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mai 2013 - n° 309 - 21 € La revue des dirigeants financiers Faire ou faire faire ? Actualités Dépense publique : des économies maintenant ! p. 14 FIL ROUGE p. 19 Les priorités du Directeur Financier N°4 : développement à l’international Expertises Le lean management : développer les hommes et l’entreprise p. 27 q a l i a C . C o m de voir un client satisfait de son ERP w w P remier * Nos clients sont nos meilleurs ambassadeurs C o n ta C t : + 3 3 ( 0 ) 1 4 4 7 0 1 3 1 3 . w éditeur français d ’erP BVCert. 6015181 Pour moyennes entrePrises et grands comPtes * Le suricate est un mammifère vivant dans le sud de l’Afrique australe. Il symbolise des valeurs et des qualités de communication, d’organisation, de stratégie, de fidélité, de courage, d’attention, d’intuition, de vigilance et d’adaptation. u Solutions de gestion Curieux ? 1 Une fable européenne ‘‘ il est indispensable que l’Europe se dote d’un corpus de règles cohérentes ’’ @ échanges sur www.revue-echanges.org ➥➥ P our vous abonner ; ➥➥ Effectuer des recherches ; ➥➥ Accéder aux archives. Le 9 avril dernier, la Banque centrale européenne publiait sa première enquête sur le patrimoine des ménages en Europe. Cette enquête, effectuée auprès de 62 000 (!) ménages européens révélait des chiffres pour le moins inattendus : le patrimoine moyen d’une famille chypriote serait de 670 900 euros, tandis qu’un patrimoine de 195 200 euros serait celui d’un foyer… allemand ! Démonstration serait donc faite qu’un état peut être en quasi-faillite et ses ménages être bien plus riches que ceux du pays qui le renfloue. Devant ces chiffres, tout le monde, naturellement, crie au scandale : certains, des Allemands principalement, s’indignent d’une situation qui leur donne l’impression d’être volés. D’autres s’insurgent sur les méthodes retenues pour cette étude où tout serait biaisé. Il est vrai que, publiée cette année, elle est basée sur des données d’avant l’éclatement des « bulles » immobilières et des crises de liquidités de l’Europe du Sud. De même, elle ne prend pas en compte les avoirs financiers. Au-delà de toutes ces critiques, évidemment fondées, ce que révèle cette enquête, c’est sans doute les dangers qu’il y a, pour l’Europe, à « marcher sur une jambe » ! Dès lors que la politique de création monétaire a été retirée comme variable d’ajustement économique, chacun des gouvernements de la zone Euro n’a plus eu à sa disposition qu’une arme budgétaire ou le recours à l’emprunt. Et surtout, dès lors que les informations fournies l’étaient sur une base non contrôlée, comment s’étonner que certains aient abusé de cette « drogue dure » qu’est l’emprunt et qu’ils aient vécu aux dépens de ceux qui se leurraient de leur déclaration ! Si l’on veut pérenniser notre Union, il est indispensable que l’Europe se dote d’un corpus complet de règles cohérentes, de sanctions communes et de moyens de contrôle administrés par une autorité indépendante. à tous ceux qui pensent que cette situation est nouvelle, je me permets de conseiller la lecture (ou la relecture) d’un petit texte écrit il y a presque trois siècles par Bernard Mandeville (1714) et intitulé la Fable des Abeilles dont la morale est à méditer : « Ainsi on constate que le vice est bénéfique… quand il est émondé et restreint par la justice ». échanges vice-président du comité éditorial ma i 2013 Baudouin Griton Sommaire ■ actualités p. 4 Trajectoires p. 6 En bref évènements p. 10Communication financière : un levier de performance p. 14Dépense publique : des économies maintenant ! p. 16La gestion des risques et le contrôle interne dans les collectivités territoriales p. 19 Fil rouge Les priorités Illustration : Olivier Fontvieille échanges ma i 2013 2 dossier Faire ou faire faire ? du Directeur Financier - N°4 : performance et maîtrise des risques p. 22 Interview Bruno de Laigue « Un nouveau souffle pour votre mensuel » p. 24Tribune Gilbert Gelard ■ expertises p. 45 Faire ou faire faire ? Thierry Luthi p. 46 Les nouveaux atouts de l’externalisation Armand Angeli p. 50 Externalisation : quels enjeux pour l’entreprise ? Christophe Radepont p. 27Hommes et management p. 52 Externaliser les actifs numériques de l’entreprise Arnaud Malherbe et Frédéric Mocellin p. 31Droit et fiscalité p. 56 Le Cloud : externaliser ses données Claude Turban, Patrick Lhuillier, Juliette Macret et Marie-Noelle Buisson Le lean management : développer les hommes et l’entreprise Anne-Lise Seltzer Le transfert des déficits sur agrément et motivations autres que fiscales Mathieu le Tacon p. 32Gestion des risques, performance et SI Economie numérique et SSII : état des lieux et prospective Jean-François Perret p. 35Financement et trésorerie Tendances et perspectives du Private Equity : vers l’internationalisation Thierry Dartus p. 37Comptabilité et communication financière Nouvelles normes IFRS : êtes-vous prêts ? Astrid Montagnier et Emmanuel Paret p. 40Focus p. 58 La direction financière à temps partagé : passer du faire au faire faire Groupe emploi « DAF à temps partagé » de la DFCG p. 61 Externalisation : ne pas oublier l’humain Philippe Robert-Tanguy p. 62 L’avocat, plus qu’un choix Amaury Nardone p. 64 Teleperformance : « faire faire » ou les raisons d’un succès Cécile Falchier p. 66 L’expérience Presstalis sur le processus du recouvrement client Laurent Crindal p. 69 5 clés d’une externalisation de la paie réussie Lionel Bonnet Du recours à la Mesore en négociation Michel Ghazal p. 42 De l’étranger Are CFOs Better Served with PrinciplesBased Accounting Standards? Gary Illiano ■ KIOSQUE p. 70 Lu pour vous | p. 72 En aparté La revue des dirigeants financiers Faire ou faire faire ? p. 14 Les priorités du Directeur Financier N°4 : développement à l’international p. 19 ExpERtisEs Le lean management : développer les hommes et l’entreprise p. 27 46e année - Publication mensuelle Éditeur : Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), Association loi 1901 14, rue Pergolèse, CS 11655 75773 Paris cedex 16 (France). Tél. : 01 42 27 93 33 – Fax : 01 42 27 04 03 Contact général : [email protected] La revue sur internet : www.revue-echanges.org fondateur Georges Mathey directeur de la publication Thierry Luthi secrétaIRE général de rédaction, JOURNALISTE Mathieu Marcinkiewicz [email protected] ; 01 42 27 94 57 secrétaIRE de rédaction Caroline Dartiailh, [email protected] ; Raphaël Francisco, [email protected] maquette DFCG président du comité éditorial Bruno de Laigue vice-présidents du comité éditorial Philippe Chastres, Baudouin Griton, Stéphane Sabbah comité éditorial Armand Angeli, Ludovic de Beauvoir, Michèle Canovaggio, Jean-François Casanova, Dominique Chesneau, Laure Dykstra, Frédéric Doche, Dominique Fernandez-Poisson, Christophe Marion, Marie-Hélène Marot de Priester, Frédérick Martin, Denis Molho, Frédéric Puistienne, Philippe Robert-Tanguy. abonnement : 204,20 € Mail : [email protected] Bulletin d’abonnement téléchargeable sur www.revue-echanges.org Publicité Anissa TILIKETE, chef de publicité Tél. : 01 42 27 81 14 ; Mail : [email protected] conception graphique Rampazzo & Associés. – www.rampazzo.com impression Imprimerie de Champagne, Zone industrielle « Les Franchises », 52200 Langres ISSN 07587333 – Dépôt légal : mai 2013 - CPPAP 0415G87484 nos prochains dossierS : JUIN : Santé et finance Juillet-août : La filière vinicole Septembre : M otiver ses collaborateurs en période de crise échanges Dépense publique : des économies maintenant ! FiL ROuGE 3 ma i 2013 ActuALités Illustration de couverture : Olivier Fontvieille mai 2013 - n° 309 - 21 € Donnez Pour permettre à la Fondation DFCG de poursuivre et de développer ses deux missions principales : Faciliter l’accès aux professions de la finance d’entreprise, à de jeunes talents qui n’ont pas les moyens de financer leurs études supérieures. Ce soutien prendra les formes financières les plus appropriées en liaison avec les chefs d’établissement de classes préparatoires de lycées, de grandes écoles et d’université, notamment sous formes de Bourses d’Etudes. Encourager et soutenir des travaux de recherche scientifique visant à améliorer les bonnes pratiques et les techniques de finance et de gestion en entreprise, notamment sous forme de Bourses de Recherche. Les chèques doivent être libellés au nom de : « La Fondation de France - Fondation DFCG » Et adressés à : Fondation DFCG - Maison de la Finance 14 rue Pergolèse - CS 11655 75773 Paris Cedex 16 La Fondation de France adressera au donateur le reçu fiscal correspondant aux dons, sachant que l’exonération fiscale s’élève à 66% du montant du don pour les particuliers et à 60% pour les entreprises. Pages réalisées en partenariat avec échanges ma i 2013 4 Trajectoires Jean-Marc Boursier, 45 ans, ingénieur civil de Telecom sud Paris et titulaire d’un mastère en finance internationale à HEC, est nommé directeur général adjoint en charge des finances de Suez environnement (gestion de l’eau et des déchets). Il a travaillé en tant que commissaire aux comptes pour Mazars à Paris et à Londres entre 1993 et 1999. Il a rejoint le groupe Suez en 1999 en tant que contrôleur financier de Sita France. Il est devenu directeur du contrôle financier de Sita en 2000 puis directeur du contrôle financier et des fusions-acquisitions de Sita en 2001, directeur du plan et du contrôle de Suez environnement en 2002 et enfin directeur financier de Suez environnement en 2004. Avec cette nomination, Jean-Marc Boursier prend également en charge la direction des achats, la supervision de Safege, la filiale en ingénierie de Suez environnement, ainsi que le pilotage des plans d’amélioration de la performance. Jérôme Baniol, 42 ans, Reims management school, DESCF, est nommé directeur financier du groupe Vivarte en remplacement de Christian Nouvion. Il est sous la responsabilité directe de Didier Couerbe, secrétaire général et directeur général délégué. Il intègre le comité exécutif du groupe. Le groupe Vivarte est un acteur majeur de la distribution d’équipement de la personne en Europe. Il compte plus de 4 700 points de vente en France et à l’international, et près de 22 000 collaborateurs. Jérôme Baniol occupait précédemment le poste de DAF France et Europe du Sud de Rexel, groupe dans lequel il est entré en 2003 en qualité de directeur du contrôle de gestion groupe. Il a débuté sa carrière en 1993 au sein de la direction des comptabilités et du contrôle de gestion du groupe de distribution de produits métallurgiques PUM. Alain-Pierre Raynaud, 59 ans, IEP Paris, docteur en sciences économiques, est nommé chef des affaires financières de SNC-Lavalin (groupe spécialisé dans l’ingénierie et la construction). Il est également membre du bureau du président et succède à Gilles Laramée. Son responsable hiérarchique est le président Robert G. Card. Alain-Pierre Raynaud était depuis 2011 président d’Areva au Royaume-Uni. Il a également occupé le poste de directeur financier du groupe Areva de 2006 à 2011. Il a commencé sa carrière comme analyste financier avant de joindre les rangs de Renault en 1987, où il a été nommé vice-président principal et contrôleur de l’entreprise. En 2003, il déménage au Japon pour siéger au comité de direction de Nissan ; son mandat consistait à encadrer les services du contrôle des coûts et des technologies de l’information de ce groupe, et à en diriger les opérations financières. Philippe de Trémiolles, 45 ans, IEP Paris, MBA Columbia, est nommé directeur financier de la Société de la tour Eiffel (Sete). La Sete est une société d’investissements immobiliers. Sa stratégie privilégie l’investissement dans des zones à fort potentiel et la fourniture d’immeubles neufs loués à des acteurs de premier plan. Philippe de Trémiolles était depuis 2007 directeur administratif et financier de Homair vacances. Il a débuté sa carrière comme auditeur Gilles Vestur, 53 ans, HEC, expert-comptable, est promu directeur financier pour les pays nordiques de Sodexo. Il est ainsi en charge de la supervision de la fonction financière pour la Suède, la Finlande, la Norvège et le Danemark. Il est sous la responsabilité directe de Fredrik Strand, directeur général de Sodexo pour les pays nordiques. Il est membre du comité exécutif. Fondé à Marseille en 1966, le groupe Sodexo (ex-Sodexho Alliance) est un des leaders mondiaux de la restauration et des services. Gilles Vestur est entré dans le groupe Sodexo en 2001 en qualité de DAF de Sodexo France. Entré chez PwC en 1984 comme auditeur, Gilles Vestur a ensuite intégré successivement Center parcs France comme contrôleur (1988-1990), Christian Dior (directeur financier) et Auchan France (directeur financier en 2000). chez Arthur Andersen avant d’occuper successivement des postes chez The Boston consulting group, Morgan Stanley (banque d’affaires) et HSBC. Bruno Camillo, 43 ans, Rouen business school, est nommé directeur administratif et financier d’Europe Airpost (groupe Air contractors). Il est ainsi chargé de piloter et d’animer les services administratifs et financiers, le contrôle de gestion, la comptabilité, les achats et les services généraux. Il est membre du comité de direction. Europe Airpost est une compagnie aérienne membre du groupe ASL aviation. Elle exerce une double activité de transport de passagers sur les segments loisirs et charter, et de transport de fret pour des opérateurs postaux et des opérateurs de fret express en Europe. Bruno Camillo était depuis 2010 responsable administratif et financier de MGF Logistique (groupe G7). Il a également occupé le poste de responsable du contrôle de gestion groupe de G7 entreprises de 2003 à 2010. Il a débuté sa carrière en 1992 chez Ernst & Young comme auditeur avant d’intégrer The Walt Disney company en 1996 en tant qu’auditeur interne Europe puis comme responsable du reporting. En 2000, il entre chez Dole Food Company au poste de responsable du contrôle de gestion Europe. Peter Etzenbach, 45 ans, ESCP Europe, est promu directeur financier d’Allianz France en remplacement de Jürgen Gerke. Il est placé sous la responsabilité de Jacques Richier, PDG du groupe. Il a débuté sa carrière chez Goldman Sachs dans la banque d’affaire à Londres, Hongkong, Francfort et Paris dont il est nommé executive director en 1998. Entré chez Axa en 2005, il exerce des missions d’audit stratégique à Paris. De 2006 à 2008 il est nommé senior vice president business support et développement pour Axa États-Unis et la gestion d’actifs avant d’être responsable de la stratégie du groupe en 2008. Il prend la fonction de directeur général adjoint d’Axa life Japan à Tokyo de 2008 à 2011, membre du conseil d’administration, et en charge de la direction financière et des investissements. En 2011, il rejoint Allianz France et intègre le comité exécutif en charge de l’unité investissement. Peter Buhler, expert comptable, MBA Swiss business school, est nommé directeur administratif et financier de Stallergenes, en remplacement de Christian Thiry. Il est sous la responsabilité directe de Roberto Gradnik, directeur général. Il est membre du comité exécutif de l’entreprise. De nationalité suisse, Peter Buhler était Retrouvez les 150 000 décideurs qui font Actualités Trajectoires 5 ma i 2013 Juergen Gerke, 53 ans, diplômé de l’université Georgia Augusta et des programmes executive management d’Harvard et de l’Insead, est nommé directeur financier d’Allianz worldwide partners (AWP). Cette structure est la nouvelle ligne de business du groupe Allianz dédiée aux activités B2B2C (business to business to consumer). Il commence sa carrière chez Deutsche bank avant de rejoindre l’assureur-crédit Hermes dans le financement de projets. Il intègre ensuite la Commission européenne à Bruxelles en 1994, chargé de l’harmonisation intra et extracommunautaire dans le domaine du commerce international. Entre 1998 et 2002 il occupe les fonctions de directeur des sinistres et de directeur général des affaires internationales chez Euler Hermes (Hambourg). à partir de 2003, il participe au redressement de Dresdner bank en tant que membre du board de l’IRU, en charge des participations bancaires et assurances à l’international, avant de rejoindre Allianz SE en 2006. Il est, depuis 2007, membre du comité exécutif d’Allianz France en charge de l’unité finance. Sébastien Gabet, DECF, est promu directeur financier de Demos, en remplacement d’Emmanuel Courtois. Il est sous la responsabilité directe de Franck Lebouchard, directeur général. Il est ainsi en charge des services comptables, du contrôle de gestion, du recouvrement, de la trésorerie et de la consolidation. Sébastien Gabet était auparavant responsable financier de la même entreprise (depuis 2009). Il est entré chez Demos en 2007 comme adjoint au chef comptable avant de devenir chef comptable en 2008. Il a commencé sa carrière chez Europages en 2002 comme comptable général. Créé en 1972, le groupe Demos est l’un des leaders mondiaux de la formation professionnelle en continu. Implanté dans 16 pays et dans les principales villes de France, Demos accompagne ses clients à l’international tout en développant ses clientèles locales. Eric Bazile, 48 ans, ESCP, est nommé directeur administratif et financier d’Osiatis en remplacement d’Arnaud Beraud-Sudreau. Osiatis est une SSII positionnée sur le marché des services aux infrastructures informatiques. Eric Bazile était précédemment directeur commercial de Bosch Rexroth en Allemagne. Il a effectué l’essentiel de sa carrière dans le groupe Robert Bosch à différents postes à responsabilité financière et commerciale. Il a débuté sa carrière chez Arthur Andersen en 1992. Vincent Leonard a rejoint le groupe Seb pour succéder à Jean-Pierre Lac comme directeur général adjoint, en charge des finances (ce dernier prend sa retraite après avoir tenu la fonction 12 ans). Vincent Leonard rapportera directement au président-directeur général du groupe, Thierry de La Tour d’Artaise. Diplômé de l’Essec, Vincent Leonard a commencé sa carrière professionnelle en 1985 chez Arthur Andersen. Il a ensuite rejoint le groupe Pepsico où il a occupé, à partir de 1990, de multiples responsabilités dans la fonction finances en France, en Angleterre, à Hongkong et au siège situé aux états-Unis où il était récemment directeur du contrôle de gestion du groupe Pepsico. Gérald Berge, 54 ans, Essec, Centrale Lyon, est nommé directeur financier groupe de Devoteam en remplacement de Patricia Emmel. Mathilde Bluteau, 43 ans, ESCG Paris, est nommée directrice financière de Microsoft France en remplacement de Byron Rader nommé DAF de Skype. Elle aura pour principale mission d’accompagner la transformation numérique de la filiale française et de soutenir sa compétitivité. Elle est chargée de renforcer les synergies entre les divisions de Microsoft en apportant son expertise et sa vision sur les différents métiers et activités de l’entreprise. Elle supervisera également la gestion financière de Microsoft France en lien avec les directions du contrôle de gestion, de la trésorerie, et de la comptabilité de l’entreprise. Elle aura aussi vocation à diriger prioritairement l’analyse financière de chaque division de Microsoft France et à proposer des solutions innovantes pour soutenir l’activité commerciale. Mathilde Bluteau a réalisé l’essentiel de son parcours professionnel dans la finance d’entreprise, en exerçant des postes à haute responsabilité, en France et à l’étranger, exclusivement dans des sociétés informatiques telles EDS, Cisco, PeopleSoft et plus récemment Apple. le business en France sur www.nomination.fr Devoteam est un groupe de conseil en technologies de l’information et de la communication. Gérald Berge était depuis 2009 directeur financier groupe de Altran. Il a exercé une grande partie de son activité dans des groupes de presse, notamment le groupe Socpress de 2000 à 2006, d’abord comme directeur financier puis comme DAF. Il a ensuite rejoint le groupe Express-Expansion comme membre du conseil de surveillance de 2005 à 2006. Il a commencé sa carrière en 1984 au sein des laboratoires Searle (groupe Monsanto) en qualité de reporting manager. Ayman Ajami, 31 ans, master finance, science et consulting ESCP Europe, est promu directeur administratif et financier groupe de Protegys, en remplacement de Denis Thaeder. Protegys est un groupe de courtage d’assurances. Il est ainsi en charge de l’encadrement des services comptabilité, juridique et ressources humaines, de l’encadrement des équipes contrôle de gestion et des équipes reporting et pilotage du groupe. Il est également en charge du pilotage des études de rentabilité et d’analyses financières stratégiques pour le groupe. Il est sous la responsabilité directe d’Olivier Jaillon, président-directeur général, et Yann Drevillon, directeur général. Ayman Ajami est entré chez Protegys en 2010 comme business valuer avant d’être nommé secrétaire général en 2012. Il a démarré sa carrière chez Ineum consulting en 2007 comme consultant expérimenté en stratégie et finance. Contrairement à ce qui est indiqué dans notre précédent numéro (échanges n° 308), Cécile Lacroix, directeur administratif et financier de D-Link France est diplômée de l’EBS Paris. échanges depuis 2010 directeur financier Europe de Logitech. Stallergenes est un laboratoire biopharmaceutique français spécialisé dans le traitement de la rhinite allergique sévère par immunothérapie allergénique. Peter Buhler a également exercé en tant que directeur administratif et financier de Anteis (2008 à 2010) et comme directeur contrôle de gestion Europe de Merck Serono (2007 à 2008). en partenariat avec échanges ma i 2013 6 En bref REDRESSEMENTS Le contrôle fiscal a rapporté 18 Md€ en 2012 LES CONTRôLES EFFECTUéS par l’Administration fiscale en 2012 ont rapporté 18 Md€ de droits et pénalités, contre 16,4 Md€ en 2011. Une progression de 10 % révélée par Bernard Cazeneuve, le nouveau ministre du Budget. Le remplaçant de Jérôme Cahuzac souligne que les sommes récupérées après des fraudes graves ont bondi, l’an passé, de 45 % pour dépasser les 6 Md€. Selon lui, 1 157 dossiers ont été transmis à la Justice à la suite de ces contrôles. La plus grande part de ces redressements incombe aux entreprises pour 8,6 Md€ au titre de l’impôt sur les sociétés et la TVA. Les seuls contrôles sur pièces ont généré 5,8 Md€ de redressement. n BILAN 630 M€ pour les PME et ETI LES NOUVEAUX PRODUITS lancés par bpifrance Financement (ex Oséo) au premier trimestre 2013, dans le cadre du Pacte de compétitivité, rencontrent un « succès important » selon l’entreprise. Entre le préfinancement du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), le prêt pour l’innovation, le préfinancement du crédit impôt recherche et la garantie renforcement de la trésorerie pour les PME, c’est un apport de 630 M€ supplémentaires qui a été injecté dans l’économie par bpifrance financement. n BAROMèTRE Les chefs d’entreprise moins confiants LA CONFIANCE DES CHEFS D’ENTREPRISE en l’économie française chute fortement de 10 points depuis le mois dernier pour atteindre 11 % : c’est le principal résultat du 26e Observatoire Banque palatine des PME-ETI. Une baisse importante pour ce baromètre qui atteint son niveau le plus bas depuis sa création en décembre 2010. Pour leur activité, l’optimisme reste cependant élevé et progresse de 2 points depuis mars. Il est aujourd’hui de à 67 %. n AFTE : rechute des trésoreries globales SELON L’ENQUêTE MENSUELLE réaliévolution de la trésorerie sée par l’Afte sur globale la trésorerie des grandes entreprises, la trésorerie globale se détériore fortement et s’avère beaucoup moins bonne que prévue. En avril 2013, 74 % des trésoriers indiquent que la variation de leur trésorerie globale a été conforme à Source : AFTE/Coe-Rexecode leurs prévisions (contre 78 % le mois précédent). Seulement 8,8 % des interrogés indiquent que leur trésorerie s’est améliorée, contrairement aux prévisions. Un plus fort pourcentage de trésoriers (17,7 %) trouve qu’elle s’est plus dégradée que prévu. Le solde d’opinion reste négatif à -11,7 % contre un solde à -8,4 % en mars. Cela indique donc une trésorerie globale moins bonne qu’espérée. Elle s’explique majoritairement par la détérioration de la trésorerie d’exploitation (67 % des répondants) et partiellement aux flux financiers négatifs (pour 19 % des répondants). n étude Les DAF français entre pessimisme et attentisme SELON UNE éTUDE PUBLIéE par Deloitte, les directeurs financiers (CFO) sont plus pessimistes (69 %) en avril 2013 qu’en septembre 2012 (56 %) ou, au mieux, attentistes (28 %) à l’égard de la conjoncture française. La croissance des pays émergents (40 %) reste le facteur d’optimisme principal pour les 6 prochains mois. à l’inverse, l’évolution du cours des matières premières (15 %), l’évolution des politiques fiscales et sociales en Europe (51 %), la situation économique en Europe (56 %) et le risque d’éclatement de la zone Euro (37 %), renforcent le pessimisme. Cette étude illustre la seconde édition d’un baromètre d’opinions réalisé par le cabinet conseil. Elle a été menée auprès de 75 directeurs financiers d’entreprises françaises ou de filiales françaises d’entreprises étrangères représentatives de l’ensemble des secteurs de l’économie. Le niveau général d’incertitude économique et financière des entreprises à horizon 6 mois est en léger recul (29 % contre 45 % en septembre 2012). Toutefois, pour les 6 prochains mois, les entreprises priorisent les actions endogènes : diminution des coûts (68 %) et croissance organique (53 %) ; l’introduction de nouveaux produits / services arrive en 3e position pour 37 % des CFO. Enfin, le renforcement de la contrainte réglementaire reste le principal motif d’inquiétude en matière de liquidité pour 35 % des CFO. La tension du marché d’accès au crédit, quant à elle, est stable (49 %), avec une légère tendance à la détente. n C’est le bilan dressé à cette date dans le cadre du partenariat entre Accelya, spécialiste de la dématérialisation des factures et des flux dématérialisés, et CDC Arkhinéo, tiers de confiance archiveur, filiale de la Caisse des dépôts. En 2010, CDC Arkhinéo et Accelya se sont rapprochés afin de proposer l’archivage à valeur probante de CDC Arkhinéo en complément des services Clear’ Invoice de dématérialisation fiscale de factures d’Accelya. Clear’ Invoice, en s’adaptant aux différents systèmes d’information des entreprises, permet en effet d’automatiser l’envoi, la réception et l’archivage des factures dématérialisées fiscalement, en respectant la réglementation en Europe et à l’international, afin de remplacer progressivement les factures papier. Les perspectives d’évolution à 2 ans CINQ ANS APRèS LA CRéATION du concept d’entreprise de taille intermédiaire (ETI), KPMG et Asmep-ETI viennent de réaliser une étude sur le bilan et les perspectives de cette catégorie de société. Une ETI, selon la Loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008, est une entreprise qui possède un effectif compris entre 250 et 5 000 salariés, ou qui réalise un chiffre d’affaires entre 50 M€ et 1,5 Md€ ou encore qui possède un total de bilan compris entre 43 M€ et 2 Md€. Plus de 4 dirigeants d’ETI sur 10 (41 %) déclarent avoir augmenté leur activité sur les deux dernières années. 36 % l’ont maintenue, tandis que 23 % ont connu une décroissance. L’environnement économique et concurrentiel représente l’un des deux principaux freins au développement pour 78 % des personnes interrogées. En termes d’activité, 44 % anticipent une augmentation de leur chiffre d’affaires pour les deux prochaines années, contre 46 % en février 2012 et 56 % en avril 2011. Pas moins de 46 % des ETI prévoient de maintenir leur activité, tandis que seule une ETI sur dix s’attend à une baisse de son chiffre d’affaires. De plus, 86 % des dirigeants d’ETI estiment qu’ils maintiendront ou augmenteront leur rentabilité dans les deux prochaines années. Sur le plan de l’emploi, 68 % des chefs d’entreprise interrogés envisagent un maintien de leurs effectifs et 15 % prévoient des embauches. Toutefois, pour 17 % d’entre eux, les perspectives d’évolution des effectifs à deux ans sont négatives, contre 5 % en avril 2011 et 13 % l’an dernier. récompenses Trois lauréats au Grand Prix des entreprises patrimoniales et des ETI POUR SA 12e éDITION, le jury des grands prix des entreprises patrimoniales et des ETI a choisi de distinguer trois sociétés dans trois catégories. Le prix Asmep-ETI/FSI « innovation et stratégie industrielle » est remis au groupe Moret industries (pompes industrielles). Le prix Asmep-ETI/Banque Palatine « pérennité et transmission » récompense le groupe Lingenheld (travaux publics). Enfin, le jury a choisi cette année de distinguer par un prix « coup de cœur » le groupe Repetto (chaussures). Ces grands prix visent à mettre en lumière l’excellence éthique et entrepreneuriale, fondée sur des critères tels que la capacité d’innovation, l’ouverture d’une entreprise sur le monde, la gestion irréprochable de la qualité et les mesures prises pour garantir la pérennité et la croissance de long terme de l’entreprise. Créés en 2001, ces prix ont pour vocation de promouvoir et de valoriser l’image, les valeurs et l’importance des entreprises patrimoniales et des ETI françaises. n La Fédération bancaire française (FBF), ainsi que plusieurs autres associations professionnelles, s’alarment de la mise en place prochaine de la taxe sur les transactions financières. La Commission européenne vient en effet de publier une proposition de directive visant à taxer les transactions financières dans le cadre d’une procédure de coopération renforcée concernant 11 états membres parmi lesquels la France et l’Allemagne. Pour la FBF, ce projet est maximaliste : il prévoit la taxation de toute transaction, sur tout marché, sur tout instrument financier dès lors qu’une des parties à la transaction est un établissement financier établi dans un des états participants. Selon la FBF, si le projet était adopté en l’état, la taxe aurait des conséquences lourdes sur la finance européenne, mais aussi sur l’activité économique alors que le retour à la croissance est un enjeu essentiel pour l’Europe. Des bilans simplifiés pour les TPE et les PME Lors du séminaire gouvernemental du 18 avril 2013 sur le suivi de la mise en œuvre du Pacte de compétitivité, le Premier ministre a indiqué que près des deux tiers des mesures décidées étaient d’ores et déjà mises en œuvre ou engagées. Il a aussi annoncé l’allégement des obligations comptables des plus petites entreprises et l’augmentation de l’investissement de l’épargne populaire dans le financement des entreprises. Ainsi, près de 1,4 million de très petites entreprises (TPE) seront désormais dispensées d’établir l’annexe qu’il leur revenait jusqu’à présent de produire en sus du bilan et du compte de résultat. Par ailleurs, l’ensemble des petites entreprises employant moins de 50 salariés auront désormais la possibilité d’établir un bilan simplifié, alors que le seuil était précédemment fixé à moins de 20 salariés. Enfin, afin de mobiliser encore davantage l’épargne populaire pour le financement des entreprises, le fonds d’épargne augmentera ses investissements en fonds propres dans les PME de près d’1,5 Md€ en 5 ans : 1,25 Md€ sera investi dans des PME non cotées et 200 M€ seront investis dès 2013 dans les PME cotées. 7 échanges millions de factures électroniques archivées Les ETI résistent à la crise La Taxe sur les transactions financières inquiète ma i 2013 2,5 entreprises 50 % des entreprises créées en 2006 sont encore actives en 2011 échanges ma i 2013 8 En bref rapport 26 000 emplois créés par les investissements étrangers en 2012 L’AGENCE FRANÇAISE POUR LES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX (AFII) a rendu disponible son rapport 2012 sur les investissements étrangers créateurs d’emploi en France. Selon ce document, avec 693 investissements décidés l’année dernière, « les résultats annoncés début mars confirment le maintien de l’attractivité de la France, dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale ». Le rapport met en particulier, en lumière la confiance des investisseurs nord-américains dans l’économie française, à l’origine de 26 % des décisions d’investissement en 2012, et la part croissante des projets en provenance des pays émergents (8 %). Il souligne que la France, première destination en Europe des investissements internationaux dans le domaine industriel, a été choisie en 2012 par 194 entreprises étrangères pour des investissements dans des activités de production, qui restent les premières contributrices en matière d’emploi (42 % des 26 000 emplois créés ou sauvegardés par les investissements étrangers décidés en 2012). 344 projets ont concerné en 2012 des créations, et 303 des extensions. On compte 46 acquisitions d’entreprises par des investisseurs étrangers qui vont, par ailleurs, sauvegarder ou accroître l’emploi dans les entreprises concernées. Plus de 800 implantations sous contrôle étranger sont actives dans les pôles de compétitivité, et plus de 2000 entreprises étrangères implantées en France bénéficient du crédit d’impôt recherche, dont l’élargissement aux dépenses d’innovation pour les PME et la stabilisation jusqu’en 2017 renforcent l’intérêt pour les investisseurs étrangers. n D’APRèS UNE éTUDE DE L’INSEE, parmi les 286 000 entreprises créées en 2006, 50 % d’entre elles sont encore actives en 2011. Ainsi, en moyenne, environ 10 % d’entreprises ont-elles disparu chaque année. Ce sont les caps de la deuxième et de la troiTaux de pérennité sième année qui sont les des entreprises créées plus difficiles : 13 % des en 2006 et 2002 entreprises ont disparu entre la première et la deuxième année et 14 % entre la deuxième et la troisième. La cessation au bout de cinq ans de la moitié des entreprises a entraîné la disparition d’environ la moitié des emplois. Cette baisse est toutefois atténuée par la hausse de l’emploi des entreprises pérennes, de 56 % en cinq ans. Aussi, en cinq ans, l’emploi total (salariés et non salariés) des entreprises nées en 2006 a diminué de 22 %. Par rapport aux entreprises créées en 2002, la génération 2006 a pâti de la crise économique de 2008. Dès le premier semestre 2008, les jeunes entreprises ont pu être affectées par le durcissement des critères d’octroi de crédit pour leurs investissements. Par ailleurs, les entreprises du secteur de la construction ont dû faire face au recul de l’investissement en logement des ménages. Enfin, la généralisation de la crise à l’ensemble de l’économie fin 2008 a accentué les difficultés des nouvelles entreprises. n échéance La FBF lance un site internet dédié à Sepa pour les entreprises à 10 MOIS DU PASSAGE AU SEPA (Single Euro Payments Area), la profession bancaire lance un nouvel outil d’information sur le sujet avec un site internet www.banques-sepa.fr, dédié à l’accompagnement des entreprises dans leur migration. Ce site pédagogique comprend principalement trois rubriques : « En pratique », « Initiatives », et « Témoignages » pour inciter les entreprises à anticiper et tester ces changements le plus en amont possible. Cet outil est complémentaire du site d’information du comité national Sepa. Rappelons qu’à compter du 1er février 2014, tous les virements et prélèvements effectués par l’ensemble des acteurs économiques devront être aux normes Sepa, conformément aux règles européennes. à cette date, les entreprises ne pourront plus utiliser que le virement et le prélèvement Sepa pour leurs opérations nationales et transfrontières. Toutes les entreprises, sans exception, quelles que soient leur taille et leur activité, sont concernées, même si elles ne font que des opérations en France. n Au sein des entreprises, l’information financière a longtemps été réservée au conseil d’administration, à l’encadrement supérieur et aux représentants du 10 personnel. C’est progressivement qu’est apparue l’idée échanges ma i 2013 d’une véritable communication financière interne. Événement Communication financière un levier de performance Eric Chaumeau Responsable de la communication interne de La Française des Jeux Jean-Xavier Franco Responsable de mission à la direction financière de Generali Fabrice Vernière Directeur financier de Sage Dans votre entreprise, comment est diffusée l’information économique et financière ? Fabrice Vernière : Sage France est une filiale d’un groupe anglais coté à la bourse de Londres. Pour cette raison, notre planning est très encadré : l’information financière ne peut pas être diffusée en France, que ce soit en interne ou vis-à-vis de l’externe, avant d’avoir été présentée en Grande Bretagne. Cela nous conduit à décaler de trois mois l’annonce de nos propres résultats, tout comme les commentaires et les explications que nous en donnons. Traditionnellement, je présente chaque trimestre les résultats aux représentants du personnel. Mais nous avons ressenti, voici quelques années, la nécessité de les diffuser plus largement en interne. Nous avons compris aussi qu’il fallait mettre les chiffres en rapport avec la stratégie de l’entreprise, en les utilisant comme une explication et une mesure de cette stratégie. C’est ce qui donne du sens au travail des collaborateurs. Ceux-ci ont un bon niveau d’information, selon notre dernière enquête interne : 82 % connaissent ainsi nos résultats, contre 70 % pour l’ensemble des entreprises françaises. Cependant, il est apparu que tout le monde ne comprenait pas le langage économique: nous devions d’abord former les différents publics internes aux bases du raisonnement financier. C’est à cette étape que nous nous situons aujourd’hui. Jean-Xavier Franco : Chez Generali France, nous avons mené une réflexion similaire. En 2007, le groupe issu de la fusion de plusieurs compagnies a lancé un projet d’entreprise nommé « Ambition », pour créer une cohérence entre ses différentes composantes. Il s’agissait de développer une culture commune, et notamment une culture économique. La crise a accéléré la mise en place d’une communication financière structurée. Jusque-là, les communiqués de presse sur l’activité et les résultats étaient simplement mis à la disposition des collaborateurs. L’information était limitée, à la fois dans son contenu et dans ses modes de diffusion. Certains secteurs spécifiques, comme l’épargne, communiquaient une information plus détaillée sur leurs propres résultats, mais rien n’était vraiment structuré. La crise a engendré la nécessité d’enrichir la communication financière auprès de l’ensemble des collaborateurs, de l’encadrer aussi, avec une obligation de pédagogie. Il fallait que tous comprennent le sens des décisions de l’entreprise. La direction financière a donc initié une démarche de développement de la culture économique, appuyée par une identité visuelle singulière, et conduite par un département dédié. Éric Chaumeau : C’est vrai que le résultat financier valide la stratégie et Actualités Événement 11 ‘‘ la nécessité d’enrichir la communication financière auprès des collaborateurs ’’ infographie, la présentation se veut très accessible. Par ailleurs, nous avons élaboré des modules d’e-learning et nous allons bientôt organiser une émission de web TV interne sur « Les Français, les médias et l’économie ». Notre objectif est que la majeure partie de nos effectifs comprenne le lien très fort existant entre l’économie et les activités d’assurance, et comprenne sa contribution individuelle à la création de valeur par l’entreprise. Nous mesurons l’impact de nos actions par le biais d’enquêtes. Deux ont été menées cette année sur le périmètre de Generali France. L’une, destinée aux cadres supérieurs, avait notamment pour objet de valider la pertinence de nos modes de communication. Ses conclusions nous ont conduits à organiser trimestriellement une présentation des résultats par le directeur financier de Generali France. L’autre, destinée aux collaborateurs, a montré que le niveau d’appétence varie en fonction du statut et du secteur d’activité dans l’entreprise. Cela nous a amenés à proposer, pour ceux qui le souhaitent, une présentation en live des résultats par le directeur financier, ou encore un jeu de quiz économique en ligne. Fabrice Vernière : Pour notre part, nous sommes en phase d’élaboration de notre nouveau dispositif. Nous sommes convaincus aujourd’hui de la nécessité de mettre la communication financière en rapport avec la stratégie de l’entreprise. Plus exactement, l’enjeu est d’insérer l’information financière dans l’explication de la stratégie, les chiffres venant témoigner de ce qui est mis en œuvre et servant d’indicateurs. Nous avons identifié trois cibles – les managers des directions, les cadres, l’ensemble des collaborateurs – et souhaitons que la communication soit relayée d’une cible à l’autre. Pour cela, nous avons démarré la formation des managers des directions aux principes de base de la finance et de la gestion, appliqués à Sage. Durant des sessions de trois heures que j’anime, nous abordons les notions de chiffre d’affaires, revenus, charges, provisions, etc. Ils apprennent à construire un compte d’exploitation, un bilan. Puis nous travaillons sur le cashflow, le cours de la bourse, la nécessité d’être rentable, de lever des fonds pour l’investissement… Parallèlement, nous élaborons des supports écrits, de type FAQ, pour aider à la démultiplication ■■■ de cette formation. échanges Comment déclinez-vous aujourd’hui la communication économique et financière? Éric Chaumeau : Nous communiquons nos résultats aux journalistes par conférence de presse et communiqués de presse. Dans le même temps, ces informations sont diffusées largement en interne. Il en va de même pour le rapport annuel à la fois financier et institutionnel (la Française des Jeux n’est pas cotée en bourse). Par ailleurs, trois fois par an, des réunions ouvertes à tous sont organisées sur nos trois sites et animées par le président et le directeur général délégué de l’entreprise. Elles portent sur les enjeux, la stratégie et les sujets d’actualité, avec des séquences de questions/ réponses. Ces thèmes sont également traités lors d’un séminaire annuel auquel tous les managers sont conviés, ainsi que dans le cadre de réunions bisannuelles réunissant le top management. Nous utilisons aussi l’intranet, qui va d’ailleurs évoluer prochainement vers un format 2.0 plus collaboratif et communautaire. Surtout, nous avons fortement développé la communication de proximité. Parmi nos valeurs managériales essentielles figure la volonté de « donner du sens » à nos actions, en clarifiant et en éclairant les enjeux et les décisions de l’entreprise. Tout au long de l’année, les managers déclinent donc les explications auprès de leurs équipes. Nous leur proposons d’ailleurs une formation sur le « management de la performance financière et économique de l’entreprise », coanimée par le directeur financier, le responsable du contrôle de gestion et un formateur professionnel. La connaissance, l’adoption et l’alignement de tous autour de la stratégie doivent être les plus larges possibles et nous les mesurons au travers de notre baromètre annuel. Car ce sont bien les collaborateurs qui font la valeur ajoutée de l’entreprise. Jean-Xavier Franco : Notre démarche « culture économique » a été construite autour de deux cibles : l’encadrement supérieur et l’ensemble des collaborateurs. Les cadres supérieurs avaient de solides connaissances, en particulier sur ce qui touchait leur propre secteur d’activité, mais nous voulions leur donner une vision plus globale des enjeux de l’entreprise et de sa stratégie, tous secteurs confondus. Nous avons donc mis en place des modules de formation dédiés, allant jusqu’à des sessions présentielles où ces enjeux leur étaient expliqués directement par les directeurs généraux. L’objectif est qu’ils se sentent suffisamment à l’aise pour transmettre informations et explications à leurs collaborateurs. Toujours pour ces cadres, nous publions chaque trimestre un livret sur l’activité et les résultats de l’entreprise. Pour la cible des collaborateurs, nous avons instauré des publications régulières sur l’intranet, sous forme de newsletter analysant à la fois le contexte du marché de l’assurance et les résultats de l’entreprise. Depuis quatre ans, nous consacrons également une double page de la revue interne (éditée cinq fois par an) à un sujet assurantiel et/ou macroéconomique, tel que la fiscalité des produits d’assurance ou la dette souveraine. Centrée sur une ma i 2013 démontre, ou non, que l’entreprise a fait les bons choix et qu’elle a été capable de tenir ses engagements. La communication financière est à ce titre le support d’une information essentielle pour tous les collaborateurs qui ont contribué à la mise en œuvre de cette stratégie, voire à sa conception. Nous avons donc choisi de réserver une large place à la vision stratégique, à la trajectoire économique, au plan d’affaires et à la performance financière dans notre communication interne. Au fil des années, celle-ci s’est enrichie d’éléments nouveaux, tels que la notion de création de valeur immatérielle, avec la RSE, ou la notion de performance durable, avec la politique de bien-être au travail, par exemple. Je dirais que notre communication évolue au fur et à mesure que l’entreprise affine son modèle économique mais aussi son modèle d’entreprise. Actualités Événement échanges ma i 2013 12 ■ ■ ■ Quel est le rôle des communicants, en particulier des responsables de communication interne, dans ces démarches ? Fabrice Vernière : Nous avons pris conscience que la communication est un acteur de la stratégie. Elle permet aux collaborateurs de trouver leur rôle dans l’organisation et de comprendre en quoi ils contribuent aux résultats. C’est pourquoi les équipes de communication externe et interne ont été regroupées dans une direction unique. Nous bénéficions également du soutien de la directrice de la communication qui nous accompagne dans notre démarche, définit un plan de communication global et nous aide à partager les enjeux en termes accessibles. Elle nous apporte le regard des collaborateurs, leurs questions et nous évite de tenir des discours d’experts réservés aux seuls initiés. Jean-Xavier Franco : Si nous pilotons la démarche « culture économique » au niveau de la direction financière, nous travaillons bien sûr main dans la main avec la direction de la communication. Celle-ci compte d’ailleurs s’appuyer sur nos outils pour ses relations presse et intégrer nos actions dans sa démarche de renforcement de la marque employeur. Éric Chaumeau : Chez nous, le discours économique et financier est élaboré sous l’autorité de la direction générale par le pôle finance, la direction de la communication et la direction des ressources humaines, à laquelle est rattachée la communication interne. Il est porté par le président ou la direction générale aussi bien en externe qu’en interne. À partir de ces éléments de langage, chaque direction décline ensuite au format qui lui convient. Le responsable de communication interne apporte sa connaissance de la culture de l’entreprise, son expertise des publics internes, son savoir faire dans la mise en forme et la diffusion. La crise économique que nous traversons est en train de changer la donne. Il est plus que jamais nécessaire de diffuser auprès de tous les collaborateurs une réelle culture de la performance financière. Cependant, le modèle d’une entreprise uniquement tournée vers l’efficacité financière s’affaiblit. Les dirigeants prennent conscience qu’une entreprise, c’est aussi une envie commune de construire, une fierté, des valeurs, de l’innovation. Tout cela est incarné par les managers et les L’atelier Afci/DFCG L’Afci et la DFCG (Association nationale des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion) ont mis en place, fin mars 2012, un atelier commun sur la communication financière interne. Les membres de cet atelier se sont réunis régulièrement afin d’échanger autour de thématiques définies (par exemple : concilier transparence et confidentialité, mettre en place une bonne coordination entre la DAF et la DIRCOM) et de préparer un document de synthèse qui sera diffusé aux membres des deux associations début 2013. collaborateurs ; la communication interne, dans cette perspective, a un rôle immense à jouer. D’après vos expériences respectives, quelles sont les bonnes pratiques à retenir — ou les écueils à éviter — pour traiter de l’information économique et financière ? Fabrice Vernière : Bien que notre démarche ne soit pas encore complètement lancée, je retiens déjà que la communication interne doit être proche du comité de direction de l’entreprise, pour avoir la connaissance approfondie des enjeux stratégiques. En tant que directeur financier, je dirais aussi qu’il faut tout le temps se poser des questions sur ce qu’on veut communiquer, et à qui. Il ne s’agit pas de cacher des informations mais simplement de s’adapter à la cible. Donner des explications est un minimum lorsqu’on prétend mobiliser les collaborateurs ! Jean-Xavier Franco : En effet, nous parlons de sujets complexes que tout le monde ne maîtrise pas et qui nécessitent un apprentissage. À ce titre, je pense que notre démarche « culture économique » est assez innovante dans le monde de l’assurance, un monde difficile à appréhender du fait de la diversité des activités et du fort encadrement réglementaire auquel il est soumis. Il faut également voir cette démarche comme une action d’intégration à l’entreprise. Pour moi, la bonne pratique consiste à instaurer beaucoup de régularité dans la communication et à procéder par étapes. Pour impliquer les collaborateurs, il est nécessaire qu’ils se soient approprié la démarche, ce qui signifie qu’ils aient été préalablement sensibilisés aux messages, que les éléments de compréhension leur aient été fournis, et que leur niveau de compréhension et d’adhésion ait été mesuré. J’en veux pour preuve un outil à destination des managers qui avait été lancé il y a quelques années et qui n’avait pas très bien marché : le kit trimestriel sur l’activité et les résultats de Generali France à décliner à leurs collaborateurs. À l’époque, les managers n’étaient pas encore assez à l’aise avec la matière économique pour l’utiliser. Ce qui est donné ponctuellement, sans support pédagogique, ne fonctionne pas. Il faut d’abord créer un terrain favorable, dans un cadre structuré. Éric Chaumeau : La régularité est très importante : il faut communiquer dans les mauvais jours comme dans les bons. D’autant qu’avec le développement des réseaux sociaux, tout le monde sait aujourd’hui où trouver de l’information. On doit donc instaurer avec les collaborateurs un dialogue adulte, engagé, nourri toute l’année. Je crois que des réalités parfois difficiles peuvent mobiliser l’entreprise autant que d’agréables nouvelles. Pour moi, la communication économique est un levier de motivation du corps social de l’entreprise. Nous constatons au travers de notre baromètre interne qu’elle génère de l’investissement personnel. Et tout le monde y gagne : la réactivité augmente, les cycles de changement raccourcissent et la culture de la performance se renforce. n Propos recueillis par Laurence de Beaufort ‘‘ Donner des explications est un minimum lorsqu’on prétend mobiliser les collaborateurs ’’ La dépense publique française est non seulement exponentielle, mais elle met en péril notre souveraineté nationale. 14 Pour endiguer le phénomène, l’Institut Montaigne propose 15 réformes visant une économie échanges ma i 2013 globale de 3 % du PIB. Événement Dépense publique : des économies maintenant ! Un objectif colossal… Durant la même période, le niveau des recettes a été en moyenne inférieur de trois à quatre points de PIB à celui des dépenses. Cet écart jamais comblé entre dépenses et recettes a creusé la dette publique de notre pays jusqu’à faire naître une nouvelle catégorie de dépenses, en passe de devenir la première de toutes et de paralyser l’action publique : la charge d’intérêts. Réduire le niveau des dépenses n’est pas seulement la seule voie permettant d’assainir nos finances publiques et d’alléger la charge fiscale et sociale pour restaurer notre compétitivité, c’est cette réduction même qui redonnera son sens à la dépense publique en substituant à des dépenses trop nombreuses et aux effets incertains, des dépenses plus utiles et plus efficaces. Le rapport de l’Institut Montaigne1 livre des pistes opérationnelles pour y parvenir. Cette réduction demande tout d’abord des progrès dans l’évaluation et la gouvernance d’ensemble des finances publiques. L’Institut recommande de faire voter par le Parlement un document unique sur les finances publiques et d’investir davantage dans l’évaluation afin de la rendre plus indépendante et plus professionnelle. Par ailleurs, le rapport propose de diminuer les dotations de l’État aux collectivités locales, de poursuivre les efforts de maîtrise des dépenses de fonctionnement des administrations et d’engager une réduction des dépenses de personnel dans les trois fonctions publiques, afin de réaliser des économies de près de 20 milliards d’euros au total. Pour atteindre l’objectif fixé par le Président de la République lui-même en novembre dernier – parvenir à l’équivalent de 3 points de PIB d’économies au moins d’ici à la fin du quinquennat, d’autres pistes doivent être étudiées. Ce travail explore donc six domaines d’action publique pour un tel montant d’économies, soit près de 40 milliards d’euros supplémentaires. … mais réalisable Quelques exemples de propositions formulées dans Redonner sens et efficacité à la © crédit Photo E n 2013, la dépense publique représentera près de 57 % de la richesse nationale, soit un niveau sans précédent dans notre histoire économique récente. Le rapport publié par l’Institut Montaigne en décembre dernier, fruit du groupe de travail était présidé par Pierre-Mathieu Duhamel, souligne que, depuis plus de trente ans, l’action publique s’est trop souvent résumée à créer de nouvelles dépenses, sans se soucier d’évaluer leur efficacité, ni celle des dépenses précédentes. nLa dépense publique représente aujourd’hui 56 % de la richesse nationale et progressera d’un point en 2013 si l’on ne fait rien. 15 Un nouveau nom... échanges 1. Téléchargeable en pdf sur le site de l’Institut Montaigne ici : http://www.institutmontaigne.org/ depense-publique-15-propositions-pour-60-milliards-d-economies--3693.html & ma i 2013 dépense publique : 15 propositions pour 60 milliards d’économies : • dans le domaine de l’assurance-maladie, trois propositions principales sont formulées : réduire le volume de médicaments consommés, introduire des parcours de soins coordonnés et instaurer un « bouclier sanitaire » (15,5 Md€ d’économies) ; • concernant l’assurance chômage, il est proposé de rétablir un régime d’allocations dégressives, notamment pour les demandeurs d’emploi les plus proches de l’emploi et de réformer résolument le régime des intermittents du spectacle, responsable pour un tiers en 2010 et deux tiers en 2011 du déficit de ce régime (environ 4,5 Md€ d’économies) ; • en matière de logement, il faut mieux cibler les aides personnelles au logement, afin qu’elles ne soient pas captées par les propriétaires. La gestion des bailleurs sociaux peut largement être améliorée et certains dispositifs d’aide à l’accession à la propriété pourraient être supprimés (environ 9,5 Md€ d’économies) ; • s’agissant de la politique familiale, il est proposé des économies sur les prestations, dont la contrepartie serait un investissement sur l’accueil des enfants en bas âge. Le principal gisement d’économies consiste en la remise en cause des majorations de pensions, qui sont anti-redistributives et ne répondent pas aux objectifs de la politique familiale (7 Md€ d’économies) ; • la suppression de la prime pour l’emploi dégagerait des marges de manœuvre pour revaloriser la partie du RSA visant à inciter au retour à l’emploi et le reste de l’économie (1 Md€ environ) serait affecté au désendettement ; • enfin, il serait utile de recentrer l’aide au développement économique sur le couple état-région, et d’engager une réduction significative du niveau des aides aux entreprises. Toutes ces réformes n’ont pas vocation à être mises en œuvre au même moment ni au même rythme. Il appartient au pouvoir politique d’établir des priorités. Mais il est possible d’obtenir une réduction de la dépense publique suffisamment puissante pour désendetter le pays et dégager des marges de manœuvre pour les dépenses, budgétaires ou fiscales, les plus essentielles. n Problématique majeure pour le pilotage de la performance des organismes publics, le contrôle interne a été au cœur des discussions d’un groupe de travail dédié de la DFCG. 16 Elles donneront lieu à la publication d’un Livre Blanc au échanges ma i 2013 printemps 2013. Événement La gestion des risques et le contrôle interne dans les collectivités territoriales D ans un contexte économique et social caractérisé par l’incertitude, il semble important, pour les décideurs publics, de connaître et maîtriser les risques susceptibles de peser sur l’action publique. Le risque, défini ici comme la probabilité de survenance d’un événement ayant un impact non négligeable sur la réalisation des objectifs, se caractérise par sa transversalité. Il peut concerner l’ensemble des activités et des services d’une entité publique. Identifier le risque permet d’inclure l’anticipation dans le pilotage des activités. Le traiter revient à améliorer le contrôle de ces dernières. Des objectifs cruciaux La gestion des risques et le contrôle interne ont pour objet d’assurer l’atteinte des objectifs stratégiques d’une organisation. Le contrôle interne est un « processus mis en œuvre par la direction générale, destiné à fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation de ses objectifs » (COSO1). Parmi les objectifs concernés, on trouve la réalisation et l’optimisation des opérations, l’atteinte des équilibres économiques, la conformité aux lois et aux réglementations en vigueur, la fiabilité des informations financières, la prévention et la détection des erreurs et des fraudes ainsi que la protection des ressources et du patrimoine. Dans le cadre des collectivités territoriales, la gestion des risques et le contrôle interne fiabilisent la prise de décision et permettent de conduire l’action publique locale en toute maîtrise, dans le respect des engagements de service et de satisfaction de l’intérêt général. à titre d’exemple, en évaluant les risques potentiels inhérents à la relation contractuelle avec un délégataire, ils permettent d’optimiser le processus de délégation de service public afin de garantir à l’usager un service adapté et de qualité. Les collectivités participent à l’élaboration et la conduite des politiques publiques et assurent, chacune à son niveau, des missions de service public clés, dans des domaines variés : aide sociale, subventions à l’activité économique (dont formation professionnelle), accompagnement à la transformation écologique et énergétique, entretien Une démarche complexe mais indispensable Depuis un certain nombre d’années, la DFCG s’intéresse à la performance des services publics. Les membres de cette association, experts en pilotage et en gestion, ne pouvaient se désintéresser du contrôle interne. Fonction incontournable dans n’importe quelle entreprise privée, cette dernière s’impose également maintenant dans le secteur public. Son caractère indispensable n’est plus guère discuté, tant le contenu particulier des missions et des métiers exercés dans les services publics appelle à maîtriser des risques de plus en plus nombreux. Garantir la qualité de service public devient un enjeu toujours plus important et difficile à assurer. Notamment en matière de sécurité, d’éducation, de gestion publique. Certes, le contrôle interne est une approche nouvelle. Elle doit aussi trouver sa place par rapport aux autres corps de contrôle. C’est une démarche complexe bouleversant les cultures, dans le sens où elle implique chacun dans l’organisation, du directeur à l’agent administratif. Mais le contrôle interne constitue un garant pour ne pas dériver dans les missions de services publics. À ce titre, cette démarche sait d’un côté remettre en cause les objectifs, et d’un autre côté mettre en évidence les risques de ne pas les atteindre. L’association a donc souhaité apporter sa contribution à cette réflexion. Pour ce faire, elle a pu faire appel à la richesse de ses expériences, à sa capacité à partager des réflexions et la possibilité d’exploiter également les bonnes pratiques du secteur privé. Philippe Baron Vice-président Groupe Services Publics DFCG Actualités Événement 17 La démarche de gestion des risques et de contrôle interne se matérialise dans les faits par la mise en place d’un système de contrôle interne intégré, décliné auprès de toutes les lignes d’activités de la collectivité. Cette démarche implique l’ensemble des acteurs de la collectivité et s’effectue de manière pragmatique et progressive. Elle s’appuie à la fois sur une vision stratégique et sur une déclinaison opérationnelle. Si le rôle de la direction générale et des directions sont indispensables à son lancement, elle devra aussi capitaliser sur l’expérience des métiers. Ainsi, les animateurs de la démarche s’appliqueront à fédérer autour d’objectifs communs un réseau soudé et 3 questions à… transparence dans l’utilisation des deniers publics souhaitées par le contribuable. Le système de contrôle interne sécurise l’action publique pour plus de performance. Traçabilité des processus, meilleure allocation des ressources aux besoins réels du service public, leviers d’optimisation de l’action publique : la gestion du risque, c’est finalement partir de l’expérience terrain pour permettre, sur le long terme, une amélioration de l’activité des collectivités territoriales. Ainsi, en gérant leurs risques, les collectivités territoriales s’assurent – et assurent leurs partenaires – de la bonne tenue de leurs engagements et de leurs objectifs d’intérêt général, ainsi que de la bonne conduite de leurs missions de service public. La démarche se matérialise par la construction d’un système de contrôle interne. Entre instrument de soutien à la prise de décision et dispositif de sécurisation des processus, le système de contrôle interne assure, entre autres, la continuité et l’efficience du service public. n 1. Committee Sponsoring Organizations of the Treadway Commission, organisme américain créé en 1992 pour définir les standards de contrôle interne. L’acronyme fait aussi référence à la principale production de cette organisation, à savoir le référentiel de contrôle interne qui prévaut aujourd’hui, aux États-Unis comme en Europe, dans le privé et le public. Alain Pérelstein, Directeur du Contrôle de Gestion, Région Nord-Pas-de-Calais « Un regard à 360° sur les risques » ÉCHANGES : La mise en place d’un système de contrôle interne est-il à l’agenda de la région NordPas-de-Calais ? Même si une structure de contrôle interne ne figure pas en tant que telle au sein de l’organigramme, une telle démarche de la Région est d’ores et déjà engagée depuis plusieurs années. En fait on retrouve l’essentiel de ces missions réparties entre l’inspection générale des services et la direction du contrôle de gestion et d’autres directions. Comment analyseriez-vous l’apport du contrôle interne pour une collectivité comme la vôtre ? La Région Nord-Pas-de-Calais dispose d’un budget de 2,5 Md€ dont près de 500 M€ sont mobilisés en subvention au profit de 5 000 structures différentes. Nous sommes également un important producteur de service public, ainsi nous servons 60 000 repas chaque jour dans les lycées. Le contrôle interne joue un rôle essentiel dans la sécurisation et l’optimisation des processus. Notamment, il permet d’avoir un regard à 360 degrés sur les risques pesant sur une collectivité et parfois on est surpris par ce que l’analyse fait apparaître. Souvent, la production au quotidien amène à ne plus voir certains risques pourtant majeurs, un œil extérieur et une méthode systématisant l’analyse permettent de retrouver une certaine acuité dans la lecture des risques. Au-delà de la dimension financière induite par ces risques, il y a aussi une dimension politique face à une population qui n’accepte plus le risque. Il est donc important et positif pour les élus de montrer que nous anticipons les risques liés à la production du service public. Quelles synergies voyez-vous entre une démarche de contrôle interne et le contrôle de gestion ? Pour moi le contrôle de gestion a une double mission : appui et assistance au pilotage quand il s’agit du suivi des services, contrôle quand il s’agit des partenaires extérieurs. Les synergies sont à la fois relatives au contenu des missions et à la méthodologie qui est commune. Le plus important à mes yeux est de constituer un réseau diffusant une culture de gestion au sein de la collectivité. La meilleure prévention des risques est pour moi celle produite par les opérateurs eux-mêmes. échanges Le pragmatisme comme guide efficace, à chaque niveau de la structure. Sur tout périmètre où il est déployé, le contrôle interne doit être efficace et ciblé, mené conjointement par des spécialistes et des opérationnels, et organisé selon des modalités adéquates. Proportionné aux enjeux et aux besoins, il doit également et avant tout être guidé par un pragmatisme de tous les instants : une des principales qualités des animateurs du contrôle interne est le bon sens ! En effet, la gestion des risques et le contrôle interne sont également une affaire de culture. Concept nouveau, leur mise en place requiert du temps et de l’adaptation de la part des agents destinataires, d’autant plus qu’il ne s’agit pas forcément de notions naturelles. L’approche par les risques suppose une capacité de mise en cause critique des activités d’une organisation, afin de pouvoir identifier les zones de risques et les axes d’améliorations. Le traitement des risques par le contrôle interne améliore la qualité de gestion réelle et perçue de la collectivité auprès de ses principaux partenaires et interlocuteurs. à titre d’exemple, en établissant la sécurisation de ses processus financiers, une collectivité pourra sécuriser ses créanciers et obtenir des facilités de crédit et de trésorerie accrues. Au-delà, cela pourra également répondre aux exigences de ma i 2013 de nombreuses infrastructures (établissements scolaires, voirie), gestion des transports publics et de certains services en réseau (gestion de l’eau, gestion des déchets). La gestion des risques et le contrôle interne permettent d’apporter l’assurance de la bonne conduite de ces missions. Leur prise en compte dans le pilotage d’une organisation contribue à optimiser l’application terrain d’une décision politique dans le but qu’elle engendre un impact sociétal positif. Actualités Événement échanges ma i 2013 18 Le point de vue… Benedikt Cordt-Møller, Directeur du Service du contrôle interne, Département de la solidarité et de l’emploi (DSE), État de Genève « Un maillon clé de la bonne gouvernance » Quels principes de départ ont été posés pour le projet de mise en place du système de contrôle interne au département de la solidarité et de l’emploi (DSE) de l’état de Genève ? Les principes de départ ont été au nombre de quatre. Tout d’abord, le système de contrôle interne (SCI) n’est pas une fin en soit mais doit être intégré à la gestion. Ensuite, le principe de proportionnalité doit être respecté, y compris dans la maintenance du SCI. Puis, le pragmatisme et le bon sens doivent prévaloir, entre autres en capitalisant sur ce qui a déjà été réalisé par les services en matière de SCI, qu’il s’agit de compléter en tenant compte de leurs besoins et contraintes ainsi que de la réalité du terrain. Enfin, le SCI est un processus d’amélioration en continu, ce qui signifie aussi qu’il faut accepter que tout ne soit pas parfait du premier coup. À cela, il est utile d’ajouter que nous avions une culture préexistante de contrôle interne, mais aussi un socle documentaire en la matière. En effet, une très grosse partie des charges de fonctionnement du DSE, avec un total supérieur à 1,7 milliards de francs suisses, relève de montants versés à des individus (1 milliard sur ces 1,7) et à des institutions. De plus, de nombreux responsables y avaient déjà été sensibilisés. Par conséquent, des pièces du puzzle étaient déjà présentes sous diverses formes mais pas forcément documentées de manière rigoureuse. Quel est le degré de maturité du SCI dans votre département ? Le COSO a servi de cadre de référence aux travaux menés. Ces derniers ont donc porté sur l’environnement de contrôle, la description des processus et procédures, les risques et les contrôles, etc. Cependant cela ne signifie pas que les choses se sont faites de manière uniforme : par exemple un processus peut être décrit de façon littéraire, mais aussi sous forme de représentation logique, en fonction des sensibilités et du savoir des uns et des autres. L’avancement des travaux de mise en place peut se mesurer par un questionnaire d’autoévaluation, des questionnaires divers et par des audits menés, par exemple, par l’auditeur interne. L’objectif est donc d’atteindre – et surtout d’avoir atteint – le niveau standardisé dans un premier temps. Puis, selon une approche et une planification en cours de discussion au niveau de l’état, à un degré de maîtrise avancé. Même si cet objectif peut paraître logique à terme, il ne sera pas atteint sans difficulté en fonction notamment des degrés d’avancement différents entre départements, ainsi que des ressources humaines et des outils nécessaires. L’Inspection cantonale des finances (qui joue entre autres le rôle d’auditeur interne) a pour mission de labelliser le niveau atteint par les services. Sur quels chantiers travaillez-vous en 2013 ? L’année 2013 peut être qualifiée d’année de la maintenance, avec en parallèle d’éventuelles simplifications. Il s’agit en effet d’un enjeu capital faute de quoi tous les efforts consacrés à la mise en place seront encore plus rapidement perdus. Dans ce cadre, une directive sur la maintenance a été émise au sein de notre département. Celle-ci prévoit notamment que les services doivent certifier à fin mars de chaque année un SCI conforme aux exigences posées. Pour le service du contrôle interne du DSE (SECI), il s’agit entre autres de poursuivre l’appui aux services, de participer à nouveau à une réflexion sur le ou les outils spécifiques qui pourraient alléger et rendre plus efficient le travail sur le SCI, de continuer à défendre une vision pragmatique du CI et favoriser une vision intégrée entre les risques : des services, du département et de l’état. Enfin il y aura une sorte de travail d’audit de premier niveau, soit donc en amont de celui réalisé par l’auditeur interne ou externe, afin de s’assurer que le SCI mis en place réponde aux exigences posées. Je résumerai nos objectifs d’évolution ainsi : passer de la photo au film, ou encore avoir un SCI dynamique. Ceci s’applique particulièrement pour le volet des contrôles à réaliser par les services en lien avec les risques identifiés. Mais une question demeure toujours sous-jacente : jusqu’où ne faut-il pas aller ? Pourriez-vous qualifier – voire quantifier – les apports du SCI au fonctionnement de votre structure ? Partant du postulat que les principes énoncés ci-avant sur lesquels repose le projet, sont bien respectés, je peux dire que le SCI est un maillon clé de la bonne gouvernance et de la gestion publique. Il est un instrument qui doit permettre une meilleure information de tous les acteurs et parties prenantes. Il participe à accroître l’efficacité et l’efficience des contrôles1. Il est moteur de synergie, voire – mieux – d’une approche globale entre gestion opérationnelle et stratégique, risques et système de contrôle interne. Il développe une connaissance accrue du fonctionnement au niveau du service, en particulier pour son responsable, mais aussi pour tous les acteurs, en permettant une visibilité supplémentaire sur certaines activités. Par ailleurs, le contrôle interne répond également à une exigence légale, en l’occurrence à la loi sur la surveillance de la gestion administrative et financière et l’évaluation des politiques publiques. 1. Autrement dit, cela devrait permettre de mettre en perspective les contrôles par rapport aux vrais risques. In fine il s’agit donc d’identifier d’abord les risques puis de fixer les contrôles adaptés. Par là on vise le qualitatif et non plus le quantitatif, comme par exemple un nombre incalculable de visas et signatures à vérifier sur un document : le contrôle existant peut ici être remplacé par du contrôle a posteriori. Quatrième thème de notre fil rouge, qui suit les résultats de l’enquête de pwc, de la DFCG et Les échos business sur les priorités des directeurs financiers : le développement à l’international. Une réponse qui n’est pas surprenante dans un contexte général de mondialisation. 19 ma i 2013 échanges Fil rouge Les priorités du Directeur Financier N°4 : Développement à l’International U ne enquête sur les priorités des directeurs financiers a été réalisée en partenariat avec PwC, la DFCG et Les échos Business. Le résultat de cette enquête, présenté en décembre dernier lors de Financium, met en lumière sept priorités pour l’année 2013. Au cours du premier semestre, chaque mois, dans cette tribune, nous présentons chacune de ces priorités, en évoquant également quelques pistes de réf lexion ou d’action inspirées de bonnes pratiques. La quatrième priorité des directeurs financiers porte sur le développement à l’international. Dans une France en recherche d’un second souffle, les entreprises vont naturellement chercher une croissance nécessaire sur de nouveaux territoires et marchés. Cette sortie des frontières répond à deux enjeux : être proche de nouveaux marchés à forte croissance et/ou améliorer la compétitivité de l’entreprise en délocalisant une partie de la production. La part française dans les entreprises à dimension internationale diminue peu à peu, ce qui traduit une volonté générale de bénéficier de taux de croissance plus élevés à l’étranger. Cette évolution constitue un double challenge pour les directeurs financiers. Dans un premier temps, ils doivent sécuriser les opérations de croissance dans des contextes souvent peu connus, aux valeurs hétérogènes et parfois instables. Les stratégies de croissance des entreprises création de structure (succursale/filiale) 42 % alliances/JV/partenariats 31 % croissance externe (M&A) 28 % 0 10 20 30 40 50 Source : PwC, DFCG, Les échos Business Dans un second temps, ils ont la charge d’intégrer dans l’entreprise des entités acquises aux cultures souvent différentes, nécessitant un subtil équilibre entre alignement et autonomie. Toutes les étapes du processus de développement dans les pays à forte croissance doivent impérativement intégrer une dimension culturelle et nécessite, la plupart du temps, de modifier certaines pratiques de gestion et d’animation de la direction financière. La vision des directeurs financiers Le développement à l’international est vécu et géré différemment selon la taille des entreprises. Toutefois, l’enquête révèle un point commun : toutes conçoivent leur futur de préférence hors de nos frontières, puisque près de la moitié des directeurs financiers interrogés confirment une stratégie de croissance et d’expansion à l’international. Au-delà de ce constat sans surprise dans le contexte actuel, l’enquête apporte des éclairages intéressants sur les raisons de cette stratégie internationale : • 53 % des entreprises assument une volonté et une recherche de croissance tandis que les autres conçoivent cette expansion dans une logique de consolidation ou de recentrage sur leurs activités « cœur de métier » ; • Il est intéressant de constater que cette soif de l’international concerne principalement les entreprises qui sont déjà présentes à l’étranger. Seuls 20 % des directeurs financiers n’ayant pas d’activité à l’international envisagent un changement de cap dans ce domaine. Les zones de croissance étant très éloignées et culturellement en fort décalage, la complexité et le coût de ces développements ■ ■ ■ Actualités Fil rouge échanges ma i 2013 20 ■ ■ ■ constituent un frein important pour les « nouveaux entrants ». D’ailleurs, la zone privilégiée de développement par ces entreprises reste proche puisque c’est l’Europe continentale qui arrive en tête des suffrages (avant l’Asie et l’Amérique du Nord) ; • Concernant les zones géographiques cibles du développement des entreprises déjà présentes à l’international, leurs directeurs financiers privilégient l’AsieOcéanie (25 %), l’Amérique latine (16 %), l’Afrique (13 %) et l’Europe de l’Est (13 %) ; • En termes de stratégie de développement, les entreprises optent soit pour la création de structure (42 %), soit pour des alliances ou partenariats (31 %) ou encore pour des acquisitions locales (28 %). Dans ce domaine, la crise et les difficultés d’accès au financement pour réaliser des acquisitions favorisent de plus en plus les stratégies de partenariat et de croissance interne ; Le dernier point intéressant qui ressort de l’enquête est le constat sur les mouvements de relocalisation. La presse économique en fait souvent l’écho, mais ils restent extrêmement marginaux puisque 2 % seulement des directeurs financiers interrogés ont déclaré être concernés. Les pistes de réflexion et d’action Chaque décision relative à l’expansion internationale est une prise de risque et il est attendu du directeur financier qu’il maîtrise et suive précisément les paramètres sous-jacents, qu’ils soient exogènes ou endogènes à l’entreprise. Dans ce contexte de recherche de croissance à l’international, le ciblage des zones géographiques et des pays où les entreprises souhaitent investir et se développer devient un enjeu majeur. Sur cette question, il n’y a pas de réponse unique et chaque métier répond à des critères de marché différents. Les processus de planification de l’entreprise doivent permettre d’instruire ces choix stratégiques. Le directeur financier doit être le manœuvre en proposant à la direction et aux responsables opérationnels une approche proactive d’analyse de marchés ainsi qu’une démarche structurée de prise de décision intégrant une très forte dimension « gestion des risques ». Si la définition de la stratégie de développement et le processus de décision Les zones cibles du développement Pour les entreprises déjà présentes à l’international Asie-océanie 25 % Amérique latine 16 % Europe de l'Est 13 % Afrique 13 % Europe continentale 12 % 11 % Amérique du Nord Moyen Orient 11 % 5 0 10 15 20 25 30 Pour les entreprises non présentes à l’international Europe continentale 28 % Asie-océanie 20 % Amérique du Nord 16 % Europe de l'Est 12 % Afrique 12 % Moyen-Orient 8% Amérique latine 4% 0 5 10 15 20 25 30 Source : PwC, DFCG, Les échos Business sont des éléments déterminants dans la réussite des projets à l’international, son exécution est encore plus sensible et porteuse de risques à tous les niveaux : • Structuration des acquisitions et partenariats, structuration et maîtrise des nouveaux flux opérationnels et impacts sur l’organisation de la direction financière ; • Maîtrise des opérations d’acquisitions et de partenariats : réaliser des opérations d’acquisition ou de partenariat dans les zones plébiscitées par les directeurs financiers (notamment l’Asie et l’Océanie) impose beaucoup de prudence et la prise en compte de pratiques locales très éloignées de notre univers habituel des affaires. Les relations humaines et contractuelles ainsi que la communication ont souvent des fondements totalement différents qui nécessitent une approche très structurée et patiente. Dès les phases d’acquisition ou de mise en place de partenariats, le directeur financier doit adapter son approche traditionnelle de due diligence en pondérant différemment le poids des thèmes abordés. Souvent sous-estimés, les volets compliance et éthique sont à l’origine de nombreuses déconvenues dans la réalisation des business plans et sont susceptibles de créer pour l’entreprise des risques qui dépassent largement le cadre de chaque opération. L’analyse des contrats, des règles de gouvernance ou encore des dirigeants de la cible ou du partenaire potentiel sont des éléments critiques sur lequel le directeur financier doit porter toute son attention. Dans la pratique, ce rôle est compliqué à tenir vis-à-vis de responsables opérationnels pour qui les enjeux business sont légitimement la première des priorités ; • Maîtrise des nouveaux modèles économiques et des flux : que les projets de croissance à l’international s’appuient sur des entités commerciales ou de production, ils ont tous un impact majeur sur deux dimensions sur lesquelles le directeur financier doit porter une attention particulière : - le business model de l’entreprise : la conquête de parts de marché dans des environnements hyperconcurrentiels impose souvent d’adapter le modèle économique de l’entreprise. Travailler à marges plus faibles est souvent nécessaire et constitue une rupture pour les entreprises qui bénéficient de marques fortes dans les « anciens territoires » avec des marges pouvant absorber des coûts de R&D et de marketing élevés. Sur un échiquier international où cohabitent des modèles économiques différents, le directeur financier doit mettre en place des dispositifs permettant une bonne maîtrise financière de ces nouveaux 21 Une nouvelle maquette... échanges & ma i 2013 modèles. Cela nécessite de faire évoluer les outils de suivi et de contrôle de la profitabilité par marchés, clients, produits et géographies ; - la structuration des flux : une des priorités du DAF en charge d’un développement à l’international est de travailler très en amont l’organisation opérationnelle. La structuration des flux est notamment un enjeu majeur. La complexité des f lux et leur mauvaise compréhension par les opérationnels peuvent créer des risques importants et conduire à prendre de mauvaises décisions. Dans ce domaine, simplicité et efficacité sont toujours de bons repères. La problématique des prix de transfert est également sensible et doit être abordée en combinant les dimensions opérationnelles et fiscales ; • Maîtrise des barrières culturelles leur impact sur l’organisation de la direction financière : avec une part importante de collaborateurs travaillant dans des Business Units réparties dans un nombre croissant de pays, il est clair que l’enjeu et la difficulté du directeur financier consistent à animer ce réseau très étendu. Il est souvent difficile de concilier le besoin d’alignement des objectifs et méthodes de travail avec la nécessité d’être proche des responsables opérationnels. Le double rattachement finance/ opérations des responsables financiers de BU avec un lien privilégié vers la finance apparaît souvent comme une condition indispensable. Elle ne résout cependant pas totalement les questions du fonctionnement en réseau, de la transparence et de la communication. Les bonnes pratiques peuvent se décliner comme suit : - Une communication fluide avec des points formels réguliers réunissant l’ensemble des responsables financiers ; - Une politique volontariste de mobilité internationale entre les niveaux « central » et « local » permettant d’avoir, en local, des responsables financiers de confiance et porteurs de la culture de l’entreprise, et en central, des experts connaissant les métiers et les marchés ; - Une adaptation locale des règles et indicateurs de gestion pour refléter les écarts culturels de perception des enjeux financiers. Sur ce point, il est important d’accepter que la communication des résultats au management local soit adaptée même si elle repose sur une palette d’indicateurs commune à l’entreprise. n échanges ma i 2013 22 Bruno de laigue Président du Comité éditorial échanges La revue échanges… change ! Nouvelles rubriques, nouvelle maquette, nouveau nom : le président du comité éditorial vous dévoile le nouveau visage de votre magazine. « Un nouveau souffle pour votre mensuel » échanges : pourquoi une nouvelle maquette et dans quel objectif ? Bruno de Laigue : échanges est une revue dont la qualité éditoriale ne se dément pas depuis plus de 45 ans. C’est un mensuel qui aborde tous les sujets susceptibles d’intéresser le dirigeant financier : fiscalité, droit, relations humaines, système d’information, comptabilité, trésorerie… Sa rubrique « international » lui donne également une ouverture sur le monde par des articles rédigés en français ou en anglais. Et pour que ce média phare de l’Association des Directeurs Financiers et du Contrôle de Gestion, reste attrayant il est crucial que nous sachions l’adapter et le moderniser, sans pour autant lui retirer sa substantifique moelle : son expertise. Celle-ci participe à la qualité et la renommée de notre revue, rédigée, je le rappelle, uniquement par des contributeurs bénévoles. Nous avons voulu — avec l’ensemble du comité éditorial, du secrétaire général de rédaction Mathieu Marcinkiewicz et de la déléguée générale de la DFCG, Béatrice Lebouc — offrir une nouvelle parure à la maquette d’échanges. Pour cela nous avons cherché à ce qu’elle soit plus lisible, plus aérée et plus dynamique. Notre attention s’est portée sur les couleurs — plus sobres, sur la typographie — plus lisible, et sur la présentation des articles — plus moderne. Nos contributeurs méritent également d’être mis en avant : ce sera le cas grâce à des photos plus vivantes. Vous l’avez compris, ces évolutions rendront notre revue plus lisible et permettront à nos lecteurs, nous l’espérons vivement, de se plonger plus facilement dans des sujets souvent denses. Sachez, pour terminer, que ces transformations sont le fruit d’un long travail, débuté en juillet 2012 et mené avec l’agence de communication parisienne Rampazzo & Associés, spécialisée dans ce genre de mission, en particulier auprès des grands médias de la presse écrite française, tant nationale que régionale. Quelles seront les nouveautés ? Nous avons profité de l’évolution de la maquette pour apporter un nouveau souffle à échanges, sans pour autant révolutionner sa ligne éditoriale. Nous aurons toujours une revue avec des rubriques et un dossier mensuel. Dans cette nouvelle mouture, le contrôle de gestion se verra attribuer une rubrique à part entière, ce qui nous a semblé normal eut égard au nom même de la DFCG. De plus, et nos lecteurs assidus l’ont découvert dès janvier dernier, nous avons créé un « Fil rouge », permettant de développer un thème sur les 10 numéros annuels. Pour 2013, nous avons préféré développer ce « Fil rouge » en deux temps : les numéros de février à juin abordent le thème « les priorités du directeur financier », puis à partir ‘‘ rendez-vous dans notre numéro double de JuilletAoût 2013 ! ’’ 23 Comment faire si l’on souhaite publier un article ? Vous le voyez, écrire un article pour notre revue est simple et chaque lecteur peut apporter une pierre à ce bel édifice participatif qu’est notre magazine : une revue par et pour les spécialistes de la finance et de la gestion ! & Le 2 juillet 2013... Un nouveau nom... Une nouvelle maquette... Vous saurez tout lors de l’Université d’été à Paris Dauphine. échanges Nos colonnes sont évidemment ouvertes à qui veut — à condition, bien entendu, que le sujet traité entre dans le cadre de notre ligne éditoriale. Deux cas peuvent se présenter. • Nous pouvons faire appel à un contributeur sur un sujet précis. Il rédigera alors un article en fonction de contraintes techniques (sujet, nombre de caractères, date de rendu). à réception, une relecture précède la mise en page et demande de BAT (bon à tirer) à l’auteur. • Mais une personne peut aussi nous proposer spontanément un article sur un sujet de son choix. Généralement reçu par notre secrétaire général de rédaction, Mathieu Marcinkiewicz, l’article est alors transmis au responsable de la rubrique concernée qui accepte ou non la proposition, selon des critères souvent liés à l’actualité. Une relecture de l’article sera alors effectuée par une ou plusieurs personnes du comité éditorial. La finalisation est alors identique à celle évoquée pour le premier cas. ma i 2013 de juillet nous reprendrons le thème commencé en janvier, à savoir « la responsabilité sociétale ». Nous avons souhaité, enfin, ouvrir nos colonnes à des non-financiers : deux rubriques sont spécifiquement créées à cet effet. Nos lecteurs ont déjà découvert l’une d’entre elles : « Réussites » dont l’objectif est de mettre en avant des réalisations entrepreneuriales remarquables. En mars c’est Patrick Thélot, président fondateur de Phone Régie, qui a ouvert le bal ; en juin la DAF d’une PME bretonne, Domaine des Ormes, nous contera une réussite familiale qui devrait emballer nos lecteurs. La seconde rubrique voit le jour dans le présent numéro : « En aparté ». C’est Pierre Sabatier qui l’inaugure avant de laisser la place, dans notre numéro de juillet/août, à un philosophe : Yann-Hervé Martin. Vous le voyez : cette rubrique nous permet de donner la parole à un témoin majeur de la société — qu’il soit économiste, philosophe, sociologue, homme politique, syndicaliste ou pourquoi pas religieux… Pour terminer, la rubrique « Le Kiosque » s’appellera désormais « Lire » et sa présentation sera allégée. Toutes ces évolutions de maquette et de ligne éditoriale nous ont poussés à repenser le nom même d’échanges ainsi que sa première de couverture… Mais là je n’en dis pas plus : je laisse le plaisir de la découverte à nos lecteurs et leur donne rendez-vous dans notre numéro double de juillet-août 2013 ! n Par Gilbert Gelard La fusion de deux directives comptables européennes 24 présage d’un résultat pour le moins ambivalent. la fin échanges ma i 2013 d’une quête d’harmonisation entre les états-membres ? Tribune Europe comptable : vers une directive sans direction A près 35 ans de service, les 4e et 7e directives comptables européennes qui avaient pour objectif d’harmoniser les comptes des sociétés commerciales en Europe vont être fusionnées en une seule. Il semble qu’à ce stade des discussions, le projet ne connaîtra plus d’évolution et deviendra définitif en l’état. Cet article porte sur un des aspects de cette directive. En dépit des qualités qu’elle peut avoir, cette nouvelle directive à disposition tient en deux lignes, suffisantes pour ôter à ce texte une très grande part de son intérêt et pour discréditer la normalisation par les directives. Il s’agit du principe fondamental qui doit présider à la comptabilisation des transactions, rien de moins. Il figure à l’Article 5.1(h) qui s’énonce ainsi : « Les éléments du compte de résultat et du bilan doivent être présentés en tenant compte de la substance des transactions ou de l’arrangement concerné ». Voilà un principe qui sonne bien. Beaucoup ont voulu y voir la consécration du fameux principe dit « substance over form » qui figure dans l’ancien cadre conceptuel de l’IASC (1988). Il est vrai qu’il y a là un lien historique évident. Pourtant, le principe énoncé par la directive est différent. Il n’oppose pas substance et forme (le mot forme n’est écrit nulle part), il oblige seulement à ne pas ignorer (à tenir compte de) la substance pour définir une règle de comptabilisation d’une transaction. Il laisse donc une certaine liberté d’appréciation : l’étatmembre qui appliquera la directive ne pourra pas ignorer la substance d’une transaction ; il devra donc dans un premier temps la rechercher et, une fois qu’il l’aura trouvée, déterminer une méthode de comptabilisation qui, pour le respect du principe, ne va pas à l’encontre de cette substance. Qu’est-ce que la substance ? Pas vraiment définie, elle ne s’oppose plus à la forme et ne procède pas nécessairement d’une analyse fine de la règle de droit qui opposerait les conditions de fond et de forme. Elle n’est pas non plus qualifiée d’économique et ne donne pas la prééminence à l’économique sur le juridique. Bref, voici un concept qui pourrait se résumer ainsi : la substance est la vérité d’une transaction, sa représentation fidèle (qu’elle ait une dominante économique ou juridique). Il n’est pas étonnant que le nouveau cadre conceptuel de l’IASB, qui remplace le cadre précédent de l’IASC, ne mentionne plus ni « substance over form », ni la substance elle-même. Il s’en explique en disant qu’il est évident qu’une méthode comptable qui ne respecte pas la substance d’une transaction ne peut en donner une « représentation fidèle ». C’est dans cette dernière « caractéristique qualitative » qu’est incluse, implicitement, la substance. Le principe retenu dans la directive est donc en ligne avec celui que retient l’IASB, et même un peu plus souple, puisque l’expression « having regard to » laisse une certaine souplesse. La négation du principe. Tout va donc pour le mieux, jusqu’à ce qu’on lise l’alinéa suivant, qui vient gâcher le tableau : « un état-membre pourra exempter les entreprises de l’application de l’article 5.1 (h) ». On a des exemples où une directive dit une chose et son contraire ; c’est même la cause des échecs d’harmonisation des directives de 1978 et 1983. Tirons-en les conséquences, peut-être extrêmes, mais potentielles. Si un étatmembre le souhaite, une telle exemption pourra s’appliquer à toutes les entreprises et à tous les types d’états financiers. L’étatmembre pourrait rechercher la substance d’une transaction, la trouver et permettre, voire exiger, un traitement qui va contre cette substance. Il ne pourrait même plus opposer la substance à la forme puisque celle-ci n’est pas mentionnée dans l’article où le principe est énoncé. Donc, le traitement serait fixé de façon discrétionnaire par l’état-membre, la seule chose qui pourrait être interdite serait de traduire correctement la transaction. Alors, pourquoi même prendre la peine de rechercher la substance ? Certes, il n’est pas sûr que tous les étatsmembres fassent usage de cette exemption, ni que ceux qui pourraient la choisir en feront un usage extensif ou irrationnel. Mais avec 27 états-membres, peut-on au moins dire que la diversité est assurée et que les tentatives d’harmonisation sont possibles ? On ne peut que ressentir un certain regret d’en arriver là, 35 ans après la première directive. Voilà qui laisse de la place aux travaux de normalisation comptable au niveau européen et mondial et ce, quelle que soit la taille des entreprises pour autant que celle-ci trouve son point d’équilibre et d’efficacité. n 1 AN, 10 NUMÉROS AU PRIX DE La revue des dirigeants ÉDITÉE PAR LA 204,20 € financiers ASSOCIATION NATIONALE DES DIRECTEURS FINANCIERS ET DE CONTRÔLE DE GESTION Le mensuel de la € - n° 294 - 25 janvier 2012 DIRECTEURS FINANCIERS, juillet-août 2012 diri gea nts La revu e des € septembre 2012 DIRECTEURS DU CONTRÔLE - n° 301 - 20 € ncie rs dirig eant s fina La revu e des DE GESTION, N’ATTENDEZ PLUS ! RETROUVEZ CHAQUE MOIS : - n° 300 - 20 fina ncie rs ncie rs dirig eant s fina La revu e des contexte Piloter dans un économiques de difficultés e « La réussit sse pa d’un projet ion at lég dé par la es » à ses équip Actualité de la profession Trajectoires, portrait, événements… bure, Jérôme Lefé 1 lauréat 201 Groupe M6 Expertises DOSSIER S EXPERTISE p.29 s du DAF Les 100 jour s et perspective ce : évolution de performan P-DG ? Indicateurs financier à r de directeur Comment passe Articles et interviews pour suivre l’évolution de la profession p. 18 p. 22 PORTRAIT TIses exPeR 16:23:13 22/06/2012 1 E300-01-COUVbis.indd Dossier Un thème approfondi pour vous tenir au courant de l’état de l’art AcTuALITés , président du Bruno de Laigue ial comité éditor mance du retail se de la perfor base de l’analy du Maroc l’expérience Microcrédit : 2012 : es rectificatives réduire le déficit 2e loi de financ s pour ement prélèv de nouveaux Like for like : p. 20 p. 28 p. 39 p. 10 www.dfcg.com www.revue-echanges.org Actualités DFCG Pour tout savoir sur la vie de l’association : événements, colloques, points de vue... BULLETIN D’ABONNEMENT 2013 A RETOURNER À : DFCG SERVICE ABONNEMENTS - 14, RUE PERGOLÈSE, CS 11655, 75773 PARIS CEDEX 16 je m’abonne à la revue en choisissant la formule : ❐ Pack 1 an (papier + Internet) : 204,20 € TTC ❐ Pack 1 an (Internet) : 204,20 € TTC Je joins mon réglement de 204,20 € par ❐ chèque libellé à l’ordre de DFCG ❐ par virement IBAN FR76 3000 3016 5800 0372 8234 681 ❐ Carte de crédit Date d’expiration : mois année ✂ Oui, LA REVUE DES DIRIGEANTS FINANCIERS Cryptograme visuel (au dos de la carte) Date et signature obligatoire Nom et adresse du créancier : DFCG SERVICE ABONNEMENTS - 14, RUE PERGOLÈSE, CS 11655, 75773 PARIS cedex 16 Nom ............................................................................................................... Prénom ......................................................................... Société ou organisme .................................................................................... 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Vous pouvez vous opposer à leur cession ultérieure en nous le précisant par écrit. LES PLUS BEAUX VOILIERS MONDE DU sont à rouen 10 jours de fête gratuite à partager en famille ou entre amis. Visites de bateaux, animations permanentes, villages à thèmes, restaurants et boutiques sur 7 km de quais. FORTS Grands concerts gratuits et feux d’artifice exceptionnels tous les soirs. La « Grande Pagaille » : d’incroyables embarcations envahiront la Seine. Levées du Pont Flaubert, pour le passage des bateaux. Défilé des équipages dans le cœur de Rouen. « Grand Footing » sur les quais de Rouen mêlant marins et joggeurs. INFOS ET PROGRAMME COMPLET www.armada.org La « Grande Parade » des bateaux sur les 120km de méandres de la Seine. PArteNAireS iNStitUtiONNelS ArmAdA de lA liberté Hangar 105 Quai Jean de Béthencourt 76100 Rouen TEMpS LES Tél : +33 (0)2 35 89 20 03 Fax : +33 (0)2 3515 45 45 E-mail : [email protected] par Anne-Lise Seltzer consultante-sociologue, fondatrice de Lab & Cie, présidente de l’association « C’est une maison bleue » 27 simple boîte à outils au service de la productivité. Mais cette vision réductrice est-elle toujours d’actualité, au vu de ce que propose cette démarche à des entreprises en recherche de croissance ? Le lean management Développer les hommes et l’entreprise E n France, depuis plus de 20 ans, des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs développent des programmes de lean. Elles s’inspirent de la démarche développée par Toyota, qui lui a valu d’être n°1 des constructeurs automobiles en 2010 et 2012. En initiant ces démarches avec des consultants experts en lean, les entreprises peuvent espérer obtenir des gains de productivité significatifs, grâce à l’utilisation d’outils largement diffusés aujourd’hui tels que le 5S, le management visuel, le SMED et à une réflexion sur la suppression des sept gaspillages. Une productivité efficace ? à court terme, les résultats en termes de productivité sont souvent au rendezvous. Aujourd’hui, les outils du lean permettent de réaliser des gains de 20 à 30 %, satisfaisant ainsi les objectifs gestionnaires immédiats de l’organisation. Mais ces résultats peuvent aussi s’accompagner de déceptions, voire de tensions. Pourquoi ? Parce que dans les organisations où les managers ne sont pas eux-mêmes les porteurs de la démarche, une fois les consultants partis, la situation revient rapidement à son point d’origine. Pire, lorsque les outils sont déployés sans être appréhendés dans une vision globale et systémique, la situation peut même se dégrader. Par exemple, les efforts de productivité aboutissent parfois à tendre les flux et donc le rythme de travail des opérateurs, avec des conséquences en termes de santé qui font d’ailleurs l’objet de mises en garde régulières des partenaires sociaux et spécialistes du travail (ergonomes, psychologues, sociologues...). De même, les réductions de coûts opérées peuvent aussi avoir des impacts sur la qualité des produits et des services et donc sur la satisfaction client. Ce type de programme lean s’apparente en définitive à une démarche d’optimisation classique, partant du haut de l’entreprise et mise en œuvre par des experts, sans évolution des modes de management ou du niveau d’autonomie des équipes. outils. Il propose une approche globale de l’organisation qui relève davantage d’une stratégie d’entreprise. Conçu dans les années 1950 par Toyota, dont l’ambition était de s’imposer dans un marché ultraconcurrentiel tout en gagnant de l’argent, en vendant ses véhicules au prix du marché, ce système repose sur des hypothèses qui définissent aujourd’hui « le paradigme lean » : - La croissance des entreprises dépend de la satisfaction de ses clients ; - Les clients sont satisfaits si les produits sont bons ; - Pour créer de bons produits, il faut des employés satisfaits ; - La satisfaction des employés est issue d’un travail enrichissant, dans des conditions stables ; - Ce travail enrichissant, dans des conditions stables s’obtient par l’engagement et l’implication de tous dans l’amélioration continue (kaizen). ‘‘ ce sont les gens qui font les produits Alors est-ce que le lean se résume uniquement à cette démarche de productivité ? Quel est le « véritable » lean, initié il y a un demi-siècle par Toyota ? Développer les hommes Les chercheurs aux États-Unis, en Grande Bretagne et en France ayant analysé l’expérience de Toyota, montrent en fait que les outils utilisés par la société japonaise ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le lean de Toyota est un système qui va bien au-delà de la boîte à ’’ Dans ce cadre, la priorité de l’entreprise devient alors de mettre en place les conditions nécessaires à la satisfaction des employés, non par angélisme, mais parce que « ce sont les gens qui font les produits, pas les systèmes » comme l’explique Michael Ballé1, chercheur associé à Télécom-ParisTech. « La grande rupture du mouvement lean est de postuler n n n échanges Déployé dans les secteurs de l’industrie et des services, le lean reste encore souvent perçu comme une ma i 2013 hommes et management Expertises | hommes et management échanges ma i 2013 28 nnn que les objectifs de performance sont obtenus "par" le développement des personnes et pas simplement "en" développant les personnes. C’est ce qui permet de créer des organisations centrées sur la production de connaissance, plus adaptées, et plus adaptables aux conditions de marché du XXIe siècle. » En parallèle, la notion même de travail est redéfinie, l’amélioration continue devient une composante du travail, ce que résume l’équation « JOB = WORK + KAIZEN. » Pour porter au quotidien cette vision dans l’entreprise, Toyota a donc mis en place un système, le Toyota Production System, ou TPS, qui constitue un ensemble de principes, de pratiques et d’outils formant un système d’apprentissage pour les salariés. La finalité est d’inciter chaque personne à enrichir la connaissance de son travail en s’appuyant sur la résolution de problèmes, rendus visibles grâce aux outils du TPS. Pour faire vivre ce système, le rôle du management est central. de les comprendre en faisant des liens entre les problèmes de satisfaction client et la production, entre rentabilité et problèmes opérationnels. L’étape suivante : challenger les collaborateurs et les faire travailler sur la résolution de ces problèmes, qui deviennent autant de supports à l’apprentissage. Individuellement, ces problèmes constituent des occasions d’approfondir la connaissance de son métier. Au niveau collectif, le processus d’analyse des problèmes, de discussions sur les causes, puis la recherche d’une solution, contribuent à développer la capacité de travail en équipe. Le travail, dans le système lean, a donc une triple fonction : à la fois source d’apprentissage, lieu de formation et objet de dialogue entre les équipes. Dans un contexte où la notion de sens du travail s’étiole, comme le décrit le psychologue du travail Yves Clot2, une démarche de cette nature peut raviver la fierté professionnelle et le plaisir du travail bien fait, en revalorisant l’opérateur en tant que personne. ‘‘ enrichir la connaissance de son travail Aller sur le terrain Tout se joue sur le terrain (le gemba), le seul endroit pour visualiser les problèmes et les comprendre à partir de l’observation des personnes qui travaillent. L’équipe managériale, et en premier lieu son dirigeant, va commencer par aller sur le terrain pour regarder l’activité par l’œil de l’opérateur et, avec l’aide d’un professeur (sensei), voir les problèmes à partir des faits. Ensemble, ils vont essayer Lutter contre les sept gaspillages • • • • • • • la surproduction, les temps d’attente, les transports inutiles, les traitements inutiles, les stocks, les mouvements inutiles, les productions défectueuses (rebuts). ’’ Un management par l’aval Dans cet environnement, le rôle du manager consiste à créer les conditions de l’implication et de l’apprentissage de son équipe. Pour cela, il va challenger ses collaborateurs et les faire réfléchir à la résolution des problèmes jugés comme prioritaires pour l’entreprise. Pour les aider à réussir, il va les former à partir des standards et grâce à des chantiers d’amélioration. La finalité de son action est double : développer l’autonomie de chacun de ses collaborateurs sur leur poste de travail et leur confiance en leur propre jugement ; et par là, augmenter la satisfaction et la capacité d’initiative des salariés, clés pour l’amélioration des processus et des produits. Et donc pour la satisfaction client ! à l’opposé d’un « management par l’amont », cette approche du lean qui privilégie le terrain et l’expérience tend à s’approcher de ce que Norbert Alter3 appelle « le management par l’aval ». Celui où la relation managériale, la possibilité de coopérer, de partager et d’échanger apportent aux collaborateurs la reconnaissance de leur travail. Comme en témoignent des responsables d’entreprise, une démarche lean est un chemin qui peut être long mais qui engage durablement l’entreprise vers la performance. En prenant appui sur un mode de leadership basé sur la confiance dans la capacité des équipes à agir de manière responsable, le lean réconcilie la question de la performance et celle de la place des hommes dans l’entreprise, ouvrant une alternative au paradigme taylorien. Dans sa version systémique, le lean permet de repenser les relations de l’entreprise avec l’ensemble de ses parties prenantes, qu’il s’agisse des salariés, des clients, des fournisseurs ou des partenaires sociaux. Et donc de repenser la gouvernance de l’entreprise du XXIe siècle, dans un système où la confiance serait un des moteurs de développement. n 1. Co-fondateur de l’Institut Lean France et du Projet Lean Entreprise et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. 2. Yves Clot, Le travail à coeur, pour en finir avec les risques psychosociaux, éditions La Découverte, 2010 3. Norbert Alter, Donner et prendre, la coopération en entreprise, éditions La Découverte, 2009 Internet ➥➥www.institut-lean-france.fr, le site de l’Institut lean France (ILF) en savoir plus ➥➥L’esprit Toyota, Taiichi Ohno, Masson, 1990 ➥➥Le management lean, Michael Ballé, Godefroy Beauvallet, Pearson, 2013 ➥➥Système lean, penser l’entreprise au plus juste, Dan Jones, James Womack, Pearson, 2e édition 2009 hommes et management | Expertises Le point de vue… sur le terrain du lean Quels ont été les résultats ? Sur les aspects financiers, entre 2005 à 2007, cela se passait bien : nous faisions entre 25 et 30 % de productivité par projet. Au bout de deux ans et demi, j’avais rejoint les opérations, nous avons constaté que nous commencions à atteindre certaines limites. Nous faisions de la productivité, mais en parallèle beaucoup de choses ne s’amélioraient pas ou même se dégradaient, des indicateurs comme le taux de service ou des sujets qualité, de même que les stocks, ne bougeaient pas. Après avoir fait ce constat, quelles décisions avezvous prises ? Avec le comité de direction, nous sommes partis suivre une formation pour essayer de mieux comprendre notre situation. Là j’ai pris un coup sur la tête ! Nous avons fait un jeu d’entreprise, comme avec Danfoss, mais cette fois, nous avons parlé de qualité, de taux de service, de stocks et de satisfaction client ! Au cours du jeu, le formateur qui jouait le rôle du client exprimait très fortement son mécontentement, mais personne ne l’entendait… Pour moi, cela a été un choc ! Je me suis dit qu’il fallait changer notre approche parce que nous n’irions nulle part en nous obstinant à faire de la productivité uniquement pour baisser les coûts. Vous avez donc décidé de continuer à faire du lean mais différemment ? Oui, à partir de 2008, nous avons commencé à travailler avec ce formateur, il est devenu notre sensei et il nous accompagne encore aujourd’hui. Depuis nous avons explosé les compteurs : nous avons gagné 20 points de taux de service depuis 2008, baissé les stocks de plus de la moitié, les réclamations aussi. Nous avons fait d’énormes progrès sur la satisfaction de nos clients. Ces résultats impressionnants, vous les avez obtenus comment ? Depuis 2008, notre sensei vient une journée par mois et nous faisons le tour d’un site en allant sur le terrain. Là, nous essayons de visualiser les processus pour repérer les problèmes et puis les résoudre un par un avec les équipes. Nous apprenons à regarder les situations d’une autre façon, à faire des liens entre ce qui se passe dans nos ateliers et nos résultats. Je le fais aussi une fois par mois sur tous les sites avec mon comité de direction. C’est notre façon d’apprendre ensemble. Nous avons une vision et nous savons où nous voulons aller. Qu’est-ce que cela change pour vos équipes ? Avec des visites tous les mois, nous nous obligeons à apprendre à changer tout le temps. Les ajustements ne se font plus par à-coups comme auparavant, avec des ateliers qui faisaient un chantier d’amélioration tous les deux ans. Aujourd’hui, tout le monde y participe tout le temps, à partir de la résolution de problèmes. Avec cette démarche, nous développons les gens pour qu’ils apprennent à faire des chantiers de manière de plus en plus autonome. Le lean qu’on développe aujourd’hui fait en sorte que les gens apprennent individuellement à améliorer leur poste de travail, pour améliorer ensemble la qualité des produits qui sortent de nos ateliers. Et sur l’environnement de travail des opérateurs ? Avant, nous avions essayé de réduire les déplacements mais on ne travaillait pas vraiment pour soulager les opérateurs, plutôt pour faire en sorte qu’ils perdent moins de temps. Aujourd’hui, nous éliminons ces gaspillages, mais du point de vue de l’opérateur, en regardant les gestes fait sur le poste de travail pour en améliorer l’ergonomie. En travaillant collectivement sur des standards gestuels, nous nous mettons d’accord sur les bons gestes pour éviter ceux qui sont néfastes pour la santé. Ensuite, une formation sur les nouveaux postes de travail est faite avec le manager. Quels ont été les impacts en termes financiers ? Depuis que nous avons démarré le lean, notre capacité à transformer le résultat en cash a été de 165 % sur la période, grâce à la baisse de nos stocks et à celle de nos investissements. Dans le système lean, les décisions d’investissements dépendent des besoins du terrain et non d’un bureau d’études qui veut investir dans une machine qui ne servira à rien les trois quarts du temps. à partir de 2008, on a divisé les investissements par deux, tout en continuant à développer nos produits et à innover. Comment travaillez-vous avec les autres fonctions de l’entreprise ? Aujourd’hui, quand je fais une visite terrain, j’emmène tout le monde, pas uniquement les équipes de production, aussi le DFI, le DRH, le commercial. C’est vrai que parfois, quand vous proposez de faire ces visites, certains disent qu’ils ont un vrai boulot… Pourtant, faire du lean, ce n’est pas pour se faire plaisir, c’est un objectif de survivance. nnn échanges échanges : Comment avez-vous commencé à faire du lean ? Frédéric Fiancette : Le lean a démarré chez Socla en 2005. Nous étions une division de Danfoss et nous avons eu à déployer un programme de productivité. En tant que DFI, au vu de la démarche, je me suis dit que nous allions trouver des outils intéressants pour rationnaliser nos processus et baisser nos coûts de fabrication. Les chantiers ont été mis en place à avec des consultants externes sur un périmètre qui couvrait parfois des ateliers entiers et qui duraient seize semaines. 29 ma i 2013 Frédéric Fiancette, directeur des opérations de Watts France & Division Socla Expertises | hommes et management échanges ma i 2013 30 nnn La finalité c’est d’augmenter la satisfaction client pour développer le business, pour gagner plus d’argent et investir davantage dans le développement de nouveaux produits pour rattraper la concurrence, puis la dépasser. Comment voyez-vous votre rôle de manager lean ? Pour moi, c’est d’aller voir le terrain, de challenger les gens et de les faire travailler ensemble sur des kaizen pour les développer. Parfois, on a l’impression qu’on peut manager une entreprise à partir d’un PC. Je me rends compte qu’une des grandes vertus du lean c’est de ramener les managers sur le terrain, parce que le terrain est impartial. Quand y est, la magie, c’est qu’on se met à raisonner à partir du terrain et non plus à partir du service où l’on travaille, avec une vue très partielle voire partiale. Une fois, nous avons emmené des gens du bureau d’études pour leur montrer que les produits qu’ils avaient conçus ne pouvaient pas être montés par l’atelier, alors que sur leurs écrans 3D tout fonctionnait. Ce n’est que dans l’atelier qu’ils se sont rendu compte que les pièces qu’ils avaient conçues étaient trop petites pour être tenues par des doigts humains. rents qui sont bien moins chers que nous. Les problèmes produit, on va commencer à les attaquer maintenant. Quels enseignements tirez-vous de votre pratique du lean au bout de 6 ans ? L’enseignement majeur, c’est que le lean n’est pas une affaire de production, c’est vraiment une façon de manager une entreprise au sens large. Il concerne tout le monde, dont la fonction financière, évidemment. Je suis encore surpris de voir combien les discussions qu’un comité de direction peut avoir devant un poste de travail dans l’atelier sont tellement plus enrichissantes que dans une salle de réunion. Quand on se retrouve devant un produit et qu’on voit la façon dont il est fabriqué, il se passe toujours quelque chose d’étonnant, on apprend quelque chose sur le produit, sa fabrication, le client et cela ouvre des pistes d’améliorations à creuser. chiffres clés Watts Donc vous allez continuer à développer le lean dans l’entreprise ? Oui, car nous avons juste fait le plus facile ! Plus vous nettoyez les lignes, plus les problèmes les plus difficiles apparaissent. Au vu de nos parts de marché, on peut se croire très bons, mais pour un robinet où vous avez seulement 3 composants (un corps, un chapeau et une boule) qui constituent 80% du production a des concur- ➥➥Fabrique des appareils de robinetterie contribuant au confort et à la sécurité dans le domaine de l’eau et de la qualité de l’eau pour des applications domestiques, commerciales et industrielles. ➥➥CA 2012 de Watts France & Division Socla : 165 M€. Le CA de SOCLA a était multiplié par 4 en 15 ans. ➥➥Effectifs : 800 personnes sur 6 sites industriels dont 5 en France, 6 000 clients dans le monde. par Mathieu le Tacon avocat fiscaliste, DELSOL Avocats 31 Le transfert des déficits sur agrément et motivations autres que fiscales L a gestion des déficits fiscaux est une problématique récurrente des opérations d’acquisition ou de restructuration. Chacun de ces projets donne lieu à la question suivante : sera-t-il possible pour la société bénéficiaire d’utiliser les déficits de la société cible destinée à être absorbée (par fusion ou confusion de patrimoine) ? La question de l’agrément En la matière, le principe bien connu, posé par les dispositions du II de l’article 209 du Code général des impôts, est que les déficits fiscaux de la société cible peuvent être transférés à l’absorbante sous réserve d’obtenir un agrément de l’administration fiscale, lequel n’est délivré que si les deux conditions suivantes sont réunies : • l’opération est justifiée du point de vue économique et obéit à des motivations principales autres que fiscales ; • l’activité à l’origine des déficits dont le transfert est demandé est poursuivie par la société bénéficiaire pendant un délai minimum de 3 ans. Selon l’article 1649 nonies du Code général des impôts, il est obligatoire de déposer la demande d’agrément avant que l’opération d’absorption considérée ne soit réalisée. En revanche il n’est indiqué nulle part que l’opération doit être dûment réalisée avant que l’administration ne délivre l’agrément. En pratique pourtant, l’administration tend de plus en plus à ne vouloir délivrer l’agrément autorisant le transfert des déficits de la société absorbée qu’une fois justifiée la réalisation définitive de l’opération d’absorption. Autrement dit, l’administration fiscale contraint les entreprises à réaliser l’opération d’absorption avant même de leur faire savoir si l’agrément leur sera délivré. Ce faisant, l’administration prive évidemment l’entreprise de la possibilité de ne pas réaliser l’opération d’absorption si l’agrément lui était finalement refusé, permettant alors de conserver la société cible en l’état, avec ses déficits. La position implicite de l’administration fiscale est de considérer que si l’opération d’absorption envisagée est vraiment justifiée d’un point de vue économique, l’entreprise sollicitant l’agrément doit alors être prête à la réaliser même en l’absence de transfert des déficits. tivation que de « récupérer » les déficits fiscaux de la société cible. Cette position est largement contestable dès lors que, comme précédemment rappelé, la loi impose simplement que l’opération n’obéisse pas à des motivations principalement fiscales. Or, en contraignant les entreprises à réaliser l’opération d’absorption avant d’avoir la certitude d’obtenir l‘agrément, l’administration réserve en pratique le transfert des déficits aux seules entreprises pour lesquelles l’opération n’a strictement aucune motivation fiscale, puisqu’elles doivent être prêtes à perdre toute possibilité d’imputation des déficits de l’absorbée. Tel n’est pas l’esprit des dispositions précitées du II de l’article 209 qui visent à refuser les transferts de déficits uniquement si la motivation principale est manifestement fiscale. En revanche, le transfert des déficits peut légitimement être une condition essentielle de réalisation de l’opération au même titre que l’utilité économique proprement dite de la fusion des structures concernées. La question mériterait d’être posée au juge de l’impôt d’autant que les conditions d’octroi de l’agrément autorisant le transfert des déficits ont été sensiblement durcies par la 2ème loi de finances rectificative pour 2012. n ‘‘ le transfert des déficits peut être une condition essentielle Définir les motivations principales En sens inverse, toute velléité de subordonner la réalisation de l’opération à la délivrance de l’agrément est visiblement considérée par l’administration comme le signe que l’opération n’a d’autre mo- ’’ échanges Retour sur les idées préconçues en matière de gestion des déficits fiscaux, avec Mathieu le Tacon. ma i 2013 DROIT ET FISCALITé par Jean-François Perret Animateur du groupe “Prospective des Industries Numériques G9 échanges ma i 2013 32 gestion des risques, performance et si Le secteur de l’économie numérique connaît une révolution copernicienne. L’évolution des technologies ouvre la porte à des solutions constamment renouvelées pour servir, au mieux, les intérêts des directions financières. Économie numérique et SSII États des lieux et prospective L es dépenses IT mondiales approchent les 2 500 milliards d’euros. Le secteur des SSII pèse environ 600 milliards d’euros au niveau mondial, soit le quart des dépenses, dont 26 milliards d’euros en France. Dans notre pays, le secteur IT est passé de 50 000 salariés au début des années 1970 à plus de un million aujourd’hui, dont 50 % d’ingénieurs. C’est certainement le secteur qui a produit le plus d’emplois et qui est devenu, depuis une bonne quinzaine d’années, le premier recruteur de bac + 5 en France. Les ssii françaises leaders. Depuis assez longtemps, le secteur des SSII françaises est solide et diversifié. Il est d’ailleurs numéro un en Europe, notamment grâce à la taille de ses leaders. En effet, deux sociétés françaises figurent exceptionnellement parmi les dix premiers mondiaux et sont également les deux leaders européens. C’est le cas de Cap Gemini depuis un long moment et plus récemment pour Atos, qui a réalisé une très grosse opération il y a deux ans et demi avec l’acquisition de Siemens/SIS. Cela peut s’expliquer par une structuration des SSII françaises assez différente de ce qui se fait en Allemagne ou en Angleterre, où il existe un noyau de tête et des centaines de milliers de freelances (contre une petite dizaine de milliers dans l’Hexagone). De même, les SSII françaises contrôlent environ 60 à 65 % de leur marché national, contre seulement 35 à 40 % pour les SSII anglaises ou alle- mandes. Les sociétés françaises ont donc bien su tenir leur marché domestique. L’IT est sans arrêt en bouleversement technologique. Jusqu’à aujourd’hui, les sociétés de services ont bien traversé ces bouleversements. Dans les années 1980, certains annonçaient que l’arrivée des PC tuerait les SSII. ça n’a pas été le cas. Après quelques années difficiles, les SSII en sont même sorties renforcées. Pour les SSII françaises, cette survie a en partie été possible grâce au maintien d’un certain « modèle à la française », reposant sur l’assistance technique. Si c’est ce continuum qui permet de rester solide, il faut tout de même s’adapter aux évolutions récentes. Après tout, l’IT en entreprise se partage entre domaines de commodité où la composante prix/compétitivité est essentielle, et domaines plus stratégiques, dans lesquels les acteurs doivent faire preuve d’innovation, proposer des solutions, flexibiliser les services, déployer des business models attractifs et efficaces aux yeux du top management des clients. Mais comment les entreprises françaises pourront-elles maintenir leur succès maintenant que des évolutions capitales modifient chaque jour le marché ? éléments. Tout le monde disait que l’ebusiness bouleverserait tout. C’est ce qui se passe actuellement. L’offshore était en pleine progression et l’open source devait complètement changer les business models du développement applicatif. Ces deux phénomènes ont eu des impacts plus modérés. En revanche, il était très peu question du SaaS, dont le terme venait tout juste d’apparaître, sans que personne ne sache encore très bien ce que c’était. Depuis cette date, le secteur de l’économie numérique connaît une révolution copernicienne liée aux possibilités immenses de traitement de données non structurées et aux nouvelles architectures de type cloud. Pour le premier point, les données non structurées ouvrent la porte à l’imagination de « solutions » constamment renouvelées en lieu et place de fourniture de main-d’œuvre sur cahier des charges de l’utilisateur. Le DSI, en liaison avec d’autres managers tels le DAF, le DRH ou bien sur les directions « métiers » devient donc « créateur de solutions » au-delà de la fourniture d’expertises. Pour le deuxième point, les architectures cloud renforcent cette tendance avec des modes de facturation basées sur le service. Une révolution en marche Les deux témoignages ci-après nous éclairent sur la transformation en résultant pour deux grands dirigeants du secteur. n En 2007, G9+1 avait réalisé des travaux de prospective, lesquels s’étaient traduits par la publication d’un Livre blanc l’année suivante. Les grands sujets de l’époque tournaient autour de plusieurs 1. L’Institut G9+ rassemble les groupes professionnels TIC/Numérique des 20 plus grandes associations françaises d’ingénieurs et managers : www.g9plus.org gestion des risques, performance et si | Expertises 33 ma i 2013 Paul Hermelin, P-DG de Capgemini « La France est le pays d’excellence des acteurs du service » L’ équilibre entre la compétitivité de nos coûts et l’innovation gouverne assez bien ce que nous faisons. Nos clients souhaitent vraiment la qualité au meilleur coût. Cela renvoie à l’offshore, à l’industrialisation et à l’excellence des méthodes. Nos clients attendent de nous de l’innovation. Beaucoup de DSI ne souhaitent plus tellement être des donneurs d’ordres. Elles veulent sélectionner des partenaires, attendant d’eux le meilleur prix et des idées. Nous avons terminé l’année là-dessus. Partout, nous avons assisté à cette double tendance faite d’une bagarre sur les prix qui continue, à prestations constantes, et d’une prime à l’innovation. Pour des raisons qui mériteraient d’être mieux comprises, la France est le pays d’excellence des acteurs du service. Il existe un savoir-faire et un génie français du service, fait de grandes et de moins grandes sociétés. Dans ce domaine, nous observons une mutation : il y a quelque temps, l’ingénieur commercial recueillait les besoins des clients, puis formulait des propositions pour les aider à traiter leurs sujets. À présent, les sociétés de services doivent se présenter aux clients avec des idées. Le digital absorbe tout et conduit à transformer les entreprises. Ce n’est pas qu’une informatique de coûts ou de compétitivité. Il s’agit également de la transformation digitale vers le service à l’usager et la gestion des clients. Au-delà de la mobilité, la principale demande d’aujourd’hui porte sur le big data. Notre capacité à traiter les données non structurées fait que nous pouvons faire des choses que nous ne pouvions pas faire par le passé. Autour du domaine des données, des idées nouvelles révolutionnent le marketing ou la logistique. Nous, Français, sommes bons car nous avons de bonnes cultures d’ingénieurs. Nous avons le bagage académique qui nous permet de nous renouveler, avec des ingénieurs capables de passer d’une révolution à l’autre. Il se passe encore énormément de choses aux États-Unis, qui restent le marché pilote. Nous y apprenons beaucoup, mais nous y sommes encore trop petits. Nous ne sommes que le 17e acteur. Ce n’est pas bon. Certes, nous sommes bien placés dans l’intégration des ERP, mais nous avons trop de points de faiblesse. Ainsi, nous n’avons aucune activité dans la révolution qui a cours dans l’informatique du monde de la santé. Nous aurions pourtant beaucoup à y apprendre. Continuer à investir aux États-Unis constitue donc notre premier challenge. Nous avons fait ce que nous devions faire en Inde. Aujourd’hui, les mutations du groupe sont ailleurs. Nous avons fait le gros du chemin de l’offshoring. Les solutions sont le nouveau grand défi des sociétés de services informatiques. Nous devons maîtriser la propriété intellectuelle. Sans que nous ne devenions éditeurs, nos clients attendent de nous que nous leur apportions des raccourcis, avec des solutions. Les frontières entre l’édition de produits, les services dans le cloud et les solutions bougent. Nous ne les connaissons pas encore. Le chantier est immense. Nous voulons nous affirmer dans le top 10. Les solutions constituent donc notre grand challenge. Pour cela, il faut avoir une grande rigueur. Or les sociétés de service présentent un gros défaut structurel : elles ne parviennent pas à stopper certaines activités. Il faut admettre que le monde des produits est un monde de réussites et d’échecs. D’une certaine manière, c’est du capital-risque. Nous devons apprendre à ne pas nous accrocher à une solution qui ne fonctionne pas. Nos commerciaux doivent se présenter aux clients avec des connaissances de solutions, sans chercher à tout réinventer à partir de rien simplement pour améliorer le taux d’utilisation des ressources. Après le défi de l’Inde, le défi des années 20102020 est probablement le rapport d’une société de services à la propriété intellectuelle. Avec l’arrivée du cloud, une partie du pouvoir d’achat passera des DSI à d’autres, par exemple les directeurs du marketing ou des ventes. Il ne faudrait pas que la consolidation soit chez le DSI et l’innovation chez l’utilisateur final. Nous sommes dans un monde de balancier. Au début des années 2000, celui-ci était parti dans une désorganisation faite d’achats de services web dans tous les sens, jusqu’à ce que les DSI s’en mêlent pour rationaliser les architectures et gérer les interfaces. Nous sommes de nouveau dans une phase de décentralisation avec des achats d’application cloud qui se font un peu dans le désordre. Les DSI finiront par intervenir. Nous vivons donc une pulsation rationalisation-innovation. Certains acteurs sont très spécialisés dans la rationalisation. D’autres resteront spécialisés dans les petites innovations, et les vainqueurs seront sur le couple industrialisation-innovation. C’est autour de ce couple que se traceront les plus grandes consolidations et les plus grandes victoires. ‘‘ les clients attendent des raccourcis avec des solutions ’’ échanges Le point de vue de… Expertises | gestion des risques, performance et si échanges ma i 2013 34 Le point de vue de… Guy Mamou-Mani, Président de Syntec Numérique « Nous vivons une période charnière » N ous sommes dans un environnement économique plutôt morose. Les SSII ont peu de croissance, des résultats plutôt moyens, une image à améliorer et une valorisation plutôt basse. Néanmoins, j’ai entendu quelques mots, qui m’ont stimulé. Je pense notamment à la traversée des bouleversements technologiques, au fait que nous soyons le premier recruteur d’ingénieurs et à l’industrialisation. Nous sommes dans une transformation en cours, et je considère que la SSII d’aujourd’hui n’a strictement rien à voir avec celle d’il y a vingt ans, ni avec celle de dans vingt ans. Les SSII faisaient partie d’un écosystème numérique. Une évolution des business models était à venir, avec un effacement progressif des frontières et une fracture du mur de séparation entre l’informatique personnelle et l’informatique professionnelle. L’informatique suit la même évolution que l’électricité : lorsque vous allumez votre interrupteur pour obtenir de la lumière, vous ne vous demandez pas d’où provient cette énergie. La simplicité d’utilisation de l’électricité est couplée à une énorme machinerie extrêmement complexe, mais totalement transparente. On peut d’ailleurs constater que nos deux clouds souverains se sont appelés Cloudwatt et Numergy et se sont positionnés dès l’origine comme des centrales d’énergie numérique ! Quelle est la place des SSII dans cette évolution, qui est une quasi-révolution ? Il y a vingt ans, elles étaient les fournisseurs de ressources, sans forte valeur ajoutée. Leurs interlocuteurs étaient des DSI, voire des directeurs d’achat. Il était question de taux journalier moyen (TJM), de sous-traitance souvent mal gérée et d’intérim déguisé. Le métier de SSII n’est pourtant pas de l’intérim déguisé, preuve en étant que les agences d’intérim ne lui font toujours pas concurrence. Elles rachètent des SSII et construisent des entités qui sont filiales. Si les agences d’intérim étaient des concurrents des SSII, elles n’auraient pas besoin de faire cela. Il existe une vraie caractéristique du métier de la SSII qui n’a rien à voir avec de l’intérim déguisé. Que seront les SSII dans vingt ans ? Un composant de la chaîne numérique. Ses interlocuteurs seront des DSI, mais également des directions métiers. Au lieu de parler de TJM, il sera question de cloud ou de facturation à l’usage. Au lieu de parler d’intérim déguisé, il sera question de responsabilité sociétale. Ces transformations s’accompagneront de solutions : pour la santé, pour l’éducation, pour la ville, pour l’énergie, pour la modernisation de l’État, etc. C’est en cela que les SSII s’inscrivent comme de véritables transformateurs de notre économie. Cette transformation digitale est presque une caricature, puisqu’il est dit que le logiciel avalera l’entreprise. Il n’est plus question de concevoir une entreprise dont le fonctionnement ne serait pas basé sur le logiciel et le numérique. Avec les nouvelles technologies, le big data, le cloud, la mobilité et le machine to machine (M to M). Il n’existe pas d’autre moyen que l’innovation numérique pour réindustrialiser nos entreprises, dans tous les secteurs. Nous vivons une période charnière. Il nous importe de trouver le bon chemin, la bonne transformation de business model. Finalement, la menace qui pèse sur les SSII françaises, c’est tout simplement de se faire racheter par des entreprises étrangères. Nous entendons parler de consolidation depuis très longtemps. Pourtant, le top 10 en France fait toujours 30 % du marché. En quelque sorte, il n’y a pas de consolidation. Les acquisitions sont compensées par la bonne dynamique de croissance du marché. On peut donc nommer beaucoup d’ambition pour ce métier, pour ce secteur, beaucoup d’espoir, beaucoup d’optimisme et beaucoup de volonté. Pour cela, il faut que des jeunes choisissent les écoles d’ingénieurs. Malheureusement, trop peu, et surtout trop peu de filles, le font. Il faut les encourager, leur montrer que nos métiers sont accessibles à tous, et plutôt mieux payés qu’ailleurs. Pour finir, le nom SSII va prochainement céder la place pour adopter le terme d’ « entreprise de services numériques » (ESN)1 : la SSII d’il y a 20 ans n’est pas l’entreprise du numérique que nous verrons dans 20 ans. ‘‘ les ssii sont de véritables transformateurs de l’économie ’’ 1. Le nouveau sigle « ESN » (Entreprises de Services Numériques » a été introduit récemment. par Thierry Dartus Associé Transaction Advisory Services, Grant Thornton 35 attractifs. Le nouveau visage de l’internationalisation par Thierry Dartus. Tendances et perspectives du Private Equity Vers l’internationalisation à l’instar de nombreux secteurs, l’activité du Private Equity a subi de constantes et lourdes mutations au cours des douze derniers mois. L’instabilité des marchés et sa répercussion sur les sociétés de capitalinvestissement varient considérablement d’une région à l’autre, mais les flux restent globalement moroses : la croissance a été quasi-nulle dans les économies développées et inférieure à la précédente période de cinq ans dans les pays émergents. Chaque année, Grant Thornton, groupe leader d’audit et de conseil, en France et dans le monde, consacre un rapport quant aux tendances et perspectives du secteur du Private Equity en interrogeant ses principaux acteurs à l’échelle internationale. Force est de constater que les différents marchés analysés ont désormais leurs propres particularités et défis, bien que dans le même temps se dessine une convergence mondiale en termes de pratiques. Le secteur doit actuellement relever de nombreux challenges : s’il est important pour les professionnels de saisir toutes les opportunités qui s’offrent à eux, ils doivent continuer à le faire dans un environnement économique en contraction, parfois dans des pays où la croissance a totalement disparu. Le Private Equity est également critiqué en raison de sa mauvaise perception dans l’arène publique. Néanmoins, l’activité sait s’adapter aux évolutions des marchés et aux demandes des entreprises et investisseurs, tout comme l’influence des Limited Partners croît à mesure que les contraintes géographiques s’amenuisent. Le Private Equity dans le monde Certaines données de l’étude menée auprès d’un panel constitué de 143 sociétés de gestion sont pour le moins surprenantes. Parmi les points saillants extraits du Private Equity Report 2012 de Grant Thornton : - Tout d’abord, 37 % du panel interrogé considère que l’activité du Private Equity se détériore. Cette perception peut considérablement varier d’un pays à l’autre : 63 % des NordAméricains voient le Private Equity se dégrader, alors que 53 % des répondants dans la région MENA (Middle East and North Africa, incluant la Turquie) voient une amélioration ; - La baisse d’optimisme la plus marquante concernant l’activité reste celle impactant les BRIC : 78 % des professionnels interrogés au sein de ces marchés jugent l’activité « négative » ou « très négative », contre 39 % en 2011 ; ‘‘ Une économie en contraction ’’ - La régulation et la situation macroéconomique sont les deux enjeux les plus importants à l’heure actuelle selon les professionnels du secteur ; - La région MENA est celle où la majorité des fonds souhaite investir d’ici 2 à 3 ans ; - La Turquie, le Pérou, la Colombie, le Ghana, la Tanzanie, l’Indonésie et le Myanmar sont les pays au sein desquels il serait indubitablement intéressant d’investir dans le futur ; - Les fonds de Private Equity chinois ou indiens envisagent de saisir davantage d’opportunités en Asie du Sud-Est et moins en Occident ; - Les firmes nord-américaines restent focalisées sur l’Europe et l’Amérique du Sud. Les entités européennes sont, elles, plus aventurières et scrutent les opportunités en Russie, en Asie du Sud-est, en Afrique nnn et en Amérique du Sud ; Les défis majeurs de l’industrie Private Equity échanges état des lieux du Private Equity dans le monde : entre régression due à la crise et nouveaux marchés ma i 2013 financement et trésorerie Expertises | financement et trésorerie échanges ma i 2013 36 nnn - La majorité du panel s’attend à une décrue de l’activité du capital-investissement, particulièrement en Europe Occidentale et en Inde. De manière surprenante, les Nord-Américains et Canadiens ne s’attendent à aucune baisse d’activité ; - S’agissant des levées de fonds, le rapport souligne une contraction du marché variant d’une région à l’autre. 72 % des professionnels interrogés qualifient les perspectives dans ce domaine de « négatives » ou « très négatives » (en 2011, ils n’étaient que 46 % à émettre cette opinion) ; - Les sorties au niveau mondial : l’étude révèle que 52 % des fonds interrogés projettent que leurs sorties se fassent par l’acquisition d’une entreprise établie à l’étranger. Seuls 28 % d’entre eux espèrent que lesdites sorties se réalisent grâce à des structures locales. à la recherche de la croissance L’étude, parue en décembre 2012, se focalise sur la façon dont les sociétés de gestion tentent d’obtenir une croissance de leurs fonds et de leurs portefeuilles, au sein d’une économie mondiale chahutée. évolution des investissements dans le monde Il ne fait aucun doute que la mondialisation n’est plus l’apanage des grandes multinationales. Les entreprises de toutes tailles et structures doivent désormais être aptes à regarder au-delà des frontières pour trouver cette denrée rare qu’est la croissance : c’est là le cœur de la stratégie des acteurs du Private Equity pour atteindre leurs objectifs de rendements. L’étude démontre que la majorité du panel de la région MENA et les BRIC cherchent désormais à conquérir les marchés étrangers, via des investissements ou de nouvelles implantations. Avec un grand nombre de structures en croissance évolution des marchés et facteurs de la croissance dans ces zones géographiques, nous verrons très certainement apparaître des « investissements de proximité ». Aujourd’hui la majorité des investisseurs se trouve au cœur de l’évolution d’une véritable économie globale. Les différentes situations géopolitiques et économiques inf luent inévitablement sur l’activité du Private Equity. à titre d’exemple, difficile d’imaginer il y a un an que le Myanmar eut représenté un marché attractif pour les investisseurs. Autre cas de figure, le renforcement du yen japonais a suscité une vague d’intérêt des dirigeants japonais pour l’acquisition de structures étrangères, ce qui n’avait pas été le cas depuis les années 80. La croissance reste la clé de voûte et le moteur de l’activité du Private Equity mondial. L’internationalisation est aujourd’hui une composante essentielle de toute stratégie de croissance. Néanmoins, se focaliser uniquement sur les marchés émergents serait une erreur. Si pour une société de gestion, le but sera d’investir ou d’accéder aux fonds dans un pays voisin, pour une autre, il s’agira d’accéder à un nouveau marché, ou d’optimiser l’externalisation. Preuve en est que la recherche de la croissance durable repose essentiellement sur la stratégie plutôt que sur l’expansion géographique pure. n Internet ➥➥Pour consulter l’étude Private Equity Report 2012 : http://www.grant-thornton.fr/Actualites/pub-29FR&f=10&s=D par Astrid Montagnier senior manager, KPMG 37 Emmanuel Paret associé, KPMG efficacement. Nouvelles normes IFRS Êtes-vous prêt ? C inq nouvelles normes internationales pourraient avoir des impacts significatifs pour l’établissement des états financiers consolidés des entreprises, et ce dès 2013. Pour deux d’entre elles, IAS 19R Avantages au personnel et IFRS 13 Évaluation de la juste valeur, la date butoir de première application, fixée au 1er janvier 2013 est donc, en théorie du moins, déjà derrière nous. Pour IFRS 10 États financiers consolidés et IFRS 11 Partenariats, qui représentent le nouveau « package consolidation », la date d’application selon l’IASB est également le 1er janvier 2013, mais l’Union européenne a octroyé un sursis aux groupes européens en décalant leur application obligatoire à 2014. Ces deux normes s’accompagnent d’IFRS 12 Informations à fournir sur les intérêts détenus dans d’autres entités, une norme dédiée aux informations à fournir sur les filiales, les entreprises mises en équivalence et les entités structurées non consolidées. Le report de la date d’application de ces trois normes ne devrait cependant pas empêcher les entreprises qui le souhaitent de l’appliquer par anticipation dès 2013. Passons ensemble en revue les principaux enjeux et points d’attention qui pourraient vous concerner. Êtes-vous concerné par IAS 19 R ? Cette norme pourrait affecter : - la comptabilisation des écarts actuariels ; - le coût financier net ; - le coût des services passés ; - le traitement comptable des coûts de gestion des régimes ; - les modalités d’évaluation des provisions au titre des régimes à prestations définies ; - les comptes intermédiaires. Un grand nombre de sociétés appliquant la méthode du corridor pour comptabiliser leurs écarts actuariels ont probablement d’ores et déjà analysé l’impact de sa suppression. Les écarts actuariels seront en effet désormais comptabilisés systématiquement en tant qu’« autres éléments du résultat global » sans reclassement ultérieur en résultat, introduisant ainsi une volatilité accrue au niveau du bilan. Mais ce n’est pas le seul amendement qui pourrait affecter la manière de comptabiliser les retraites et les autres régimes d’avantages au personnel. IAS 19R, en particulier, change la façon d’appréhender le taux de rendement des actifs de régime et la comptabilisation du coût des services passés. ‘‘ un impact sur les états financiers des entreprises ’’ Dans le cas des régimes à prestations définies partiellement ou entièrement financées, le coût financier net sera dorénavant calculé comme le produit de la dette nette par le taux d’actualisation de la dette, défini selon les mêmes principes qu’auparavant. Cela modifie de facto le montant du rendement des actifs de régime comptabilisé en résultat. Toute différence entre ce rendement « notionnel » et le rendement réel sera désormais comptabilisée en « autres éléments de résultat global » et n’affectera donc plus le compte de résultat. La nouvelle norme imposera aussi de comptabiliser tous les coûts des services passés immédiatement en résultat, que les avantages soient acquis ou en cours d’acquisition. Ainsi, lors de la première application d’IAS 19 R, le solde du coût des services passés non reconnus sera comptabilisé de façon rétrospective. La révision d’IAS 19 modifie aussi la comptabilisation des coûts de gestion et certains aspects de l’évaluation des obligations relatives aux régimes à prestations définies. De plus, dans le cadre de l’élaboration de comptes intermédiaires, sous IAS 19R, il pourra s’avérer nécessaire de recalculer le montant de l’obligation. En effet, la dette nette au titre des régimes à prestations définies pourrait être affectée de manière significative, par exemple par une variation du taux d’actualisation au cours de la période intermédiaire ou encore par une variation de la juste vannn leur des actifs de régime. échanges Un récapitulatif des changements que vont provoquer les nouvelles normes IFRS afin de se préparer ma i 2013 comptabilité et communication financière Expertises | comptabilité et communication financière ma i 2013 38 échanges nnn Enfin, IAS 19R renforce les informations à fournir, en imposant de nouvelles informations détaillées pour tous les régimes à prestations définies – incluant les régimes multi-employeurs, et pourrait donc nécessiter la collecte de nouvelles informations. Êtes-vous concerné par IFRS 13 ? Certains groupes auront déjà analysé l’impact de l’application de la nouvelle norme sur l’évaluation de la juste valeur. D’autres auront attendu son entrée en vigueur, considérant qu’elle n’entraîne aucun bouleversement réel. Mais si les changements peuvent sembler à première vue mineurs, leur impact sur les états financiers des entreprises ne l’est pas forcément. Vous êtes concernés par cette nouvelle norme si vous avez : - des transactions négociables sur différents marchés ; - des instruments dérivés ; - des relations faisant l’objet d’une comptabilité de couverture ; - des portefeuilles ou blocs de titres évalués à la juste valeur ; - des actifs dont la juste valeur est basée sur des cours acheteur et vendeur. © fotoila.com Dans IFRS 13, de nombreux concepts concernant la juste valeur ont été modifiés. Ainsi, et ce changement est fondamental, il est désormais requis d’évaluer la juste valeur sur la base d’une valeur de sortie (exit price) estimée dans le cadre d’une transaction conclue entre intervenants sur le marché « principal », et ce, même si l’entreprise opère habituellement sur un marché différent. De plus, le risque de crédit propre de l’entreprise et le risque de crédit de la contrepartie doivent dorénavant être pris en compte dans l’évaluation de la juste valeur de certains instruments dérivés. Cela pourrait avoir des effets sur les relations de couverture, par exemple en générant de l’inefficacité. Par ailleurs, dans le cas de portefeuilles d’actifs et passifs financiers dont les risques se compensent, ou des blocs de titres (en particulier d’instruments de capitaux propres) évalués à la juste valeur, il conviendra de déterminer si ceuxci doivent être évalués comme une position globale ou comme la somme des justes valeurs des instruments individuels. Cette analyse est nécessaire pour déterminer si les évaluations à la juste valeur peuvent ou doivent être ajustées, par exemple au titre de primes de contrôle ou de décotes d’illiquidité, et comment calculer ces ajustements. Cette analyse pourrait conduire à des résultats différents de la pratique actuelle. En cas d’actifs et passifs évalués à la juste valeur qui ont un cours acheteur et vendeur, il est possible dorénavant d’utiliser le prix compris dans la fourchette de l’écart acheteur-vendeur (bid-ask spread) qui reflète le mieux la juste valeur, plutôt que d’utiliser le cours acheteur pour n L’application des normes IFRS 10 et 11 sera obligatoire en 2014 : il vous reste un peu plus de six mois pour vous y préparer ! les positions représentant un actif et le cours vendeur pour les positions représentant un passif. Enfin, même si vous concluez que l’évaluation de la juste valeur n’est pas modifiée par les dispositions de la nouvelle norme, celle-ci introduit de nouvelles informations à fournir qui pourront nécessiter la collecte de données supplémentaires : les données d’entrée non observables utilisées pour déterminer la juste valeur, leur sensibilité et les interactions entre elles, sur les gains ou pertes latents, sur la hiérarchie de la juste valeur… Êtes-vous concerné par IFRS 10 ? Ceux qui pensent que l’impact de la nouvelle norme de consolidation est facile à cerner pourraient avoir des surprises, parce que beaucoup de « vieux » concepts ont été modifiés à la marge. Et surtout, parce que la nouvelle norme requiert pour l’analyse du contrôle une compréhension détaillée des faits et circonstances. Des éléments auparavant ignorés pourraient devenir pertinents et même faire basculer l’analyse du contrôle. Vous êtes concernés par cette nouvelle norme si vous avez : - des droits de vote potentiels ; - un intérêt dominant mais non majoritaire dans une entité ; - une relation-client ou fournisseur particulièrement forte ; - une implication dans des entités structurées ; - un rôle de gestionnaire d’une entité. Ainsi, dans le cas où un actionnaire détient moins de la moitié des droits de vote dans une entité tout en ayant des options ou des obligations convertibles en actions de celle-ci, le test ne consiste plus à analyser si ces droits de vote potentiels sont immédiatement exerçables mais à déterminer si ces droits sont « substantiels ». C’est une analyse plus globale avec un recours important au jugement, et la prise en compte de facteurs tels que l’objet et la conception de ces droits, ou les incitations et barrières à l’exercice de ceux-ci. Aujourd’hui, un actionnaire dominant qui n’a pas la majorité des droits de vote dans une entité ne la consolide généralement pas, désormais, il faudra comptabilité et communication financière | Expertises 39 Si vous êtes partie prenante à un accord dans lequel vous avez le contrôle conjoint, alors vous avez sans doute entendu parler de la nouvelle norme sur les partenariats. Mais maintenant que la période d’adoption se profile, avez-vous déterminé précisément ce que cela implique pour vos comptes consolidés ? La nouvelle norme pourrait conduire à des changements radicaux de comptabilisation. Elle utilise désormais une série de tests pour déterminer qui a les droits sur les actifs et qui a les obligations relatives aux passifs du partenariat. C’est cette analyse qui détermine désormais si l’on est en présence d’une coentreprise ou d’une activité conjointe et donc du traitement comptable à appliquer. transfert et la proportion de production vendue aux partenaires et à des tiers. Enfin, la norme IFRS 12 sur les informations à fournir pourrait nécessiter la collecte de nouvelles données relatives aux partenariats. n 1. Des discussions sont en cours à l’IASB sur la prise en compte ou non d’une prime de contrôle, par exemple dans le cadre de la détermination de la juste valeur d’un investissement dont les titres sont cotés. en savoir plus à lire également sur le blog du directeur financier www.blogdudaf.org ➥➥Europe comptable, vers une directive sans direction, par Gilbert Gelard ➥➥évolution des normes IFRS – un point sur la normalisation, par Philippe Danjou et Christophe Marion ➥➥Pour un régulateur comptable qui reste dans son rôle, par François Meunier échanges Êtes-vous concerné par IFRS 11 ? Pour les partenariats qualifiés de coentreprises, le choix d’une politique comptable entre mise en équivalence et intégration proportionnelle a été supprimé. Selon la nouvelle norme, les actifs, passifs et transactions d’une coentreprise auparavant intégrés proportionnellement devront donc être compensés sur une seule ligne. Dans le cas contraire, si un partenariat est défini par la nouvelle norme comme une activité conjointe, il ne faudra plus appliquer la méthode de la mise en équivalence mais décompenser ses actifs, passifs et transactions et les comptabiliser ligne à ligne. Le test final de l’analyse permettant de déterminer le mode de comptabilisation des partenariats sera souvent la prise en compte des « autres faits et circonstances ». Ce test pourrait notamment conduire à une qualification en activité conjointe lorsque l’objet du partenariat est de fournir une production aux partenaires via un engagement d’achat. D’autres faits et circonstances à prendre en compte sont les accords de financement et de liquidité, les prix de ma i 2013 déterminer s’il n’a pas le contrôle du fait de l’entité. De plus, dans le cas d’une relation-client ou fournisseur particulièrement forte, il sera nécessaire d’analyser cette collaboration de plus près, ainsi que les rendements qui en sont retirés, et ce, même si la dépendance économique en soi ne conduit pas à la consolidation. Désormais, en cas d’implication dans une entité qui a été conçue de telle sorte que les droits de vote ou assimilés ne sont pas pertinents pour déterminer qui a le pouvoir, l’analyse ne portera plus uniquement sur les risques et avantages mais sera étendue au pouvoir sur la base des activités limitées de l’entité. En outre, en cas de pouvoirs de gestion détenus sur une entité – ce que l’on rencontre en particulier dans le secteur des fonds d’investissement, il faudra particulièrement prendre en compte le niveau de l’intérêt économique du gestionnaire dans l’entité et la facilité avec laquelle celui-ci peut être révoqué ou non, de façon à déterminer si ces pouvoirs sont simplement constitutifs d’un rôle d’agent ou bien s’ils confèrent le contrôle au gestionnaire. Enfin, même dans les cas où la conclusion de consolidation demeure inchangée, la norme IFRS 12 sur les informations à fournir apporte son propre lot de défis et pourrait imposer la collecte de nouvelles données relatives à l’implication dans d’autres entités – qu’elles soient ou non consolidées. par Michel Ghazal Fondateur du Centre européen de la négociation, de Médiateurs sans frontières et de Dialogue médiation, Président de la Fondation Ghazal pour l’éducation, la recherche et la paix au Liban. échanges ma i 2013 40 focus Un nouveau gouvernement, socialiste qui plus est, implique forcément une rupture avec le pouvoir précédent sur la question du dialogue social. Une analyse des méthodes et des résultats obtenus à partir de deux exemples issus de l’actualité par un spécialiste de la négociation. Du recours à la Mesore en négociation Q u’il s’agisse de la négociation sur la sécurisation de l’emploi (la flexisécurité) entre le Medef et les organisations syndicales, des discussions sur le partage de la valeur entre la direction de Google France et la presse, comment le Gouvernement socialiste a-t-il réussi à obliger les parties prenantes à se prendre elles-mêmes en charge, sans se retrouver empêtré au milieu de la mêlée ? Le plus souvent, dans un tel débat, le pouvoir en place n’a pas le droit à l’échec et finit par se substituer aux acteurs des négociations, pour les forcer à parvenir à un compromis. Le succès de la négociation est alors fréquemment obtenu en mettant la main à la poche en contrepartie de concessions arrachées aux uns et autres. à ce jeu, tout le monde y trouve son compte… sauf le contribuable. Celuici n’a pas son mot à dire. Ni lui, ni ses représentants n’ont été invités à la table de négociation. La nouvelle méthode du Gouvernement Il est difficile de porter un jugement sur la qualité des accords obtenus tant les avis divergent. La négociation sur la réforme du marché du travail est ainsi vécue comme une victoire par certains, qui la qualifient d’« accord historique », alors qu’elle devient une régression du code du travail, voire « un repli historique » pour d’autres. Les réactions face à l’accord passé avec Google France sont tout aussi ambivalentes : si les 60 millions d’euros obtenus pour la création d’un fonds destiné à faciliter la transition numérique des éditeurs de la presse d’information politique et générale peuvent être vus comme un succès, la limitation de cet accord à 5 ans est vécue par certains comme un échec et une manifestation supplémentaire de la toute puissance de Google. La méthode retenue par le Gouvernement repose sur deux approches bien connues des négociateurs professionnels. La première se base sur la recherche et la définition de la « meilleure solution de rechange à un accord négocié », la Mesore. Déterminée avant même de démarrer les négociations, il s’agit d’une solution « en dehors de tout accord ». Ainsi, afin d’inciter les acteurs concernés à prendre en main les débats, dans les deux négociations citées, la règle édictée par le gouvernement était simple : « si vous ne parvenez pas à un accord dans un délai fixé à l’avance, nous exercerons notre droit de légiférer sur les sujets débattus ». Un exemple de Mesore en cas de non-accord négocié. L’autre approche consiste à définir les règles du jeu le cadre de la négociation. Ainsi, dans les discussions sur la flexisécurité et sur Google, au terme des accords acceptés par les parties, celles-ci se sont mises d’accord, entre autres, pour garantir tout au long du dialogue la non-divulgation aux médias des éventuelles dissensions. En d’autres termes, la méthode du Gouvernement consiste à dire clairement qu’il n’a pas l’intention de se substituer aux parties prenantes de la négociation, mais qu’il regardera avec beaucoup d’attention ce qu’elles vont faire et comment elles le font. Son attention se portera aussi bien sur le fond que sur la forme, posant comme principe que la négociation doit précéder le droit et pas l’inverse. Il rappelle qu’il a pris un engagement sur cette question, et que sa crédibilité est en jeu. Si par malheur il y a un blocage, il n’hésitera pas un instant à faire voter une loi. Dès le début des discussions, la Mesore, qui est la solution en cas d’échec, est ainsi dévoilée et affichée1. Il convient d’ajouter que les positions de départ des parties en présence étant tellement éloignées, les chances qu’elles puissent parvenir seules à un accord étaient infimes. Dans la négociation avec Google France, le pouvoir donc a imposé la présence d’un médiateur pour aider les parties à dépasser leurs divergences. En parallèle, l’épée de Damoclès d’un redressement fiscal était rappelée et brandie par le ministère des Finances. En fait, le Gouvernement a puisé dans le large registre des différentes catégories de Mesore. D’un côté, la Mesore « tierce partie » (un médiateur) pour faciliter la négociation, et de l’autre, la Mesore « coup-de-poing » (une loi, un redressement fiscal). Dans toute négociation, il est indispensable d’arriver à la table en ayant déjà réfléchi à la Mesore, la sienne et celle de la partie adverse. Cette dernière peut être forte, faible ou inexistante. C’est un des éléments clés dans la préparation de sa négociation puisque toute la stratégie poursuivie par les négociateurs va en dépendre. Il s’agit d’un aspect qui rebute généralement le négociateur français. Ce dernier, sans doute par superstition, ne comprend pas pourquoi il faut penser focus | Expertises 41 Le dialogue social est il enfin sur les bons rails en France ? Si un changement salutaire du rôle de l’état dans les négociations sociales est à saluer, il est toutefois permis de douter d’une progression spectaculaire : le grand aggiornamento des relations sociales, promis par le Président Hollande, n’a pas eu lieu. Ceci s’explique tout d’abord parce que certains partis en présence ne sont pas forcément prêts à accepter de nouvelles formes de débat. Ainsi, dans le cas de la négociation sur la flexisécurité, si la CGT et FO ont participé aux discussions jusqu’au bout, ce qui est tout à fait positif, les deux syndicats ont pourtant contesté avec force l’accord obtenu, qui selon eux « démolit le code du travail » et promettent de le combattre. Ce qu’ils ont commencé à faire le 5 mars, jour où le Gouvernement voulait valider le texte de l’accord ouvrant de nouveaux droits aux salariés en donnant davantage de flexibilité pour les entreprises. De plus, l’attitude même du Gouvernement est ambiguë. Qu’a-t-il cherché à obtenir en faisant voter le mercredi 27 février au Sénat la loi sur l’amnistie sociale ? Cette dernière prévoit d’annuler pour les syndicalistes les condamnations pénales et les sanctions disciplinaires passibles de 5 ans de prison au maximum, pour les atteintes aux biens commises entre le 1er janvier 2007 et le 1er février 2013. Ne faudrait-il pas y voir une contrepartie non liée, pour calmer l’opposition de certains syndicats (CGT et FO) ? En tout état de cause, « l’arme » de la Mesore a, de toute évidence, été utilisée avec un certain succès par le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Gageons que ce dernier fera tout pour que le texte sur la sécurité de l’emploi soit voté au Parlement après le Sénat dans le but de montrer que, contrairement à la précédente majorité, le pouvoir actuel encourage et respecte le dialogue social. Démonstration dont il a bien besoin, compte tenu d’un bilan plus que mitigé au terme de sa première année d’exercice. n 1 Sur la flexisécurité, le Gouvernement n’a pas hésité à préciser que les députés socialistes les plus à gauche rêvaient, entre autres, d’instaurer une taxation sévère des CDD. Les principaux changements de l’accord sur la sécurisation de l’emploi L’accord de flexi-sécurité signé le 11 janvier 2013 par les syndicats réformateurs CFDT, CGC et la CFTC et le MEDEF prévoit : Pour les entreprises : - plus de flexibilité en cas de graves difficultés conjoncturelles grâce à « des accords de maintien dans l’emploi ». Ces derniers permettront aux entreprises de négocier, pour une durée de deux ans, une baisse de la durée du travail et/ou de la rémunération de leurs salariés ; - des licenciements économiques plus faciles avec gain de temps et de sécurité juridique grâce à la modification en profondeur de la législation sur les plans de sauvegarde de l’emploi. Un PSE peut dorénavant être mis au point de manière unilatérale s’il s’avère impossible à conclure de manière majoritaire un accord collectif ; - une taxation des CDD courts a été actée, alourdissant les cotisations sociales (de 3 points, 1,5 point et 0,5 point en fonction de leur durée) afin d’encourager le recours aux CDI. En revanche, cette taxation serait compensée dans certains cas par une baisse des charges. Pour les salariés : - la généralisation des mutuelles de santé à tous les salariés, notamment dans les petites entreprises qui en sont encore privées ; - les temps partiels encadrés fixant à 24 heures la durée minimale de travail hebdomadaire et majorant de 10 % la rémunération des heures supplémentaires ; - des CDD taxés à 5,5 % ou 7 % en fonction de leur durée au lieu des 4 % antérieurs ; - la formation des salariés encouragée par la création d’un « compte personnel de formation » transférable en cas de changement d’employeur et utilisable par les chômeurs. Création aussi d’une période de mobilité externe sécurisée, permettant de développer leurs compétences aux salariés ayant plus de deux ans d’ancienneté. échanges préférant jouer la montre pour repousser au maximum la possibilité d’un accord. Il ne faut pas pour autant être inflexible sur la question du délai. Ainsi, dans la négociation sur la flexisécurité, le Gouvernement a su, un peu avant la fin de la dead line fixée initialement à fin décembre 2012, faire preuve de souplesse. Face aux difficultés rencontrées par rapport au sujet de la taxation des CDD, il a accordé aux partenaires sociaux deux semaines de délai supplémentaires. ma i 2013 à l’échec alors qu’il entre justement en négociation pour parvenir à un accord. Concrètement, si un négociateur professionnel estime que sa Mesore est faible, alors qu’il perçoit celle de son interlocuteur comme étant plus forte, il va éviter de menacer de la mettre en œuvre ou d’afficher une intransigeance sur sa position en disant qu’elle est à prendre ou à laisser. En somme, il se montre conciliant. En revanche, s’il est convaincu que sa Mesore est intéressante, et supérieure à ce que son interlocuteur imagine, il peut décider de lui en faire part pour l’amener à réfléchir et à revenir à la raison. C’est exactement la manière avec laquelle le Gouvernement a procédé. Il faut enfin noter qu’il arrive parfois que la Mesore d’un négociateur soit tellement bonne qu’il a tout intérêt à refuser d’entrer en négociation, ou, s’il y est contraint, de tout faire pour la faire échouer. En somme, quand un négociateur a une véritable Mesore en poche, sa négociation ne sera plus jamais un échec : tout accord n’est acceptable que s’il s’avère meilleur que la Mesore. En indiquant clairement que le pouvoir légiférerait en cas de désaccord, tout en fixant un délai pour la négociation, ce dernier a placé les partenaires sociaux devant leurs responsabilités. évidemment, le délai doit être suffisamment long pour permettre un débat de fond sur les objets débattus, mais pas trop non plus pour éviter les manœuvres dilatoires et les pseudo-négociations. Certains par Gary Illiano ([email protected]), National Managing Partner, Grant Thornton LLP Los Angeles. échanges ma i 2013 42 de l’étranger Though accounting standards are generally categorized as principles- or rules-based, that’s an oversimplification. IFRS and U.S. GAAP are often viewed as stark examples of each system, but the analysis is frequently framed, unfortunately, in either/or terms. Are CFOs Better Served with Principles-Based Accounting Standards? W e all live with uncertainty. Because reducing uncertainty gives us a measure of comfort, we look for ways to bring order to our complex and chaotic world. To help reduce uncertainty, one thing we do to help is agree to follow certain rules. For example, we agree on what will happen when we approach an intersection that has a traffic light. If the light is green we keep going; if the light is red, we stop. Generally, this works well, until someone runs the red light, either intentionally or by mistake. We also have rules for intersections without traffic lights, but since those rules are less clear-cut, we are required to use more judgment. We consider whether other cars are approaching, who arrives first, who is on the right and so on. Most likely, we approach those intersections thoughtfully and, perhaps, more warily. At first blush, accounting systems — which represent agreement on the way transactions, events and circumstances are reported — seem designed to reduce uncertainty in the financial world. Balance sheets balance. Income statements have a bottom line. In fact, young people tell us that they choose to study accounting because they like the notion that you get a certain answer, unlike the law where there is always another argument or a reversal on appeal. But you don’t have to study it for very long before you discover that even in accounting certainty can be elusive. What is a fair value? How much should be included in bad-debt reserves? Is an event more likely than not to occur? We quickly learn that accounting involves estimates and judgments, which means that accounting, too, involves uncertainty. Accounting standards are often categorized as being either principles-based or rulesbased, but that is an oversimplification. International Financial Reporting Standards (IFRS) are held as an example of a principles-based system, and U.S. generally accepted accounting principles (U.S. GAAP) are held as an example of a rules-based system. Unfortunately, the analysis is frequently framed in either/or terms. And the Evidence Shows … Actually, both systems are based on sound principles; both systems have plenty of rules. The principles versus rules analysis is better represented as a continuum, with a pure rules system on one end and a pure principles system on the other. No accounting system today sits completely at either extreme. On the continuum, both U.S. GAAP and IFRS are somewhere in the middle, with the U.S. standards slightly closer to the rules end and IFRS slightly closer to the principles end. There is some academic research on principles versus rules that suggests there are benefits to rules-based standards. A study published in the July 2012 issue of The Accounting Review, reports results that suggest rules-based standards are associated with lower litigation risk. The authors, Dain C. Donelson, John M. McInnis and Richard D. Mergenthaler, considered litigation risk in the context of the likelihood of being sued, having the suit dismissed and settling the suit. The evidence in the study indicates that rules can be prophylactic if applied correctly, but if not they can be devastating if simple and helpful if complex. In a system with principles-based standards you may be more likely to be sued, but less likely to suffer an overall adverse consequence. For a rules-based system, the study discusses two theories of litigation risk: the Complexity view and the Specificity view. The Complexity view holds that rules-based standards are more complex than principles-based standards, which benefits the defendant. Complexity allows for an “innocent mistake” defense, on the grounds that the complex rule was misunderstood, which runs counter to any notion of scienter, or willful intent to deceive. Under the Complexity view, a rules-based system both prevents lawsuits from being brought in the first place and facilitates their early dismissal, as those decisions most often hinge on the issue of scienter. The other theory in a rules-based system, the Specificity view, holds that litigation risk either increases or decreases depending on how successfully the potential defendant applies the rules. If they are unsuccessful, the rule provides a roadmap for the plaintiff. Lawsuits are more likely to be brought, withstand dismissal and result in higher settlements. On the other hand, if the rule is applied successfully, defendants enjoy “safe harbor” protection, with a low likelihood of adverse results. In a principles-based system, I suspect that de l’étranger | Expertises 43 In recent years there has been a shift in U.S. accounting standards toward a more principles-based regime. Both the Financial Accounting Standards Board and the U.S. Securities and Exchange Commission have produced papers on the desirability of principles-based accounting standards. Perhaps the most significant factor affecting the U.S. shift toward principles is the convergence program of the two standard setters, FASB and the International Accounting Standards Board. Over the last decade or so, through agreements and understandings and lately from sharing staff and conducting meetings jointly, the influence of IASB’s more principles-based focus has begun to affect U.S. standards. The revenue project, now in the final drafting stage, is a good example of the movement toward principles-based standards. Currently, U.S. GAAP has revenue guidance in more than 100 places, some industry-specific and much of it fairly detailed. In contrast, the upcoming joint revenue standard will apply to all companies in all industries, with limited exceptions. It will require significant judgment and estimation. For example, rules that prohibited recognition of variable consideration as revenue before it is received will be replaced with principles that require users to made them matters of opinion. Goodwill is the excess of the acquisition price (objective fact) over the fair value of net assets acquired (not objective fact). Different people will reach different conclusions about fair value, which directly affects the value reported for goodwill. The adequacy of loan loss reserves reflects management’s judgment — that is, a matter of opinion. The Court said that for opinions, liability requires that the statement must be both false and disbelieved at the time it is made. In Regions, there was no way to establish the former, and the latter was not even alleged by the plaintiffs. The class action was dismissed by the lower court, and the dismissal was upheld on appeal. Regions sets a fairly high hurdle for plaintiffs hoping to prove liability for financial statement items that represent opinions. Estimates and other judgments, which necessarily increase in a principles-based environment, would ordinarily fall into the opinion category. Plaintiffs who recognize they need to establish both falsehood and concurrent knowledge would be less likely to file suit based on management’s judgments. Even if plaintiffs did file, as they are more likely to do in a principles-based world, it would be reasonable to expect the suit to be dismissed at an early stage. In our litigious environment, we are wary of U.S. GAAP moving down the rules-principles continuum toward the principles end, but how bad is it, really? There will always be those who are ready and willing to second guess our judgments, including auditors, regulators and plaintiff attorneys. We seem to be losing the safe harbor protections we have when rules are either complex or properly applied. But if our judgments are ultimately held to the standard that they must be false and we had to have known that, logically the only legal action that would ultimately prevail is one that proves actual fraud. In a world that is becoming more principlesfocused, the standard articulated in Regions may provide a measure of comfort to those of us grappling with managing our litigation risk. n Reprinted with permission from FINANCIAL EXECUTIVE, (October 2012), © by Financial Executives International; 1750 Headquarters Plaza, West Tower, 7th Floor, Morristown, NJ 07960 USA; 973.765.1000; www.financialexecutives.org. échanges Is the U.S. Moving Toward Principles? estimate that amount both at inception and at each reporting period, and to continually allocate the estimated amount to completed and future obligations. If the revenue standard is the new normal, in the U.S. we can expect fewer rules and more judgment in the future than we are used to today. If we are moving to a more principles-based form of GAAP in the United States, and if lawsuits are more likely to be brought in a principles-based environment based on management’s judgment, then the most relevant consideration is how management’s judgment will be interpreted. Management’s judgment is, however, not a question of fact. A recent court decision in Fait v. Regions Financial found that management’s statements about the value of goodwill and adequacy of loan loss reserves were opinions. The Court said that for opinions to constitute material misstatements or omissions in a registration statement, those opinions must be objectively false and not be believed by the person making the statement at the time. Fait v. Regions Financial began as a class action against a bank and its directors, auditors and underwriters. In late 2006, Regions Financial acquired AmSouth Bancorporation in a $10 billion stock transaction that resulted in more than $6 billion in goodwill. In its 2007 Form 10-K Regions reported $11.5 billion in goodwill ($6.6 billion related to AmSouth) and loan loss reserves of $555 million. Regions issued securities in April 2008 in a registration statement that incorporated its 2007 Form 10-K by reference. No significant changes were made to goodwill or loan reserves until January 2009, when Regions reported fourth quarter 2008 results that included a $6 billion goodwill impairment charge and a doubling of its loan loss provision. After the announcement, Regions stock price dropped, followed by a downgrade of its debt. The class action focused on the 2007 Form 10-K, alleging that the goodwill write-down and the increase in loan loss reserves should have occurred sooner, which would mean that the offering that incorporated the 2007 Form 10-K contained false and misleading statements concerning goodwill and loan loss reserves. The Court determined that the reported values for goodwill and loan reserves were not “objectively determinable,” which ma i 2013 plaintiffs might have more trouble proving their case. Donelson, McInnis and Mergenthaler note that for principles-based standards plaintiffs are more likely to allege violations based on management’s judgment. Compared to the rules-based actions, these suits are more likely to be brought, but they are also more likely to be dismissed or to be settled for lower amounts. Considering the prohibitive cost of litigation in the United States, I believe your approach to managing litigation risk may inform your preference for rules or principles. If you believe you have already lost — in an economic sense — once a lawsuit has been filed, you may want to focus on preventing the suit from ever being brought. On the other hand, if you are more concerned with the ultimate outcome, you may be more willing to tolerate suits that can be more readily dismissed or settled for lesser amounts. sommaire p.46 Les nouveaux atouts de l’externalisation Armand Angeli p.50 Externalisation : quels enjeux pour l’entreprise ? Christophe Radepont p.52 Externaliser les actifs numériques de l’entreprise Arnaud Malherbe et Frédéric Mocellin p.56 Le Cloud : externaliser ses données Claude Turban, Patrick Lhuillier, Juliette Macret et Marie-Noelle Buisson p.58 La direction financière à temps partagé : passer du faire au faire faire Groupe emploi « DAF à temps partagé » de la DFCG p.61 Externalisation : ne pas oublier l’humain Philippe Robert-Tanguy p.62 L’avocat, plus qu’un choix Amaury Nardone p.64 Teleperformance :« faire faire » ou les raisons d’un succès Cécile Falchier p.66 L’expérience Presstalis sur le processus du recouvrement client Laurent Crindal p.69 5 clés d’une externalisation de la paie réussie Lionel Bonnet Illustration : Olivier Fontvieille échanges ma i 2013 44 p.45 Faire ou faire faire ? Thierry Luthi 45 ma i 2013 Faire ou faire faire ? Faire ou faire faire ? L e monde de l'entreprise se trouve en perpétuelle transformation. Qu’elle s’explique par une évolution technologique, industrielle, voire en réaction à un contexte économique qui impose une constante réactivité, une question se pose : « faire ou faire faire ? ». Cela, dans un cadre qui peut être différent d’une prestation d’outsourcing visant à réduire les coûts en confiant à d’autres le soin de réaliser. L’outsourcing ou l’externalisation peut, en effet, répondre à différents objectifs. Le premier d’entre eux est de mieux adapter une structure de coûts pour un service rendu – qui peut d’ailleurs l’être au sein d’un groupe avec les centres de services partagés (CSP), mais aussi pour renforcer l’apport d’expertises qui, combinées au « service minimum rendu », contribue ainsi à la création de valeur. Ce dossier aborde plusieurs témoignages, expertises et recommandations qui permettent de mettre en évidence les enjeux associés à une réflexion puis un projet de « faire ou faire faire » : la recherche d’une meilleure efficacité dans l’expertise qui sera déployée, induite par le côté structurant de la démarche, une définition précise du « qui fait quoi » et des responsabilités qui en découlent, ainsi qu'une correcte appréciation du rapport coût/service rendu dans un contexte de non-redondance des coûts. Parfois, le « faire faire » s’impose, notamment lorsqu’il s’agit de recourir à une expertise dont l’entreprise ne dispose pas. Chaque solution de transformation ou d’optimisation s’apprécie dans son contexte et ne doit pas être irréversible. Ainsi, un projet de business process outsourcing doit intégrer un niveau de service qui offre cette caractéristique, ce qui suppose que les process aient été organisés en ce sens pour chaque partie prenante, transformant ainsi le projet d’outsourcing en un partenariat collaboratif et constructif, allant au-delà d’une simple relation client/ fournisseurs. Ces initiatives, souvent menées sur des domaines de back-office ont toutes leur place sur du front office. Le témoignage de Teleperformance illustre, d’ailleurs, une nouvelle forme de création de valeur pour les entreprises qui doivent se concentrer sur leur cœur de métier. Si les directions financières ne sont donc pas les seules concernées, elles peuvent cependant contribuer, avec celles des ressources humaines, à accompagner les directions opérationnelles à faire ou à faire faire. Bonne lecture. n ‘‘ Chaque solution s’apprécie dans son contexte ’’ Thierry Luthi Directeur de la publication, Président de la DFCG échanges Dossier par Armand Angeli échanges ma i 2013 46 Membre du Bureau Exécutif DFCG Cofondateur et vice-président EOA France Faire ou faire faire ? Armand Angeli décrypte comment l’externalisation, processus somme toute récent, a su se modifier et se renouveler pour mieux se construire. Les nouveaux atouts de l’externalisation S elon HfS Research, le marché mondial de l’externalisation informatique (ITO) et de processus business (Business Process Outsourcing ou BPO) devrait croître de 4 % en 2013 dans le monde. Le marché du BPO devrait connaître la plus forte croissance, avec une prévision de 5,1 % pour 2013 et de 6 % en moyenne jusqu’en 2017. Plus précisément, les secteurs phares du BPO seraient les fonctions comptables et financières et les ressources humaines, avec des croissances moyennes respectives de 7,8 % et 5,6 %. Des chiffres croissants ressources humaines. Une tendance qui s’étend au monde entier : si les fonctions informatiques sont traditionnellement les plus externalisées car moins sensibles aux problèmes de proximité, de données privées et de langues, les fonctions financières arrivent en deuxième position. Une médaille d’argent qui sera à nouveau remportée en 2013, puisque les entreprises interrogées indiquent vouloir démarrer (8 %), élargir le nombre de fonctions (32 %) ou garder le même périmètre (25 %) pour ces fonctions comptables et financières. ‘‘ des nouveaux critères opérationnels et stratégiques Selon une étude récente de XERFI, la France représente 5 % du marché mondial du BPO avec 5 Md€, dont 90 % portés par seulement 3 segments de marché : les centres de contact, la gestion documentaire et la paie. Certes, cela paraît faible comparé au marché allemand du BPO, estimé par XERFI à 12 Md€, mais montre tout de même le potentiel de la France dans ce domaine. Pierre Audoin Conseil estime pour sa part que le BPO représentera 12 % du marché français de l’outsourcing en 2013, pour un montant de 1,3 Md€ avec une croissance attendue de 4,4 % (contre 8,6 % en Europe). Les diverses études indiquent que près d’un tiers des entreprises françaises externalise un ou plusieurs processus comptables ou financiers, paie ou Des motivations qui évoluent Le concept de l’externalisation est né il y a plus de 20 ans dans les pays anglo-saxons, lorsque les entreprises ont voulu tirer parti du « labour arbitrage » en délocalisant des activités simples ou répétitives soit en Inde, pays à bas coûts de main-d’œuvre, soit dans des centres internes à l’entreprise, soit chez des prestataires externes. Ce nouveau mode d’organisation et de management a connu une adoption massive et rapide. Mais deux décennies plus tard, le marché a évolué. Avec l’expérience, les motivations ont changé : aujourd’hui, la réduction des coûts n’est plus la seule finalité. Selon HfS Research, les critères de décisions pour l’externalisation en 2013 sont à la fois opérationnels et stratégiques. Des critères comme la recherche de flexibilité, ’’ Faire ou faire faire ? Dossier Avec l’extension de l’externalisation, des modèles et des appellations dédiés sont apparus. Quels sont-ils ? L’utilisation optimisée des nouvelles technologies plutôt que l’externalisation de collaborateurs, et l’avènement du Cloud, du SaaS (Software as a Service) ou du BPaaS (Business Process as a Service) rendu possible par les nouvelles technologies web, donnent à de plus en plus d’entreprises l’accès à des services à la demande externalisés avec des investissements initiaux faibles. Les outils de dématérialisation, de scanning, de workflow et d’archivage permettent un premier niveau de reengineering et de transformation des processus. Ils réduisent le recours à des tâches manuelles et donc le nombre de personnes externalisables. Des solutions mixtes on-shore/nearshore et collaboratives. Les organisations front-office/back-office ou Tier 1/ Tier 2 répartissent les tâches selon les expertises disponibles, la proximité client ou la langue requises, et bien sûr les meilleurs coûts. C’est le modèle qu’ont choisi certains cabinets d’audit ou des centres de contacts basés en France. Le pur offshore lointain (Inde, Projets d’externalisation en 2013 Chine) se transforme peu à peu en nearshore (Maghreb, Europe de l'Est) ou en mixte onshore-France-nearshore. Pour les entreprises internationales, ces modèles s’inscrivent dans un réseau de « Global Delivery Network » avec des centres répartis dans diverses parties du monde, le plus souvent sur les continents américain, européen et asiatique. à la recherche de termes plus adaptés, les « gourous » de l’externalisation nouvelle proposent de remplacer le mot « outsourcing » par des termes plus acceptables et qui correspondent mieux aux nouvelles réalités des affaires, tels que « business services », « global business services » ou « managed services ». On parle aussi désormais de services « hybrides » pour désigner des fonctions opérées en interne de façon collaborative dans des centres de services partagés et avec un prestataire d’externalisation. La répartition entre les parties peut évoluer au fil du temps. Gagner une respectabilité En France, c’est le néologisme plus politiquement correct de « colocalisation » qui est préféré à « délocalisation ». Ce concept reposant sur l’idée d’un partenariat entre deux pays, devenant gagnants-gagnants en termes d’emplois et d’investissement, est mis en avant par les politiques français. Ils y voient un moyen de donner de la respectabilité à l’externalisation, qui a traditionnellement tendance à « effrayer » les Français, y voyant une mise en danger des entreprises locales. Mais les Français vont bien devoir s’y faire ! En effet, des leaders mondiaux de services d’externalisation, en développement, comme Capgemini, Teleperfor■■■ mance ou Steria sont français. échanges Des spécificités nouvelles ma i 2013 la standardisation des processus, le respect des réglementations, l’accès aux talents et l’accélération du changement, prennent une importance capitale. Dans tous les articles professionnels et les retours d’expérience des dirigeants utilisateurs, on constate que la notion de réduction de coûts est peu à peu remplacée par le contrôle et la flexibilité des coûts. Les concepts de transformation, de valeur ajoutée, d’innovation, de partenariat win-win prennent eux aussi une place centrale. Mais gardons-nous de tout angélisme, le but ultime de l’externalisation reste bien l’efficacité des processus de gestion et l’amélioration continue des marges. La maturité gagnée attire de nouveaux entrants. Ainsi, les PME adoptent plus largement ce nouveau mode de management. De même, de nouveaux prestataires locaux ou internationaux de niche, de taille moyenne, viennent occuper le terrain face aux grands du BPO comme IBM, Genpact, Capgemini ou XEROX. Dans le même temps, l’offre en solutions d’externalisation s’enrichit, grâce aux nouvelles technologies et aux expertises de niches comme le KPO (Knowledge Process Outsourcing) ou les services analytics. Aujourd’hui, un prestataire qui, à partir de large volume de données générées par son client (Big Data), réalise des analyses fines permet à son client un meilleur pilotage du business. En revanche, contrairement à la Grande-Bretagne ou aux USA, la France ne connaît pas encore de recours massif à l’externalisation dans les entreprises publiques ou semi-publiques. Mais le départ des baby-boomers et la recherche de la réduction des coûts de fonctionnement de l’état et des collectivités pourraient bien changer la donne. 47 Dossier Faire ou faire faire ? échanges ma i 2013 48 Par ailleurs, la branche française de l’EOA (European Outsourcing Association) dont les membres représentent tous les acteurs du domaine, utilisateurs, consultants et prestataires, de s’informer, de partager leurs expériences et les bonnes pratiques, a vu son audience croître d’année en en année. Le Forum international de l’outsourcing (IOF) luimême, qui s’est tenu les années précédentes dans des destinations phare de l’externalisation comme la Pologne et Maurice, se tiendra en octobre 2013 à Reims. D’autres signes viennent confirmer le potentiel de l’externalisation et des CSP en France et l’intérêt pour les services francophones. à l’occasion de la visite du Premier ministre français au Maroc en décembre dernier, Jean-Marc Ayrault en a profité pour valoriser la colocalisation entre les deux nations. Dans la foulée, c’est le ministre marocain de l’Industrie, du Commerce et des nouvelles Technologies lui-même qui inaugurait en janvier 2013 à Rabat le nouveau centre de contacts de Teleperformance. Plus que la France, c’est tout le monde francophone qui externalise au Maroc. Les parcs marocains, servant essentiellement les entreprises francophones sont en développement constant, et participent à l’extension de villes comme Fès, Casablanca, Tanger et Rabat. En 2012, un jury international a remis le prix de la destination ■■■ offshore de l’année au Maroc, après avoir récompensé les Philippines, la Malaisie ou la Pologne les années précédentes. Tous les acteurs du secteur accompagnent le mouvement. Les cabinets de conseil comme Kurt Salmon, ou de recrutement comme Michael Page ou Hays ont fait des CSP et de l’externalisation un axe de développement de leurs activités en France et au Maghreb. Les autres destinations francophones ne sont pas en reste. Malgré les incertitudes liées au printemps arabe, les prestataires tunisiens continuent à recevoir de nouveaux clients. Les réunions de présentation organisées mensuellement par la Chambre de commerce et l’Ambassade polonaise font salle comble. Tout comme l’agence de promotion de la Catalogne à Paris organisait récemment un événement très couru qui a vu plusieurs projets à Barcelone prendre forme. L’adoption croissante de l’externalisation est maintenant prouvée par les chiffres et les faits. Le marché gagne en maturité, les motivations et les offres s’affinent Elle se décline autrement avec de nouveaux modèles, technologies et appellations. Des nouveaux entrants apparaissent. Ce « nouveau printemps de l'externalisation » lui permet enfin de gagner en respectabilité. n ‘‘ la colocalisation, un concept gagnant-gagnant ’’ Les motivations de l’externalisation en 2013 Face aux enjeux des directions financières et au contexte économique, réinventons ensemble la Finance ! Échangez avec des experts, des clients et des partenaires sur les enjeux de votre métier : Pilotage de votre activité, Optimisation de la trésorerie, Gestion prévisionnelle, Performance et maîtrise des coûts et des risques… Venez découvrir toutes les dernières nouveautés des offres Yourcegid. 6 dates 6 villes autour de l’innovation, la connectivité, la communauté et la compétitivité. • Paris le 4 juin 2013 • Nantes le 6 juin 2013 • Lille le 11 juin 2013 • Bordeaux le 13 juin 2013 • Aix le 18 juin 2013 • Lyon le 20 juin 2013 Inscrivez-vous dès maintenant sur financeontour.cegid.fr ou flashez avec votre mobile le QR code ci-contre. FINANCE par Christophe radepont échanges ma i 2013 50 associé, Finance Transformation & Outsourcing Grant Thornton Faire ou faire faire ? Externaliser ou non ? Un choix crucial auquel doivent répondre bon nombre de DAF aujourd’hui. Pour guider les indécis, Christophe Radepont liste les bonnes questions à se poser. Externalisation Quels enjeux pour l’entreprise ? L’ entreprise, confrontée au contexte concurrentiel, doit effectuer en permanence des choix stratégiques nécessaires à sa survie. La question du « faire ou faire faire » devient ainsi de plus en plus récurrente dans les prises de décision des managers. Si jusque dans les années 1990, les entreprises se positionnaient dans une approche d’intégration verticale, avec la volonté d’un contrôle total de l’ensemble des processus et de la production, on observe depuis ces dernières années un revirement de situation. Sans véritablement parler d’engouement, force est de constater que les choix des directeurs financiers n’échappent pas à la tendance et progressent peu à peu vers des solutions d’externalisation des fonctions comptables et financières. Au cœur de la stratégie de l’entreprise L’environnement peut rapidement rendre la maîtrise et le contrôle de l’ensemble des fonctions plus complexes et coûteux. L’entreprise doit alors faire un choix entre contrôle total ou recours à un tiers (partenaire ou soustraitant). Les facteurs incitant les entreprises à externaliser leur fonction comptable et financière sont surtout stratégiques. Ce choix peut résulter d’une stratégie proactive ou découler d’une approche défensive. Il dépend tout d’abord de la politique du groupe puis d’une démarche d’adaptation et d’optimisation des performances. L’enjeu principal étant de définir le degré d’externalisation d’une fonction (« faire faire ») par rapport à l’internalisation (« faire ») pour bénéficier des avantages de chacun sans pour autant en perdre le contrôle. De l’importance d’une analyse préalable Aujourd’hui, quelle que soit la taille de l’entreprise, la question du « faire ou du faire faire » est posée par les directeurs financiers. Quel est le meilleur choix pour répondre aux enjeux de réduction des coûts, d’amélioration de la qualité et des délais de production du reporting comptable et financier ? Avant de se fixer définitivement, il est nécessaire d’initier une réflexion basée sur les questions qui vont suivre. ‘‘ bénéficier des avantages sans perdre le contrôle ’’ Quel est le business case financier ? L’un des critères primordiaux dans le choix du « faire ou faire faire » est évidemment l’impact financier. Le business case financier doit intégrer une analyse comparative des coûts de la fonction actuelle aux différents scénarios internes ou externes, sur les processus identifiés comme externalisables ou mutualisables. Pour calculer le retour sur investissement de l’opération, il faut Faire ou faire faire ? Dossier Quel est le niveau de maturité de l’organisation ? L’appétence qu’une entreprise peut avoir à aller vers l’une ou l’autre des solutions dépend tout autant de ses expériences – qu’elles soient bonnes ou mauvaises, d’un management plus ou moins imprégné d’une volonté de contrôle total, que de sa capacité à s’organiser pour travailler avec un tiers. Dans tous les cas et quel que soit le choix, il faudra nécessairement rationaliser les processus et appliquer une plus grande rigueur dans leur application. Quel est l’impact social ? Quel que soit le choix fait entre internalisation et externalisation, il faut prévoir des coûts sociaux qui peuvent être atténués par des possibilités de transfert de ressources vers le prestataire dans le cas du « faire faire » ou un maintien d’une partie des ressources dans le cas du « faire ». De façon générale, les salariés et leurs représentants acceptent mieux une réduction des effectifs dans le cadre d’un maintien des opérations en interne plutôt qu’une même réduction associée à un transfert d’activité vers un tiers. De plus, les entreprises, et notamment les sociétés françaises à forte notoriété, doivent être particulièrement vigilantes à l’image que peut donner un choix structurant d’externalisation, d’autant plus lorsqu’il est dirigé vers des pays étrangers aux coûts notoirement bas. Avantages et conditions de l’externalisation Le choix d’externaliser ses fonctions est souvent motivé par la réduction des coûts. Mais au-delà de cet avantage purement financier, il apparaît que « faire faire » peut aussi permettre à l’entreprise de se recentrer sur son cœur métier. En s’appuyant sur les compétences et les moyens d’un tiers pour ratio- Indicateurs à prendre en compte dans le cadre d'une analyse sur faire ou faire faire périmètre Ex. pour la comptabilité fournisseur - La saisie des facture est-elle gérée en interne ? Peut-on externaliser ? - La gestion des litiges est-elle gérée en interne ? Peut-on externaliser ? - La préparation paiements est-elle gérée en interne ? Peut-on externaliser ? - La relation fournisseurs est-elle gérée en interne ? Peut-on externaliser ? volumétrie processus - Nombre de fournisseurs présents dans la base ? - Nombre de clients ajoutés/ modifés par mois ? - Nombre de factures moyen ? - Quel est le délai de validation ? - Quel est le niveau de complexité ? - A-t-on des pics de saisonnalité ? - Nombre de paiements par mois ? - Nombre d’emails reçus par mois ? - Quelle est l’organisation générale ? - Décrivez le processus complet - Quel est le niveau de documentation ? - Quelles sont les spécifités ? - Les factures sont-elles reçues à un seul endroit ou plusieurs ? - Quels sont les SI utilisés ? - Existe-t-il un système de dématérialisation (scanning) des factures ? KPI's et informations à prendre en compte ETP et coûts associés Indiquer le nombre d’ETP affecté à chaque site pour les processus de : - management global - management local - comptabilité fournisseur - note de frais - immobilisations - comptabilité clients - trésorerie échanges Quelle est la capacité de l’entreprise à se transformer seule ? Cette question renvoie à celle du périmètre outsourcé selon la taille de l’entreprise. Cette dernière peut par exemple, et c’est un cas souvent observé dans les petites entreprises, subir un manque structurel de compétences expertes sur la fonction comptable et financière, ce qui oriente naturellement vers un choix d’externalisation. Les moyennes et grandes entreprises, quant à elles, évaluent en interne les ressources existantes et leur niveau des compétences, pour déterminer les améliorations nécessaires au niveau national et international. En fonction du constat, l’entreprise pourra décider ou non de s’appuyer sur un prestataire d’externalisation qui aura les compétences et les structures adéquates pour atteindre les objectifs. naliser et homogénéiser les processus, tout en bénéficiant de l’expertise et des nouvelles technologies de ce partenaire, on est certain que les tâches que l’on a confiées seront réalisées efficacement. On peut enfin se concentrer sur son propre travail, qui n’est plus « pollué » par des problématiques diverses. En fonction du scope des activités externalisées, quelle que soit leur nature, il est primordial de définir dans le contrat le niveau de responsabilité des deux parties relatif à l’exécution des tâches, sous peine de dysfonctionnements importants. Mais si c’est ce contrat qui détermine laquelle des parties doit couvrir chacune des prestations, le niveau de service attendu et les moyens mis en œuvre, il ne faut pas oublier que l’externalisation est avant tout basée sur la notion de confiance. Elle seule permettra de favoriser un fonctionnement collaboratif et instructif. Pour ce type de prestation, on préfère d’ailleurs parler de partenaire plutôt que de fournisseur. Et c’est bien le choix de ce partenaire qui est crucial quand on décide de « faire faire ». n ma i 2013 y ajouter les coûts de mise en œuvre (processus, pilotage, technologiques) et les coûts sociaux. 51 par Arnaud MALHERBE 52 Ingénieur d'affaires, Econocom Frédéric MOCELLIN échanges ma i 2013 Business Development Manager Enterprise Solutions, Econocom Faire ou faire faire ? à l’heure où les progrès du numérique sont quasi-quotidiens, comment gérer les actifs numériques d’une société ? Internalisation, externalisation ? à la recherche de la solution la plus pertinente avec arnaud malherbe et frédéric mocellin. Externaliser les actifs numériques de l’entreprise E n matière informatique, l’externalisation des actifs sous forme de location opérationnelle ou d’intégration dans un contrat global d’infogérance est une solution utilisée depuis de nombreuses années par les DSI et les DAF. Les choix possibles sont maintenant bien connus : l’expérience a montré que ces solutions offrent de nombreux avantages. D’abord réservées aux équipements centralisés, elles se sont largement répandues pour les équipements informatiques distribués tels que les PC, les portables, les périphériques. Sur le plan budgétaire, les entreprises espèrent que l’externalisation leur permettra de financer leurs besoins informatiques sans avoir à mobiliser leur trésorerie ni altérer leur capacité d’endettement. Tout cela en transformant des coûts fixes en coûts variables et en améliorant la structure de leur bilan. ‘‘ une visibilité optimale sur les coûts ’’ Un cloisonnement paralysant Mais les enjeux du pilotage des actifs informatiques dépassent le mode de financement. Les entreprises ont souvent une vision très cloisonnée du pilotage informatique : d’un côté, aux directions informatiques de prendre la responsabilité du pilotage technique (exploitation, support, maintenance), de l’autre, aux directions administratives et financières d’être en charge de la vue comptable des actifs. Cette séparation stricte peut être paralysante pour l’entreprise, les contraintes financières venant bloquer le renouvellement des actifs et générer des surcoûts, et les contraintes opérationnelles, comme par exemple l’introduction d’un nouvel OS, ayant pour conséquence des dépassements budgétaires non anticipés. Sans compter la difficulté d’exercer un contrôle interne sur des actifs dispersés, de les restituer et de remplir les obligations légales de fin de vie. C’est ainsi que les meilleures solutions disponibles sur le marché informatique sont celles qui combinent un leasing opérationnel déconsolidant, incluant des services à valeur ajoutée tels que la gestion du parc mais aussi des services opérationnels, directement liés au cycle de vie du produit. Les avantages de l’externalisation En 2009 déjà, une étude IDC réalisée auprès d’un panel de DAF et DSI en France semblait conforter la tendance à l’externalisation : 54 % des interrogés estimaient alors qu’elle facilite la gestion du cycle de vie des équipements informatiques. Les directions informatiques et financières disposent du même niveau de visibilité sur les équipements informatiques avec pour les uns une vue plus technique (maintenance du parc, historique des incidents et des changements) et pour les autres une vue plus financière (valeur d’origine, durée…). La maîtrise de ces éléments permet d’optimiser la gestion du cycle de vie des équipements et répondre conjointement au besoin de renouvellement et de prédictibilité des coûts. Ainsi, 53 % des DAF et DSI Faire ou faire faire ? Dossier 53 ma i 2013 échanges nL’offre Desktop on demand d’Econocom prévoit le cycle de vie complet des équipements informatiques. jugeaient l’externalisation comme une bonne possibilité pour faire face à l’obsolescence rapide des équipements informatiques. L’innovation technologique permanente et rapide a un revers de taille : l’obsolescence des équipements. Les solutions de location évolutive sont disponibles pour permettre d’adapter technologiquement le parc, indépendamment de l’ancienneté de tel ou tel équipement ou de périodes d’amortissement prédéterminées. Le rallongement de la durée d’usage est aussi possible : le seul critère qui compte est l’adéquation entre l’équipement et le besoin de l’utilisateur. Enfin, 32 % des interrogés estimaient l’externalisation très importante pour disposer d’une visibilité optimale sur le coût de possession des équipements IT. C’est sous l’angle opérationnel que la notion d’un TCO1 clairement établi prend tout son sens. En effet, la capacité à tracer le TCO a permis de transformer le département informatique – précédemment considéré comme un centre de coût – en un centre de services. Ce faisant, le TCO est alors capable de facturer l’utilisation de l’équipement au juste prix pour chaque Business Unit de l’entreprise. Les nouveaux champs de l’externalisation Aujourd’hui, quelles sont les grandes évolutions qui se dessinent ? Les équipements traditionnels de l’IT, qu’il s’agisse de l’infrastructure (serveurs, stockage, réseaux…) ou des outils des collaborateurs (PC, portables…) ont tendance à se multiplier : smartphones, PDA professionnels, tablettes… Dans ce contexte, pour le directeur administratif et financier, la nécessité de garder une visibilité sur les coûts et de contenir le TCO demeure plus que jamais indispensable. Standardisation, négociation de masse, industrialisation du cycle de vie, contrôle interne et refacturation précise, toutes les bonnes pratiques issues de la période précédente et les avantages de l’externalisation demeurent d’actualité, mais s’y ajoutent toutes les conséquences de la mobilité généralisée : tracking dynamique des assets, cycle de renouvellement accéléré, coût des consommations... Dès lors, une bonne gestion du cycle de vie implique la mise en œuvre de solutions plus complètes, de préférence incluant de nouveaux services comme le Mobile Device Management et la maîtrise précise des consommations. Ces dernières deviennent désormais l’élément prépondérant du coût et ne peuvent raisonnablement être laissées au seul contrôle de l’opérateur. Au-delà de l’informatique traditionnelle et de la mobilité, s’ouvre le monde nouveau des objets intelligents ! « Cela dit, le plus grand bouleversement reste encore à venir avec la digitalisation de l’économie, qui conduit à repenser les processus métiers de toutes les industries et y inclure une multitude "d’objets intelligents" (dotés d’une adresse IP) », précise Éric Lemaître, directeur général adjoint Enterprise Solutions, chez Econocom. L’étude IPSONS, ON World 2011 du cabinet IPSONS, prévoit l’existence de plus 20 milliards d’objets intelligents connectés à l’horizon 2020 ! Dans l’entreprise, on parle d’outils collaboratifs comme un affichage digital, des bornes, des terminaux de paiement… et des équipements machine to ■■■ Dossier Faire ou faire faire ? échanges ma i 2013 54 ■■■ machine. Stylos digitaux, scanners ultra-sophistiqués et autres objets bien plus qu'high-tech, leur application semble sans fin et ouvrent un champ des possibles incommensurable. Cette évolution technologique est déjà présente dans les environnements les plus « virtualisés ». Les ressources y étant partagées pour leur temps d’usage, cela rend les allocations plus complexes, d’autant que le modèle économique se concentre autour d’une réduction de coût de possession pour le consommateur qui utilise un service de « pay per use » ou « facturation à l’usage ». réseau, opérationnels… les projets devenant d’autant plus difficiles à identifier et tracer. C’est pourquoi les offres d’externalisation les plus pertinentes sont celles d’intégrateurs qui combinent dans un même cycle de renouvellement les composantes applicatives, équipement, communication et services des solutions. La valeur à rechercher chez un partenaire est sa capacité à orchestrer les différentes compétences, à offrir une solution de bout en bout et un mode de facturation simple (à la redevance ou « as a service ») garantissant la traçabilité en terme de contrôle interne et de coût. Du TCO au ROI Au vu de tous ces exemples, de toutes ces possibilités, il est indispensable de définir le périmètre du « faire faire » pour s'y retrouver et gérer ses actifs numériques efficacement, quelle que soit la solution choisie. à travers ces tendances, on constate que l’externalisation s’organise désormais non pas selon des fonctions transverses (help desk…), mais plutôt autour de solutions verticales intégrant des équipements, des composants d’infrastructure et un ensemble de services associés. En somme, on peut en déduire que le bon périmètre d’externalisation sera donc celui sur lequel il est possible de mesurer un niveau de service et de calculer un retour sur investissement. n Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus de réduire un quelconque TCO, mais d’optimiser un processus business. Par exemple, les systèmes de paiements mobiles peuvent éviter les longues files d’attente aux caisses des supermarchés en période de pointe, dont il a été estimé qu’elles découragent 10 à 15 % de la clientèle… Dès lors, les critères de choix des projets sont de type ROI et les critères de renouvellement ne sont plus liés seulement à la technologie mais plutôt à l’environnement business. Par ailleurs, les prescripteurs et les décideurs de ce type de solution sont de plus en plus nombreux et se trouvent désormais dans différents niveaux dans l’entreprise : direction marketing, ‘‘ le mobile device management, une solution plus complète ’’ 1. TCO : total cost of ownership, « coût total de possession » qui intègre les coûts directs et indirects. Les coûts cachés qui sont par nature les plus difficiles à « benchmarker » font partie intégrante du prix facturé dans le cadre de l’offre de service global et sont donc identifiés. Le seul sujet étant de les rapprocher pour les comparer avec ses propres coûts internes, répartis par nature entre plusieurs acteurs au sein de l’organisation et souvent non directement affectés. nLes objets intelligents digitalisent notre environnement : blocs opératoires, scanners bracelets (terminaux durcis) pour les drive de la grande distribution, stylos numériques pour la digitalisation de l'écriture des contrats d’assurance... Assembleur de solutions pour les Directions Finance, Ressources Humaines et Communication Assembly Conseil Des offres de conseil au plus près de vos besoins Assembly Assembly C&B Assembly Capital Management package Actionnariat salarié Fusions-Acquisitions Transmission d’entreprise Rémunérations Epargne Salariale Epargne Retraite Bilan Social Individualisé Com Communication corporate Communication financière Communication interne Communication sociale Assembly RP Relations Publiques pour structures expertes et sociétés de croissance, Relations Presse Communication évènementielle Etudes Marketing et Communication Etudes Benchmarks Baromètre de climat social Etudes de marché Etudes stratégiques Conception et réalisation : Assembly Des solutions techniques pour gagner en efficacité Distributeur de solutions de gestion en mode SaaS Plateforme d’édition et de logistique Editeur de solutions informatiques dédiées aux RH www.assembly-conseil.com [email protected] par Claude Turban Industry Executive Consultant, IBM Global Technology Services France échanges ma i 2013 56 Patrick Lhuillier Certified IT Architect, IBM Global Technology Services France Juliette Macret Cloud & Managed Services Sales Manager, IBM Global Technology Services France Marie-Noelle Buisson IT Strategy & Architecture Consulting Leader, IBM Global Technology Services France Faire ou faire faire ? Le Cloud est certes un nouvel outil, mais c’est aussi la forme la plus aboutie d’externalisation informatique actuelle. Avantages et mise en place des solutions Cloud. Le Cloud Externaliser ses données S i le Cloud est un système apparu récemment, ses avantages sont déjà perçus par les utilisateurs. Didier Sarges, Directeur de la Supply Chain et des systèmes d’information chez Louis Pion, en bénéficie au quotidien : « Sur le plan commercial, ce système permet de répondre en temps réel aux demandes des clients [...]. Sur le plan technique et administratif, nous n’avons pas à gérer la complexité des évolutions d’environnements, de machines et des montées de versions. Enfin, sur le plan financier, nous connaissons précisément et maîtrisons mois par mois nos dépenses informatiques ». Au-delà des économies de fonctionnement informatique, la raison d’être d’une solution Cloud réside dans les avantages métiers qu’elle procure. Ces solutions contribuent à enrichir la valeur métier en améliorant la réactivité, la capacité à mettre rapidement des produits sur le marché et en s’ajustant aux variations de l’activité, autant d’éléments déterminants de la compétitivité des entreprises. Des solutions industrielles Les solutions Cloud proposent des services intégrés dans un catalogue. établi conjointement par l’informatique, en fonction de sa capacité et de ses moyens, et par les métiers, selon leurs besoins, il formalise un langage commun. Il peut comprendre des services de base du type « mise à disposition d’une ressource technique (un serveur, une capacité de stockage…) », des services plus élaborés comme une « mise à disposition d’un outil technique » voire des services directement liés à l’activité tels que la « fourniture d’un service applicatif (messagerie, ERP…) ». Le catalogue est accessible par les utilisateurs au travers d’un portail. Ce dernier met à disposition une solution industrialisée intégrant des activités automatisées. Il traite de ressources techniques standardisées selon des modes de fonctionnement normalisés et un ensemble d’approbations prédéfini. L’industrialisation accroît la maîtrise de la fourniture des services et en permet le pilotage dynamique via les moyens de mesure des usages et du fonctionnement. Il s'agit d'une base de construction d’une facture objective, liée à l’activité des métiers. évaluer un projet Cloud Face à des solutions qui se diversifient, il faut se poser les bonnes questions avant d’entamer toute démarche d'externalisation des données via un Cloud. Cinq axes doivent être pris en compte, afin de n'oublier aucun paramètre. Le besoin à satisfaire. L’opportunité Cloud doit être évaluée en fonction des apports aux métiers. - Pour quelles activités la réactivité et la flexibilité constituent-elles des différenciateurs, des innovations ? Quels types de service Cloud, quel catalogue ? Quel apport et quels enjeux pour les métiers ? L’importance et la démarche de la transformation. La transformation vers le Cloud est liée à l’effort à faire pour atteindre les niveaux de standardisation et de normalisation requis. - Comment est établie cette transformation ? Faire ou faire faire ? Dossier Le Cloud génère plusieurs cercles vertueux qui touchent tous les actifs de l’entreprise. Les équipes informatiques, tout d’abord, sont dégagées des opérations de mise à disposition des moyens et des services, et peuvent ainsi se focaliser sur l’amélioration des solutions en place et le développement de nouveaux produits. Les équipes métiers peuvent valider l’intérêt des services au travers des mesures d’usage (Comment sont-ils utilisés ? Comment sont-ils délivrés ?). La facturation objective est rapportée à l’intérêt métier et l’utilisateur ou le client est en mesure d’arbitrer entre les différents services et niveaux de services proposés. Les équipes finance, enfin, qui peuvent faire prendre en compte dans l’élaboration de la stratégie, arbitrant entre immobilisation de capital et consommation de services. ‘‘ redéfinir Les impacts financiers. Les impacts financiers sont évalués sur les axes coûts d’usage et investissements. • Coûts d’usage - Comment la dépense est-elle liée à la mesure de l’activité ? Comment est pris en compte le passage d’une allocation par clé à une facturation à l’usage ? - Comment la relation directe entre coût informatique et activité est intégrée dans la maîtrise des budgets ? • Investissements - Quelle réduction des ressources informatiques est permise par la substituabilité des ressources, leur affectation et/ou leur libération en fonction de l’activité ? Quelle capacité d’investissement est libérée au niveau de l’entreprise ? - Quel est l’impact du transfert de l’activité vers un prestataire externe fournissant les services définis dans un catalogue ? Quel impact du passage de mode CAPEX à mode OPEX avec un coût de fonctionnement lié à l’usage et donc à l’activité de l’entreprise ? - Quel est l’impact de la réduction de ces dépenses d’investissements sur les immobilisations à l’actif du bilan et sur les ratios financiers (retours sur actifs...) ? - Quel est l’impact sur l’équilibre entre immobilisations/dettes financières et besoins en fonds de roulement ? le concept de l’externalisation Le choix du modèle. - Quel modèle Cloud adopter : un modèle privé, pour que l'entreprise en assure elle-même l’exploitation ou la confie à un tiers ? Ou un modèle public proposé par un fournisseur ? - Quel services sont attendus ? En quoi les particularités de l’entreprise peuvent imposer la mise en place d’un Cloud privé, pour respecter des exigences de localisation de données ou des natures de services spécifiques ? ’’ Les solutions Cloud sont en train de transformer les entreprises, en offrant des services de manière différente. Plus largement, le Cloud redéfinit aussi le concept de l’externalisation : plus que les hommes ou les services, ce sont maintenant les données qui sont « hors » de l’entreprise. Pour les directeurs financiers ou les contrôleurs de gestion, dont le cœur de métier est basé sur ces données, leur dématérialisation entraîne forcément un changement de regard, et une nouvelle façon de concevoir son travail. n Indicateurs à prendre en compte dans le cadre d'une analyse sur faire ou faire faire échanges Les conditions de sécurité. L’adoption d’une solution Cloud impose une réponse aux objectifs et aux contraintes de disponibilité et de sécurité, physique, logique et réglementaire. - Quelle solution est mise en œuvre ? Comment intègret-elle les mécanismes de protection d’intrusions et de surveillance, tout en garantissant l’étanchéité entre les ressources mises à disposition des métiers ? Un outil de progrès ma i 2013 Quelle charge représente-t-elle et quelle feuille de route faut-il prévoir ? Car il est important d’équilibre ses efforts entre adaptation technique (développement des standards, mise en place des outils…), changement métier (modification des processus…) et enjeux. 57 par le groupe emploi "DAF à temps partagé" de la DFCG échanges ma i 2013 58 Faire ou faire faire ? Sur la question du « faire faire » dans la direction financière, qui de mieux placé que le DAF à temps partagé pour éclairer ce dossier ? Les réponses du groupe de travail spécifique de la DFCG. La direction financière à temps partagé Passer du faire au faire faire D ans les structures petites et moyennes, le chef d’entreprise a besoin de compétences pour fiabiliser l’information et les processus, évaluer la performance et être force de proposition. Ce rôle peut être assuré par un « copilote » qui apporte son savoir-faire et connaît bien le monde des PME. Le directeur financier à temps partagé présente ce profil requis. Bénéficiant de l’évolution des méthodes de travail, le temps partagé devient possible à condition de bien maîtriser le faire et le faire faire. que quelques jours par an dans une PME, (sauf comptabilité et/ou paie externalisée ou mission spéciale) le DAF à temps partagé connaît les équipes, supervise les projets internes (organisation, informatique, processus administratif) et représente l’entreprise vis-à-vis de tiers comme l’expert-comptable, le commissaire aux comptes, les banquiers, les avocats, les administrations, parfois les actionnaires… Le DAF à temps partagé a une double mission, opérationnelle et de conseil vis-à-vis du chef d’entreprise. Le savoir-faire du DAF à temps partagé Les domaines d’intervention du directeur financier Pour s’adapter tant aux contraintes budgétaires qu’aux pics d’activités de ses clients, le directeur administratif et financier propose des interventions modulables. Le temps d’intervention du directeur financier à temps partagé peut être très court (souvent entre un et deux jours par semaine, parfois moins). Il doit donc rapidement hiérarchiser les priorités de son intervention tout en veillant à consacrer régulièrement du temps avec le chef d’entreprise pour connaître la vie de la société et s’impliquer dans son développement. Au-delà d’une maîtrise technique, il doit très vite comprendre les enjeux et décharger autant que possible le chef d’entreprise des aspects administratifs et organisationnels. Dans cette perspective, le savoir-faire se situe autant dans l’accompagnement que dans la réalisation à la différence de l’expert-comptable qui n’intervient Même si le DAF à temps partagé ne peut réaliser seul l’ensemble de sa mission, un certain nombre de chantiers restent de son ressort et sont difficiles à déléguer, en particulier dans des entreprises disposant d’équipes limitées. Son action couvre des sujets sensibles de l’entreprise : • Assurer la pérennité de l’entreprise - Sécuriser la trésorerie, mettre en place des prévisionnels, trouver des modalités de financement ; - évaluer la compétitivité et mettre en place un suivi de la rentabilité de l’entreprise. • Organiser et structurer - Conduire un projet de changement de système d’information ; - Mettre en place les fondements juridiques, administratifs et souvent ceux liés aux RH au-delà de l’établissement de la paie. • Aider le dirigeant dans la crédibilisation financière 59 L’étendue des domaines couverts par DAF à temps partagé montre qu’il n’est pas possible de réaliser la mission sans faire appel aux ressources internes de l’entreprise. C’est là un des aspects déterminants de son intervention. à la différence des structures de conseil, il ne peut s’appuyer que sur les équipes de l’entreprise pour conduire ses projets. Sa valeur ajoutée résulte autant dans le regard qu’il porte sur l'entreprise que dans sa capacité à la comprendre et à transmettre ses connaissances techniques. En effet, si pour une PME l’acquisition de compétences est une des clés du succès, le budget qu’elle nécessite est un obstacle majeur. Ainsi, plus le DAF à temps partagé transfère du savoir-faire au sein de l’entreprise, plus sa présence est considérée comme légitime, voire indispensable et plus sa mission s’inscrit dans la durée. A contrario, un DAF qui conserverait pour lui son expertise limite la portée de son intervention, ne répondrait pas aux attentes de l’entreprise et se mettrait en danger. Le transfert de connaissances aux équipes passe par un accompagnement, mais également par la mise en place de procédures et éventuellement d’un management en mode projet. Dans les PME, cette mission est particulièrement délicate car il est difficile de disposer d’équipes étoffées avec des profils adaptés. Il faut donc bien évaluer la nature du travail qui pourra être traité en interne, de façon autonome, et dimensionner les projets en conséquence. n à propos du groupe de travail DAF à temps partagé Un groupe de travail existe à la DFCG depuis 2006. Ce groupe, qui compte une quarantaine de membres travaillant à la promotion de la direction financière à temps partagé, se réunit une fois par mois à la DFCG. Ces réunions sont l’occasion de partager sur les pratiques propres à notre activité. Le groupe peut être suivi sur LinkedIn ou sur le site www.daf-tempspartage.fr échanges La nécessité du faire faire ma i 2013 de son entreprise vis-à-vis de ses interlocuteurs - Fournir des supports d’aide à la prise de décision pour des acquisitions ou des investissements ; - Produire une information structurée et fiable aux tiers (actionnaires, banques, administrations, etc.). par Philippe ROBERT-TANGUY sociologue-consultant, directeur associé de Creac’h Consulting 61 ma i 2013 Focalisés sur les chiffres et les processus techniques, on en oublie trop souvent que l’externalisation est avant tout une opération de collaboration entre les personnes. Un plaidoyer pour la prise en compte de l’humain par Philippe Robert-Tanguy. Externalisation Ne pas oublier l'humain L’ externalisation demande de consacrer une grande énergie aux dimensions économiques, techniques et contractuelles. Les aspects humains sont également abordés, mais souvent selon le seul aspect juridique. Le cadre légal français étant relativement contraignant et porteur de risques, la gestion sociale est ainsi principalement traitée au travers de la consultation représentants du personnel. Trop souvent, on considère que le bon fonctionnement d’un centre de service externalisé repose sur une organisation et des processus clairement définis. Cependant, si le contrat et la préparation technique sont essentiels, l’expérience nous enseigne que la réussite ne dépend pas uniquement de ces éléments. Dans une organisation, une grande partie des dysfonctionnements ou des sources d’inefficacité est issue des interfaces, qu’elles soient internes ou externes. Or, « faire faire » engendre la création d’une nouvelle interface. Mettre en place une organisation et des procédures doit permettre une coordination entre l’entreprise et le CDS qui ne peut bien fonctionner sans un minimum de bonne volonté et de coopération. Cette dernière repose sur la confiance, l’écoute et la compréhension mutuelle des acteurs, autant de facteurs souvent oubliés dans la préparation du processus. Prenons l’exemple de la direction informatique d’une compagnie d’assurances qui a fait le choix pertinent de limiter le recours aux prestataires en régie, et d’externaliser ses activités d’exploitation et d’administration au sein d’un CDS créé par une SSII. L’opération semblait facile dans la mesure où le prestataire était connu et maîtrisait les systèmes d’information de la compagnie. Pourtant, après dixhuit mois de mise en service, force était de constater que les gains escomptés, notamment en termes de qualité, n’étaient pas atteints. Des dysfonctionnements affectaient qualité de service et efficacité. La mise en place de procédures et de demandes de services compliquées avaient bureaucratisé le fonctionnement, causant incompréhension dans les demandes, absence d’ajustement mutuel, excès des traitements en urgence, règles de priorité inopérantes… Dans le contrat, une attention toute particulière avait été portée aux indicateurs permettant de piloter la prestation et donc, en théorie de réguler les relations client-fournisseur. Or, si les indicateurs étaient pertinents au regard des finalités, la question de leur production ne s’était pas posée, et ceux-ci se sont révélés très compliqués voire impossibles à obtenir ! Chaque comité de pilotage se faisait autour d’indicateurs partiellement reconstitués par chacune des parties, qui n'étaient donc pas partagés. Mener une opération d’externalisation nécessite ainsi de s’intéresser au métier et aux fonctionnements organisationnels concrets, avec les acteurs des deux parties, afin d’élaborer ensemble des modes de régulation établissant un minimum de confiance dans la durée. Les personnes qui sont aux interfaces – client comme prestataire – doivent se comprendre et faire l’effort d’écouter les préoccupations de l’autre afin de connaître ses spécificités culturelles. Cette dimension est d’autant plus prégnante lorsque l’externalisation se fait à l’étranger. Aux écarts de cultures d’entreprise, s’ajoutent des différences nationales, voire linguistiques. Si l’externalisation se fait vers un pays éloigné tel que l’Inde, la faible synchronisation des horaires de travail renforce la nécessité de préparation en amont d’un système de régulation et d’un traitement des dysfonctionnements. n échanges Faire ou faire faire ? par Amaury Nardone Président, DELSOL Avocats échanges ma i 2013 62 Faire ou faire faire ? il est bon de sortir du point de vue du dirigeant en découvrant quel regard peut avoir un prestataire externe sur son expérience. Témoignage d’un avocat en droit des affaires, qui montre que son champ d'intervention peut être bien plus large qu'on ne le pense. L’avocat, plus qu’un choix P our tout besoin d’ordre juridique, une direction financière ou de contrôle de gestion se trouve régulièrement confrontée au choix de l’internalisation ou de l’externalisation. Même si son entreprise bénéficie d’un service spécifique, elle peut toujours décider de procéder elle-même ou de recourir aux services d’un avocat. Mais ce choix est plus théorique que réel. En effet, dans la pratique, les acteurs de l’entreprise n’ont souvent pas d’alternative et sont tout simplement « obligés » d’être assistés par un ou plusieurs avocats. Dans quels cas ? Une expertise qui s’applique à de nombreux domaines En matière de contentieux, si l’image d’épinal qui veut qu’un procès comporte toujours au moins un avocat, de préférence en robe auprès de son client, a du sens, elle n’est pas suffisante pour autant. Dans la réalité, d’une part, la réglementation impose la représentativité des parties devant certaines juridictions par un professionnel du droit et, d’autre part, même devant les juridictions qui ne sont pas concernées par cette obligation (tribunal de commerce, par exemple), il est parfaitement hasardeux de ne pas faire appel à un spécialiste des procédures si l'on veut une chance de l’emporter. Du point de vue du conseil, on pense aussi assez facilement aux opérations de fusions-acquisitions. Sauf opération minime, il s’agit toujours d’un cas particulier pour l’entreprise, lequel requiert une mobilisation très importante de temps et de moyens. En l’espèce, les avocats spécialisés apportent bien entendu leur expertise sur la rédaction et la négociation de la documentation contractuelle afférente : • L’accord de confidentialité, tout d’abord, pour garder certaines informations secrètes tout en commençant à se dévoiler. Un tel type d’accord contient très souvent une clause de non-débauchage, pour éviter la fuite des meilleurs éléments de l’entreprise, et par extension, la dispersion des connaissances chez la concurrence. Si l’une des parties est cotée en bourse, un tel accord nécessite d’être adapté à la réglementation boursière. • La lettre d’intention, qui précise les choses. Elle rappelle quelles sont les parties en présence et pourquoi elles tentent un rapprochement. L’objet de l’opération et surtout le prix commencent à y figurer, au moins dans sa méthode d’évaluation. Les conditions, suspensives ou résolutoires, de la réalisation définitive de l’opération y figurent sous forme d’une liste plus ou moins longue. Tout comme, les audits de la cible, évidemment. En général, pendant ces « fiançailles », une clause d’exclusivité s’impose. • Le protocole de cession, d’acquisition ou d’accord finalise tout cela. Il peut être plus ou moins long selon les accords contractuels ayant été signés préalablement. Il est préférable ‘‘ une spécialité et une pratique irremplaçables ’’ Faire ou faire faire ? Dossier Au-delà des contrats, de nombreuses situations demandent la présence d’un avocat, qui doit alors prodiguer : • un conseil stratégique, aussi bien industriel que La liste des exemples supplémentaires pourrait être longue, mais elle peut être résumée par une certitude, que j’ai acquise grâce à mon expérience : c’est la spécialité d’un avocat de droit des affaires qui le rend irremplaçable. Bien sûr qu’il faut connaître le droit, et nombreux sont les bons juristes, mais plus encore il faut le pratiquer. Bien sûr qu’il faut répondre aux attentes des entreprises, mais plus encore il faut les devancer. En cela, notre spécialité entraîne par elle-même le recours à notre profession. C’est parce que nous savons et pouvons faire, que les entreprises décident de nous faire faire. Il ne faut pas oublier enfin qu’être un vrai professionnel consiste également à engager concrètement sa responsabilité sur les services fournis. Comme je l’ai déjà expliqué, mon opinion est que les entreprises ont rarement le choix de faire appel à nous. En tant qu’avocat, notre responsabilité personnelle, forme d’assurance pour les entreprises est d’autant plus importante. n Petit lexique des valeurs mobilières complexes ADP : actions de préférence, OC : obligations convertibles, BSA : bons de souscription d’actions, ORANE : obligations remboursables en actions nouvelles ou à émettre, BSPCE : bons de souscription de parts de créateurs d’entreprises, OBSA : obligations à bons de souscription d’actions, ABSA : actions à bons de souscription d’actions, BSA ratchets: bons de souscription d’actions avec clause qui permet aux premiers investisseurs de se prémunir d’une dilution en cas de baisse de cours lors d’une augmentation de capital ou d’une cession postérieure à la date de leur investissement. échanges …et qui demandent des compétences spécialisées patrimonial, en amont d’une opération de ce type pour le cadrage du projet ; • des compétences diverses et nombreuses (droit des sociétés, droit des contrats, droit fiscal, droit social, droit immobilier, propriété intellectuelle, droit public, droit bancaire, droit boursier, droit de la concurrence, etc.) pour la réalisation des audits de la cible ; • une confidentialité parfaite des échanges avec ses confrères, laquelle protège les parties en cas de rupture des négociations, y compris devant les tribunaux ; • une mobilisation importante et totale lors de la finalisation concrète de l’opération, jusqu’au closing ; • un suivi post-acquisition, par exemple, en matière fiscale ou contentieuse. ma i 2013 qu’il soit signé par tous ceux qui participent, même de façon minime, à l’opération afin que nul n’en conteste les modalités postérieurement. Dans un environnement jurisprudentiel particulier, c’est le bon endroit pour la clause de non-concurrence du ou des cédants. Si l’opération présente un caractère international, y figure le choix du droit applicable et des juridictions compétentes. • La documentation bancaire est fréquente, particulièrement dans les opérations de LBO. Même si les banques ont l’habitude de produire elles-mêmes leur documentation contractuelle, souvent assez peu de temps avant le closing, il faut relire avec attention le contrat de prêt senior. Non pas ce qui figurait déjà dans le term sheet renégocie, mais les cas de défaut, les clauses d’exigibilité anticipée et les engagements de faire ou de ne pas faire, pour que l’’après soit vivable sans épée de Damoclès. • Une convention de garantie d‘actif et de passif est classique et nécessaire pour une acquisition. En quelque sorte, l’acheteur s’est décidé sur le tableau dessiné sous ses yeux. Si la toile comportait de nombreux accidents camouflés, il est normal que le prix ne soit plus le même. Une partie déclarative permet de mieux connaître la cible et d’activer, le cas échéant, la garantie. Une partie d’engagements permet de mieux cadrer la suite : plafond ou non, seuil de déclenchement ou franchise, délais de garantie, garantie de la garantie, etc. • Le pacte d’actionnaires ou d’associés va de soi lorsque plusieurs parties, ayant des intérêts différents, restent au capital. Il contient toujours beaucoup d’éléments, afférents aux titres de la société (inaliénabilité, préemption, sortie conjointe, entraînement, promesses de vente ou d’achat, liquidité, etc.) et à son mode de gestion (informations, composition des organes dirigeants, décisions nécessitant un accord préalable, « good and bad leaver », etc.). Depuis quelque temps, la liberté statutaire des SAS permet parfois de se contenter de statuts élaborés. • L’émission de valeurs mobilières complexes est fréquente. Elles sont très nombreuses : ADP, OC, BSA, ORANE, BSPCE, OBSA, ABSA, BSA ratchets, etc. Elles nécessitent une connaissance et une pratique réelles du droit des sociétés. • Enfin, le contexte boursier peut en outre nécessiter de lancer une offre publique, sujet relevant de la réglementation boursière. Cela requiert notamment d’obtenir une forme de blanc-seing auprès d’un tiers : l’Autorité des marchés financiers. 63 par Cécile FALCHIER échanges ma i 2013 64 Directeur Finance Europe, Teleperformance Faire ou faire faire ? Un prestataire externe qui externalise. Teleperformance, n° 1 mondial de la gestion de l'expérience client, donne les clés de sa réussite. Teleperformance « Faire faire » ou les raisons d’un succès F aire ou faire faire ? C’est une question qui s’impose souvent aux managers face à un changement de paradigme sur leur marché. En effet, l’entreprise doit alors accélérer sa transformation, pour gagner en agilité et flexibilité et améliorer son efficacité. « Faire faire » peut être l’un des leviers de cette accélération, accompagné de digitalisation, de virtualisation et de simplification. Le directeur administratif et financier est souvent impliqué dans ces réflexions et décisions, soit par la nature des fonctions que l‘on envisage de « faire faire » (notamment des fonctions inhérentes à la finance ou à l’informatique), soit dans l’évaluation des impacts et du retour sur investissement de ces changements ou bien encore par son rôle moteur dans la transformation et la mise en œuvre de la stratégie. La mise en place de centres de services partagés internes ou le recours à des prestataires externes pour gérer des fonctions financières, IT ou RH par exemple, est en progression en Europe, grâce aux pionniers anglo-saxons s’y étant implantés. Services internes, nearshore et externes : les raisons d’un succès Teleperformance, leader mondial de la gestion de l'expérience client (« worlwide leader in the Voice Business Process Engineering market »), ne pouvait que s’inscrire dans cette tendance ! Notre filiale française a ainsi mis en place un centre de services partagés interne « nearshore » en Tunisie pour gérer la facturation clients et le recouvrement de créances. Nous avons bénéficié de la standardisation des process dans une organisation fortement décentralisée, avec une certaine proximité géographique, et nous avons créé un pôle de compétence et d‘expertise qui s’appuie sur des outils performants. Nous avons vu nos encours clients s’améliorer significativement et nous avons pu accélérer notre processus de clôture mensuelle. Dans certaines autres filiales en Europe, nous avons choisi de travailler avec des prestataires externes pour la gestion de la paie par exemple. Pour apporter les améliorations attendues, la décision de « faire faire » doit s’appuyer sur des solutions intégrées et s’accompagner de la mise en place de contrats de service permettant de mesurer et d’améliorer la qualité de la prestation, y compris pour des CSP internes. L’organisation interne doit souvent être adaptée, afin de créer ou de renforcer les postes de gestion et de suivi de la prestation. Les clients internes doivent également être accompagnés dans ce changement. Alors que « faire faire » peut être considéré comme une option réservée à des processus administratifs ou des fonctions non liées au core business, nous constatons un développement du recours à des prestataires externes ou la création de CSP dans des domaines plus stratégiques ou plus spécifiques à un métier donné, tels que la gestion de la relation client. Ainsi Teleperformance, groupe français créé en 1978 et coté à Paris, a été un des pionniers à proposer ce service et a connu depuis un fort développement en France et à l’international. Le groupe réalise ainsi 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012, dont 29 % seulement en Europe, emploie Faire ou faire faire ? Dossier 138 000 personnes dans 46 pays pour servir 78 marchés dans 64 langues dans les domaines du service client, du support technique, du recouvrement de créances, du télémarketing… Des bénéfices de l’externalisation de la gestion de l'expérience client La gestion de la relation client est devenue un élément différenciant pour des services aujourd’hui banalisés et bien souvent le premier critère du choix du consommateur final pour un produit ou un service. Confier la gestion de la relation client à un partenaire permet de bénéficier de son professionnalisme et de son expertise pour optimiser et standardiser la gestion des interactions (avec des volumes de transactions très importants), ainsi que de gagner en flexibilité (pour un déploiement rapide d’une campagne marketing ou d’une nouvelle stratégie clients par exemple, ou bien pour gérer la saisonnalité de l’activité). Ces deux avantages permettant au final d’optimiser ses coûts. Mais il ne faut pas pour autant oublier que « faire faire » est une décision stratégique, qui impose échanges mondiale, avec 270 centres dans 46 pays ma i 2013 nTeleperformance possède la plus grande implantation encore plus d’exigence que de faire soi-même, notamment en termes de contrôle et de sécurité des flux. Ainsi, Teleperformance, de par son footprint mondial et sa structure IT européenne intégrée, offre à ses partenaires des solutions techniques innovantes et multiples et peut répondre à leurs exigences accrues en matière de sécurité et de contrôle des flux (certification PCI, possibilité de contrôler la prise des flux à distance en temps réel…) : - prestations locales, sur chaque marché, mixées ou non avec des solutions nearshore ou offshore (plus éloignées géographiquement) avec les mêmes standards de qualité (démarche qualité mondiale TOPS, BEST, ATAC..) ; - gestion centralisée pour le marché européen sur des plateformes multilingues (dans une recherche de standardisation et de simplification de la gestion de la prestation, avec un point de contact unique pour plusieurs marchés). Nous servons en Europe plus de 30 marchés et langues différentes, notamment à partir de nos plateformes en Grèce, en Turquie et au Portugal ! ‘‘ optimiser et standardiser les interactions ’’ De plus, ce footprint global offre des opportunités de benchmarking considérables, à travers des analyses poussées des données collectées. Nous traitons plus de 1,5 milliard d’interactions par an ! Nous voyons d’ailleurs un certain nombre de clients opter pour une solution mixte entre prestation interne et externe, avec possibilité de benchmark des indicateurs de qualité de service et des méthodes d’analyse des données entre solutions internes et externes. Faire faire peut donc amener à mieux faire soimême ! n Un leader en croissance Daniel Julien, président-directeur général de Teleperformance a déclaré : « En 2012, nous avons enregistré une progression significative de notre activité, avec une croissance publiée de + 10,4 % et une croissance organique de + 6,9 %, supérieure à notre objectif. Notre marge opérationnelle courante a également fortement progressé cette année pour atteindre 9,1 % du chiffre d’affaires, soit au-delà de notre objectif initial. Cette bonne performance résulte essentiellement du dynamisme de nos activités dans la région ibérico-LATAM, notamment au Brésil où le groupe bénéficie d’un environnement favorable et d’un positionnement haut de gamme sur des secteurs en croissance. En Europe, un certain nombre de pays enregistrent un rebond de leurs activités et de leur rentabilité, notamment le Royaume-Uni, l’Espagne 65 et l’Allemagne. Forts d’une gestion rigoureuse de nos investissements et de nos actifs, nous avons à nouveau augmenté notre retour sur capitaux employés. Ces très bons résultats confirment notre leadership mondial sur le marché de la gestion de l’expérience client externalisée et traduisent la réussite de notre stratégie de développement, créatrice de valeur. » par Laurent CRINDAL Past Manager financier, groupe Presstalis échanges ma i 2013 66 Faire ou faire faire ? Le ré-ingéniering du SI finance de Presstalis. Un projet de près de dix ans et une expérience marquante pour Laurent Crindal. L’expérience Presstalis sur le processus de recouvrement client L e projet de ré-ingéniering du système informatique financier de Presstalis (alors NMPP) commence en 2004, à l’initiative du directeur financier. C’est ainsi que Claude Lebrun (aujourd'hui Lead Partner/ CFO Advisory & Process Optimisation chez Kurt Salmon) et moi-même avons construit un plan pluri-annuel de modernisation de la fonction finance, qui consistait à mettre en place un ERP et à envisager une optimisation des fonctions comptables et financières, alors diluées entre fonctions centrales et régionales. Un projet ambitieux Après une analyse de l’existant, en partenariat avec la DSI, et la construction d'un schéma d'évolution du système financier sur cinq ans, le groupe a lancé un appel d’offres mettant en concurrence plusieurs solutions (ANAEL, le système existant, Oracle, Qualiac et SAP), Notre choix s’est finalement porté vers le déploiement de SAP, sur ses modules standards FI, CO, MM, SD, puis BW, associé à la solution de dématérialisation du flux fournisseurs « Procure to pay » de l'éditeur Readsoft, une approche totalement innovante dans le contexte très administratif et 100% papier de l’entreprise de l’époque. Ce projet intervenait en 2005, dans une période charnière pour la messagerie de presse, qui connais- sait alors une nouvelle gouvernance et cherchait à optimiser ses fonctions centrales. C'est dans ce contexte qu'après avoir installé SAP sur la maison mère, mi 2005, nous avons ensuite réfléchi au déploiement de cette solution sur les filiales du groupe, soit sur une cinquantaine de sites régionaux, durant la période 2006-2007. Puis nos objectifs de modernisation et d'optimisation de la fonction financière nous ont amenés à réfléchir à la centralisation des processus comptables. à cette époque, l’organisation comptable et financière présentait des pistes évidentes d’amélioration : une direction des filiales consolidait les opérations sur le plan comptable (une équipe comptable centrale) et sur le plan gestion (une équipe centrale de contrôleurs de gestion), mais chaque entité, que ce soit un établissement ou une société, avait a minima un comptable sur site. Parallèlement la messagerie avait également une direction comptable au sein d’une direction financière groupe. Les directeurs régionaux conservaient une très forte autonomie de fonctionnement des opérations, y compris sur les process financiers (facturations, gestion de la paye, relance, encaissements, budget). Fin 2007, la direction générale et la direction financière groupe – toutes deux très forts sponsors de l’ensemble de ces réflexions – ont ainsi validé le principe de construction d’un centre ‘‘ un calendrier cadencé au rythme de l’intégration des sites ’’ Faire ou faire faire ? Dossier Concernant le processus RH, la difficulté principale consistait à trouver un prestataire qui puisse gérer 30 sites distants avec 30 règles sociales différentes, tout en fournissant en central des informations consolidées et en garantissant le maintien des règles sociales et du système d’information RH pour ces sites. La solution trouvée est toujours en place et répond parfaitement aux besoins avec uniquement un correspondant social pour les critères de payes mensuels. En termes de rentabilité, nous avons parfaitement réussi notre projet d’externalisation puisque le coût moyen est aujourd’hui estimé à environ 2,5 à 3 ETP annuels pour la gestion de 30 sites. Concernant le processus de recouvrement et de gestion du poste client, le contexte était différent. D’une part, cette activité est très imbriquée aux opérations quotidiennes des sites, d’autre part les principes de facturation sont très spécifiques et particulièrement complexes. Il ne s'agit pas d'un processus classique d’achat/vente, mais plutôt d'une chaîne de flux de consignation/déconsignation avec commissionnement ducroire. Chaque site procède à un relevé hebdomadaire des ventes, qui entraîne ensuite un calcul d’échéances différées qui viennent composer un relevé de compte qui sera la base de l’échéance hebdomadaire. Ces échéances sont ensuite dues par les diffuseurs (marchands de journaux) qui règlent selon quatre modes : prélèvements, chèques, espèces ou virements. Confronter le processus à la réalité Dans un premier temps nous avions comme nécessité de faire valider le principe de l’externalisation, non seulement par le top management, mais aussi par les directions opérationnelles et enfin les IRP, car toute démarche d’externalisation entraîne de sérieux freins en interne. Dans un contexte économique tendu, la centralisation des opérations comptables était déjà un niveau de challenge conséquent auquel venait s’ajouter la difficulté d’externaliser le process de gestion du poste client, considéré comme un processus critique pour le groupe. Dans un second temps, il a fallu établir un cahier des charges le plus précis possible pour pouvoir l’adresser aux différents partenaires potentiels, en lien avec la direction des achats pour l’appel d’offres et de la direction juridique pour les sujets de responsabilité. À l’issue d’une sélection parmi une demi-douzaine de prestataires, nous avons porté notre choix sur Sidetrade pour plusieurs raisons : - Une solution technologique éprouvée, reconnue sur le marché et déjà testée par notre trésorier quelques années auparavant ; - Une réversibilité aisée ; - Une prestation économiquement attractive ; - Un engagement fort pour construire un BPO efficace et adapté à nos spécificités ; - Une volonté affichée par le top management de Sidetrade de mettre en place une véritable logique de business partner (point essentiel quand on confie un process critique). Une première phase de go/nogo a été initiée durant trois mois et sur sept sites tests afin de mesurer la capacité du process externalisé. Cette étape était primordiale, non seulement pour éprouver les nouveaux outils et process, mais aussi et surtout pour démontrer la faisabilité auprès des opérationnels et réduire très fortement les résistances au changement. Puis la mise en place s’est étalée selon un calendrier cadencé au rythme de l’intégration des sites dans le CSP, afin d’avoir un véritable parallélisme des transferts de responsabilité entre local et central/partenaire. En parallèle, nous avons modifié la gouvernance financière des filiales en rattachant le CSP comptable à la direction comptable groupe et en conservant une direction financière filiale autonome, cliente du CSP. Point important, le prestataire était fournisseur de la direction financière mais gérait sa relation technique avec le CSP directement. Des comités de pilotages avaient été initiés lors des phases de lancement, puis ont ensuite été aménagés en comités de créances, permettant d’analyser l’évolution du DSO et les risques créances. La mise à disposition de la solution Sidetrade Network permettait de créer une relation directe entre le prestataire et les sites locaux pour gérer au mieux la politique de recouvrement. La solution, simple, interfacée avec SAP, donnait toute satisfaction après les premiers temps de prise en main (formation prise en charge par Sidetrade, dans leurs locaux, assistance du siège Presstalis). Les comités de créance ont montré une amélioration sensible du niveau d’arriéré, mais une stabilité des opérations d’encaissement en attente d’affectation (difficultés rencontrées pour imputer rapidement les encaissements aux prestations concernées). Nous avions prévu un engagement triennal avec Sidetrade, et durant les trois années les résultats ■■■ échanges Adapter le processus à tous les niveaux ma i 2013 de services partagés dont les gains de productivité étaient évalués à environ 40 %. Si les processus standards, comptabilité générale, bancaire et fournisseurs s’intégraient parfaitement dans cette perspective, deux processus mettaient en évidence des difficultés dans le cadre de la suppression des compétences comptables en local, principalement sur l’élaboration des payes pour une partie des sites locaux et sur la gestion du poste client pour la totalité de l’organisation. 67 chiffres clés la problématique ➥➥55 sites ; ➥➥17 000 clients (diffuseurs), soit 17 000 relevés hebdomadaires (factures) ; ➥➥1 200 M€ de flux monétaire annuels, soit un flux hebdomadaire de 2 M€ environ ; ➥➥78 % de prélèvements ; ➥➥20 % de chèques ; ➥➥200 incidents de paiements hebdomadaires en moyenne, soit 1,5 % de taux d’incidents ; ➥➥1 600 relances hebdomadaires en moyenne : 200 incidents + relances des arriérés antérieurs ; ➥➥14 ETP internes: estimation complémentaire aux ETP du CSP mis en place ; ➥➥Un TCO interne de la fonction estimé à 1,4 M€. Dossier Faire ou faire faire ? échanges ma i 2013 68 ont été globalement probants : pour la première fois le groupe avait une vision consolidée des arriérés clients pour ses filiales, un benchmark avait été mis en place permettant de mesurer la performance entre sites et nous avions pu constater une amélioration du niveau d’arriérés. Force était de constater que la solution couplée d’un BPO et d’un progiciel dédié au recouvrement était pertinente pour nous. Pour autant, à compter de 2011, et dans un contexte économique interne extrêmement complexe, nous devions faire face à trois phénomènes non anticipés. • Le maintien d’une certaine liberté de décision des directeurs locaux dans le processus de relance en local leur conférant une latitude empêchant toute industrialisation du processus et ne garantissant pas au prestataire la possibilité d’optimiser globalement ses méthodes de travail. Sidetrade a ainsi été confronté à beaucoup de résistances locales. De plus, le management du CSP et de la direction financière filiales étant confié à des managers qui ne portaient pas le projet initialement, notre partenaire n’a pas toujours reçu le soutien espéré lors des points d’arbitrages. • Malgré le choix de Sidetrade pour la fiabilité de leur solution, et l’expérience des managers en charge de la structure de BPO, cette dernière n’a pas toujours pu compenser une faible stabilité du staffing et un niveau de turn over important lié à un sous-effectif de l‘équipe vraisemblablement imposé par les contraintes économiques du contrat. De plus, la proposition de service du prestataire n’avait sans doute pas assez intégré la complexité des opérations liée à la volumétrie, à la spécificité métier et à la fréquence hebdomadaire. • Enfin, une forte tension à partir de 2011 au niveau de trésorerie du groupe et sur l’activité générale entraînant la recherche d’une compression des opérations générant du cash-out. ■■■ Facteurs clés de succès liés à la mise en place d’un BPO Quel que soit le processus concerné les principaux pré-requis consistent à : • Réfléchir très en amont à la solution ; • S’assurer de l’expertise et de l’expérience du prestataire ; • Rechercher un prestataire dans une démarche de business partner et non uniquement de relation client/fournisseur ; • S’appuyer sur une solution professionnelle dédiée à la gestion du poste client (et la conserver !) ; • Avoir une méthodologie projet très éprouvée, normée et efficace ; • Intégrer la résistance au changement dans le processus de transformation et en tenir compte dans le timing du projet ; • Avoir un sponsoring fort de la direction et le maintenir dans la durée ; • Prévoir la réversibilité du processus, et si nécessaire, ne pas hésiter à réinternaliser ! Les deux premiers phénomènes étaient accentués par un niveau de complexité de nos processus clients insuffisamment appréhendé, tant pour la volumétrie (facturation hebdomadaire), que pour l’imbrication du process financier et opérationnel (refus de paiement lié à des incidents logistiques). Par ailleurs, les changements de direction générale et de top management ont très clairement réduit la visibilité sur le sujet au sein du groupe ; les enjeux se sont transférés sur des points encore plus sensibles dans un contexte de très forte tension sur l’activité. De plus, une politique budgétaire très agressive a conduit à revoir l‘ensemble des opérations générant une consommation de cash (l’ensemble des prestations externes ont été challengées). La nouvelle direction financière a donc fait le choix d’engager la réversibilité globale du processus, malgré une solution technologique aboutie et totalement adaptée aux besoins, pour les raisons suivantes : • La présence en interne de forces administratives non redéployées, donc disponibles mais faiblement productives d’un point de vue économique ; • Une nouvelle volonté politique de conserver une maîtrise interne de la gestion du cash en local. Un bilan sans regrets Forte de cette décision, une équipe interne de crédit management a été mise en place sous la direction de Marie-Hélène Lechaux, ancienne auditrice interne du groupe et maîtrisant parfaitement les processus clients régionaux et les organisations régionales. Elle s’est appuyée sur la présence en région d’une douzaine de personnes, prenant en charge ces opérations de relance pour une zone géographique (4 à 6 sites par personnes). Une méthodologie homogène a finalement été mise en œuvre, en interne, en tirant les retours d’expérience de la trop grande marge de manœuvre laissée sur chaque site. à ce jour, ce processus réinternalisé tient ses engagements en matière de DSO, et le niveau d’arriéré est stabilisé malgré une conjoncture extrêmement défavorable. Rien n’est à regretter sur notre expérience d’outsourcing, bien au contraire ! Elle a permis de démontrer la capacité de traitement du recouvrement par des acteurs non locaux et la possibilité d’homogénéiser un processus qui avait été jugé trop « local » pour être industrialisé historiquement. Le travail effectué avec Sidetrade nous aura amenés à réussir notre réinternalisation ; en effet, si nous n’avions pas d’abord cherché à décrire notre process, à réfléchir aux modalités d’industrialisation et aux méthodes de relances avec ce partenaire, nous n’aurions sans doute pas réussi à reprendre en main aussi rapidement et efficacement cette activité. n par Lionel Bonnet Président de FocusPaie 69 ma i 2013 Pour Lionel Bonnet, le recours à une organisation extérieure pour la gestion de la paie ne doit pas être vécu comme une obligation mais comme un véritable choix. Conseils pour une solution personnalisée. 5 clés d’une externalisation de la paie réussie L a rémunération est à la fois un des leviers privilégiés des dirigeants pour motiver et fidéliser leurs salariés, et le point d’attention principal des deux parties dans un environnement réglementaire en constante évolution. Aussi, la gestion de la paie demeure-t-elle une fonction essentielle alors qu’elle est très éloignée du cœur de métier de la plupart des entreprises. Quand internaliser la paie devient risqué. Pour une TPE ou une PME, essayer de gérer la paie en interne peut se révéler aussi complexe que dangereux si personne n’est véritablement expert dans le domaine. Risques de redressement Urssaf, de sanctions pénales ou de contentieux avec les salariés sont à craindre ! Ceci explique que l’externalisation de la paie soit une solution répandue et qu’elle soit souvent la première activité de back office confiée à un professionnel : 40 % des PME auraient ainsi choisi d’y recourir. Une solution durable – à en juger par le très faible taux de rupture de cette activité, bien qu’elle trouve son origine par la contrainte des circonstances (rupture de l’organisation, départ du personnel dédié), l’externalisation peut au final se révéler bien plus sûre et plus avantageuse, à condition de bien choisir son prestataire. Comment faire de l’externalisation un succès ? La société FocusPaie, dédiée à la gestion externalisée de la paie des PME publie chaque année un Livre blanc1. Celui de l’année 2013-2013 distingue cinq facteurs garantissant la réussite de l’externalisation de la paie. Des conseils somme toute très simples, mais qu’il faut savoir garder à l’esprit pour choisir la solution la plus rationnelle et la plus efficace : • La première clé, la plus fondamentale, est sans doute la priorisation des critères de choix. Ainsi, la solution retenue (externalisation complète du service – approche BPO –, recours à un logiciel – le plus souvent en mode SaaS…) doit l’être parce qu’elle répond aux attentes effectives (sécurité, flexibilité, réactivité) et non uniquement en fonction du coût, voire d’un effet de mode. • Le choix du prestataire doit dépendre de la disponibilité et du niveau de conseil qu’il sera capable d’apporter. • Les enjeux mesurables sur lesquels le prestataire doit s’engager devront être clairement identifiés, et particulièrement les tarifs. Le client ne doit pas se méprendre : il n’aura pas d’économies massives immédiates. D’ailleurs, un prix aligné sur la concurrence et inférieur aux coûts internes permettra au prestataire d’être écouté mais ne lui suffira pas à être retenu si cette réduction du coût se fait aux dépens de la qualité. ‘‘ identifier les enjeux ’’ Aussi, l’hypothèse d’une réversibilité du process outsourcé devra être prise en compte sur le plan opérationnel. Enfin, l’existence d’un service paie en interne ne doit pas être traitée comme une simple contrainte : le personnel existant doit absolument être associé à la démarche de reprise des données, puis il doit se fondre dans l’organisation qui résultera de l’externalisation. Certains resteront, certains partiront… et certains pourront même intégrer les équipes du prestataire ! n 1. Livre blanc FocusPaie 2012, étude statistique réalisée fin septembre 2012 auprès de 400 entreprises. échanges Faire ou faire faire ? échanges ma i 2013 70 Voici une sélection de livres qui ont retenu l’attention de la rédaction. N’hésitez pas à nous signaler votre propre sélection. lu pour vous Une autobiographie de la crise s uite au succès de son éditorial autobiographique paru dans le New York Times, « Pourquoi je quitte Golman Sachs », Greg Smith a décidé de rédiger un ouvrage restituant l'intégralité de son parcours professionnel, celui d'un jeune diplômé de l’université de Stanford, au sein de la 1ère banque mondiale d’investissement. L’auteur relate, avec un certain sens de l’anecdote et de la mise en scène, les rituels partagés par les acteurs des salles de marché de New York et de Londres. à travers la description de leurs comportements, il observe sans complaisance la révolution culturelle provoquée par la crise immobilière et bancaire qui a éclaté en 2007. Les dérèglements des marchés ont entraîné une profonde mutation des pratiques commerciales du front office, représenté par les vendeurs et les traders de produits une révolution culturelle provoquée par la crise Jean-Jacques Pluchart et services financiers. L’auteur attribue ces dérives « court-termistes » au durcissement de la gouvernance de la banque, à l’accélération de l’innovation financière, à la pression croissante de la concurrence et à la dégradation des conditions de travail. Il décrit avec justesse les phénomènes de contagion mimétique et de souffrance au travail observés depuis plus de cinq ans dans les salles de marché. Traité comme un roman, l'ouvrage n’est pas sans rappeler, dans un style différent, la célèbre analyse des pratiques des traders du sociologue français Olivier Godechot, parue en 2000. Pourquoi j’ai quitté goldman Sachs Greg Smith JC Lattès – 402 pages, 20 € Les clés de l’avenir : l’ambition industrielle Jean-Michel Treille L es pays traditionnellement industrialisés sont à la peine et doutent de leur liberté de manœuvre face aux états (BRICS, EtatsUnis ….) et aux grandes entreprises multinationales qui dominent l’économie et la finance mondiale. Dans ce monde nouveau, la France a-t-elle les moyens de conserver la maîtrise de son destin? Quel sens donner à une politique industrielle? Comment la définir et la conduire? Pour y répondre, Jean-Michel Treille commence par définir la notion de richesse d'un pays, présente les modalités d’élaboration d'une stratégie d'entreprise et poursuit en définissant les leviers de la compétitivité. Le lecteur s’étonnera d’ailleurs de voir que parmi ces leviers, le coût du travail ne constitue qu'un seul élément ! L'auteur relate ensuite, au niveau national, les exigences, la réflexion stratégique, les stratégies sectorielles, les grands projets et enfin l'équilibrage, l'organisation et l'institution d'une politique industrielle qui ont fait l’histoire de cette « ambition industrielle » française. Emporté par le récit, le lecteur se surprendra à regretter avec l’auteur l’arrêt du Commissariat général du plan qui a façonné la France industrielle des Trente Glorieuses. Jean-Michel Treille, un peu nostalgique d’une époque gaullo-pompidolienne, en oublie sans doute que la fin de ce plan se justifie de bien des façons. Ne serait-ce pas parce qu’une entreprise n’est pas une démocratie ? Que les dirigeants et les élus, les actionnaires et les citoyens, n’ont pas le même statut ? Que le profit pour les actionnaires ne s’identifie pas à la maximisation des aspirations individuelles des citoyens ? Sachant les difficultés pratiques entre direction générale et business unit pour préparer un budget, on peut s'interroger sur la faisabilité méthodologique d’ajouter au processus un échelon centralisateur public national. On peut aussi questionner l’influence, en dehors de projets très spécif iques, qu’un gouvernement – national – peut avoir sur les décisions – ricardiennes – de gestion de champions internationaux. La lecture de cet ouvrage est passionnante dans sa description de la définition et de la mise en œuvre d’une politique industrielle dans les années 1950-80. On pourra toutefois regretter l'absence d’idée nouvelle au-delà de la formation et de la recherche... déjà identifiées par le rapport de la Commission Attali puis par le rapport Gallois ! L’Harmattan – 222 pages – 20 € François-Xavier Simon 71 Patrick Artus, Marie-Paule Virard Aurélie Dudezert A mieux s’intégrer dans la société. Même l’Espagne et l’Italie ont commencé à prendre cette direction. Si la France est en train de délaisser ses 40 ans « d’illusions collectives » et son « paléo-keynésianisme », Patrick Artus et Marie-Paule Virard nous rappellent que certains virages actuels pourraient, s’ils sont assez ambitieux et volontaires, nous emmener vers d’autres horizons porteurs d’espoir. Quels sorciers suivre ? Fayard - 195 p. - 16 € Renzo Borsato urélie Dudezert présente, avec un grand sens pédagogique, l’abondante littérature scientifique et professionnelle consacrée au management des connaissances (Knowledge Management ou KM) au sein des organisations. Elle s’intéresse particulièrement aux connaissances collectives – qualifiées de « connaissances organisationnelles » – et montre en quoi elles constituent une ressource clé des entreprises. Les théories et les modèles sont illustrés par de nombreux exemples concrets. L’auteur souligne ensuite les difficultés de conception et de fonctionnement des systèmes de gestion des connaissances (SGC), en retrace l’évolution (sous l’effet du groupware et des réseaux sociaux) et en révèle les multiples contingences. Elle montre la différence entre un manager des connaissances et un entrepreneur de la connaissance. L’émergence d’entreprises « orientées connaissances », comme WalMart et Google, et les enjeux attachés à la « perspective connaissance » sont finement analysés. L’ouvrage référence les textes fondateurs de ce champ encore partiellement défriché du management des entreprises. Un recueil précieux pour les managers d’aujourd’hui et encore plus de demain. La Découverte – 123 p. – 10 € Jean-Jacques Pluchart Intérêt général : que peut l’entreprise ? Les alchimistes de la confiance : une histoire C des crises monétaires Jacques Gravereau et Jacques Trauman Institut Montaigne, Julien Darmon (dir.) et ouvrage collectif relate une série de rencontres avec des responsables de grandes entreprises et d’établissements publics, autour d’une des grandes problématiques actuelles : les intérêts privés contribuent-ils à l’intérêt général ? Et plus largement, l’intérêt général implique-t-il d’aller au-delà des obligations légales ? Peut-il limiter la croissance de l’entreprise ? Ces échanges thématiques permettent d’éclairer les positions des dirigeants sur les rôles de l’entreprise face à la pauvreté, à la protection sociale, à la formation, à la diversité, à l’insertion, aux services publics, à la qualité, à la démocratie, à la santé et au territoire. Des enquêtes récentes montrent que le service d’intérêt général at- tendu des entreprises, qui est actuellement le plus apprécié du grand public, reste la création d’emplois. Malgré la diversité – et parfois les divergences – des opinions exprimées, il ressort des entretiens « qu’il n’y a rien à attendre d’une entreprise qui serait uniquement la propriété des actionnaires et qui aurait pour seul objectif d’augmenter la valeur de leur capital », mais que par ailleurs… « les coopératives ne peuvent constituer l’ensemble de l’économie ». On retiendra donc que « Ce qui fait la force d’un tissu, non seulement économique, mais aussi social, sociétal, c’est la diversité » : « Il faut une coexistence de plusieurs statuts, d’organisations, de formes d’entreprises ». Les Belles Lettres – 174 p. – 19,50 € Jean-Jacques Pluchart L es auteurs retracent les événements ayant marqué l’histoire des crises monétaires, de Dioclétien à nos jours. Ils tirent de chacun de ces épisodes des enseignements pour comprendre et résoudre la crise des subprimes et les dérèglements de la zone euro. Ils rappellent les conditions particulières de la naissance, la chute puis la renaissance du dollar ; ou encore les tribulations du « franc germinal », du « franc à quat’sous », du mark, du yen, du yuan, de l’euro. Savoureuse également, la « petite histoire de l’or », les désastreux contrôles des prix imposés par l’empereur romain Dioclétien au IIIe siècle et… par Nixon au XXe siècle. De grands personnages sont évoqués, pour leur rôle dans l’histoire des monnaies : Jean de Médicis, John Law (responsable de la « grande banqueroute »), Parieu (concepteur de l’Union Latine), Wriston (inventeur de la banque moderne), Friedman (leader de l’école de Chicago), Keynes et White (qui s’opposèrent lors du traité de Bretton-Woods) et Soros (qui « fit sauter la banque d’Angleterre »). Rédigé dans un style à la fois rigoureux et vivant, un ouvrage qui livre des clés utiles à la compréhension des désordres monétaires et financiers d’aujourd’hui. Eyrolles – 307 p. – 17 € Jean-Jacques Pluchart échanges L a France recherche l’apprenti(e) sorcier(e) qui serait capable de mettre en œuvre les bons ingrédients économiques pour faire tourner le pays dans le bon sens. Pourquoi nous escrimons-nous à vouloir toujours utiliser la politique de la demande keynésienne plutôt que celle de l’offre portée par Schumpeter ? Les auteurs de l’ouvrage listent les gouvernants, de tous bords politiques qui ont tourné autour de cette potion faussement magique depuis 40 ans. Ils nous incitent à regarder les pays vertueux comme la Suède, le Canada et l’Allemagne : ils ont taillé dans les dépenses publiques, assoupli le fonctionnement du marché du travail, favorisé l’esprit d’entreprise et l’innovation, aidé les jeunes à ma i 2013 La connaissance dans les entreprises Les apprentis sorciers Pour inaugurer cette rubrique, nous donnons la parole à un auteur venant d'être récompensé par le Prix Turgot 2013 du Jeune talent et d'une mention d’honneur pour la coécriture de La Chine, une bombe à retardement. Pierre Sabatier, nous donne, en aparté, sa vision d’un empire en croissance mais en danger. Chine : Attention aux turbulences ! V ont-ils y arriver ? C’est la question qui devrait aujourd’hui face à l’effondrement des débouchés à l’export en lien avec obséder les grands dirigeants internationaux au sujet la récession brutale des années 2008-2009 dans les pays occidu nouveau président chinois Xi Jinping et de son dentaux, le gouvernement chinois s’est tourné vers l’inveséquipe. Car le paquebot dont ils ont récemment pris la tissement dans les infrastructures et l’immobilier. Cette tête semble se diriger vers des eaux de plus en plus troubles, politique a rapidement porté ses fruits, permettant d’enclenque ce soit en termes économiques, sociétaux, environne- cher un cercle vertueux de création de richesse bénéficiant mentaux mais aussi, chose nouvelle, géopolitiques. Dans La à tous les acteurs et compensant le marasme de la conjoncture Chine, une bombe à retardement (Eyrolles 2012), nous décrivions internationale : « La vente de terrains a permis aux gouvernements les mécanismes à l’œuvre poussant l’Empire du Milieu vers locaux d’augmenter leurs recettes fiscales (et au passage d’enrichir un accident de croissance inévitable dans les trois ans à venir. Notre dernier voyage au cœur du pays n’a fait que renforcer le constat dressé l’année dernière. La Chine semble avoir délaissé sa base industrielle, inspirée du modèle allemand, au profit du modèle espagnol, reposant quasi exclusivement sur la dette, l’immobilier et le secteur de la construction. Mais à cette donnée purement économique traduisant la grande cyclicité du modèle de développement chinois est venue s’ajouter une dimension jusque-là difficilement palpable : une croyance quasi religieuse dans leur supériorité intrinsèque, une arrogance nouvelle traduisant une n Le tissu industriel met désormais l’édifice chinois en péril. visée hégémonique à peine dissimulée. Je reviens dans cette tribune sur l’un des éléments les plus marquants issus d’entretiens « hors protocole » réalisés substantiellement les détenteurs du pouvoir), la construction des le mois dernier dans la région de Shanghai avec de nombreux immeubles, des autoroutes, des voies ferrées et des aéroports a créé chinois, issus de toutes les classes sociales. Le décalage est de l’emploi et ainsi permis la hausse de la consommation des ouvriers, immense entre le message transmis dans le cadre informel de le tout permettant d’afficher de forts taux de croissance et d’assurer nos discussions à bâton rompu, et la vision véhiculée par les du même coup la paix sociale ». Mais le tempo s’est essoufflé investisseurs étrangers ou les médias officiels chinois et occi- depuis bientôt un an : dans l’incapacité de renouveler chaque dentaux. Tous manifestent une crainte justifiée sur l’économie année autant d’investissements que depuis 2009, la diminuà court terme mais gardent malgré tout une foi inébranlable tion de l’activité de construction explique la perception par dans la capacité de leur pays à accomplir son destin : redevenir la population d’un ralentissement brutal de la croissance et la première puissance mondiale, effaçant ainsi l’humiliation exacerbe la grogne sociale. que les pays occidentaux lui ont fait subir au XIXème siècle. à plus long terme, le véritable problème auquel doit faire Après m’avoir confié le peu de crédit qu’il faut accorder aux face la nouvelle direction du pays est l’insuffisance de solvachiffres officiels diffusés par les autorités, les entrepreneurs bilité des ménages chinois pour rentabiliser un grand nombre rencontrés sur place ont insisté sur l’ampleur du ralentis- de projets immobiliers et d’infrastructures réalisés au cours sement en cours depuis début 2012. Les entreprises indus- des cinq dernières années (les TGV ne sont pas assez fréquentrielles sont celles qui ont le plus souffert, coincées entre tés, les autoroutes hors grands centres urbains sont vides, des salaires en très forte hausse et leur incapacité à réper- etc.), ce qui pourrait déboucher sur des défauts de paiements cuter l’augmentation des coûts de production sur les prix en cascade. En ce sens, le système financier chinois se trouve de vente, du fait des surcapacités d’offre industrielle et des aujourd’hui dans une position extrêmement délicate, coincé problèmes de solvabilité de la demande, qu’elle soit chinoise entre les incitations politiques en faveur de la poursuite du ou étrangère. Face à ce constat, nombre d’entrepreneurs se financement de ce type d’investissements pour sauvegarder sont vus contraints de ralentir voire de stopper leur activité la croissance et la paix sociale à court terme, et d’un autre pour préférer s’orienter vers des secteurs plus spéculatifs côté, la forte probabilité de défaillance des projets à financer comme l’immobilier… une véritable fuite en avant. à moyen terme. n La rupture pour l’économie chinoise s’est produite en 2009 : Pierre Sabatier © Cozyta - Fotolia.com échanges ma i 2013 72 En aparté SpécialiSteS du RenSeignement d’affaiReS, financieR et StRatégique Stop aux dépôtS de bilanS RedReSSementS judiciaiReS planS de SauvegaRdeS Faites appel à inFormation sur mesure : nous analyserons ensemble vos spéciFicités, ainsi que le meilleur moyen d’éviter les impayés ; nous améliorerons ensemble votre bFr,dso. te st ra l e ne est au cœur de t ou té g i e e r ns g ei nt me Renseignement financier tous pays n Recouvrement de créance tous pays n enquêtes stratégiques concurrents, fournisseurs n enquêtes sur particuliers n formation des commerciaux sur la gestion du risque n intervention dans les séminaires pour sensibiliser au risque client C o l l e C t e d ’ i n f o r m a t i o n s | a n a ly s e | C o n s e i l 5, rue Eugène Renault – 94700 Maisons-Alfort Tél. 01 45 21 58 42 – Fax 01 45 21 08 41 [email protected] 8, boulevard de la Foire L-1528 LUXEMBOURG www.ismconseil.com HAF Audit & Conseil La pertinence d’un service personnalisé, la force d’un réseau mondial HAF Audit & Conseil est un cabinet indépendant, membre du réseau Crowe Horwath International. Nous intervenons à la fois pour des groupes internationaux et pour des entreprises françaises, au service de grandes entreprises comme de PME. Les associés de HAF Audit & Conseil sont fortement impliqués au service de clients multinationaux au sein du réseau Crowe Horwath International. Cette expérience nous permet d’étendre à l’échelon mondial notre savoir-faire en matière d’audit, d’évaluation et de transaction services pour répondre aux attentes des clients, notamment pour des opérations transfrontalières. Marc de Prémare, Directeur Général [email protected] Olivier Grivillers, Directeur du département Evaluation [email protected] Notre modèle de service repose sur une forte implication des associés sur le terrain, permettant une adaptation permanente aux besoins du client. HAF Audit & Conseil a été à l’initiative de la création en 2008 du réseau français Crowe Horwath Partenaires, qui rassemble les cabinets français membres de Crowe Horwath International et qui est le 10ème réseau français d’audit, d’expertise comptable et de conseil avec près de 900 associés et collaborateurs. Crowe Horwath International est classé parmi les dix premiers réseaux mondiaux d’audit, d’expertise comptable et de conseil. Crowe Horwath International rassemble 160 cabinets dans plus de 100 pays. Il est constitué de cabinets indépendants de premier plan dans leurs pays respectifs et qui ont développé un savoir-faire spécifique au service de clients multinationaux. Le réseau réalise un chiffre d’affaires de 3,1 milliards de dollars grâce à ses 29 000 associés et collaborateurs. ■ Audit ■ Transaction services ■ Evaluation ■ Accompagnement fonction comptable et contrôle interne www.horwath.fr Christophe Le Gall, Directeur du département Transaction services [email protected] Véronique Bourillet, Directeur du département Formation et Accompagnement [email protected] Paris 15 rue de la Baume 75008 Paris Levallois-Perret 86, rue Anatole France 92300 Levallois-Perret Tél. : 01 41 05 98 40 Fax : 01 40 89 03 49 [email protected]