les analyses de laboratoire chez le cobaye

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les analyses de laboratoire chez le cobaye
Les analyses de laboratoire chez le cobaye
Prélèvements – Indications - Limites
A) Les prélèvements
En préambule, signalons que la présentation
des cochons d‘Inde en consultation est souvent
tardive par rapport à la durée d’évolution de la
maladie, et avec une anorexie de durée
incertaine. La problématique se pose alors en
ces termes: d’une part, mettre en place
rapidement un traitement; d’autre part, effectuer
des prélèvements dont les résultats ne seront
pas faussés par les mesures thérapeutiques
d’urgence (antibio-/fluidothérapie). De plus,
tendre vers un environnement “zéro stress” est
primordial pour éviter un collapsus “réversible”,
voire la “mort subite” de cet animal vite effrayé.
•
Prélèvements sanguins
Lieux de ponction veineuse :veines jugulaire,
céphalique ou saphène externe et interne des
membres postérieurs, le plus souvent visible et
palpable et de diamètre suffisant. Cettedernière se trouve environ à mi-chemin entre le
fémur et le tarse, dans un angle de 30° par
rapport à l’axe de la jambe (voir photo cicontre). Un aide maintient le cochon d’Inde à
l’aide d’une main sur ses genoux ,tête
(couverte) vers son ventre et fait le garrot avec
son autre main tandis que l‘ opérateur étend le
membre vers l’arrière.
Matériel :seringue à insuline et aiguille fine (26
G). Idéalement, quantité d‘ env.1 ml recueilli sur
tube lithium hépariné pour faire formule
sanguine et biochimie (voir notre profil rongeur).
Prélèvements d’urine : techniques ?
Le recueil des urines par compression
manuelle de la vessie est suffisant pour la
bandelette et l’analyse du culot. L’animal étant
maintenu d’une main aux épaules, le contenu
vésical est au préalable secoué avant la
compression prudente de l’autre main.Contre –
indication: obstruction des voies urinaires.
Le prélèvement idéal pour une uroculture reste
celui recueilli par cystocentèse, au mieux
échoguidée, ou, à défaut, par cathétérisme
urétral, relativement facile chez le mâle
(cathéter de chat, diamètre 0,9 à 1,1 mm).
•
Prélèvements de selles
Le cobaye peut héberger de nombreux
parasites dans ses intestins, dont seulement
certains sont capables d’entraîner une
entéropathie, en général lors d’infestation
massive ou dans un contexte de stress.
En 2008, sur 299 échantillons, 11, 4 % se sont
(coproscopie
par
révélés
positifs
flottation/sédimentation et concentration -MIFC).
voir tableau 1 ci-après, données internes LABOKLIN
Les oeufs d’acariens , de “passage “dans le tube
digestif, sont une découverte fortuite, invitant le
praticien à se pencher sur un éventuel prurit de
cause encore inconnue.
Les protozoaires ne sont en règle générale pas
mis en évidence par la simple flottation (de type
OVASSAY ), à l’exception des coccidies du
genre Eimeria spp. Sur un étalement frais, il
est plus facile de visualiser les flagellés
(mobilité conservée pendant environ 24h).
Détection des ookystes de Giarda spp de
Cryptosporidium wrairi : par la MIFC ou/ et le
test ELISA..
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Paraspidodera uncinata
1,7 %
Oeufs d‘acariens
1,3 %
Protozoaires (total)
9,0 %
Balantidium coli
3,7 %
Giardia sp.
3,3 %
Entamoeba caviae
2,0 %
Coccidies (Eimeria sp.)
1,7 %
Positifs (total)
11,4 %
dont infestations mixtes
2,0 %
Tableau 1: Résutats des coproscopies
parasitaires (n=299)
Cryptosporidium wrairi est responsable chez le
jeune animal (moins de 300 g/16 semaines)
d’un
syndrome
diarrhéique
avec
amaigrissement et prolapsus rectal (NB:
zoonose !).
Certains flagellés comme Trichomonas sp
,Entamoeba caviae Balantidium coli, sont
considérés comme saprophytes opportunistes.
•
Peau et poils
Les ectoparasitoses représentent un motif
fréquent de consultation dont la prise en charge
est généralement aisée, sauf dans de rares cas
d’infestations massives sur des sujets débilités.
Selon la localisation des parasites, leur mise en
évidence se fera par un scotch test, un calque
ou un raclage cutanés (si l’état du patient le
permet) en vue d‘un examen (microscopique)
direct.
A ne pas négliger sont également les
dermatomycoses, surtout à Microsporum canis
et Trichophyton mentagrophytes (données
internes), qu’un trichogramme suivi d’une mise
en culture pourront confirmer.
L’identification précise des ectoparasites est
nécessaire, notamment du fait du potentiel
zoonotique de certains d’entre eux., et aussi
pour éviter certains échecs thérapeutiques par
mesures d’hygiène insuffisantes (p.ex. dans
l’environnement).
•
Analyses bactériologiques
Les infections bactériennes des appareil
digestif et respiratoire sont les plus
fréquentes.
- Les entérites bactériennes sont rares chez les
adultes, plutôt chez les jeunes au moment du
sevrage.Colibacilloses,salmonelloses,
entérotoxémies à Clostridium difficile, maladie de
Tyzzer sont parmi les plus courantes.
- A côté des recommandations générales,
quelques cas particuliers sont évoqués ci-après.
- En cas de pneumonie, un liquide de lavage
voire un écouvillon trachéal est le prélèvement
de choix.
Germes couramment isolés : Bordetella
bronchiseptica, Streptococcus sp, Pasteurella
multocida.
-Pour les abcès (alvéolo-dentaires), ne pas
oublier de joindre un échantillon de la coque
(recherche d’anaérobies).
-Lors d’une cystotomie (retrait de calculs),
frotter l’écouvillon sur la muqueuse vésicale.
B) Les analyses et leurs indications
• Analyses sanguines
Il est recommandé de faire un bilan hématobiochimique d’un cochon d’Inde en mauvais
état général (notre profil rongeur par exemple),
en particulier lors de maladies métaboliques (cf
la fréquente lipidose hépatique secondaire), de
désordres électrolytiques ou de syndrôme
inflammatoire. Ceci afin d’adapter au mieux le
traitement (fluidothérapie,..) et d‘affiner le
pronostic. Pour les petits rongeurs, l’adage “le
mieux est l”ennemi du bien” est souvent vérifié.
La compliance du propriétaire: un bilan sanguin,
noir sur blanc, est plus parlant que l’état
“stabilisé” de son animal, ce qui engage le
détenteur à une meilleure prise en charge.
Dernière indication: le bilan pré-opératoire. Son
intérêt est à discuter au cas par cas ,
notamment lors d’interventions chirurgicales sur
un patient gériatrique.
Valeurs
usuelles
en
biochimie
hématologie : particularités du cobaye
et
Foie : La GLDH est l’enzyme marqueur de
cytolyse hépatique la plus intéressante, comme
chez le lapin (surtout en aigu), l’augmentation
de l’ALAT est aussi à attendre lors d’attente
importante et /ou chronique.
Muscle : ASAT, LD et CK sont très
dépendantes des conditions
d’entretien de
l’animal et sont utiles en premier lieu pour
objectiver un trauma musculaire.
Métabolismes glucidique et lipidique : ils
sont explorables avec le glucose, l’amylase et la
lipase (voit tableau n° 2 ci-dessous).La
glycémie basale est élevée, des valeurs à jeun
ne pouvant pas être établies, tandis que la
fructosamine est physiologiquement basse.
Toxémie de gestation:hypoglycémie,hypocalcémie, hyperazotémie, hyperphosphatémie,
hyperkaliémie.
- Diabète sucré (rare).
Les intervalles sont étonnamment larges pour
les valeurs usuelles de l’amylase , du potassium
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et des phosphates (voir tableau 2 ci dessous).
La Numération- Formule :
L’élément marquant est l’inversion de la
formulaire leucocytaire (env. 70 % de lymphocytes
pour 30 % de neutrophiles). Au rayon des
hémopathies malignes, les formes leucémiques
sont
fréquentes
et
plus
facilement
diagnostiquées que chez certains autres
mammifères. Pour plus de détails, voir notre
Laboklin Aktuell 10/09 “l’hématologie des
lapin et cochon d’Inde” (en ligne sur notre site
internet).
Paramètre / CHAT
Valeurs
usuelles
CK
0-130 U/l
LAPIN
COBAYE
0-958 U/l
0-2143 UI
α-amylase 0-1850 U/l 0-459 U/l
0-3159 U/l
lipase
0-250 U/l
0-1587 U/L 0-152 U/l
glucose
3,9-8,3
mmol/l
5,8-14,8
mmol/l
5-16
mmol/l
fructosamine
bis 340
mmol/l
bis 527
mmol/I
bis 271
mmol/l
calcium
2,3-3,0
mmol/l
3,1-3,9
mmol/l
2,4-3,1
mmol/l
phosphates 0,8-1,9
mmol/l
0,81-3,15
mmol/l
1,03-6,98
mmol/l
potassium 3,0-4,8
mmol/l
3,7-6,3
mmol/l
4,5-8,8
mmol/l
Tableau 2 : Quelques valeurs usuelles comparées
en biochimie (pour plus de détails: voir notre Guide
des analyses-général –et site internet)
•
Indications des autres prélèvements
Examens du pelage et trichogramme :
Sont couramment rencontrés la gale à
Trixacarus caviae et à Chirodiscoides caviae,
des poux broyeurs (Glirocola porcelli, Gyropus
ovalis,..) ou des puces de “passage”. Des
maladies allergiques à expression cutanée sont
décrites (sensibilisation à des acariens de
poussières); en cas de symptômes persistants
malgré tout traitement antiparasitaire, une
dermatite atopique est à envisager.
Analyses d’urine
- Constantes urinaires:
Couleur: variable, trouble et laiteuse
pH : 7 – 9 , densité : 1015 – 1045
Cristaux à l’état physiologique: carbonate
de calcium, PAM, oxalate de calcium.
- Les cystites et les urolithiases sont assez
fréquentes chez le cobaye mâle ou femelle,
majoritairement des calculs de carbonate de
calcium (env. 66%). L’analyse d’urine, avec
uroculture pour évaluer la composante
infectieuse secondaire, voire une atteinte
éventuelle atteinte rénale, sont grandement
indiquées. La connaissance de la nature précise
du calcul a moins d’intérêt ici, vu l’absence de
régime alimentaire spécifique pour prévenir leur
formation et /ou aider à leur dissolution. Par
contre, la règle d’or est, comme pour le lapin,
de réduire les apports alimentaires en
calcium (cf base calcique des calculs) et de
favoriser la prise de boisson (addition de sucre ou
de jus de fruits). L’intérêt de la méthionine
comme acidifiant urinaire est à l‘étude. Vu les
récidives fréquentes ,davantage que chez le
lapin, des examens urinaires réguliers de
contrôle sont recommandés (bandelette, culot).
- Cas particulier : la toxémie de gestation avec
acidification des urines plus claires, protéinurie
et cétonurie.
Coprologie:
- Parasitaire: étalement frais entre lame et
lamelle ou/et coproscopie quantitative
(MIFC).
- Bactériologie
(entérite
à
germes
spéciffiques)
Analyses bactériologiques
Il est de bon aloi de réaliser un examen
bactériologique avec antibiogramme chaque
fois qu’une antibiothérapie ciblée est justifiée.
Rappelons ici les restrictions d’utilisation de
certaines classes d’antibiotiques chez le cobaye
A EVITER / UTILISER AVEC PRECAUTION :
-Pénicilline, bétalactamines
-Lincosamides (lincomycine, clidamycine,..)
-Macrolides (érythomycine,..)
- Aminoglycosides (toxicité rénale).
A PRIVILEGIER –selon leur pharmacocinétique
- Quinolones (enrofloxacine,..): les plus usitées.
- Sulfamides
- Tétracyclines
- Phénicolés (chloramphénicol,...)
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C) Les analyses et leurs limites
Les tests d’exploration fonctionnelle (avant
tout en endocrinologie) chez le cobaye, et chez
les “Rongeurs” en général, sont très limités pour
2 raisons: la contrainte des prises de sang
répétées et l’absence de valeurs de référence
pour leur interprétation.De plus, l’usage hors
A.M.M.de certaines spécialités n’est pas validé
chez le lapin et les autres “rongeurs”.
Cependant, les endocrinopathies ne sont pas
inexistantes
pour
autant.
Un
cas
d’hypercorticisme sur un cobaye de 4 ans
avec traitement au Trilostane  a été décrit
(Zeugswetter et col, 2007).
Ls symptômes rapportés étaient les suivants:
alopécie bilatérale, PD-PU, amaigrissement,
peau fine, exophtalmie (comme chez le cheval).
Avec un tableau clinique similaire, et plusieurs
valuers élevées de cortisol basal, un syndrome
de Cushing est une hypothèse valable.
Attention : pas de diagnostic de certitude,
après déjà 5 minutes de contention, la
cortisolémie augmente considérablement !.
Certains propriétaires de “N.A.C. à poils” sont
de plus en plus prêts à améliorer la prise en
charge médicale de leur compagnon. C’est
pourquoi nous nous efforcons d’élargir
progressivement notre gamme d’analyses selon
les données les plus récentes, pour pouvoir
répondre avec vous aux attentes de vos clients.
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