Thérèse d`Ávila, icône mystique

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Thérèse d`Ávila, icône mystique
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Appartient au dossier Thérèse d'Ávila, la passion de Dieu
:
Thérèse d’Ávila, icône mystique
Thérèse d’Ávila (1515-1582) , sa vie comme son œuvre, ont exercé et exercent encore une certaine
fascination sur les artistes. Nous vous dévoilons quelques-unes des créations inspirées par la sainte
espagnole.
Sommaire
L'iconographie thérésienne / Les adaptations de sa vie et son œuvre / Pour aller plus loin
L'iconographie thérésienne
De son vivant, Thérèse d’Ávila
est assez peu représentée. Elle est reconnaissable à son habit de
carmélite marron à cape blanche et voile noir. Elle est souvent accompagnée d'un livre et d'une plume,
témoignant de son œuvre littéraire, mystique et poétique. Ces deux éléments renvoient également à
son statut de Docteur de l'Église . Au XVIIe siècle, les images de la carmélite se multiplient à la faveur de
sa canonisation et de la diffusion de sa pensée.
Dès 1613, un livre de gravure raconte la vie hors du commun de la
sainte. Il s'agit de la Vita S. Virginis Teresiæ a Jesv
(= Vie de Sainte
Thérèse de Jésus) d'Adriaen Collaert (mort en 1618), en collaboration
avec Cornelis Galle (1576-1650). Le recueil regroupe vingt-cinq
planches gravées, soit autant d'épisodes marquants
de la vie de
Thérèse d’Ávila. Un seconde édition est publiée en 1630 à Anvers.
L'album de gravures d'Adriaen Collaert est repris en 1682 par le
peintre José Espinoza de los Monteros dans ses Seize tableaux
sur la vie de Sainte Thérèse conservés dans l'église du monastère
des carmélites à Cuzco au Pérou.
Les peintres sont très inspirés. Ils peignent des portraits tantôt
réalistes, tantôt idéalisés.
Une représentation contemporaine de la carmélite nous est parvenue,
celle réalisée par frère Jean de la Misère en présence même de
Thérèse d’Ávila, alors âgée de 61 ans.
Le peintre flamand Rubens (1577-1640) s'inspire d'ailleurs fortement de
ce portrait pour proposer sa propre version en 1615. Parmi les
représentations idéalisées, celle de François Gérard (1770-1837) ,
datée de 1827, est particulièrement marquante. Le peintre français,
héritier du chef de fil du néoclassicisme Jacques-Louis David (17481825), nous montre une Thérèse d'Avila jeune et plongée dans la prière
contemplative.
L'épisode de la transverbération, durant lequel la sainte a le cœur
transpercé par une flèche enflammée d'amour divin, occupe une
place privilégiée dans l'iconographie thérésienne. Comment donner à
voir cette expérience mystique
par essence indicible et invisible ?
Plusieurs artistes ont relevé le défi.
Le plus célèbre est sans aucun doute Gian Lorenzo Bernini
dit Bernin (1598-1680). Son Extase de
Sainte Thérèse
transpose l'expérience mystique de la sainte en une sculpture de marbre
monumentale et saisissante. L'état extatique de Thérèse d’Ávila se traduit par une pose alanguie. Un
érotisme certain émane de l'ensemble réalisé entre 1647 et 1652 pour la chapelle Cornaro de l'église Santa
Maria della Vittoria à Rome.
Certains artistes interprètent d'ailleurs la figure mystique espagnole jusqu'à la caricature. L'artiste belge
Félicien Rops (1833-1898) propose ainsi une série de caricatures érotiques de la sainte. Il pousse à
l'extrême l'expérience mystique de la carmélite et détourne son « mariage spirituel » avec Dieu.
Ce rapide panorama des œuvres d'art inspirées par Thérèse d’Ávila est loin d'être exhaustif. Il laisse tout
juste entrevoir la variété avec laquelle les artistes se sont successivement appropriés la figure de la sainte.
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Les adaptations de la vie et de l'œuvre de Thérèse d’Ávila
Les adaptations de la vie et de l'œuvre de Thérèse d’Ávila sont de natures diverses, allant de la bande
dessinée au film en passant par la musique.
En musique
Les poèmes de la sainte inspirent les musiciens et chanteurs. Un certain nombre n'hésitent pas à les mettre
en musique, leur donnant une nouvelle vie. C'est le cas par exemple de Guylaine Renaud et Beñat Achiary
qui décident de chanter les textes mystiques de la carmélite et de son ami Jean de la Croix, accompagnés
entre autres de percussions et d'une vielle à roue. Le nom de l'album, Beatiho , renvoie à de petites boîtes
vitrées dans lesquelles se tenaient des crèches ou des scènes de la vie monastique, en usage dans les
monastères carmélites provençaux aux XVIIIe et XIXe siècle.
En BD
Dans un tout autre registre, l'illustratrice et scénariste de bandes dessinées Claire Bretécher propose une savoureuse et
décapante Vie passionnée de Thérèse d’Ávila en 1980. Elle raconte avec humour la vie de la sainte en quelques épisodes
(expériences mystiques, fondation de monastère, etc.). Sa vision de la carmélite insiste sur sa forte personnalité et son
caractère pragmatique, des traits indispensables pour s'imposer dans l'Espagne du XVIe siècle.
En films, documentaires, séries
La vie de Thérèse d’Ávila fait également l'objet de plusieurs adaptations
audiovisuelles. Parmi les films et documentaires, celui de Josefina Molina est l'un
des plus marquants. Intitulée Teresa de Jesús , cette mini-série espagnole date
de 1984 et retrace la vie de la sainte en huit épisodes. Elle est intégralement
disponible sur le site espagnol RTVE.es .
À noter pour terminer les différents reportages consacrés à la sainte sur la chaîne
KTO
et disponible via youtube.
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À lire en ligne pour aller plus loin...
Sur la base de donnée Art source (uniquement sur place à la Bpi)
• « Ecstasy and vision : two concepts connected with Bernini's Teresa », Susanne Warma, Art bulletin,
66, 1984, p. 508-511. Susanne Warma présente et analyse la célèbre œuvre monumentale
représentant la transverbération de Thérèse d’Ávila. En anglais.
Sur l'Encyclopædia universalis (uniquement sur place à la Bpi)
• « BERNIN GIAN LORENZO BERNINI dit LE CAVALIER (1598-1680)
•
« CARMEL
», Marie-Madeleine Davy.
•
« ESPAGNE (Arts et culture) - - L'art espagnol
», Marcel Durliat.
•
« MYSTIQUE
», Michel de Certeau.
•
« THÉRÈSE D'ÁVILA (1515-1582)
», Pierre Sérouet.
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», Claude Mignot.
Auteur
:
C. Hoinville. Collections Bpi
CC BY-SA 3.0 FR
Sélection de références
Beatiho
musique de [et interpr. par] Guylaine Renaud, chant, Beñat Achiary, chant, Gérard
Siracusa, percussions, Dominique Regef, vielle, violoncelle, dilruba ; [textes de] Thérèse
d’Ávila et Jean de la Croix ; ouvrage de Dominique Serena-Allier et Alain Girard
Actes Sud-Museon arlaten-Association d’idées, 2012
1 disque compact et 1 livret.
Guylaine Renaud et Beñat Achiary, accompagnés des musiciens
Gérard Siracusa et Dominique Regref, interprètent des poèmes
mystiques de Thérèse d’Ávila et de Jean de la Croix.
À la Bpi, Niveau 3, 782.1 BEA
La vie passionnée de Thérèse d'Ávila
Claire Bretécher
Dargaud, 2007
La dessinatrice et scénariste de bande dessinée Claire Bretécher
aborde sous l'angle humoristique et parodique la vie de Thérèse
d'Ávila. Son hagiographie décalée offre un regard mordant sur la
religieuse et quelques personnalités de son entourage, en particulier
Jean de la Croix et Pierre d'Alcántara.
À la Bpi, Niveau 2, 235 THER 2
Vous pouvez également consulter l'album sur la plateforme Iznéo
(uniquement sur place à la Bpi).
L'art du XVIIe siècle dans les Carmels de France :
[exposition, Paris, Musée du Petit palais, 1983]
Gilles Chazal (catalogue), avec le concours du Comité pour le IVe centenaire de sainte
Thérèse d’Ávila
Y. Rocher, 1983
À l’occasion du 400 e anniversaire de la naissance de Thérèse d’Ávila,
une exposition dédiée à l’art du XVII e siècle dans les Carmels de
France s’est tenue au musée du Petit Palais du 17 novembre 1982 au
15 février 1983. Ce catalogue, même s’il est quelque peu ancien,
permet de découvrir une riche iconographie relative à l’ordre du
Carmel, accompagnée de textes sur l’histoire des carmes et des
carmes déchaux en France. Le chapitre III s’intéresse à la
représentation de Thérèse d’Ávila (p. 43-62). Le chapitre IV le
complète en revenant sur les relations amicales de la sainte (p. 6368).
À la Bpi, Niveau 3, 704.405 ART
Le musée chrétien : dictionnaire illustré des images
chrétiennes occidentales et orientales. Tome 3
Jean-Pie Lapierre
Seuil, 2014
L'article « Thérèse d’Ávila (sainte) » propose une biographie synthétique
et donne les clés essentielles de l’iconographie thérésienne (p. 24312436). Quatre œuvres sont brièvement commentées : deux gravures
de Karel Van Mallery (1613), un portrait du peintre Jean Narducci
(1576) et Sainte Thérèse d'Ávila délivrant Bernardino de Mendoza du
purgatoire peint par Rubens (1635).
À la Bpi, Niveau 3, 7.13 LAP tome 3
L’œil mystique : peindre l’extase dans l’Espagne du
Siècle d’or
Victor I. Stoichita
Le Félin, 2011
L’ouvrage réunit quatre leçons données par l’historien d’art Victor I.
Stoichita au Collège de France. Il s’agit d’étudier la représentation des
visions et autres extases mystiques par les peintres du Siècle d’or
espagnol (XVI e-XVII e s.). L’auteur s’attarde notamment sur les
œuvres de Velasquez, du Greco, de Zurbaran et de Ribalta pour
pointer le paradoxe sous-jacent de cette iconographie : comment
donner à voir l’invisible, l’indescriptible, l’irreprésentable ?
À la Bpi, Niveau 3, 754.65 STO
Publié
le
01/06
/2015
ARTS - RELIGIONS
christianisme
Tags
:
peinture
-
sculpture
-
Espagne
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