hélas et j`ai vu tous les fil
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hélas et j`ai vu tous les fil
I n chair Énit atriç P eamvz %oz I iI %lime *a big • %II 110 n10,0 hélas et j'ai vu tous les fil • :par François Caviglioli Des clips humides mais inodores des. émoLs troubles qui ne troublent pas et Un seul désir: aller vite fumer une cigarette dehors e meilleur moment de l'amour, c'est quand on monté l'escalier, disait le président Herriot, qui savait tout. Aujourd'hui, le meilleur moment de l'amour, c'est quand on achète son ticket à la caisse d'un cinéma. Après, viennent l'ennui, la monotonie, l'envie d'aller fumer une cigarette dehors. « Le Diable au corps », de Bellocchio, « Flagrant Désir », de Claude Faraldo, « 9 Semaines et demie », d'Adrian Lyne, 37 0 2 le matin>', de JeanJacques Beneik. La chair est triste, hélas, et j'ai vu tous lès films. « Le Diable au corps » nous réserve une gâterie : une fellation en direct. Comme elle n'intervient qu'a la moitié du film on attend, avec le recueillement religieux du voyeur à l'affût.Et lorsque Marushkà Detmers farfouille enfin dans le pantalon du jeune Federico .Pitzalis, elle n'en extirpe qu'un engin aux dimensions décevantes. Il faut se tordre le cou pour l'entrevoir. Ce n'est pas que Federico ait été défavorisé par la nature. Notre déception est due à des raisons purement techniques «Au-dessonS de 23 centimètres, un sexe d'homme nP rend rien à la caméra„ explique un spécialiste: porno. D'autre part, une fellation ne se tourne pas e la sauvette. Il faut plusieurs prises pour- trouver l'angle le plus spectaculaire. ,Un travail qui exige un acteur anatomiquement surdimensionné capable de rester en érection plusieurs heures devant une équipe technique; De tels phénomènes, il n'en existe qu'une dizaine par kénération: » Dans les scènes hot, les comédiens de demain deyront se. faire doubler„ comme po -Ér les poursuites en voitures. Par des acteurs du porno qui ont d'ailleurs déjà le statut de cascadeurs prèfesSiônnels. . Les productenrS poussent à la Consommation. De l'acte sexuel, bien sûr. Ce sont les scènes qu'ils préfèrent, pour des raisons de fric. Le « hot moment », ça ne coûte pas cher : une pièce, un lit. « Etclans le lit, vous pouvez tnettre plusieurs personnes si vous voulez», a dit généreusement l'un d'eux à un jeune metteur en scène. « Flagrant Désir », avec Sam Waterson et Maria Berenson, et « 9 Semaines et demie » avec -Mickey Rourke et Kim Bassinger, sont . . ean-Hugues Anglade dans 37°2 le matin » « Le Diable au corps » de Bellocchio avec Marushka des clips humides mais inodores. De longues passions où on tombe entre les draps l'un de l'autre. Des émois troubles qui ne nous troublent plus, des drames de famille qui ne sentent plus le soufre. On peut tout enlever, sauf son clip. Prenons « 37 0 2 le matin ». Un titre médical dont on ne sait s'il annonce une courbe de température ou une mensuration exceptionnelle. Jean-Hugues Anglade fait l'amour à Béatrice Dalle. Disons qu'il la besogne tant il a l'air de peiner. Le parti pris d'esthétisme de Jean-Jacques Beneix, le metteur en scène, le force en effet à adopter une position crispée bien que classique, puisque c'est celle du missionnaire. Il remplit un morne devoir conjugal à défaut de remplir les salles. On craint qu'il n'attrape une crampe plutôt que d'en tirer une. Comme la peur de tomber dans la catégorie des films X oblige le réalisateur à cacher ce que le sujet commanderait de montrer, les deux corps restent soudés, collés dans une pénétration immobile. Il manque à la scène la moiteur et les sueurs de l'amour. Peut-être que dans un dernier sursaut de pudeur, la maquilleuse r poudrer les vient de temps en temps leu miches. Le résultat : c'est qu'on se demande bien ce qu'ils sont en train de se faire. Heureusement que l'acteur précise en voix off: «Je la baisais toutes les nuits...-» La mode de l'érotisme ramène le cinéma au temps du muet. Il faut des sous-titres pour que le spectateur comprenne. La seule différence qui existe aujourd'hui entre le film d'auteur et lé film porno, c'est que dans ce dernier la partie hard l'emporte largement sur ce qu'on appelle, dans le métier, la comédie; qui est réduite à sa plus simple expression. Exemple : un médecin appelle par l'interphone son infirmière, qui a enlevé sa blouse parce qu.'il fait chaud. Après commencent les choses sérieuses. La fille se retrouve partouzée par des personnages sortis d'on ne sait où, parmi lesquels figure souvent Un nain. Le film d'auteur doit se soumettre à un dosage plus équilibré : c'est l'écueil qu'a rencontré Jean-Jacques Beneix. Il n'a pas pu tourner la séquence du coït entre Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle en temps réel. On n'a droit qu'a un accouplement clérical et chafouin, à une étreinte brève, réservée, comme disent les confesseurs. Deux halètements, trois grognements, quatre couinements, et c'est fini. Les nouvelles stars sont devenues des lapins. On peut regretter l'érotisme d'autrefois, un baiser. d'Ingrid Bergman qui symbolisait beaucoup plus qu'une fellation de grand guignol, la victoire de la sensualité sur le puritanisme. Une épaule de Jane Russell plus troublante qu'une orgie de pilosité. Mais c'est fini tout ça, c'était du petit cinéma de quartier. F. C. 4-10 JUILLET 1986/69