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Département d’histoire
c29’J5
Faculté des lettres et des sciences humaines
.
Université de Sherbrooke
La Guerre froide dans son arrière-cour: les impacts et les interactions socioéconomiques
engendrés par l’implantation d’une station-radar de la Finetree Line à Sennetene
par
Simon Roy
/7
Mémoire présenté pour obtenir
la Maîtrise ès arts (Histoire)
Université de Sherbrooke
Novembre 2013
R
,
Composition du jury
La Guerre froide dans son arrière-cour: les impacts et les interactions socioéconomiques
engendrés par l’implantation d’une station-radar de la Pinetree Line à Senneterre
Simon Roy
Ce mémoire a été évalué par un jury composé des personnes suivantes
M. Peter Gossage, directeur de recherche
(Département d’histoire, Faculté des arts et sciences, Université Concordia)
M. David Massell
(Département d’histoire, Faculté des arts et sciences, Université du Verniont à
Burlington)
M. Harold Bérubé
(Département d’histoire, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de
Sherbrooke)
À tous ceux qui ont donné à Senneterre
la riche histoire qu’elle porte aujourd’hui.
Sans vous, ce mémoire n’aurait ni sens, ni
importance.
RÉSUMÉ
Ce mémoire de maîtrise tentera de combler un vide historiographique dans l’histoire de
l’Abitibi-Témiscamingue, et pius particulièrement dans l’histoire de la ville de
Senneterre, entre les années 1950 et 1988. Cette période correspond aux années
d’opération de la station-radar RCAf Senneterre et marque l’apogée de cette petite ville
à bien des niveaux: économique, démographique, socioculturel et sportif. Il s’agit
également d’une époque (plus particulièrement les années 50 et 60) où la dynamique
ethnique de Senneterre est complètement bouleversée : plus de trois cents militaires,
majoritairement anglophones et protestants viennent s’établir au Mont-Bell, à quatre
kilomètres du bastion francophone et catholique qu’est Senneterre. Et non seulement ils
y habitent pendant plus de trente ans, mais ils participent activement au nouveau
dynamisme et à l’effervescence qui s’emparent de Senneterre. Nous examinerons donc
le fonctionnement paramilitaire de la station-radar, mais également les impacts de sa
présence et les interactions qu’elle engendre avec sa communauté hôtesse, la ville de
Senneterre. Bref, ce mémoire n’aborde pas simplement un sujet se limitant à l’histoire
locale, mais offre plutôt un regard sur les effets d’un conflit global sur une petite
municipalité du nord-ouest québécois dans un contexte d’après-guerre et de grands
changements sociaux dans la province.
Remerciements
La réalisation de ce mémoire fut aussi longue qu’ardue. Bien des événements ont
parsemé (pour ne pas dire perturbé) ma vie personnelle et professionnelle ces cinq
dernières années. Je tiens à remercier mon directeur, Peter Gossage, ainsi que mon
lecteur, David Masseil, pour leur soutien et leur patience. Merci également à Harold
Bérubé pour sa lecture et sa critique approfondie de mon mémoire. Je dois également
exprimer ma reconnaissance envers les employées de bureau de la Ville de Senneterre
pour l’aide qu’elles m’ont apportée, autant au niveau de la recherche en archives que du
travail clérical. Je ne peux non plus passer sous silence l’immense travail réalisé par les
gens de la Société d’histoire de SennetelTe. Grâce à eux, j’ai pu retracer certaines
informations essentielles à ce mémoire. Je souhaite aussi remercier ma femme, Kristel,
d’être une partie si importante de ma vie. finalement, je veux souligner le soutien émotif
et financier de mes parents, Sabrina et André, sur qui j ‘ai toujours pu et pourrai toujours
compter.
TABLE DES MATIÈRES
Composition du jury
j
Dédicace
ii
Résumé
iii
Remerciements
iv
Table des matières
Liste des sigles
y
viii
Liste des tableaux
ix
Liste des cartes
x
INTRODUCTION
1
1. Le NORAD et la Guerre froide
1
2. Historiographie
4
3. Cadre spatio-temporel
$
4. Problématique
9
5. Sources et méthodes
10
6. Plan
12
vi
CHAPITRE I : Les impacts économiques de la station-radar sur la ville
14
1.1 La situation économique avant l’ouverture de la station-radar
15
1.1.1 Portrait historique et économique de la ville et de la région
1.2 La situation économique de l’ouverture (1953) à l’annexion (1969)
1.2.1 La hausse démographique
1.2.2 La stimulation commerciale
1.3 La situation économique de l’annexion à la fermeture (198$)
1.3.1 Les règlements 169 et 170
1.3.2 L’apport financier en tenant lieu de taxes
1.3.3 La fin d’une époque un dernier legs de la station à la ville
15
19
19
21
22
22
24
27
CHAPITRE II: Les interactions politiques et socioculturelles entre la station-radar
et la ville
29
2.1 Les relations entre les autorités militaires, municipales et civiles
30
2.1.1 Deux autorités politiques sur un même territoire
2.1.2 Les commerçants senneterriens et la concurrence «déloyale»
2.2 Sports, loisirs et culture
2.2.1 Un nouveau dynamisme socioculturel
2.2.2 L’âge d’or sportif de Senneterre et de la région
2.2.3 Le sport comme récompense aux militaires
30
35
37
37
39
43
CHAPITRE III : La vie sur la station-radar
46
3.1 La langue et la religion
47
3.1.1 Le fonctionnement des écoles et des églises
3.1.2 Les relations de travail entre les deux groupes linguistiques
3.2 La structure sociale et politicomilitaire de la station-radar
3.2.1
3.2.2
3.2.3
3.2.4
Les réseaux sociaux selon le rang militaire
Mariages, naissances et vie de famille
La situation des femmes de militaire
Le rôle de la femme du commandant
47
50
53
54
56
59
62
vii
3.3 La politique sur la station-radar
3.3.1 Les effets de la politique provinciale et fédérale
3.3.2 Le Conseil de la communauté
64
64
66
CONCLUSION
6$
ANNEXES
71
Annexe A Communication personnelle avec M. David Leal
72
Annexe B Règlement 170
79
Annexe C Résolution 88-238
$6
BIBLIOGRAPHIE
8$
LISTE DES SIGLES
ARCN
Association récréative du Canadien National
BAC
Bibliothèque et Archives Canada
CARC
Corps d’aviation royal canadien
FAC
Forces armées canadiennes
NORAD
North American Air Defense Corninand (North Arnerican
Aerospace Defense Command, à partir de mars 1981)
PMQ
Frivate Married Qitarters (Maison privée pour soldats
mariés)
RCAF
Royal Canadian Air force
SFC
Station des Forces canadiennes
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1
Principales entreprises de Senneterre dans les années 50
18
Tableau 2
Évolution de la population senneterienne
20
Tableau 3
Montants tenant lieu de taxes perçus par la Ville
25
LISTE DES CARTES
Carte 1
LeNORÀD
2
Carte 2
La ville de Senneterre
3
Carte 3
L’Abitibi-Témiscamingue
8
INTRODUCTION
1. Le NORAD et la Guerre froide
La Guerre froide est certainement l’une des périodes qui marque le plus les NordAméricains qui la vivent. Le Canada, par sa situation géographique, agit inévitablement
comme pays-tampon entre les superpuissances américaine et soviétique. Ainsi, ce conflit
pousse les États-Unis et le Canada à s’unir une fois de plus, cette fois-ci dans le but de
consolider la défense du nord du continent nord-américain. C’est pour cette raison que,
dès 1950, la construction d’une première série de stations-radar est entamée. Cette ligne
de défense, la Finetree Line, est complétée en 1954 et est constituée de 33 stations, dont
sept au Québec. Les stations-radar de cette ligne ont été bâties en des lieux stratégiques,
entre les 48e et 50e parallèles, dans le but de couvrir le plus de terrain possible et d’offrir
aux autorités un temps de réaction maximal dans l’éventualité d’une attaque soviétique.
Puisque le mont Beli est le point le plus élevé de la région qui nous intéresse, il devient
alors le site idéal pour y implanter l’une de ces stations-radar. Par la suite, après des
années de discussions et de débats, et dans le but perpétuel de bien protéger le continent
contre une potentielle attaque soviétique, le 1er août 1957, le Canada et les États-Unis
rendent publique l’idée d’un commandement conjoint : le North American Air Defence
Command (NORAD), qui incorporerait la Pinetree Line, la McGiÏl fence1 et la Distant
Aussi connue sous le nom de Mid-canada Line, la McGiÏÏ Fence est une ligne de défense radar en
opération seulement de la fin des années 50 au milieu des années 60, dans le but d’augmenter la sécurité
offerte par la Fine free Line, située plus au sud.
2
Early Warning Line.2 Le 12 mai 195$, l’entente est paraphée par les deux parties et le
NORAD entreprend officiellement sa vigile sur le nord du continent.3
Carte 1
Le NORAD
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National Defence and the Canadian Armed forces
http ://www. j ournal.forces.gc.ca!vo8/no2/lajeunes-eng. asp
Le 15 août 1950 marque le début de la construction d’une station-radar de la
Pinetree Line sur le mont Bell, situé à quatre kilomètres au sud-est de la ville de
Seimeterre, dans le nord-est abitibien. Du début de ses opérations en 1953 jusqu’à sa
La Distant EarÏy WarningLine (DEW Line), complétée en 1957 et constituée de 63 stations, de l’Alaska
à l’ue de Baffin, est la ligne de défense radar du NORÀD la plus au nord. Le 15 février 1954, alors que la
menace soviétique passe de simples bombardiers à des missiles balistiques intercontinentaux, les
gouvemements canadien et américain s’entendent pour que la DEW Line soit construite, le long du 69e
parallèle, et devienne le système principal d’avertissement en ce qui concerne les armes nucléaires.
2
Joseph T. Jockel, Canada in NORAD, 195 7-2007 A Histo;y, Montréal, MQUP, 2007, p. 36.
3
fermeture en 1988, ce site devient le domicile d’environ trois cent personnes militaires,
conjoint(e)s et enfants venant tous cohabiter, en quelque sorte, avec les quelques quatre
mille résidents du pôle de Senneterre.
Sur la carte ci-dessous, le Mont-Beil se situe dans le coin inférieur droit. Les
routes 1 13-nord et 113-sud mènent à la municipalité de Senneterre-Paroisse (qui entoure
Senneterre-Ville) et la route 386 mène à Belcourt.
Carte 2
La ville de Senneterre
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Source:
Ville de Senneterre
http ://www.ville.senneterre.qc.ca
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4
2. Historiographie
La ville de Sennetene, malgré son histoire presque centenaire, n’occupe qu’une infime
partie de l’espace historiographique témiscabitibien. Peut-être parce qu’elle ne se situe
par sur la route 117, artère principale de la région. Peut-être parce que quelques dizaines
de kilomètres la séparent de la faille de Cadillac et que, souvent, histoire de l’Abitibi
Témiscamingue rime avec histoire des mines. En tous les cas, il ne fait aucun doute dans
notre esprit que l’Abitibi-Témiscamingue ne peut pas et ne doit plus se priver de la
richesse historique de la ville de Senneterre.
Heureusement, ces dernières années, certains historiens et amateurs d’histoire
publient des ouvrages fort intéressants et révèlent à un plus grand public des bribes de
l’histoire senneterrienne. Que ce soit Jake Roulo et ses livres autobiographiques (C’est
la faute à Johnnv Renaud’ et
À
visage découvert5) ou Thomas Fecteau et Françoise
Gaudreau et leur histoire de l’aviation (Au-delà du
42e
parallèle6), ce genre d’histoire
locale est essentiel à l’historiographie et à la mémoire collective des petits milieux
comme Sennetene. Ces écrits, cependant, comportent des limites évidentes sur le plan
scientifique. Dans les livres de J. Roulo, par exemple, l’auteur raconte des anecdotes
tirées de sa vie publique à Senneterre. Le lecteur apprend, par exemple, comment il est
Jean-Jacques Rouleau (Jake Roulo), C’est la faute à Johnnv Renaud, Montréal, Éditions Maxime, 2002,
333 pages.
Jean-Jacques Rouleau (Jake Roulo), À visage découvert, Montréal, Éditions Maxime, 2003, 276 pages.
Thomas Fecteau et Françoise Gaudreau, Au-delà du 48e parallèle, Montréal, Éditions Thomas Fecteau,
2009, 320 pages.
6
5
devenu communiste, comment il a découvert que des espions allemands effectuaient des
opérations de reconnaissance dans la région ou encore comment le Conseil municipal
l’aurait banni de la ville à cause de sa réputation, pour revenir sur sa décision après que
l’auteur ait fait économiser près de $00 $ à la Ville sur une question d’achat d’un nouvel
autotransfonnateur électrique. En ce qui concerne T. Fecteau et F. Gaudreau, leur
ouvrage offre une image précise de la région abitibienne au début de l’époque qui nous
intéresse (1947-1955). Ils y décrivent de façon détaillée le paysage, la population et les
réalités sociales et économiques en Abitibi à cette époque, mais sans livrer beaucoup de
renseignements précis sur la ville de SennetelTe durant la Guerre froide.
Pour sa part, un article de Pierre Biays permet surtout d’avoir un portrait
économique et des données précises sur les types et le nombre d’emplois à Senneterre
dans les années 50. Dans le cadre de notre mémoire, l’utilité de cet article se limite à
cela. Le livre de Paul Ozorak, par contre, offre une analyse complète de la construction
de la station-radar, des équipements qu’on y a installés, en plus d’observations sur l’état
dans lequel se trouvaient le Mont-Bell et les équipements restants au lendemain de la
fermeture de la station, au tournant des armées 90.8 Finalement, l’extrait d’un ouvrage
d’Elmer Gay offre simplement des observations très subjectives sur Senneterre, la vie
sur la station, le climat très difficile et quelques anecdotes personnelles. De plus, comme
M. Gay n’a été stationné à Senneterre que du 15 avril 1955 au 20 novembre 1955, son
Pierre Biays, «Une ville d’Abitibi: Senneteiie
pp. 63-74.
8
Paul Ozorak, GeneraÏHistoiy
—
»,
Cahiers de géographie du Québec, vol. 2, no 3, 1957,
Senneterre, PQ, lieu et maison d’édition inconnus, 1993, 3 pages.
6
témoignage ne peut nous être utile dans notre analyse de l’évolution des relations sur la
station ou encore sur celle de l’économie senneterrienne.9
Étant donné les objectifs limités des ouvrages mentionnés ci-haut, il va sans dire
que plusieurs éléments de l’histoire de la ville de Senneterre demeurent inexplorés.
Notre objet d’étude, par exemple
—
à savoir la présence et les effets de la station-radar
RCAf (Royal Canadian Air force) Senneterre sur la ville de Senneterre
—
n’a pas attiré
l’attention des historiens jusqu’ici, mis à part quelques mentions dans des ouvrages
d’histoire régionale ou d’histoire militaire canadienne. Il y a donc beaucoup à faire pour
dresser un portrait fidèle de la vie sociale stir une station-radar en milieu isolé. Nous
avons bon espoir que les publications des dernières années, tout comme notre mémoire,
en entraîneront d’autres, notamment sur les industries pionnières de Sennetene telles les
Quebec Fisheries ou le Canadien National.
Par contre, la littérature sur le développement militaire et industriel du nord du
Canada et sur le NORAD (North American Air Defense Command) est abondante. Par
exemple, l’article de Kenneth C. Eyre «Forty Years ofMilitary Activity in the Canadian
North, 1947-67 »1O offre une perspective intéressante sur l’importance qu’a eue un
conflit comme la Guerre froide. Il y explique qu’auparavant, les Canadiens voyaient le
Nord comme une idée davantage que comme un lieu ou une portion géographique
Elmer Gay, Memories ofSenneterre, www.pinetreeline.org, consulté en 2010 et 2011.
web, fort utile aux premières étapes de nos recherches, n’est plus disponible en ligne.
‘°
Kenneth C. Eyre, « Forty Years of Military Activity in the Canadian North
1987, pp. 292-299.
»,
À noter que ce site
Arctic, vol. 40, no 4,
7
importante de leur pays, alors qu’à partir des années 40 et 50, le gouvernement est prêt à
y investir, à le développer et, surtout, à le défendre. Dans le même ordre d’idées, l’article
« The Cold War on Canadian Soil: Militarizing a Northem Environment
»“
de P.
Whitney Lackenbauer et Matthew farish expose les impacts qu’a eu la construction de
stations-radar dans le Grand Nord canadien sur la nature et sur l’environnement en
général. Cet article traite cependant de régions plus au nord que l’Abitibi
Témiscamingue et se concentre donc sur la Dew Line plutôt que sur la Finetree Line. Il
est néanmoins intéressant d’apprendre que le développement militaire dans le Nord sert
des intérêts supplémentaires à la défense du continent tels que la recherche scientifique,
le développement économique et social (sujet qui nous intéresse particulièrement) et
même le renforcement de l’unité canadienne. Quant à l’article «Militaiy Radar Defence
Lines of Northem North America
de Roy J. Fletcher, on y retrouve une section
»12
complète sur la Finetree Line et surtout sur les équipements de radars, leurs capacités et
leurs limites, en plus de dresser un portrait d’une station-radar typique de cette ligne.
finalement, Un trou de mémoire: La Guerre froide au Québec et dans le Grand Nord
canadien’3 de Jacques Castonguay contient une synthèse aussi complète qu’intéressante
sur la présence de stations-radar en Abitibi-Témiscamingue. La construction de la
station de Senneterre ainsi que l’évolution de son rôle au sein de la Pinetree Line y sont
clairement racontées.
H
P. Whitney Lackenbauer et Mafthew farish, «The Cold War on Canadian Soi!: Militarizing a Northem
Environment », Environmental Histoiy, vol. 12, no 4, Special Issue on Canada (Oct. 2007), pp. 920-950.
12
Roy J. Fletcher, «Military Radar Defence Lines of Northern North America
no 159, octobre 1990, pp. 265-276.
13
»,
Polar Record, vol. 26,
Jacques Castonguay, Un trou de mémoire La Guerre froide au Québec et dans le Grand Nord
canadien, Outrernont, Éditions Carte blanche, 2009, 118 pages.
.
8
3. Cadre spatio-temporel
Le cadre territorial de notre analyse porte sur le pôle de
rr’4 Cependant, il ne
faut pas négliger les conséquences (surtout économiques) de la proximité de la ville de
Val-d’Or.
Carte 3
L’ Abitibi-Témiscamingue
NORD
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Source:
14
L’Observatoire de 1 ‘Abitibi-Témiscamingue
http ://www.observat.qc.ca/galerie-des-cartes
La MRC de la Vallée-de-l’Or comporte trois pôles: Val-d’Or, Malartic et Senneterre. Le pôle de
Sennetene comporte les nmnicipalités de Senneterre-Ville, Senneterre-Paroisse et Belcourt.
9
En ce qui concerne la périodisation, nous retenons comme hypothèse l’idée que le début
de la construction de la station-radar RCAF SennetelTe, le 15 août 1950, marque
probablement l’arrivée de la modernité à Senneterre. Mais notre étude porte
essentiellement sur l’époque entre 1953 (ouverture officielle de la station) et 1988
(fermeture officielle) une période de 35 ans qui voit une effervescence démographique,
économique et socioculturelle sans précédent s’emparer de Seimeterre. Cette période de
croissance et de développement connaîtra son apogée du milieu des années 60 au milieu
des années $0, pour ensuite s’étioler rapidement à l’approche de la chute de l’URSS et,
conséquemment, de la fin de la Guerre froide.
4. Problématique
Le contexte culturel, économique et social dans lequel vient s’implanter la station-radar
du Mont-Bell soulève de nombreuses questions. Quelle était l’implication des militaires
et de leurs familles dans la vie sociale de la station et quelle était leur influence sur celle
de la ville de Senneterre? Quels sont les impacts économiques de la présence de la
station-radar, des militaires et de leurs familles sur la ville de Senneterre? Comment les
gens de différent rang, sexe, religion, langue et provenance s’y prenaient-elles pour vivre
harmonieusement, en apparence du moins, dans un milieu aussi restreint qu’isolé? De
plus, nous étudierons comment la bonne entente et/ou les frictions entre les autorités
militaires et civiles influent sur la cohabitation entre les gens de la station et ceux de la
ville.
10
5. Sources et méthodes
Nos sources proviennent de divers endroits. Entre la bibliothèque de l’Université de
Sherbrooke, la Société d’histoire de Senneterre et les archives administratives de l’Hôtel
de Ville de Seirneterre, nous avons dû parcourir une importante distance échelonnée sur
une dizaine d’allers-retours. Heureusement, plusieurs documents numérisés se trouvaient
en ligne à Bibliothèque et Archives Canada, ce qui a grandement facilité nos recherches
et limité nos déplacements.
Le dépouillement des sources manuscrites portant sur notre problématique a été
compliqué. En effet, la Société d’histoire de Senneterre et l’Hôtel de Ville de Senneterre
ne possédaient pas d’inventaire complet de leurs archives. Ainsi, nous avons dû y
dépouiller manuellement plusieurs boîtes et feuilleter les documents un à un de façon à
identifier ceux susceptibles d’être pertinents pour notre recherche. Au final, les articles
de journaux, les procès verbaux et états financiers municipaux ainsi que les différents
documents militaires officiels que nous y avons trouvé constituent la majeure partie de
notre corpus.
Une bonne partie de nos sources proviennent également de Bibliothèque et
Archives Canada. Après en avoir consulté l’inventaire en ligne, nous avons constaté
qu’une quantité importante de documents mentionnaient ou étaient reliés à Sennetene,
au NORAD et à la Finetree Line. Nous avons donc été en mesure de consulter des
rapports narratifs et historiques, parfois annuels, parfois biamiuels, rédigés par les
11
commandants de la station. On y retrouve, entre autres, toute sorte d’événements du
quotidien des militaires, des descriptions de l’entretien effectué ou de modifications des
équipements, les dates d’arrivée et de départ d’effectifs, des mariages, des fêtes diverses,
des rencontres sportives, etc. Comme ces documents offrent un aperçu privilégié et
souvent très détaillé de la vie quotidienne sur la station, ils nous ont été d’une grande
utilité.
Une autre source primordiale à la rédaction de ce mémoire fut le témoignage de
l’ex-commandant David Leal.’5 Nos échanges avec M. Leal nous ont permis de mettre
en lumière certains éléments non documentés de la présence militaire à Senneterre, en
plus d’avoir son opinion (parfois très subjective, il faut avouer, mais jamais sans intérêt)
sur certains événements ou incidents ayant eu lieu durant son service au Mont-Bell.
Au final, nous avons pu constituer un corpus documentaire hétérogène, composé
de rapports militaires, de documents municipaux, d’articles de journaux et de
témoignages personnels (dont ceux de Jake Roulo et surtout du commandant David
Leal). Chaque source comporte ses propres limites mais, dans leur ensemble, celles de
ce corpus livrent des renseignements précieux et largement inédits nous permettant de
répondre de manière adéqtiate (et parfois étonnante) aux différents éléments de notre
problématique.
15
Cette correspondance est reproduite au complet à l’Armexe A de ce mémoire.
12
6. Plan
Tout d’abord, nous étudierons les impacts économiques de la station-radar sur la ville de
Senneterre. Nous ferons état de la situation senneterrienne à trois époques
avant la
construction de la station, pendant ses années d’opération (1953-198$) et à la suite de sa
fermeture
définitive.
Nous
analyserons
l’évolution
du portrait principalement
économique de la ville, mais également démographique et politique, tous ces aspects
étant difficilement dissociables les uns des autres.
Le second chapitre étudiera les interactions politiques et socioculturelles entre la
station-radar et la ville. Nous y verrons qtie cette cohabitation des autorités militaires et
civiles connaît sa part de mésentente et génère d’importantes frustrations d’une part
comme de l’autre.
À
cela viendront s’ajouter les commerçants senneterriens et des
accusations de concurrence déloyale leur étant menée par la station. Ce chapitre
analysera également l’importance du sport, des loisirs et des activités culturelles dans la
vie des militaires et des civils qui vivent ce nouveau dynamisme. Nous regarderons donc
comment la présence des militaires à Senneterre, sur une période prolongée (de 1953 à
1988), propulse la ville vers un âge d’or sportif et socioculturel profitant à tous ceux qui
y prennent part.
Finalement, nous étudierons le style de vie que mènent les militaires et leurs
familles vivant sur une station-radar située à proximité d’une ville de petite taille et
isolée dans le nord-ouest québécois. Ainsi, nous analyserons d’abord les aspects
13
linguistique et religieux de la cohabitation de militaires canadiens-anglais et québécois
sur la station. Nous y découvrirons l’organisation et le fonctionnement de ces institutions
dans un contexte démographique changeant. Nous porterons également un regard sur les
relations de travail entre francophones et anglophones dans un contexte tout-à-fait
particulier, alors que, de 1953 au milieu des années 60, les militaires anglophones sont
fortement majoritaires sur la station, mais que celle-ci est officiellement bilingue. Nous
étudierons l’évolution de cette situation jusqu’à sa cassure en 1973 et à son
renversement complet au début des années $0, alors que les militaires francophones
deviennent à leur tour fortement majoritaires. Ce dernier chapitre s’attardera également à
la structure sociale et politico-militaire de la station, explorant la vie de famille, la
situation des femmes de militaire ainsi que le rôle de la femme du commandant. Le
chapitre conclura avec une analyse des effets de la politique municipale, provinciale et
fédérale sur la station. Nous y apercevrons également le rôle et les réalisations du
Conseil de la communauté, cette assemblée de militaires élus pour gérer la vie sociale,
culturelle et sportive des résidents de la station.
CHAPITRE I
LES IMPACTS ÉCONOMIQUES DE LA STATION-RADAR SUR LA VILLE
« People Urom Abitibij were not overÏy concerned with respecting the old ways, but
instead, were happy tofind ways to make things work with the flmited resources
available. »
-
David Leal
Commandant de la SFC Senneterre de 1981 à 1984
En 1950, Senneterre est une petite ville mono-industrielle. Au niveau des emplois dans
le secteur industriel, elle peut compter sur deux principaux moteurs
-
l’industrie
forestière et le chemin de fer du Canadien National pour offrir du travail à ses citoyens.
-
Cependant, ces deux industries sont fortement dépendantes l’une de l’autre, ce qui
signifie que lorsque l’une connaît une crise, l’autre en souffre également. D’où les
difficultés qu’éprouve Seimeterre à se développer au-delà du niveau des 2 000 habitants,
à stimuler davantage ses secteurs commercial et résidentiel et à suivre le pas des autres
villes abitibiennes qui connaissent des éclosions fulgurantes grâce au secteur minier.
15
1.1 La situation économique avant l’ouverture de la station-radar
Le développement commercial, industriel et démographique de la ville stagne depuis
fort longtemps, et aucune nouvelle industrie majeure n’est venue s’implanter à
Senneterre pour l’aider à sortir de son inertie économique. C’est pourquoi l’annonce du
début de la construction dune station-radar sur le mont Beil, le 15 août 19501 arrive à
point et calme, pour un temps du moins, la jalousie que les Senneterriens pouvaient
avoir envers Val-d’Or ou Malartic par exemple, dont le développement et l’expansion
sont ahurissants, grâce à la ruée vers l’or.
1.1.1 Portrait historique et économique de la ville et de la région
Avant l’ouverture de la station-radar en 1953 et surtout, avant le début de sa construction
en 1950, Senneterre est une ville typique de l’Abitibi pionnière.2 Elle voit officiellement
le jour en 1919, le long de la voie ferrée de la National Transcontinental Railway
(intégrée au nouveau réseau étatique Canadien National en 1922) qui reste un important
moteur de son économie jusqu’à nos jours. Senneterre est également située au coeur de la
forêt boréale qui fournit, bon an mal an, un emploi à cent ou deux cents de ses citoyens,
sans compter les quelques centaines, voire le millier d’emplois indirects liés à la coupe et
au transport du bois.3 Cet aspect sera détaillé davantage dans les prochains paragraphes.
The NBC Group, Senneterre, QC General histoiy, lieu et maison d’édition inconnus, 1997, p. 1.
-
2
Pierre Biays, «Une vilte d’Abitibi Seimeterre », Cahiers de géographie du Québec, vol. 2, no 3, 1957,
p. 63.
ii,i, p. 67.
16
À
cause de la région à laquelle elle appartient et de l’époque à laquelle elle se
développe, Senneterre est une ville à l’allure boom-town4, bien qu’elle n’ait jamais
directement profité des avantages qu’aurait entraînés la présence d’une grande mine dans
ses environs.
L’a;Tivée
de la station-radar, cependant, vient donner le souffle nécessaire à
Senneterre pour sortir de sa morosité économique et n’avoir plus rien à envier sur ce plan
aux autres villes de la région.
Photo 1
Vue de la 4e
Rue Ouest,
1959
•1
Source : http://www.pinetreeline.org
Se dit d’une ville ayant bénéficié d’un développement soudain et rapide, causé par un phénomène
économique ou social. (Le Petit Larousse 2009)
17
Sur le plan commercial, Senneterre subit la dure concurrence que lui mènent les
villes à proximité, notamment Val-d’Or, qui est sans contredit le centre économique et
commercial de l’est de la région. Au fil des ans et tour à tour, la Ville, la Chambre de
commerce et le Regroupement commercial tentent inlassablement d’encourager l’achat
local. Mais le charme des magasins à grande surface et des boutiques aussi nombreuses
que diversifiées de Val-d’Or fait effet sur les clients senneteniens, privant ainsi les petits
commerçants de Senneterre de nombreuses ventes.
Malgré tout, Senneterre réussit à maintenir une activité commerciale respectable.
Les salles de cinéma, les hôtels (bars et tavernes) et les restaurants contribuent
grandement à la vie économique et sociale de la ville, alors que les quelques magasins et
boutiques assurent une certaine rétention de la clientèle à Senneterre face à l’attrait
quasi-irrésistible de Val-d’Or. Néanmoins, avec seulement 1 686 habitants en 1951, il
est difficile d’imaginer Senneterre se développer davantage au niveau commercial... à
moins qu’une nouvelle industrie de taille ne vienne s’y implanter.
Heureusement, malgré la situation stagnante de la démographie et des
commerces de Senneterre, les industries se portent plutôt bien. Depuis ses débuts et
jusqu’aux années 70, Senneterre peut compter sur une poignée d’employeurs importants
dans le domaine industriel. En effet, avant même que la station-radar du CARC (Corps
d’aviation royal du Canada) ne viennent s’ajouter au groupe, le Canadien National, les
Pierre Biays, op. cit., p.66.
1$
moulins à scie Lamarche, Price et Nottaway, la compagnie d’aviation Fecteau et les
Quebec fisheries fournissent des emplois à plus de 310 personnes.
Tableau 1
Principales entreprises de Senneterre dans les années 50
Nom
Lamarche
Price
Nottaway
Nombre d’employés
75
30
25
J.-B. Lebet
Orner Flamand
Georges Langlois
PaulBisson
Paquin et St-Amant
130
400 1 000
150
80
80
30
Nature
Scieries
Exploitations forestières
Chemins de fer
Transports aériens
Base militaire
Canadien National
f ecteau
CARC
740 à 1 340
150
30
350 militaires
110 civils
460
Source : Pierre Biays, op. cit., p. 67.
19
1.2 La situation économique de l’ouverture (1953) à l’annexion (1969)
1.2.1 La hausse démographique
L’arrivée d’une station-radar à Senneterre entraîne une hausse immédiate de la
population. Environ 350 nouveaux emplois directs sont créés (militaires) alors
qu’environ 110 emplois indirects découlent également des opérations de la station6,
celle-ci nécessitant divers types de travailleurs civils pour la construction et l’entretien
de la base, en plus des besoins essentiels et des différents services qu’elle se doit d’offrir
à sa communauté. Ainsi, menuisiers, électriciens, plombiers, peintres, concierges,
secrétaires, enseignants, médecins et clercs se rendent au Mont-Bell tous les jours pour y
exercer leur métier. Pour une ville de moins de 2 000 habitants, cela signifie un
développement et des changements majeurs dans les secteurs social économique et
surtout démographique.
Dès l’annonce de la construction d’une station-radar au Mont-Beli, la population
senneterrienne augmente de façon importante. Cette hausse démographique fulgurante
est d’autant plus impressionnante qu’elle ne tient pas compte des quelques 350 militaires
stationnés au Mont-Bel!, ni de leurs familles. En effet, le territoire sur lequel se situent
les installations militaires, les maisons et tous les autres bâtiments appartenant aux
Forces armées canadiennes est la propriété de la Couronne et est donc étranger au
6
PielTe Biays, op. cit., p. 67 et Roy J. f letcher, «Military Radar Defence Lines of Norihem North
America: an historical geography ». Polar Record, vol. 26, no 159, octobre 1990, p. 269.
20
territoire de la ville de Senneterre. Il faudra attendre l’annexion du territoire du Mont
Beil à la ville de Senneterre en 1969 pour que les militaires et leurs familles deviennent
officiellement citoyens senneterriens et soient pris en compte dans le calcul de la
population de la ville. Nous étudierons cette annexion un peu plus loin dans ce chapitre.
Tableau 2
Évolution de la population senneterrienne
Source:
Année
Population
1950
1 674
1955
2 68$
+
1965
4800
+2112
1970
3815
-985
1975
4305
+490
1980
4290
-15
1985
5000
+710
1990
4017
-983
Différence
1 014
États financiers de la Ville de Senneterre.
Ainsi, Seimeterre profite enfin d’une importante hausse démographique et d’un
secteur indLtstriel solide. Grâce à cela, elle verra également son secteur commercial et
son offre socioculturelle revigorés.
21
1.2.2 La stimulation commerciale
Bien que la station-radar offre elle-même plusieurs services à ses militaires et à leurs
familles, ceux-ci doivent régulièrement se rendre en ville pour combler leurs besoins.
Que ce soit pour le cinéma, le coiffetir, le cordonnier ou même le notaire, toutes ces
entreprises bénéficient grandement de la présence des militaires au Mont-Beli.
Les effets de la station-radar sur l’économie de Senneterre semblent
considérables.
À
cet effet, Arthur Leblond écrit, dans l’éditorial de la toute première
édition du journal Le Progrès de Senneterre, que la Défense nationale et les Chemins de
fers nationaux ont causé l’évolution de Senneterre dans presque tous les domaines.7
Monsieur Leblond parle plus précisément des «commerceants (sic) [qui] ont agrandi et
modernisé leurs établissements
».8
Le journal réserve également, dans la majorité des numéros utilisés pour notre
étude, un grand espace pour des nouvelles de la Chambre de commerce de
SennetelTe
ainsi que de la Jeune Chambre de commerce de Senneterre. Ces dernières les utilisent
pour faire état à la population du déroulement de leurs activités et de l’avancement de
leurs projets.
À
titre d’exemple et de témoignage du nouveau dynamisme senneterrien,
pour les années 1962 et 1963, la Jeune Chambre de commerce organise deux soupers où
Arthur Leblond, «Éditorial », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 1, août 1963,
8lbid.
p. 1.
22
l’on étudie et échange sur l’avenir de Senneterre, deux semaines thématiques et quatre
fêtes auxquelles les citoyens participent en grand nombre.9
1.3 La situation économique de l’annexion à la fermeture (198$)
1.3.1 Les règlements 169 et 170
Jusqu’en 1969, la Ville ne perçoit aucune taxe foncière municipale ni aucun montant
tenant lieu de taxes pour la présence et l’opération de la station RCAF Sennetene
puisque les terres sur lesquelles elle se situe appartiennent à la Couronne. Cependant,
l’idée d’annexer le territoire du Mont-Beli et possiblement une partie du territoire de la
municipalité de Senneterre-Paroisse fait son chemin parmi les élus municipaux de
Senneterre. La raison de cette volonté d’annexion est que, de toute façon, la station-radar
et la municipalité de Senneterre-Paroisse demandent de plus en plus à la Ville de
Senneterre de fournir des services en dehors de ses limites territoriales. Ainsi, pour
pouvoir organiser légalement ces services, la Ville doit posséder les telTitoires où elle se
propose de les dispenser.
La Ville de Senneterre a besoin de deux tentatives avant d’enfin parvenir à
annexer certains territoires de la Paroisse (incluant le Mont-Bell) au sien. En 1967, le
Conseil municipal de Sennetene fait une première tentative avec le règlement 169. La
municipalité de Senneterre-Paroisse se montre favorable aux changements proposés par
Arthur Leblond, op. cit., p. 10.
23
ce règlement, mais il doit d’abord être soumis à un référendum des propriétaires du
territoire touché avant de devenir loi. Des dix-sept propriétaires à voter sur cette
question, dix se prononcent contre l’annexion: le règlement 169 est donc finalement
rejeté.
Les élus de la Ville de Senneterre ne s’avouent cependant pas vaincus : ils
reviennent à la charge avec le règlement 170, qui n’est en réalité qu’une copie du
règlement 169, mais dont le
territoire visé a
été légèrement rapetissé, de manière à
exclure de l’annexion les parcelles de territoire appartenant aux propriétaires s’y
étant
opposés lors de l’épisode du règlement 169. Le règlement 170 est donc adopté par le
Conseil municipal de SenneteiTe le 3 août 196$, adopté par celui de la Paroisse à la
session suivante et entériné à l’unanimité par référendum par les propriétaires
concernés.10
Vient ensuite, le 29 janvier 1969, l’approbation du
ministre
des Affaires
municipales, Robert Lussier, donnant ainsi effet au règlement 170. Le Mont-Beil et les
installations du CARC qu’il abrite font désormais partie du territoire de la ville de
Senneterre,
et
le gouvernement fédéral doit dorénavant verser à la Ville un montant
tenant lieu de taxes dont l’importance et les impacts sont décrits dans les paragraphes
suivants.
Nous avons placé en annexe une copie du règlement 170.
24
1.3.2 Uapport financier en tenant lieu de taxes
Bien que le gouvernement fédéral ne paie aucune taxe à la Ville de Senneterre pour y
opérer la station-radar RCAf Senneterre, il lui verse de larges sommes d’argent tenant
lieu de taxes, à partir de la date de l’annexion mentionnée précédemment. Ces montants
sont estimables grâce aux états financiers annuels de la Ville et ils permettent de réaliser,
encore une fois, toute l’importance économique de la station pour Senneterre.
Par ailleurs, le fait que la station ne paie pas officiellement de taxes à la Ville est
la souice de quelques conflits au fil des ans, comme le relatent les témoignages de David
Leal, commandant de 1981 à 1984. Le problème est que plusieurs citoyens,
commerçants et mêmes quelques politiciens municipaux et provinciaux décrient le fait
que la station ne paie pas de taxes à la Ville, tout en ignorant qu’elle paie cependant un
important montant tenant lieu de taxes.
Plutôt que de comptabiliser la valeur foncière d’une grande entreprise ou d’un
bâtiment gouvernemental dans ses revenus et de lui exiger une taxe foncière municipale,
une ville peut s’entendre avec l’entreprise ou le gouvernement pour que ce dernier lui
verse plutôt un montant annuel tenant lieu de taxes. Dans le cas qui nous intéresse, il en
est ainsi, notamment pour les écoles, le bureau de postes, les différents édifices de
services gouvernementaux provinciaux et fédéraux, la gare et l’atelier du Canadien
National, ainsi que pour la station-radar. En fait, les gouvernements provincial et fédéral
ont pris l’habitude de toujours payer leur dû aux municipalités québécoises et
25
canadiennes en leur versant un montant tenant lieu de taxes, évitant ainsi les pertes de
temps et d’argent causées par une évaluation municipale approfondie et renouvelée tous
les trois ans.
Tableau 3
Montants tenant lieu de taxes perçus par la Ville
Année
Canadien
National
1970
Gouvernement
provincial
3 050 $
Gouvernement
fédéral
(incluant
station-radar)
10 535 $
1975
4729$
11468$
4615$
1980
5150$
35500$
7469$
1985
12014$
123054$
219943$
1990
N/D
19 924 $
355 148 $
960 S
Source États financiers de la Ville de Senneterre
À noter que l’important bond des montants tenant lieu de taxes versés par le
gouvernement du Québec à partir de 1985 est en grande partie dû à un changement de la
Loi sur la fiscalité municipale, dont l’article 239 prévoit le paiement d’un nouveau
montant tenant lieu de taxes sur les réseaux de télécommunication, de gaz et
d’électricité. En 1985, cela signifie 131 045 $ et en 1990, 104 235 $ versés par le
gouvernement provincial à la Ville de Senneteire.
26
Malheureusement, les montants séparés précisément par entreprise ou par service
gouvernemental ne sont pas disponibles dans les états financiers de la Ville de
Senneterre. Néanmoins, les seuls services gouvernementaux fédéraux présents à
Senneterre étant le bureau de postes et le bureau d’assurance-emploi, nous pouvons
affirmer que la station-radar occupe une part très importante des avoirs fédéraux dans la
ville et, par le fait même, une part tout aussi importante des montants tenant lieu de taxes
versés à la Ville par le gouvernement fédéral.
Par exemple, en 1970, sur les 10 535 $ payés par le gouvernement fédéral, nous
estimons qu’il faille soustraire quelques centaines de dollars payés pour le bureau de
postes et les services gouvernementaux fédéraux et ainsi arriver à une approximation du
montant correspondant à celui tenant lieu de taxes pour la station-radar. En fonctionnant
ainsi, nous pouvons affirmer que le gouvernement fédéral, pour la présence de sa
station-radar, paie à la Ville de Senneterre en 1970 un montant tenant lieu de taxes se
situant aux alentours de 9 000 5.
Soulignons néanmoins la chute remarquable du montant tenant lieu de taxes
versé par le gouvernement fédéral à la Ville en 1990, soit un an après la fermeture de la
station. Le montant de 19 924 S est lié au bttreau de postes et au bureau de Services
Canada. Plus un sou pour la présence et l’opération de la station-radar dont les
équipements et les bâtiments non récupérés par le ministère de la Défense seront vendus
à la Ville pour la somme symbolique d’un dollar, tel que nous le relaterons plus en
détails à la fin de ce mémoire.
27
1.3.3 La fin d’une époque t un dernier legs de la station à la Ville
La station-radar est officiellement fermée le 31juillet 1988. Plusieurs entreprises et
particuliers se montrent intéressés à acquérir les installations et l’équipement de la
station. Cependant, puisque la loi prévoit un droit de préséance aux gouvernements
provinciaux et municipaux, c’est la Ville de Sennetene elle-même qui se porte
acquéreure des installations et des équipements légers de la défunte station. Le Conseil
économique de Sennetene, quant à lui, fait l’achat des lots de terrains qui formaient
l’ancienne station, au coût de 95 000 $. Finalement, le 13 juillet 1989, le Conseil
économique de Senneterre cède ces lots à la Ville pour la somme symbolique d’un
dollar.1’ Il s’agit là d’une aubaine, du moins en apparence, puisque la station avait coûté
un peu plus de six millions de dollars à construire, de 1950 à
1953.12
En quelques mois seulement, la Ville met en vente les maisons jadis réservées
aux soldats mariés. Toutes ces maisons trouveront preneurs parmi les Senneterriens, ce
qui aura pour effet de décentraliser la population du pôle de Senneterre, déjà fortement
éparpillée entre Senneterre-Ville, Senneterre-Paroisse et Belcourt. Pour leur part, les
bâtiments situés au sommet et sur le flanc du mont Beil seront recyclés : certains
deviendront des garages privés et des entrepôts, d’autres serviront de dortoirs pour les
reboiseurs, alors que l’un d’entre eux deviendra un palais de justice.
Nous avons placé en annexe une copie de la résolution 88-238.
12
Paul Ozorak, General historv Senneterre, P0. lieu et maison d’édition inconnus, 1998, p. 3. La
construction de la station-radar prit environ deux ans puisqu’on a dû aplanir certaines parties du mont Bel!
pour pouvoir y ériger certains bâtiments.
-
2$
L’achat des installations de la station-radar a cependant un effet pervers qui a pris
un certain temps avant de faire surface. Encore aujourd’hui, la Ville est prise avec de
vieux bâtiments situés au Mont-Bell qui furent autrefois isolés avec des feuilles
d’amiante. En signant le contrat d’achat avec les Forces armées, la Ville s’engageait à ne
jamais revenir sur sa décision et à ne jamais demander quoi que ce soit au Ministère de
la Défense relativement à cet achat, à son contenu ou à ses conséquences. Aujourd’hui,
décontaminer ces bâtiments et leur sol engendrerait des dépenses faramineuses pour la
Ville. Elle est donc prisonnière de ce contrat avec le Ministère de la Défense et avec ces
bâtiments désuets, contaminés et pratiquement invendables.
Finalement, la fin des opérations militaires ati Mont-Beli signifie également la fin
des versements du montant tenant lieu de taxes par le gouvernement fédéral à la Ville. Il
s’agit là d’un coup très dur porté aux finances senneterriennes. En effet, en 1988, dernier
exercice financier au cours duquel la Ville peut compter sur un montant tenant lieu de
taxes pour la station-radar, Senneterre reçoit 104 97$ $ du gouvernement fédéral.
L’année suivante, une fois la station définitivement fermée, la Ville reçoit un total de
21 712 S: ce montant incluant les versements tenant lieu de taxes pour le Canadien
National ainsi que tous les édifices fédéraux du territoire de SenneteiTe. Il y a là un
énorme manque à gagner et la Ville devra trouver un moyen de remplacer ou encore de
se débrouiller sans ses sommes d’argent sur lesquelles elle comptait depuis environ vingt
ans.
CHAPITRE II
LES INTERACTIONS POLITIQUES ET SOCIOCULTURELLES ENTRE LA
STATION-RADAR ET LA VILLE
« The weÏcome and support given to our service peopte and theirfamilies by the local
communities have made lfe at the radar stations much more pleasant and are sincereiy
appreciatecL
-
»‘
Faut Ozorak
Tel que démontré dans le chapitre précédent, la présence d’une station-radar à
Senneterre signifie d’importantes sommes d’argent additionnelles dans les coffres de la
Ville, en plus d’une hausse démographique substantielle. Le présent chapitre exposera
les liens qui existent entre la présence militaire au Mont-Bell et les changements ou
l’évolution observés aux niveaux politiqtie, social, culturel et sportif dans la ville de
Senneterre.
Paut Ozorak, General Historv, Senneterre, QC, lieu et maison d’édition inconnus, 1998, p 3.
30
2.1 Les relations entre les autorités militaires, municipales et civiles
Tel qu’exposé dans le chapitre précédent, entre 1950 et 1988, Senneterre doit composer
avec une augmentation soudaine de sa population et avec une stimulation sans précédent
de son économie et de ses activités socioculturelles. Gérer un tel dynamisme exige de la
part des autorités en place un effort de créativité et d’implication, en plus de devoir faire
preuve de conciliation avec les autres décideurs.
En effet, avec l’arrivée des militaires, le Conseil municipal de Senneterre n’est
plus le seul maître à bord sur son territoire : il doit maintenant composer avec la
présence et les exigences du Conseil de la comniunauté (que nous étudierons à la section
3.3.2), principalement en matière de loisirs et de services aux citoyens sur la station.
Bien qu’en apparence les relations entre les autorités municipales et militaires soient des
plus cordiales, nous verrons dans le présent chapitre que certains irritants et certaines
mésententes causeront leur part de frustrations de part et d’autre.
2.1.1 Deux autorités politiques sur un même territoire
De 1953 à 1969, la station-radar RCAF Senneterre et la Ville de Senneterre sont deux
entités autonomes et indépendantes l’une de l’autre. Les autorités militaires et
municipales se parlent très peu car il n’y a pas nécessité d’en faire davantage.
31
Cependant, après l’annexion du Mont-BeIl à la ville, les choses changent. Malgré
le fait que le Conseil de la communauté dirige presque tout ce qui n’est pas militaire sur
la station, chaque membre des Forces armées canadiennes résidant sur le territoire de
celle-ci est dorénavant un citoyen senneterrien à part entière et est donc soumis aux
règlements adoptés par le Conseil municipal, tout en ayant droit au même traitement que
tous les autres citoyens de Senneterre. Ainsi, les autorités de la station et de la Ville
doivent collaborer pour assurer la satisfaction de leurs employés pour l’une et de leurs
citoyens pour l’autre.
En réalité, jusqu’à l’annexion de 1969 du moins, le Conseil municipal et le
Conseil de la communauté n’ont pas de comptes à se rendre. Les deux territoires sont
indépendants l’un de l’autre et chaque conseil a le pouvoir politique nécessaire pour
gérer ce que ses électeurs lui ont confié. Cependant, comme tous bons voisins, la Ville et
la station se dépannent et s’entraident l’une l’autre. On se prête des gymnases ou des
salles de réception, on s’échange de l’équipement sportif, ou encore on demande à ses
employés d’effectuer divers travaux d’entretien ou de réparation sur le territoire de
l’autre.
Les deux entités semblent s’accommoder et se rendre service de manière
généralement réciproque. Cependant, au fil des ans, la Ville de Senneterre deviendra de
plus en plus réticente à venir en aide ou à rendre service à la station pour plusieurs
raisons. D’une part, le Conseil municipal de Senneterre a la forte impression d’en faire
déjà énormément pour accommoder et soutenir ses voisins. En effet, les municipalités
32
adjacentes de Belcourt et de Senneterre-Paroisse nécessitent l’aide de Sennetere pour
offrir certains services essentiels à leurs citoyens.
À ce sujet,
le préambule du règlement
170, exposé dans le premier chapitre de ce mémoire et reproduit en annexe, ne constitue
pas la seule preuve de l’expansion que prennent les services municipaux de Senneterre
sur le territoire des municipalités voisines.
Les chroniques «
À
l’hôtel de ville » et « Échos de l’hôtel de ville » qui
paraissent tous les mois dans le journal Le Progrès de Senneterre font état de plusieurs
demandes de services de la part de la «campagne
»2.
Les numéros du Progrès de
Senneterre utilisés pour ce mémoire, soit ceux antérieurs à 1969, mentionnent deux
nouveaux territoires annexés par la Ville, soit deux lots appartenant à la Défense
nationale et un autre territoire siftté au sud de la rivière Bell et appartenant à la Paroisse.3
De plus, on y relate deux demandes de la « campagne » au Conseil municipal de
Senneterre: une venant de la municipalité de Belcourt demandant que la brigade des
incendies de Senneterre desserve son territoire4, laquelle sera acceptée, et une autre
venant de la municipalité de Senneterre-Paroisse demandant à la Ville de payer les
intérêts sur des sommes d’argent empruntées pour des travaux d’hiver.5 La ville
répondra négativement à cette dernière, convaincue qu’elle débourse déjà suffisamment
2
Pour les gens de Senneterre, la « campagne » désigne les petites municipalités adjacentes à Senneterre,
mais plus particulièrement celle de Senneterre-Paroisse.
Arthur Leblond, «À l’Hôtel de Ville », Le Progrès de $enneterre, vol. 1, no 2, septembre 1963, 2 et
p.
vol. 2, no 5, décembre 1964, p. 2.
Arthur Leblond, « Les Échos de l’Hôtel de Ville », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 10, mai 1964,
p. 2.
Arthur Leblond, «Les Échos de l’Hôtel de Ville », Le Progrès de Senneterre, vol. I, no Il, juin 1964,
p. 2.
33
d’argent pour des services aux citoyens de la « campagne
».
D’autre part, la station
RCAF Senneterre ne paie pas de taxes municipales à la Ville de Senneterre, mais profite
quand même de ses services et de ses infrastructures. Le débat, qui n’a officiellement
jamais lieu puisqu’on semble préférer entretenir son insatisfaction et sa frustration
chacun de son côté, porte sur les droits et les privilèges qu’entraîne le fait de verser un
montant annuel tenant lieu de taxes. Est-ce que ce montant donne le même statut à celui
qui le paie qu’à celui qui paie des taxes municipales, ou bien n’est-il qu’un loyer payé à
la Ville et permettant simplement d’occuper sa partie du territoire municipal? Dans le
cas des écoles ou du bureau de postes, par exemple, cette question ne se pose pas
puisque ces organismes n’exigent pas autant de services que la station-radar. De plus, les
institutions normalement présentes sur le territoire d’une ville emploient des citoyens de
cette ville et offrent leurs services expressément aux citoyens de cette ville, ce qui n’est
pas le cas de la station, dont les employés sont majoritairement de l’extérieur,
simplement de passage, et dont l’utilité et les services rendus vont bien au-delà du cadre
municipal.
Légalement, tout montant tenant lieu de taxes payé par un organisme
gouvernemental à une municipalité lui confère les mêmes droits que ceux d’un citoyen
payant ses taxes municipales. Cependant, il est difficile de juger si l’organisme en
demande trop ou si la municipalité est suffisamment à l’écoute de ses nouveaux
citoyens. Ainsi, la question ne sera jamais débattue ni officiellement réglée, laissant
donc chacun avec sa propre opinion sur le sujet.
34
Les autorités de la station, pour leur part, jugent que l’important montant payé
chaque année et tenant lieu de taxes couvre amplement les dépenses engendrées par leur
présence en bordure de la ville. Plus particulièrement, l’ex-commandant David Leal est
catégorique
« La Ville de Sennetene n’a presque rien fait pour la station, malgré
l’important montant annuel tenant lieu de taxes. La station entretenait elle-même ses
routes, avait sa propre eau potable et son propre système d’égouts, ses propres écoles et
ses propres départements de pompiers et de police, etc.
».6
La station est effectivement
autonome stir presque tous les aspects et ne nécessite qu’un minimum d’aide de la Ville,
en plus de faire bien des faveurs à plusieurs organismes municipaux et paramunicipaux.
À titre d’exemples,
l’ex-commandant Leal permet aux policiers de la Sûreté du Québec
d’utiliser les installations récréatives et une des salles à diner de la station tout-à-fait
gratuitement ; les curleurs de Senneterre peuvent organiser un tournoi annuel privé et
utiliser le club de curling et les équipements de la station; la piscine du bâtiment récréatif
est ouverte à tous les nageurs, autant les militaires que les civils7. En contrepartie, les
militaires peuvent patiner et jouer au hockey à l’aréna municipal. Mais par-dessus tout,
la plus grande contribution des gens de la station à la ville de Senneterre est
économique, puisqu’ils sortent dans les bars de la ville8 et ils utilisent divers services tels
les restaurants, le barbier ou le cordonnier.
6
David Leal, communication personnelle. Traduction libre. Toutes nos communications personnelles avec
M. Leal sont placées en annexe.
niu.
8
Les bars de la station ferment à 22 heures.
35
Ainsi, il est plutôt difficile de déterminer qui de la Ville ou de la station en faisait
trop ou trop peu pour son voisin. Ce n’est cependant ni notre objectif ni notre volonté de
juger qui est l’ultime responsable des frustrations ou des mésententes qui surviennent au
cours de la cohabitation de ces deux entités. Néanmoins, à en croire David Leal et les
articles du Progrès de Senneterre mentionnés précédemment, cette cohabitation
comporte son lot de désagréments et demande à chacune des parties de mettre de l’eau
dans son vin pour en assurer le bon fonctionnement.
Il est cependant important de préciser que ces différends semblent être l’affaire
des têtes dirigeantes exclusivement, puisque les militaires et les civils n’ayant pas
directement d’intérêts politiques ou économiques liés à la présence de la station-radar
n’émettent officiellement aucune plainte sur les sujets mentionnés plus haut. Les
querelles politiques et les plaintes des commerçants (que nous étudierons dans les
prochaines lignes) ne transparaissent pas outre-mesure dans les journaux ou dans les
documents de l’époque, mais seulement dans les témoignages d’individus directement
concernés ou impliqués.
2.1.2 Les commerçants senneterriens et la concurrence « déloyale»
Les faveurs et les échanges de services que nous venons de mentionner se font de bonne
foi et dc plein gré, sans que les deux parties ne concluent d’entente formelle. Nous avons
également exposé quelques unes des causes de discorde venant ébranler la bonne entente
qui règne, en apparence du moins, entre la station et la Ville.
36
Cependant, les autorités militaires et le Conseil municipal de Senneterre ne sont
pas les seuls à se quereller au sujet de la forme que devrait prendre leur cohabitation. En
dehors de ce conflit politique et en ignorant peut-être même les tenants et aboutissants,
les commerçants et certains organismes de la ville se plaignent depuis la construction de
la station, mais plus particulièrement depuis l’annexion de 1969, que (selon un témoin
bien placé pour le savoir) certaines petites entreprises de la station-radar leur mènent une
concurrence déloyale en offrant à tous, militaires comme civils, un éventail significatif
de services, de la restauration aux bars en passant par les infrastructures récréatives.
Nous nous basons ici sur le témoignage de M. Leal qui affirme qu’il y a effectivement
un malaise chez les commerçants de la ville, mais que leurs plaintes sont non fondées
puisque les militaires faisaient affaire avec eux autant sinon plus (toutes proportions
gardées) que les gens de la ville avec la station.
Bien qu’il soit vrai que la compétition est rarement une bonne affaire pour les
commerçants, on ne peut pas passer sous silence le fait que près de trois cents militaires
et leurs familles sortent en ville les fins de semaine pour y manger, y boire, s’y faire
couper les cheveux, y faire réparer leurs vêtements, etc. Une chose demeure cependant
indéniable : durant les années d’opération de la station, la population et le dynamisme
économique de Senneterre atteignent une importance inégalée jusque-là et les
commerçants en profitent grandement.
David Leal, communication personnelle. En dépit de nos efforts dans ce sens, nous n’avons pas localisé
d’autres documents faisant état de façon détaillée de ces plaintes des commerçants.
37
2.2 Sports, loisirs et culture
2.2.1 Un nouveau dynamisme socioculturel
Au-delà des mésententes politiques et économiques qui ternissent ponctuellement les
relations entre la station et la ville, d’autres secteurs ne peuvent que se réjouir et profiter
de la proximité et des échanges entre militaires et civils. Le secteur socioculturel est
indéniablement l’un de ceux-là, ressuscité par une demande renouvelée de services et
d’activités, inévitablement causée par la hausse de la population qu’entraîne la présence
de la station-radar.
Conséquemment, il nous paraît évident que lorsque les citoyens ont un emploi,
un sentiment d’appartenance et qu’ils vivent dans une ville dynamique et aux finances
saines, ils sont plus enclins à participer à la vie socioculturelle de leur communauté.
Étudions donc cet autre grand apport de la présence de la station-radar à la ville de
Senneterre et les interactions entre les deux entités qui en découlent.
Durant les années d’opération de la station-radar, différents organismes
s’activent ou prennent de l’ampleur pour offrir des activités de qualité et d’envergure
aux Senneterriens. Arthur Leblond, dans «Le Progrès de Senneterre » d’août 1963, écrit
une longue chronique sur l’état des loisirs de la ville « Le tennis par exemple connait
un regain de vigueur sous la direction de l’ARCN (Association récréative du Canadien
National) et grâce surtout à l’infatigable zèle de Gérard Joncas. De même, l’Association
3$
de Chasse et Pêche, toute nouvelle, semble progresser à pas de géant. Et le Curling du
Radar intéresse bon nombre de gens de Senneterre. D’autres sports connaissent une
certaine vogue, mais relèvent des efforts individuels et limités des plus fervent, ou du
commerce: danse, quille, golf’, badminton, ballon-ballai (sic), ping-pong, baignade à la
magnifique plage municipale, etc.
».
Monsieur Leblond parle également, dans la même
chronique, de l’O.T.J.’° et de sa popularité indéniable, ainsi que de l’implication du
Conseil municipal et de la commission scolaire dans les loisirs de Senneterre.
C’est pour mettre un peu d’ordre dans l’important développement des loisirs que
le 21 mai 1963, différents acteurs et organismes du milieu se réunissent pour créer la
Commission municipale des Loisirs de Senneterre. Représentant bien les nombreuses
parties ayant à coeur le développement socioculturel de Senneterre, la Commission
regroupe en ses décideurs M. Arthur Leblond, l’échevin Réjean Bilodeau, M. Yvon
Lamarche de la commission scolaire, huit citoyens et, comme conseillers techniques, M.
P. Bourassa du CARC, M. R. Caron, notaire, l’abbé Jean Brien et trois autres citoyens.
La Commission se dote également d’un mandat clair, soit d’organiser les
activités, de trouver des locaux et de coordonner les loisirs afin que le plus de personnes
possible puissent s’adonner à un loisir quelconque)1 Ainsi, on publie une liste de
personnes-ressources et une panoplie d’activités culturelles ou sportives qui s’offrent, à
10
Oeuvre des Terrains de Jeux, une sorte de camps de jour offert aux jeunes pendant la période estivale.
Pour plus d’information sur l’O.T.J., il faut consulter le Bilan dît siècle, en ligne, au
http:/!bifan.usherbrooke.ca/bilanlpages/evenements/232 11 .html.
Arthur Leblond, « Loisirs à Senneterre », Le Progrès de Senneterre, vol. I, no 3, octobre 1963, p. 22.
39
nouveau ou pour une première fois à Senneterre, à tous les citoyens tennis sur table
(dans une des salles récréatives de la station), philatélie, badminton, hockey, ballonbalai, ballon-volant, ciné-club, cours d’orientation, cours de préparation au mariage,
cours de tir et même, cours de personnalité. Chacun peut donc y trouver une activité qui
lui convienne.
D’une importance irréfutable pour la vie sportive et socioculturelle de
Sennetene, la Commission des Loisirs perdure dans le temps, jusqu’à aujourd’hui, alors
qu’elle organise divers événements tels le Rendez-vous du citoyen’2, la Fête d’hiver au
Mont-Beli ou encore SennetelTe à pied’3.
2.2.2 L’âge d’or sportif de Senneterre et de la région
Comme l’économie se porte bien durant les années d’opération de la station-radar, les
gens ont davantage les moyens et l’envie de participer aux sports organisés dans leur
communauté. Par conséquent, du milieu des années 50 au milieu des années $0, les
équipes et les ligues sportives se multiplient.
Ainsi, même une ville de petite taille comme Senneterre (environ 3 500 habitants
dans les années 50 à près de 6 000 dans les aimées 70) est en mesure d’offrir à ses
citoyens bon nombre d’activités sportives organisées. Les ligues de hockey, de base-ball,
12
Événement lors duquel tous les organismes de la ville sont invités à tenir un kiosque d’information sur
leurs activités et â prendre les inscriptions pour la prochaine saison.
13
Courses sur diverses distances et pour tous, autant de calibre compétitif que familial.
40
de ballon-balai et de curling, pour ne nommer que celles-là, semblent fonctionner
comme jamais auparavant ni par après. Cette sous-section expose donc Uachalandage
important dans les ligues sportives senneterriennes et surtout l’importance de la présence
militaire dans celles-ci, autant au niveau de la clientèle qu’au niveau des infrastructures.
En ce qui concerne le hockey, la station-radar inscrit, chaque année, son équipe
dans la ligue sociale de la ville. Comme la quasi-totalité des équipes représentent un
organisme ou un établissement particulier, l’équipe de la station se mesure aux équipes
du Centre d’amitié autochtone, du Canadien National, de la ville voisine de Barraute et
des différents bars et hôtels de Senneterre. Les activités de la ligue vont bon train
jusqu’au début des années 80, alors que les organisateurs décrètent que tous les joueurs
doivent dorénavant être divisés aléatoirement entre des équipes qui ne représenteront pas
un groupe ethnique, un organisme ou une entreprise en particulier, tout cela dans le but
de réduire le niveau de violence qui, selon leur impression, augmente d’aimée en année
au sein de la ligue. Cette année-là, les militaires sont forcés de jouer dans la ligue de
Barraute, puisque le CARC refuse catégoriquement de payer les frais d’inscription de
ses joueurs s’ils ne représentent pas la station.14
Le club de curling est également un important centre de rassemblement sportif et
social de Senneterre. Traditionnellement, tin tournoi de curling est organisé par des gens
de la ville, exclusivement pour les gens de la ville, dans le club de curling situé sur la
station. Au fil des ans, les militaires (anglophones, plus particulièrement), de grands
14
David Leal, communication personnelle.
41
amateurs de ce sport, s’élèvent de plus en plus contre cette pratique, affirmant que si les
militaires ne peuvent participer à ce grand tournoi se déroulant à l’intérieur de leurs
propres murs, les gens de la ville devraient payer pour la location du club. Le
commandant de l’époque, David Leal, en arrive à un compromis avec les civils, stipulant
que ces derniers pourraient toujours utiliser le club gratuitement, mais que tous les
citoyens de Senneterre pourraient participer à ce tournoi. Plusieurs responsables du
tournoi et membres de la Commission des Loisirs sont choqués d’apprendre, à la veille
du tournoi, que les militaires sont, eux aussi, des citoyens en règle de la ville de
Senneterre et qu’ils ont désormais tous les droits de s’inscrire et de participer à cet
événement.15
Aucune autre mésentente majeure ne marque cependant l’histoire du curling à
Senneterre. Les ligues sont d’ailleurs en excellente santé tout au long des années
d’opération de la station. En effet, la ligue des hommes regroupe régulièrement douze
équipes, alors que la ligue mixte compte, durant quelques années, dix, douze et même
seize équipes. La présence militaire à Senneterre permet même la mise sur pied d’une
ligue pour les curleurs juniors’6, en décembre 1963.
À titre
de comparaison, en 2011, la
ligue des hommes peine à attirer quatre équipes complètes et il n’y a plus de ligues
mixte et féminine. Il faut dire que le curling est particulièrement populaire chez les
militaires anglophones et que leur départ en masse de Senneterre entraîne inévitablement
une baisse de l’intérêt porté à ce sport.
16
Sergent M. Dagenais, « Nouvelles de la base du radar », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 5,
décembre 1963, p. 9.
42
L’activité sportive qui arrive au deuxième rang au niveau de la popularité et des
interactions entre les militaires et les civils est sans aucun doute la balle-molle. Dans les
années 60, la ligue de balle-molle de Senneterre compte six équipes’7 dont une de
Malartic, ville située à 94 kilomètres au sud-ouest de Senneterre, et une autre de
Matagami, ville située à 236 kilomètre au nord-nord-ouest de Senneterre. Ces formations
acceptent de parcourir toute cette distance, à raison parfois de deux ou trois fois par
semaine, pour venir se frotter à quelques uns des meilleurs joueurs de la région. Il s’agit
là d’une preuve de tout l’intérêt que génère ce sport à Senneterre et plus généralement en
Abitibi, et du niveau de compétition relevé offert par les équipes seimeterriennes,
Malartic et Matagami ayant préféré évoluer à Senneterre plutôt que dans une ligue
beaucoup plus près de leur domicile, comme celle de Val-d’Or, par exemple.
L’équipe de Senneterre est un intéressant amalgame et offre une représentation
adéquate de la nouvelle réalité démographique de la ville puisque neuf des dix-huit
membres (incluant les substituts) de l’édition 1964 sont des employés du CARC et que,
du nombre, six sont anglophones.18 Le charisme et la popularité de cette équipe sont
d’ailleurs fréquemment remarqués, notamment par le Conseil municipal qui se réjouit
des performances des favoris de la foule, et qui injecte d’importantes sommes d’argent
dans le terrain de jeu.
Arthur Leblond, «Balle molle
1964, p. 22.
: l’équipe de Senneterre », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 11, juin
18
Arthur Leblond, «Balle molle l’équipe de Senneterre », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 11, juin
1964 p. 22 et « Nos vedettes Y a rien qtti les batte
Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 12, juillet
1964, pp. 22-23.
—
»,
‘f-,
Parmi les autres sports bénéficiant directement de la présence des militaires, le
ballon-balai jouit d’une popularité incontestable. En janvier 1964, la ligue compte six
équipes, dont une du Canadien National et deux du CARC.19
2.2.3 Le sport comme récompense aux militaires
Comme mentionné précédemment, le sport comme simple activité sociale est très
populaire durant les années de la station-radar. Les militaires forment une et parfois
même deux équipes par sport qui participent aux diverses ligues de la ville et à divers
tournois de la région. Ils sont donc une part très importante de la clientèle sportive de
Senneterre. Cette sous-section met en évidence toute l’importance du sport et du loisir
dans la vie des militaires de la station-radar RCAF Senneterre.
Bien que l’implication sportive ne soit que fortement suggérée et encouragée, nul
ne peut y être forcé. Dans les forces armées, cependant, elle semble nécessaire à bon
nombre de militaires pour décompresser, socialiser et oublier, l’instant d’une partie ou
d’une fin de semaine de compétition, la haute importance de leur emploi, tout comme la
pression et le stress qui y sont reliés.
Dès la deuxième année d’opération de la station-radar, des rencontres sportives
avec d’autres militaires de la région débutent. C’est le début d’une longue et forte
19
Arthur Leblond, «Les sports », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 6, janvier 1964, p. 23.
44
tradition, à la fois sportive, sociale et simplement festive, donnant l’occasion aux
militaires et à leurs familles d’échanger avec leurs semblables d’autres stations.
La première manifestation de cette tradition de récompense aux militaires par le
sport survient le 12juin
195420,
à l’occasion de la Journée des Force de l’air (Air Force
Day), les aviatrices et les femmes des militaires, puis Bourlamaque et la RCAF
Senneterre s’affrontent lors de deux parties de balle-molle. La station offre par la suite à
leurs visiteurs un buffet suivi d’une danse en soirée. Ce type d’événement est à tout coup
couronné de succès et est immensément apprécié de ceux et celles qui y prennent part.
Environ deux mois plus tard, les 14 et 15 août, c’est au tour des militaires de
Senneterre de se déplacer, cette fois-ci à Parent, ville située à 302 kilomètre à l’est-sudest de Senneterre, pour y jouer aux quilles et à la balle-molle contre leurs homologues de
la Station RCAF Parent. Par la suite, de 1955 à 1963, la station participe à au moins dix
sept rencontres de la sorte où ils accueillent ou visitent d’autres militaires. On se rend,
entre autres, à Parent, à Trenton, à North Bay, à Aylmer, à St-Hubert et à St-Jean-sur
Richelieu pour y jouer au curling, à la balle-molle, aux quilles, au basket-ball, au
hockey, au volley-ball, au flag football et même pour prendre part à des compétitions de
tir à l’arc.
20
BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « SFC Senneterre » Secret 521-6-2 (CO),
« 1954 Historical Record by W.C. Kent », 1954, p. 1.
-
45
En additionnant ces rencontres entre stations, la participation des équipes de la
station aux diverses ligues de la ville et les ligues intra-stations, on se rend compte de
toute l’importance du sport et du loisir socioculturel au sein de la station RCAF
SennetelTe. Ces activités sportives sont d’autant plus nécessaires lorsque l’on considère
la haute importance du travail effectué par les militaires sur une station-radar, la pression
et le stress y étant reliés (notamment lors de périodes de crise comme celle des missiles
de Cuba en octobre 1962), sans parler de la fatigue et même de l’ennui causés par le fait
d’être rivé à un écran de radar sur lequel, peut-on supposer, il ne se passe pratiquement
jamais rien.
CHAPITRE III
LA VIE SUR LA STATION-RADAR
«Il me semble que la station de Senneterre connaît une vie paisible et agréable. Aussi, il
n ‘est pas facile de la relier à première vite à la Guerre froide quiftiit trembler d’effroi le
inonde occidental.
-
»‘
Jacques Castonguay
L’intention générale de ce dernier chapitre est d’exposer et d’analyser les dynamiques et
les problématiques liées à la vie sur la station-radar. Nous y étudierons notamment la
réalité des deux principaux groupes ethniques résidant et travaillant sur la station, celle
des femmes, ainsi que le fonctionnement plus général et paramilitaire de la station-radar.
Jacques Castonguay, Un trou de mémoire : La Guerre froide au Québec et dans te Grand Nord canadien,
Outremont, Editions Carte blanche, p.39.
47
3.1 La langue et la religion
3.1.1 Le fonctionnement des écoles et des églises
En dehors de ses opérations de défense nationale, la station-radar RCAf Senneterre
fonctionne presque exactement comme un village : c’est-à-dire qu’elle doit offrir les
services essentiels à ses résidents et à leurs familles. Pour la première fois dans la région
de Senneterre (à l’exception de la cohabitation centenaire entre Autochtones et
francophones le long de la rivière Beli), on a l’occasion de voir cohabiter deux groupes
linguistiques et religieux : les francophones majoritairement catholiques et les
anglophones majoritairement protestants. Ainsi, l’étude de cette dualité et de cette
cohabitation, sur une période d’environ trente-cinq ans et à travers les écoles, les églises
et les relations de travail est des plus pertinentes.
Durant le premier tiers de la vie opérationnelle de la station, soit de 1953 à 1965
environ, les militaires stationnés au Mont-Bell sont majoritairement des Canadiens
anglais. Comme le racontent Pierre Biays2 et l’ex-commandant David Leal3, la quasitotalité des quelques trois cents militaires en présence sont anglophones. Voilà qui vient
justifier la construction, en 1951, de la seule école
anglophone
-
de la station. Il s’agit
dun bâtiment d’un seul étage, conçu pour abriter deux ou trois classes, au besoin,
chacune de vingt-huit pieds par vingt-neuf pieds. Le bâtiment comporte deux ailes une
2
Pierre Biays, «Une ville dAbitibi : Senneterre
p. 67.
David Leal, communication personnelle.
>,
cahiers de géographie du Québec. vol. 2, no 3, 1957,
4$
pour les classes et l’autre pour les bureaux et la salle de jeu de quarante-deux pieds par
quarante-cinq pieds.4 Les quelques enfants francophones de la station fréquentent donc
les écoles St-Paul (filles) et Chanoine-Delisle (garçons), situées en ville. C’est même la
station qui organise le transport scolaire de ces élèves francophones jusqu’à la ville,
malgré le fait que, d’ordinaire, cette responsabilité soit celle des écoles. Il ne s’agit là que
d’un des nombreux accommodements que les autorités militaires acceptent de mettre en
place pour satisfaire autant les membres de leur communauté que ceux de la ville.
À l’école de la station, des civils viennent enseigner aux enfants dans la langue de
Shakespeare. Le 7 septembre 1953, trois enseignantes, mesdames Susanne fm-tin, Helen
Daily et Marion Stafford, sont engagées par la station.5 Ces enseignantes font partie de
la centaine d’employés civils qui oeuvrent sur la station tout au long de son existence.
En ce qui concerne les églises et leur utilisation, la station est équipée pour servir
autant les Catholiques que les Protestants. En fait, il faut plutôt parler de chapelles
puisqu’elles ne sont que des lieux de culte secondaires appartenant à la station, mais
opérées respectivement par des membres de l’église catholique St-Paul de Senneterre et
par un ministre protestant basé à Val-d’Or et se déplaçant sur demande. Ces différents
célébrants sont d’ailleurs rémunérés davantage par le gouvernement fédéral pour leur
BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC
General Description of Buildings », 1951, pp. l-2.
SennetelTe »,
BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « 5f C Senneterre
« 1953 Historical Record by W.C. Kent », 1953, p. 9.
-
»,
non-classé, « 1951
-
Secret S2 l-6-2 (CO),
49
travail ponctuel sur la station qu’ils ne le sont pour leur travail régulier dans leur propre
paroisse.6
Notons, le 12 septembre 1954, la présence du révérend fitzsimons lors d’une
cérémonie d’au revoir tenue en son honneur.7 Comme il s’agit de la seule mention d’un
ministre protestant depuis la mise en opération de la station, il est impossible d’affirmer
s’il y a un révérend résidant de façon permanente sur la station ou si le révérend
Fitzsimons réside à Val-d’Or, mais prend néanmoins le temps de venir saluer ses fidèles
de Senneterre une dernière fois avant d’être transférer dans une autre ville.
Au tournant des années 70, la situation linguistique et religieuse prend un
tournant marquant : le nombre de militaires francophones et catholiques sur la station
rattrape celui des anglophones et protestants. Malheureusement, les rapports narratifs,
les bilans historiques et les résumés historiques disponibles et utilisés dans le cadre de ce
mémoire ne couvrent que les années 1953 à 1964. Néanmoins, David Leal note que,
depuis quelques années, les visites du pasteur de Val-d’Or se font de plus en plus rares,
si bien que tout au long de son mandat de commandant, il ne se rappelle l’avoir vu à la
station qu’une seule fois.8 Et pour cause, ce déséquilibre des groupes linguistiques et
6
David Leal, communication personnelle.
BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série «Sf C Senneterre », 521-6-2 (CO), « 1954
Historical Record by W.C. Kent », 1954, p. 4.
8
David Leal, communication personnelle.
-
50
religieux se poursuit jusqu’à la fermeture de la station, en 1988, alors que les militaires
francophones et catholiques forment désormais la quasi-totalité des effectifs.9
3.1.2 Les relations de travail entre les deux groupes linguistiques
Au cours des premières années d’opération de la station, aucun problème linguistique ne
survient à l’intérieur de ses murs. La raison en est bien simple
la quasi-totalité des
militaires sont des Canadiens anglais et, comme les deux langues sont acceptées dans les
forces armées canadiennes, c’est l’anglais qui est utilisé au Mont-Bell, même si l’on se
trouve au beau milieu d’un bastion francophone. De plus, le vocabulaire technique lié à
l’utilisation des équipements radar n’existe bien souvent qu’en anglais.
Par la suite, particulièrement au cours des années 70, alors que la station compte
plus ou moins le même nombre de militaires anglophones que francophones, les
relations de travail deviennent bilingues elles aussi. De son ouverture en 1953 jusqu’en
1921, la station RCAF Senneterre est une unité dite «nationale
»,
ce qui officialise le
caractère bilingue de la station et surtout l’obligation d’y accepter l’utilisation des deux
langues. Néanmoins, la majorité du travail écrit y est fait en anglais, surtout lorsqu’il
s’agit de communications avec les autres stations ou avec les quartiers généraux, autant
ceux situés au Québec qu’ailleurs au Canada.’°
9Ibid.
10
David Leal, communication personnelle.
51
Étant donné qu’environ tous les quatre ans les militaires sont assignés à une
nouvelle station ou à une nouvelle base, peu importe où elle se situe au Canada, la
plupart des militaires francophones sont bilingues, sinon suffisamment à l’aise avec la
langue anglaise pour comprendre et être compris de leurs collègues.1’ Ainsi, puisque les
francophones sont en nombre inférieur au Mont-Beil jusqu’au début des années 70, puis
qu’ils y sont en nombre environ égal aux anglophones jusqu’au début des années quatre
vingts, que le vocabulaire technique n’existe souvent qu’en anglais et que les
communications avec les autres stations nécessitent l’usage de l’anglais, il semble
accepté que l’anglais soit prédominant sur la station RCAF Senneterre.
De plus, lorsque l’on observe les listes disponibles du personnel de la station
(1953 à 1961), la nette domination en nombre des anglophones est confirmée. En 1961,
par exemple, parmi les huit officiers, les 17 opérateurs radar et les trois opérateurs radar
en formation stationnés au Mont-Beil, on ne compte que trois francophones, soit une
mince représentation de 10,7 pour cent.’2 Dans la même veine, lors de l’annonce des
promotions du 30 mars 1961, sur un total de 1$ aviateurs et aviatrices promus, on ne
retrouve que deux francophones, soit 11,1 pour cent.’3 Voilà qui vient appuyer le fait
que la langue anglaise soit prédominante au Mont-Beli, malgré le statut bilingue de la
station.
David Leal, communication personnelle.
12
BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série «SfC Senneterre », Secret 71 -04-04 (CO)
Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1961 Natrative Report by C.C. Underbill », 1961, pp. 8-9.
-
13
BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « Sf C Sennetene », Secret 7 1-04-04 (CO)
Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1960 Narrative Report 2 by C.C. Underbill », 1960, pp. 7-8.
-
52
Par contre, en 1978, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la mise en
opération de la station, une liste de tous les commandants de l’histoire de la station est
publiée.’4 On y apprend que jusqu’en novembre 1973, les dix commandants à avoir
dirigé la station RCAF $enneterre sont des Canadiens anglais. Puis, les onzième et
douzième commandants sont québécois et francophones les lieutenants colonels Parent
(de novembre 1973 à juillet 1976) et Landry (à partir de juillet 1976 à 1981), marquent
une cassure dans l’hégémonie anglophone à ce poste.
Qu’est-ce qui explique ce renversement des proportions de francophones et
d’anglophones stationnés à la RCAF Senneterre? En 1972, cédant aux pressions venant
d’ex-militaires francophones déplorant la faible représentation des Canadiens français et
le sort réservé à la langue française dans les Forces armées canadiennes, le
gouvernement fédéral met en place un «plan des langues officielles » ayant pour but de
rétablir un certain équilibre linguistique et de faire en sorte que les bases militaires et
stations-radar soient adaptées à la réalité linguistique de la région dans laquelle elles se
trouvent. Ainsi, le plan prévoit que la RCAf Senneterre, tout comme sa voisine RCAf
Val-d’Or, passera du statut d’unité nationale à celui d’unité de langue française vers
“
Beth Money (née Yuill), 25th AnniversarvAlbum, Senneterre, 197$, p.!.
53
1978, ce qui fut effectivement le cas.15
À
partir de ce moment, on parlera de la SfC
(Station des forces canadiennes) Senneterre plutôt que de RCAF Senneterre.’6
Avec ce changement de la politique linguistique dans les Forces armées
canadiennes, la réalité linguistique de la station subit de facto certains bouleversements
et, par moment, entraîne même des situations un peu loufoques. En effet, même si, du
jour au lendemain, la Sf C Senneterre devient officiellement unilingue française,
plusieurs anglophones y travaillent toujours et le vocabulaire technique demeure presque
uniquement anglais. Ainsi, comme le raconte l’ex-commandant David Leal, il n’est pas
rare d’assister à une scène où un officier anglophone doit insister auprès d’un subalterne
francophone pour qu’il utilise
le
français
pour communiquer avec d’autres
francophones.’7
3.2 La structure sociale et politicomilitaire de la station-radar
Qui dit organisation militaire dit également hiérarchie. Cette sous-section se veut une
introduction au fonctionnement de cette hiérarchie militaire en place sur la station-radar
h
Serge Bemier et Jean Pariseau, Les Canadiens françctis et le bilingtiisme dans les Forces armées
canadiennes, Tome IL 1969-1978, Langttes officielles: la volonté gouvernementale et la réponse de la
Defense nationale, Ottawa 1991, Editions Groupe Communication Canada, annexe K. Pour plus
d’informations sur la situation linguistique dans les forces années canadiennes, il faut consulter cette
oeuvre monumentale en deux tomes de Bemier et Pariseau.
16
Nous aimerions remercier M. Desmond Moi-ton, professeur émérite à l’Université McGill et historien
spécialisé dans l’histoire des forces armées canadiennes pour sa disponibilité et son aide. Il nous a mis sur
la piste de l’ouvrage de MM. Bemier et Pariseau, nous permettant de bien comprendre le changement de
la politique linguistique des FAC.
17
David Leal, communication personnelle.
54
RCAF Senneterre. Comme partout ailleurs dans les rangs des Forces armées
canadiennes, le personnel militaire est essentiellement divisé en trois catégories
les
soldats (recrues sans qualifications professionnelles), les sous-officiers (caporaux et
sergents) et les officiers (lieutenants, capitaines, majors, colonels et généraux). De par
leurs responsabilités et donc, de par leur réalité différente, chacun de ces trois groupes
organise son réseau social autour de sa salle de rencontre respective. Cependant, en
dehors de leurs fonctions, les militaires et leurs familles sont évidemment libres de
socialiser avec qui ils le veulent, d’où l’importance pour chaque famille d’avoir l’occasion
d’intégrer un groupe social dit non-militaire, que ce soit par la culture, le loisir ou le
sport.
3.2.1 Les réseaux sociaux selon le rang militaire
Dans une organisation militaire, la hiérarchie fait généralement en sorte que les réseaux
sociaux se développent sur la base du grade de ses membres. Ainsi, sur la station-radar,
les officiers entretiennent leur réseau organisé autour de la salle des officiers alors que
les militaires d’autres grades entretiennent le leur autour de la salle des sergents.
Quelques fois, on retrouve également un réseau pour les grades dits juniors (caporaux et
simples soldats), comme il en est le cas à la station RCAF Senneterre, selon David
Leal.’8 Ces salles de rencontre comprennent chacune une cantine où l’on y sert à manger
et à boire (incluant de la bière)19 et sont souvent le théâtre de soirées dansantes et autres
18
David Leal, communication personnelle.
19
Elmer Gay, op. cit.
55
fêtes bien arrosées. Comme le mentionne Elmer Gay: «Boire faisait bien partie de nos
vie. Je ne veux pas dire que tout le personnel militaire était alcoolique, mais la plupart
d’entre eux semblaient boire beaucoup.
»20
Autre particularité de ces réseaux sociaux : ils sont organisés selon le rang
militaire et sont réservés aux militaires eux-mêmes, c’est-à-dire que leurs femmes et
leurs familles n’y sont pas admises, ce qui explique la création des réseaux sociaux plus
«familiaux
»,
lesquels sont étudiés à la section 3.2 de ce mémoire.
De nos jours, il existe une organisation appelée le Centre de Support des f amilles
militaires, mais comme celui-ci n’existe pas pendant les années d’opération de la stationradar, il est intéressant d’étudier le développement et le fonctionnement de ces réseaux
sociaux sur la station.
La structure et la vie sociales de la station sont des plus dynamiques. L’étude des
nombreux rapports historiques et narratifs démontre que les activités sportives,
culturelles et familiales sont aussi fréquentes qu’appréciées. En effet, les équipes
sportives, par exemple, sont fonnées en respect de ces réseaux sociaux. Ainsi, les
aviatrices de la station ont leur propre équipe de balle-molle21, et leur nombre justifie
20
Elmer Gay, op. cit.
21
BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série «SFC Senneterre
AFAO 71.00/01, « 1956 Narrative Report by J.A. Duncan », 1956, p. 3.
-
»,
Secret Appendix A to
56
même la création d’une équipe d’étoiles qui se rend à St-Hubert le 20 août 196022 pour y
affronter leurs homologues. Pour les sports ou les activités moins populaires, il arrive
couramment que l’on fasse fi du rang militaire et que l’on accepte quiconque veut y
participer, sans quoi les inscriptions risqueraient d’être insuffisantes pour former une
équipe. Il en est de même pour les parties ou les tournois «extra-ligues » où l’on permet
que des militaires de différents rangs fassent équipe, simplement pour faire changement
et pour augmenter le plaisir et le caractère léger de l’activité.
3.2.2 Mariages, naissances et vie de famille
Autant les ex-militaires que les citoyens plus âgés de Senneterre se souviennent de
nombreux mariages impliquant des gens de la station-radar. En ce qui concerne le
nombre de mariages sur la station, selon les observations du commandant David Leal, il
n’est pas remarquablement plus haut ou plus bas qtie le nombre de mariages ayant lieu à
la ville et n’impliquant pas de militaires. Tout comme il arrive régulièrement qu’une
personne en marie une autre qui pratique un métier différent, qui habite une ville
différente et/ou qui soit issue d’un milieu différent du sien, il arrive que les mariages de
la station unissent deux militaires locaux, un ou une militaire avec un ou une civil(e)
travaillant ou non sur la station, ou même un ou une militaire local(e) avec un ou une
militaire d’une autre station. Sur le fond, donc, les mariages militaires ne sont pas
22
BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « SfC SennetelTe », Secret 71-04-04 (CO)
Appendix A to AFAO 71.00/01, « 1960 Narrative Report by CC. Underbiil », 1960, p. 7.
-
57
différents des mariages que l’on a l’habitude de célébrer dans les villes, puisqu’il semble
que l’amour ne s’attarde pas au métier ou à la provenance des futurs époux.
Aux débuts des années d’opération de la station-radar, il n’y a pas suffisaiiunent
d’effectifs francophones pour justifier la présence permanente d’un prêtre catholique sur
le site de la base militaire. Bien qu’un bâtiment soit érigé pour héberger deux chapelles23
(une catholique et une protestante), les militaires catholiques ont plutôt tendance à
utiliser les églises de la ville pour y pratiquer leur culte religieux, les trouvant plus
pratiques et fonctionnelles. Ainsi, il n’est pas rare de voir des militaires se mêler aux
gens de la ville à l’intérieur des églises St-Joseph ou St-Paul. Les militaires protestants,
cependant, ont la chance d’avoir un pasteur protestant de Val-d’Or qui se déplace sur
demande. Le gouvernement fédéral accepte de débloquer des fonds pour payer ce
pasteur de Val-d’Or, là où la population protestante est nettement plus importante en
raison de la présence de mineurs venus d’un peu partout dans le monde, afin qu’il se
déplace à la station.
Cette situation perdure tout au long de l’histoire de la station, même si, à mesure
que les années passent, le nombre de militaires protestants diminue de façon
remarquable. Le pasteur protestant se déplace simplement moins souvent à la station à
mesure que le temps passe.
23
BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC Senneterre », non-classé, « 1951
General Description of Buildings», 1951, p. 1.
-
58
L’ex-commandant Leal estime que, durant son mandat de commandant, soit de
1981 à 1984, le pourcentage de militaires mariés parmi les 110 stationnés à Senneterre
se situe aux environs dc 75 ou 80%.24 Les perceptions de M. Leal qui le portent à
qualifier de « tout-à-fait normal » le pourcentage de gens mariés sur la station sont
effectivement très près de la réalité. En effet, selon les statistiques de Ressources
humaines et Développement des compétences Canada25, le pourcentage de gens mariés
au pays en 1981 est de 83,1%. Sur ce plan, donc, il est juste d’affirmer que la station
fonctionne comme les communautés civiles du reste du Canada.
En ce qui concerne les accouchements, ils n’avaient lieu à la clinique médicale
de la station qu’en cas d’extrême urgence. Certains bébés naissent au centre de santé de
Senneterre alors que la majorité des accouchements se font à l’hôpital de Val-d’Or. Plus
on approche les années quatre-vingts, plus les accouchements se font à l’hôpital de Val
d’Or, avec un petit pourcentage effectué à Amos. D’ailleurs, le premier bébé à naître sur
la station ne se fait pas attendre très longtemps
le 15 septembre 1953, la caporale J.
Turpin met au monde une petite fille. L’accouchement a lieu dans un des PMQ (Private
Married Qitarters), faute de temps pour transporter la mère à l’hôpital de Val-d’Or.
Seulement onze jours plus tard, le 26 septembre, Madame Pearson met un monde un
petit garçon dans l’infirmerie de la station.26
24
David Leal, communication personnelle.
25
Ressources humaines et Developpement des competences Canada, Indicateurs de mteïix-etre au
Canada: Vie familiale Mariage, http:Hwww.rhdcc.gc.ca/fra/accueil.shtml, consultée en ligne le 2$ avril
2012.
.
-
26
BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « Sf C Senneterre
« 1953 Historical Record by W.C. Kent », 1953, p. 10.
-
»,
Secret S21-6-2 (CO),
59
La vie de famille sur la station-radar est généralement très agréaNe pour ceux qui
s’y impliquent. Les familles comptant de jeunes enfants trouvent leur compte dans les
nombreux festivals, les différentes fêtes, en plus des installations sportives telles le
gymnase ou la piscine.
Le groupe d’âge pour qui la vie sur la station est le moins appropriée est sans
doute les adolescents. Souvent, des familles arrivent à Sennetene après un séjour sur une
station située à proximité d’une grande ville, là où l’on retrouve centres d’achats et
activités d’envergure, entre autres. On peut donc supposer que ces adolescents trouvent
difficile de se retrouver sur une station où il y a moins d’activités et, surtout, très peu de
jeunes de leur âge, comme il en serait le cas dans la plupart des petites villes.
3.2.3 La situation des femmes de militaire
En plus des adolescents, un autre groupe de résidents de la station-radar vit plus souvent
qu’à son tour différents types de problèmes d’adaptation. Les femmes de militaire qui ne
sont pas elles-mêmes membres des Forces armées doivent subir une multitude de
désagréments liés à ta réalité des militaires.
Il n’est pas rare de voir une nouvelle famille arriver à Seimeterre alors que la
femme avait un excellent emploi dans la ville précédente.
À
cela vient s’ajouter le fait
que les systèmes d’éducation québécois et ceux des autres provinces soient
60
considérablement différents et que les diplômes ne soient pas automatiquement reconnus
d’un endroit à l’autre.
Le caractère géographiquement isolé de Senneterre fait également en sorte que
très peu d’emplois dits libéraux soient disponibles, même pour les hommes. Une femme
de militaire qui agissait comme comptable, notaire ou avocate, par exemple, dans une
moyenne ou une grande ville du Canada anglais, devrait fort probablement soit accepter
un emploi moins bien rémunéré et non lié à son domaine d’étude ou à son champ
d’intérêts, soit demeurer au foyer pour s’occuper de la maison, des enfants et des tâches
plus traditionnellement réservées aux femmes.
Si ce genre de situation et de désagrément ne survenait qu’une fois ou deux dans
la vie des femmes de militaires, ce serait assurément moins désagréable et difficile à
vivre. Cependant, la politique des forces armées canadiennes veut que ses militaires
soient déplacés d’une station à
une autre de façon régulière. La station-radar de
Seimeterre faisant partie de la catégorie des stations «semi-éloignées» (ni près des
grands centres, ni dans le grand Nord canadien ou québécois), le stationnement moyen
est d’une durée de deux à trois ans.27 Par contre, étant donné que la station de Sennetene
a très bonne réputation parmi les militaires et leurs familles, les demandes de
prolongation de séjour sont chose courante. Comme les décisions relatives aux
stationnements sont prises à Ottawa et que le commandant de la station n’est pas
consulté, ces demandes sont généralement refusées mais, lorsque la situation le permet,
27
David Leal, communication personnelle.
61
certains militaires obtiennent une faveur et «sautent un tour» lorsque vient le temps
d’être affectés à une nouvelle station.
Il est toutefois très rare que les séjours sur les stations-radar ayant « bonne
réputation
»
s’étirent au-delà de cinq ou six ans. Puisque certaines stations sont des
endroits superbes où il fait très bon vivre, aux dires de plusieurs ex-militaires, d’autres
stations sont absolument horribles. II faut néanmoins stationner des soldats dans toutes
les stations, peu importe leur réputation ou leur niveau réel d’appréciation. Ainsi, les
soldats sont forcés à servir environ six mois dans une station ayant «mauvaise
réputation
»,
généralement stationnés seuls (sans leur femme ou leur famille) avant de
pouvoir demander à être transféré dans un endroit plus désirable. De manière générale,
selon l’ex-commandant Leal, le séjour moyen, en incluant les séjours obligatoires de six
mois et les séjours exceptionnellement prolongés, est d’une durée comprise entre trois et
quatre ans.28
Au fil des années et particulièrement à cause des dépenses engendrées par le
déménagement régulier des familles, les Forces armées tentent de prolonger au
maximum la durée des séjours, lorsque la situation le permet. Comme le raconte David
Leal
« Normalement, les gens qui étaient déménagés d’une station-radar à une autre
trouvaient que Senneterre était l’un des meilleurs endroits. » Et il
ajoute
jamais eu de difficulté à trouver des gens pour les stationner à Senneterre.
28
29
Ibid.
«Nous n’avons
»29
62
3.2.4 Le rôle de la femme du commandant
Une des personnes ayant le pius d’influence sur la station-radar, outre le commandant
lui-même, est probablement son épouse. Officiellement, le rôle de la femme du
commandant est d’organiser et de prendre part, de manière formelle, à des discussions de
toute sorte autour d’un café ou d’un thé avec les autres épouses de la station, et plus
particulièrement avec les épouses des autres officiers. Cependant, c’est sur le plan
informel et non-professionnel que la femme du commandant devient la personne sur la
station qui risque d’avoir le plus d’impact sur la vie de ceux qui la côtoient. Et bien que
la vie des épouses sur les stations-radar soit très peu documentée, il est néanmoins
possible de remarquer une tendance et même de tirer des conclusions sur l’importance de
leur rôle sur le bon fonctionnement de la station.
Tel que mentionné antérieurement, dans les forces armées canadiennes, le
personnel militaire est déplacé d’une station à une autre de façon très fréquente. Cette
pratique occasionne davantage de problèmes pour les familles que pour les membres des
forces armées eux-mêmes.
Traditionnellement, il revient à la femme du commandant de développer un
réseau informel avec les autres épouses de la station pour que les problèmes
d’adaptation, de déménagement, les conflits familiaux et autres puissent être reconnus et
résolus le plus efficacement et le plus rapidement possible. Plus important encore, il faut
que ces problèmes soient réglés, autant que possible, en coulisses, pour ne pas entacher
63
l’image ou la réputation de la station et pour ne pas briser l’enthousiasme ou l’harmonie
qui y règnent.
En plus de ce rôle d’o;ganisatrice et de gérante de cercles sociaux, l’importance
de la femme du commandant repose sur le fait qu’elle est la confidente privilégiée du
premier officier de la station. Comme le relate l’ex-commandant David Leal
Le grade de commandant implique inévitablement la responsabilité de
régler divers problèmes et de gérer différentes situations demandant d’être
traités dans la plus haute confidentialité. Cela implique également des prises
de décisions qui peuvent paraître ridicules aux yeux de ceux qui ne
connaissent pas toutes les circonstances et toutes les contraintes. C’est là où
la femme du commandant est d’une nécessité absolue, alors que le
commandant peut discuter et demander conseil sur l’oreiller à la «Première
dame» de la station.3°
La pression est cependant énonne sur les épaules de cette femme puisque ses
faits et gestes sont constamment scrutés à la loupe par l’ensemble de la communauté.
Aux yeux de plusieurs, elle porte le grade de commandant au même niveau que son mari
et doit donc influencer positivement la vie des gens sur la station, sans quoi les critiques
ne tardent pas à affluer de toute part.
Il peut paraître ironique que notre source principale au sujet du rôle de la femme
du commandant soit le témoignage de l’ex-commandant Leal, lui qui est célibataire tout
au long de son mandat au Mont-Bell.
30
Ibid. Traduction libre.
À
cet effet, nous avons consulté le document
64
BattÏe Book for the Company Commander Spouse3’ qui décrit avec une grande précision
le rôle d’une épouse de commandant, en se basant sur l’expérience de près d’une
centaine d’épouses de commandants. Bien qu’il s’agisse d’un document destiné à
l’usage des épouses de commandants de l’Armée américaine, on peut supposer que la
différence (si différence il y a) entre les forces armées américaines et canadiennes à ce
niveau soit négligeable.
3.3 La politique sur la station-radar
3.3.1 Les effets de la politique provinciale et fédérale
Étant située dans une communauté presque totalement francophone, la station-radar vit
de façon bien particulière les changements politiques provinciaux et fédéraux qui
jalonnent ses années d’opération. Aux nombreuses visites des différents députés et
ministres s’ajoutent des conférences de presse et des cérémonies visant à offrir aux
politiciens et aux militaires un maximum de visibilité parmi la population. La station
radar du Mont-Beli, comme toutes les autres bases militaires, est un outil de relations
publiques et sert plus souvent qu’à son tour à rehausser l’image de certaines
personnalités.
31
Leslie Love et al., Battte Book for the Cornpany Commander Spouse, Army War College, 2010,
3 édition, 264 pages.
65
Comparés aux élus provinciaux, leurs homologues fédéraux accordent à la station
une attention de loin supérieure. Faisant partie de la circonscription de Villeneuve (créée
en 1949 et dissoute en 1979), Senneterre est longuement représentée à la Chambre des
Communes par le Crédit social. Réal Caouette, Oza Tétrault, Armand Caouette puis
Gilles Caouette laissent cependant peu ou pas de traces de leur passage à la station.
Les choses changent cependant avec l’élection du libéral Henri Tousignant, sous
le leadership du flamboyant Pierre Elliott Trudeau, alors que la présence politicienne se
fait sentir davantage sur la station. On assiste désormais à des cérémonies et même à des
spectacles où, par exemple, des officiers de la station remettent un chèque à la Ville de
Senneterre en tenant lieu de taxes.32 Ce chèque est pourtant remis annuellement, sans
tambour ni trompette, depuis l’annexion du territoire de la station en 1969. Néanmoins,
les politiciens, les militaires et les gens de la ville assistent à ces événements qui, il faut
le dire, demeurent très rares dans cette région dite éloignée.
Au provincial, après une succession sans histoire de libéraux, d’unionistes et de
créditistes, le Parti québécois fait élire Jean-Paul Bordeleau en 1976. Comme le raconte
David Leal, un «important pourcentage des militaires de la station appuient le PQ
»,
mais cela ne semble pas empêcher ce nouveau gouvernement de bouder les bases
militaires de l’Armée canadienne. En effet, de 1981 à 1984, aucun représentant du
gouvernement péquiste ne visite la station.
32
David Leal, communication personnelle.
33
Idem.
66
Parmi les officiers, on croit que le PQ reproche à l’armée de ne pas payer de taxes
municipales à la Ville de Senneterre, ce qui expliquerait cette attitude froide et distante
envers la station. Cependant, bien qu’il soit vrai que la station ne paie aucunes taxes
municipales à la Ville, elle remet en contrepartie un énorme montant (évalué et
décortiqué à la sous-section 1.3.2 de ce mémoire) en tenant lieu de taxes. Notons
cependant le caractère extrêmement délicat de cette situation. Aurions-nous vraiment pu
nous attendre à une attitude différente de la part d’un gouvernement indépendantiste à
l’égard du symbole de la puissance fédérale canadienne qu’est la RCAf ? Bien qu’il soit
entendu qu’un député, qu’il soit indépendantiste ou fédéraliste, se doit de représenter
tous les citoyens de son comté sans distinction, force est d’admettre qu’un député
indépendantiste qui visiterait des sympathisants sur une base militaire canadienne serait
décrit comme maladroit ou même arrogant.
3.3.2 Le Conseil de la communauté
À
l’instar d’une ville et de son service des loisirs, la station-radar RCAF Senneterre est
munie de son propre Conseil de la communauté dont le rôle est de gérer la vie
paramilitaire sur son territoire. Les premières traces de l’élection d’un Conseil de la
communauté remontent au
1er
octobre 1955. L’élection ne concerne que les résidents
des PMQ puisque ce sont eux qui connaissent et qui nécessitent une vie de famille
dynamique ainsi que des activités et des services particuliers tels les divers carnavals ou
BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « $f C Senneterre » S21-6-2 (CO), « 1955
Historical Record by lA. Duncan », 1955, p. 7.
-
67
fêtes thématiques. Ce premier conseil est formé de six personnes soit: le sergent Bevan
Pritchard élu au poste de maire, le caporal Brophy élu au poste de secrétaire, en plus des
caporaux Brown et Rayner et des chefs aviateurs Crofi et Quann élus aux postes de
conseillers.
Le mandat de ce conseil semble être mené à bien par ses membres puisqu’aucune
trace de mécontentement n’apparaît dans les documents consultés. La seule mention
subjective rencontrée au cours de cette étude se trouve dans l’album du vingt-cinquième
anniversaire de la station, où il est mentionné que « le Conseil de la communauté
s’assure que chaque militaire stationné à Senneterre ait un séjour plaisant. En ce qui
concerne la jeunesse, plusieurs activités sont mises en place dans le but d’induire un bon
sentiment de citoyenneté chez nos enfants. »
Beth Money (née Yuill), op. cit., p.3.
CONCLUSION
Pour la ville de Senneterre et ses citoyens, la seconde moitié du XX siècle fut une
période de grande effervescence. L’ouverture de la station-radar et l’arrivée de ses
quelque trois cents militaires accompagnés de leurs familles permirent à Senneterre de
tourner la page sur la morosité des dernières années, voire des dernières décennies, alors
que son économie et sa démographie stagnantes l’attachaient à son statut de village. La
présence de la station-radar a donc bel et bien propulsé Senneterre dans la modernité,
confirmant l’une de nos hypothèses de départ. La station-radar fut brusquement
démantelée le
1et
avril 1988, mais non sans laisser un important héritage social, culturel,
matériel et historique à la communauté qui fut son hôtesse pendant trente-cinq ans.
Dans ce mémoire, nous nous sommes attardés à la prospérité économique et
l’effervescence socioculturelle qu’a entraînées la présence de la station-radar et de ses
militaires de partout au Canada. Jamais la population n’a été plus importante qu’en
1985, alors qu’elle se chiffrait à 5 000 habitants. Jamais l’offre de service socioculturelle
n’a été aussi dynamique et diversifiée que durant les années d’opération de la station. Et,
outre l’industrie du bois, indétrônable au titre de premier employeur à Senneterre, jamais
une institution n’a employé autant de gens que le CARC.
Aux plans ludique et sportif, le niveau d’activité frit également sans précédent.
Pour ce qui est des infrastructures, la construction de la station-radar impliqua la
69
construction d’un club de curling de deux glaces, d’une salle de spectacles, d’un
gymnase, d’un terrain de balle-molle, d’un court de tennis et d’une piscine intérieure.
Les différentes ligues sportives sociales bénéficièrent d’une popularité indéniable. Leur
dynamisme et leur calibre s’exportaient au-delà des limites de la ville de Senneterre, lui
offrant un important rayonnement dans la région. De plus, comme nous l’avons
démontré dans ce mémoire, les civils et les militaires, les francophones et les
anglophones se regroupaient avec enthousiasme pour le plaisir de la compétition.
Au début de ce mémoire, nous nous interrogions sur les impacts et les
interactions socio-économiques engendrés par la présence de la station-radar à
Senneterre.
À la suite de notre recherche et de notre analyse de la question, nous devons
en venir à la conclusion que ces impacts et ces interactions furent marquants et
déterminants dans l’histoire de Sennetene.
Le cas de Senneterre n’est pas totalement unique. La Pinetree Line comptait 44
stations-radars, dont sept situées au Québec. Ainsi, les six autres villes québécoises
ayant accueilli une station-radar partageaient une ou plusieurs caractéristiques avec
Senneterre: isolement géographique, mono-industrialité et/ou très forte majorité
francophone et catholique. Néanmoins, le cas de la station RCAf Sennetene était aussi
intéressant que pertinent car il permettait d’effectuer notre recherche et notre analyse
sous une multitude d’angles : économique, politique, social, culturel, ethnique, ludique
et sportif
70
Tristement, il aura peut-être fallu que la station cesse ses activités et soit
démantelée pour que la ville de Senneterre réalise à quel point elle lui était chère. Une
dizaine d’années après sa fermeture, nous pouvions encore observer, même en se
trouvant à plusieurs kilomètres du mont Bell, les trois énormes dômes blancs sous
lesquels se trouvaient les équipements de radar de la station. De nos jours, seuls
quelques bâtiments demeurent encore dans le paysage senneterrien, les dômes ayant été
détruits à la vente des bâtiments les supportant à des intérêts privés. Bref, tout ce qui
demeure observable du passage de la station-radar à Senneterre, outre les quelques
bâtiments délabrés sur le mont Beil, c’est un monument à l’entrée sud de la ville.
Dans les années qui ont suivi la fermeture et le démantèlement de la station,
Seimeterre cherchait un moyen de maintenir son dynamisme économique et
socioculturel ou, du moins, d’en amortir la chute. Ce n’est qu’au tournant des années
2000, aidée par l’arrivée d’une nouvelle industrie, Boralex, qui transforme les résidus
forestiers en électricité, et par le maintien de ses deux usines de sciage malgré les
difficultés du secteur forestier, que Senneterre est enfin parvenue à se démarquer à
nouveau. Adoptant désormais le slogan «Sennetene, énergie verte
»,
la petite
municipalité d’environ 3 000 habitants n’atteindra peut-être jamais un dynamisme
économique et socioculturel comparable à celui de l’époque du radar, mais elle demeure
néanmoins tournée vers l’avenir, forte de son passé.
ANNEXES
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centered ato.nt’J tM officers mes& ‘Die senior nonccrrrussioned
nwmbers have their social netwr. Cefltered atound the Seipeants and Warrant
Officers’ Mess The JuniOt fanks Corpora1 and Pr .;ites)
ther social
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ttie fmrbes n3ed a social ntcrr auts the mitit.ary tie(archy but that st
revognzes Ite aUty Gf the rnt,ary. T citcr&iy te Cmdts wie oronz€ îhat
fletWO N triere ts a ne’ O’
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ttr& lLta Famiy 5uptCentr€. but t i’ dd not exist in tti 198.Os
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chtldran rreiesrd
pn’is TheMusnwas ve’ygood. and
af’:We havi ai
t.’o n*
menbis post€d ko Sermetefre on a
oasn.19 bas
ti fanies cul flOt a’sd to hv itt MD!1lrç1I Or
Ø etc.i Wri Oi! ‘.-;.
y
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79
Annexe B
Règlement 170
4
RCLEM. T
VILLE DE
0 170
SEHNETELRE
Comté d’Ahthi -:st
fl:T’’P” 0!CR”&’T tA”’XtOfl DE TRRIT°IRE
CO’.’DFPA1T
paosion actuelle de la \t1le de Senneterrt
et les nombreuses de-nandes de frpnir ses services
des dve1c
De1enE domtcil.ares, comsn’ranx, tnd
Is, tourts ‘‘es
rrntif’s en dehors e ses limites,
‘r ion se vr’t dat
1ohliation
certqios ter’ritores voisIns pour lui p
r’ettre d’c,ranIser ‘‘alenent ses serv’es.
‘TDERA’’T QuE la ase de Radar fFC demande i 1a Vlle
des chanes de servces de pls an plus nc”hreux7 soie poi ice
pT-ecti(r contre le feu, vnre, a-rr’p-rt, sport, etc.
COflSTDRATT
2 les ebemins de fer
ationiu:, demandent “
la Ville des aerv*cs de v-IrIe, aqueduc, et protecti’
contre
la ‘eu aux nouveaux dvol”rpement de leur cours de S( t’y ce
lrouest de le Vil)e.
COSID.RTT QITE la Ville possde de nonbrcux chemine, ter
rtns ou installations, en tttre bat’ ou droit de oassau en
dehors de ses 1t”ites, pour ses services d aijeduc et d
et qutefle doit y fa4re des travaux dritre ten et des construc
ions.
-‘
÷‘
TSIDERATT QfE la Ville doit posséder les territ;’es cd
elle se propose de f*’e de laménaement en vertu des lois fc
‘les et nro’i-cïals et du ode des Cifés et
].les.
CC”SIDER4flP Q’E cetf annexion -rmettrait
la VUle de
‘-ire des charFe et es arrance:ents pour servi— 1éalement dE
territores vnis!ns et ré1’ndre aux ôe’iandes actuelles et ‘utu,
de
ltannaèert
du
d motion t
u i re’ent donn
Q’” v
une aaee’thlée ar4eAdente du Co”sil par lchevin
erco1
,TÔ)rt en vu de ce r. lezaent dnne’r.
“
$0
4
3 La dte annexion est Laits sans terne ni oondion
saut de mai—ten
durqut las di orecha —s anneas 1 arrsn
tierts Cfe4 entre la Coro’i’r’n Mtn c
ale de la Vl1e
et celle de l paroisse de Senneterre pour assuror la protection
contre les incendies ,usqu c’nc rrenca de
° 00 par annce et
noui cnte les lcs’s t sew t’es recrealits eu môme titre ‘ue
les résidants de la
iUe aux réidats d la Paroisse.
De pWe
toute terre en culture ou effet
c, ou servant nu pêturae ds
anizx, de cône que toute terre non defrichea ou terre s bois dans
les limites du territoire annexé seront évalués et ta;as en dedans
des revsions de larticle 523 du Code des Cit”s et Vifles (1967)
de la Province de u- o lors des t’ ce’. d’anenaoment du ter
li
o—e la
emploiera les cont uables de la Paroisse insquJ
concurrence de %0 du total des emp1oés.
I— Lit territoire annexé sera nttché aux quartiers dexistants de la Ville de Senneterre cossas srt:
A) La nartie sud et est, soit les lotS 32 i 2 inclusi—
ve::srt des rangs 1—2—3—5—6 et les lots 2%-30—3i—36 du rang 7
du territoire annexé au quartier No
.
B) La partie ouest dans le rang 7 les lots 26—272a U
F
quortier No 1
a) La partie nord et ouest du ran incluant la rote
et Q a t la partie au nord du cher n de fer
entre les np’
des lots 13 é 20 !3 annexée au quartier No 3.
le nréscot ré1e’nent avent son adopt on frele, sera
arrnistre tueflement
iu
le terrtoire s anne’çer et T sana aouns s Pauprobatian des
crans eta es u’3t t’r’’to
&
s au ‘onseil de
‘
-
jLe présent rêlement devant prendre force suIvant les
exi:ence’de la 1o
n
n
81
PROVPC: PE •‘EC
D’r Dt’
:Ε
TSTIEEP Oi’I’i
DESC2TPTIO
ECEIQUE
du terIto!re
être dtsc do la uni
a’o.sse de 3onaeterre, ‘c’ntê d’Aiti
annex& d la Vtlle de’Sennaterre.
pslIt de la
cour etre
t
Etnt un territotro situé dans le canton de Senneterre
et
smt actuellement partie de la l1uniciralité de la poroisse
de Sunneterre, comté dtAttibIst, comprenant en référence au
eadqsre ofl du canton do Senneterre, les lct ou p.qrtiu
de lets et leurs siona présentes et futures, ainsi que
les chemins, routes, emortaos de chemin de fer,
vus, ccmrs
deau ou artxes d
• le tout ‘o’’ r
a o les tro s
e”
omdtPOS e!upra décrits,
savor
Premier pér:
t
t
Furtant du nint de renco:tre de la line s
des lots 2E et 27, rang VIII, avec la 1iite Sud-0uet de l’ers—
prise du Chemin de fer Genad!on Jationai se
igeant vers le
Iord—Ouest, de la, la dite ‘vie l—Ouast du chemin de fer, r5 ‘ut
traitera les lnt 26, °‘ ,
s
23, 22, 21, 20, lQ, l
l,
1, l, lLP, psrt.u de 131, rang VIII, patie de 13 ran; IX,
usqu’ la ltmite oré, ou sa prolorattcn, du chemin séparant les
rsns VIII et IX;
de lé, la dite lircite nord du chemin séparant les
“q” s VIII et ‘X, oassan+
trai”a
es lnts 1 n 2 et 2’ flf
uaa ‘e la li te F,st du chezurn snn”nt
15
rt 2C des lots
e
31, 32,
33,
rang VIII:
de lé, la dite limIte Est du chemIn séparant le lot
pan des Ints 31, 3V, 33, rnn VIII, usmmau coIn Sud—Cr:est lu
tat
‘.
ranr VIII;
de lé, c’est-è—cUre du coin Sud—Ouest du ‘et 31 rang
VIII, mate line !e directIon Ouest strono:rioue passant è tra
vers les lo 20t,
usn’a le
s”oaratve des
2 2’,
lots 2 et 27, rang VII:
$2
t
DE SETHRE
PAR’lSSi DE SE?qTTERRZ
AUX CC
RTUALES DE LA SUSDITE flfTtCTPAL!TE
AV I S
P U LI C
EST PAt tES PS’STES D0TE par le soussigné
trêsorier de la susdite ville, QUE:
tour,
Le Rw1uent ‘o 170 de la Ville de Senneterre puhli ce
cr.tant 1annexÎcn ê 1a Ville de Senneterre dtn ter—
ritoir d-nt le descripton exacte apparoit dans une Uescri—
t-ion technique nr-i-v’
nar Varpenteur g orr’etre V 511ve9t o
comme etant narti&.
t4rante du ‘-iresent
l —nt no 170
‘.“n r-’r je conseil de la
le si sera
en e nai
“‘o—
‘
raton de la V1l de Senneterrc onr-’s Ve-piation de trente
ioure ê compter de la date de Paftichae du prsant avis.
est en outre donnê qnune assemblés des tror-rita ires
du territoij’e decrit au
t e lement serq tenue le ii rtt20)
aoat l%R, è compter de deux (2) heures de 1aprsr1ldi è
la salle de l’h6tel de Ville de Senneterre Pour m’encIre an
ccnstdération et aporouver ou non l’annexîcn u’iit territo.
Je soussigné • rcel Miranit, secrétrire—trsorier de
9tt,ckée du
la Ville de Sennete-r’e, certifie Gue la corie c
rlu-ent no 170 est conforme au texte original.
D0’E A Senneterre ce trolsini jour daocit mil neuf’ cent
2iXefltehUit
-‘arce1 Uiraulf,
Secretaire-tr»isorler,
-__
GETTFICAT DE PfT ICATTOU
Je so:ssinê, résid-mt è Senneterre, certifie sous enn
serment doffice que ‘ai oublIé l’ae ci- exè en en affi
chant l co’i es, mx endroit spivants
I— Salle de réuniui du Couseil de la raroisse
2- Ïrêtei de Ville de Senneterre
3- A la porte de ltegli.se
L— A six enI;’oits dans le ‘erritoire ê être annexé.
et aftichae a été fait le
trrisênn
jour du mois d
l9P, entre deux heures P,M, et quatre heures P4,
En foi de nmi,
je donne ce eertifiat ce
jour dnodt mli neuf’ cent soixante-huit,
orcel
—
.;1”ri],
$3
EXTIflJT DES !TTS DE TA S
‘0’ 0” 0flSETL
DE Li CIIPOf’T0N DE LA PA0TSSE DE SHTE
RE T’T’T Ai’ TTEU O0VTRj OFS AStSES, L? 10
ESP1.
ATE0
1T1E DIT TERIT0TRE DE LA CORPORATION DE LA PA
TE la PcrOoraton de J Paroisse de Suoneterre
I l’st t’U Canton Senneterre un vaste territoire vior1u
lequel ne ù:t raonrto aucun revenu et dont elle peut se dérartr
sans nuira qu ‘l0Pn’n3Ot agrccle;
cosjrn
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t’,ines parties de ce mdme te:toir,
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aljt ‘le la Ville de Senneterre sont (‘or—
tement d’-veloppées et c’u& la Coorc’aion de la Parosse ne pourra
su’v enr aux r’andes ‘e Seo’-cao
ici au-c susceptibles ‘tr’
axa, dans q aques ennes, des
‘ri4 res sis sur ce terri—
toire;
car
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par le Cons
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sA par le Pooseiller Dents Ftllion et secondé
‘crvé Julien:
ces parties du tpr»”’ de la Cor ora ion de la Parois
se de Senneterre soient.
i la Munia4 ‘‘té de la Vtlle
de SenreterreI
QE cette annexion s-t confop:e u Rglemeat ‘o 170 de l.a
Ccprcrtion de la Ville de Sennerrc et ao’crrle tw plan et dea—
a’i-o tec”—”. ‘4 sent «rtie de cc
CertifIé cacie conforme.
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Ville de 3ann:’ru,
Comté dib, P.’,
Nonsieur,
Le mInistre des affaires ‘‘‘.i •Tes, l’h-norable
lobert Lussier, me ‘rie de uoua I “-ras:’ qu’ il e pTu au eute—
n’-lnt-’ouverneur en conseil d dorcor, en date de ce jour, un
arrêté en conseil ayant ‘-arr objet dtautroiser, pour les fins
et aux conditions
nentionr.-ss, le rèjement no 170 du conseil
municipal de la ville de Senneterre, rnodtt’ pr une rsolution
:t conseil en date du q l’combre lO((n
:‘t 1’ n’
1 ‘‘‘e
‘‘le du t:”’to’re comrr” dans le
d’c:’ites
audit rê&lement et dans la descriation officielle du &n
des terres et tordis en date du ° øctnhre 1YF.
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CC,TQ el c.ians l pk.s grwid satiIhr pour les par.us mpHqes.
CERTIFIEE VRAIE COPIE
:.
BIBLIOGRAPHIE
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« 1951 General Description of Buildings », 1951, 3 pages.
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BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC SelmetelTe
(CO), « 1954 Historical Record by W.C. Kent », 1954, 10 pages.
»,
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Appendix A to AFAO 71.00/01, « 1956 Narrative Report by J.A. Duncan
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BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC Sennetene », Secret 7104-04 (CO) Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1960
Narrative Report by C.C.
Underhill », 1960, 24 pages.
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BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « Sf C Senneterre », Secret 7104-04 (CO) Appendix A to AFAO 71.00/01, « 1960 Narrative Report 2 by C.C.
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BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC Sennetene », Secret 7104-04 (CO) Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1961
Narrative Report by C.C.
Underhill », 1961, 29 pages.
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1986. Ottawa, Chambre des Communes du Canada, 14 février 1986, 26 pages.
Canada, Institut canadien pour la Paix et la Sécurité internationales. The NORAD
Renewal Issue. Ottawa, Chambre des Communes du Canada, mars 1991, 65 pages.
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consultée en ligne le 28 avril 2012.
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C) Documents imprimés
GAY, Elmer. Memories of Senneterre, [En ligne]. http://www.pinetreeline.org (Page
consultée en 2010 et 2011). A noter que ce site web, fort utile aux premières étapes de
nos recherches n’est plus disponible en ligne.
MONEY (née YUILL), Beth. Senneterre, 1953-1978 Album-anniversaire. Sennetene,
éditeur inconnu, 1978, 15 pages.
NICKS, Don, John BRADLEY et Chris CHARLANU Senneterre, QC
history. Lieu et maison d’édition inconnus, 1997, 1 page.
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OZORAK, Paul. General histoiy
199$, 3 pages.
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p. 1.
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LEBLOND, Arthur. « Loisirs à Senneterre
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Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 3,
DAGENAIS, M. «Nouvelles de la base du radar
no 5, décembre 1963, p. 9.
LEBLOND, Arthur. «Les sports
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Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 6, janvier 1964,
LEBLOND, Arthur. «Les Échos de l’Hôtel de Ville
no 10, mai 1964, p. 2.
LEBLOND, Arthur. «Les Échos de l’Hôtel de Ville
no 11,juin 1964, p. 2.
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91
LEBLOND, Arthur. «Nos vedettes Y a rien qui les batte
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CASTONGUAY, Jacques. Un trou de mémoire . La Guerre froide au Québec et dans le
Grand Nord canadien. Outremont, Editions Carte blanche, 2009, 11$ pages.
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College, 2010, 3leme édition, 264 pages.
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