Darfour

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Darfour
THEMA
Darfour
la fin de l’enfer ?
Mardi 4 décembre 2007 à 20.45
www.arte.tv/darfour
Darfour
la fin de l’enfer ?
Une soirée présentée par Annie-Claude Elkaim
Mardi 4 décembre 2007 à 20.45
Comment la guerre du Darfour a-t-elle commencé ? Pourquoi ? Quatre ans après
une guerre impitoyable, la communauté internationale avec l’aide de la Chine a fini
par convaincre le président Omar El Bechir, d’autoriser le déploiement d’une force
de 26 000 hommes constituée de casques bleus de l’ONU et de soldats de l’UA.
La paix va-t-elle revenir pour autant dans cette région dévastée ? Rien n’est moins
sûr. Etat des lieux et état des enjeux d’un conflit complexe.
En partenariat avec
www.arte.tv/darfour
Thema - Darfour, la fin de l’enfer ? . Mardi 4 décembre 2007 à 20.45
Darfour : autopsie d’une tragédie
Un film de Vincent de Cointet et Christophe Ayad
Coproduction : ARTE France, Bonne Compagnie (2007 - 65 mn)
Combinant des interviews réalisées au Soudan, en Europe, aux ÉtatsUnis et des archives parfois inédites, Christophe Ayad et Vincent
de Cointet ont réalisé une enquête d’une grande rigueur doublée
d’une leçon d’histoire immédiate. Les récits des principaux acteurs
de cette tragédie (chefs rebelles, dirigeants soudanais, diplomates,
humanitaires) jettent une lumière parfois crue sur les manipulations
des uns et les renoncements des autres.
L’opposition entre tribus arabes et africaines – toutes musulmanes – au Darfour
remonte au début des années 1980. La sécheresse qui frappe alors les pays
sahéliens n’épargne pas le Darfour, territoire situé dans l’ouest du Soudan
et délaissé par le gouvernement central. La famine, combinée à l’absence
de structures scolaires et sanitaires, mais également la circulation d’armes
occasionnée par le conflit voisin tchado-libyen, encouragent la formation d’une
rébellion principalement africaine, le Mouvement de libération du Soudan (SLA/M)
présidé par l’avocat Abdelwahid El-Nour, puis le Mouvement pour l’égalité et la
justice (JEM). Ces groupes armés apparaissent au grand jour début 2003, alors
que se négocie sous l’égide de la communauté internationale un traité de paix
entre Khartoum et la rébellion du Sud-Soudan menée par l’Armée de libération
du Soudan – le SPLA de John Garang. L’enjeu de cet accord est crucial : il s’agit
de mettre fin à une guerre civile qui dure depuis plus de vingt ans.
Thema - Darfour, la fin de l’enfer ? . C’est dans ce contexte que les rebelles décident d’attaquer la capitale de la
région, El-Fasher. Les autorités soudanaises engagent alors une répression
féroce, appuyée par l’armée et des milices arabes baptisées «jenjawids», qui
frappe indistinctement les civiles et les rebelles. Courant 2004, le conflit prend
des allures de nettoyage ethnique dont les principaux artisans sont les milices
arabes. L’envoyé spécial des Nations unies Mukesh Kapila alerte en vain la
communauté internationale sur la réalité des massacres. Celle-ci commence
à réagir au printemps 2004 alors que le tiers de la population du Darfour a été
déplacé du fait des combats. Le Conseil de sécurité peine à trouver une position
commune pour deux raisons : l’obstruction de la Chine, qui achète les deux tiers
de son pétrole à Khartoum, et des incohérences des Américains, qui veulent
arrêter un «génocide» tout en continuant à traiter avec le régime soudanais
dans leur lutte contre le terrorisme international.
Mandatée par l’ONU, l’Union africaine (UA) commence à se déployer au
Darfour à l’été 2004 mais manque cruellement de moyens pour mener à bien
sa mission. L’ONU envoie sur place une commission d’enquête qui reconnaît
début 2005 l’existence de crimes contre l’humanité mais récuse le terme de
génocide à propos de la crise du Darfour, qui est déférée devant la Cour pénale
internationale. Cette réaction de la communauté internationale intervient alors
qu’un accord de paix laborieux est signé à Abuja (capitale du Nigeria) en mai
2006 entre Khartoum et une faction du SLA/M emmenée par Minni Minawi. Cet
accord relance la violence au Darfour. Le mouvement rebelle se morcelle en
de nombreuses factions et devient incontrôlable, alors que Khartoum souffle
le chaud et le froid sur le projet de déploiement d’une force internationale
composée de 26 000 casques bleus et soldats de l’UA (résolution de l’ONU du
31 juillet 2007).
Dans ces conditions, la paix sera-t-elle au rendez-vous?
(Voir l’entretien page 7)
Thema - Darfour, la fin de l’enfer ? . Mardi 4 décembre 2007 à 21.50
Les déplacés du Darfour
Un film de Jean-Philippe Lacaille
Coproduction : ARTE France, Bonne Compagnie, Etat d’urgence (2007 - 25mn)
Durant l’été 2007, Jean-Philippe Lacaille a parcouru le Darfour pour
filmer le quotidien des populations déplacées. Il montre comment
l’aide humanitaire occidentale est devenue un enjeu majeur pour
tous les acteurs du conflit.
Première étape à Zalingei, petite ville de 30 000 âmes désormais entourée par
un immense camp où s’entassent plus de 100 000 déplacés : en quatre ans,
celui-ci est devenu un ghetto urbain, dont les habitants dépendent entièrement
des rations mensuelles distribuées par le Programme alimentaire mondial. En
dépit de la persistance de l’insécurité et des violences, ces déplacés ont trouvé
dans le camp administré par les ONG internationales (MSF, Croix-Rouge…) ce
qui leur manquait dans leurs villages : manger à leur faim mais aussi l’accès aux
soins et à l’éducation, thèmes qui ont largement inspiré le combat des rebelles
darfouris. C’est justement dans leur fief du Djebel Marra que se poursuit le
périple. Dans ces montagnes du centre du Darfour dont l’armée soudanaise
n’a jamais pu s’emparer, habitants et combattants vivent en quasi-autarcie et
apparaissent comme les oubliés de l’aide internationale. Même si MSF, seule
organisation présente dans cette partie Darfour, s’efforce d’y implanter un hôpital
de campagne avec l’accord de Khartoum.
Thema - Darfour, la fin de l’enfer ? . Mardi 4 décembre 2007 à 22.15
Débat animé par Annie-Claude Elkaim (30mn)
invités :
Bernard Henri-Levy : philosophe, écrivain, éditorialiste engagé sur la
scène publique internationale.
Dr Rony Brauman : directeur de recherche à la fondation Médecins
sans frontières
Torben Brylle : représentant spécial de l’UE pour le Soudan
Darfour, la fin de l’enfer ? . La véritable histoire
d’une guerre méconnue
Dans le documentaire Darfour : autopsie d’une tragédie,
Christophe Ayad, journaliste à Libération, et le réalisateur
Vincent de Cointet sont sortis de l’actualité immédiate pour
retrouver la profondeur historique d’un conflit lointain et
meurtrier. Entretien.
Comment avez-vous abordé ensemble ce travail documentaire ?
Christophe Ayad : Ce film est ma première expérience dans le documentaire
télévisuel. Au départ, il était plus centré sur la communauté internationale et
sur sa gestion de la crise du Darfour, mais en retravaillant sur le texte avec
Vincent, on est arrivé à la conclusion qu’il y avait déjà un gros problème de
compréhension de cette crise. Ce film était une occasion de me poser des
questions très précises sur un sujet que je connais déjà bien. En le faisant, j’ai
eu l’impression de découvrir les exigences d’un langage que je ne connaissais
pas mais qui m’intéressait, celui du documentaire. Je l’ai appris au contact de
Vincent qui lui, me semble-t-il, a découvert les exigences d’un sujet. C’était un
fonctionnement mutuellement enrichissant.
Vincent de Cointet : À la différence de Christophe, je ne suis pas du tout
un spécialiste de l’Afrique, encore moins du Soudan. Je me suis intéressé à
cette crise à partir d’un documentaire sur le Rwanda que j’ai vu en 2005. J’ai
commencé ensuite un travail personnel de lectures d’articles de presse, dont
ceux de Christophe que je ne connaissais pas personnellement, ou d’ouvrages
(peu nombreux) sur le Soudan. J’ai ensuite écrit un projet de documentaire très
vaste qui a intéressé un producteur. Avec lui, nous nous sommes dits qu’il serait
intéressant de chercher un co-auteur qui soit beaucoup plus spécialiste que
moi. D’où l’idée d’aller chercher Christophe. Le courant est bien passé dès le
début, entre autres, parce qu’on avait tout les deux l’intention de raconter la
même chose.
Thema - Darfour, la fin de l’enfer ? . A-t-il été difficile de convaincre toutes les parties de participer au film en
apportant leur version de l’histoire ?
C. A. : Beaucoup de nos interlocuteurs avaient le désir de s’exprimer sur cette
crise (même si nous n’avons pas pu interviewer l’ancien secrétaire d’État américain
Colin Powell, ni l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan). Mais
il a fallu surmonter certains aléas. Pendant notre séjour à Khartoum, le principal
conseiller du président soudanais El Bechir que nous souhaitions rencontrer est
mort de manière accidentelle. Cet événement a tout bouleversé dans la mesure
où tout le palais présidentiel avait beaucoup moins de temps à nous consacrer.
Pendant le tournage, on a également dû prendre en compte la culture propre à
chaque pays. Au Soudan, les choses se font, sans être organisées. Aux ÉtatsUnis, c’est le contraire, tout est très balisé mais il faut prendre les rendez-vous
deux mois à l’avance. La contrainte était de réussir à caser tout ce monde dans
le temps d’un tournage court qui a duré un mois et demi.
V. C. : Nous avions choisi de concentrer le temps de tournage sur les interviews.
Nous voulions faire un film d’analyse qui passe par la parole. On ne voulait pas
perdre un mois au Darfour à tourner des plans dans des camps de réfugiés
que l’on pourrait se procurer ailleurs. Et comme il s’agissait d’un film historique,
nous avons préféré acheter des images un peu exclusives correspondant à des
moments très importants. Certaines ont été acquises à Khartoum auprès de
journalistes ou de sociétés de production locales, notamment celles de l’attaque
d’El-Fasher qui marque le début de la guerre. Trouver ces images était d’autant
plus utile que l’on a souvent dit que c’était un conflit très compliqué à raconter à
la télévision en raison précisément de l’absence d’images…
Thema - Darfour, la fin de l’enfer ? . Vous avez travaillé sur un sujet brûlant qui pouvait changer d’un moment à
l’autre. Cette situation a-t-elle rendu le tournage difficile ?
C. A. : Le plus difficile était de faire comprendre à nos interlocuteurs que l’on
était dans un autre rythme que celui de l’actualité. La plupart, du moins ceux
qui sont encore en place en particulier au sein du gouvernement soudanais ou
les chefs rebelles, pondent des communiqués ou réagissent à des propositions
internationales qui arrivent au jour le jour. Alors que nous étions à Khartoum,
une conférence sur le Darfour démarrait à Paris. Il fallait en parler évidemment,
mais au bon endroit. Si nous avions abordé les interviews sur des questions
d’actualité, nous n’aurions pas pu remonter le temps avec nos interlocuteurs,
nous aurions installé un rythme qui était celui d’Al-Jazzira ou de la BBC, celui-là
même qui fait que l’interlocuteur se lève au bout de deux minutes et dit «merci
au revoir», juste après avoir fait sa déclaration…
V. C. : C’est vrai qu’il est difficile de faire un film sur un conflit qui n’est pas
encore terminé. Mais ce que nous montrons reste valide, même si l’hypothèse,
encore lointaine, d’un accord de paix, subsiste. Notre obsession était de faire
passer le message que ce qui se passe aujourd’hui au Darfour n’a rien à voir
avec la situation de 2003-2004, époque de la guerre totale. Si les gens arrivent
à comprendre cela, nous aurons gagné notre pari.
C. A. : Arrêter le film à la date de la résolution onusienne prévoyant le déploiement
de 26 000 Casques bleus au Darfour n’est pas gênant. Le film reste d’autant plus
actuel que cette crise est devenue inextricable. Trop d’occasions manquées ont
donné de mauvaises habitudes et renvoyé des signaux tout aussi mauvais aux
différents acteurs du conflit. Les 2 millions de déplacés ne reviendront pas dans
leurs villages du jour au lendemain, et je ne suis pas sûr que les belligérants
de quelque côté qu’ils se trouvent, soient de bonne foi… Le gouvernement
soudanais et les rebelles ne voient pas la même chose quand bien même
ils signeraient le même accord de paix. En ajoutant les discordances de la
communauté internationale, vous obtenez une situation pérenne dans laquelle
les parties multiplient les tactiques dilatoires. Au Darfour, les jeux sont loin d’être
faits.
Propos recueillis par Emmanuel Chicon
Thema - Darfour, la fin de l’enfer ? . Chronologie de la crise du Darfour
2003
2006
Février : deux mouvements rebelles, l’Armée
de libération du Soudan (SLA/M) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), lancent
leurs premières offensives contre des objectifs
gouvernementaux au Darfour.
25 mars : les rebelles détruisent l’aviation gouvernementale sur l’aéroport de la capitale du
Darfour-Nord El-Fasher. Les autorités soudanaises entament une répression féroce contre les
populations accusées de soutenir la rébellion.
Décembre : les pourparlers menés au Tchad
entre le gouvernement soudanais et le SLA/
M, échouent. Khartoum lance une large offensive. Les rebelles accusent les milices arabes
«jenjawids» armées par les autorités centrales
d’avoir dévasté 2 300 villages au Darfour.
25 avril : pour la première fois, le Conseil de
sécurité de l’ONU vote des sanctions financières et des restrictions sur les déplacements qui
frappent quatre dirigeants soudanais, appartenant au gouvernement, aux milices jenjawid et
aux mouvements rebelles.
5 mai : fin des négociations d’Abuja. Seule la
fraction du SLA/M dirigée par Minni Minawi signe l’accord de paix pour le Darfour. L’ex-leader rebelle devient le quatrième personnage de
l’État soudanais. Sur le terrain, les combats s’intensifient entre factions rebelles concurrentes.
2004
8 avril : signature par Khartoum et les deux
mouvements rebelles d’un accord de cessezle-feu prévoyant également l’accès à l’aide humanitaire et le désarmement des milices. Il ne
sera jamais respecté.
Août : l’Union africaine (UA) déploie 300 soldats au Darfour, effectif porté à 2 000 quelques
mois plus tard pour vérifier l’application du cessez-le-feu et protéger les civils.
Août-décembre : début des négociations entre
les deux mouvements rebelles et le gouvernement soudanais à Abuja, capitale du Nigeria.
9 septembre : le secrétaire d’État américain
Colin Powell estime qu’il y a un «génocide» en
cours au Darfour.
2007
23 février : le procureur de la CPI délivre ses
premiers mandats d’arrêt à l’encontre d’Ahmad
Harun, ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement soudanais, et d’Ali Kushyab, l’un des
commandants des Jenjawids.
31 juillet : le Conseil de sécurité vote le déploiement d’une force hybride (UA-ONU) de
26 000 hommes au Darfour à partir du début de
l’année 2008.
27 octobre : début de la conférence de Syrte
(Libye) organisée par les Nations Unies et l’UA
pour tenter de trouver une solution politique
au Darfour en présence de représentants du
gouvernement soudanais, de factions rebelles
et de membres de la société civile. Au même
moment, huit groupes rebelles qui boycottent
les pourparlers de Syrte se réunissent au sud
Soudan pour réunifier la SLA/M en proie à de
nombreuses divisions depuis 2006.
2005
31 janvier : une commission d’enquête de l’ONU
dénonce des crimes contre l’humanité commis
au Darfour, mais estime que Khartoum « n’a pas
poursuivi une politique de génocide ».
31 mars : une nouvelle résolution de l’ONU permet de traduire les auteurs d’exactions au Darfour devant la Cour pénale internationale (CPI).
1er juin : le procureur de la CPI ouvre officiellement une enquête sur les crimes commis au
Darfour.
Contact presse
Martina Bangert – 01 55 00 72 90
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Rédaction : Emmanuel Chicon
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