Programme : Lieder extraits des cycles « la belle meunière », « le

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Programme : Lieder extraits des cycles « la belle meunière », « le
Programme : Lieder extraits des cycles
« la belle meunière », « le voyage d’hiver »
et « le chant du cygne »
Wohin ? - Où ? – J’entendis murmurer un petit ruisseau, se précipitant vers la vallée et moi aussi, je
descendis. Ô petit ruisseau, dis-moi où me mènes-tu ? Ton murmure a égaré mes sens. Ce sont les
ondines qui chantent – laisse-les chanter, compagnon, et poursuis joyeusement ta route.
Danksagung an den Bach - Remerciements au ruisseau – Allons voir la meunière ! Est-ce cela que
ton
chant voulait dire petit ruisseau qui murmure ? J’ai maintenant assez de travail pour occuper mes mains et combler
mon cœur.
Der Neugierige – Je n’interroge aucune fleur ni aucune étoile, c’est mon petit ruisseau que je veux
interroger, qui seul peut me dire ce que j’aimerais tant apprendre. Comme tu es étrange, silencieux
ruisseau. Je te le promets, je ne le dirai à personne, mais dis-moi : m’aime-t-elle ?
Tränenregen - Pluie de larmes – Ensemble nous regardions paisiblement couler le ruisseau. Je cherchais
à
voir son image, et le ruisseau coulait gaiement en chantant : compagnon, suis moi ! Alors
les yeux me piquèrent et
l’image se brouilla et elle dit : « La pluie menace, adieu, je m’en retourne chez
moi ».
Trockne Blumen – Fleurs séchées – Vous toutes, fleurs qu’elle me donna, que l’on vous couche avec
moi
sur ma tombe. Le printemps viendra et l’hiver s’en ira, et les fleurs à nouveau couvriront la
prairie. Lorsqu’elle se
promènera sur la colline, elle pensera dans son cœur : celui-là m’était fidèle !
Mes fleurs, le mois de mai s’en
est venu, l’hiver s’en est allé.
Der Wanderer - Le voyageur – Je me viens de la montagne ; la vallée fume, la mer mugit. Je marche
en
silence, je ne suis pas gai, et je me demande en soupirant : où ? Ici le soleil me semble froid. Où estu, mon cher
pays, où vivent mes amis, où ressusciteront mes morts, où l’on parle mon langage ? Ô
pays, où es-tu ? Je
marche en silence. Où ? Une voix me répond : «Le bonheur est où tu n’es pas !».
Gute Nacht - Bonne nuit – Un étranger, comme il est venu, le voyageur quitte la ville où il croyait
trouver l’amour et une patrie. Avec une amère ironie, mais le cœur encore embarrassé de tendresse, il écrit
sur le porche de l’aimée qui l’a déçu son adieu : « Bonne nuit ».
Wasserflut – Le dégel – Les larmes et la neige se mêlent. L’été ces larmes couleront dans le ruisseau
près de la maison de la bien-aimée.
tout
Auf dem Flusse - Sur le fleuve - Le gel a gagné la musique. Le ruisseau est paralysé dans l'étau de
la
glace, le cœur du voyageur est pris dans celui du départ. La musique se fait grave et désolé. La
première et la
dernière strophe sont récitées froidement, mot à mot, comme deux blocs pétrifiés qui entourent encore le
bouillonnement des souvenirs de la bien-aimée et des alliances brisés, animant
encore de passion les strophes
intermédiaires.
Rast - Repos - Moment de pause, dans l'abri de la hutte d'un charbonnier. La musique est encore une
marche étouffée, une berceuse de lassitude. Et la montée de la révélation de la fatigue à mourir du
voyageur. La dernière strophe devient imprécation. Ce dragon qui se réveille est non pas la vengeance mais
la douleur. La musique se fait emphatique et déclamatoire.
Einsamkeit – Solitude - Lente marche des nuages noirs, la musique est en chemin encore une fois. A la
mélodie enveloppée décrivant la fausse apparence du calme de la nature et le calvaire solitaire du
voyageur, va succéder une révolte devant l'inconscience du monde calme qui n'est pas en harmonie
avec
les tourments du héros. Ainsi va l'errant, incompris de la nature et des hommes. Le piano s'agite et
la voix morne
se gonfle pour maudire l'apaisement alentour.
Die Krähe - Le corbeau – La scène s’assombrit. Seul, le battement d’ailes de l’oiseau de mort
voyageur ; mais le corbeau non plus ne lui sera pas fidèle jusqu’à la mort.
accompagne le
Der Wegweiser - Le poteau indicateur – A l’écart des routes qui mènent aux villes, le voyageur cherche son
chemin par roches et neiges. Il craint les hommes, une force nostalgique le pousse vers
une solitude où il croit
trouver le repos et l’oubli. Un poteau indicateur se dresse devant son
regard ; il lui montre la route par où nul
n’est revenu.
Das Wirtshaus - L’auberge – Les couronnes mortuaires d’un cimetière lui paraissent l’inviter dans la
glaciale chambre d’un tombeau. Il est blessé à mort et pourtant ne peut trouver là son dernier abri, il
doit
poursuivre son chemin sans espoir.
Der Leiermann - Le joueur de vielle – La mélancolique mélodie du joueur de vielle s’élève.
Infatigable, et presque inaperçu des passants, le malheureux joue de son pauvre instrument.
Le voyageur se sent étrangement attiré, il exhale douloureusement une question :
dois-j t’accompagner, accepteras-tu de
Die Taubenpost - Le Pigeon Voyageur – J’ai un pigeon à mes services. Fidèle et dévoué, je le dépêche
mille fois par jour jusqu’à la demeure de ma bien-aimée pour lui transmettre mes hommages.
Moi aussi, je lui suis fidèle. Mais le connaissez-vous ? Son nom c’est nostalgie, le messager des cœurs
fidèles.
Franz Schubert vit le jour à Vienne en 1797, il suivit tout d'abord la voie tracée par son père
(qui
était maître d'école) et enseigna durant quelques années les fonctions de maître auxiliaire
dans l'école
que celui-ci dirigeait. Mais, très vite, sa véritable vocation s'affirma. Il écrivit ses
premières
compositions à l'âge de treize ans. Sa vie sera tout entière dédiée à la musique, à la composition, et à ses
réunions, les " schubertiades ", avec ses amis dans les brasseries
viennoises. Il meurt de la fièvre
typhoïde en 1828, à l'âge de 31 ans.
Schubert a donné au Lied allemand une forme définitive. Il s'est toute sa vie complu dans cette forme
du petit poème psychologique où il s'agit de " créer une atmosphère musicale autour des
paroles, de
leur forger cet approfondissement, ces échos, ce mystère, qui restent en deçà des
mots ". Il en écrivit
plus de six cents, dont beaucoup comptent parmi les plus beaux modèles du genre, composés sur des
textes des plus grands poètes de la langue allemande (Goethe,
Schiller, Heine), de ses amis
(Mayrhofer) ou de poètes moins connus (Müller).