bériot - Chandos
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bériot - Chandos
572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3 1/6/09 5:33 PM Page 1 Charles-Auguste de Bériot (1802–1870) Musique pour violon seul • 1 Charles Auguste de Bériot naquit dans une famille d’aristocrates de la ville belge de Louvain le 20 février 1802. Devenu orphelin à l’âge de neuf ans, il étudia avec son tuteur, le violoniste Jean-François Tiby, et sur les conseils d’André Robberecht, qui lui donna quelques leçons, il partit étudier à Paris en 1821 avec Giovanni Battista Viotti ; ce dernier lui recommanda de mettre à profit ce qu’il entendrait chez les autres musiciens, mais sans en imiter aucun. Après une brève période d’études avec Pierre Baillot, autre grand violoniste de l’école française, ce fut le début de l’extraordinaire carrière de concertiste de Bériot. Il fit sensation à Londres et à Paris. Sa vie prit un tournant résolument romantique lorsqu’il rencontra María Malibran, sans doute la plus célèbre diva de tout le XIXè siècle. Fille du grand Manuel García, pour qui Rossini écrivit le rôle d’Almaviva, María Malibran avait abandonné son époux français à New York afin de poursuivre sa carrière en Europe, où son art lui valut bien des éloges. Dans le récit très romancé de la première rencontre de Bériot et de la Malibran, qui eut sans doute lieu en 1828, Madame Merle relata qu’à la fin de l’un des concerts de Bériot, “María vint à sa rencontre, pâle et les larmes aux yeux… et lui dit… ‘Je suis ravie que vous ayez si bien joué.’ ‘Merci beaucoup,’ répondit de Bériot… ‘Je suis très flatté d’avoir mérité votre estime.’ ‘Non, non, ce n’est pas ça, pas ça du tout. Ne voyez-vous pas que je vous aime ?’” Une liaison amoureuse ne tarda pas à se développer, d’abord dans le plus grand secret, María étant encore mariée. Au bout de plusieurs années d’efforts, son union avec Malibran fut annulée par les tribunaux français en 1835, et en mars 1836 Bériot et María devinrent officiellement mari et femme. A peine quelques mois plus tard, la cantatrice fut victime d’un grave accident de cheval, avec pour séquelle un hématome crânien de la taille d’un œuf. Elle continua de chanter malgré d’incessantes migraines et s’effondra en scène au cours du Festival de Manchester. Sa mort survint en l’espace de quelques jours. Après une période de deuil, Bériot retrouva les salles de concert en 1838, et en 1843, il accepta 5 un poste de professeur de violon au Conservatoire de Bruxelles, où il demeura jusqu’à sa retraite forcée en 1852 causée par sa vue défaillante ; en 1858, il était devenu complètement aveugle. Le plus célèbre élève de Bériot fut Henri Vieuxtemps, qui lui succéda au Conservatoire de Bruxelles en 1870, année de la disparition de Bériot (Vieuxtemps refusa de prendre ses fonctions avant le décès de son ancien professeur). Le baron de Trémont, amateur talentueux qui jouait souvent avec Bériot, écrivit en 1841: “J’ai entendu tous les grands violonistes français et étrangers [dont Paganini], à commencer par Viotti, et c’est Bériot que je préfère.” La musique de Bériot est aussi attrayante et romanesque que le fut l’existence du compositeur. Il rencontra le succès alors que le romantisme battait son plein, ce que reflètent ses œuvres. Ses dix concertos pour violon et la première Scène de Ballet sont sans doute ses pages les plus connues. Dans les premiers, il se montra très inventif, écrivant des concertos en un seul mouvement, ou avec des mouvements enchaînés (même si chacun des trois mouvements traditionnels est décelable dans la structure d’ensemble), ou encore en utilisant des thèmes dans plus d’un mouvement pour donner plus de cohésion à l’ouvrage – procédés assez novateurs pour l’époque. Bériot employa également bon nombre des mêmes techniques que Paganini dans ses compositions : les harmoniques, un usage généreux des doubles cordes et des ricochets. Dans ses concertos, toutefois, Bériot ne vise pas uniquement la technique pure : pour autant qu’elles réclament une immense virtuosité, toutes ses pages pour le violon s’insèrent dans le cadre des possibilités de l’instrument. Le don de communiquer est manifeste dans toute la musique de Bériot. Comme presque tous les grands virtuoses de l’époque, il était un fervent pédagogue et passait une bonne part de son temps à concevoir ses divers caprices ou études destinés à faciliter la maîtrise de l’instrument. Il écrivit une Méthode de violon en 1857 et l’Ecole transcendante du violon op. 123, entre autres 8.572267 œuvres de même nature. Le but n’était pas seulement la maîtrise technique, même si celle-ci était évidemment importante. Il s’agissait de créer un musicien accompli, aussi doué pour la communication que pour la technique. Les études et caprices de la maturité de Bériot avaient un double objectif : développer (voire déployer) la technique et constituer des œuvres d’art à part entière. C’est sans doute Chopin qui parvint le mieux à allier ainsi forme et fonction dans ses fameuses Etudes pour piano seul. Bériot, quant à lui, s’y essaya souvent avec succès, ainsi que le démontrent amplement les œuvres de ce disque. La technique et le style de Bériot finirent par former partie intégrante de l’art du violoniste. S’appuyant sur la tradition de l’école française de sa jeunesse, il ouvrit la voie à une conception moderne de la composition et de l’interprétation du violon. Le présent enregistrement débute par les 12 Scènes ou Caprices pour le Violon op. 109 de Bériot. La première pièce, La Séparation, commence par un calme largo affligé sur doubles cordes, bientôt rattrapé par une section con moto agitée. Les sections largo et con moto reviennent toutes deux conclure la pièce. La Polka est un joyeux mais paisible morceau marqué moderato, à nouveau avec doubles cordes. Le Lézard présente une ligne mélodique limpide et gracieuse sur un tempo moderato. Le Départ débute par une triste section cantabile menant à une section en doubles cordes extrêmement énergique et mouvementée. La Fougue est un tumultueux vivace con fuoco avec une section de doubles cordes à l’allure martiale. La Bannière est une pièce résolument martiale avec des coups d’archet sautillés et une conclusion pizzicato. Le Caprice est un morceau impétueux avec triolets et doubles cordes ainsi qu’une section centrale “chantante”. Saltarella est une version posée et régulière du saltarello présentant un crescendo de double corde menant à des glissandos harmoniques. La Reine débute simplement par un noble thème à 3/4 qui mène à une section d’accords en arpèges. La Marche russe commence par une marche modérée et très articulée, suivie d’une section de doubles cordes et de notes rapides régulières. La marche reparaît, et le morceau s’achève tranquillement, alternant pizzicato et arco. L’inquiétude est constituée de sections alternant adagio et allegro agitato, et ses fréquentes modulations illustrent bien son titre. La Consolation débute par une introduction de huit mesures suivie d’un thème à 6/8 très articulé. Les Neuf Etudes sont le plus pur exemple de pièces pédagogiques qui entre les mains d’un maître comme Bériot se font œuvres d’art. La première, Allegro agitato, est une étude de jeu “agité”, de doubles cordes et de gradation de phrasé. Le second, Allegro moderato, définit des contrastes marqués entre le style et les dynamiques. L’Etude No. 3, Moderato, est un brillant morceau comportant d’innombrables doubles cordes, coups d’archet, et batteries multiples. C’est ensuite la quatrième, marquée Energico, étude de ponctuation musicale – articulation, repos, glissandos, doubles cordes. Mélodie – Largo est une étude de production sonore et crée une mélodie chantante sur la corde de sol. Gulnare – Andantino est un autre morceau mélodieux, cette fois sur doubles cordes, qui s’achève par une cadence. La Marche de Bériot - Moderato est une pièce très articulée et élégante sur doubles cordes avec une section centrale dolce et l’Etude de Bériot – Allegro vivace est une étude de vitesse. L’Etude de Bériot – En imitation des vieux maîtres – Moderato est l’imitation par Bériot de l’énergie rythmique de la fugue. Le dernier morceau est Prélude ou Improvisation. Son caractère d’improvisation est établi d’emblée (aucune barre de mesure sur la majeure partie de la partition) tandis que la musique fait alterner calme et énergie, épanchements lyriques et virtuosité survoltée. Tout l’art de Bériot est déployé ici – double cordes, arpèges, glissandos, mélodies avec accompagnement pizzicato, harmoniques – , parfaite conclusion pour ce recueil. Bruce R. Schueneman Traduction de David Ylla-Somers Charles-Auguste de BÉRIOT Solo Violin Music • 1 Twelve Scenes Nine Studies Bella Hristova, Violin Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition C M Y K 6 8.572267 1/6/09 5:33 PM Page 2 Charles-Auguste de Bériot (1802–1870) Solo Violin Music • 1 Charles Auguste de Bériot was born into a noble family in the Belgian city of Louvain on 20th February 1802. Orphaned at the age of nine, he studied with his guardian, the violinist Jean-François Tiby. On the advice of André Robberechts, with whom he had some lessons, he moved in 1821 to Paris to study with Giovanni Battista Viotti, who advised him to profit by hearing other players but to imitate no one. After a brief period as a student of another great French School violinist, Pierre Baillot, Bériot began his extraordinary concert career, creating a sensation in London and Paris. His life took a decidedly romantic turn when he met María Malibran, perhaps the most famous opera diva of the nineteenth century. Daughter of the great Manuel García, for whom Rossini wrote the rôle of Almaviva, María Malibran had left her French husband in New York in order to pursue her career in Europe, where her singing won wide acclaim. In a highly romanticized account of an early meeting between Bériot and Malibran, probably in 1828, Madame Merle wrote that at the close of one of Bériot’s concerts, “María walked up to him, palefaced and with tears in her eyes … and said … ‘I am so glad you have done so well.’ ‘Thank you so much,’ said de Bériot … ‘I am very much flattered to have earned your good opinion.’ ‘No, no, that isn’t it at all, not at all. Can’t you see that I love you?’” A romantic liaison soon developed, at first well hidden since she was still married to Malibran. After years of effort her marriage to Malibran was annulled by the French courts in 1835, and in March 1836 Bériot and María officially became man and wife. María’s health was broken just several months later in a riding accident that left an egg-sized contusion on her head. She continued to sing despite continual headaches and collapsed onstage at the Manchester Festival. Within days she was dead. After a period of mourning, Bériot returned to the concert stage in 1838, and in 1843 accepted the post of violin professor at the Brussels Conservatory, where he remained until his forced retirement in 1852 due to failing eyesight; by 1858 he was totally blind. Bériot’s most 2 famous student was Henri Vieuxtemps, who succeeded him as violin professor at the Brussels Conservatory in 1870, the year of Bériot’s death (Vieuxtemps refused to occupy the post until his old professor had died). Baron de Tremont, a talented amateur who often played with Bériot, wrote in 1841: “I had heard all the great French and foreign violinists [including Paganini], beginning with Viotti, and I like Bériot the best.” Similar to the life he led, Bériot’s music is highly engaging and romantic. He flourished at the height of the romantic era, and his music reflects this. His ten violin concertos and the first Scène de Ballet are probably his best known works. In the former he was quite inventive, writing concertos with only one movement, or connected movements (one “official” movement though each of the traditional three movements is visible in the structure), or using themes in more than one movement as a unifying device – fairly new procedures for the time. Bériot also used many of the same techniques that Paganini was also using in his works: harmonics, extensive use of double stops, ricochet bowing. In his concertos, however, Bériot is not after mere technique. All of his violin writing, no matter how much it relies on a formidable technique, is very much “within” the capabilities of the violin. The ability to communicate was evident in all Bériot’s music. Like almost all of the great virtuosos of the period, he was a dedicated pedagogue and spent a great deal of time on his various studies or caprices designed to create mastery of the instrument. He wrote a Méthode de violon in 1857 and l’Ecole transcendante du violon, Op. 123, among many other similar works. The goal was not just technical mastery, though that was, of course, important. It was to create a well-rounded musician who was as good a communicator as technician. Bériot’s mature études and caprices served a dual purpose: to develop (or perhaps display) technique and to stand on their own as finished works of art. Perhaps Chopin achieved this duality of form and function best in his famous Etudes for piano solo. 8.572267 Certainly Bériot attempted, and achieved, this goal often, as the evidence of the works included here amply shows. The technique and style of Bériot eventually became part and parcel of the violinist’s trade. Building on the French School tradition of his youth, he was a door to a modern conception of violin composition and playing. The present recording begins with Bériot’s 12 Scènes ou Caprices pour le Violon, Op. 109. The first piece, La Séparation, begins with a calm sorrowful largo in double stops, which is soon overtaken by an agitated con moto section. The largo and con moto sections both return to round off the piece. La Polka is a joyful though tranquil piece in moderato tempo, again featuring double stops. Le Lézard (The Lizard) has a flowing gracious melody line in moderato tempo. Le Départ begins with a sad cantabile section leading to a double stop section of great energy and movement. La Fougue (The Spirit, The Fire) is a tumultuous vivace con fuoco with a martial-sounding section in double stops. La Bannière (The Banner) is a deliberate martial piece featuring ricochet bowing and a pizzicato ending. Le Caprice is an impetuous headlong piece using triplets and double stops as well as a central “singing” section. Saltarella is a steady measured version of the dance, featuring a double stop crescendo leading to fingered harmonics. La Reine (The Queen) begins simply with a noble theme in 3/4 time, which leads to a section of arpeggiated chords. Marche russe begins with a moderate, highly articulated march, followed by a section in double stops and steady rapid notes. The march returns, and the piece ends quietly in alternate pizzicato and arco. L’Inquiétude (Anxiety, Restlessness) consists of alternate adagio and allegro agitato sections, and well expresses anxiety by its frequent changes of key. La Consolation begins with an eight-measure introduction followed a highly articulated theme in 6/8 time. The Nine Studies are vintage Bériot study material that rises to the level of artistry in the hands of a master. Allegro agitato is a study in “agitated” playing, double stopping, and gradation of phrase. Allegro moderato delineates marked contrasts between styles and dynamics. Moderato is a brilliant piece with many double stops, styles of bowing, and multi-note runs, while Energico is a study in musical punctuation – articulation, rests, chromatic runs, and double stops. Melody – Largo is a study in tone production and the creation of singing melody on the G string; Gulnare – Andantino is another melodious piece, this time in double stops, and ending with a cadenza. Marche de Bériot Moderato is a highly articulated and stately double stopped march with a dolce middle section. Etude de Bériot – Allegro vivace is a study in speed and the series of studies ends with Etude de Bériot – In Imitation of the Old Masters – Moderato, Bériot’s imitation of the rhythmic energy of the fugue. The last piece is Prélude ou Improvisation (Prelude or Improvisation). The improvisatory character is established at the start (no bar lines for much of the score) as the music alternates between calmness and energy, lyrical output and high-powered virtuosity. All of Bériot’s art is on display – double stops, arpeggios, chromatic runs, pizzicatoaccompanied melodies, harmonics – and the piece provides a fitting close to the programme. Bella Hristova As First Prize Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition, Bella Hristova made a critically acclaimed concert tour of New Zealand. She won First Prize in the 2008-09 Young Concert Artists International Auditions and was a Laureate of the 2006 International Violin Competition of Indianapolis. She is a member of Lincoln Center’s Chamber Music Society Two. In 2009 she performs at Carnegie Hall with Cho-Liang Lin, Kyoko Takezawa, and the New York String Orchestra conducted by Jaime Laredo. She has also performed at the festivals of Marlboro, Grand Teton, Music at Angel Fire, Music@Menlo, and Ravinia’s Steans Institute. Born in Bulgaria in 1985, Bella Hristova began violin studies at the age of six. Since 1999 she has lived in the United States, studying with Stephen Shipps and later working with Ida Kavafian and Steven Tenenbom at the Curtis Institute, and Jaime Laredo at Indiana University. She plays a 1655 Nicolò Amati violin, once owned by the violinist Louis Krasner. Photo: Andrew Chiciak 572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3 Bruce R. Schueneman 3 8.572267 4 8.572267 1/6/09 5:33 PM Page 2 Charles-Auguste de Bériot (1802–1870) Solo Violin Music • 1 Charles Auguste de Bériot was born into a noble family in the Belgian city of Louvain on 20th February 1802. Orphaned at the age of nine, he studied with his guardian, the violinist Jean-François Tiby. On the advice of André Robberechts, with whom he had some lessons, he moved in 1821 to Paris to study with Giovanni Battista Viotti, who advised him to profit by hearing other players but to imitate no one. After a brief period as a student of another great French School violinist, Pierre Baillot, Bériot began his extraordinary concert career, creating a sensation in London and Paris. His life took a decidedly romantic turn when he met María Malibran, perhaps the most famous opera diva of the nineteenth century. Daughter of the great Manuel García, for whom Rossini wrote the rôle of Almaviva, María Malibran had left her French husband in New York in order to pursue her career in Europe, where her singing won wide acclaim. In a highly romanticized account of an early meeting between Bériot and Malibran, probably in 1828, Madame Merle wrote that at the close of one of Bériot’s concerts, “María walked up to him, palefaced and with tears in her eyes … and said … ‘I am so glad you have done so well.’ ‘Thank you so much,’ said de Bériot … ‘I am very much flattered to have earned your good opinion.’ ‘No, no, that isn’t it at all, not at all. Can’t you see that I love you?’” A romantic liaison soon developed, at first well hidden since she was still married to Malibran. After years of effort her marriage to Malibran was annulled by the French courts in 1835, and in March 1836 Bériot and María officially became man and wife. María’s health was broken just several months later in a riding accident that left an egg-sized contusion on her head. She continued to sing despite continual headaches and collapsed onstage at the Manchester Festival. Within days she was dead. After a period of mourning, Bériot returned to the concert stage in 1838, and in 1843 accepted the post of violin professor at the Brussels Conservatory, where he remained until his forced retirement in 1852 due to failing eyesight; by 1858 he was totally blind. Bériot’s most 2 famous student was Henri Vieuxtemps, who succeeded him as violin professor at the Brussels Conservatory in 1870, the year of Bériot’s death (Vieuxtemps refused to occupy the post until his old professor had died). Baron de Tremont, a talented amateur who often played with Bériot, wrote in 1841: “I had heard all the great French and foreign violinists [including Paganini], beginning with Viotti, and I like Bériot the best.” Similar to the life he led, Bériot’s music is highly engaging and romantic. He flourished at the height of the romantic era, and his music reflects this. His ten violin concertos and the first Scène de Ballet are probably his best known works. In the former he was quite inventive, writing concertos with only one movement, or connected movements (one “official” movement though each of the traditional three movements is visible in the structure), or using themes in more than one movement as a unifying device – fairly new procedures for the time. Bériot also used many of the same techniques that Paganini was also using in his works: harmonics, extensive use of double stops, ricochet bowing. In his concertos, however, Bériot is not after mere technique. All of his violin writing, no matter how much it relies on a formidable technique, is very much “within” the capabilities of the violin. The ability to communicate was evident in all Bériot’s music. Like almost all of the great virtuosos of the period, he was a dedicated pedagogue and spent a great deal of time on his various studies or caprices designed to create mastery of the instrument. He wrote a Méthode de violon in 1857 and l’Ecole transcendante du violon, Op. 123, among many other similar works. The goal was not just technical mastery, though that was, of course, important. It was to create a well-rounded musician who was as good a communicator as technician. Bériot’s mature études and caprices served a dual purpose: to develop (or perhaps display) technique and to stand on their own as finished works of art. Perhaps Chopin achieved this duality of form and function best in his famous Etudes for piano solo. 8.572267 Certainly Bériot attempted, and achieved, this goal often, as the evidence of the works included here amply shows. The technique and style of Bériot eventually became part and parcel of the violinist’s trade. Building on the French School tradition of his youth, he was a door to a modern conception of violin composition and playing. The present recording begins with Bériot’s 12 Scènes ou Caprices pour le Violon, Op. 109. The first piece, La Séparation, begins with a calm sorrowful largo in double stops, which is soon overtaken by an agitated con moto section. The largo and con moto sections both return to round off the piece. La Polka is a joyful though tranquil piece in moderato tempo, again featuring double stops. Le Lézard (The Lizard) has a flowing gracious melody line in moderato tempo. Le Départ begins with a sad cantabile section leading to a double stop section of great energy and movement. La Fougue (The Spirit, The Fire) is a tumultuous vivace con fuoco with a martial-sounding section in double stops. La Bannière (The Banner) is a deliberate martial piece featuring ricochet bowing and a pizzicato ending. Le Caprice is an impetuous headlong piece using triplets and double stops as well as a central “singing” section. Saltarella is a steady measured version of the dance, featuring a double stop crescendo leading to fingered harmonics. La Reine (The Queen) begins simply with a noble theme in 3/4 time, which leads to a section of arpeggiated chords. Marche russe begins with a moderate, highly articulated march, followed by a section in double stops and steady rapid notes. The march returns, and the piece ends quietly in alternate pizzicato and arco. L’Inquiétude (Anxiety, Restlessness) consists of alternate adagio and allegro agitato sections, and well expresses anxiety by its frequent changes of key. La Consolation begins with an eight-measure introduction followed a highly articulated theme in 6/8 time. The Nine Studies are vintage Bériot study material that rises to the level of artistry in the hands of a master. Allegro agitato is a study in “agitated” playing, double stopping, and gradation of phrase. Allegro moderato delineates marked contrasts between styles and dynamics. Moderato is a brilliant piece with many double stops, styles of bowing, and multi-note runs, while Energico is a study in musical punctuation – articulation, rests, chromatic runs, and double stops. Melody – Largo is a study in tone production and the creation of singing melody on the G string; Gulnare – Andantino is another melodious piece, this time in double stops, and ending with a cadenza. Marche de Bériot Moderato is a highly articulated and stately double stopped march with a dolce middle section. Etude de Bériot – Allegro vivace is a study in speed and the series of studies ends with Etude de Bériot – In Imitation of the Old Masters – Moderato, Bériot’s imitation of the rhythmic energy of the fugue. The last piece is Prélude ou Improvisation (Prelude or Improvisation). The improvisatory character is established at the start (no bar lines for much of the score) as the music alternates between calmness and energy, lyrical output and high-powered virtuosity. All of Bériot’s art is on display – double stops, arpeggios, chromatic runs, pizzicatoaccompanied melodies, harmonics – and the piece provides a fitting close to the programme. Bella Hristova As First Prize Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition, Bella Hristova made a critically acclaimed concert tour of New Zealand. She won First Prize in the 2008-09 Young Concert Artists International Auditions and was a Laureate of the 2006 International Violin Competition of Indianapolis. She is a member of Lincoln Center’s Chamber Music Society Two. In 2009 she performs at Carnegie Hall with Cho-Liang Lin, Kyoko Takezawa, and the New York String Orchestra conducted by Jaime Laredo. She has also performed at the festivals of Marlboro, Grand Teton, Music at Angel Fire, Music@Menlo, and Ravinia’s Steans Institute. Born in Bulgaria in 1985, Bella Hristova began violin studies at the age of six. Since 1999 she has lived in the United States, studying with Stephen Shipps and later working with Ida Kavafian and Steven Tenenbom at the Curtis Institute, and Jaime Laredo at Indiana University. She plays a 1655 Nicolò Amati violin, once owned by the violinist Louis Krasner. Photo: Andrew Chiciak 572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3 Bruce R. Schueneman 3 8.572267 4 8.572267 1/6/09 5:33 PM Page 2 Charles-Auguste de Bériot (1802–1870) Solo Violin Music • 1 Charles Auguste de Bériot was born into a noble family in the Belgian city of Louvain on 20th February 1802. Orphaned at the age of nine, he studied with his guardian, the violinist Jean-François Tiby. On the advice of André Robberechts, with whom he had some lessons, he moved in 1821 to Paris to study with Giovanni Battista Viotti, who advised him to profit by hearing other players but to imitate no one. After a brief period as a student of another great French School violinist, Pierre Baillot, Bériot began his extraordinary concert career, creating a sensation in London and Paris. His life took a decidedly romantic turn when he met María Malibran, perhaps the most famous opera diva of the nineteenth century. Daughter of the great Manuel García, for whom Rossini wrote the rôle of Almaviva, María Malibran had left her French husband in New York in order to pursue her career in Europe, where her singing won wide acclaim. In a highly romanticized account of an early meeting between Bériot and Malibran, probably in 1828, Madame Merle wrote that at the close of one of Bériot’s concerts, “María walked up to him, palefaced and with tears in her eyes … and said … ‘I am so glad you have done so well.’ ‘Thank you so much,’ said de Bériot … ‘I am very much flattered to have earned your good opinion.’ ‘No, no, that isn’t it at all, not at all. Can’t you see that I love you?’” A romantic liaison soon developed, at first well hidden since she was still married to Malibran. After years of effort her marriage to Malibran was annulled by the French courts in 1835, and in March 1836 Bériot and María officially became man and wife. María’s health was broken just several months later in a riding accident that left an egg-sized contusion on her head. She continued to sing despite continual headaches and collapsed onstage at the Manchester Festival. Within days she was dead. After a period of mourning, Bériot returned to the concert stage in 1838, and in 1843 accepted the post of violin professor at the Brussels Conservatory, where he remained until his forced retirement in 1852 due to failing eyesight; by 1858 he was totally blind. Bériot’s most 2 famous student was Henri Vieuxtemps, who succeeded him as violin professor at the Brussels Conservatory in 1870, the year of Bériot’s death (Vieuxtemps refused to occupy the post until his old professor had died). Baron de Tremont, a talented amateur who often played with Bériot, wrote in 1841: “I had heard all the great French and foreign violinists [including Paganini], beginning with Viotti, and I like Bériot the best.” Similar to the life he led, Bériot’s music is highly engaging and romantic. He flourished at the height of the romantic era, and his music reflects this. His ten violin concertos and the first Scène de Ballet are probably his best known works. In the former he was quite inventive, writing concertos with only one movement, or connected movements (one “official” movement though each of the traditional three movements is visible in the structure), or using themes in more than one movement as a unifying device – fairly new procedures for the time. Bériot also used many of the same techniques that Paganini was also using in his works: harmonics, extensive use of double stops, ricochet bowing. In his concertos, however, Bériot is not after mere technique. All of his violin writing, no matter how much it relies on a formidable technique, is very much “within” the capabilities of the violin. The ability to communicate was evident in all Bériot’s music. Like almost all of the great virtuosos of the period, he was a dedicated pedagogue and spent a great deal of time on his various studies or caprices designed to create mastery of the instrument. He wrote a Méthode de violon in 1857 and l’Ecole transcendante du violon, Op. 123, among many other similar works. The goal was not just technical mastery, though that was, of course, important. It was to create a well-rounded musician who was as good a communicator as technician. Bériot’s mature études and caprices served a dual purpose: to develop (or perhaps display) technique and to stand on their own as finished works of art. Perhaps Chopin achieved this duality of form and function best in his famous Etudes for piano solo. 8.572267 Certainly Bériot attempted, and achieved, this goal often, as the evidence of the works included here amply shows. The technique and style of Bériot eventually became part and parcel of the violinist’s trade. Building on the French School tradition of his youth, he was a door to a modern conception of violin composition and playing. The present recording begins with Bériot’s 12 Scènes ou Caprices pour le Violon, Op. 109. The first piece, La Séparation, begins with a calm sorrowful largo in double stops, which is soon overtaken by an agitated con moto section. The largo and con moto sections both return to round off the piece. La Polka is a joyful though tranquil piece in moderato tempo, again featuring double stops. Le Lézard (The Lizard) has a flowing gracious melody line in moderato tempo. Le Départ begins with a sad cantabile section leading to a double stop section of great energy and movement. La Fougue (The Spirit, The Fire) is a tumultuous vivace con fuoco with a martial-sounding section in double stops. La Bannière (The Banner) is a deliberate martial piece featuring ricochet bowing and a pizzicato ending. Le Caprice is an impetuous headlong piece using triplets and double stops as well as a central “singing” section. Saltarella is a steady measured version of the dance, featuring a double stop crescendo leading to fingered harmonics. La Reine (The Queen) begins simply with a noble theme in 3/4 time, which leads to a section of arpeggiated chords. Marche russe begins with a moderate, highly articulated march, followed by a section in double stops and steady rapid notes. The march returns, and the piece ends quietly in alternate pizzicato and arco. L’Inquiétude (Anxiety, Restlessness) consists of alternate adagio and allegro agitato sections, and well expresses anxiety by its frequent changes of key. La Consolation begins with an eight-measure introduction followed a highly articulated theme in 6/8 time. The Nine Studies are vintage Bériot study material that rises to the level of artistry in the hands of a master. Allegro agitato is a study in “agitated” playing, double stopping, and gradation of phrase. Allegro moderato delineates marked contrasts between styles and dynamics. Moderato is a brilliant piece with many double stops, styles of bowing, and multi-note runs, while Energico is a study in musical punctuation – articulation, rests, chromatic runs, and double stops. Melody – Largo is a study in tone production and the creation of singing melody on the G string; Gulnare – Andantino is another melodious piece, this time in double stops, and ending with a cadenza. Marche de Bériot Moderato is a highly articulated and stately double stopped march with a dolce middle section. Etude de Bériot – Allegro vivace is a study in speed and the series of studies ends with Etude de Bériot – In Imitation of the Old Masters – Moderato, Bériot’s imitation of the rhythmic energy of the fugue. The last piece is Prélude ou Improvisation (Prelude or Improvisation). The improvisatory character is established at the start (no bar lines for much of the score) as the music alternates between calmness and energy, lyrical output and high-powered virtuosity. All of Bériot’s art is on display – double stops, arpeggios, chromatic runs, pizzicatoaccompanied melodies, harmonics – and the piece provides a fitting close to the programme. Bella Hristova As First Prize Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition, Bella Hristova made a critically acclaimed concert tour of New Zealand. She won First Prize in the 2008-09 Young Concert Artists International Auditions and was a Laureate of the 2006 International Violin Competition of Indianapolis. She is a member of Lincoln Center’s Chamber Music Society Two. In 2009 she performs at Carnegie Hall with Cho-Liang Lin, Kyoko Takezawa, and the New York String Orchestra conducted by Jaime Laredo. She has also performed at the festivals of Marlboro, Grand Teton, Music at Angel Fire, Music@Menlo, and Ravinia’s Steans Institute. Born in Bulgaria in 1985, Bella Hristova began violin studies at the age of six. Since 1999 she has lived in the United States, studying with Stephen Shipps and later working with Ida Kavafian and Steven Tenenbom at the Curtis Institute, and Jaime Laredo at Indiana University. She plays a 1655 Nicolò Amati violin, once owned by the violinist Louis Krasner. Photo: Andrew Chiciak 572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3 Bruce R. Schueneman 3 8.572267 4 8.572267 572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3 1/6/09 5:33 PM Page 1 Charles-Auguste de Bériot (1802–1870) Musique pour violon seul • 1 Charles Auguste de Bériot naquit dans une famille d’aristocrates de la ville belge de Louvain le 20 février 1802. Devenu orphelin à l’âge de neuf ans, il étudia avec son tuteur, le violoniste Jean-François Tiby, et sur les conseils d’André Robberecht, qui lui donna quelques leçons, il partit étudier à Paris en 1821 avec Giovanni Battista Viotti ; ce dernier lui recommanda de mettre à profit ce qu’il entendrait chez les autres musiciens, mais sans en imiter aucun. Après une brève période d’études avec Pierre Baillot, autre grand violoniste de l’école française, ce fut le début de l’extraordinaire carrière de concertiste de Bériot. Il fit sensation à Londres et à Paris. Sa vie prit un tournant résolument romantique lorsqu’il rencontra María Malibran, sans doute la plus célèbre diva de tout le XIXè siècle. Fille du grand Manuel García, pour qui Rossini écrivit le rôle d’Almaviva, María Malibran avait abandonné son époux français à New York afin de poursuivre sa carrière en Europe, où son art lui valut bien des éloges. Dans le récit très romancé de la première rencontre de Bériot et de la Malibran, qui eut sans doute lieu en 1828, Madame Merle relata qu’à la fin de l’un des concerts de Bériot, “María vint à sa rencontre, pâle et les larmes aux yeux… et lui dit… ‘Je suis ravie que vous ayez si bien joué.’ ‘Merci beaucoup,’ répondit de Bériot… ‘Je suis très flatté d’avoir mérité votre estime.’ ‘Non, non, ce n’est pas ça, pas ça du tout. Ne voyez-vous pas que je vous aime ?’” Une liaison amoureuse ne tarda pas à se développer, d’abord dans le plus grand secret, María étant encore mariée. Au bout de plusieurs années d’efforts, son union avec Malibran fut annulée par les tribunaux français en 1835, et en mars 1836 Bériot et María devinrent officiellement mari et femme. A peine quelques mois plus tard, la cantatrice fut victime d’un grave accident de cheval, avec pour séquelle un hématome crânien de la taille d’un œuf. Elle continua de chanter malgré d’incessantes migraines et s’effondra en scène au cours du Festival de Manchester. Sa mort survint en l’espace de quelques jours. Après une période de deuil, Bériot retrouva les salles de concert en 1838, et en 1843, il accepta 5 un poste de professeur de violon au Conservatoire de Bruxelles, où il demeura jusqu’à sa retraite forcée en 1852 causée par sa vue défaillante ; en 1858, il était devenu complètement aveugle. Le plus célèbre élève de Bériot fut Henri Vieuxtemps, qui lui succéda au Conservatoire de Bruxelles en 1870, année de la disparition de Bériot (Vieuxtemps refusa de prendre ses fonctions avant le décès de son ancien professeur). Le baron de Trémont, amateur talentueux qui jouait souvent avec Bériot, écrivit en 1841: “J’ai entendu tous les grands violonistes français et étrangers [dont Paganini], à commencer par Viotti, et c’est Bériot que je préfère.” La musique de Bériot est aussi attrayante et romanesque que le fut l’existence du compositeur. Il rencontra le succès alors que le romantisme battait son plein, ce que reflètent ses œuvres. Ses dix concertos pour violon et la première Scène de Ballet sont sans doute ses pages les plus connues. Dans les premiers, il se montra très inventif, écrivant des concertos en un seul mouvement, ou avec des mouvements enchaînés (même si chacun des trois mouvements traditionnels est décelable dans la structure d’ensemble), ou encore en utilisant des thèmes dans plus d’un mouvement pour donner plus de cohésion à l’ouvrage – procédés assez novateurs pour l’époque. Bériot employa également bon nombre des mêmes techniques que Paganini dans ses compositions : les harmoniques, un usage généreux des doubles cordes et des ricochets. Dans ses concertos, toutefois, Bériot ne vise pas uniquement la technique pure : pour autant qu’elles réclament une immense virtuosité, toutes ses pages pour le violon s’insèrent dans le cadre des possibilités de l’instrument. Le don de communiquer est manifeste dans toute la musique de Bériot. Comme presque tous les grands virtuoses de l’époque, il était un fervent pédagogue et passait une bonne part de son temps à concevoir ses divers caprices ou études destinés à faciliter la maîtrise de l’instrument. Il écrivit une Méthode de violon en 1857 et l’Ecole transcendante du violon op. 123, entre autres 8.572267 œuvres de même nature. Le but n’était pas seulement la maîtrise technique, même si celle-ci était évidemment importante. Il s’agissait de créer un musicien accompli, aussi doué pour la communication que pour la technique. Les études et caprices de la maturité de Bériot avaient un double objectif : développer (voire déployer) la technique et constituer des œuvres d’art à part entière. C’est sans doute Chopin qui parvint le mieux à allier ainsi forme et fonction dans ses fameuses Etudes pour piano seul. Bériot, quant à lui, s’y essaya souvent avec succès, ainsi que le démontrent amplement les œuvres de ce disque. La technique et le style de Bériot finirent par former partie intégrante de l’art du violoniste. S’appuyant sur la tradition de l’école française de sa jeunesse, il ouvrit la voie à une conception moderne de la composition et de l’interprétation du violon. Le présent enregistrement débute par les 12 Scènes ou Caprices pour le Violon op. 109 de Bériot. La première pièce, La Séparation, commence par un calme largo affligé sur doubles cordes, bientôt rattrapé par une section con moto agitée. Les sections largo et con moto reviennent toutes deux conclure la pièce. La Polka est un joyeux mais paisible morceau marqué moderato, à nouveau avec doubles cordes. Le Lézard présente une ligne mélodique limpide et gracieuse sur un tempo moderato. Le Départ débute par une triste section cantabile menant à une section en doubles cordes extrêmement énergique et mouvementée. La Fougue est un tumultueux vivace con fuoco avec une section de doubles cordes à l’allure martiale. La Bannière est une pièce résolument martiale avec des coups d’archet sautillés et une conclusion pizzicato. Le Caprice est un morceau impétueux avec triolets et doubles cordes ainsi qu’une section centrale “chantante”. Saltarella est une version posée et régulière du saltarello présentant un crescendo de double corde menant à des glissandos harmoniques. La Reine débute simplement par un noble thème à 3/4 qui mène à une section d’accords en arpèges. La Marche russe commence par une marche modérée et très articulée, suivie d’une section de doubles cordes et de notes rapides régulières. La marche reparaît, et le morceau s’achève tranquillement, alternant pizzicato et arco. L’inquiétude est constituée de sections alternant adagio et allegro agitato, et ses fréquentes modulations illustrent bien son titre. La Consolation débute par une introduction de huit mesures suivie d’un thème à 6/8 très articulé. Les Neuf Etudes sont le plus pur exemple de pièces pédagogiques qui entre les mains d’un maître comme Bériot se font œuvres d’art. La première, Allegro agitato, est une étude de jeu “agité”, de doubles cordes et de gradation de phrasé. Le second, Allegro moderato, définit des contrastes marqués entre le style et les dynamiques. L’Etude No. 3, Moderato, est un brillant morceau comportant d’innombrables doubles cordes, coups d’archet, et batteries multiples. C’est ensuite la quatrième, marquée Energico, étude de ponctuation musicale – articulation, repos, glissandos, doubles cordes. Mélodie – Largo est une étude de production sonore et crée une mélodie chantante sur la corde de sol. Gulnare – Andantino est un autre morceau mélodieux, cette fois sur doubles cordes, qui s’achève par une cadence. La Marche de Bériot - Moderato est une pièce très articulée et élégante sur doubles cordes avec une section centrale dolce et l’Etude de Bériot – Allegro vivace est une étude de vitesse. L’Etude de Bériot – En imitation des vieux maîtres – Moderato est l’imitation par Bériot de l’énergie rythmique de la fugue. Le dernier morceau est Prélude ou Improvisation. Son caractère d’improvisation est établi d’emblée (aucune barre de mesure sur la majeure partie de la partition) tandis que la musique fait alterner calme et énergie, épanchements lyriques et virtuosité survoltée. Tout l’art de Bériot est déployé ici – double cordes, arpèges, glissandos, mélodies avec accompagnement pizzicato, harmoniques – , parfaite conclusion pour ce recueil. Bruce R. Schueneman Traduction de David Ylla-Somers Charles-Auguste de BÉRIOT Solo Violin Music • 1 Twelve Scenes Nine Studies Bella Hristova, Violin Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition C M Y K 6 8.572267 572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3 1/6/09 5:33 PM Page 1 Charles-Auguste de Bériot (1802–1870) Musique pour violon seul • 1 Charles Auguste de Bériot naquit dans une famille d’aristocrates de la ville belge de Louvain le 20 février 1802. Devenu orphelin à l’âge de neuf ans, il étudia avec son tuteur, le violoniste Jean-François Tiby, et sur les conseils d’André Robberecht, qui lui donna quelques leçons, il partit étudier à Paris en 1821 avec Giovanni Battista Viotti ; ce dernier lui recommanda de mettre à profit ce qu’il entendrait chez les autres musiciens, mais sans en imiter aucun. Après une brève période d’études avec Pierre Baillot, autre grand violoniste de l’école française, ce fut le début de l’extraordinaire carrière de concertiste de Bériot. Il fit sensation à Londres et à Paris. Sa vie prit un tournant résolument romantique lorsqu’il rencontra María Malibran, sans doute la plus célèbre diva de tout le XIXè siècle. Fille du grand Manuel García, pour qui Rossini écrivit le rôle d’Almaviva, María Malibran avait abandonné son époux français à New York afin de poursuivre sa carrière en Europe, où son art lui valut bien des éloges. Dans le récit très romancé de la première rencontre de Bériot et de la Malibran, qui eut sans doute lieu en 1828, Madame Merle relata qu’à la fin de l’un des concerts de Bériot, “María vint à sa rencontre, pâle et les larmes aux yeux… et lui dit… ‘Je suis ravie que vous ayez si bien joué.’ ‘Merci beaucoup,’ répondit de Bériot… ‘Je suis très flatté d’avoir mérité votre estime.’ ‘Non, non, ce n’est pas ça, pas ça du tout. Ne voyez-vous pas que je vous aime ?’” Une liaison amoureuse ne tarda pas à se développer, d’abord dans le plus grand secret, María étant encore mariée. Au bout de plusieurs années d’efforts, son union avec Malibran fut annulée par les tribunaux français en 1835, et en mars 1836 Bériot et María devinrent officiellement mari et femme. A peine quelques mois plus tard, la cantatrice fut victime d’un grave accident de cheval, avec pour séquelle un hématome crânien de la taille d’un œuf. Elle continua de chanter malgré d’incessantes migraines et s’effondra en scène au cours du Festival de Manchester. Sa mort survint en l’espace de quelques jours. Après une période de deuil, Bériot retrouva les salles de concert en 1838, et en 1843, il accepta 5 un poste de professeur de violon au Conservatoire de Bruxelles, où il demeura jusqu’à sa retraite forcée en 1852 causée par sa vue défaillante ; en 1858, il était devenu complètement aveugle. Le plus célèbre élève de Bériot fut Henri Vieuxtemps, qui lui succéda au Conservatoire de Bruxelles en 1870, année de la disparition de Bériot (Vieuxtemps refusa de prendre ses fonctions avant le décès de son ancien professeur). Le baron de Trémont, amateur talentueux qui jouait souvent avec Bériot, écrivit en 1841: “J’ai entendu tous les grands violonistes français et étrangers [dont Paganini], à commencer par Viotti, et c’est Bériot que je préfère.” La musique de Bériot est aussi attrayante et romanesque que le fut l’existence du compositeur. Il rencontra le succès alors que le romantisme battait son plein, ce que reflètent ses œuvres. Ses dix concertos pour violon et la première Scène de Ballet sont sans doute ses pages les plus connues. Dans les premiers, il se montra très inventif, écrivant des concertos en un seul mouvement, ou avec des mouvements enchaînés (même si chacun des trois mouvements traditionnels est décelable dans la structure d’ensemble), ou encore en utilisant des thèmes dans plus d’un mouvement pour donner plus de cohésion à l’ouvrage – procédés assez novateurs pour l’époque. Bériot employa également bon nombre des mêmes techniques que Paganini dans ses compositions : les harmoniques, un usage généreux des doubles cordes et des ricochets. Dans ses concertos, toutefois, Bériot ne vise pas uniquement la technique pure : pour autant qu’elles réclament une immense virtuosité, toutes ses pages pour le violon s’insèrent dans le cadre des possibilités de l’instrument. Le don de communiquer est manifeste dans toute la musique de Bériot. Comme presque tous les grands virtuoses de l’époque, il était un fervent pédagogue et passait une bonne part de son temps à concevoir ses divers caprices ou études destinés à faciliter la maîtrise de l’instrument. Il écrivit une Méthode de violon en 1857 et l’Ecole transcendante du violon op. 123, entre autres 8.572267 œuvres de même nature. Le but n’était pas seulement la maîtrise technique, même si celle-ci était évidemment importante. Il s’agissait de créer un musicien accompli, aussi doué pour la communication que pour la technique. Les études et caprices de la maturité de Bériot avaient un double objectif : développer (voire déployer) la technique et constituer des œuvres d’art à part entière. C’est sans doute Chopin qui parvint le mieux à allier ainsi forme et fonction dans ses fameuses Etudes pour piano seul. Bériot, quant à lui, s’y essaya souvent avec succès, ainsi que le démontrent amplement les œuvres de ce disque. La technique et le style de Bériot finirent par former partie intégrante de l’art du violoniste. S’appuyant sur la tradition de l’école française de sa jeunesse, il ouvrit la voie à une conception moderne de la composition et de l’interprétation du violon. Le présent enregistrement débute par les 12 Scènes ou Caprices pour le Violon op. 109 de Bériot. La première pièce, La Séparation, commence par un calme largo affligé sur doubles cordes, bientôt rattrapé par une section con moto agitée. Les sections largo et con moto reviennent toutes deux conclure la pièce. La Polka est un joyeux mais paisible morceau marqué moderato, à nouveau avec doubles cordes. Le Lézard présente une ligne mélodique limpide et gracieuse sur un tempo moderato. Le Départ débute par une triste section cantabile menant à une section en doubles cordes extrêmement énergique et mouvementée. La Fougue est un tumultueux vivace con fuoco avec une section de doubles cordes à l’allure martiale. La Bannière est une pièce résolument martiale avec des coups d’archet sautillés et une conclusion pizzicato. Le Caprice est un morceau impétueux avec triolets et doubles cordes ainsi qu’une section centrale “chantante”. Saltarella est une version posée et régulière du saltarello présentant un crescendo de double corde menant à des glissandos harmoniques. La Reine débute simplement par un noble thème à 3/4 qui mène à une section d’accords en arpèges. La Marche russe commence par une marche modérée et très articulée, suivie d’une section de doubles cordes et de notes rapides régulières. La marche reparaît, et le morceau s’achève tranquillement, alternant pizzicato et arco. L’inquiétude est constituée de sections alternant adagio et allegro agitato, et ses fréquentes modulations illustrent bien son titre. La Consolation débute par une introduction de huit mesures suivie d’un thème à 6/8 très articulé. Les Neuf Etudes sont le plus pur exemple de pièces pédagogiques qui entre les mains d’un maître comme Bériot se font œuvres d’art. La première, Allegro agitato, est une étude de jeu “agité”, de doubles cordes et de gradation de phrasé. Le second, Allegro moderato, définit des contrastes marqués entre le style et les dynamiques. L’Etude No. 3, Moderato, est un brillant morceau comportant d’innombrables doubles cordes, coups d’archet, et batteries multiples. C’est ensuite la quatrième, marquée Energico, étude de ponctuation musicale – articulation, repos, glissandos, doubles cordes. Mélodie – Largo est une étude de production sonore et crée une mélodie chantante sur la corde de sol. Gulnare – Andantino est un autre morceau mélodieux, cette fois sur doubles cordes, qui s’achève par une cadence. La Marche de Bériot - Moderato est une pièce très articulée et élégante sur doubles cordes avec une section centrale dolce et l’Etude de Bériot – Allegro vivace est une étude de vitesse. L’Etude de Bériot – En imitation des vieux maîtres – Moderato est l’imitation par Bériot de l’énergie rythmique de la fugue. Le dernier morceau est Prélude ou Improvisation. Son caractère d’improvisation est établi d’emblée (aucune barre de mesure sur la majeure partie de la partition) tandis que la musique fait alterner calme et énergie, épanchements lyriques et virtuosité survoltée. Tout l’art de Bériot est déployé ici – double cordes, arpèges, glissandos, mélodies avec accompagnement pizzicato, harmoniques – , parfaite conclusion pour ce recueil. Bruce R. Schueneman Traduction de David Ylla-Somers Charles-Auguste de BÉRIOT Solo Violin Music • 1 Twelve Scenes Nine Studies Bella Hristova, Violin Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition C M Y K 6 8.572267 19 TH C E N T U R Y V I O L I N I S T C O M P O S E R S NAXOS NAXOS 8.572267 Charles-Auguste de Playing Time BÉRIOT 68:02 (1802–1870) 12 Scènes ou Caprices pour le violon, Op. 109 4:43 2:22 2:19 4:12 2:50 3:10 1:53 2:13 3:37 4:04 3:58 1:58 # 1. Allegro agitato $ 2. Allegro moderato % 3. Moderato ^ 4. Energico & 5. Melody: Largo * 6. Gulnare: Andantino ( 7. March: Moderato ) 8. Allegro vivace ¡ 9. In imitation of the old masters: Moderato 20:45 1:39 2:25 2:41 4:10 1:59 1:16 2:26 1:05 2:51 ™ Prélude ou Improvisation, 9:25 Op. Post. Bella Hristova, Violin C M 8.572267 8.572267 Recorded at St John Chrysostom Church, Newmarket, Ontario, Canada, 12–15 February 2009 Producers: Bonnie Silver, Norbert Kraft • Engineer: Norbert Kraft • Editing: Norbert Kraft, Bonnie Silver Booklet notes: Bruce R. Schueneman • Research: Jonathan Frohnen Cover painting: Portrait of the composer by Chai Ben-Shan • Photo of Bella Hristova by Andrew Chiciak & 훿 2009 Naxos Rights International Ltd. Booklet notes in English • Notice en français Disc Made in Canada Printed & Assembled in USA 1 1. La Séparation 2 2. La Polka 3 3. Le Lézard 4 4. Le Départ 5 5. La Fougue 6 6. La Bannière 7 7. Le Caprice 8 8. Saltarella 9 9. La Reine 0 10. Marche russe ! 11. L’Inquiétude @ 12. La Consolation Nine Studies 37:44 BÉRIOT: Solo Violin Music • 1 DDD www.naxos.com BÉRIOT: Solo Violin Music • 1 One of the great virtuosos in the history of the violin, Charles-Auguste de Bériot was also an accomplished composer for his instrument. The compositions in which he explores the technical resources of the violin combine an understanding of the instrument with very considerable lyrical gifts. The 12 Scènes ou Caprices pour le Violon, 9 Studies and Prélude ou Improvisation for solo violin are both works of great charm and study material of the highest order, using all the resources at the command of the romantic violinist. Y K