UTV - Trialp Moirans

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UTV - Trialp Moirans
UTV en mode défaillance, Max, septembre 2014
Samedi 6 Septembre, 2h45, la sonnerie du réveil me fait tomber du lit. Un p’tit dèj rapide et efficace,
je prends le sac préparé minutieusement la veille et direction Méaudre dans le Vercors où une belle
journée s’annonce. Au programme, avec 470 autres copains et copines, 89km et 4800m D+. C’est
l’ULTRA TRAIL du VERCORS. A 4h du mat’ la température est fraiche dans le Vercors (5°C), mais aucun
nuage dans le ciel. Il va faire beau et surement un peu chaud. Je retrouve sur place mes potes Jackot
et RV, eux aussi engagés sur cette épreuve. Ils ont passé la nuit là-haut. J’aurai dû roupiller avec eux
mais la journée s’est finie trop tard pour moi. Jackot me semble en forme et RV un poil stressé
maisça va le faire. A 4h55 tout le monde est sous l’arche de départ et 5 minutes plus tard, une belle
chenille de lampes frontales se forme et va se perdre dans la forêt direction le site de ski de fond de
Villard – Corrençon. Je me suis positionné dans les premières places et arrive à suivre sans me mettre
dans le rouge. Finalement les premiers se détachent et je reste à mon rythme autour de la 10 ème
position. Le passage dans l’obscurité au milieu des ruines de Valchevière, éclairées pour l’occasion
par des torches flambeau, ou alors la traversée du plateau de château Julien recouvert d’une fine
brume aux toutes premières lueurs du jour sont des moments grandioses qui font que je ne regrette
pas d’être venu. Et cerise sur le gâteau, les jambes répondent bien aux sollicitations. Ma seule petite
inquiétude vient du fait que pour m’alimenter, les barres énergétiques ont du mal à passer, je me
contente donc de prendre des gels. Je me dis que ce n’est que passager. A Corrençon, je passe en
9ème position à 7min de la tête de course. C’est bien mais je ne force pas l’allure car les choses
sérieuses commencent avec la longue et raide grimpette jusqu’au sommet de la petite Moucherolle.
On longe ensuite les crêtes vertigineuses du Vercors. A certains endroits mieux vaut ne pas mettre le
pied en dehors du sentier. La montée se fait sans trop de souci, mais au sommet je suis bien content
d’entrevoir la dégringolade jusqu’à Villard de Lans. Côté alimentation, les barres ne passent toujours
pas et les gels commencent à glisser de moins en moins bien. La descente se fait sur les pistes de ski
alpin recouvertes de cailloux l’été. Ce n’est pas très agréable et plutôt raide. J’arrive à Villard de Lans
après 41km en 8ème position. J’apprécie car tout se passe plutôt bien. Il était prévu que Steph et Lolo
soient là pour me ravitailler, mais personne… je râle un peu en plaisantant avec les bénévoles, ce qui
attire la curiosité du speaker. Je fais alors un appel au micro en menaçant Steph et Lolo de
représailles… rien n’y fait, je repars donc, heureusement que je n’ai pas beaucoup mangé jusqu’à
présent. Finalement je vois Steph débouler de je ne sais où. Ils ont voulu venir à ma rencontre et se
sont perdus… No comment ;-). Steph a dû renoncer à la course en raison de douleur au genou,
malgré tout il fait un bout de chemin avec moi et me ravitaille en gels et boisson. Je file maintenant
vers Lans en Vercors par un sentier assez ombragé et vallonné. Je tente de manger un petit sandwich
salé mais il me faut bien 5min pour arriver à l’avaler. Je ne comprends pas, d’habitude ce type de
sandwich fait maison (pain de mie - fromage frais - jambon) passe tout seul… étrange. Les premières
sensations de fatigue arrivent en même temps que la chaleur. Je plonge la tête dans les fontaines
que je croise pour me rafraichir. Quelques kilomètres avant Lans, j’aperçois Steph accompagné de
Lolo cette fois qui viennent à ma rencontre. Ca me rebooste bien car je cours tout seul depuis un bon
moment. Ils me disent que Jackot est en pleine bourre derrière, c’est bon ça. Par contre pas de
nouvelle d’RV, mais je ne suis pas inquiet, il doit gérer sa course. Après son échec au grand duc, je
sais qu’ici il ne lâchera rien. Laurent m’incite à bien boire et bien manger, car en période d’activité
sportive, « le corps dépense 80% de son énergie à réguler la température et éviter la surchauffe » me
dit-il. Boire ok, manger, je n’y arrive pas. Je commence un peu à m’inquiéter car je sens bien que je
ne recharge pas assez les batteries. A Lans je suis 10ème puis je repasse 8ème dès le début de
l’ascension du Moucherotte. C’est une portion extrêmement difficile très raide où il faut souvent
s’aider des mains. Steph et Laurent la feront avec moi assurant un soutien sans faille. Leur présence
est plus que précieuse. Il est, malgré tout, de plus en plus difficile de tenir un rythme dynamique. La
pente est désormais un peu moins raide. Steph et Laurent me laissent filer et retournent voir où en
sont Jackot et RV. Le reste de l’ascension se fait par une piste en plein soleil mais pas trop raide.
Malgré tout je n’arrive pas à courir. Le moral commence à chuter. Je ne suis plus dans la course mais
je me dis qu’il faut continuer tranquille pour aller au bout et apprécier l’instant. La descente est très
longue, avec presque 1000m D-, j’essaye de courir mais ce n’est pas vraiment efficace. Au ravito de St
Nizier de Moucherotte, quelques verres de coca et un bol de soupe de vermicelles me redonnent un
peu de gaz et me laissent penser que la fin de course va bien se passer. Hélas, ça ne comble pas les
carences accumulées tout au long de la journée, le mal est fait. Dès la longue montée suivante, je
prends un gros coup de massue sur la tête. Je n’avance plus. Au sommet, sur le plateau de la Molière,
je demande à des personnes s’ils n’ont pas du coca, en vain. Je commence donc la descente sur
Autrans en marchant doucement. Ca fait un petit moment que je n’éprouve plus de plaisir dans cette
course, mais là, ça devient vraiment pathétique. Si c’est pour faire de la rando du dimanche je n’ai
pas besoin de porter un dossard. J’ai d’ailleurs plutôt honte lorsque je croise des marcheurs. Je me
fais doubler par un concurrent qui me demande si j’ai besoin de quelque chose car avec mon teint
blême et mes titubations incessantes il doit se douter que je ne suis pas au top. Je le remercie mais
l’incite plutôt à poursuivre sa belle fin de course. Je commence à avoir des sensations de vertiges et
des « fourmis » dans les mains. Il reste 15km et je me dis que ça va être très dur de finir comme ça.
Malgré mon allure, je manque de tomber après avoir trébuché sur une racine. Ce n’est pas
raisonnable et ça peut devenir dangereux. Au croisement du chemin avec une route, je décide de
m’arrêter pour attendre une voiture et descendre à Autrans pour abandonner…. Le problème c’est
que sur une route forestière, les voitures se font rares. Après quelques minutes infructueuses (avec
seulement 2 vélos... et sans porte bagage), je décide de continuer et de regagner Autrans par le
parcours. La descente est un peu plus agréable et surtout très ombragée. Il y fait assez frais et cela
me fait un bien fou. Je me sens un peu mieux, j’arrive à marcher un peu plus vite et même trottiner
un peu sur les parties pas trop accidentées. L’idée d’abandonner laisse vite la place à celle de finir
tranquillement en essayant d’apprécier ces derniers kilomètres. Au ravito d’Autrans, je prends le
temps de récupérer, de boire un autre bol de soupe et je repars pour le dernier tronçon jusqu’à
Méaudre. J’ai dans l’espoir de voir revenir Jackot et qu’on finisse ensemble. Ca ne se fera finalement
pas. Cette dernière partie est très agréable, dans les sous bois, sur un large chemin sans trop de
cailloux. Enfin je reprends plaisir à trottiner. Surtout que pour la première fois de la course je suis
accompagné par un autre coureur. On papote, on plaisante et le temps passe super vite. On
distingue enfin le clocher de Méaudre, de là où on était parti 13h plus tôt. On finit à un bon rythme
et je lui laisse l’honneur de franchir la ligne avant moi. Cette course est donc terminée après 13h19.
J’ai la drôle de surprise de voir que je finis 19ème. Je pensais être beaucoup plus loin que ça, avec tous
les coureurs qui m’avaient doublé. Ca ne fait qu’accentuer ma déception car une belle perf aurait été
possible, mais pas aujourd’hui, tant pis. Je suis content d’être allé au bout, mais sans trop de fierté
non plus. Je papote un peu avec Valérie qui est monté pour encourager son Jackot chéri et je ne
tarde pas à redescendre. Déçu de ne pas pouvoir voir arriver les copains, mais je suis attendu à la
maison. Jackot arrivera finalement une heure après et RV, en bon finisher et gestionnaire de l’effort,
terminera avec la frontale allumée.
Je retiens de cette course que ça ne peut pas toujours se passer comme on voudrait, qu’avec
seulement de l’eau on ne va pas bien loin et que sans plaisir le temps passe vraiment doucement. Il
faudra que je détermine pourquoi je n’ai pas pu m’alimenter comme je voulais pour que ça ne se
reproduise pas. Si pendant la course, je me disais que c’était vraiment un sport de c…, j’ai aujourd’hui
une farouche envie de rechausser les baskets et repartir pour de nouvelles aventures. Ca aussi c’est
étrange…
Pour finir, un grand, un énorme merci à Laurent et Steph, qui m’ont accompagné et soutenu avec
une ferveur très touchante.
En prime un petit reportage rapide sur l’UTV dans tout le sport à regarder à partir de 8min20 :
http://www.francetvsport.fr/tout-le-sport/replay/tout-le-sport-du-07-septembre-243339