Publié le 17 mai 2013 Géologue des Houillères de Lorraine, peintre

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Publié le 17 mai 2013 Géologue des Houillères de Lorraine, peintre
Publié le 17 mai 2013
Géologue des Houillères de Lorraine, peintre surréaliste, voilà des activités qui ne
prédisposent guère à la peinture aéronautique. On a pourtant, à l’ouverture de Envolées
majestueuses, la nette impression d’avoir affaire à un "vieux routier" de la peinture
aéro.
Autant ne pas vous faire languir : ce livre est superbe. Et à ce premier livre d’art de la
jeune maison Revasion, on ne peut que tirer son chapeau. David Voileaux a su s’effacer
pour présenter brièvement les tableaux de Bernard Lengert, mais également pour mettre
en page ces œuvres séduisantes..
De toute évidence, Bernard Lengert est un doux. Les avions de guerre sont présents,
mais ne crachent pas de flammes rageuses. Des rares scènes de combat présentes dans
ce livre, on ne voit que l’instant d’avant ou celui d’après. Les peintres d’aviation sont le
plus souvent très talentueux pour représenter les machines volantes, mais butent
parfois sur l’arrière-plan ou la mise en scène. Chez Bernard Lengert, l’ambiance et la
lumière de la scène ont la même importance que l’avion lui-même. Chaque tableau
semble raconter le fragment d’une histoire dont on attendrait la suite. Ici, un Breguet 14
des Lignes Latécoère semble suspendu dans les airs aux approches de Cap Juby, dans le
calme tiède d’une fin de journée. Là, c’est un Spad XIII qui fond sur sa proie. Plus loin,
des paysannes indochinoises suspendent leur travail pour suivre des yeux le C-47 du
"Béarn" qui survole leur rizière aux approches de Luang Prabang juste avant l’orage.
Des personnages sont souvent présents, qui ont arrêté leur Vespa, Renault 4 CV ou
Simca P60, comme d’autres pendant la Grande Guerre ont quitté des yeux leurs bœufs
et le soc de leur charrue pour suivre du regard le Caudron G3 qui s’éloigne vers le
village tout proche. Le capitaine Trouillard, aux commandes de son MS 406, fera-t-il un
signe de la main aux deux paysans qui le regardent passer ?
Un maître mot : l’ambiance. Que ce soit dans les steppes russes, dans les Andes, en
Écosse, en Indochine ou dans la campagne française, il émane de chaque tableau un
climat puissant qui lui est propre. Autant les Breguet 693 volant en rase-mottes donnent
une impression de vitesse bruyante, avec ce "filé" de l’arrière-plan cher aux
photographes (et présent sur la couverture), autant du MS 406 de la page en regard
émane une ambiance apaisante et rassurante. De même, si les Super Mystère SMB2
occupent toute leur toile, le De Havilland Dragon rapide semble entr’aperçu dans une
trouée du feuillage d’une jungle qui occupe la plus grande part du tableau, guidant l’œil
vers l’avion.
Précision du coup de pinceau pour ces huiles sur toile à la réalisation méticuleuse,
remarquable équilibre des compositions, variété des "mises en scène", maîtrise des
lumières… mais peut-être les quelques aperçus graphiques ci-dessous vaudront bien
mieux que des bavardages. En tout cas un "sans faute" pour ce premier livre d’art de
chez Revasion, un "Art Book 1" auquel nous souhaitons un succès mérité… qui
permettrait d’envisager une descendance nombreuse.
Philippe Ballarini

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