honoré de balzac (1799

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honoré de balzac (1799
HONORÉ DE BALZAC (1799-1850)
Descendant de laboureurs du midi de la France, fils d'une
mère assez dure et d'un père égoïste qui avait fait sa carrière dans
l'administration des vivres de l'armée et qui administrait les
hospices de Tours, Honoré, né dans cette ville en 1799, n'a guère
aimé de sa famille nombreuse que sa grand'mère maternelle, qui le
gâta, et sa sœur Laure. Après des études médiocres au collège de
Vendôme, puis à celui de Tours, il suivit en 1814 sa famille à
Paris où son père avait été nommé directeur dans le service des
subsistances militaires. A Paris, il entra chez un avoué; jouissant
de beaucoup de liberté, il suivait des cours à la Sorbonne et
fréquentait les bibliothèques. Très vite, il voulut faire de la
littérature.
Son père, ayant pris sa retraite, ne disposait plus que
d'une pension modeste. Il donna à son fils deux années pour
réussir. Le jeune homme a vécu dans une mansarde qu'il appelait son «sépulcre aérien», avec un vieux châle
prêté par Laure pour se chauffer en hiver. Il écrivit des romans médiocres, fit lire une mauvaise pièce de lui,
Cromwell, à sa famille, qui le rappela à Villeparisis où elle s'était retirée.
Il y demeura cinq ans. Une voisine, Mme de Berny, s'intéressa à lui. Elle avait vingt ans de plus que lui.
Ils s'aimèrent, elle l'affina, lui apprit la vie, l'aida, et lui permit de regagner Paris. Là, il a été imprimeur, fondeur
de caractères, mais s'est couvert de dettes et a vraiment fait mourir son père d'orgueil blessé. Il résolut de
compter uniquement sur la littérature pour se tirer d'affaires et il y réussit à partir de 1829, l'année où parurent
Les Chouans.
Balzac a eu d'autres amies que Mme de Berny — qu'il appelait «la Dilecta»: notamment la duchesse
d'Abrantés et la marquise de Castries. Par leurs soins, il devient un vrai dandy, se meuble, achète un attelage,
va au Bois, au bal de l'Opéra. S'étant épris d'une admiratrice qui lui écrivait de Pologne, la comtesse Hanska,
il va plusieurs fois la rejoindre en Allemagne, à Rome, en Russie, et comme elle est devenue veuve, il l'épouse
en 1850.
Mais il souffre d'une maladie de cœur, le travail l'a miné (de six heures du soir au lendemain midi, le
plus souvent), l'excès de café l'a empoisonné, et il meurt après deux mois de fragile bonheur. Il eut des
funérailles magnifiques. Hugo dit sur sa tombe: «Il est impossible que ceux qui ont été des génies pendant leur
vie ne soient pas des âmes apres leur mort.»
Les savants naturalistes faisaient beaucoup parler d'eux a l'epoque de Balzac, et la mode était aux
physiologies. II publia avec succès une Physiologie du mariage (1829). On était donc tenté alors de calquer
la société des humains sur celle des animaux. L'idée de la Comédie humaine est venue à Balzac, il l'a écrit,
«d'une comparaison entre l'humanité et l'animalité». II a classé sa matière romanesque en Geoffroy SaintHilaire ou en Cuvier de la littérature.
Son œuvre comprend une centaine de romans, contes, nouvelles, pièces de théâtre. Il serait trop long
de la décrire. Il suffit de donner les divisions générales et d'indiquer dans chacune quelques-uns des romans les
plus lus.
I. ÉTUDES DE MŒURS: Scènes de la vie privée (Le Père Goriot, 1834). Scènes de la vie de province
(Eugénie Grandet, 1833), (Le Curé de Tours, 1832). Scènes de la vie parisienne (La Duchesse de
Langeais, 1833-34), (La Cousine Bette, 1846), (Le Cousin Pons, 1847). Scènes de la vie politique
(Les Chouans, 1829). Scènes de la vie de campagne (Le Lys dans la vallée, 1835).
II. ÉTUDES PHILOSOPHIQUES: (La Peau de chagrin, 1831), (Louis Lambert, 1832-33).
III. ÉTUDES ANALYTIQUES: (Physiologie du mariage, 1829).
Beaucoup de ces romans ont pour héros et héroïnes des types qui sont devenus classiques. On dit «un
Gobsek» pour un avare, «un Hulot» pour un débauché, «un Rastignac» pour un ambitieux.
Balzac a mêlé la peinture des caractères à la peinture des mœurs. Il a décrit chaque groupe social dans
sa condition et même avec son vocabulaire. Il a fait une place enorme à l'argent, parce que dans une société
où la noblesse n'est plus rien et où le travail ne compte pas encore, l'argent est à peu près tout. Nous en
retrouvons l'obsession dans tous les mondes peints par Balzac: les bourgeois, les médecins, les journalistes,
etc. Car c'est route une société, avec ses familles et ses individus, que l'œuvre de Balzac a récréée. Il a
vraiment fait concurrence a l'état-civil.
Il est le père du réalisme moderne: tous les romanciers dépendent encore aujourd'hui de lui, ils
n'existeraient sans doute pas sans lui. Toutefois, il faut se rendre compte qu'il y a eu chez lui, par dessus le
réaliste, un visionnaire: il n'avait pu traverser le romantisme sans s'imprégner de sa grande vague d'imagination.
C'était un tel visionnaire qu'il ne distinguait plus entre ses inventions et la vie réelle. D'Arthez, le héros des
Secrets de la princesse de Cadignan (1839), n'a jamais existé. Or des amis entendirent un soir le romancier
dire très sérieusement, au cours d'une conversation, «Revenons à la réalité, parlons de d'Arthez.» Aussi
certains de ses personnages, de Vautrin ou du Père Goriot au Curé de Tours, montrent-ils une grandeur
presque démesurée.
Le Curé de Tours appartint tout d'abord à la série des «Célibataires», avec La Rabouilleuse (184142), et Pierrette (1840); puis il est passé dans les «Scènes de la vie de province» avec Eugénie Grandet
(1833), L'Ilustre Gaudissart (1833), Les Illusions perdues (1837-49, 1843).
Trois fois Balzac a conduit son lecteur dans la capitale de la Touraine. La Femme de trente ans
(1831-44), Maître Cornélius (1831), se la partagent avec Le Curé de Tours.
Ce court roman, qui commence assez comiquement avec les pauvres tribulations d'un médiocre
homme d'église, se déploie bientôt tragiquement dans la révélation d'une puissance occulte qui prend route une
société dans ses filets, à l'époque la Restauration (1814-30), sous Louis XVIII. (Les sous-titres sont les
nôtres et n'apparaissent pas dans le texte de Balzac.)

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