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Département d’histoire c29’J5 Faculté des lettres et des sciences humaines . Université de Sherbrooke La Guerre froide dans son arrière-cour: les impacts et les interactions socioéconomiques engendrés par l’implantation d’une station-radar de la Finetree Line à Sennetene par Simon Roy /7 Mémoire présenté pour obtenir la Maîtrise ès arts (Histoire) Université de Sherbrooke Novembre 2013 R , Composition du jury La Guerre froide dans son arrière-cour: les impacts et les interactions socioéconomiques engendrés par l’implantation d’une station-radar de la Pinetree Line à Senneterre Simon Roy Ce mémoire a été évalué par un jury composé des personnes suivantes M. Peter Gossage, directeur de recherche (Département d’histoire, Faculté des arts et sciences, Université Concordia) M. David Massell (Département d’histoire, Faculté des arts et sciences, Université du Verniont à Burlington) M. Harold Bérubé (Département d’histoire, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke) À tous ceux qui ont donné à Senneterre la riche histoire qu’elle porte aujourd’hui. Sans vous, ce mémoire n’aurait ni sens, ni importance. RÉSUMÉ Ce mémoire de maîtrise tentera de combler un vide historiographique dans l’histoire de l’Abitibi-Témiscamingue, et pius particulièrement dans l’histoire de la ville de Senneterre, entre les années 1950 et 1988. Cette période correspond aux années d’opération de la station-radar RCAf Senneterre et marque l’apogée de cette petite ville à bien des niveaux: économique, démographique, socioculturel et sportif. Il s’agit également d’une époque (plus particulièrement les années 50 et 60) où la dynamique ethnique de Senneterre est complètement bouleversée : plus de trois cents militaires, majoritairement anglophones et protestants viennent s’établir au Mont-Bell, à quatre kilomètres du bastion francophone et catholique qu’est Senneterre. Et non seulement ils y habitent pendant plus de trente ans, mais ils participent activement au nouveau dynamisme et à l’effervescence qui s’emparent de Senneterre. Nous examinerons donc le fonctionnement paramilitaire de la station-radar, mais également les impacts de sa présence et les interactions qu’elle engendre avec sa communauté hôtesse, la ville de Senneterre. Bref, ce mémoire n’aborde pas simplement un sujet se limitant à l’histoire locale, mais offre plutôt un regard sur les effets d’un conflit global sur une petite municipalité du nord-ouest québécois dans un contexte d’après-guerre et de grands changements sociaux dans la province. Remerciements La réalisation de ce mémoire fut aussi longue qu’ardue. Bien des événements ont parsemé (pour ne pas dire perturbé) ma vie personnelle et professionnelle ces cinq dernières années. Je tiens à remercier mon directeur, Peter Gossage, ainsi que mon lecteur, David Masseil, pour leur soutien et leur patience. Merci également à Harold Bérubé pour sa lecture et sa critique approfondie de mon mémoire. Je dois également exprimer ma reconnaissance envers les employées de bureau de la Ville de Senneterre pour l’aide qu’elles m’ont apportée, autant au niveau de la recherche en archives que du travail clérical. Je ne peux non plus passer sous silence l’immense travail réalisé par les gens de la Société d’histoire de SennetelTe. Grâce à eux, j’ai pu retracer certaines informations essentielles à ce mémoire. Je souhaite aussi remercier ma femme, Kristel, d’être une partie si importante de ma vie. finalement, je veux souligner le soutien émotif et financier de mes parents, Sabrina et André, sur qui j ‘ai toujours pu et pourrai toujours compter. TABLE DES MATIÈRES Composition du jury j Dédicace ii Résumé iii Remerciements iv Table des matières Liste des sigles y viii Liste des tableaux ix Liste des cartes x INTRODUCTION 1 1. Le NORAD et la Guerre froide 1 2. Historiographie 4 3. Cadre spatio-temporel $ 4. Problématique 9 5. Sources et méthodes 10 6. Plan 12 vi CHAPITRE I : Les impacts économiques de la station-radar sur la ville 14 1.1 La situation économique avant l’ouverture de la station-radar 15 1.1.1 Portrait historique et économique de la ville et de la région 1.2 La situation économique de l’ouverture (1953) à l’annexion (1969) 1.2.1 La hausse démographique 1.2.2 La stimulation commerciale 1.3 La situation économique de l’annexion à la fermeture (198$) 1.3.1 Les règlements 169 et 170 1.3.2 L’apport financier en tenant lieu de taxes 1.3.3 La fin d’une époque un dernier legs de la station à la ville 15 19 19 21 22 22 24 27 CHAPITRE II: Les interactions politiques et socioculturelles entre la station-radar et la ville 29 2.1 Les relations entre les autorités militaires, municipales et civiles 30 2.1.1 Deux autorités politiques sur un même territoire 2.1.2 Les commerçants senneterriens et la concurrence «déloyale» 2.2 Sports, loisirs et culture 2.2.1 Un nouveau dynamisme socioculturel 2.2.2 L’âge d’or sportif de Senneterre et de la région 2.2.3 Le sport comme récompense aux militaires 30 35 37 37 39 43 CHAPITRE III : La vie sur la station-radar 46 3.1 La langue et la religion 47 3.1.1 Le fonctionnement des écoles et des églises 3.1.2 Les relations de travail entre les deux groupes linguistiques 3.2 La structure sociale et politicomilitaire de la station-radar 3.2.1 3.2.2 3.2.3 3.2.4 Les réseaux sociaux selon le rang militaire Mariages, naissances et vie de famille La situation des femmes de militaire Le rôle de la femme du commandant 47 50 53 54 56 59 62 vii 3.3 La politique sur la station-radar 3.3.1 Les effets de la politique provinciale et fédérale 3.3.2 Le Conseil de la communauté 64 64 66 CONCLUSION 6$ ANNEXES 71 Annexe A Communication personnelle avec M. David Leal 72 Annexe B Règlement 170 79 Annexe C Résolution 88-238 $6 BIBLIOGRAPHIE 8$ LISTE DES SIGLES ARCN Association récréative du Canadien National BAC Bibliothèque et Archives Canada CARC Corps d’aviation royal canadien FAC Forces armées canadiennes NORAD North American Air Defense Corninand (North Arnerican Aerospace Defense Command, à partir de mars 1981) PMQ Frivate Married Qitarters (Maison privée pour soldats mariés) RCAF Royal Canadian Air force SFC Station des Forces canadiennes LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 Principales entreprises de Senneterre dans les années 50 18 Tableau 2 Évolution de la population senneterienne 20 Tableau 3 Montants tenant lieu de taxes perçus par la Ville 25 LISTE DES CARTES Carte 1 LeNORÀD 2 Carte 2 La ville de Senneterre 3 Carte 3 L’Abitibi-Témiscamingue 8 INTRODUCTION 1. Le NORAD et la Guerre froide La Guerre froide est certainement l’une des périodes qui marque le plus les NordAméricains qui la vivent. Le Canada, par sa situation géographique, agit inévitablement comme pays-tampon entre les superpuissances américaine et soviétique. Ainsi, ce conflit pousse les États-Unis et le Canada à s’unir une fois de plus, cette fois-ci dans le but de consolider la défense du nord du continent nord-américain. C’est pour cette raison que, dès 1950, la construction d’une première série de stations-radar est entamée. Cette ligne de défense, la Finetree Line, est complétée en 1954 et est constituée de 33 stations, dont sept au Québec. Les stations-radar de cette ligne ont été bâties en des lieux stratégiques, entre les 48e et 50e parallèles, dans le but de couvrir le plus de terrain possible et d’offrir aux autorités un temps de réaction maximal dans l’éventualité d’une attaque soviétique. Puisque le mont Beli est le point le plus élevé de la région qui nous intéresse, il devient alors le site idéal pour y implanter l’une de ces stations-radar. Par la suite, après des années de discussions et de débats, et dans le but perpétuel de bien protéger le continent contre une potentielle attaque soviétique, le 1er août 1957, le Canada et les États-Unis rendent publique l’idée d’un commandement conjoint : le North American Air Defence Command (NORAD), qui incorporerait la Pinetree Line, la McGiÏl fence1 et la Distant Aussi connue sous le nom de Mid-canada Line, la McGiÏÏ Fence est une ligne de défense radar en opération seulement de la fin des années 50 au milieu des années 60, dans le but d’augmenter la sécurité offerte par la Fine free Line, située plus au sud. 2 Early Warning Line.2 Le 12 mai 195$, l’entente est paraphée par les deux parties et le NORAD entreprend officiellement sa vigile sur le nord du continent.3 Carte 1 Le NORAD r C t) t I c n 44-1 - ..e s • - .RC R . - --j ‘4-. 7” * s * * 4 1 - - . 4 N’ 41 41 I Source: •.. - ifi C t) - s s National Defence and the Canadian Armed forces http ://www. j ournal.forces.gc.ca!vo8/no2/lajeunes-eng. asp Le 15 août 1950 marque le début de la construction d’une station-radar de la Pinetree Line sur le mont Bell, situé à quatre kilomètres au sud-est de la ville de Seimeterre, dans le nord-est abitibien. Du début de ses opérations en 1953 jusqu’à sa La Distant EarÏy WarningLine (DEW Line), complétée en 1957 et constituée de 63 stations, de l’Alaska à l’ue de Baffin, est la ligne de défense radar du NORÀD la plus au nord. Le 15 février 1954, alors que la menace soviétique passe de simples bombardiers à des missiles balistiques intercontinentaux, les gouvemements canadien et américain s’entendent pour que la DEW Line soit construite, le long du 69e parallèle, et devienne le système principal d’avertissement en ce qui concerne les armes nucléaires. 2 Joseph T. Jockel, Canada in NORAD, 195 7-2007 A Histo;y, Montréal, MQUP, 2007, p. 36. 3 fermeture en 1988, ce site devient le domicile d’environ trois cent personnes militaires, conjoint(e)s et enfants venant tous cohabiter, en quelque sorte, avec les quelques quatre mille résidents du pôle de Senneterre. Sur la carte ci-dessous, le Mont-Beil se situe dans le coin inférieur droit. Les routes 1 13-nord et 113-sud mènent à la municipalité de Senneterre-Paroisse (qui entoure Senneterre-Ville) et la route 386 mène à Belcourt. Carte 2 La ville de Senneterre j - / flDcu \ HÏ ,l \%% _* O_4 t ) fl\Ç I 1/ 1/ Source: Ville de Senneterre http ://www.ville.senneterre.qc.ca 1 S.nI,.. d. ,.d..ttW,..,J O..d T,..j Q.d h.t.&. Qng T,..!. fl.fl...3 j. j — 4 2. Historiographie La ville de Sennetene, malgré son histoire presque centenaire, n’occupe qu’une infime partie de l’espace historiographique témiscabitibien. Peut-être parce qu’elle ne se situe par sur la route 117, artère principale de la région. Peut-être parce que quelques dizaines de kilomètres la séparent de la faille de Cadillac et que, souvent, histoire de l’Abitibi Témiscamingue rime avec histoire des mines. En tous les cas, il ne fait aucun doute dans notre esprit que l’Abitibi-Témiscamingue ne peut pas et ne doit plus se priver de la richesse historique de la ville de Senneterre. Heureusement, ces dernières années, certains historiens et amateurs d’histoire publient des ouvrages fort intéressants et révèlent à un plus grand public des bribes de l’histoire senneterrienne. Que ce soit Jake Roulo et ses livres autobiographiques (C’est la faute à Johnnv Renaud’ et À visage découvert5) ou Thomas Fecteau et Françoise Gaudreau et leur histoire de l’aviation (Au-delà du 42e parallèle6), ce genre d’histoire locale est essentiel à l’historiographie et à la mémoire collective des petits milieux comme Sennetene. Ces écrits, cependant, comportent des limites évidentes sur le plan scientifique. Dans les livres de J. Roulo, par exemple, l’auteur raconte des anecdotes tirées de sa vie publique à Senneterre. Le lecteur apprend, par exemple, comment il est Jean-Jacques Rouleau (Jake Roulo), C’est la faute à Johnnv Renaud, Montréal, Éditions Maxime, 2002, 333 pages. Jean-Jacques Rouleau (Jake Roulo), À visage découvert, Montréal, Éditions Maxime, 2003, 276 pages. Thomas Fecteau et Françoise Gaudreau, Au-delà du 48e parallèle, Montréal, Éditions Thomas Fecteau, 2009, 320 pages. 6 5 devenu communiste, comment il a découvert que des espions allemands effectuaient des opérations de reconnaissance dans la région ou encore comment le Conseil municipal l’aurait banni de la ville à cause de sa réputation, pour revenir sur sa décision après que l’auteur ait fait économiser près de $00 $ à la Ville sur une question d’achat d’un nouvel autotransfonnateur électrique. En ce qui concerne T. Fecteau et F. Gaudreau, leur ouvrage offre une image précise de la région abitibienne au début de l’époque qui nous intéresse (1947-1955). Ils y décrivent de façon détaillée le paysage, la population et les réalités sociales et économiques en Abitibi à cette époque, mais sans livrer beaucoup de renseignements précis sur la ville de SennetelTe durant la Guerre froide. Pour sa part, un article de Pierre Biays permet surtout d’avoir un portrait économique et des données précises sur les types et le nombre d’emplois à Senneterre dans les années 50. Dans le cadre de notre mémoire, l’utilité de cet article se limite à cela. Le livre de Paul Ozorak, par contre, offre une analyse complète de la construction de la station-radar, des équipements qu’on y a installés, en plus d’observations sur l’état dans lequel se trouvaient le Mont-Bell et les équipements restants au lendemain de la fermeture de la station, au tournant des armées 90.8 Finalement, l’extrait d’un ouvrage d’Elmer Gay offre simplement des observations très subjectives sur Senneterre, la vie sur la station, le climat très difficile et quelques anecdotes personnelles. De plus, comme M. Gay n’a été stationné à Senneterre que du 15 avril 1955 au 20 novembre 1955, son Pierre Biays, «Une ville d’Abitibi: Senneteiie pp. 63-74. 8 Paul Ozorak, GeneraÏHistoiy — », Cahiers de géographie du Québec, vol. 2, no 3, 1957, Senneterre, PQ, lieu et maison d’édition inconnus, 1993, 3 pages. 6 témoignage ne peut nous être utile dans notre analyse de l’évolution des relations sur la station ou encore sur celle de l’économie senneterrienne.9 Étant donné les objectifs limités des ouvrages mentionnés ci-haut, il va sans dire que plusieurs éléments de l’histoire de la ville de Senneterre demeurent inexplorés. Notre objet d’étude, par exemple — à savoir la présence et les effets de la station-radar RCAf (Royal Canadian Air force) Senneterre sur la ville de Senneterre — n’a pas attiré l’attention des historiens jusqu’ici, mis à part quelques mentions dans des ouvrages d’histoire régionale ou d’histoire militaire canadienne. Il y a donc beaucoup à faire pour dresser un portrait fidèle de la vie sociale stir une station-radar en milieu isolé. Nous avons bon espoir que les publications des dernières années, tout comme notre mémoire, en entraîneront d’autres, notamment sur les industries pionnières de Sennetene telles les Quebec Fisheries ou le Canadien National. Par contre, la littérature sur le développement militaire et industriel du nord du Canada et sur le NORAD (North American Air Defense Command) est abondante. Par exemple, l’article de Kenneth C. Eyre «Forty Years ofMilitary Activity in the Canadian North, 1947-67 »1O offre une perspective intéressante sur l’importance qu’a eue un conflit comme la Guerre froide. Il y explique qu’auparavant, les Canadiens voyaient le Nord comme une idée davantage que comme un lieu ou une portion géographique Elmer Gay, Memories ofSenneterre, www.pinetreeline.org, consulté en 2010 et 2011. web, fort utile aux premières étapes de nos recherches, n’est plus disponible en ligne. ‘° Kenneth C. Eyre, « Forty Years of Military Activity in the Canadian North 1987, pp. 292-299. », À noter que ce site Arctic, vol. 40, no 4, 7 importante de leur pays, alors qu’à partir des années 40 et 50, le gouvernement est prêt à y investir, à le développer et, surtout, à le défendre. Dans le même ordre d’idées, l’article « The Cold War on Canadian Soil: Militarizing a Northem Environment »“ de P. Whitney Lackenbauer et Matthew farish expose les impacts qu’a eu la construction de stations-radar dans le Grand Nord canadien sur la nature et sur l’environnement en général. Cet article traite cependant de régions plus au nord que l’Abitibi Témiscamingue et se concentre donc sur la Dew Line plutôt que sur la Finetree Line. Il est néanmoins intéressant d’apprendre que le développement militaire dans le Nord sert des intérêts supplémentaires à la défense du continent tels que la recherche scientifique, le développement économique et social (sujet qui nous intéresse particulièrement) et même le renforcement de l’unité canadienne. Quant à l’article «Militaiy Radar Defence Lines of Northem North America de Roy J. Fletcher, on y retrouve une section »12 complète sur la Finetree Line et surtout sur les équipements de radars, leurs capacités et leurs limites, en plus de dresser un portrait d’une station-radar typique de cette ligne. finalement, Un trou de mémoire: La Guerre froide au Québec et dans le Grand Nord canadien’3 de Jacques Castonguay contient une synthèse aussi complète qu’intéressante sur la présence de stations-radar en Abitibi-Témiscamingue. La construction de la station de Senneterre ainsi que l’évolution de son rôle au sein de la Pinetree Line y sont clairement racontées. H P. Whitney Lackenbauer et Mafthew farish, «The Cold War on Canadian Soi!: Militarizing a Northem Environment », Environmental Histoiy, vol. 12, no 4, Special Issue on Canada (Oct. 2007), pp. 920-950. 12 Roy J. Fletcher, «Military Radar Defence Lines of Northern North America no 159, octobre 1990, pp. 265-276. 13 », Polar Record, vol. 26, Jacques Castonguay, Un trou de mémoire La Guerre froide au Québec et dans le Grand Nord canadien, Outrernont, Éditions Carte blanche, 2009, 118 pages. . 8 3. Cadre spatio-temporel Le cadre territorial de notre analyse porte sur le pôle de rr’4 Cependant, il ne faut pas négliger les conséquences (surtout économiques) de la proximité de la ville de Val-d’Or. Carte 3 L’ Abitibi-Témiscamingue NORD OU.Ou — . * — .sE__-c,*,.: MRC DBIflBI-OUES - S nj.• R q....: C)ne.u. O r URC oABmBI .A.ø**44C StL.:.n r . rxo..... U.t.*..URz** Mord - lR:.r. •p .:...• Roo.y.’ No.,oRd n..: - z... •SzMz .. •.: ——- o • °•-“ z.:.. RILI F ROURNNOR.z,NDA ,...r ,. , R - n — ..-. II ‘ - vi-d-o, MRC DE AVALCÈE.OE.COR 4 _7 tdU. D z.. w À o V D O Source: 14 L’Observatoire de 1 ‘Abitibi-Témiscamingue http ://www.observat.qc.ca/galerie-des-cartes La MRC de la Vallée-de-l’Or comporte trois pôles: Val-d’Or, Malartic et Senneterre. Le pôle de Sennetene comporte les nmnicipalités de Senneterre-Ville, Senneterre-Paroisse et Belcourt. 9 En ce qui concerne la périodisation, nous retenons comme hypothèse l’idée que le début de la construction de la station-radar RCAF SennetelTe, le 15 août 1950, marque probablement l’arrivée de la modernité à Senneterre. Mais notre étude porte essentiellement sur l’époque entre 1953 (ouverture officielle de la station) et 1988 (fermeture officielle) une période de 35 ans qui voit une effervescence démographique, économique et socioculturelle sans précédent s’emparer de Seimeterre. Cette période de croissance et de développement connaîtra son apogée du milieu des années 60 au milieu des années $0, pour ensuite s’étioler rapidement à l’approche de la chute de l’URSS et, conséquemment, de la fin de la Guerre froide. 4. Problématique Le contexte culturel, économique et social dans lequel vient s’implanter la station-radar du Mont-Bell soulève de nombreuses questions. Quelle était l’implication des militaires et de leurs familles dans la vie sociale de la station et quelle était leur influence sur celle de la ville de Senneterre? Quels sont les impacts économiques de la présence de la station-radar, des militaires et de leurs familles sur la ville de Senneterre? Comment les gens de différent rang, sexe, religion, langue et provenance s’y prenaient-elles pour vivre harmonieusement, en apparence du moins, dans un milieu aussi restreint qu’isolé? De plus, nous étudierons comment la bonne entente et/ou les frictions entre les autorités militaires et civiles influent sur la cohabitation entre les gens de la station et ceux de la ville. 10 5. Sources et méthodes Nos sources proviennent de divers endroits. Entre la bibliothèque de l’Université de Sherbrooke, la Société d’histoire de Senneterre et les archives administratives de l’Hôtel de Ville de Seirneterre, nous avons dû parcourir une importante distance échelonnée sur une dizaine d’allers-retours. Heureusement, plusieurs documents numérisés se trouvaient en ligne à Bibliothèque et Archives Canada, ce qui a grandement facilité nos recherches et limité nos déplacements. Le dépouillement des sources manuscrites portant sur notre problématique a été compliqué. En effet, la Société d’histoire de Senneterre et l’Hôtel de Ville de Senneterre ne possédaient pas d’inventaire complet de leurs archives. Ainsi, nous avons dû y dépouiller manuellement plusieurs boîtes et feuilleter les documents un à un de façon à identifier ceux susceptibles d’être pertinents pour notre recherche. Au final, les articles de journaux, les procès verbaux et états financiers municipaux ainsi que les différents documents militaires officiels que nous y avons trouvé constituent la majeure partie de notre corpus. Une bonne partie de nos sources proviennent également de Bibliothèque et Archives Canada. Après en avoir consulté l’inventaire en ligne, nous avons constaté qu’une quantité importante de documents mentionnaient ou étaient reliés à Sennetene, au NORAD et à la Finetree Line. Nous avons donc été en mesure de consulter des rapports narratifs et historiques, parfois annuels, parfois biamiuels, rédigés par les 11 commandants de la station. On y retrouve, entre autres, toute sorte d’événements du quotidien des militaires, des descriptions de l’entretien effectué ou de modifications des équipements, les dates d’arrivée et de départ d’effectifs, des mariages, des fêtes diverses, des rencontres sportives, etc. Comme ces documents offrent un aperçu privilégié et souvent très détaillé de la vie quotidienne sur la station, ils nous ont été d’une grande utilité. Une autre source primordiale à la rédaction de ce mémoire fut le témoignage de l’ex-commandant David Leal.’5 Nos échanges avec M. Leal nous ont permis de mettre en lumière certains éléments non documentés de la présence militaire à Senneterre, en plus d’avoir son opinion (parfois très subjective, il faut avouer, mais jamais sans intérêt) sur certains événements ou incidents ayant eu lieu durant son service au Mont-Bell. Au final, nous avons pu constituer un corpus documentaire hétérogène, composé de rapports militaires, de documents municipaux, d’articles de journaux et de témoignages personnels (dont ceux de Jake Roulo et surtout du commandant David Leal). Chaque source comporte ses propres limites mais, dans leur ensemble, celles de ce corpus livrent des renseignements précieux et largement inédits nous permettant de répondre de manière adéqtiate (et parfois étonnante) aux différents éléments de notre problématique. 15 Cette correspondance est reproduite au complet à l’Armexe A de ce mémoire. 12 6. Plan Tout d’abord, nous étudierons les impacts économiques de la station-radar sur la ville de Senneterre. Nous ferons état de la situation senneterrienne à trois époques avant la construction de la station, pendant ses années d’opération (1953-198$) et à la suite de sa fermeture définitive. Nous analyserons l’évolution du portrait principalement économique de la ville, mais également démographique et politique, tous ces aspects étant difficilement dissociables les uns des autres. Le second chapitre étudiera les interactions politiques et socioculturelles entre la station-radar et la ville. Nous y verrons qtie cette cohabitation des autorités militaires et civiles connaît sa part de mésentente et génère d’importantes frustrations d’une part comme de l’autre. À cela viendront s’ajouter les commerçants senneterriens et des accusations de concurrence déloyale leur étant menée par la station. Ce chapitre analysera également l’importance du sport, des loisirs et des activités culturelles dans la vie des militaires et des civils qui vivent ce nouveau dynamisme. Nous regarderons donc comment la présence des militaires à Senneterre, sur une période prolongée (de 1953 à 1988), propulse la ville vers un âge d’or sportif et socioculturel profitant à tous ceux qui y prennent part. Finalement, nous étudierons le style de vie que mènent les militaires et leurs familles vivant sur une station-radar située à proximité d’une ville de petite taille et isolée dans le nord-ouest québécois. Ainsi, nous analyserons d’abord les aspects 13 linguistique et religieux de la cohabitation de militaires canadiens-anglais et québécois sur la station. Nous y découvrirons l’organisation et le fonctionnement de ces institutions dans un contexte démographique changeant. Nous porterons également un regard sur les relations de travail entre francophones et anglophones dans un contexte tout-à-fait particulier, alors que, de 1953 au milieu des années 60, les militaires anglophones sont fortement majoritaires sur la station, mais que celle-ci est officiellement bilingue. Nous étudierons l’évolution de cette situation jusqu’à sa cassure en 1973 et à son renversement complet au début des années $0, alors que les militaires francophones deviennent à leur tour fortement majoritaires. Ce dernier chapitre s’attardera également à la structure sociale et politico-militaire de la station, explorant la vie de famille, la situation des femmes de militaire ainsi que le rôle de la femme du commandant. Le chapitre conclura avec une analyse des effets de la politique municipale, provinciale et fédérale sur la station. Nous y apercevrons également le rôle et les réalisations du Conseil de la communauté, cette assemblée de militaires élus pour gérer la vie sociale, culturelle et sportive des résidents de la station. CHAPITRE I LES IMPACTS ÉCONOMIQUES DE LA STATION-RADAR SUR LA VILLE « People Urom Abitibij were not overÏy concerned with respecting the old ways, but instead, were happy tofind ways to make things work with the flmited resources available. » - David Leal Commandant de la SFC Senneterre de 1981 à 1984 En 1950, Senneterre est une petite ville mono-industrielle. Au niveau des emplois dans le secteur industriel, elle peut compter sur deux principaux moteurs - l’industrie forestière et le chemin de fer du Canadien National pour offrir du travail à ses citoyens. - Cependant, ces deux industries sont fortement dépendantes l’une de l’autre, ce qui signifie que lorsque l’une connaît une crise, l’autre en souffre également. D’où les difficultés qu’éprouve Seimeterre à se développer au-delà du niveau des 2 000 habitants, à stimuler davantage ses secteurs commercial et résidentiel et à suivre le pas des autres villes abitibiennes qui connaissent des éclosions fulgurantes grâce au secteur minier. 15 1.1 La situation économique avant l’ouverture de la station-radar Le développement commercial, industriel et démographique de la ville stagne depuis fort longtemps, et aucune nouvelle industrie majeure n’est venue s’implanter à Senneterre pour l’aider à sortir de son inertie économique. C’est pourquoi l’annonce du début de la construction dune station-radar sur le mont Beil, le 15 août 19501 arrive à point et calme, pour un temps du moins, la jalousie que les Senneterriens pouvaient avoir envers Val-d’Or ou Malartic par exemple, dont le développement et l’expansion sont ahurissants, grâce à la ruée vers l’or. 1.1.1 Portrait historique et économique de la ville et de la région Avant l’ouverture de la station-radar en 1953 et surtout, avant le début de sa construction en 1950, Senneterre est une ville typique de l’Abitibi pionnière.2 Elle voit officiellement le jour en 1919, le long de la voie ferrée de la National Transcontinental Railway (intégrée au nouveau réseau étatique Canadien National en 1922) qui reste un important moteur de son économie jusqu’à nos jours. Senneterre est également située au coeur de la forêt boréale qui fournit, bon an mal an, un emploi à cent ou deux cents de ses citoyens, sans compter les quelques centaines, voire le millier d’emplois indirects liés à la coupe et au transport du bois.3 Cet aspect sera détaillé davantage dans les prochains paragraphes. The NBC Group, Senneterre, QC General histoiy, lieu et maison d’édition inconnus, 1997, p. 1. - 2 Pierre Biays, «Une vilte d’Abitibi Seimeterre », Cahiers de géographie du Québec, vol. 2, no 3, 1957, p. 63. ii,i, p. 67. 16 À cause de la région à laquelle elle appartient et de l’époque à laquelle elle se développe, Senneterre est une ville à l’allure boom-town4, bien qu’elle n’ait jamais directement profité des avantages qu’aurait entraînés la présence d’une grande mine dans ses environs. L’a;Tivée de la station-radar, cependant, vient donner le souffle nécessaire à Senneterre pour sortir de sa morosité économique et n’avoir plus rien à envier sur ce plan aux autres villes de la région. Photo 1 Vue de la 4e Rue Ouest, 1959 •1 Source : http://www.pinetreeline.org Se dit d’une ville ayant bénéficié d’un développement soudain et rapide, causé par un phénomène économique ou social. (Le Petit Larousse 2009) 17 Sur le plan commercial, Senneterre subit la dure concurrence que lui mènent les villes à proximité, notamment Val-d’Or, qui est sans contredit le centre économique et commercial de l’est de la région. Au fil des ans et tour à tour, la Ville, la Chambre de commerce et le Regroupement commercial tentent inlassablement d’encourager l’achat local. Mais le charme des magasins à grande surface et des boutiques aussi nombreuses que diversifiées de Val-d’Or fait effet sur les clients senneteniens, privant ainsi les petits commerçants de Senneterre de nombreuses ventes. Malgré tout, Senneterre réussit à maintenir une activité commerciale respectable. Les salles de cinéma, les hôtels (bars et tavernes) et les restaurants contribuent grandement à la vie économique et sociale de la ville, alors que les quelques magasins et boutiques assurent une certaine rétention de la clientèle à Senneterre face à l’attrait quasi-irrésistible de Val-d’Or. Néanmoins, avec seulement 1 686 habitants en 1951, il est difficile d’imaginer Senneterre se développer davantage au niveau commercial... à moins qu’une nouvelle industrie de taille ne vienne s’y implanter. Heureusement, malgré la situation stagnante de la démographie et des commerces de Senneterre, les industries se portent plutôt bien. Depuis ses débuts et jusqu’aux années 70, Senneterre peut compter sur une poignée d’employeurs importants dans le domaine industriel. En effet, avant même que la station-radar du CARC (Corps d’aviation royal du Canada) ne viennent s’ajouter au groupe, le Canadien National, les Pierre Biays, op. cit., p.66. 1$ moulins à scie Lamarche, Price et Nottaway, la compagnie d’aviation Fecteau et les Quebec fisheries fournissent des emplois à plus de 310 personnes. Tableau 1 Principales entreprises de Senneterre dans les années 50 Nom Lamarche Price Nottaway Nombre d’employés 75 30 25 J.-B. Lebet Orner Flamand Georges Langlois PaulBisson Paquin et St-Amant 130 400 1 000 150 80 80 30 Nature Scieries Exploitations forestières Chemins de fer Transports aériens Base militaire Canadien National f ecteau CARC 740 à 1 340 150 30 350 militaires 110 civils 460 Source : Pierre Biays, op. cit., p. 67. 19 1.2 La situation économique de l’ouverture (1953) à l’annexion (1969) 1.2.1 La hausse démographique L’arrivée d’une station-radar à Senneterre entraîne une hausse immédiate de la population. Environ 350 nouveaux emplois directs sont créés (militaires) alors qu’environ 110 emplois indirects découlent également des opérations de la station6, celle-ci nécessitant divers types de travailleurs civils pour la construction et l’entretien de la base, en plus des besoins essentiels et des différents services qu’elle se doit d’offrir à sa communauté. Ainsi, menuisiers, électriciens, plombiers, peintres, concierges, secrétaires, enseignants, médecins et clercs se rendent au Mont-Bell tous les jours pour y exercer leur métier. Pour une ville de moins de 2 000 habitants, cela signifie un développement et des changements majeurs dans les secteurs social économique et surtout démographique. Dès l’annonce de la construction d’une station-radar au Mont-Beli, la population senneterrienne augmente de façon importante. Cette hausse démographique fulgurante est d’autant plus impressionnante qu’elle ne tient pas compte des quelques 350 militaires stationnés au Mont-Bel!, ni de leurs familles. En effet, le territoire sur lequel se situent les installations militaires, les maisons et tous les autres bâtiments appartenant aux Forces armées canadiennes est la propriété de la Couronne et est donc étranger au 6 PielTe Biays, op. cit., p. 67 et Roy J. f letcher, «Military Radar Defence Lines of Norihem North America: an historical geography ». Polar Record, vol. 26, no 159, octobre 1990, p. 269. 20 territoire de la ville de Senneterre. Il faudra attendre l’annexion du territoire du Mont Beil à la ville de Senneterre en 1969 pour que les militaires et leurs familles deviennent officiellement citoyens senneterriens et soient pris en compte dans le calcul de la population de la ville. Nous étudierons cette annexion un peu plus loin dans ce chapitre. Tableau 2 Évolution de la population senneterrienne Source: Année Population 1950 1 674 1955 2 68$ + 1965 4800 +2112 1970 3815 -985 1975 4305 +490 1980 4290 -15 1985 5000 +710 1990 4017 -983 Différence 1 014 États financiers de la Ville de Senneterre. Ainsi, Seimeterre profite enfin d’une importante hausse démographique et d’un secteur indLtstriel solide. Grâce à cela, elle verra également son secteur commercial et son offre socioculturelle revigorés. 21 1.2.2 La stimulation commerciale Bien que la station-radar offre elle-même plusieurs services à ses militaires et à leurs familles, ceux-ci doivent régulièrement se rendre en ville pour combler leurs besoins. Que ce soit pour le cinéma, le coiffetir, le cordonnier ou même le notaire, toutes ces entreprises bénéficient grandement de la présence des militaires au Mont-Beli. Les effets de la station-radar sur l’économie de Senneterre semblent considérables. À cet effet, Arthur Leblond écrit, dans l’éditorial de la toute première édition du journal Le Progrès de Senneterre, que la Défense nationale et les Chemins de fers nationaux ont causé l’évolution de Senneterre dans presque tous les domaines.7 Monsieur Leblond parle plus précisément des «commerceants (sic) [qui] ont agrandi et modernisé leurs établissements ».8 Le journal réserve également, dans la majorité des numéros utilisés pour notre étude, un grand espace pour des nouvelles de la Chambre de commerce de SennetelTe ainsi que de la Jeune Chambre de commerce de Senneterre. Ces dernières les utilisent pour faire état à la population du déroulement de leurs activités et de l’avancement de leurs projets. À titre d’exemple et de témoignage du nouveau dynamisme senneterrien, pour les années 1962 et 1963, la Jeune Chambre de commerce organise deux soupers où Arthur Leblond, «Éditorial », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 1, août 1963, 8lbid. p. 1. 22 l’on étudie et échange sur l’avenir de Senneterre, deux semaines thématiques et quatre fêtes auxquelles les citoyens participent en grand nombre.9 1.3 La situation économique de l’annexion à la fermeture (198$) 1.3.1 Les règlements 169 et 170 Jusqu’en 1969, la Ville ne perçoit aucune taxe foncière municipale ni aucun montant tenant lieu de taxes pour la présence et l’opération de la station RCAF Sennetene puisque les terres sur lesquelles elle se situe appartiennent à la Couronne. Cependant, l’idée d’annexer le territoire du Mont-Beli et possiblement une partie du territoire de la municipalité de Senneterre-Paroisse fait son chemin parmi les élus municipaux de Senneterre. La raison de cette volonté d’annexion est que, de toute façon, la station-radar et la municipalité de Senneterre-Paroisse demandent de plus en plus à la Ville de Senneterre de fournir des services en dehors de ses limites territoriales. Ainsi, pour pouvoir organiser légalement ces services, la Ville doit posséder les telTitoires où elle se propose de les dispenser. La Ville de Senneterre a besoin de deux tentatives avant d’enfin parvenir à annexer certains territoires de la Paroisse (incluant le Mont-Bell) au sien. En 1967, le Conseil municipal de Sennetene fait une première tentative avec le règlement 169. La municipalité de Senneterre-Paroisse se montre favorable aux changements proposés par Arthur Leblond, op. cit., p. 10. 23 ce règlement, mais il doit d’abord être soumis à un référendum des propriétaires du territoire touché avant de devenir loi. Des dix-sept propriétaires à voter sur cette question, dix se prononcent contre l’annexion: le règlement 169 est donc finalement rejeté. Les élus de la Ville de Senneterre ne s’avouent cependant pas vaincus : ils reviennent à la charge avec le règlement 170, qui n’est en réalité qu’une copie du règlement 169, mais dont le territoire visé a été légèrement rapetissé, de manière à exclure de l’annexion les parcelles de territoire appartenant aux propriétaires s’y étant opposés lors de l’épisode du règlement 169. Le règlement 170 est donc adopté par le Conseil municipal de SenneteiTe le 3 août 196$, adopté par celui de la Paroisse à la session suivante et entériné à l’unanimité par référendum par les propriétaires concernés.10 Vient ensuite, le 29 janvier 1969, l’approbation du ministre des Affaires municipales, Robert Lussier, donnant ainsi effet au règlement 170. Le Mont-Beil et les installations du CARC qu’il abrite font désormais partie du territoire de la ville de Senneterre, et le gouvernement fédéral doit dorénavant verser à la Ville un montant tenant lieu de taxes dont l’importance et les impacts sont décrits dans les paragraphes suivants. Nous avons placé en annexe une copie du règlement 170. 24 1.3.2 Uapport financier en tenant lieu de taxes Bien que le gouvernement fédéral ne paie aucune taxe à la Ville de Senneterre pour y opérer la station-radar RCAf Senneterre, il lui verse de larges sommes d’argent tenant lieu de taxes, à partir de la date de l’annexion mentionnée précédemment. Ces montants sont estimables grâce aux états financiers annuels de la Ville et ils permettent de réaliser, encore une fois, toute l’importance économique de la station pour Senneterre. Par ailleurs, le fait que la station ne paie pas officiellement de taxes à la Ville est la souice de quelques conflits au fil des ans, comme le relatent les témoignages de David Leal, commandant de 1981 à 1984. Le problème est que plusieurs citoyens, commerçants et mêmes quelques politiciens municipaux et provinciaux décrient le fait que la station ne paie pas de taxes à la Ville, tout en ignorant qu’elle paie cependant un important montant tenant lieu de taxes. Plutôt que de comptabiliser la valeur foncière d’une grande entreprise ou d’un bâtiment gouvernemental dans ses revenus et de lui exiger une taxe foncière municipale, une ville peut s’entendre avec l’entreprise ou le gouvernement pour que ce dernier lui verse plutôt un montant annuel tenant lieu de taxes. Dans le cas qui nous intéresse, il en est ainsi, notamment pour les écoles, le bureau de postes, les différents édifices de services gouvernementaux provinciaux et fédéraux, la gare et l’atelier du Canadien National, ainsi que pour la station-radar. En fait, les gouvernements provincial et fédéral ont pris l’habitude de toujours payer leur dû aux municipalités québécoises et 25 canadiennes en leur versant un montant tenant lieu de taxes, évitant ainsi les pertes de temps et d’argent causées par une évaluation municipale approfondie et renouvelée tous les trois ans. Tableau 3 Montants tenant lieu de taxes perçus par la Ville Année Canadien National 1970 Gouvernement provincial 3 050 $ Gouvernement fédéral (incluant station-radar) 10 535 $ 1975 4729$ 11468$ 4615$ 1980 5150$ 35500$ 7469$ 1985 12014$ 123054$ 219943$ 1990 N/D 19 924 $ 355 148 $ 960 S Source États financiers de la Ville de Senneterre À noter que l’important bond des montants tenant lieu de taxes versés par le gouvernement du Québec à partir de 1985 est en grande partie dû à un changement de la Loi sur la fiscalité municipale, dont l’article 239 prévoit le paiement d’un nouveau montant tenant lieu de taxes sur les réseaux de télécommunication, de gaz et d’électricité. En 1985, cela signifie 131 045 $ et en 1990, 104 235 $ versés par le gouvernement provincial à la Ville de Senneteire. 26 Malheureusement, les montants séparés précisément par entreprise ou par service gouvernemental ne sont pas disponibles dans les états financiers de la Ville de Senneterre. Néanmoins, les seuls services gouvernementaux fédéraux présents à Senneterre étant le bureau de postes et le bureau d’assurance-emploi, nous pouvons affirmer que la station-radar occupe une part très importante des avoirs fédéraux dans la ville et, par le fait même, une part tout aussi importante des montants tenant lieu de taxes versés à la Ville par le gouvernement fédéral. Par exemple, en 1970, sur les 10 535 $ payés par le gouvernement fédéral, nous estimons qu’il faille soustraire quelques centaines de dollars payés pour le bureau de postes et les services gouvernementaux fédéraux et ainsi arriver à une approximation du montant correspondant à celui tenant lieu de taxes pour la station-radar. En fonctionnant ainsi, nous pouvons affirmer que le gouvernement fédéral, pour la présence de sa station-radar, paie à la Ville de Senneterre en 1970 un montant tenant lieu de taxes se situant aux alentours de 9 000 5. Soulignons néanmoins la chute remarquable du montant tenant lieu de taxes versé par le gouvernement fédéral à la Ville en 1990, soit un an après la fermeture de la station. Le montant de 19 924 S est lié au bttreau de postes et au bureau de Services Canada. Plus un sou pour la présence et l’opération de la station-radar dont les équipements et les bâtiments non récupérés par le ministère de la Défense seront vendus à la Ville pour la somme symbolique d’un dollar, tel que nous le relaterons plus en détails à la fin de ce mémoire. 27 1.3.3 La fin d’une époque t un dernier legs de la station à la Ville La station-radar est officiellement fermée le 31juillet 1988. Plusieurs entreprises et particuliers se montrent intéressés à acquérir les installations et l’équipement de la station. Cependant, puisque la loi prévoit un droit de préséance aux gouvernements provinciaux et municipaux, c’est la Ville de Sennetene elle-même qui se porte acquéreure des installations et des équipements légers de la défunte station. Le Conseil économique de Sennetene, quant à lui, fait l’achat des lots de terrains qui formaient l’ancienne station, au coût de 95 000 $. Finalement, le 13 juillet 1989, le Conseil économique de Senneterre cède ces lots à la Ville pour la somme symbolique d’un dollar.1’ Il s’agit là d’une aubaine, du moins en apparence, puisque la station avait coûté un peu plus de six millions de dollars à construire, de 1950 à 1953.12 En quelques mois seulement, la Ville met en vente les maisons jadis réservées aux soldats mariés. Toutes ces maisons trouveront preneurs parmi les Senneterriens, ce qui aura pour effet de décentraliser la population du pôle de Senneterre, déjà fortement éparpillée entre Senneterre-Ville, Senneterre-Paroisse et Belcourt. Pour leur part, les bâtiments situés au sommet et sur le flanc du mont Beil seront recyclés : certains deviendront des garages privés et des entrepôts, d’autres serviront de dortoirs pour les reboiseurs, alors que l’un d’entre eux deviendra un palais de justice. Nous avons placé en annexe une copie de la résolution 88-238. 12 Paul Ozorak, General historv Senneterre, P0. lieu et maison d’édition inconnus, 1998, p. 3. La construction de la station-radar prit environ deux ans puisqu’on a dû aplanir certaines parties du mont Bel! pour pouvoir y ériger certains bâtiments. - 2$ L’achat des installations de la station-radar a cependant un effet pervers qui a pris un certain temps avant de faire surface. Encore aujourd’hui, la Ville est prise avec de vieux bâtiments situés au Mont-Bell qui furent autrefois isolés avec des feuilles d’amiante. En signant le contrat d’achat avec les Forces armées, la Ville s’engageait à ne jamais revenir sur sa décision et à ne jamais demander quoi que ce soit au Ministère de la Défense relativement à cet achat, à son contenu ou à ses conséquences. Aujourd’hui, décontaminer ces bâtiments et leur sol engendrerait des dépenses faramineuses pour la Ville. Elle est donc prisonnière de ce contrat avec le Ministère de la Défense et avec ces bâtiments désuets, contaminés et pratiquement invendables. Finalement, la fin des opérations militaires ati Mont-Beli signifie également la fin des versements du montant tenant lieu de taxes par le gouvernement fédéral à la Ville. Il s’agit là d’un coup très dur porté aux finances senneterriennes. En effet, en 1988, dernier exercice financier au cours duquel la Ville peut compter sur un montant tenant lieu de taxes pour la station-radar, Senneterre reçoit 104 97$ $ du gouvernement fédéral. L’année suivante, une fois la station définitivement fermée, la Ville reçoit un total de 21 712 S: ce montant incluant les versements tenant lieu de taxes pour le Canadien National ainsi que tous les édifices fédéraux du territoire de SenneteiTe. Il y a là un énorme manque à gagner et la Ville devra trouver un moyen de remplacer ou encore de se débrouiller sans ses sommes d’argent sur lesquelles elle comptait depuis environ vingt ans. CHAPITRE II LES INTERACTIONS POLITIQUES ET SOCIOCULTURELLES ENTRE LA STATION-RADAR ET LA VILLE « The weÏcome and support given to our service peopte and theirfamilies by the local communities have made lfe at the radar stations much more pleasant and are sincereiy appreciatecL - »‘ Faut Ozorak Tel que démontré dans le chapitre précédent, la présence d’une station-radar à Senneterre signifie d’importantes sommes d’argent additionnelles dans les coffres de la Ville, en plus d’une hausse démographique substantielle. Le présent chapitre exposera les liens qui existent entre la présence militaire au Mont-Bell et les changements ou l’évolution observés aux niveaux politiqtie, social, culturel et sportif dans la ville de Senneterre. Paut Ozorak, General Historv, Senneterre, QC, lieu et maison d’édition inconnus, 1998, p 3. 30 2.1 Les relations entre les autorités militaires, municipales et civiles Tel qu’exposé dans le chapitre précédent, entre 1950 et 1988, Senneterre doit composer avec une augmentation soudaine de sa population et avec une stimulation sans précédent de son économie et de ses activités socioculturelles. Gérer un tel dynamisme exige de la part des autorités en place un effort de créativité et d’implication, en plus de devoir faire preuve de conciliation avec les autres décideurs. En effet, avec l’arrivée des militaires, le Conseil municipal de Senneterre n’est plus le seul maître à bord sur son territoire : il doit maintenant composer avec la présence et les exigences du Conseil de la comniunauté (que nous étudierons à la section 3.3.2), principalement en matière de loisirs et de services aux citoyens sur la station. Bien qu’en apparence les relations entre les autorités municipales et militaires soient des plus cordiales, nous verrons dans le présent chapitre que certains irritants et certaines mésententes causeront leur part de frustrations de part et d’autre. 2.1.1 Deux autorités politiques sur un même territoire De 1953 à 1969, la station-radar RCAF Senneterre et la Ville de Senneterre sont deux entités autonomes et indépendantes l’une de l’autre. Les autorités militaires et municipales se parlent très peu car il n’y a pas nécessité d’en faire davantage. 31 Cependant, après l’annexion du Mont-BeIl à la ville, les choses changent. Malgré le fait que le Conseil de la communauté dirige presque tout ce qui n’est pas militaire sur la station, chaque membre des Forces armées canadiennes résidant sur le territoire de celle-ci est dorénavant un citoyen senneterrien à part entière et est donc soumis aux règlements adoptés par le Conseil municipal, tout en ayant droit au même traitement que tous les autres citoyens de Senneterre. Ainsi, les autorités de la station et de la Ville doivent collaborer pour assurer la satisfaction de leurs employés pour l’une et de leurs citoyens pour l’autre. En réalité, jusqu’à l’annexion de 1969 du moins, le Conseil municipal et le Conseil de la communauté n’ont pas de comptes à se rendre. Les deux territoires sont indépendants l’un de l’autre et chaque conseil a le pouvoir politique nécessaire pour gérer ce que ses électeurs lui ont confié. Cependant, comme tous bons voisins, la Ville et la station se dépannent et s’entraident l’une l’autre. On se prête des gymnases ou des salles de réception, on s’échange de l’équipement sportif, ou encore on demande à ses employés d’effectuer divers travaux d’entretien ou de réparation sur le territoire de l’autre. Les deux entités semblent s’accommoder et se rendre service de manière généralement réciproque. Cependant, au fil des ans, la Ville de Senneterre deviendra de plus en plus réticente à venir en aide ou à rendre service à la station pour plusieurs raisons. D’une part, le Conseil municipal de Senneterre a la forte impression d’en faire déjà énormément pour accommoder et soutenir ses voisins. En effet, les municipalités 32 adjacentes de Belcourt et de Senneterre-Paroisse nécessitent l’aide de Sennetere pour offrir certains services essentiels à leurs citoyens. À ce sujet, le préambule du règlement 170, exposé dans le premier chapitre de ce mémoire et reproduit en annexe, ne constitue pas la seule preuve de l’expansion que prennent les services municipaux de Senneterre sur le territoire des municipalités voisines. Les chroniques « À l’hôtel de ville » et « Échos de l’hôtel de ville » qui paraissent tous les mois dans le journal Le Progrès de Senneterre font état de plusieurs demandes de services de la part de la «campagne »2. Les numéros du Progrès de Senneterre utilisés pour ce mémoire, soit ceux antérieurs à 1969, mentionnent deux nouveaux territoires annexés par la Ville, soit deux lots appartenant à la Défense nationale et un autre territoire siftté au sud de la rivière Bell et appartenant à la Paroisse.3 De plus, on y relate deux demandes de la « campagne » au Conseil municipal de Senneterre: une venant de la municipalité de Belcourt demandant que la brigade des incendies de Senneterre desserve son territoire4, laquelle sera acceptée, et une autre venant de la municipalité de Senneterre-Paroisse demandant à la Ville de payer les intérêts sur des sommes d’argent empruntées pour des travaux d’hiver.5 La ville répondra négativement à cette dernière, convaincue qu’elle débourse déjà suffisamment 2 Pour les gens de Senneterre, la « campagne » désigne les petites municipalités adjacentes à Senneterre, mais plus particulièrement celle de Senneterre-Paroisse. Arthur Leblond, «À l’Hôtel de Ville », Le Progrès de $enneterre, vol. 1, no 2, septembre 1963, 2 et p. vol. 2, no 5, décembre 1964, p. 2. Arthur Leblond, « Les Échos de l’Hôtel de Ville », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 10, mai 1964, p. 2. Arthur Leblond, «Les Échos de l’Hôtel de Ville », Le Progrès de Senneterre, vol. I, no Il, juin 1964, p. 2. 33 d’argent pour des services aux citoyens de la « campagne ». D’autre part, la station RCAF Senneterre ne paie pas de taxes municipales à la Ville de Senneterre, mais profite quand même de ses services et de ses infrastructures. Le débat, qui n’a officiellement jamais lieu puisqu’on semble préférer entretenir son insatisfaction et sa frustration chacun de son côté, porte sur les droits et les privilèges qu’entraîne le fait de verser un montant annuel tenant lieu de taxes. Est-ce que ce montant donne le même statut à celui qui le paie qu’à celui qui paie des taxes municipales, ou bien n’est-il qu’un loyer payé à la Ville et permettant simplement d’occuper sa partie du territoire municipal? Dans le cas des écoles ou du bureau de postes, par exemple, cette question ne se pose pas puisque ces organismes n’exigent pas autant de services que la station-radar. De plus, les institutions normalement présentes sur le territoire d’une ville emploient des citoyens de cette ville et offrent leurs services expressément aux citoyens de cette ville, ce qui n’est pas le cas de la station, dont les employés sont majoritairement de l’extérieur, simplement de passage, et dont l’utilité et les services rendus vont bien au-delà du cadre municipal. Légalement, tout montant tenant lieu de taxes payé par un organisme gouvernemental à une municipalité lui confère les mêmes droits que ceux d’un citoyen payant ses taxes municipales. Cependant, il est difficile de juger si l’organisme en demande trop ou si la municipalité est suffisamment à l’écoute de ses nouveaux citoyens. Ainsi, la question ne sera jamais débattue ni officiellement réglée, laissant donc chacun avec sa propre opinion sur le sujet. 34 Les autorités de la station, pour leur part, jugent que l’important montant payé chaque année et tenant lieu de taxes couvre amplement les dépenses engendrées par leur présence en bordure de la ville. Plus particulièrement, l’ex-commandant David Leal est catégorique « La Ville de Sennetene n’a presque rien fait pour la station, malgré l’important montant annuel tenant lieu de taxes. La station entretenait elle-même ses routes, avait sa propre eau potable et son propre système d’égouts, ses propres écoles et ses propres départements de pompiers et de police, etc. ».6 La station est effectivement autonome stir presque tous les aspects et ne nécessite qu’un minimum d’aide de la Ville, en plus de faire bien des faveurs à plusieurs organismes municipaux et paramunicipaux. À titre d’exemples, l’ex-commandant Leal permet aux policiers de la Sûreté du Québec d’utiliser les installations récréatives et une des salles à diner de la station tout-à-fait gratuitement ; les curleurs de Senneterre peuvent organiser un tournoi annuel privé et utiliser le club de curling et les équipements de la station; la piscine du bâtiment récréatif est ouverte à tous les nageurs, autant les militaires que les civils7. En contrepartie, les militaires peuvent patiner et jouer au hockey à l’aréna municipal. Mais par-dessus tout, la plus grande contribution des gens de la station à la ville de Senneterre est économique, puisqu’ils sortent dans les bars de la ville8 et ils utilisent divers services tels les restaurants, le barbier ou le cordonnier. 6 David Leal, communication personnelle. Traduction libre. Toutes nos communications personnelles avec M. Leal sont placées en annexe. niu. 8 Les bars de la station ferment à 22 heures. 35 Ainsi, il est plutôt difficile de déterminer qui de la Ville ou de la station en faisait trop ou trop peu pour son voisin. Ce n’est cependant ni notre objectif ni notre volonté de juger qui est l’ultime responsable des frustrations ou des mésententes qui surviennent au cours de la cohabitation de ces deux entités. Néanmoins, à en croire David Leal et les articles du Progrès de Senneterre mentionnés précédemment, cette cohabitation comporte son lot de désagréments et demande à chacune des parties de mettre de l’eau dans son vin pour en assurer le bon fonctionnement. Il est cependant important de préciser que ces différends semblent être l’affaire des têtes dirigeantes exclusivement, puisque les militaires et les civils n’ayant pas directement d’intérêts politiques ou économiques liés à la présence de la station-radar n’émettent officiellement aucune plainte sur les sujets mentionnés plus haut. Les querelles politiques et les plaintes des commerçants (que nous étudierons dans les prochaines lignes) ne transparaissent pas outre-mesure dans les journaux ou dans les documents de l’époque, mais seulement dans les témoignages d’individus directement concernés ou impliqués. 2.1.2 Les commerçants senneterriens et la concurrence « déloyale» Les faveurs et les échanges de services que nous venons de mentionner se font de bonne foi et dc plein gré, sans que les deux parties ne concluent d’entente formelle. Nous avons également exposé quelques unes des causes de discorde venant ébranler la bonne entente qui règne, en apparence du moins, entre la station et la Ville. 36 Cependant, les autorités militaires et le Conseil municipal de Senneterre ne sont pas les seuls à se quereller au sujet de la forme que devrait prendre leur cohabitation. En dehors de ce conflit politique et en ignorant peut-être même les tenants et aboutissants, les commerçants et certains organismes de la ville se plaignent depuis la construction de la station, mais plus particulièrement depuis l’annexion de 1969, que (selon un témoin bien placé pour le savoir) certaines petites entreprises de la station-radar leur mènent une concurrence déloyale en offrant à tous, militaires comme civils, un éventail significatif de services, de la restauration aux bars en passant par les infrastructures récréatives. Nous nous basons ici sur le témoignage de M. Leal qui affirme qu’il y a effectivement un malaise chez les commerçants de la ville, mais que leurs plaintes sont non fondées puisque les militaires faisaient affaire avec eux autant sinon plus (toutes proportions gardées) que les gens de la ville avec la station. Bien qu’il soit vrai que la compétition est rarement une bonne affaire pour les commerçants, on ne peut pas passer sous silence le fait que près de trois cents militaires et leurs familles sortent en ville les fins de semaine pour y manger, y boire, s’y faire couper les cheveux, y faire réparer leurs vêtements, etc. Une chose demeure cependant indéniable : durant les années d’opération de la station, la population et le dynamisme économique de Senneterre atteignent une importance inégalée jusque-là et les commerçants en profitent grandement. David Leal, communication personnelle. En dépit de nos efforts dans ce sens, nous n’avons pas localisé d’autres documents faisant état de façon détaillée de ces plaintes des commerçants. 37 2.2 Sports, loisirs et culture 2.2.1 Un nouveau dynamisme socioculturel Au-delà des mésententes politiques et économiques qui ternissent ponctuellement les relations entre la station et la ville, d’autres secteurs ne peuvent que se réjouir et profiter de la proximité et des échanges entre militaires et civils. Le secteur socioculturel est indéniablement l’un de ceux-là, ressuscité par une demande renouvelée de services et d’activités, inévitablement causée par la hausse de la population qu’entraîne la présence de la station-radar. Conséquemment, il nous paraît évident que lorsque les citoyens ont un emploi, un sentiment d’appartenance et qu’ils vivent dans une ville dynamique et aux finances saines, ils sont plus enclins à participer à la vie socioculturelle de leur communauté. Étudions donc cet autre grand apport de la présence de la station-radar à la ville de Senneterre et les interactions entre les deux entités qui en découlent. Durant les années d’opération de la station-radar, différents organismes s’activent ou prennent de l’ampleur pour offrir des activités de qualité et d’envergure aux Senneterriens. Arthur Leblond, dans «Le Progrès de Senneterre » d’août 1963, écrit une longue chronique sur l’état des loisirs de la ville « Le tennis par exemple connait un regain de vigueur sous la direction de l’ARCN (Association récréative du Canadien National) et grâce surtout à l’infatigable zèle de Gérard Joncas. De même, l’Association 3$ de Chasse et Pêche, toute nouvelle, semble progresser à pas de géant. Et le Curling du Radar intéresse bon nombre de gens de Senneterre. D’autres sports connaissent une certaine vogue, mais relèvent des efforts individuels et limités des plus fervent, ou du commerce: danse, quille, golf’, badminton, ballon-ballai (sic), ping-pong, baignade à la magnifique plage municipale, etc. ». Monsieur Leblond parle également, dans la même chronique, de l’O.T.J.’° et de sa popularité indéniable, ainsi que de l’implication du Conseil municipal et de la commission scolaire dans les loisirs de Senneterre. C’est pour mettre un peu d’ordre dans l’important développement des loisirs que le 21 mai 1963, différents acteurs et organismes du milieu se réunissent pour créer la Commission municipale des Loisirs de Senneterre. Représentant bien les nombreuses parties ayant à coeur le développement socioculturel de Senneterre, la Commission regroupe en ses décideurs M. Arthur Leblond, l’échevin Réjean Bilodeau, M. Yvon Lamarche de la commission scolaire, huit citoyens et, comme conseillers techniques, M. P. Bourassa du CARC, M. R. Caron, notaire, l’abbé Jean Brien et trois autres citoyens. La Commission se dote également d’un mandat clair, soit d’organiser les activités, de trouver des locaux et de coordonner les loisirs afin que le plus de personnes possible puissent s’adonner à un loisir quelconque)1 Ainsi, on publie une liste de personnes-ressources et une panoplie d’activités culturelles ou sportives qui s’offrent, à 10 Oeuvre des Terrains de Jeux, une sorte de camps de jour offert aux jeunes pendant la période estivale. Pour plus d’information sur l’O.T.J., il faut consulter le Bilan dît siècle, en ligne, au http:/!bifan.usherbrooke.ca/bilanlpages/evenements/232 11 .html. Arthur Leblond, « Loisirs à Senneterre », Le Progrès de Senneterre, vol. I, no 3, octobre 1963, p. 22. 39 nouveau ou pour une première fois à Senneterre, à tous les citoyens tennis sur table (dans une des salles récréatives de la station), philatélie, badminton, hockey, ballonbalai, ballon-volant, ciné-club, cours d’orientation, cours de préparation au mariage, cours de tir et même, cours de personnalité. Chacun peut donc y trouver une activité qui lui convienne. D’une importance irréfutable pour la vie sportive et socioculturelle de Sennetene, la Commission des Loisirs perdure dans le temps, jusqu’à aujourd’hui, alors qu’elle organise divers événements tels le Rendez-vous du citoyen’2, la Fête d’hiver au Mont-Beli ou encore SennetelTe à pied’3. 2.2.2 L’âge d’or sportif de Senneterre et de la région Comme l’économie se porte bien durant les années d’opération de la station-radar, les gens ont davantage les moyens et l’envie de participer aux sports organisés dans leur communauté. Par conséquent, du milieu des années 50 au milieu des années $0, les équipes et les ligues sportives se multiplient. Ainsi, même une ville de petite taille comme Senneterre (environ 3 500 habitants dans les années 50 à près de 6 000 dans les aimées 70) est en mesure d’offrir à ses citoyens bon nombre d’activités sportives organisées. Les ligues de hockey, de base-ball, 12 Événement lors duquel tous les organismes de la ville sont invités à tenir un kiosque d’information sur leurs activités et â prendre les inscriptions pour la prochaine saison. 13 Courses sur diverses distances et pour tous, autant de calibre compétitif que familial. 40 de ballon-balai et de curling, pour ne nommer que celles-là, semblent fonctionner comme jamais auparavant ni par après. Cette sous-section expose donc Uachalandage important dans les ligues sportives senneterriennes et surtout l’importance de la présence militaire dans celles-ci, autant au niveau de la clientèle qu’au niveau des infrastructures. En ce qui concerne le hockey, la station-radar inscrit, chaque année, son équipe dans la ligue sociale de la ville. Comme la quasi-totalité des équipes représentent un organisme ou un établissement particulier, l’équipe de la station se mesure aux équipes du Centre d’amitié autochtone, du Canadien National, de la ville voisine de Barraute et des différents bars et hôtels de Senneterre. Les activités de la ligue vont bon train jusqu’au début des années 80, alors que les organisateurs décrètent que tous les joueurs doivent dorénavant être divisés aléatoirement entre des équipes qui ne représenteront pas un groupe ethnique, un organisme ou une entreprise en particulier, tout cela dans le but de réduire le niveau de violence qui, selon leur impression, augmente d’aimée en année au sein de la ligue. Cette année-là, les militaires sont forcés de jouer dans la ligue de Barraute, puisque le CARC refuse catégoriquement de payer les frais d’inscription de ses joueurs s’ils ne représentent pas la station.14 Le club de curling est également un important centre de rassemblement sportif et social de Senneterre. Traditionnellement, tin tournoi de curling est organisé par des gens de la ville, exclusivement pour les gens de la ville, dans le club de curling situé sur la station. Au fil des ans, les militaires (anglophones, plus particulièrement), de grands 14 David Leal, communication personnelle. 41 amateurs de ce sport, s’élèvent de plus en plus contre cette pratique, affirmant que si les militaires ne peuvent participer à ce grand tournoi se déroulant à l’intérieur de leurs propres murs, les gens de la ville devraient payer pour la location du club. Le commandant de l’époque, David Leal, en arrive à un compromis avec les civils, stipulant que ces derniers pourraient toujours utiliser le club gratuitement, mais que tous les citoyens de Senneterre pourraient participer à ce tournoi. Plusieurs responsables du tournoi et membres de la Commission des Loisirs sont choqués d’apprendre, à la veille du tournoi, que les militaires sont, eux aussi, des citoyens en règle de la ville de Senneterre et qu’ils ont désormais tous les droits de s’inscrire et de participer à cet événement.15 Aucune autre mésentente majeure ne marque cependant l’histoire du curling à Senneterre. Les ligues sont d’ailleurs en excellente santé tout au long des années d’opération de la station. En effet, la ligue des hommes regroupe régulièrement douze équipes, alors que la ligue mixte compte, durant quelques années, dix, douze et même seize équipes. La présence militaire à Senneterre permet même la mise sur pied d’une ligue pour les curleurs juniors’6, en décembre 1963. À titre de comparaison, en 2011, la ligue des hommes peine à attirer quatre équipes complètes et il n’y a plus de ligues mixte et féminine. Il faut dire que le curling est particulièrement populaire chez les militaires anglophones et que leur départ en masse de Senneterre entraîne inévitablement une baisse de l’intérêt porté à ce sport. 16 Sergent M. Dagenais, « Nouvelles de la base du radar », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 5, décembre 1963, p. 9. 42 L’activité sportive qui arrive au deuxième rang au niveau de la popularité et des interactions entre les militaires et les civils est sans aucun doute la balle-molle. Dans les années 60, la ligue de balle-molle de Senneterre compte six équipes’7 dont une de Malartic, ville située à 94 kilomètres au sud-ouest de Senneterre, et une autre de Matagami, ville située à 236 kilomètre au nord-nord-ouest de Senneterre. Ces formations acceptent de parcourir toute cette distance, à raison parfois de deux ou trois fois par semaine, pour venir se frotter à quelques uns des meilleurs joueurs de la région. Il s’agit là d’une preuve de tout l’intérêt que génère ce sport à Senneterre et plus généralement en Abitibi, et du niveau de compétition relevé offert par les équipes seimeterriennes, Malartic et Matagami ayant préféré évoluer à Senneterre plutôt que dans une ligue beaucoup plus près de leur domicile, comme celle de Val-d’Or, par exemple. L’équipe de Senneterre est un intéressant amalgame et offre une représentation adéquate de la nouvelle réalité démographique de la ville puisque neuf des dix-huit membres (incluant les substituts) de l’édition 1964 sont des employés du CARC et que, du nombre, six sont anglophones.18 Le charisme et la popularité de cette équipe sont d’ailleurs fréquemment remarqués, notamment par le Conseil municipal qui se réjouit des performances des favoris de la foule, et qui injecte d’importantes sommes d’argent dans le terrain de jeu. Arthur Leblond, «Balle molle 1964, p. 22. : l’équipe de Senneterre », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 11, juin 18 Arthur Leblond, «Balle molle l’équipe de Senneterre », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 11, juin 1964 p. 22 et « Nos vedettes Y a rien qtti les batte Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 12, juillet 1964, pp. 22-23. — », ‘f-, Parmi les autres sports bénéficiant directement de la présence des militaires, le ballon-balai jouit d’une popularité incontestable. En janvier 1964, la ligue compte six équipes, dont une du Canadien National et deux du CARC.19 2.2.3 Le sport comme récompense aux militaires Comme mentionné précédemment, le sport comme simple activité sociale est très populaire durant les années de la station-radar. Les militaires forment une et parfois même deux équipes par sport qui participent aux diverses ligues de la ville et à divers tournois de la région. Ils sont donc une part très importante de la clientèle sportive de Senneterre. Cette sous-section met en évidence toute l’importance du sport et du loisir dans la vie des militaires de la station-radar RCAF Senneterre. Bien que l’implication sportive ne soit que fortement suggérée et encouragée, nul ne peut y être forcé. Dans les forces armées, cependant, elle semble nécessaire à bon nombre de militaires pour décompresser, socialiser et oublier, l’instant d’une partie ou d’une fin de semaine de compétition, la haute importance de leur emploi, tout comme la pression et le stress qui y sont reliés. Dès la deuxième année d’opération de la station-radar, des rencontres sportives avec d’autres militaires de la région débutent. C’est le début d’une longue et forte 19 Arthur Leblond, «Les sports », Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 6, janvier 1964, p. 23. 44 tradition, à la fois sportive, sociale et simplement festive, donnant l’occasion aux militaires et à leurs familles d’échanger avec leurs semblables d’autres stations. La première manifestation de cette tradition de récompense aux militaires par le sport survient le 12juin 195420, à l’occasion de la Journée des Force de l’air (Air Force Day), les aviatrices et les femmes des militaires, puis Bourlamaque et la RCAF Senneterre s’affrontent lors de deux parties de balle-molle. La station offre par la suite à leurs visiteurs un buffet suivi d’une danse en soirée. Ce type d’événement est à tout coup couronné de succès et est immensément apprécié de ceux et celles qui y prennent part. Environ deux mois plus tard, les 14 et 15 août, c’est au tour des militaires de Senneterre de se déplacer, cette fois-ci à Parent, ville située à 302 kilomètre à l’est-sudest de Senneterre, pour y jouer aux quilles et à la balle-molle contre leurs homologues de la Station RCAF Parent. Par la suite, de 1955 à 1963, la station participe à au moins dix sept rencontres de la sorte où ils accueillent ou visitent d’autres militaires. On se rend, entre autres, à Parent, à Trenton, à North Bay, à Aylmer, à St-Hubert et à St-Jean-sur Richelieu pour y jouer au curling, à la balle-molle, aux quilles, au basket-ball, au hockey, au volley-ball, au flag football et même pour prendre part à des compétitions de tir à l’arc. 20 BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « SFC Senneterre » Secret 521-6-2 (CO), « 1954 Historical Record by W.C. Kent », 1954, p. 1. - 45 En additionnant ces rencontres entre stations, la participation des équipes de la station aux diverses ligues de la ville et les ligues intra-stations, on se rend compte de toute l’importance du sport et du loisir socioculturel au sein de la station RCAF SennetelTe. Ces activités sportives sont d’autant plus nécessaires lorsque l’on considère la haute importance du travail effectué par les militaires sur une station-radar, la pression et le stress y étant reliés (notamment lors de périodes de crise comme celle des missiles de Cuba en octobre 1962), sans parler de la fatigue et même de l’ennui causés par le fait d’être rivé à un écran de radar sur lequel, peut-on supposer, il ne se passe pratiquement jamais rien. CHAPITRE III LA VIE SUR LA STATION-RADAR «Il me semble que la station de Senneterre connaît une vie paisible et agréable. Aussi, il n ‘est pas facile de la relier à première vite à la Guerre froide quiftiit trembler d’effroi le inonde occidental. - »‘ Jacques Castonguay L’intention générale de ce dernier chapitre est d’exposer et d’analyser les dynamiques et les problématiques liées à la vie sur la station-radar. Nous y étudierons notamment la réalité des deux principaux groupes ethniques résidant et travaillant sur la station, celle des femmes, ainsi que le fonctionnement plus général et paramilitaire de la station-radar. Jacques Castonguay, Un trou de mémoire : La Guerre froide au Québec et dans te Grand Nord canadien, Outremont, Editions Carte blanche, p.39. 47 3.1 La langue et la religion 3.1.1 Le fonctionnement des écoles et des églises En dehors de ses opérations de défense nationale, la station-radar RCAf Senneterre fonctionne presque exactement comme un village : c’est-à-dire qu’elle doit offrir les services essentiels à ses résidents et à leurs familles. Pour la première fois dans la région de Senneterre (à l’exception de la cohabitation centenaire entre Autochtones et francophones le long de la rivière Beli), on a l’occasion de voir cohabiter deux groupes linguistiques et religieux : les francophones majoritairement catholiques et les anglophones majoritairement protestants. Ainsi, l’étude de cette dualité et de cette cohabitation, sur une période d’environ trente-cinq ans et à travers les écoles, les églises et les relations de travail est des plus pertinentes. Durant le premier tiers de la vie opérationnelle de la station, soit de 1953 à 1965 environ, les militaires stationnés au Mont-Bell sont majoritairement des Canadiens anglais. Comme le racontent Pierre Biays2 et l’ex-commandant David Leal3, la quasitotalité des quelques trois cents militaires en présence sont anglophones. Voilà qui vient justifier la construction, en 1951, de la seule école anglophone - de la station. Il s’agit dun bâtiment d’un seul étage, conçu pour abriter deux ou trois classes, au besoin, chacune de vingt-huit pieds par vingt-neuf pieds. Le bâtiment comporte deux ailes une 2 Pierre Biays, «Une ville dAbitibi : Senneterre p. 67. David Leal, communication personnelle. >, cahiers de géographie du Québec. vol. 2, no 3, 1957, 4$ pour les classes et l’autre pour les bureaux et la salle de jeu de quarante-deux pieds par quarante-cinq pieds.4 Les quelques enfants francophones de la station fréquentent donc les écoles St-Paul (filles) et Chanoine-Delisle (garçons), situées en ville. C’est même la station qui organise le transport scolaire de ces élèves francophones jusqu’à la ville, malgré le fait que, d’ordinaire, cette responsabilité soit celle des écoles. Il ne s’agit là que d’un des nombreux accommodements que les autorités militaires acceptent de mettre en place pour satisfaire autant les membres de leur communauté que ceux de la ville. À l’école de la station, des civils viennent enseigner aux enfants dans la langue de Shakespeare. Le 7 septembre 1953, trois enseignantes, mesdames Susanne fm-tin, Helen Daily et Marion Stafford, sont engagées par la station.5 Ces enseignantes font partie de la centaine d’employés civils qui oeuvrent sur la station tout au long de son existence. En ce qui concerne les églises et leur utilisation, la station est équipée pour servir autant les Catholiques que les Protestants. En fait, il faut plutôt parler de chapelles puisqu’elles ne sont que des lieux de culte secondaires appartenant à la station, mais opérées respectivement par des membres de l’église catholique St-Paul de Senneterre et par un ministre protestant basé à Val-d’Or et se déplaçant sur demande. Ces différents célébrants sont d’ailleurs rémunérés davantage par le gouvernement fédéral pour leur BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC General Description of Buildings », 1951, pp. l-2. SennetelTe », BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « 5f C Senneterre « 1953 Historical Record by W.C. Kent », 1953, p. 9. - », non-classé, « 1951 - Secret S2 l-6-2 (CO), 49 travail ponctuel sur la station qu’ils ne le sont pour leur travail régulier dans leur propre paroisse.6 Notons, le 12 septembre 1954, la présence du révérend fitzsimons lors d’une cérémonie d’au revoir tenue en son honneur.7 Comme il s’agit de la seule mention d’un ministre protestant depuis la mise en opération de la station, il est impossible d’affirmer s’il y a un révérend résidant de façon permanente sur la station ou si le révérend Fitzsimons réside à Val-d’Or, mais prend néanmoins le temps de venir saluer ses fidèles de Senneterre une dernière fois avant d’être transférer dans une autre ville. Au tournant des années 70, la situation linguistique et religieuse prend un tournant marquant : le nombre de militaires francophones et catholiques sur la station rattrape celui des anglophones et protestants. Malheureusement, les rapports narratifs, les bilans historiques et les résumés historiques disponibles et utilisés dans le cadre de ce mémoire ne couvrent que les années 1953 à 1964. Néanmoins, David Leal note que, depuis quelques années, les visites du pasteur de Val-d’Or se font de plus en plus rares, si bien que tout au long de son mandat de commandant, il ne se rappelle l’avoir vu à la station qu’une seule fois.8 Et pour cause, ce déséquilibre des groupes linguistiques et 6 David Leal, communication personnelle. BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série «Sf C Senneterre », 521-6-2 (CO), « 1954 Historical Record by W.C. Kent », 1954, p. 4. 8 David Leal, communication personnelle. - 50 religieux se poursuit jusqu’à la fermeture de la station, en 1988, alors que les militaires francophones et catholiques forment désormais la quasi-totalité des effectifs.9 3.1.2 Les relations de travail entre les deux groupes linguistiques Au cours des premières années d’opération de la station, aucun problème linguistique ne survient à l’intérieur de ses murs. La raison en est bien simple la quasi-totalité des militaires sont des Canadiens anglais et, comme les deux langues sont acceptées dans les forces armées canadiennes, c’est l’anglais qui est utilisé au Mont-Bell, même si l’on se trouve au beau milieu d’un bastion francophone. De plus, le vocabulaire technique lié à l’utilisation des équipements radar n’existe bien souvent qu’en anglais. Par la suite, particulièrement au cours des années 70, alors que la station compte plus ou moins le même nombre de militaires anglophones que francophones, les relations de travail deviennent bilingues elles aussi. De son ouverture en 1953 jusqu’en 1921, la station RCAF Senneterre est une unité dite «nationale », ce qui officialise le caractère bilingue de la station et surtout l’obligation d’y accepter l’utilisation des deux langues. Néanmoins, la majorité du travail écrit y est fait en anglais, surtout lorsqu’il s’agit de communications avec les autres stations ou avec les quartiers généraux, autant ceux situés au Québec qu’ailleurs au Canada.’° 9Ibid. 10 David Leal, communication personnelle. 51 Étant donné qu’environ tous les quatre ans les militaires sont assignés à une nouvelle station ou à une nouvelle base, peu importe où elle se situe au Canada, la plupart des militaires francophones sont bilingues, sinon suffisamment à l’aise avec la langue anglaise pour comprendre et être compris de leurs collègues.1’ Ainsi, puisque les francophones sont en nombre inférieur au Mont-Beil jusqu’au début des années 70, puis qu’ils y sont en nombre environ égal aux anglophones jusqu’au début des années quatre vingts, que le vocabulaire technique n’existe souvent qu’en anglais et que les communications avec les autres stations nécessitent l’usage de l’anglais, il semble accepté que l’anglais soit prédominant sur la station RCAF Senneterre. De plus, lorsque l’on observe les listes disponibles du personnel de la station (1953 à 1961), la nette domination en nombre des anglophones est confirmée. En 1961, par exemple, parmi les huit officiers, les 17 opérateurs radar et les trois opérateurs radar en formation stationnés au Mont-Beil, on ne compte que trois francophones, soit une mince représentation de 10,7 pour cent.’2 Dans la même veine, lors de l’annonce des promotions du 30 mars 1961, sur un total de 1$ aviateurs et aviatrices promus, on ne retrouve que deux francophones, soit 11,1 pour cent.’3 Voilà qui vient appuyer le fait que la langue anglaise soit prédominante au Mont-Beli, malgré le statut bilingue de la station. David Leal, communication personnelle. 12 BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série «SfC Senneterre », Secret 71 -04-04 (CO) Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1961 Natrative Report by C.C. Underbill », 1961, pp. 8-9. - 13 BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « Sf C Sennetene », Secret 7 1-04-04 (CO) Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1960 Narrative Report 2 by C.C. Underbill », 1960, pp. 7-8. - 52 Par contre, en 1978, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la mise en opération de la station, une liste de tous les commandants de l’histoire de la station est publiée.’4 On y apprend que jusqu’en novembre 1973, les dix commandants à avoir dirigé la station RCAF $enneterre sont des Canadiens anglais. Puis, les onzième et douzième commandants sont québécois et francophones les lieutenants colonels Parent (de novembre 1973 à juillet 1976) et Landry (à partir de juillet 1976 à 1981), marquent une cassure dans l’hégémonie anglophone à ce poste. Qu’est-ce qui explique ce renversement des proportions de francophones et d’anglophones stationnés à la RCAF Senneterre? En 1972, cédant aux pressions venant d’ex-militaires francophones déplorant la faible représentation des Canadiens français et le sort réservé à la langue française dans les Forces armées canadiennes, le gouvernement fédéral met en place un «plan des langues officielles » ayant pour but de rétablir un certain équilibre linguistique et de faire en sorte que les bases militaires et stations-radar soient adaptées à la réalité linguistique de la région dans laquelle elles se trouvent. Ainsi, le plan prévoit que la RCAf Senneterre, tout comme sa voisine RCAf Val-d’Or, passera du statut d’unité nationale à celui d’unité de langue française vers “ Beth Money (née Yuill), 25th AnniversarvAlbum, Senneterre, 197$, p.!. 53 1978, ce qui fut effectivement le cas.15 À partir de ce moment, on parlera de la SfC (Station des forces canadiennes) Senneterre plutôt que de RCAF Senneterre.’6 Avec ce changement de la politique linguistique dans les Forces armées canadiennes, la réalité linguistique de la station subit de facto certains bouleversements et, par moment, entraîne même des situations un peu loufoques. En effet, même si, du jour au lendemain, la Sf C Senneterre devient officiellement unilingue française, plusieurs anglophones y travaillent toujours et le vocabulaire technique demeure presque uniquement anglais. Ainsi, comme le raconte l’ex-commandant David Leal, il n’est pas rare d’assister à une scène où un officier anglophone doit insister auprès d’un subalterne francophone pour qu’il utilise le français pour communiquer avec d’autres francophones.’7 3.2 La structure sociale et politicomilitaire de la station-radar Qui dit organisation militaire dit également hiérarchie. Cette sous-section se veut une introduction au fonctionnement de cette hiérarchie militaire en place sur la station-radar h Serge Bemier et Jean Pariseau, Les Canadiens françctis et le bilingtiisme dans les Forces armées canadiennes, Tome IL 1969-1978, Langttes officielles: la volonté gouvernementale et la réponse de la Defense nationale, Ottawa 1991, Editions Groupe Communication Canada, annexe K. Pour plus d’informations sur la situation linguistique dans les forces années canadiennes, il faut consulter cette oeuvre monumentale en deux tomes de Bemier et Pariseau. 16 Nous aimerions remercier M. Desmond Moi-ton, professeur émérite à l’Université McGill et historien spécialisé dans l’histoire des forces armées canadiennes pour sa disponibilité et son aide. Il nous a mis sur la piste de l’ouvrage de MM. Bemier et Pariseau, nous permettant de bien comprendre le changement de la politique linguistique des FAC. 17 David Leal, communication personnelle. 54 RCAF Senneterre. Comme partout ailleurs dans les rangs des Forces armées canadiennes, le personnel militaire est essentiellement divisé en trois catégories les soldats (recrues sans qualifications professionnelles), les sous-officiers (caporaux et sergents) et les officiers (lieutenants, capitaines, majors, colonels et généraux). De par leurs responsabilités et donc, de par leur réalité différente, chacun de ces trois groupes organise son réseau social autour de sa salle de rencontre respective. Cependant, en dehors de leurs fonctions, les militaires et leurs familles sont évidemment libres de socialiser avec qui ils le veulent, d’où l’importance pour chaque famille d’avoir l’occasion d’intégrer un groupe social dit non-militaire, que ce soit par la culture, le loisir ou le sport. 3.2.1 Les réseaux sociaux selon le rang militaire Dans une organisation militaire, la hiérarchie fait généralement en sorte que les réseaux sociaux se développent sur la base du grade de ses membres. Ainsi, sur la station-radar, les officiers entretiennent leur réseau organisé autour de la salle des officiers alors que les militaires d’autres grades entretiennent le leur autour de la salle des sergents. Quelques fois, on retrouve également un réseau pour les grades dits juniors (caporaux et simples soldats), comme il en est le cas à la station RCAF Senneterre, selon David Leal.’8 Ces salles de rencontre comprennent chacune une cantine où l’on y sert à manger et à boire (incluant de la bière)19 et sont souvent le théâtre de soirées dansantes et autres 18 David Leal, communication personnelle. 19 Elmer Gay, op. cit. 55 fêtes bien arrosées. Comme le mentionne Elmer Gay: «Boire faisait bien partie de nos vie. Je ne veux pas dire que tout le personnel militaire était alcoolique, mais la plupart d’entre eux semblaient boire beaucoup. »20 Autre particularité de ces réseaux sociaux : ils sont organisés selon le rang militaire et sont réservés aux militaires eux-mêmes, c’est-à-dire que leurs femmes et leurs familles n’y sont pas admises, ce qui explique la création des réseaux sociaux plus «familiaux », lesquels sont étudiés à la section 3.2 de ce mémoire. De nos jours, il existe une organisation appelée le Centre de Support des f amilles militaires, mais comme celui-ci n’existe pas pendant les années d’opération de la stationradar, il est intéressant d’étudier le développement et le fonctionnement de ces réseaux sociaux sur la station. La structure et la vie sociales de la station sont des plus dynamiques. L’étude des nombreux rapports historiques et narratifs démontre que les activités sportives, culturelles et familiales sont aussi fréquentes qu’appréciées. En effet, les équipes sportives, par exemple, sont fonnées en respect de ces réseaux sociaux. Ainsi, les aviatrices de la station ont leur propre équipe de balle-molle21, et leur nombre justifie 20 Elmer Gay, op. cit. 21 BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série «SFC Senneterre AFAO 71.00/01, « 1956 Narrative Report by J.A. Duncan », 1956, p. 3. - », Secret Appendix A to 56 même la création d’une équipe d’étoiles qui se rend à St-Hubert le 20 août 196022 pour y affronter leurs homologues. Pour les sports ou les activités moins populaires, il arrive couramment que l’on fasse fi du rang militaire et que l’on accepte quiconque veut y participer, sans quoi les inscriptions risqueraient d’être insuffisantes pour former une équipe. Il en est de même pour les parties ou les tournois «extra-ligues » où l’on permet que des militaires de différents rangs fassent équipe, simplement pour faire changement et pour augmenter le plaisir et le caractère léger de l’activité. 3.2.2 Mariages, naissances et vie de famille Autant les ex-militaires que les citoyens plus âgés de Senneterre se souviennent de nombreux mariages impliquant des gens de la station-radar. En ce qui concerne le nombre de mariages sur la station, selon les observations du commandant David Leal, il n’est pas remarquablement plus haut ou plus bas qtie le nombre de mariages ayant lieu à la ville et n’impliquant pas de militaires. Tout comme il arrive régulièrement qu’une personne en marie une autre qui pratique un métier différent, qui habite une ville différente et/ou qui soit issue d’un milieu différent du sien, il arrive que les mariages de la station unissent deux militaires locaux, un ou une militaire avec un ou une civil(e) travaillant ou non sur la station, ou même un ou une militaire local(e) avec un ou une militaire d’une autre station. Sur le fond, donc, les mariages militaires ne sont pas 22 BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « SfC SennetelTe », Secret 71-04-04 (CO) Appendix A to AFAO 71.00/01, « 1960 Narrative Report by CC. Underbiil », 1960, p. 7. - 57 différents des mariages que l’on a l’habitude de célébrer dans les villes, puisqu’il semble que l’amour ne s’attarde pas au métier ou à la provenance des futurs époux. Aux débuts des années d’opération de la station-radar, il n’y a pas suffisaiiunent d’effectifs francophones pour justifier la présence permanente d’un prêtre catholique sur le site de la base militaire. Bien qu’un bâtiment soit érigé pour héberger deux chapelles23 (une catholique et une protestante), les militaires catholiques ont plutôt tendance à utiliser les églises de la ville pour y pratiquer leur culte religieux, les trouvant plus pratiques et fonctionnelles. Ainsi, il n’est pas rare de voir des militaires se mêler aux gens de la ville à l’intérieur des églises St-Joseph ou St-Paul. Les militaires protestants, cependant, ont la chance d’avoir un pasteur protestant de Val-d’Or qui se déplace sur demande. Le gouvernement fédéral accepte de débloquer des fonds pour payer ce pasteur de Val-d’Or, là où la population protestante est nettement plus importante en raison de la présence de mineurs venus d’un peu partout dans le monde, afin qu’il se déplace à la station. Cette situation perdure tout au long de l’histoire de la station, même si, à mesure que les années passent, le nombre de militaires protestants diminue de façon remarquable. Le pasteur protestant se déplace simplement moins souvent à la station à mesure que le temps passe. 23 BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC Senneterre », non-classé, « 1951 General Description of Buildings», 1951, p. 1. - 58 L’ex-commandant Leal estime que, durant son mandat de commandant, soit de 1981 à 1984, le pourcentage de militaires mariés parmi les 110 stationnés à Senneterre se situe aux environs dc 75 ou 80%.24 Les perceptions de M. Leal qui le portent à qualifier de « tout-à-fait normal » le pourcentage de gens mariés sur la station sont effectivement très près de la réalité. En effet, selon les statistiques de Ressources humaines et Développement des compétences Canada25, le pourcentage de gens mariés au pays en 1981 est de 83,1%. Sur ce plan, donc, il est juste d’affirmer que la station fonctionne comme les communautés civiles du reste du Canada. En ce qui concerne les accouchements, ils n’avaient lieu à la clinique médicale de la station qu’en cas d’extrême urgence. Certains bébés naissent au centre de santé de Senneterre alors que la majorité des accouchements se font à l’hôpital de Val-d’Or. Plus on approche les années quatre-vingts, plus les accouchements se font à l’hôpital de Val d’Or, avec un petit pourcentage effectué à Amos. D’ailleurs, le premier bébé à naître sur la station ne se fait pas attendre très longtemps le 15 septembre 1953, la caporale J. Turpin met au monde une petite fille. L’accouchement a lieu dans un des PMQ (Private Married Qitarters), faute de temps pour transporter la mère à l’hôpital de Val-d’Or. Seulement onze jours plus tard, le 26 septembre, Madame Pearson met un monde un petit garçon dans l’infirmerie de la station.26 24 David Leal, communication personnelle. 25 Ressources humaines et Developpement des competences Canada, Indicateurs de mteïix-etre au Canada: Vie familiale Mariage, http:Hwww.rhdcc.gc.ca/fra/accueil.shtml, consultée en ligne le 2$ avril 2012. . - 26 BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « Sf C Senneterre « 1953 Historical Record by W.C. Kent », 1953, p. 10. - », Secret S21-6-2 (CO), 59 La vie de famille sur la station-radar est généralement très agréaNe pour ceux qui s’y impliquent. Les familles comptant de jeunes enfants trouvent leur compte dans les nombreux festivals, les différentes fêtes, en plus des installations sportives telles le gymnase ou la piscine. Le groupe d’âge pour qui la vie sur la station est le moins appropriée est sans doute les adolescents. Souvent, des familles arrivent à Sennetene après un séjour sur une station située à proximité d’une grande ville, là où l’on retrouve centres d’achats et activités d’envergure, entre autres. On peut donc supposer que ces adolescents trouvent difficile de se retrouver sur une station où il y a moins d’activités et, surtout, très peu de jeunes de leur âge, comme il en serait le cas dans la plupart des petites villes. 3.2.3 La situation des femmes de militaire En plus des adolescents, un autre groupe de résidents de la station-radar vit plus souvent qu’à son tour différents types de problèmes d’adaptation. Les femmes de militaire qui ne sont pas elles-mêmes membres des Forces armées doivent subir une multitude de désagréments liés à ta réalité des militaires. Il n’est pas rare de voir une nouvelle famille arriver à Seimeterre alors que la femme avait un excellent emploi dans la ville précédente. À cela vient s’ajouter le fait que les systèmes d’éducation québécois et ceux des autres provinces soient 60 considérablement différents et que les diplômes ne soient pas automatiquement reconnus d’un endroit à l’autre. Le caractère géographiquement isolé de Senneterre fait également en sorte que très peu d’emplois dits libéraux soient disponibles, même pour les hommes. Une femme de militaire qui agissait comme comptable, notaire ou avocate, par exemple, dans une moyenne ou une grande ville du Canada anglais, devrait fort probablement soit accepter un emploi moins bien rémunéré et non lié à son domaine d’étude ou à son champ d’intérêts, soit demeurer au foyer pour s’occuper de la maison, des enfants et des tâches plus traditionnellement réservées aux femmes. Si ce genre de situation et de désagrément ne survenait qu’une fois ou deux dans la vie des femmes de militaires, ce serait assurément moins désagréable et difficile à vivre. Cependant, la politique des forces armées canadiennes veut que ses militaires soient déplacés d’une station à une autre de façon régulière. La station-radar de Seimeterre faisant partie de la catégorie des stations «semi-éloignées» (ni près des grands centres, ni dans le grand Nord canadien ou québécois), le stationnement moyen est d’une durée de deux à trois ans.27 Par contre, étant donné que la station de Sennetene a très bonne réputation parmi les militaires et leurs familles, les demandes de prolongation de séjour sont chose courante. Comme les décisions relatives aux stationnements sont prises à Ottawa et que le commandant de la station n’est pas consulté, ces demandes sont généralement refusées mais, lorsque la situation le permet, 27 David Leal, communication personnelle. 61 certains militaires obtiennent une faveur et «sautent un tour» lorsque vient le temps d’être affectés à une nouvelle station. Il est toutefois très rare que les séjours sur les stations-radar ayant « bonne réputation » s’étirent au-delà de cinq ou six ans. Puisque certaines stations sont des endroits superbes où il fait très bon vivre, aux dires de plusieurs ex-militaires, d’autres stations sont absolument horribles. II faut néanmoins stationner des soldats dans toutes les stations, peu importe leur réputation ou leur niveau réel d’appréciation. Ainsi, les soldats sont forcés à servir environ six mois dans une station ayant «mauvaise réputation », généralement stationnés seuls (sans leur femme ou leur famille) avant de pouvoir demander à être transféré dans un endroit plus désirable. De manière générale, selon l’ex-commandant Leal, le séjour moyen, en incluant les séjours obligatoires de six mois et les séjours exceptionnellement prolongés, est d’une durée comprise entre trois et quatre ans.28 Au fil des années et particulièrement à cause des dépenses engendrées par le déménagement régulier des familles, les Forces armées tentent de prolonger au maximum la durée des séjours, lorsque la situation le permet. Comme le raconte David Leal « Normalement, les gens qui étaient déménagés d’une station-radar à une autre trouvaient que Senneterre était l’un des meilleurs endroits. » Et il ajoute jamais eu de difficulté à trouver des gens pour les stationner à Senneterre. 28 29 Ibid. «Nous n’avons »29 62 3.2.4 Le rôle de la femme du commandant Une des personnes ayant le pius d’influence sur la station-radar, outre le commandant lui-même, est probablement son épouse. Officiellement, le rôle de la femme du commandant est d’organiser et de prendre part, de manière formelle, à des discussions de toute sorte autour d’un café ou d’un thé avec les autres épouses de la station, et plus particulièrement avec les épouses des autres officiers. Cependant, c’est sur le plan informel et non-professionnel que la femme du commandant devient la personne sur la station qui risque d’avoir le plus d’impact sur la vie de ceux qui la côtoient. Et bien que la vie des épouses sur les stations-radar soit très peu documentée, il est néanmoins possible de remarquer une tendance et même de tirer des conclusions sur l’importance de leur rôle sur le bon fonctionnement de la station. Tel que mentionné antérieurement, dans les forces armées canadiennes, le personnel militaire est déplacé d’une station à une autre de façon très fréquente. Cette pratique occasionne davantage de problèmes pour les familles que pour les membres des forces armées eux-mêmes. Traditionnellement, il revient à la femme du commandant de développer un réseau informel avec les autres épouses de la station pour que les problèmes d’adaptation, de déménagement, les conflits familiaux et autres puissent être reconnus et résolus le plus efficacement et le plus rapidement possible. Plus important encore, il faut que ces problèmes soient réglés, autant que possible, en coulisses, pour ne pas entacher 63 l’image ou la réputation de la station et pour ne pas briser l’enthousiasme ou l’harmonie qui y règnent. En plus de ce rôle d’o;ganisatrice et de gérante de cercles sociaux, l’importance de la femme du commandant repose sur le fait qu’elle est la confidente privilégiée du premier officier de la station. Comme le relate l’ex-commandant David Leal Le grade de commandant implique inévitablement la responsabilité de régler divers problèmes et de gérer différentes situations demandant d’être traités dans la plus haute confidentialité. Cela implique également des prises de décisions qui peuvent paraître ridicules aux yeux de ceux qui ne connaissent pas toutes les circonstances et toutes les contraintes. C’est là où la femme du commandant est d’une nécessité absolue, alors que le commandant peut discuter et demander conseil sur l’oreiller à la «Première dame» de la station.3° La pression est cependant énonne sur les épaules de cette femme puisque ses faits et gestes sont constamment scrutés à la loupe par l’ensemble de la communauté. Aux yeux de plusieurs, elle porte le grade de commandant au même niveau que son mari et doit donc influencer positivement la vie des gens sur la station, sans quoi les critiques ne tardent pas à affluer de toute part. Il peut paraître ironique que notre source principale au sujet du rôle de la femme du commandant soit le témoignage de l’ex-commandant Leal, lui qui est célibataire tout au long de son mandat au Mont-Bell. 30 Ibid. Traduction libre. À cet effet, nous avons consulté le document 64 BattÏe Book for the Company Commander Spouse3’ qui décrit avec une grande précision le rôle d’une épouse de commandant, en se basant sur l’expérience de près d’une centaine d’épouses de commandants. Bien qu’il s’agisse d’un document destiné à l’usage des épouses de commandants de l’Armée américaine, on peut supposer que la différence (si différence il y a) entre les forces armées américaines et canadiennes à ce niveau soit négligeable. 3.3 La politique sur la station-radar 3.3.1 Les effets de la politique provinciale et fédérale Étant située dans une communauté presque totalement francophone, la station-radar vit de façon bien particulière les changements politiques provinciaux et fédéraux qui jalonnent ses années d’opération. Aux nombreuses visites des différents députés et ministres s’ajoutent des conférences de presse et des cérémonies visant à offrir aux politiciens et aux militaires un maximum de visibilité parmi la population. La station radar du Mont-Beli, comme toutes les autres bases militaires, est un outil de relations publiques et sert plus souvent qu’à son tour à rehausser l’image de certaines personnalités. 31 Leslie Love et al., Battte Book for the Cornpany Commander Spouse, Army War College, 2010, 3 édition, 264 pages. 65 Comparés aux élus provinciaux, leurs homologues fédéraux accordent à la station une attention de loin supérieure. Faisant partie de la circonscription de Villeneuve (créée en 1949 et dissoute en 1979), Senneterre est longuement représentée à la Chambre des Communes par le Crédit social. Réal Caouette, Oza Tétrault, Armand Caouette puis Gilles Caouette laissent cependant peu ou pas de traces de leur passage à la station. Les choses changent cependant avec l’élection du libéral Henri Tousignant, sous le leadership du flamboyant Pierre Elliott Trudeau, alors que la présence politicienne se fait sentir davantage sur la station. On assiste désormais à des cérémonies et même à des spectacles où, par exemple, des officiers de la station remettent un chèque à la Ville de Senneterre en tenant lieu de taxes.32 Ce chèque est pourtant remis annuellement, sans tambour ni trompette, depuis l’annexion du territoire de la station en 1969. Néanmoins, les politiciens, les militaires et les gens de la ville assistent à ces événements qui, il faut le dire, demeurent très rares dans cette région dite éloignée. Au provincial, après une succession sans histoire de libéraux, d’unionistes et de créditistes, le Parti québécois fait élire Jean-Paul Bordeleau en 1976. Comme le raconte David Leal, un «important pourcentage des militaires de la station appuient le PQ », mais cela ne semble pas empêcher ce nouveau gouvernement de bouder les bases militaires de l’Armée canadienne. En effet, de 1981 à 1984, aucun représentant du gouvernement péquiste ne visite la station. 32 David Leal, communication personnelle. 33 Idem. 66 Parmi les officiers, on croit que le PQ reproche à l’armée de ne pas payer de taxes municipales à la Ville de Senneterre, ce qui expliquerait cette attitude froide et distante envers la station. Cependant, bien qu’il soit vrai que la station ne paie aucunes taxes municipales à la Ville, elle remet en contrepartie un énorme montant (évalué et décortiqué à la sous-section 1.3.2 de ce mémoire) en tenant lieu de taxes. Notons cependant le caractère extrêmement délicat de cette situation. Aurions-nous vraiment pu nous attendre à une attitude différente de la part d’un gouvernement indépendantiste à l’égard du symbole de la puissance fédérale canadienne qu’est la RCAf ? Bien qu’il soit entendu qu’un député, qu’il soit indépendantiste ou fédéraliste, se doit de représenter tous les citoyens de son comté sans distinction, force est d’admettre qu’un député indépendantiste qui visiterait des sympathisants sur une base militaire canadienne serait décrit comme maladroit ou même arrogant. 3.3.2 Le Conseil de la communauté À l’instar d’une ville et de son service des loisirs, la station-radar RCAF Senneterre est munie de son propre Conseil de la communauté dont le rôle est de gérer la vie paramilitaire sur son territoire. Les premières traces de l’élection d’un Conseil de la communauté remontent au 1er octobre 1955. L’élection ne concerne que les résidents des PMQ puisque ce sont eux qui connaissent et qui nécessitent une vie de famille dynamique ainsi que des activités et des services particuliers tels les divers carnavals ou BAC, fonds du Département de la Défense nationale, série « $f C Senneterre » S21-6-2 (CO), « 1955 Historical Record by lA. Duncan », 1955, p. 7. - 67 fêtes thématiques. Ce premier conseil est formé de six personnes soit: le sergent Bevan Pritchard élu au poste de maire, le caporal Brophy élu au poste de secrétaire, en plus des caporaux Brown et Rayner et des chefs aviateurs Crofi et Quann élus aux postes de conseillers. Le mandat de ce conseil semble être mené à bien par ses membres puisqu’aucune trace de mécontentement n’apparaît dans les documents consultés. La seule mention subjective rencontrée au cours de cette étude se trouve dans l’album du vingt-cinquième anniversaire de la station, où il est mentionné que « le Conseil de la communauté s’assure que chaque militaire stationné à Senneterre ait un séjour plaisant. En ce qui concerne la jeunesse, plusieurs activités sont mises en place dans le but d’induire un bon sentiment de citoyenneté chez nos enfants. » Beth Money (née Yuill), op. cit., p.3. CONCLUSION Pour la ville de Senneterre et ses citoyens, la seconde moitié du XX siècle fut une période de grande effervescence. L’ouverture de la station-radar et l’arrivée de ses quelque trois cents militaires accompagnés de leurs familles permirent à Senneterre de tourner la page sur la morosité des dernières années, voire des dernières décennies, alors que son économie et sa démographie stagnantes l’attachaient à son statut de village. La présence de la station-radar a donc bel et bien propulsé Senneterre dans la modernité, confirmant l’une de nos hypothèses de départ. La station-radar fut brusquement démantelée le 1et avril 1988, mais non sans laisser un important héritage social, culturel, matériel et historique à la communauté qui fut son hôtesse pendant trente-cinq ans. Dans ce mémoire, nous nous sommes attardés à la prospérité économique et l’effervescence socioculturelle qu’a entraînées la présence de la station-radar et de ses militaires de partout au Canada. Jamais la population n’a été plus importante qu’en 1985, alors qu’elle se chiffrait à 5 000 habitants. Jamais l’offre de service socioculturelle n’a été aussi dynamique et diversifiée que durant les années d’opération de la station. Et, outre l’industrie du bois, indétrônable au titre de premier employeur à Senneterre, jamais une institution n’a employé autant de gens que le CARC. Aux plans ludique et sportif, le niveau d’activité frit également sans précédent. Pour ce qui est des infrastructures, la construction de la station-radar impliqua la 69 construction d’un club de curling de deux glaces, d’une salle de spectacles, d’un gymnase, d’un terrain de balle-molle, d’un court de tennis et d’une piscine intérieure. Les différentes ligues sportives sociales bénéficièrent d’une popularité indéniable. Leur dynamisme et leur calibre s’exportaient au-delà des limites de la ville de Senneterre, lui offrant un important rayonnement dans la région. De plus, comme nous l’avons démontré dans ce mémoire, les civils et les militaires, les francophones et les anglophones se regroupaient avec enthousiasme pour le plaisir de la compétition. Au début de ce mémoire, nous nous interrogions sur les impacts et les interactions socio-économiques engendrés par la présence de la station-radar à Senneterre. À la suite de notre recherche et de notre analyse de la question, nous devons en venir à la conclusion que ces impacts et ces interactions furent marquants et déterminants dans l’histoire de Sennetene. Le cas de Senneterre n’est pas totalement unique. La Pinetree Line comptait 44 stations-radars, dont sept situées au Québec. Ainsi, les six autres villes québécoises ayant accueilli une station-radar partageaient une ou plusieurs caractéristiques avec Senneterre: isolement géographique, mono-industrialité et/ou très forte majorité francophone et catholique. Néanmoins, le cas de la station RCAf Sennetene était aussi intéressant que pertinent car il permettait d’effectuer notre recherche et notre analyse sous une multitude d’angles : économique, politique, social, culturel, ethnique, ludique et sportif 70 Tristement, il aura peut-être fallu que la station cesse ses activités et soit démantelée pour que la ville de Senneterre réalise à quel point elle lui était chère. Une dizaine d’années après sa fermeture, nous pouvions encore observer, même en se trouvant à plusieurs kilomètres du mont Bell, les trois énormes dômes blancs sous lesquels se trouvaient les équipements de radar de la station. De nos jours, seuls quelques bâtiments demeurent encore dans le paysage senneterrien, les dômes ayant été détruits à la vente des bâtiments les supportant à des intérêts privés. Bref, tout ce qui demeure observable du passage de la station-radar à Senneterre, outre les quelques bâtiments délabrés sur le mont Beil, c’est un monument à l’entrée sud de la ville. Dans les années qui ont suivi la fermeture et le démantèlement de la station, Seimeterre cherchait un moyen de maintenir son dynamisme économique et socioculturel ou, du moins, d’en amortir la chute. Ce n’est qu’au tournant des années 2000, aidée par l’arrivée d’une nouvelle industrie, Boralex, qui transforme les résidus forestiers en électricité, et par le maintien de ses deux usines de sciage malgré les difficultés du secteur forestier, que Senneterre est enfin parvenue à se démarquer à nouveau. Adoptant désormais le slogan «Sennetene, énergie verte », la petite municipalité d’environ 3 000 habitants n’atteindra peut-être jamais un dynamisme économique et socioculturel comparable à celui de l’époque du radar, mais elle demeure néanmoins tournée vers l’avenir, forte de son passé. ANNEXES .7.’ .\ .\I1IILL. (oni fliti n ication PCr%01111C11L t cc NI. flaid I .eal RE Senneerre Cq: .1 David Lq.1 15 rr.y.e,itr 2O’. 5tr.nt Ry 1flCNO’ i’:.*1’ 4 une fots Sul n1ce auourdhw was tryrg to hirik cf wiat I be te to provde. ,t c.’i ;t’n for your questions -,.:: I r orner When I re wrdr down :r:- hugh!s in wPia I h:i1 wtitter. L:’,! maf r’Mt te . sin use io you. peitiapsjust for trls’. il flot !cn j:ur proqect. 50 s my lj) ,•. ‘ h t.ibh • L .z., • • I • I .i ih.i \. ‘, ‘.%1% fl • 1 • th L’nILr4.1.g jfl,r ‘W.;’. III i .C’. cir .sIi: ‘i ..t t in cr. Iraix tn ‘xa Lciicnni.C i,’nd. cwic ii’r: :i, .iTU n unp ‘, i,.d tt Lic fl.: ..! .iiiJ th.’ri. 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I!t. iti t1’... t hiji ..‘ t’u’ tn.iJ fi •, ... ._,jii. i it: iikb t H. ‘iYm •tuin t.3.0 sf I r. . Ii. hI,..t. .r’ q %v, I . i-c: ‘ ;t ..-‘ t’c : dti.i..Li v,.tj] Ii.. • n.i. ,,‘ li: k-.. . ft’rf in I.’ti I5t,t u. hc 1w .- t luit it’.iiit ltt, i k ., - . .rsu, i.’; I ‘iiik gh ri’b i.mwi ii .1 i’n’1,çII •• • r’e- nie’jc II’:i, 02422Q9... 2o; ii 73 ::-.-.- d 6 *kL. flÇ1 • ( )n. * lLf *11•: ,fLfl/çt flj$ • -:iti tn - . 40 ) d 4’bs1CJ - -- • H r)m 1itsy ppk døuh :t Ukh1 thi di • llfl4 Utit 41,ublscfurId. f4çr c t$ 3i )%C Lt 1rcquo 6 bdorncu.i , s • ppk U%fl, tii ‘.tiW () tC • 4%C U cdbciik’cd opl r11w1t.gMn pcnpk w’er - ci4I &nd) • “ tIthssi . shoppd nntn. in V31 dOr itik Uu 1I fl d%1I ‘:vdtt1g - (.ijt’1 tu4* • • -L L, L1 I * t.. I •i . .H•s . ijc s % • %hIifi s 1LW. %tI:1 pm4*4 ‘‘ tI . . thI tIj*Ø . - a 4i.;%1 - t*k’ t7 - ..r.d - Wlia %nk*IÏ. i.i4 ttt amthc (*.wtt u,( Iic k1 kd :t,n. 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V -‘riM g”i p3esse-. 75 rartont Jauras Voci r’ô rÇ.onse que ‘aipt pe $$Z pu la faîte en françars nias ;: peS4i% gtie lu prêféteras ricevofr n réponse 1apid -Car’ outetl L.g3V fOI &3ot heCom#- “r c’ oe?W 1romÏce o it a ko4i ri few In ee rnrar pe a’e mo,ed p’ace e..’ecy ears. and often S more xobems lot ti ‘AiIy ¶1an fo ‘7,3ty r”e’rter Tra1hona?y o( t.he Comnndarv w1S eonsi IL’ ‘r eopn &fl informal ttt.vo .ith tte other ,‘es so tai these rblems cøuld t(gnze. and tesotvei thnd .rrq any embarrasssn’ent for anyonê Eci4y in arr’y. t?1r was a reponsbihty fo the Cmdt s ‘re to organize meetqw’i ailier w-v specrahy the oher o’scer’ wwes •n a formai rln’er I do nor know how mucr you know about the mHltary. but n any “tarv unit. mere areconvr t’ cther tarT Ctf or tie soldrs, - membecstusual[y 7 h officers have ther cwn social centered ato.nt’J tM officers mes& ‘Die senior nonccrrrussioned nwmbers have their social netwr. Cefltered atound the Seipeants and Warrant Officers’ Mess The JuniOt fanks Corpora1 and Pr .;ites) ther social • networ) centered around ‘ ]ufliøç Rani’ Ctub So I guess thai it rs natural thal ttie fmrbes n3ed a social ntcrr auts the mitit.ary tie(archy but that st revognzes Ite aUty Gf the rnt,ary. T citcr&iy te Cmdts wie oronz€ îhat fletWO N triere ts a ne’ O’ 1WV hvTtfl(fl aCh rni1itay sa ,i on called ttr& lLta Famiy 5uptCentr€. but t i’ dd not exist in tti 198.Os ‘ 1t1 ddt;o’rr y t’ famiy netwo I thnk “e cst imc’crtan tole c the Crnd s w,lc was to beVw one sec rern w wit’i Ihe CrnUt When I ws Cmdt. he re var,ovs cbut .;ft bons w1ich I had to treat wrlh absotte conîiititality r t metiî*eS ‘it tE1t to n1ae dec sons seemed r ri:. nus o J’ r.eopè wh did n;t know hc full ;r t t:nd ‘ 76 cfteri I suppose mat form,i tu Lacy bu that was nit : ma ‘uu at ast ono perso-i I cold . IYs. me Cotnmarar s wile was ilmost he a Fitst r1omar ro4e. - Ay fncti-r b anq1oçhoøe’ frn nr1opIon ptnri- tcni c Od F SCt1QO êS&- rn* Vflpho4w wqnt M anIo v%r I zanrot iIti ai th€ e)4tM ir at sict oren Oi*-i ce *eebom JtOiaI re al ze gb N&entt* ?mtL$fld ts Fr’r Gelum, ir, Sir. a ieast a m :mc n1 Perl4j iti AiqopNone iw e was n q.’ or in-I ho cmrant pouon Comrn,nmn1 o was orde--n re F’arccQrone$ r Frr was ,1r,p cleater ?fw ii m4tt bave bee’ C Fmnco1hoes. - - In iie mihta, wtn posngs from place tø pce ee’ bi en hgrî te’ te beçore bhrgual As awrys ianua9e me eer ws bu t do not thnc years. Irte chdren each other sornelmes. - and t’ Fterich chooI A or schol. we r an Engish sdoo’s or fl bul I cati say th we had no 5coo w.re ‘n town Ther we ;r. sçook ;n En-h on rnt a:or thar was e Fr’-h Ianu3ge more etcrJit reqe hy tt’e ‘‘ fis tt AI Gy lns t4emar4 c’ Serner.’ ude o another qLge o’? pnwrcs? mIiTand$? W4 f.oved to’ oiwi .tti toa’ I:m.Mn t çu.s ovrq ciU arri ske,s mo. - lrI ,.ryoie ‘rtn tar m.)rd tI• I am tiot fauihar with the artce oftcn. So ttsti. rvtr ‘.ead Gf I carinot :r-rt t on my urne. S reterre was steI as a sem-remote location wtWi mea ri 1Cr 3 Sng1e person afd as fr a e mwned person. NiwrW*e1es’. TTr: •eIe aed 1- y r’qe, a’r:: those requests ‘r+ sometime .ii.-t’ hrnCveme1 ofger was cGntrolted rn wc(-,-gd. Duing 1at the rrûrm;iI OUt Wa5 WO I rn to awae ot an yc’ie giwig marted to redce trie ctances of being 77 To Iierad the must çw a some are eopk h • . horrtb’ • there . - ,I•- ,•0..=.. tO i.t’idertar’id ‘t miitary poçi ofps p’ace pire stîperb c’c:t;-rs ano C he hornbe places, but crr — at w....r. Plsces1norm&y ttoui “-‘ vn4Iy, peope are rnwg in t t O the undesirab p1ace eery ‘f°t’tls. ths .rrs tra people have b moved m anu Out 0 Ule CICS*clble ptace. Ttus. on average, peOpe tended to move €ven three or •ars. ItflC in .-•-- serve ‘3f sx mo’ths , Becaue f the co o inow9 f3r.l1€. t has tnecl 10 exteri t engi’ o tours wenever possbIe ‘-1 r. peoç. who tci t Senneerte weoe specialized n rzjdr so iar ! ‘aiar ste OPers ici i inoed o workec :n 1 •-s; : i eLJp t. or pay ‘c’r..&1y ca-ne to one rid,i t- i•jr,nj ‘-e-t •u uee 1ii •oçe o rnr: ;‘•i tram rara’ site ‘C radar s- norma; ttP3.int ‘s places We neyer C)ne 5ei-Lerre had trDuce --ing peopte b c...r;ie (o Setnetee n otier -apr1 jjf f’ rny we -ii ave orie ar1:’, Ihatcobld noth • the is3at,orÇ of Sen,’ete’re anc w ha t.. açajt tri.iI famity We aso had ew ece who became a)coholcs bc-îi,se tliev ci -t fil intc re temck• iesy:!: Tere ce”n1ey were -. .‘- -- ‘ ( .‘‘ - ‘.- “. poblems generaltv, :. • INeS) • ..ere rnany M3r b-jbi( tn t ri W’nfl: brr itwould bee- Se-rieterre wai on the hes •«i - I s ha!e mil tay r bit t& nc’ tni -‘cI frot, • . .iw ‘- “‘e r rc-i rber was aiy iercr’t from ion •e end etie -1 er *beut some wt?ifl9 c4pti t*l) .11* fTre atout eI’ 4iw. wheri, p, tOiK pti. he atfqh.d m t htnq t3t come r (o vci” rnind, :.t • ..il’. rj .r *%5’rny9 3rflt€?’j4 i3 .i ‘1 :i Iiif*t’.i --r’ inary gin g”’çi m t’’r. ‘e’ y ‘-A lrtOØce’,r Sct frm a-tl’*r e rra I a m ‘.i Tom f & ra and ‘r -:.phy’ C%d» tIIC bd I 3OWt ‘Y”* !! ?“e I •:, h1 w.’ lfl_, unuj m,olj: P • ‘ “ • t-i: .- nu-• rr.y1r,erj ,,v’-.’ woi.e.r ir-rvr,( ‘O - bi,., œ.r tu..’ -‘-t •.-“ ‘- f c”. r,.,’rr •‘ 4 ao » - .f 49Ut(”,r - Wriê$ ii* t - •• !‘ —I j vi’-’ - “ f.m4’,!%iI L’d rno*-t œ4de, ; -%‘4tX..’ 75- 78 .a$ v*ry çzo on “i tab !“eS tdr “i3 fr’ Øace cr 4 eSpec-. y .Dbcs ana Whc’ scho çt) ri ‘ - be o a *‘ 5ta10n d ft.W3 oi ‘obs n . Almougti ome mi1ia Pe Qtr peope. th,s svas the eYctIof iSC; fl n-r (StS when t3s did +ppen. the w1e retired rom the idry as soo s ne we’e ctNdrtn: cr y%veœ io 1ft--te locations iFhere b !‘ sanie posbed fle:r ver h’ .• , no çuarantee tha U hibaid and wi(e wou be oosted o ar ange tir hm to be iotjh evey aflnp1 w eadi oth.) fly rto and ctc’ pr There were vrj few Protesiam. rs fron V’dw. thr’e years I.ony Pøi on ns cathofcs iac hni ther pnest ytv.i’- na ‘was at Senet A PtoWwt a4l werwer n4’€ded, bul :aørs tp,. w.aSon CtPovc one wa uay t. T h I n oie i • nge{e ho iiw any flc vormîm1 ‘t’t s fl aa.. but nIy «‘ ‘1.! to fimdy stutf. nhoned wme f*Twy nns n my commer4s above Mcs 1ii lies enoye juSt a cO%, At tb i if on cf ainç t itti :vt t”i tQ Th ,rw. C43 jO tas wiCøurr/ flC speak Frh ÇC and 4 was uei tme, ther w nO Eng(h ioo ça’U no abe Enosh tj $?Dt I Qfl, s.’g wintn3 ec Ot 1V). ar cny one * fU d rct •i.’-i4idaJ .t. Swe flW$ ftACt t.it éfe was ‘ame to abcw, young f i’lies eered *0 do ery wefl but ‘me5 th okier As chtldran rreiesrd pn’is TheMusnwas ve’ygood. and af’:We havi ai t.’o n* menbis post€d ko Sermetefre on a oasn.19 bas ti fanies cul flOt a’sd to hv itt MD!1lrç1I Or Ø etc.i Wri Oi! ‘.-;. y a & , - -. .J:• 79 Annexe B Règlement 170 4 RCLEM. T VILLE DE 0 170 SEHNETELRE Comté d’Ahthi -:st fl:T’’P” 0!CR”&’T tA”’XtOfl DE TRRIT°IRE CO’.’DFPA1T paosion actuelle de la \t1le de Senneterrt et les nombreuses de-nandes de frpnir ses services des dve1c De1enE domtcil.ares, comsn’ranx, tnd Is, tourts ‘‘es rrntif’s en dehors e ses limites, ‘r ion se vr’t dat 1ohliation certqios ter’ritores voisIns pour lui p r’ettre d’c,ranIser ‘‘alenent ses serv’es. ‘TDERA’’T QuE la ase de Radar fFC demande i 1a Vlle des chanes de servces de pls an plus nc”hreux7 soie poi ice pT-ecti(r contre le feu, vnre, a-rr’p-rt, sport, etc. COflSTDRATT 2 les ebemins de fer ationiu:, demandent “ la Ville des aerv*cs de v-IrIe, aqueduc, et protecti’ contre la ‘eu aux nouveaux dvol”rpement de leur cours de S( t’y ce lrouest de le Vil)e. COSID.RTT QITE la Ville possde de nonbrcux chemine, ter rtns ou installations, en tttre bat’ ou droit de oassau en dehors de ses 1t”ites, pour ses services d aijeduc et d et qutefle doit y fa4re des travaux dritre ten et des construc ions. -‘ ÷‘ TSIDERATT QfE la Ville doit posséder les territ;’es cd elle se propose de f*’e de laménaement en vertu des lois fc ‘les et nro’i-cïals et du ode des Cifés et ].les. CC”SIDER4flP Q’E cetf annexion -rmettrait la VUle de ‘-ire des charFe et es arrance:ents pour servi— 1éalement dE territores vnis!ns et ré1’ndre aux ôe’iandes actuelles et ‘utu, de ltannaèert du d motion t u i re’ent donn Q’” v une aaee’thlée ar4eAdente du Co”sil par lchevin erco1 ,TÔ)rt en vu de ce r. lezaent dnne’r. “ $0 4 3 La dte annexion est Laits sans terne ni oondion saut de mai—ten durqut las di orecha —s anneas 1 arrsn tierts Cfe4 entre la Coro’i’r’n Mtn c ale de la Vl1e et celle de l paroisse de Senneterre pour assuror la protection contre les incendies ,usqu c’nc rrenca de ° 00 par annce et noui cnte les lcs’s t sew t’es recrealits eu môme titre ‘ue les résidants de la iUe aux réidats d la Paroisse. De pWe toute terre en culture ou effet c, ou servant nu pêturae ds anizx, de cône que toute terre non defrichea ou terre s bois dans les limites du territoire annexé seront évalués et ta;as en dedans des revsions de larticle 523 du Code des Cit”s et Vifles (1967) de la Province de u- o lors des t’ ce’. d’anenaoment du ter li o—e la emploiera les cont uables de la Paroisse insquJ concurrence de %0 du total des emp1oés. I— Lit territoire annexé sera nttché aux quartiers dexistants de la Ville de Senneterre cossas srt: A) La nartie sud et est, soit les lotS 32 i 2 inclusi— ve::srt des rangs 1—2—3—5—6 et les lots 2%-30—3i—36 du rang 7 du territoire annexé au quartier No . B) La partie ouest dans le rang 7 les lots 26—272a U F quortier No 1 a) La partie nord et ouest du ran incluant la rote et Q a t la partie au nord du cher n de fer entre les np’ des lots 13 é 20 !3 annexée au quartier No 3. le nréscot ré1e’nent avent son adopt on frele, sera arrnistre tueflement iu le terrtoire s anne’çer et T sana aouns s Pauprobatian des crans eta es u’3t t’r’’to & s au ‘onseil de ‘ - jLe présent rêlement devant prendre force suIvant les exi:ence’de la 1o n n 81 PROVPC: PE •‘EC D’r Dt’ :Ε TSTIEEP Oi’I’i DESC2TPTIO ECEIQUE du terIto!re être dtsc do la uni a’o.sse de 3onaeterre, ‘c’ntê d’Aiti annex& d la Vtlle de’Sennaterre. pslIt de la cour etre t Etnt un territotro situé dans le canton de Senneterre et smt actuellement partie de la l1uniciralité de la poroisse de Sunneterre, comté dtAttibIst, comprenant en référence au eadqsre ofl du canton do Senneterre, les lct ou p.qrtiu de lets et leurs siona présentes et futures, ainsi que les chemins, routes, emortaos de chemin de fer, vus, ccmrs deau ou artxes d • le tout ‘o’’ r a o les tro s e” omdtPOS e!upra décrits, savor Premier pér: t t Furtant du nint de renco:tre de la line s des lots 2E et 27, rang VIII, avec la 1iite Sud-0uet de l’ers— prise du Chemin de fer Genad!on Jationai se igeant vers le Iord—Ouest, de la, la dite ‘vie l—Ouast du chemin de fer, r5 ‘ut traitera les lnt 26, °‘ , s 23, 22, 21, 20, lQ, l l, 1, l, lLP, psrt.u de 131, rang VIII, patie de 13 ran; IX, usqu’ la ltmite oré, ou sa prolorattcn, du chemin séparant les rsns VIII et IX; de lé, la dite lircite nord du chemin séparant les “q” s VIII et ‘X, oassan+ trai”a es lnts 1 n 2 et 2’ flf uaa ‘e la li te F,st du chezurn snn”nt 15 rt 2C des lots e 31, 32, 33, rang VIII: de lé, la dite limIte Est du chemIn séparant le lot pan des Ints 31, 3V, 33, rnn VIII, usmmau coIn Sud—Cr:est lu tat ‘. ranr VIII; de lé, c’est-è—cUre du coin Sud—Ouest du ‘et 31 rang VIII, mate line !e directIon Ouest strono:rioue passant è tra vers les lo 20t, usn’a le s”oaratve des 2 2’, lots 2 et 27, rang VII: $2 t DE SETHRE PAR’lSSi DE SE?qTTERRZ AUX CC RTUALES DE LA SUSDITE flfTtCTPAL!TE AV I S P U LI C EST PAt tES PS’STES D0TE par le soussigné trêsorier de la susdite ville, QUE: tour, Le Rw1uent ‘o 170 de la Ville de Senneterre puhli ce cr.tant 1annexÎcn ê 1a Ville de Senneterre dtn ter— ritoir d-nt le descripton exacte apparoit dans une Uescri— t-ion technique nr-i-v’ nar Varpenteur g orr’etre V 511ve9t o comme etant narti&. t4rante du ‘-iresent l —nt no 170 ‘.“n r-’r je conseil de la le si sera en e nai “‘o— ‘ raton de la V1l de Senneterrc onr-’s Ve-piation de trente ioure ê compter de la date de Paftichae du prsant avis. est en outre donnê qnune assemblés des tror-rita ires du territoij’e decrit au t e lement serq tenue le ii rtt20) aoat l%R, è compter de deux (2) heures de 1aprsr1ldi è la salle de l’h6tel de Ville de Senneterre Pour m’encIre an ccnstdération et aporouver ou non l’annexîcn u’iit territo. Je soussigné • rcel Miranit, secrétrire—trsorier de 9tt,ckée du la Ville de Sennete-r’e, certifie Gue la corie c rlu-ent no 170 est conforme au texte original. D0’E A Senneterre ce trolsini jour daocit mil neuf’ cent 2iXefltehUit -‘arce1 Uiraulf, Secretaire-tr»isorler, -__ GETTFICAT DE PfT ICATTOU Je so:ssinê, résid-mt è Senneterre, certifie sous enn serment doffice que ‘ai oublIé l’ae ci- exè en en affi chant l co’i es, mx endroit spivants I— Salle de réuniui du Couseil de la raroisse 2- Ïrêtei de Ville de Senneterre 3- A la porte de ltegli.se L— A six enI;’oits dans le ‘erritoire ê être annexé. et aftichae a été fait le trrisênn jour du mois d l9P, entre deux heures P,M, et quatre heures P4, En foi de nmi, je donne ce eertifiat ce jour dnodt mli neuf’ cent soixante-huit, orcel — .;1”ri], $3 EXTIflJT DES !TTS DE TA S ‘0’ 0” 0flSETL DE Li CIIPOf’T0N DE LA PA0TSSE DE SHTE RE T’T’T Ai’ TTEU O0VTRj OFS AStSES, L? 10 ESP1. ATE0 1T1E DIT TERIT0TRE DE LA CORPORATION DE LA PA TE la PcrOoraton de J Paroisse de Suoneterre I l’st t’U Canton Senneterre un vaste territoire vior1u lequel ne ù:t raonrto aucun revenu et dont elle peut se dérartr sans nuira qu ‘l0Pn’n3Ot agrccle; cosjrn ‘.:7DERA!T QTE t’,ines parties de ce mdme te:toir, contj j l i aljt ‘le la Ville de Senneterre sont (‘or— tement d’-veloppées et c’u& la Coorc’aion de la Parosse ne pourra su’v enr aux r’andes ‘e Seo’-cao ici au-c susceptibles ‘tr’ axa, dans q aques ennes, des ‘ri4 res sis sur ce terri— toire; car Il est par le Cons ‘ t sA par le Pooseiller Dents Ftllion et secondé ‘crvé Julien: ces parties du tpr»”’ de la Cor ora ion de la Parois se de Senneterre soient. i la Munia4 ‘‘té de la Vtlle de SenreterreI QE cette annexion s-t confop:e u Rglemeat ‘o 170 de l.a Ccprcrtion de la Ville de Sennerrc et ao’crrle tw plan et dea— a’i-o tec”—”. ‘4 sent «rtie de cc CertifIé cacie conforme. è 3nneteore cc 2 octobre ° ‘-er le soLsstn, é3i0) (2E20) 2 Quaco,, le 20 janvIer 1f Monsi3ur Jean 2erron, treffter. !-‘8tel de vtflo, Ville de 3ann:’ru, Comté dib, P.’, Nonsieur, Le mInistre des affaires ‘‘‘.i •Tes, l’h-norable lobert Lussier, me ‘rie de uoua I “-ras:’ qu’ il e pTu au eute— n’-lnt-’ouverneur en conseil d dorcor, en date de ce jour, un arrêté en conseil ayant ‘-arr objet dtautroiser, pour les fins et aux conditions nentionr.-ss, le rèjement no 170 du conseil municipal de la ville de Senneterre, rnodtt’ pr une rsolution :t conseil en date du q l’combre lO((n :‘t 1’ n’ 1 ‘‘‘e ‘‘le du t:”’to’re comrr” dans le d’c:’ites audit rê&lement et dans la descriation officielle du &n des terres et tordis en date du ° øctnhre 1YF. - .‘ . -rs e - C: C) <hO C: C) o - o C: 0- <t o <t ‘I C) <t o • C) C) ,— o z C) C) C) C): — 1” Z j - ‘C:a1 O H’ —. mm OC: C) t 0-C C) C)C)0 C)’)- Ct -Cct C) C) C) <-t: C) C)-. C4,1 <C (t’ -C) <4 - C3 ç— ÎC) <tC) “<C ) o -4 O 0 -4 -<C —<CO 0-C) C- ct—C) C) rbO Z’.’c’I O C) ct. z . fl - C) n C) 0m C) ‘C) C) t C) -: ‘ C) e-i- o ‘o j,’ p-. ‘o C) I— o C) o- C)’ C: o j,’ C—, CC et ‘1—- <hO Je O C) J’ 04 <h (h w CC C (t o o <t ‘Î C) C) p’. o- C) -I- -C) o O F C) H’ C) <C -4 ‘t C) o Cl -C) -‘-(t H’’1 C) o C) o C) OC) o Ç) C: o C) 0 ‘t <t C) - 0-C: H’ C:) O H’ n. O (-r CC (t p-2’—, <C <t n-C) (t C-’ H’ C) -C) 4 J z <CC 00 —o HO C: -o OC) C) J_C) (t <C C: C: C) p<t n. C) u rIC) C). p- on (O C). o oc S’t 44s 5+5+ (3 44 CD 44 14. s-’. r) 5+5+ s-.., 44 .443 C H ta O C ( 44. - s-4 5+ H HH 44 s-t H CD (4 <4 H H H r) ‘J 44 ‘S 4444 0 44 443 s--) 3 o -J C) s- - 0 44. <0 44 s-r 44 0. 444.? 40’.’,) s-t s--” 5+ 44 Cl ‘144 44(0 ‘s-j CC 44 C4a Os- s-t 44 5.44 44 (t O -‘ 4444 ‘J ‘1 (D. ‘J 44 ‘l Q- .3 H 44 O ‘1 44 Z 44) 0. 44 44 44 Z 3 CD s t 53, 44 ‘ s’. J H —44 44. H .H 44 C H O 44 CD ‘t s-t s-t 44 44 44’I ‘I 44.44 0 CD — CCC 44 C) Z O 4..) C) (4)44 0 ‘3 s-t 44 0 044 (4 44 ---‘ Cl DC) 5+ CD 043 J 44 C)’) C) 44 s-t --sCs’3 4444 42(s) 1 ‘.3’ ,CD 44 Zn - 0 O 5+ 44 C H - 0.-. -‘ 44 .44 044 44 r,;. C (40 ‘344 Os-t s-t ZD 0H 44 (D CD’.-s. V’J .44 s 5+ HØ. 3 44 s-t -4 -C H 44 O 44 O s-’ O (4” O 44 44.0 C • (4 OCt 44 .. H C) 0.0 (D C s-t s-tas (D Os ,3Cu 44 H H 43’D, 3’ ‘.3 .3, Z 5+ <C - Z H 44 44 O (D’ 4.35 4 . ‘1 e CD -. - H 0 444< 5+ r) H 044 44” ‘3 (4444 44 ‘1444 H H 0 44 (t 40 s-i-O 44 10 C s-t 44 44 s. J s-t 444) 44’ Z 44 4— ‘-s- J H 440 C 44.0. 440. LaC) .0 ‘1 ‘.. --‘-D O — Os-t “-“ 44 44 5+ O Z 4.) - 3 44 ‘t 3 H s-s. 5+ 44. - 44 CC 44 .44 s, -.H 4-4 5+ ‘-1< ‘1 4(44 s-s-O 4—4 < 44’ CD ‘1 44—’ 440 t)) s-t 44 H (t CD (0 0. Cl s-t 440 ‘D 44 5+ ‘15+ (4 H t” 3, 3-” D . H (44 0 5+ 5+ (.344. Cis-t s-— H s) 4444. 4444 - Cl 0. O O -Z 44 (flØ. 4444 -‘ as -4 H 5+ 44 3011(330 Vi 3(4 lDdYs-4 4(C) (35+ O 4) I (13 CD 0.’) (D I 44 (t O 0 (4’ O 0’ Z O 43 CD 4444 O -, 0 5+0 ‘S O 4440 00 244 0’ VUC 0. Os-44 ‘-t 044 —‘<C s-’. s-t CD, 0 C (3 440 . (44 444 4444 t,) Z s-” ‘t s-’. s--’ H 044 0 0 (0 -‘. 00. C444 .0 44 - r.. - ...‘4 44 3’-” (D) 55 n” (3 , s-t C C) ‘.4 4 5) s-... C ‘44 5—4 H H Z 14 Os-t (Ds 35 (30 5+44 J 5+44 44 s-t H 44 44 00 40 44 44 s-i-Z ‘3 r) (D’-2 H H H _._J.s-4 s-3’. 44 - o 3 4.? 44 O -C ,3 H H O Os-t ,0 H’ H s-4 H J) 4444 <5+ Z 44 ‘n - --“ c+J)5+ CD (4’ kIl . -3 44 t\) 3 ,-( 44 ‘. C) 4—’ s-t,)’. H 44, 0. (4 Z Z O 0 Os CC 44 44 435 44 o 44 44 - J ‘—s - H H r) 44 44 44) s- M 0 H O s-t- 0. 44 Cl ‘3 . Z O <r-’. H HO — ‘.C44 <s-.. I H 44. 0 --s‘1 ,l” :- 44 5. Cl s(43 Z 044,3. ‘3 5+ 5+ 44, 0.44 444444. 444444 <Cr3 5+0 s-t s-4. 4430 OC 044 OCt 0 (‘0 44 0(4 o 4 (44 s-’• <C <(4 H H Cl -‘(4’ 44 ---‘ s-t 442 ‘-‘ O 344 0. H s-t44 (s) t’.; ‘1 H Os-44. D Cl ZO 44 43, C) .0 C - 44 s- ‘3 5+ 44 0. .0 44 Os-t -44 440 44 C) 44)0 0 44 44 44(42 4) H < H H (3. -s- Q ‘t ‘1 (13 44 in 44 44440. 0.1 0. 4 10 44 5+44 44 H s-t CD -. 5+ 0. CD 0. 0 5+ O ‘-s 0 Z s-t (s,) •. sDI (D s-t Hs-44 D 44 44 HO 44. 44’. s-t 44 44. 5+ 44 44 s-t 4444.0 44.0 (CD CJ..s-44 44 ‘144 Oct OZ 044 s”O 4444 s-t ‘1 44 — 0 , ‘5.3 b (4 H 44. 0 Q D-’ D - -, -‘3 • -‘ 44 ç.. .. o 44 (44 ‘J 44 .4) 44 44 44 O ‘4’ -. H H 44 ,, - t 55 .0 s.,. 44 (fi CD ‘1 ,-‘. 4)444 0 <0 H H ‘C) .. 44 C ‘J 5+ ‘3•3 4444 o. ‘44.,,, --‘ 43j<C s-t CC 44 44 53”, 4- M s-t 5+ 4444. 0 -.o 44 C). <C n 5+ 3 44 s-t s-.,. 44 (3 - J,. s-t 4) k) 4444 (L o H Cl 44 40 ‘-D 44 ‘. s-’. 3 -5) 0 54 44 4544 4-r) HZ ‘1 s-t 44 s-t 5+ (0 (DO 44Ç1 1 Cl 0 (J) .3 ‘t o - In - C ç) - ‘t (n 00 5+445+ 44.3-D (Ds-t ‘3 (4 44 CD 44 CC -3 o 4444(4.44, ‘-‘3 ,0 ‘3 (C C,. 44 ,.. .3 C) j O 0”.) s-t 4444 2.44 .44. ,— CD H t,) 5+ CC H .0 C O 41444 D -‘ci- <J H s-.,.. s--4 (J H,ts-s-CD H D :2) < CC H (4’ (3 44. 0 r) Cl s-s- 44 ‘i (DOC s-j,o 44 0. (4 Cl (4 44 0 4444 ‘1 44 —. O Cl f-4 ‘t -t H H s--044 ‘3 44 3O<r).C. 44 .o s--j’. ‘.44’ ‘3 .44444. 044 5+ )440’ 434,40 ,. H o’ ‘(3 1445 OC oc (‘J cb Q j (_t x P.. D TL w W w 4 w —I— DZ r• Z 1.-w cc-i Q. co w Q Ui s z .t C) / Qw w D o Q t 0 n o o3 o4 C e o ot 4 n’ q) o C I a 4 ° Q Q o Q a n --C - -- .- :‘ 0 b , ç. Z ‘y t’ C. hli v u $7 r-,. 88-23e Q’JE copie M. (suite) SJt4fl_) T Pie:t rcio rvci à Ll;que d minitr auI Dk. • Ntnnl. !!. Priti Sety, cie Tr.aux Pubics Canida, t4 Sitwiat M!nes, M. P-aul Uick. r€ asso Denso N.cna, M, Perrø Coonibo. H. D. Hyand do tCh spca! Cu mntre Paui D.c., W FrançcI Lta93 Ira’Q3x ‘ubics Canada, d t*iw que nori dputê tdrL M. Guy S-Ju, pouf les 4fr!S cp1oyS au cows ds dernirs nne afin de e CO’i qiUs mener a b’ rissue de ce dossier ardu. afiset ceue dmand€i aorrmes ass.ws qu :u rn.i:re Pa Dck CC,TQ el c.ians l pk.s grwid satiIhr pour les par.us mpHqes. CERTIFIEE VRAIE COPIE :. BIBLIOGRAPHIE 1. 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Duncan 1956, 14 pages. », - BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC Sennetene », Secret 7104-04 (CO) Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1960 Narrative Report by C.C. Underhill », 1960, 24 pages. - 89 BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « Sf C Senneterre », Secret 7104-04 (CO) Appendix A to AFAO 71.00/01, « 1960 Narrative Report 2 by C.C. Underhill », 1960, 37 pages. - BAC, fonds Département de la Défense nationale, série « SFC Sennetene », Secret 7104-04 (CO) Appendix A to AfAO 71.00/01, « 1961 Narrative Report by C.C. Underhill », 1961, 29 pages. - B) Documents gouvernementaux Canada, Comité permanent des Affaires extérieures et de la Défense nationale. NORAD 1986. Ottawa, Chambre des Communes du Canada, 14 février 1986, 26 pages. Canada, Institut canadien pour la Paix et la Sécurité internationales. The NORAD Renewal Issue. Ottawa, Chambre des Communes du Canada, mars 1991, 65 pages. 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Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 1, août 1963, l’Hôtel de Ville LEBLOND, Arthur. « Loisirs à Senneterre octobre 1963, p. 22. ». ». Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 2, Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 3, DAGENAIS, M. «Nouvelles de la base du radar no 5, décembre 1963, p. 9. LEBLOND, Arthur. «Les sports p. 23. ». ». Le Progrès de Senneterre, vol. 1, Le Progrès de Senneterre, vol. 1, no 6, janvier 1964, LEBLOND, Arthur. «Les Échos de l’Hôtel de Ville no 10, mai 1964, p. 2. LEBLOND, Arthur. «Les Échos de l’Hôtel de Ville no 11,juin 1964, p. 2. ». Le Progrès de Senneterre, vol. 1, ». Le Progrès de Senneterre, vol. 1, LEBLOND, Arthur. «Balle molle l’équipe de Senneterre vol. l,no ll,juinl964,p.22. ». Le Progrès de Senneterre, 91 LEBLOND, Arthur. «Nos vedettes Y a rien qui les batte vol. 1,110 12, juillet 1964, pp. 22-23. — LEBLOND, Arthur. « décembre 1964, p. 2. À l’Hôtel de Ville ». ». Le Progrès de Senneterre, Le Progrès de Senneterre, vol. 2, no 5, 2. ÉTUDES A) Livres BERNIER, Serge et Jean PARISEAU. Les Canadiens français et le bilinguisme dans les forces armées canadiennes, Tome II 1969-1987: Langues officielles: la volonté gouvernementale et la réponse de la Defense nationale. Ottawa, Service historique de la Défense nationale, 1991, 894 pages. CASTONGUAY, Jacques. Un trou de mémoire . La Guerre froide au Québec et dans le Grand Nord canadien. Outremont, Editions Carte blanche, 2009, 11$ pages. DURFLINGER, Serge M. Fighting From Home : The Second World War in Verdun. Vancouver, UBC Press, 2006, 312 pages. FECTEAU, Thomas et Françoise Gaudreau. Au-delà du 42e parallèle. Montréal, Editions Thornas fecteau, 2009, 320 pages. JOCKEL, Joseph T. Canada in NORAD, 195 7-2007 2007, 225 pages. . A Histoiy. Montréal, MQUP, LOVE, Leslie et al. Battle Book for the Company Commander Spouse, Army War College, 2010, 3leme édition, 264 pages. 92 PARISEAU, Jean et Serge BERNIER. Les Canadiens français et le bilinguisme dans les Forces armées canadiennes, Tome 1 1763-1969: le spectre d’une armée bicéphale. Ottawa, Service historique de la Défense nationale, 1986, 498 pages. ROULEAU, Jean-Jacques (alias Jake Roulo). C’est la faute à Johnny Renaztd. Montréal, Éditions Maxime, 2002, 333 pages. ROULEAU, Jean-Jacques (alias Jake Roulo). Maxime, 2003, 276 pages. À visage découvert. Montréal, Éditions THOMPSON, John f. et Stephen J. RANDALL. Canada and the United States Ambivalent Allies. 3e édition, Montréal, MQUP, 2002, 406 pages. Vll’.TCENT DOMEY, Odette. Histoire de 1 ‘Abitibi-Témiscamingue, colI. «Les Régions du Québec », vol. 7, Montréal, Institut québécois de recherche sur la culture, 1995, 763 pages. ZASLOW, Morris. The Opening of the Canadian North, 18 70-1914. de la série «A History of Canada », vol. 16, Toronto, McClelland & Stewart, 1971, 339 pages. ZASLOW, Morris. The Northward Expansion of Canada, 1914-1967. de la série « A Histoiy of Canada », vol. 17, Toronto, McClelland & Stewart, 1998, 421 pages. B) Articles de revue BIAYS, Pierre. «Une ville d’Abitibi: Senneterre vol. 2, no 3, 1957, pp. 63-74. ». Cahiers de géographie du Québec, BOUCHARD, Russel. «Le village de Mont-Apica une base militaire de la NORAD, au coeur de la forêt boréale ». Saguenavensia, vol. 41, no 2, avril-juin 1999, pp. 44-53. 93 DENHOLM CROSBY, Aim. «A Middle-Power Military in Alliance Canada and NORAD ». Journal of Peace Research, vol. 34, no 1, février 1997, pp. 37-52. EYRE, Kenneth C. «f orty Years of Military Activity in the Canadian North », Arctic, vol. 40, no 4, 1987, pp. 292-299. FLETCHER, Roy J. « Military Radar Defence Lines of Northem North America », Polar Record, vol. 26, no 159, octobre 1990, pp. 265-276. GAGNON, Karl. «La base militaire de Bagotville janvier -mars 1989, pp. 23-27. ». Saguenayensia, vol. 31, no 1, GARIGUE, Philippe. «La politique de défense du Canada et ses priorités stratégiques Revue canadienne de science politique, vol. 13, no. 3, septembre 1980, P. 537-563. ». LACKENBAUER, P. Whitney et Matthew fARISH, « The Cold War on Canadian Soil: Militarizing a Northem Environment ». Environmental Histoiy, vol. 12, no 4, Special Issue on Canada (Oct. 2007), pp. 920-950. SOKOLSKY, Joel J. «Changing Strategies, Technologies and Organization : The Continuing Debate on NORAD and the Strategic Defense Initiative ». Revue canadienne de science politique, vol. 19, no 4, décembre 1986, p. 75 1-774.