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L’énonciation
●●L’acte d’énonciation est le fait de prendre la parole, à l’écrit ou à
l’oral . Ainsi, nous faisons tous, tous les jours, acte d’énonciation . Celui
qui énonce est appelé énonciateur, et ce qu’il dit est appelé énoncé .
●●Dans les textes littéraires, l’énonciation n’est pas un problème simple,
car il s’agit de se demander si cette énonciation est visible ou non, en
d’autres termes, si le texte contient des marques de l’énonciation .
LES MARQUES PERSONNELLES
© Bordas
Définition
●●Une marque personnelle de l’énonciation n’est pas un indice qui
permet de déterminer l’identité de celui qui parle . Il s’agit d’un indice
montrant que celui ou celle qui parle a conscience d’être en train de
parler .
●●Si je dis : « Le ciel est bleu », cette phrase ne semble pas, en ellemême, avoir été prononcée par qui que ce soit et ne paraît pas destinée
à qui que ce soit . Mais si je dis : « Chez moi, le ciel est bleu », la présence
du pronom moi indique que quelqu’un prononce cette phrase, qu’elle a
bien un émetteur particulier . Moi est une marque de l’énonciation .
Présence de l’énonciateur
●●Ainsi toutes les marques de la première personne du singulier constituent des marques de l’énonciation . Elles indiquent que quelqu’un en
particulier parle et assume le propos .
●●Dans de nombreux romans à la troisième personne, les propos du
narrateur ne contiennent aucune marque de l’énonciation, ce qui les
« dépersonnalise » : on a l’impression que l’histoire se raconte elle-même .
Les marques de l’énonciation ont l’effet inverse : elles personnalisent le
discours, même si l’on ne connaît pas l’identité du « moi » qui parle .
●●Les marques de la première personne du pluriel, en ce qu’elles
contiennent toujours le « je », sont des marques personnelles de l’énonciation . Ainsi, dans les premières pages de Madame Bovary (1857),
Gustave Flaubert (1821-1880) utilise la première personne du pluriel :
« Nous étions à l’étude, quand le Proviseur entra, suivi d’un garçon de
classe qui portait un grand pupitre . » Le nous, premier mot du roman,
est un indice de l’énonciation d’autant plus marquant que le narrateur
va disparaître quelques pages plus loin, transformant le roman en récit
à la troisième personne .
Français 1res toutes séries
OuTILs d’aNaLYse LITTéraIre
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Présence du (ou des) destinataire(s)
●●De la même façon, les marques de la deuxième personne (du singulier ou du pluriel) sont des marques personnelles de l’énonciation, car,
en personnalisant le destinataire, elles personnalisent du même coup
l’émetteur de l’énoncé.
●●Les indices faisant apparaître un ou plusieurs destinataires complètent en quelque sorte la situation d’énonciation en donnant un but, une
destination à l’énoncé. C’est pourquoi le destinataire est parfois appelé
co-énonciateur.
Les marques spatiotemporelles
© Bordas
Marques spatiales
●●Si l’énoncé ne se prononce pas lui-même, s’il est prononcé par
quelqu’un en particulier, il est aussi prononcé en un lieu particulier. De
la même façon qu’un indice personnel ne nous renseigne pas sur l’identité de l’émetteur ou du destinataire, un indice spatial ne nous donne pas
en lui-même d’information sur la localisation précise de l’énonciation.
●●En revanche, un indice spatial montre que l’énonciateur a conscience
d’être dans un lieu précis lorsqu’il produit son énoncé. Ainsi un énoncé
comme : « À Marseille, le ciel est bleu », pourrait être prononcé n’importe où et serait tout aussi juste. En revanche, un énoncé comme : « Ici,
le ciel est bleu », fait exister et personnalise le lieu de l’énonciation.
●●L’indice spatial montre donc qu’il existe un ici et un là-bas et implique,
la plupart du temps, l’usage de déictiques.
Marques temporelles
●●De la même façon, les marques temporelles indiquent que l’énoncé
est prononcé à un moment précis (même s’il n’est pas connu) et impliquent souvent l’usage de déictiques temporels, comme maintenant,
hier, demain, etc.
●●Ainsi dans la phrase : « Le 16 septembre 2006, le ciel était bleu »,
aucun indice n’attribue l’énoncé à un moment particulier. Alors que
dans : « Demain, le ciel sera bleu », l’usage du mot demain indique qu’il
y a un « aujourd’hui », c’est-à-dire un temps de l’énonciation, bien que le
lecteur ne puisse pas en préciser la date.
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OUTILS D’ANALYSE LITTÉRAIRE
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