37 degrés
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37 degrés
37 degrés Matériaux antiseptiques, salles carrelées ou supports pour perfusion : on pense à tout au bloc opératoire, mais on oublie souvent la chaleur. La santé et le bien-être doivent également être la priorité en salle d’opération et une température CORPORELLE adéquate en fait partie. Montrez vos mains : les membres sont-ils suffisamment irrigués ? Des thermogrammes apportent résultats 34 rapides et sécurité Revue Dräger 4 | 1 / 2 012 H y p ot hermie Hôpi ta l 37°C 36°C 32°C 28°C 34°C Photo : Get t y Images; Graphisme : picture-alliance / Wissen Media Verlag L a vie, c’est la chaleur. Le froid peut arrêter la vie. Certains animaux, tels que la tortue de l’Arctique, se transforment eux-mêmes en glace l’hiver. Les manchots empereurs aiment le froid, mais n’apprécient pas les engelures. Ils se protègent grâce à une combinaison sophistiquée de plumage et de graisse, qui arrête le froid et permet de se baigner même lorsque les températures sont négatives. Ils ont également une tactique spéciale, suivant la devise : un pour tous, tous pour un. Serrés les uns contre les autres et en tournant continuellement de l’intérieur vers l’extérieur, le groupe survit aux nuits les plus froides. Un tel câlin de groupe serait un cauchemar pour l’homme : le froid représente pour lui un défi particulier. En tant qu’être homéotherme, il est (comme le pingouin) obligé de maintenir sa température optimale. Et ce par tous les moyens : s’il se réchauffe trop et que sa température dépasse 37°C, il se refroidit par évaporation. L’homme commence à transpirer. Si la température descend endessous d’un certain seuil, des processus internes de réchauffement du corps se déclenchent. L’homme se met à trembler. Chez l’homme, il n’y a pas plus de 15°C entre la mort par le froid et le choc thermique. Chez un homme en bonne santé, la température du corps varie entre 36 et 37,8°C (« plage normothermique »). Elle peut monter jusqu’à 42°C avant la défaillance cardio-vasculaire et une dénaturation des protéines ; endessous de 27°C, on commence à mourir de froid. L’homme (nu) peut facilement maintenir sa température lorsque Revue Dräger 4 | 1 / 2 012 31°C environnement chaud environnement froid La régulation complexe de la tempéra ture du corps humain est un résultat de l’évolution. L’important, c’est que le cerveau conserve sa température la température ambiante est entre 26 et 28°C. Plus il fait froid dehors, plus il doit se protéger. Des vêtements chauds remplacent pelage et graisse. Des conséquences graves même en cas de refroidissement léger Tant que la personne est consciente, elle peut bouger, trembler, se protéger activement. Si elle perd connaissance, elle est désarmée et se refroidit. Le système est menacé. Et le rhume dont les parents menacent toujours les enfants sans bonnet, constitue un des moindres dangers. Au début des années 1990, les chercheurs ont découvert les premières corrélations entre une température du corps basse (hypothermie) et des complications pendant ou après des interventions médicales. L’enseignement tiré : si la température du corps reste constante durant l’opération, sans passer sous le seuil normothermique, le risque d’incidents postopératoires est largement réduit. Un des médecins pionniers en ce domaine est Anselm Bräuer. Cet anesthésiste travaille à Göttingen, au centre d’anesthésiologie, de médecine de sauvetage et de soins intensifs, où il dirige le groupe de travail hypothermie. « Les conséquences du refroidissement au bloc opératoire sont multiples », explique-t-il tout en indiquant que le problème fondamental est souvent l’absence de corrélation identifiable. « Une conséquence directe peut être une mauvaise guérison de l’incision ou même une infection, mais cela arrive généralement beaucoup plus tard et l’on ne peut quasiment plus faire le lien. Le patient sera simplement "tombé malade". » La cause des problèmes de guérison et des infections des plaies sont les vasoconstrictions périphériques dues à l’hypothermie : les vaisseaux se resserrant aux extrémités. Cela diminue la circulation sanguine. Le problème : moins d’irrigation sanguine signifie moins d’oxygène, nécessaire à la guérison des plaies. Les problèmes de coagulation peuvent également engendrer une perte élevée de liquide et rendre nécessaires plusieurs transfusions sanguines. L’hypothermie peut avoir des conséquences dramatiques pour les malades cardiaques : « Ils sont plus sujets aux troubles du rythme cardiaque ou à une angine de poitrine instable et nous avons même des indications selon lesquelles la mortalité augmente chez les patients à risque », indique M. Bräuer. Malgré ces informations obtenues par cet anesthésiste, son équipe et d’autres médecins, une étude montre qu’en Europe la température du corps n’est surveillée que dans 20% des blocs opératoires. « La température corporelle est un paramètre vital élémentaire », déclare M. Bräuer, « et pourtant, elle n’est souvent pas contrôlée et l’on ne travaille pas de façon active au réchauffement des patients. Du point de vue scientifique, c’est > 35 Hôpi tal H yp ot h ermi e 32,2°C – 35°C 28°C – 32°C hypothermie modérée (tremblements musculaires) hypothermie moyenne, troubles de conscience 27 28 27°C limite inférieure avant la mort 29 30 31 32 33 28°C 34 33°C hypothermie grave, perte de conscience hypothermie Le mince fil de la vie > un sujet passionnant depuis 15 ans, mais les enseignements n’ont pas encore vraiment de conséquences pratiques. » Andrea Kurz, médecin-anesthésiste à Cleveland aux USA, connaît le problème du refroidissement. Pour cette autrichienne d’origine, l’attention particulière accordée à la température corporelle des patients fait partie du quotidien. Ici, la prise de conscience du paramètre vital qu’est la température du corps s’est imposée. « Étant donné les complications post-opératoires, telles que l’infection des plaies, les problèmes cardiaques et un risque d’hémorragie accru, je ne laisserais personne passer en-dessous de 36°C », explique-t-elle. « Aux États-Unis, des directives claires nous obligent à prouver que le patient a été réchauffé activement ou que sa température juste après l’opération était supérieure à 36°C ». La température change dès le début de l’anesthésie Le processus de refroidissement commence dès l’induction : « Avant l’opération, la température du patient est normale et est maintenue constante au sein d’une plage de 0,2 à 0,3 °C par des mécanismes de régulation complexes. Dès le début de l’anesthésie, cela change, en 36 Photo : Caro / Oberhaeuser Des photos infrarouges montrent la température des différentes zones du corps. La plage normale va de 28 ° Celsius (aux extrémités) à 37 ° Celsius (parties centrales). En général, on mesure la température interne du corps, qui, pour une personne saine, se situe entre 36,2 ° Celsius et 37,2 ° Celsius. Les indications à côté de l’échelle de couleur se rapportent à la température interne, sauf indication contraire. Il s’agit de valeurs moyennes issues de la littérature scientifique actuelle qui ont simplement pour but de donner des repères. « La Belle au bois dormant » au bloc : une couverture parcourue d’air chaud empêche le corps de la patiente de refroidir et diminue les risques de l’opération fonction de l’anesthésique et de la façon dont il est utilisé. » Selon A. Kurz, tous les anesthésiques et narcotiques influent sur le centre de régulation thermique et augmentent la zone neutre d’environ 5°C. Cette augmentation de la zone neutre engendre une hypothermie à la mesure du dosage. L’effet augmente avec l’âge. Au début des années 1990, Andrea Kurz a constaté elle aussi dans une étude, que la vasoconstriction des parties péri- phériques du corps était présente chez tous les patients. Les vaisseaux se resserrent, les mains et les pieds sont froids. En revanche, les anesthésiques sont des vasodilatateurs, ils ouvrent les vaisseaux. « Donc, la chaleur va du centre vers la périphérie, ce qui signifie une chute importante de la température corporelle dès le début de l’anesthésie. » La solution est évidente : « Il faut réchauffer le patient, et surtout ses parties Revue Dräger 4 | 1 / 2 012 36,7°C température interne normale, sublinguale 35 36 36,5°C température interne normale, axillaire 37°C 37 38 36,2°C – 37,2°C variation normale de température au cours d’une journée périphériques, au préalable », confirme Andrea Kurz. Le deuxième grand principe de la thermodynamique veut que la chaleur s’équilibre au sein d’un système ; elle va de l’endroit le plus chaud vers le plus froid, jusqu’à ce que les deux températures soient égales. Si la périphérie est mise à la température centrale du corps, la chaleur ne se répartit plus. Le réchauffement préalable est surtout effectué à l’aide de couvertures traversées par de l’air chaud ou par des supports chauffants. Anselm Bräuer y voit l’une des premières clés pour la généralisation de ce procédé. « Pour une prévention efficace, il ne faut pas uniquement acheter des appareils, mais modifier l’organisation. » C’est alors, que cela devient difficile. « Le patient doit arriver chez nous une demi-heure, voire trois quarts d’heure, avant l’opération. Il faut donc prévoir plus de temps. » C’est une étape importante pour éviter que le patient ne refroidisse dès le début de l’anesthésie. Avec des couvertures et des supports chauffants ou des perfusions chauffées, la température corporelle peut être maintenue pendant l’intervention. En effet : « Plus le champ opératoire est étendu, plus le risque de refroidissement est élevé », confirme A. Kurz. Si l’on ne réchauffe pas lors d’une Revue Dräger 4 | 1 / 2 012 défaillance cardio-vasculaire forte fièvre 39 37,8°C – 38,5°C fièvre modérée 42°C 39°C température interne du corps normale (rectale) 40 41 40°C – 42°C très forte fièvre (hyperpyrétique) 39,1°C jusqu’à température interne après exercice d’incendie longue intervention avec un champ opératoire important, le patient risque de descendre à 33°C, ce qui peut engendrer des complications pendant et après l’opération. Mais même lors d’interventions courtes, à partir de 30 minutes, une modification de la température centrale corporelle significative sur le plan clinique est à prévoir. La production de chaleur interne du corps est arrêtée Le refroidissement est également dû au déséquilibre entre la perte et le gain de chaleur. Les mécanismes de protection automatiques du corps humain sont retardés durant l’anesthésie. La production interne de chaleur est réduite durant l’anesthésie et ne peut être augmentée. En même temps, la température de la pièce est largement inférieure à la plage nécessaire pour un équilibre thermique, à savoir de 26°C à 28°C. Aucun médecin ne pourrait supporter une telle température ambiante. En effet, lui se réchauffe en bougeant, contrairement au patient. Ce dernier ne se remet à bouger que beaucoup plus tard lorsqu’il se réveille en frissonnant. Ainsi, il est important de surveiller constamment la température, sachant que la méthode parfaite n’est pas tou- 42 43 41,4°C « presque jamais dépassée » 42,6°C – 42,8°C Mort par dénaturation des protéines ou enzymes jours disponible. La vessie fournit des données fiables, mais tous les patients n’ont pas de cathéter posé. Un cathéter dans l’œsophage, la cavité nasale ou dans une veine est également adapté. « La prise de température dans l’oreille ou rectale n’est pas adaptée, car les données ne sont pas assez précises », dit Anselm Bräuer. Notamment en matière post opératoire, où la détection précoce d’une température excessive afin d’éviter les infections et la septicémie est essentielle, le choix du procédé de mesure optimal n’est pas toujours simple. Andrea Kurz est satisfaite lorsqu’après une opération, son patient est normothermique. « On peut alors évaluer précisément la durée de l’effet des médicaments dans son corps et à quel moment il va se réveiller. Car cela aussi dépend de la température du corps. En cas d’hypothermie involontaire, ma planification s’effondre. » Pour certaines interventions, telles que les opérations cardiaques ou neuro logiques, la température est abaissée volontairement. On influence le métabolisme de façon contrôlée. Le corps se met en hibernation, presque comme les tortues de l’Arctique, sauf que la tortue, elle, n’aura pas de couverture chauffante au dégel. Isabell Spilker 37