prix de vente assez élevé. Il ne s'agit
pas d'un produit curatif. Cela donne juste un coup de pouce. "
En dévoilant leur produit à la Fête des vendanges, les compères ont bien choisi leur public.
Fibre entrepreneuriale
Les jeunes qui décident de monter leur propre entreprise et de voler de leurs propres ailes juste
après leurs études restent des exceptions. " C'est vraiment très rare ", indique Mathias Froidevaux,
responsable de la communication à la Haute Ecole Arc. " La grande majorité des étudiants
poursuivent leurs études ou entrent sur le marché du travail. " Quelques cas de jeunes
entrepreneurs sortant de la HE-Arc se distinguent, comme David Maurer, diplômé en 2003,
fondateur et CEO de Colorix. Cette entreprise a pris son envol grâce à son détecteur de couleur et
vient de sortir une nouvelle trouvaille (lire aussi en page 5). " C'est une vraie success story ", note
Mathias Froidevaux. Comme autres exemples, il cite aussi la Corbeille magique, pressing et
blanchisserie on-line de Neuchâtel, le traiteur Cinq Sens, de Fontainemelon, ou Iland Green
Technologies, à Neuchâtel, qui fabrique des produits basés sur l'énergie solaire, telles des
génératrices portatives.
Du côté du parc scientifique et technologique Neode, le directeur Claude Amiguet confirme que les
tout jeunes créateurs de start-up sont rares. " La plupart ont 35 à 45 ans. " Quant au Service de la
promotion économique, qui offre un soutien aux projets à haute valeur ajoutée, il reçoit peu de
demandes de jeunes chefs en devenir. " Peut-être que dans d'autres domaines, comme le
commerce, il y a plus de jeunes ", note la cheffe adjointe Sophie-Hélène Bataïni.
L'Office du registre du commerce neuchâtelois n'a pas de statistiques par âge.
HUMEUR DELPHINE WILLEMIN
[email protected]
Goûtons voir...
Le flacon tient dans la poche. On dirait presque un médicament, mais c'est inscrit dessus:
"Naturel". Soit. Pour notre expérimentation, nous nous sommes contentés d'ingurgiter un repas
copieux. Allons-y. La boisson se boit d'un trait. Aah! C'est frais et très sucré. Beaucoup de menthe,
du citron, des herbes, on a l'impression de boire un jus de bonbon contre la toux. Ç a dégage!
Voyons un peu les effets à présent. Au bout d'un quart d'heure, on sent l'estomac qui s'agite. Il se
passe quelque chose. On ne sait pas si c'est psychologique, mais nos mains tremblent
sensiblement. Le goût persiste.
Verdict: ça ne fait pas de mal... Mais sûr qu'un bon litre d'eau avant le sommeil, ça marche aussi.
Sur ce, bonne soirée!
Par DELPHINE WILLEMIN