Brevet blanc

Transcription

Brevet blanc
Entraînement au brevet
Questions-rédaction
Patrick Bard, La Frontière
Éditions du Seuil, 2002
Toni Zambudio, journaliste espagnol qui a grandi au Mexique, se rend à Ciudad
Juarez, ville frontalière mexicaine, pour une enquête. Il découvre alors les «colonias»,
bidonvilles qui fleurissent en périphérie des grandes villes.
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Toni conduisait lentement. Après avoir dépassé le marché central, il avait
emprunté l’avenida 16 de Septiembre1 qui s'enfonçait comme un coup de fusil vers
les faubourgs, à l'ouest de la ville.
Bientôt, il n’y avait plus eu que des maisons basses, des marchands de
pièces de voitures d'occasion, de jantes dépareillées et des réparateurs de pneus,
de pots d'échappement. Il avait longé des taqueria2 où l'on vendait du menudo3,
avait cherché en vain à se rappeler à quoi ce plat pouvait bien ressembler, et, pour
finir, il avait tourné dans la calle4 Chiapas qui s'élevait en direction d'un belvédère5
pouilleux. Le bitume, d'abord truffé de nids-de-poule, avait bientôt disparu pour faire
face à une piste défoncée. [...]
Il s'était bientôt retrouvé entouré de cabanes de bric et de broc. Les
constructions de parpaings bruts et de palettes de déchargement d'occasion
s'étalaient sur la colline en un paysage de désolation. Du linge rapiécé séchait sur
des fils. Les eaux usées des habitations ruisselaient en cascades sur les terrasses
étayées par des murettes de pneus lisses empilés.
Vers les hauteurs, les masures avaient pris un aspect plus primitif encore,
uniquement construites avec des cartons d'emballage et du papier goudronné en
guise de toiture. Des milliers de sacs plastique jonchaient le sol, s'accrochaient aux
buissons de mesquite6 rabougris comme des pendus. La fumée des feux de camp
montait vers le ciel et le soleil descendait déjà sur El Paso et le Texas. A dix
kilomètres au nord-ouest s'allumaient les premières lumières des États-Unis. Des
gamins sales et nus jouaient, assis dans la boue d'une flaque d'eau savonneuse.
Zambudio s'était arrêté pour leur demander où vivait la famille Cruz. Le cadavre
gonflé d'un chien gisait sur le bas-côté.
Aussi loin que portait le regard, le bidonville avait grignoté l'espace.
Le journaliste avait essayé d'imaginer ces territoires immenses, vierges
encore, peuplés uniquement d'Apaches et de Tarahumaras7. Une éternité s'était
écoulée, depuis.
Ne restait que l'odeur un peu âcre d'égout en plein air, mêlée au fumet des
frijoles8 qui cuisaient au fond des cabanes. Une odeur de misère.
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1. Avenida 16 de Septiembre : avenue du 16 septembre.
2. Taquerias : mot espagnol (du Mexique) ; petites boutiques où l'on vend des tacos (galettes de maïs garnies de viande).
3. Menudo : abats, viande de basse qualité.
4. Calle : rue.
5. Belvédère : endroit depuis lequel on jouit d'une belle vue.
6. Mesquite : arbuste typique du Mexique.
7. Tarahumatas : peuple indien d'Amérique.
8. Frijoles : haricots mexicains.
Questions (15 points)
Les réponses devront être rédigées. 1 à 2 points pourront être enlevés dans le cas contraire.
I.
LA DÉCOUVERTE DU BIDONVILLE (5 POINTS)
1) « Les constructions de parpaings bruts [...] d'un chien gisait sur le bas-côté » (lignes 11
à 24). Quel est le temps dominant dans ce passage ? Justifiez son emploi. (1 point)
2) a) Relevez dans les lignes 4 à 25 les différents synonymes du mot « maisons » (ligne
4), ainsi que les termes désignant les matériaux utilisés pour la construction des
maisons. (1 point)
b) Quelle évolution constatez-vous dans cette description du bidonville ? (1 point)
3) Décomposez le mot « bidonville » (ligne 25) et expliquez-le. (1 point)
4) En conclusion, montrez en quelques lignes que la découverte du bidonville par le
journaliste se fait de manière progressive. Appuyez-vous sur le vocabulaire péjoratif et
les indicateurs de temps. (1 point)
II.
L'HOMME ET LA NATURE (4 POINTS)
1) Relevez les termes appartenant au champ lexical de la nature de la ligne 11 à 24. (0,5
point)
2) Dites en quelques lignes quelle place occupe la nature dans le bidonville. (1,5 point)
3) « ...le bidonville avait grignoté l'espace » (ligne 25).
Quelle figure de style est utilisée dans ce passage ? Quel est son effet ? (1 point)
4) « Le journaliste avait essayé d'imaginer [...] depuis. » (lignes 26 à 28).
Quel rapport logique est sous-entendu entre ces deux phrases ? Reliez les par une
conjonction de coordination ou un adverbe approprié. (1 point)
III.
UNE DÉNONCIATION DE LA MISÈRE (6 POINTS)
1) a) Citez l'unique phrase du texte où est évoquée la présence d’êtres humains vivants
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4)
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dans le bidonville. Quelle image donne-t-elle de leurs conditions de vie ? (1 point)
b) « Le cadavre gonflé d'un chien gisait sur le bas-côté » (lignes 23-24).
Quel effet cette évocation produit-elle sur le lecteur ? Justifiez votre réponse. (1 point)
c) Trouvez dans le texte deux comparaisons qui évoquent aussi la mort violente. (0,5
point)
« La fumée des feux de camp montait vers le ciel et le soleil descendait déjà sur El
Paso et le Texas » (lignes 19-20).
Remplacez « et » par une conjonction de subordination dont vous préciserez la valeur.
(1 point)
« À dix kilomètres au nord-ouest s'allumaient les premières lumières des EtatsUnis » (lignes 20-21).
Comment le sujet du verbe est-il mis en valeur ? Dans quelle intention ? (0,5 point)
Quelle est la particularité syntaxique de la phrase finale ? Quel effet produit-elle ? (1
point)
En vous appuyant sur le texte, dites quelles impressions ou sentiments le narrateur
cherche à provoquer chez le lecteur. (1 point)
Réécriture (3 points)
« Il avait longé des taquerias [...] en direction d'un belvédère pouilleux » (lignes 6 à 9).
Remplacez le plus-que-parfait et l'imparfait par le passé composé et le présent.
Rédaction (15 points)
Sujet :
Toni Zambudio écrit une lettre au maire de Ciudad Juarez pour exprimer son
indignation et demander de meilleures conditions de vie pour les habitants du
bidonville.
Consignes :
- Dans sa lettre, le journaliste exprimera ses sentiments : il emploiera des procédés
d'écriture propres à émouvoir son lecteur (le maire) et il cherchera à le convaincre de
mettre en œuvre les mesures concrètes qu'il propose (discours argumentatif).
- Vous respecterez la situation d'énonciation propre à une lettre et vous vous appuierez
sur les informations contenues dans le texte.
- Votre lettre sera organisée en paragraphes.
- Il sera tenu compte, dans l'évaluation, de la correction de la langue et de
l'orthographe.

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