bériot - Chandos

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Charles-Auguste de Bériot (1802–1870)
Musique pour violon seul • 1
Charles Auguste de Bériot naquit dans une famille
d’aristocrates de la ville belge de Louvain le 20 février
1802. Devenu orphelin à l’âge de neuf ans, il étudia avec son
tuteur, le violoniste Jean-François Tiby, et sur les conseils
d’André Robberecht, qui lui donna quelques leçons, il partit
étudier à Paris en 1821 avec Giovanni Battista Viotti ; ce
dernier lui recommanda de mettre à profit ce qu’il
entendrait chez les autres musiciens, mais sans en imiter
aucun. Après une brève période d’études avec Pierre Baillot,
autre grand violoniste de l’école française, ce fut le début
de l’extraordinaire carrière de concertiste de Bériot. Il fit
sensation à Londres et à Paris. Sa vie prit un tournant
résolument romantique lorsqu’il rencontra María Malibran,
sans doute la plus célèbre diva de tout le XIXè siècle. Fille
du grand Manuel García, pour qui Rossini écrivit le rôle
d’Almaviva, María Malibran avait abandonné son époux
français à New York afin de poursuivre sa carrière en
Europe, où son art lui valut bien des éloges. Dans le récit
très romancé de la première rencontre de Bériot et de la
Malibran, qui eut sans doute lieu en 1828, Madame Merle
relata qu’à la fin de l’un des concerts de Bériot, “María
vint à sa rencontre, pâle et les larmes aux yeux… et lui
dit… ‘Je suis ravie que vous ayez si bien joué.’ ‘Merci
beaucoup,’ répondit de Bériot… ‘Je suis très flatté d’avoir
mérité votre estime.’ ‘Non, non, ce n’est pas ça, pas ça du
tout. Ne voyez-vous pas que je vous aime ?’” Une liaison
amoureuse ne tarda pas à se développer, d’abord dans le
plus grand secret, María étant encore mariée. Au bout de
plusieurs années d’efforts, son union avec Malibran fut
annulée par les tribunaux français en 1835, et en mars 1836
Bériot et María devinrent officiellement mari et femme. A
peine quelques mois plus tard, la cantatrice fut victime d’un
grave accident de cheval, avec pour séquelle un hématome
crânien de la taille d’un œuf. Elle continua de chanter
malgré d’incessantes migraines et s’effondra en scène au
cours du Festival de Manchester. Sa mort survint en l’espace
de quelques jours. Après une période de deuil, Bériot
retrouva les salles de concert en 1838, et en 1843, il accepta
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un poste de professeur de violon au Conservatoire de
Bruxelles, où il demeura jusqu’à sa retraite forcée en 1852
causée par sa vue défaillante ; en 1858, il était devenu
complètement aveugle. Le plus célèbre élève de Bériot fut
Henri Vieuxtemps, qui lui succéda au Conservatoire de
Bruxelles en 1870, année de la disparition de Bériot
(Vieuxtemps refusa de prendre ses fonctions avant le décès
de son ancien professeur). Le baron de Trémont, amateur
talentueux qui jouait souvent avec Bériot, écrivit en 1841:
“J’ai entendu tous les grands violonistes français et
étrangers [dont Paganini], à commencer par Viotti, et c’est
Bériot que je préfère.”
La musique de Bériot est aussi attrayante et romanesque
que le fut l’existence du compositeur. Il rencontra le succès
alors que le romantisme battait son plein, ce que reflètent
ses œuvres. Ses dix concertos pour violon et la première
Scène de Ballet sont sans doute ses pages les plus connues.
Dans les premiers, il se montra très inventif, écrivant des
concertos en un seul mouvement, ou avec des mouvements
enchaînés (même si chacun des trois mouvements
traditionnels est décelable dans la structure d’ensemble),
ou encore en utilisant des thèmes dans plus d’un
mouvement pour donner plus de cohésion à l’ouvrage –
procédés assez novateurs pour l’époque. Bériot employa
également bon nombre des mêmes techniques que Paganini
dans ses compositions : les harmoniques, un usage généreux
des doubles cordes et des ricochets. Dans ses concertos,
toutefois, Bériot ne vise pas uniquement la technique pure :
pour autant qu’elles réclament une immense virtuosité,
toutes ses pages pour le violon s’insèrent dans le cadre des
possibilités de l’instrument.
Le don de communiquer est manifeste dans toute la
musique de Bériot. Comme presque tous les grands
virtuoses de l’époque, il était un fervent pédagogue et
passait une bonne part de son temps à concevoir ses divers
caprices ou études destinés à faciliter la maîtrise de
l’instrument. Il écrivit une Méthode de violon en 1857 et
l’Ecole transcendante du violon op. 123, entre autres
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œuvres de même nature. Le but n’était pas seulement la
maîtrise technique, même si celle-ci était évidemment
importante. Il s’agissait de créer un musicien accompli,
aussi doué pour la communication que pour la technique.
Les études et caprices de la maturité de Bériot avaient un
double objectif : développer (voire déployer) la technique
et constituer des œuvres d’art à part entière. C’est sans
doute Chopin qui parvint le mieux à allier ainsi forme et
fonction dans ses fameuses Etudes pour piano seul. Bériot,
quant à lui, s’y essaya souvent avec succès, ainsi que le
démontrent amplement les œuvres de ce disque. La
technique et le style de Bériot finirent par former partie
intégrante de l’art du violoniste. S’appuyant sur la tradition
de l’école française de sa jeunesse, il ouvrit la voie à une
conception moderne de la composition et de l’interprétation
du violon.
Le présent enregistrement débute par les 12 Scènes ou
Caprices pour le Violon op. 109 de Bériot. La première
pièce, La Séparation, commence par un calme largo affligé
sur doubles cordes, bientôt rattrapé par une section con
moto agitée. Les sections largo et con moto reviennent
toutes deux conclure la pièce. La Polka est un joyeux mais
paisible morceau marqué moderato, à nouveau avec doubles
cordes. Le Lézard présente une ligne mélodique limpide et
gracieuse sur un tempo moderato. Le Départ débute par
une triste section cantabile menant à une section en doubles
cordes extrêmement énergique et mouvementée. La Fougue
est un tumultueux vivace con fuoco avec une section de
doubles cordes à l’allure martiale. La Bannière est une pièce
résolument martiale avec des coups d’archet sautillés et
une conclusion pizzicato. Le Caprice est un morceau
impétueux avec triolets et doubles cordes ainsi qu’une
section centrale “chantante”. Saltarella est une version
posée et régulière du saltarello présentant un crescendo de
double corde menant à des glissandos harmoniques. La
Reine débute simplement par un noble thème à 3/4 qui
mène à une section d’accords en arpèges. La Marche russe
commence par une marche modérée et très articulée, suivie
d’une section de doubles cordes et de notes rapides
régulières. La marche reparaît, et le morceau s’achève
tranquillement, alternant pizzicato et arco. L’inquiétude est
constituée de sections alternant adagio et allegro agitato, et
ses fréquentes modulations illustrent bien son titre. La
Consolation débute par une introduction de huit mesures
suivie d’un thème à 6/8 très articulé.
Les Neuf Etudes sont le plus pur exemple de pièces
pédagogiques qui entre les mains d’un maître comme Bériot
se font œuvres d’art. La première, Allegro agitato, est une
étude de jeu “agité”, de doubles cordes et de gradation de
phrasé. Le second, Allegro moderato, définit des contrastes
marqués entre le style et les dynamiques. L’Etude No. 3,
Moderato, est un brillant morceau comportant
d’innombrables doubles cordes, coups d’archet, et batteries
multiples. C’est ensuite la quatrième, marquée Energico,
étude de ponctuation musicale – articulation, repos,
glissandos, doubles cordes. Mélodie – Largo est une étude
de production sonore et crée une mélodie chantante sur la
corde de sol. Gulnare – Andantino est un autre morceau
mélodieux, cette fois sur doubles cordes, qui s’achève par
une cadence. La Marche de Bériot - Moderato est une pièce
très articulée et élégante sur doubles cordes avec une section
centrale dolce et l’Etude de Bériot – Allegro vivace est une
étude de vitesse. L’Etude de Bériot – En imitation des vieux
maîtres – Moderato est l’imitation par Bériot de l’énergie
rythmique de la fugue.
Le dernier morceau est Prélude ou Improvisation. Son
caractère d’improvisation est établi d’emblée (aucune barre
de mesure sur la majeure partie de la partition) tandis que
la musique fait alterner calme et énergie, épanchements
lyriques et virtuosité survoltée. Tout l’art de Bériot est
déployé ici – double cordes, arpèges, glissandos, mélodies
avec accompagnement pizzicato, harmoniques – , parfaite
conclusion pour ce recueil.
Bruce R. Schueneman
Traduction de David Ylla-Somers
Charles-Auguste de
BÉRIOT
Solo Violin
Music • 1
Twelve Scenes
Nine Studies
Bella Hristova,
Violin
Winner of the
2007 Michael Hill
International Violin
Competition
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Charles-Auguste de Bériot (1802–1870)
Solo Violin Music • 1
Charles Auguste de Bériot was born into a noble family in
the Belgian city of Louvain on 20th February 1802.
Orphaned at the age of nine, he studied with his guardian,
the violinist Jean-François Tiby. On the advice of André
Robberechts, with whom he had some lessons, he moved
in 1821 to Paris to study with Giovanni Battista Viotti, who
advised him to profit by hearing other players but to imitate
no one. After a brief period as a student of another great
French School violinist, Pierre Baillot, Bériot began his
extraordinary concert career, creating a sensation in
London and Paris. His life took a decidedly romantic turn
when he met María Malibran, perhaps the most famous
opera diva of the nineteenth century. Daughter of the great
Manuel García, for whom Rossini wrote the rôle of
Almaviva, María Malibran had left her French husband in
New York in order to pursue her career in Europe, where
her singing won wide acclaim. In a highly romanticized
account of an early meeting between Bériot and Malibran,
probably in 1828, Madame Merle wrote that at the close of
one of Bériot’s concerts, “María walked up to him, palefaced and with tears in her eyes … and said … ‘I am so
glad you have done so well.’ ‘Thank you so much,’ said de
Bériot … ‘I am very much flattered to have earned your
good opinion.’ ‘No, no, that isn’t it at all, not at all. Can’t
you see that I love you?’” A romantic liaison soon
developed, at first well hidden since she was still married
to Malibran. After years of effort her marriage to Malibran
was annulled by the French courts in 1835, and in March
1836 Bériot and María officially became man and wife.
María’s health was broken just several months later in a
riding accident that left an egg-sized contusion on her head.
She continued to sing despite continual headaches and
collapsed onstage at the Manchester Festival. Within days
she was dead. After a period of mourning, Bériot returned
to the concert stage in 1838, and in 1843 accepted the post
of violin professor at the Brussels Conservatory, where he
remained until his forced retirement in 1852 due to failing
eyesight; by 1858 he was totally blind. Bériot’s most
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famous student was Henri Vieuxtemps, who succeeded
him as violin professor at the Brussels Conservatory in
1870, the year of Bériot’s death (Vieuxtemps refused to
occupy the post until his old professor had died). Baron de
Tremont, a talented amateur who often played with Bériot,
wrote in 1841: “I had heard all the great French and foreign
violinists [including Paganini], beginning with Viotti, and
I like Bériot the best.”
Similar to the life he led, Bériot’s music is highly
engaging and romantic. He flourished at the height of the
romantic era, and his music reflects this. His ten violin
concertos and the first Scène de Ballet are probably his
best known works. In the former he was quite inventive,
writing concertos with only one movement, or connected
movements (one “official” movement though each of the
traditional three movements is visible in the structure), or
using themes in more than one movement as a unifying
device – fairly new procedures for the time. Bériot also
used many of the same techniques that Paganini was also
using in his works: harmonics, extensive use of double
stops, ricochet bowing. In his concertos, however, Bériot
is not after mere technique. All of his violin writing, no
matter how much it relies on a formidable technique, is
very much “within” the capabilities of the violin.
The ability to communicate was evident in all Bériot’s
music. Like almost all of the great virtuosos of the period,
he was a dedicated pedagogue and spent a great deal of
time on his various studies or caprices designed to create
mastery of the instrument. He wrote a Méthode de violon
in 1857 and l’Ecole transcendante du violon, Op. 123,
among many other similar works. The goal was not just
technical mastery, though that was, of course, important.
It was to create a well-rounded musician who was as good
a communicator as technician. Bériot’s mature études and
caprices served a dual purpose: to develop (or perhaps
display) technique and to stand on their own as finished
works of art. Perhaps Chopin achieved this duality of form
and function best in his famous Etudes for piano solo.
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Certainly Bériot attempted, and achieved, this goal often, as
the evidence of the works included here amply shows. The
technique and style of Bériot eventually became part and
parcel of the violinist’s trade. Building on the French School
tradition of his youth, he was a door to a modern conception
of violin composition and playing.
The present recording begins with Bériot’s 12 Scènes
ou Caprices pour le Violon, Op. 109. The first piece, La
Séparation, begins with a calm sorrowful largo in double
stops, which is soon overtaken by an agitated con moto
section. The largo and con moto sections both return to
round off the piece. La Polka is a joyful though tranquil
piece in moderato tempo, again featuring double stops. Le
Lézard (The Lizard) has a flowing gracious melody line in
moderato tempo. Le Départ begins with a sad cantabile
section leading to a double stop section of great energy and
movement. La Fougue (The Spirit, The Fire) is a tumultuous
vivace con fuoco with a martial-sounding section in double
stops. La Bannière (The Banner) is a deliberate martial
piece featuring ricochet bowing and a pizzicato ending. Le
Caprice is an impetuous headlong piece using triplets and
double stops as well as a central “singing” section.
Saltarella is a steady measured version of the dance,
featuring a double stop crescendo leading to fingered
harmonics. La Reine (The Queen) begins simply with a
noble theme in 3/4 time, which leads to a section of
arpeggiated chords. Marche russe begins with a moderate,
highly articulated march, followed by a section in double
stops and steady rapid notes. The march returns, and the
piece ends quietly in alternate pizzicato and arco.
L’Inquiétude (Anxiety, Restlessness) consists of alternate
adagio and allegro agitato sections, and well expresses
anxiety by its frequent changes of key. La Consolation
begins with an eight-measure introduction followed a highly
articulated theme in 6/8 time.
The Nine Studies are vintage Bériot study material that
rises to the level of artistry in the hands of a master. Allegro
agitato is a study in “agitated” playing, double stopping, and
gradation of phrase. Allegro moderato delineates marked
contrasts between styles and dynamics. Moderato is a
brilliant piece with many double stops, styles of bowing,
and multi-note runs, while Energico is a study in musical
punctuation – articulation, rests, chromatic runs, and double
stops. Melody – Largo is a study in tone production and
the creation of singing melody on the G string; Gulnare –
Andantino is another melodious piece, this time in double
stops, and ending with a cadenza. Marche de Bériot Moderato is a highly articulated and stately double stopped
march with a dolce middle section. Etude de Bériot –
Allegro vivace is a study in speed and the series of studies
ends with Etude de Bériot – In Imitation of the Old Masters
– Moderato, Bériot’s imitation of the rhythmic energy of the
fugue.
The last piece is Prélude ou Improvisation (Prelude or
Improvisation). The improvisatory character is established
at the start (no bar lines for much of the score) as the music
alternates between calmness and energy, lyrical output and
high-powered virtuosity. All of Bériot’s art is on display –
double stops, arpeggios, chromatic runs, pizzicatoaccompanied melodies, harmonics – and the piece provides
a fitting close to the programme.
Bella Hristova
As First Prize Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition, Bella Hristova made a critically
acclaimed concert tour of New Zealand. She won First Prize in the 2008-09 Young Concert Artists International
Auditions and was a Laureate of the 2006 International Violin Competition of Indianapolis. She is a member of
Lincoln Center’s Chamber Music Society Two. In 2009 she performs at Carnegie Hall with Cho-Liang Lin, Kyoko
Takezawa, and the New York String Orchestra conducted by Jaime Laredo. She has also performed at the festivals of
Marlboro, Grand Teton, Music at Angel Fire, Music@Menlo, and Ravinia’s Steans Institute. Born in Bulgaria in
1985, Bella Hristova began violin studies at the age of six. Since 1999 she has lived in the United States, studying
with Stephen Shipps and later working with Ida Kavafian and Steven Tenenbom at the Curtis Institute, and Jaime Laredo
at Indiana University. She plays a 1655 Nicolò Amati violin, once owned by the violinist Louis Krasner.
Photo: Andrew Chiciak
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Bruce R. Schueneman
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Charles-Auguste de Bériot (1802–1870)
Solo Violin Music • 1
Charles Auguste de Bériot was born into a noble family in
the Belgian city of Louvain on 20th February 1802.
Orphaned at the age of nine, he studied with his guardian,
the violinist Jean-François Tiby. On the advice of André
Robberechts, with whom he had some lessons, he moved
in 1821 to Paris to study with Giovanni Battista Viotti, who
advised him to profit by hearing other players but to imitate
no one. After a brief period as a student of another great
French School violinist, Pierre Baillot, Bériot began his
extraordinary concert career, creating a sensation in
London and Paris. His life took a decidedly romantic turn
when he met María Malibran, perhaps the most famous
opera diva of the nineteenth century. Daughter of the great
Manuel García, for whom Rossini wrote the rôle of
Almaviva, María Malibran had left her French husband in
New York in order to pursue her career in Europe, where
her singing won wide acclaim. In a highly romanticized
account of an early meeting between Bériot and Malibran,
probably in 1828, Madame Merle wrote that at the close of
one of Bériot’s concerts, “María walked up to him, palefaced and with tears in her eyes … and said … ‘I am so
glad you have done so well.’ ‘Thank you so much,’ said de
Bériot … ‘I am very much flattered to have earned your
good opinion.’ ‘No, no, that isn’t it at all, not at all. Can’t
you see that I love you?’” A romantic liaison soon
developed, at first well hidden since she was still married
to Malibran. After years of effort her marriage to Malibran
was annulled by the French courts in 1835, and in March
1836 Bériot and María officially became man and wife.
María’s health was broken just several months later in a
riding accident that left an egg-sized contusion on her head.
She continued to sing despite continual headaches and
collapsed onstage at the Manchester Festival. Within days
she was dead. After a period of mourning, Bériot returned
to the concert stage in 1838, and in 1843 accepted the post
of violin professor at the Brussels Conservatory, where he
remained until his forced retirement in 1852 due to failing
eyesight; by 1858 he was totally blind. Bériot’s most
2
famous student was Henri Vieuxtemps, who succeeded
him as violin professor at the Brussels Conservatory in
1870, the year of Bériot’s death (Vieuxtemps refused to
occupy the post until his old professor had died). Baron de
Tremont, a talented amateur who often played with Bériot,
wrote in 1841: “I had heard all the great French and foreign
violinists [including Paganini], beginning with Viotti, and
I like Bériot the best.”
Similar to the life he led, Bériot’s music is highly
engaging and romantic. He flourished at the height of the
romantic era, and his music reflects this. His ten violin
concertos and the first Scène de Ballet are probably his
best known works. In the former he was quite inventive,
writing concertos with only one movement, or connected
movements (one “official” movement though each of the
traditional three movements is visible in the structure), or
using themes in more than one movement as a unifying
device – fairly new procedures for the time. Bériot also
used many of the same techniques that Paganini was also
using in his works: harmonics, extensive use of double
stops, ricochet bowing. In his concertos, however, Bériot
is not after mere technique. All of his violin writing, no
matter how much it relies on a formidable technique, is
very much “within” the capabilities of the violin.
The ability to communicate was evident in all Bériot’s
music. Like almost all of the great virtuosos of the period,
he was a dedicated pedagogue and spent a great deal of
time on his various studies or caprices designed to create
mastery of the instrument. He wrote a Méthode de violon
in 1857 and l’Ecole transcendante du violon, Op. 123,
among many other similar works. The goal was not just
technical mastery, though that was, of course, important.
It was to create a well-rounded musician who was as good
a communicator as technician. Bériot’s mature études and
caprices served a dual purpose: to develop (or perhaps
display) technique and to stand on their own as finished
works of art. Perhaps Chopin achieved this duality of form
and function best in his famous Etudes for piano solo.
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Certainly Bériot attempted, and achieved, this goal often, as
the evidence of the works included here amply shows. The
technique and style of Bériot eventually became part and
parcel of the violinist’s trade. Building on the French School
tradition of his youth, he was a door to a modern conception
of violin composition and playing.
The present recording begins with Bériot’s 12 Scènes
ou Caprices pour le Violon, Op. 109. The first piece, La
Séparation, begins with a calm sorrowful largo in double
stops, which is soon overtaken by an agitated con moto
section. The largo and con moto sections both return to
round off the piece. La Polka is a joyful though tranquil
piece in moderato tempo, again featuring double stops. Le
Lézard (The Lizard) has a flowing gracious melody line in
moderato tempo. Le Départ begins with a sad cantabile
section leading to a double stop section of great energy and
movement. La Fougue (The Spirit, The Fire) is a tumultuous
vivace con fuoco with a martial-sounding section in double
stops. La Bannière (The Banner) is a deliberate martial
piece featuring ricochet bowing and a pizzicato ending. Le
Caprice is an impetuous headlong piece using triplets and
double stops as well as a central “singing” section.
Saltarella is a steady measured version of the dance,
featuring a double stop crescendo leading to fingered
harmonics. La Reine (The Queen) begins simply with a
noble theme in 3/4 time, which leads to a section of
arpeggiated chords. Marche russe begins with a moderate,
highly articulated march, followed by a section in double
stops and steady rapid notes. The march returns, and the
piece ends quietly in alternate pizzicato and arco.
L’Inquiétude (Anxiety, Restlessness) consists of alternate
adagio and allegro agitato sections, and well expresses
anxiety by its frequent changes of key. La Consolation
begins with an eight-measure introduction followed a highly
articulated theme in 6/8 time.
The Nine Studies are vintage Bériot study material that
rises to the level of artistry in the hands of a master. Allegro
agitato is a study in “agitated” playing, double stopping, and
gradation of phrase. Allegro moderato delineates marked
contrasts between styles and dynamics. Moderato is a
brilliant piece with many double stops, styles of bowing,
and multi-note runs, while Energico is a study in musical
punctuation – articulation, rests, chromatic runs, and double
stops. Melody – Largo is a study in tone production and
the creation of singing melody on the G string; Gulnare –
Andantino is another melodious piece, this time in double
stops, and ending with a cadenza. Marche de Bériot Moderato is a highly articulated and stately double stopped
march with a dolce middle section. Etude de Bériot –
Allegro vivace is a study in speed and the series of studies
ends with Etude de Bériot – In Imitation of the Old Masters
– Moderato, Bériot’s imitation of the rhythmic energy of the
fugue.
The last piece is Prélude ou Improvisation (Prelude or
Improvisation). The improvisatory character is established
at the start (no bar lines for much of the score) as the music
alternates between calmness and energy, lyrical output and
high-powered virtuosity. All of Bériot’s art is on display –
double stops, arpeggios, chromatic runs, pizzicatoaccompanied melodies, harmonics – and the piece provides
a fitting close to the programme.
Bella Hristova
As First Prize Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition, Bella Hristova made a critically
acclaimed concert tour of New Zealand. She won First Prize in the 2008-09 Young Concert Artists International
Auditions and was a Laureate of the 2006 International Violin Competition of Indianapolis. She is a member of
Lincoln Center’s Chamber Music Society Two. In 2009 she performs at Carnegie Hall with Cho-Liang Lin, Kyoko
Takezawa, and the New York String Orchestra conducted by Jaime Laredo. She has also performed at the festivals of
Marlboro, Grand Teton, Music at Angel Fire, Music@Menlo, and Ravinia’s Steans Institute. Born in Bulgaria in
1985, Bella Hristova began violin studies at the age of six. Since 1999 she has lived in the United States, studying
with Stephen Shipps and later working with Ida Kavafian and Steven Tenenbom at the Curtis Institute, and Jaime Laredo
at Indiana University. She plays a 1655 Nicolò Amati violin, once owned by the violinist Louis Krasner.
Photo: Andrew Chiciak
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Bruce R. Schueneman
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Charles-Auguste de Bériot (1802–1870)
Solo Violin Music • 1
Charles Auguste de Bériot was born into a noble family in
the Belgian city of Louvain on 20th February 1802.
Orphaned at the age of nine, he studied with his guardian,
the violinist Jean-François Tiby. On the advice of André
Robberechts, with whom he had some lessons, he moved
in 1821 to Paris to study with Giovanni Battista Viotti, who
advised him to profit by hearing other players but to imitate
no one. After a brief period as a student of another great
French School violinist, Pierre Baillot, Bériot began his
extraordinary concert career, creating a sensation in
London and Paris. His life took a decidedly romantic turn
when he met María Malibran, perhaps the most famous
opera diva of the nineteenth century. Daughter of the great
Manuel García, for whom Rossini wrote the rôle of
Almaviva, María Malibran had left her French husband in
New York in order to pursue her career in Europe, where
her singing won wide acclaim. In a highly romanticized
account of an early meeting between Bériot and Malibran,
probably in 1828, Madame Merle wrote that at the close of
one of Bériot’s concerts, “María walked up to him, palefaced and with tears in her eyes … and said … ‘I am so
glad you have done so well.’ ‘Thank you so much,’ said de
Bériot … ‘I am very much flattered to have earned your
good opinion.’ ‘No, no, that isn’t it at all, not at all. Can’t
you see that I love you?’” A romantic liaison soon
developed, at first well hidden since she was still married
to Malibran. After years of effort her marriage to Malibran
was annulled by the French courts in 1835, and in March
1836 Bériot and María officially became man and wife.
María’s health was broken just several months later in a
riding accident that left an egg-sized contusion on her head.
She continued to sing despite continual headaches and
collapsed onstage at the Manchester Festival. Within days
she was dead. After a period of mourning, Bériot returned
to the concert stage in 1838, and in 1843 accepted the post
of violin professor at the Brussels Conservatory, where he
remained until his forced retirement in 1852 due to failing
eyesight; by 1858 he was totally blind. Bériot’s most
2
famous student was Henri Vieuxtemps, who succeeded
him as violin professor at the Brussels Conservatory in
1870, the year of Bériot’s death (Vieuxtemps refused to
occupy the post until his old professor had died). Baron de
Tremont, a talented amateur who often played with Bériot,
wrote in 1841: “I had heard all the great French and foreign
violinists [including Paganini], beginning with Viotti, and
I like Bériot the best.”
Similar to the life he led, Bériot’s music is highly
engaging and romantic. He flourished at the height of the
romantic era, and his music reflects this. His ten violin
concertos and the first Scène de Ballet are probably his
best known works. In the former he was quite inventive,
writing concertos with only one movement, or connected
movements (one “official” movement though each of the
traditional three movements is visible in the structure), or
using themes in more than one movement as a unifying
device – fairly new procedures for the time. Bériot also
used many of the same techniques that Paganini was also
using in his works: harmonics, extensive use of double
stops, ricochet bowing. In his concertos, however, Bériot
is not after mere technique. All of his violin writing, no
matter how much it relies on a formidable technique, is
very much “within” the capabilities of the violin.
The ability to communicate was evident in all Bériot’s
music. Like almost all of the great virtuosos of the period,
he was a dedicated pedagogue and spent a great deal of
time on his various studies or caprices designed to create
mastery of the instrument. He wrote a Méthode de violon
in 1857 and l’Ecole transcendante du violon, Op. 123,
among many other similar works. The goal was not just
technical mastery, though that was, of course, important.
It was to create a well-rounded musician who was as good
a communicator as technician. Bériot’s mature études and
caprices served a dual purpose: to develop (or perhaps
display) technique and to stand on their own as finished
works of art. Perhaps Chopin achieved this duality of form
and function best in his famous Etudes for piano solo.
8.572267
Certainly Bériot attempted, and achieved, this goal often, as
the evidence of the works included here amply shows. The
technique and style of Bériot eventually became part and
parcel of the violinist’s trade. Building on the French School
tradition of his youth, he was a door to a modern conception
of violin composition and playing.
The present recording begins with Bériot’s 12 Scènes
ou Caprices pour le Violon, Op. 109. The first piece, La
Séparation, begins with a calm sorrowful largo in double
stops, which is soon overtaken by an agitated con moto
section. The largo and con moto sections both return to
round off the piece. La Polka is a joyful though tranquil
piece in moderato tempo, again featuring double stops. Le
Lézard (The Lizard) has a flowing gracious melody line in
moderato tempo. Le Départ begins with a sad cantabile
section leading to a double stop section of great energy and
movement. La Fougue (The Spirit, The Fire) is a tumultuous
vivace con fuoco with a martial-sounding section in double
stops. La Bannière (The Banner) is a deliberate martial
piece featuring ricochet bowing and a pizzicato ending. Le
Caprice is an impetuous headlong piece using triplets and
double stops as well as a central “singing” section.
Saltarella is a steady measured version of the dance,
featuring a double stop crescendo leading to fingered
harmonics. La Reine (The Queen) begins simply with a
noble theme in 3/4 time, which leads to a section of
arpeggiated chords. Marche russe begins with a moderate,
highly articulated march, followed by a section in double
stops and steady rapid notes. The march returns, and the
piece ends quietly in alternate pizzicato and arco.
L’Inquiétude (Anxiety, Restlessness) consists of alternate
adagio and allegro agitato sections, and well expresses
anxiety by its frequent changes of key. La Consolation
begins with an eight-measure introduction followed a highly
articulated theme in 6/8 time.
The Nine Studies are vintage Bériot study material that
rises to the level of artistry in the hands of a master. Allegro
agitato is a study in “agitated” playing, double stopping, and
gradation of phrase. Allegro moderato delineates marked
contrasts between styles and dynamics. Moderato is a
brilliant piece with many double stops, styles of bowing,
and multi-note runs, while Energico is a study in musical
punctuation – articulation, rests, chromatic runs, and double
stops. Melody – Largo is a study in tone production and
the creation of singing melody on the G string; Gulnare –
Andantino is another melodious piece, this time in double
stops, and ending with a cadenza. Marche de Bériot Moderato is a highly articulated and stately double stopped
march with a dolce middle section. Etude de Bériot –
Allegro vivace is a study in speed and the series of studies
ends with Etude de Bériot – In Imitation of the Old Masters
– Moderato, Bériot’s imitation of the rhythmic energy of the
fugue.
The last piece is Prélude ou Improvisation (Prelude or
Improvisation). The improvisatory character is established
at the start (no bar lines for much of the score) as the music
alternates between calmness and energy, lyrical output and
high-powered virtuosity. All of Bériot’s art is on display –
double stops, arpeggios, chromatic runs, pizzicatoaccompanied melodies, harmonics – and the piece provides
a fitting close to the programme.
Bella Hristova
As First Prize Winner of the 2007 Michael Hill International Violin Competition, Bella Hristova made a critically
acclaimed concert tour of New Zealand. She won First Prize in the 2008-09 Young Concert Artists International
Auditions and was a Laureate of the 2006 International Violin Competition of Indianapolis. She is a member of
Lincoln Center’s Chamber Music Society Two. In 2009 she performs at Carnegie Hall with Cho-Liang Lin, Kyoko
Takezawa, and the New York String Orchestra conducted by Jaime Laredo. She has also performed at the festivals of
Marlboro, Grand Teton, Music at Angel Fire, Music@Menlo, and Ravinia’s Steans Institute. Born in Bulgaria in
1985, Bella Hristova began violin studies at the age of six. Since 1999 she has lived in the United States, studying
with Stephen Shipps and later working with Ida Kavafian and Steven Tenenbom at the Curtis Institute, and Jaime Laredo
at Indiana University. She plays a 1655 Nicolò Amati violin, once owned by the violinist Louis Krasner.
Photo: Andrew Chiciak
572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3
Bruce R. Schueneman
3
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Charles-Auguste de Bériot (1802–1870)
Musique pour violon seul • 1
Charles Auguste de Bériot naquit dans une famille
d’aristocrates de la ville belge de Louvain le 20 février
1802. Devenu orphelin à l’âge de neuf ans, il étudia avec son
tuteur, le violoniste Jean-François Tiby, et sur les conseils
d’André Robberecht, qui lui donna quelques leçons, il partit
étudier à Paris en 1821 avec Giovanni Battista Viotti ; ce
dernier lui recommanda de mettre à profit ce qu’il
entendrait chez les autres musiciens, mais sans en imiter
aucun. Après une brève période d’études avec Pierre Baillot,
autre grand violoniste de l’école française, ce fut le début
de l’extraordinaire carrière de concertiste de Bériot. Il fit
sensation à Londres et à Paris. Sa vie prit un tournant
résolument romantique lorsqu’il rencontra María Malibran,
sans doute la plus célèbre diva de tout le XIXè siècle. Fille
du grand Manuel García, pour qui Rossini écrivit le rôle
d’Almaviva, María Malibran avait abandonné son époux
français à New York afin de poursuivre sa carrière en
Europe, où son art lui valut bien des éloges. Dans le récit
très romancé de la première rencontre de Bériot et de la
Malibran, qui eut sans doute lieu en 1828, Madame Merle
relata qu’à la fin de l’un des concerts de Bériot, “María
vint à sa rencontre, pâle et les larmes aux yeux… et lui
dit… ‘Je suis ravie que vous ayez si bien joué.’ ‘Merci
beaucoup,’ répondit de Bériot… ‘Je suis très flatté d’avoir
mérité votre estime.’ ‘Non, non, ce n’est pas ça, pas ça du
tout. Ne voyez-vous pas que je vous aime ?’” Une liaison
amoureuse ne tarda pas à se développer, d’abord dans le
plus grand secret, María étant encore mariée. Au bout de
plusieurs années d’efforts, son union avec Malibran fut
annulée par les tribunaux français en 1835, et en mars 1836
Bériot et María devinrent officiellement mari et femme. A
peine quelques mois plus tard, la cantatrice fut victime d’un
grave accident de cheval, avec pour séquelle un hématome
crânien de la taille d’un œuf. Elle continua de chanter
malgré d’incessantes migraines et s’effondra en scène au
cours du Festival de Manchester. Sa mort survint en l’espace
de quelques jours. Après une période de deuil, Bériot
retrouva les salles de concert en 1838, et en 1843, il accepta
5
un poste de professeur de violon au Conservatoire de
Bruxelles, où il demeura jusqu’à sa retraite forcée en 1852
causée par sa vue défaillante ; en 1858, il était devenu
complètement aveugle. Le plus célèbre élève de Bériot fut
Henri Vieuxtemps, qui lui succéda au Conservatoire de
Bruxelles en 1870, année de la disparition de Bériot
(Vieuxtemps refusa de prendre ses fonctions avant le décès
de son ancien professeur). Le baron de Trémont, amateur
talentueux qui jouait souvent avec Bériot, écrivit en 1841:
“J’ai entendu tous les grands violonistes français et
étrangers [dont Paganini], à commencer par Viotti, et c’est
Bériot que je préfère.”
La musique de Bériot est aussi attrayante et romanesque
que le fut l’existence du compositeur. Il rencontra le succès
alors que le romantisme battait son plein, ce que reflètent
ses œuvres. Ses dix concertos pour violon et la première
Scène de Ballet sont sans doute ses pages les plus connues.
Dans les premiers, il se montra très inventif, écrivant des
concertos en un seul mouvement, ou avec des mouvements
enchaînés (même si chacun des trois mouvements
traditionnels est décelable dans la structure d’ensemble),
ou encore en utilisant des thèmes dans plus d’un
mouvement pour donner plus de cohésion à l’ouvrage –
procédés assez novateurs pour l’époque. Bériot employa
également bon nombre des mêmes techniques que Paganini
dans ses compositions : les harmoniques, un usage généreux
des doubles cordes et des ricochets. Dans ses concertos,
toutefois, Bériot ne vise pas uniquement la technique pure :
pour autant qu’elles réclament une immense virtuosité,
toutes ses pages pour le violon s’insèrent dans le cadre des
possibilités de l’instrument.
Le don de communiquer est manifeste dans toute la
musique de Bériot. Comme presque tous les grands
virtuoses de l’époque, il était un fervent pédagogue et
passait une bonne part de son temps à concevoir ses divers
caprices ou études destinés à faciliter la maîtrise de
l’instrument. Il écrivit une Méthode de violon en 1857 et
l’Ecole transcendante du violon op. 123, entre autres
8.572267
œuvres de même nature. Le but n’était pas seulement la
maîtrise technique, même si celle-ci était évidemment
importante. Il s’agissait de créer un musicien accompli,
aussi doué pour la communication que pour la technique.
Les études et caprices de la maturité de Bériot avaient un
double objectif : développer (voire déployer) la technique
et constituer des œuvres d’art à part entière. C’est sans
doute Chopin qui parvint le mieux à allier ainsi forme et
fonction dans ses fameuses Etudes pour piano seul. Bériot,
quant à lui, s’y essaya souvent avec succès, ainsi que le
démontrent amplement les œuvres de ce disque. La
technique et le style de Bériot finirent par former partie
intégrante de l’art du violoniste. S’appuyant sur la tradition
de l’école française de sa jeunesse, il ouvrit la voie à une
conception moderne de la composition et de l’interprétation
du violon.
Le présent enregistrement débute par les 12 Scènes ou
Caprices pour le Violon op. 109 de Bériot. La première
pièce, La Séparation, commence par un calme largo affligé
sur doubles cordes, bientôt rattrapé par une section con
moto agitée. Les sections largo et con moto reviennent
toutes deux conclure la pièce. La Polka est un joyeux mais
paisible morceau marqué moderato, à nouveau avec doubles
cordes. Le Lézard présente une ligne mélodique limpide et
gracieuse sur un tempo moderato. Le Départ débute par
une triste section cantabile menant à une section en doubles
cordes extrêmement énergique et mouvementée. La Fougue
est un tumultueux vivace con fuoco avec une section de
doubles cordes à l’allure martiale. La Bannière est une pièce
résolument martiale avec des coups d’archet sautillés et
une conclusion pizzicato. Le Caprice est un morceau
impétueux avec triolets et doubles cordes ainsi qu’une
section centrale “chantante”. Saltarella est une version
posée et régulière du saltarello présentant un crescendo de
double corde menant à des glissandos harmoniques. La
Reine débute simplement par un noble thème à 3/4 qui
mène à une section d’accords en arpèges. La Marche russe
commence par une marche modérée et très articulée, suivie
d’une section de doubles cordes et de notes rapides
régulières. La marche reparaît, et le morceau s’achève
tranquillement, alternant pizzicato et arco. L’inquiétude est
constituée de sections alternant adagio et allegro agitato, et
ses fréquentes modulations illustrent bien son titre. La
Consolation débute par une introduction de huit mesures
suivie d’un thème à 6/8 très articulé.
Les Neuf Etudes sont le plus pur exemple de pièces
pédagogiques qui entre les mains d’un maître comme Bériot
se font œuvres d’art. La première, Allegro agitato, est une
étude de jeu “agité”, de doubles cordes et de gradation de
phrasé. Le second, Allegro moderato, définit des contrastes
marqués entre le style et les dynamiques. L’Etude No. 3,
Moderato, est un brillant morceau comportant
d’innombrables doubles cordes, coups d’archet, et batteries
multiples. C’est ensuite la quatrième, marquée Energico,
étude de ponctuation musicale – articulation, repos,
glissandos, doubles cordes. Mélodie – Largo est une étude
de production sonore et crée une mélodie chantante sur la
corde de sol. Gulnare – Andantino est un autre morceau
mélodieux, cette fois sur doubles cordes, qui s’achève par
une cadence. La Marche de Bériot - Moderato est une pièce
très articulée et élégante sur doubles cordes avec une section
centrale dolce et l’Etude de Bériot – Allegro vivace est une
étude de vitesse. L’Etude de Bériot – En imitation des vieux
maîtres – Moderato est l’imitation par Bériot de l’énergie
rythmique de la fugue.
Le dernier morceau est Prélude ou Improvisation. Son
caractère d’improvisation est établi d’emblée (aucune barre
de mesure sur la majeure partie de la partition) tandis que
la musique fait alterner calme et énergie, épanchements
lyriques et virtuosité survoltée. Tout l’art de Bériot est
déployé ici – double cordes, arpèges, glissandos, mélodies
avec accompagnement pizzicato, harmoniques – , parfaite
conclusion pour ce recueil.
Bruce R. Schueneman
Traduction de David Ylla-Somers
Charles-Auguste de
BÉRIOT
Solo Violin
Music • 1
Twelve Scenes
Nine Studies
Bella Hristova,
Violin
Winner of the
2007 Michael Hill
International Violin
Competition
C
M
Y
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6
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572267bk Beriot1 EU+US:557541bk Kelemen 3+3
1/6/09
5:33 PM
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Charles-Auguste de Bériot (1802–1870)
Musique pour violon seul • 1
Charles Auguste de Bériot naquit dans une famille
d’aristocrates de la ville belge de Louvain le 20 février
1802. Devenu orphelin à l’âge de neuf ans, il étudia avec son
tuteur, le violoniste Jean-François Tiby, et sur les conseils
d’André Robberecht, qui lui donna quelques leçons, il partit
étudier à Paris en 1821 avec Giovanni Battista Viotti ; ce
dernier lui recommanda de mettre à profit ce qu’il
entendrait chez les autres musiciens, mais sans en imiter
aucun. Après une brève période d’études avec Pierre Baillot,
autre grand violoniste de l’école française, ce fut le début
de l’extraordinaire carrière de concertiste de Bériot. Il fit
sensation à Londres et à Paris. Sa vie prit un tournant
résolument romantique lorsqu’il rencontra María Malibran,
sans doute la plus célèbre diva de tout le XIXè siècle. Fille
du grand Manuel García, pour qui Rossini écrivit le rôle
d’Almaviva, María Malibran avait abandonné son époux
français à New York afin de poursuivre sa carrière en
Europe, où son art lui valut bien des éloges. Dans le récit
très romancé de la première rencontre de Bériot et de la
Malibran, qui eut sans doute lieu en 1828, Madame Merle
relata qu’à la fin de l’un des concerts de Bériot, “María
vint à sa rencontre, pâle et les larmes aux yeux… et lui
dit… ‘Je suis ravie que vous ayez si bien joué.’ ‘Merci
beaucoup,’ répondit de Bériot… ‘Je suis très flatté d’avoir
mérité votre estime.’ ‘Non, non, ce n’est pas ça, pas ça du
tout. Ne voyez-vous pas que je vous aime ?’” Une liaison
amoureuse ne tarda pas à se développer, d’abord dans le
plus grand secret, María étant encore mariée. Au bout de
plusieurs années d’efforts, son union avec Malibran fut
annulée par les tribunaux français en 1835, et en mars 1836
Bériot et María devinrent officiellement mari et femme. A
peine quelques mois plus tard, la cantatrice fut victime d’un
grave accident de cheval, avec pour séquelle un hématome
crânien de la taille d’un œuf. Elle continua de chanter
malgré d’incessantes migraines et s’effondra en scène au
cours du Festival de Manchester. Sa mort survint en l’espace
de quelques jours. Après une période de deuil, Bériot
retrouva les salles de concert en 1838, et en 1843, il accepta
5
un poste de professeur de violon au Conservatoire de
Bruxelles, où il demeura jusqu’à sa retraite forcée en 1852
causée par sa vue défaillante ; en 1858, il était devenu
complètement aveugle. Le plus célèbre élève de Bériot fut
Henri Vieuxtemps, qui lui succéda au Conservatoire de
Bruxelles en 1870, année de la disparition de Bériot
(Vieuxtemps refusa de prendre ses fonctions avant le décès
de son ancien professeur). Le baron de Trémont, amateur
talentueux qui jouait souvent avec Bériot, écrivit en 1841:
“J’ai entendu tous les grands violonistes français et
étrangers [dont Paganini], à commencer par Viotti, et c’est
Bériot que je préfère.”
La musique de Bériot est aussi attrayante et romanesque
que le fut l’existence du compositeur. Il rencontra le succès
alors que le romantisme battait son plein, ce que reflètent
ses œuvres. Ses dix concertos pour violon et la première
Scène de Ballet sont sans doute ses pages les plus connues.
Dans les premiers, il se montra très inventif, écrivant des
concertos en un seul mouvement, ou avec des mouvements
enchaînés (même si chacun des trois mouvements
traditionnels est décelable dans la structure d’ensemble),
ou encore en utilisant des thèmes dans plus d’un
mouvement pour donner plus de cohésion à l’ouvrage –
procédés assez novateurs pour l’époque. Bériot employa
également bon nombre des mêmes techniques que Paganini
dans ses compositions : les harmoniques, un usage généreux
des doubles cordes et des ricochets. Dans ses concertos,
toutefois, Bériot ne vise pas uniquement la technique pure :
pour autant qu’elles réclament une immense virtuosité,
toutes ses pages pour le violon s’insèrent dans le cadre des
possibilités de l’instrument.
Le don de communiquer est manifeste dans toute la
musique de Bériot. Comme presque tous les grands
virtuoses de l’époque, il était un fervent pédagogue et
passait une bonne part de son temps à concevoir ses divers
caprices ou études destinés à faciliter la maîtrise de
l’instrument. Il écrivit une Méthode de violon en 1857 et
l’Ecole transcendante du violon op. 123, entre autres
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œuvres de même nature. Le but n’était pas seulement la
maîtrise technique, même si celle-ci était évidemment
importante. Il s’agissait de créer un musicien accompli,
aussi doué pour la communication que pour la technique.
Les études et caprices de la maturité de Bériot avaient un
double objectif : développer (voire déployer) la technique
et constituer des œuvres d’art à part entière. C’est sans
doute Chopin qui parvint le mieux à allier ainsi forme et
fonction dans ses fameuses Etudes pour piano seul. Bériot,
quant à lui, s’y essaya souvent avec succès, ainsi que le
démontrent amplement les œuvres de ce disque. La
technique et le style de Bériot finirent par former partie
intégrante de l’art du violoniste. S’appuyant sur la tradition
de l’école française de sa jeunesse, il ouvrit la voie à une
conception moderne de la composition et de l’interprétation
du violon.
Le présent enregistrement débute par les 12 Scènes ou
Caprices pour le Violon op. 109 de Bériot. La première
pièce, La Séparation, commence par un calme largo affligé
sur doubles cordes, bientôt rattrapé par une section con
moto agitée. Les sections largo et con moto reviennent
toutes deux conclure la pièce. La Polka est un joyeux mais
paisible morceau marqué moderato, à nouveau avec doubles
cordes. Le Lézard présente une ligne mélodique limpide et
gracieuse sur un tempo moderato. Le Départ débute par
une triste section cantabile menant à une section en doubles
cordes extrêmement énergique et mouvementée. La Fougue
est un tumultueux vivace con fuoco avec une section de
doubles cordes à l’allure martiale. La Bannière est une pièce
résolument martiale avec des coups d’archet sautillés et
une conclusion pizzicato. Le Caprice est un morceau
impétueux avec triolets et doubles cordes ainsi qu’une
section centrale “chantante”. Saltarella est une version
posée et régulière du saltarello présentant un crescendo de
double corde menant à des glissandos harmoniques. La
Reine débute simplement par un noble thème à 3/4 qui
mène à une section d’accords en arpèges. La Marche russe
commence par une marche modérée et très articulée, suivie
d’une section de doubles cordes et de notes rapides
régulières. La marche reparaît, et le morceau s’achève
tranquillement, alternant pizzicato et arco. L’inquiétude est
constituée de sections alternant adagio et allegro agitato, et
ses fréquentes modulations illustrent bien son titre. La
Consolation débute par une introduction de huit mesures
suivie d’un thème à 6/8 très articulé.
Les Neuf Etudes sont le plus pur exemple de pièces
pédagogiques qui entre les mains d’un maître comme Bériot
se font œuvres d’art. La première, Allegro agitato, est une
étude de jeu “agité”, de doubles cordes et de gradation de
phrasé. Le second, Allegro moderato, définit des contrastes
marqués entre le style et les dynamiques. L’Etude No. 3,
Moderato, est un brillant morceau comportant
d’innombrables doubles cordes, coups d’archet, et batteries
multiples. C’est ensuite la quatrième, marquée Energico,
étude de ponctuation musicale – articulation, repos,
glissandos, doubles cordes. Mélodie – Largo est une étude
de production sonore et crée une mélodie chantante sur la
corde de sol. Gulnare – Andantino est un autre morceau
mélodieux, cette fois sur doubles cordes, qui s’achève par
une cadence. La Marche de Bériot - Moderato est une pièce
très articulée et élégante sur doubles cordes avec une section
centrale dolce et l’Etude de Bériot – Allegro vivace est une
étude de vitesse. L’Etude de Bériot – En imitation des vieux
maîtres – Moderato est l’imitation par Bériot de l’énergie
rythmique de la fugue.
Le dernier morceau est Prélude ou Improvisation. Son
caractère d’improvisation est établi d’emblée (aucune barre
de mesure sur la majeure partie de la partition) tandis que
la musique fait alterner calme et énergie, épanchements
lyriques et virtuosité survoltée. Tout l’art de Bériot est
déployé ici – double cordes, arpèges, glissandos, mélodies
avec accompagnement pizzicato, harmoniques – , parfaite
conclusion pour ce recueil.
Bruce R. Schueneman
Traduction de David Ylla-Somers
Charles-Auguste de
BÉRIOT
Solo Violin
Music • 1
Twelve Scenes
Nine Studies
Bella Hristova,
Violin
Winner of the
2007 Michael Hill
International Violin
Competition
C
M
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K
6
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NAXOS
NAXOS
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Charles-Auguste de
Playing Time
BÉRIOT
68:02
(1802–1870)
12 Scènes ou Caprices
pour le violon, Op. 109
4:43
2:22
2:19
4:12
2:50
3:10
1:53
2:13
3:37
4:04
3:58
1:58
# 1. Allegro agitato
$ 2. Allegro moderato
% 3. Moderato
^ 4. Energico
& 5. Melody: Largo
* 6. Gulnare: Andantino
( 7. March: Moderato
) 8. Allegro vivace
¡ 9. In imitation of the old
masters: Moderato
20:45
1:39
2:25
2:41
4:10
1:59
1:16
2:26
1:05
2:51
™ Prélude
ou Improvisation,
9:25
Op. Post.
Bella Hristova, Violin
C
M
8.572267
8.572267
Recorded at St John Chrysostom Church, Newmarket, Ontario, Canada, 12–15 February 2009
Producers: Bonnie Silver, Norbert Kraft • Engineer: Norbert Kraft • Editing: Norbert Kraft, Bonnie Silver
Booklet notes: Bruce R. Schueneman • Research: Jonathan Frohnen
Cover painting: Portrait of the composer by Chai Ben-Shan • Photo of Bella Hristova by Andrew Chiciak
 & 훿 2009
Naxos Rights International Ltd.
Booklet notes in English • Notice en français
Disc Made in Canada
Printed & Assembled in USA
1 1. La Séparation
2 2. La Polka
3 3. Le Lézard
4 4. Le Départ
5 5. La Fougue
6 6. La Bannière
7 7. Le Caprice
8 8. Saltarella
9 9. La Reine
0 10. Marche russe
! 11. L’Inquiétude
@ 12. La Consolation
Nine Studies
37:44
BÉRIOT: Solo Violin Music • 1
DDD
www.naxos.com
BÉRIOT: Solo Violin Music • 1
One of the great virtuosos in the history of the violin, Charles-Auguste de Bériot was also
an accomplished composer for his instrument. The compositions in which he explores the
technical resources of the violin combine an understanding of the instrument with very
considerable lyrical gifts. The 12 Scènes ou Caprices pour le Violon, 9 Studies and Prélude
ou Improvisation for solo violin are both works of great charm and study material of the
highest order, using all the resources at the command of the romantic violinist.
Y
K

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