Pourquoi les catholiques font le buzz sur Internet

Ecole de journalisme de Sciences Po
Pourquoi les catholiques font le buzz sur Internet
Soumis par COLLADO Jérémy
Les étudiants de 1e année de l'Ecole de journalisme de Sciences Po ont enquêté sur les dessous des vidéos qui
buzzent, lors d'une semaine intensive animée par leur professeur Aude Baron.
Pour élargir leur public, les catholiques n'hésitent pas à pratiquer l'humour sur Internet. Des moines et moniales de la
Famille Saint-Joseph, une communauté de l’Hérault, se sont même mis en scène sur une musique de Claude
François, dans une vidéo vue plus de 40,000 fois sur Dailymotion, publiée en décembre 2010 et mise en avant par Le
Parisien le 17 février.
Objectif: récolter des fonds pour bâtir un monastère. Vendredi, le site affichait 2332 donateurs.
{dailymotion}xg1fz4_clipdub-de-batisseur-de-monastere_music{/dailymotion}
Marier humour et religion devient une tendance forte dans l’Eglise catholique. En témoignent la Prêtres
Academy, le message ironique de Mgr Dominique Lebrun, ou encore "Questions pour une mission". Alors, simple mode
ou volonté de dépoussiérer en profondeur l’image de l’institution? Enquête.
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Des religieux qui endossent, non sans autodérision, des habits d'ouvriers du BTP sur l'air de «Si j'avais un marteau»,
c'est tout sauf une blague. Armés de pelle et de marteaux, ils poussent des brouettes remplies de gravats et plantent
des clous dans des parpaings. Dans la vidéo, on peut même voir une moniale jongler avec un ballon de football.
Récolter des fonds pour construire un monastère
Si les moines et moniales se sont prêtés à la parodie, c'est que le jeu en valait la chandelle: le budget global du projet
représente 5,4 millions d'euros entièrement financés par de généreux donateurs. Le but de cette vidéo est «d'élargir
la cible de donateurs et de ramener de l'argent avant tout», nous explique Etienne Piquet-Gauthier, président de
Donifico, la société de mécénat qui a réalisé le clip. «Le prieur de la communauté, le Père Joseph-Marie Verlinde,
m'a sollicité car il avait besoin de 3,7 millions d'euros», nous précise-t-il.
Il aura suffi d'une seule journée de tournage, dans une bonne ambiance, pour mettre en boite les 3 minutes de clip.
Etienne Piquet-Gauthier nous a envoyé deux photos qui illustrent bien l'atmosphère du tournage :
«C'était un peu la récréation», ironise le professionnel de la vidéo qui a supervisé la réalisation. «On voulait accrocher
les gens sous un angle humoristique sans faire quelque chose de ridicule. Ne pas être en contradiction avec leurs
valeurs», continue-t-il. «C'est pour cela que les moines ne chantent pas.»
«Nous nous sommes vraiment pris au jeu», confie de son côté le Père Joseph-Marie Verlinde que nous avons joint par
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mail. «Le résultat réflète bien l'ambiance du tournage!»
Si l'objectif est de susciter un élan de générosité, le clip est aussi l'occasion de «témoigner de ce que nous sommes:
des jeunes de notre temps, qui baignons dans la culture post-moderne», nous assure le Père de 64 ans.
Casser l'image austère de la religion
Cette communication 2.0 a conquis les autres prêtres. «Tant que la mise en scène n'est pas grotesque, c'est très bien
d'utiliser les moyens modernes», estime le Père Noël Saignes, de la paroisse voisine de Saint-Denis Saint-Roch. Luimême «n'est pas contre l'idée de faire ce genre de vidéos, du moment que c'est respectueux de l'image de l'Eglise».
Une image «parfois austère et qui a besoin d'être dépoussiérée», affirme-t-on du côté de l'Évêché de Nanterre, qui
mobilise de jeunes équipes sur Internet et que nous avons contacté. «Ça casse les codes traditionnels, comme ça on
touche plus de monde, ça amuse les jeunes», ajoute la responsable communication.
«Si cela contribue à changer l'image d'une Eglise triste et chagrine tant mieux, mais ce n'était pas notre finalité», assure
pourtant le Père Joseph-Marie Verlinde qui joue dans le clip. Un clip dont l'objectif est clairement commercial et destiné à
récolter des fonds. D'ailleurs, Etienne Piquet-Gauthier qui dirige le mécénat l'assure: «On voit nos courbes de dons
augmenter lors du passage du clip à la télévision par exemple».
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Entre la Prêtres Academy et les émissions parodiques, les catholiques montrent qu'ils ont vraiment pris le pli d'Internet,
misant sur l'ironie.
«Aujourd'hui, Jésus utiliserait Internet»
«Le Christ n'a jamais dit qu'il fallait parler à l'an 2000 comme lui parlait à l'an 30», s'exclame Chantal de Rosemont,
responsable de la communication du diocèse de Saint-Etienne. Nous lui avons montré la vidéo des moines, elle a réagi
en direct: «C'est génial, excusez-moi je rigole mais c'est super!».
«Il faut parler aux gens avec les moyens qu'ils utilisent», confesse notre interlocutrice. Et d'ajouter : «Le Christ lui-même
s'est toujours adapté au public auquel il s'adressait». Une position partagée par Etienne Piquet-Gauthier, réalisateur du
clip: «Si Jésus était venu aujourd'hui, il utiliserait Internet».
Avec l'émergence du net, le support a changé mais le message reste le même, estime Chantal de Rosemont : «Seul
l'habillage a changé, le message religieux est toujours là», un message "de foi, d'espoir".
Le constat est partagé par l'équipe de communication de Mgr Guy Thomazeau, archevêché de Montpellier, qui s'est
associé au projet: «Ces moines montrent la joie de vivre, ils construisent, ils bâtissent, c'est un projet de fou! ».
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La vidéo a déjà été vue plus de 40,000 fois sur Dailymotion. Reste à savoir si les gens qui ont ri en regardant la vidéo
donneront aussi de l'argent. Car s'ils se sont amusés, les prêtres gardent en tête leur objectif, insiste le Père JosephMarie Verlinde : «Un tel défi doit susciter un désir de collaborer concrètement ». Depuis le lancement de la campagne
de dons, les moines avaient déjà récolté plus de 1,7 millions d'euros.
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