constituance syllabique phonologie de gouvernement
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constituance syllabique phonologie de gouvernement
CONSTITUANCE SYLLABIQUE DANS LA PHONOLOGIE DU GOUVERNEMENT ET DANS LE MODELE CVCV Mohamed Lahrouchi Nantes, 2010 I. Structure syllabique standard (1) Constituants syllabiques II. Quelques problèmes (2) Groupes consonantiques et images-miroir Nez Percé (langue amérindienne), cf. Kaye, Lowenstamm & Vergnaud (1990). kuʔʔxmac "several" ta:xʔʔla:twisa "I am tired from freezing" cu:yeti:pitkase "I make it smooth" tewli:kt "tree" Arabe marocain sabr "patient (sg)" sabrin "patient (pl)" ʃarb "ayant bu (sg)" ʃarbin "ayant bu (pl)" Berbère tachelhit ilf "sanglier" ilf-ad "ce sanglier" ifl "il a laissé" -1- ifl-aɣ "il nous a laissé" Si ʔx est coda, son image-miroir xʔʔ ne devrait pas l'être. Pareil pour tk vs kt. Même chose en arabe marocain et en berbère tachelhit. Ngizim (langue tchadique, Nigéria), cf. KLV (1990) pa:tku "lick" sa:ktu "recover" haaptu "make mare to stallion" paaltu "cross" Schuh (1981) : pas de voyelles longues en syllabe fermée en Nigizim, sauf quelques exceptions. Dans la Phonologie du Gouvernement, ces groupes consonantiques s'analysent comme contenant un noyau vide: pa:tø øku sa:kø øtu III. Phonologie de Gouvernement standard (KLV 1990) (3) Théorème de binarité Tous les constituants syllabiques sont maximalement binaires. (4) Un constituant est un domaine de gouvernement où la relation de gouvernement est caractérisée par : i. la localité stricte : le gouverneur et l'élément gouverné sont adjacents au niveau squelettal ii. la directionalité stricte : gauche – droite (tête-initiale) le gouverneur précède l'élément gouverné (5) a. simples A b. branchants R A N X X X X X R R N N X X (6) Complexité interne des segments (Charme) - Les segments charmés gouvernent ; les segments non-charmés sont gouvernés -2- X - Les segments positivement charmés n'apparaissent pas en position N. La notion de charme est remplacée ensuite par celle de complexité (Harris 1990, 1994). Harris (1994: 170): "In order for A to be able to govern B, B must not be more complex than A." (7) Gouvernement intraconstituant A R R N N x x x x x x t- r° a i o r° train final (angl.) or (8) Gouvernement interconstituants La directionalité du gouvernement est de droite à gauche (tête-finale). A R R A N N x x x x x x p- o+ a r° k- e N peau R A arqué R N N x x R -3- alternances V/O (9) Principe des Catégories Vides (PCV) Un Noyau peut rester phonétiquement non interprété s'il est proprement gouverné. (10) Gouvernement Propre (GP) - Le GP est une forme de gouvernement internucléaire - Le gouverneur ne peut être gouverné - Le domaine d'application du GP ne peut inclure un autre domaine de gouvernement. R A N x R N x x x (11) Alternances V / Ø Arabe marocain (Kaye 1990a) A R A N x k x R A A N R A N A N x x x x x x t v° b k v° t GP R x R N x x b u GP [ktɨb] "il a ecrit" [kɨtbu] "ils ont écrit" -4- x Français A R A N x x s R A A R N A R N N x x x x x x x x m ε n s ə k r ε GP *[skrε] [smɛn] "semaine" "secret" (12) Licenciement "Government Licensing" (Charette 1990) Une tête non-nucléaire peut gouverner si elle est licenciée par son Noyau. Lic. (13) A R A N R A R N A N R N x x x x x x x x p a r v ə n i r x Gv [parvәnir] / *[parvnir] "Coda Licensing" (Kaye 1990b) Une position rime post-nucléaire doit être licenciée par l'attaque suivante. Argument : voyelle longue + Coda en Yawelmani : RT salk-al (dubitatif) sa:lik-hin (non-future) "se réveiller" TR moxl-ol (dubitatif) mo:xil-hin (non-future) "prendre le parfum" _C# pana-t (dubitatif) pana:-hin (non-future) "arriver" -5- (14) a. b. A R A R N A R N x x x s a l x A R N A N x x x k a l R A N x R N x x x x p a n a l b. A R A R N x x k i A N x x x p A N R N x x x x k ε p t keep R x kept Noyaux finaux Les noyaux finaux sont licenciés pour rester vides. "Magic Licensing" (Kaye 1992) - sC n'est pas une attaque branchante Argument : l'allongement des voyelles accentuées en syllabe ouverte (italien) CV CV CVC fáːto "sort" káːpra "chèvre" fátto "fait" pásta "pattes" / *páːsta véspa "guêpe" /*véːspa -6- R N x Anglais (15) a. A x (16) a. b. A R A N x R A N x R A N R A N x x x x x x s k i t e k x Lic. M. R N x x s t x Lic. M. (17) Implications du modèle KLV (1990) Pas de structure syllabique arborescente : Dans la PG, la structure syllabique arborescente n'est pas une primitive. Elle est simplement dérivée des relations latérales que les segments entretiennent entre eux : les segments-tête gouvernant leurs compléments. - Pas d'extrasyllabicité ni de resyllabification : pour qu'un segment se réalise phonétiquement il doit être attaché à une position syllabique (A, N, R). - pas de positions attachées à autre chose que les constituants syllabiques (pas de positions extramétriques) - pas de Sonority Sequencing Principle ; la complexité interne des segments détermine leurs positions dans les constituants syllabiques - "Structure Preservation" : pas de resyllabification ; les positions des segments dans les constituants sont définies dans le lexique, et aucune opération phonologique ne peut les modifier. Si un segment est associé à une attaque il reste toujours en attaque. III. Le modèle CVCV L'approche CVCV (Lowenstamm 1996) va au bout de la logique de PG standard : (18) - Pas de structure arborescente ni de constituants branchants. - Pas de Rime, seulement Attaque et Noyau -7- - Le niveau squelettal des représentations phonologiques consiste en une suite monotone d'Attaques et de Noyaux simples, notés C et V. - Seuls les segments consonantiques sont attachés aux positions C et seuls les segments vocaliques sont associés aux positions V. - Les segments entretiennent des relations de latérales – gouvernement et licenciement – qui permettent de dériver les types de syllabes observées en surface. (19) Groupes consonantiques initiaux : attaques branchantes ?! Arabe marocain TR RT Berbère tachelhit glɨʕ bra ʃra lga rbɨt "enlève !" “il est guéri” "il a acheté" "il a trouvé" "il a lié" rʃa "il a corrompu" kru bri gnu "loue !" "égratigne !" "cous !" rku rbu ngi "sois sale !" "porte sur le dos !" "coule, déborde !" (20) Un seul objet "CVCV" / plusieurs configurations b. a. C V C V C V C V ʃ ø r a r ø ʃ a C V C V d. c. C b V C V a b -8- a (21) Alternances V/Ø V C__Cø xøðəm Ø C___CV xəðøm-ət Arabe marocain køtɨb kɨtøb-u "écrire" perfectif 3ms, 3pl. Somali nirig nirøg-o "jeune chamelle" sg, pl Tchèque loket lokøt-e "coude" NOM sg, GEN sg, Turc devir devør-i transfert NOM, ACC Kabyle "travailler" impératif, 1s, 2s pl (22) a. b. C V1 C V2 C x ø ð ə m V3 C V1 C V2 C V3 C x ə ð ø m ә t V4 GP GP d. c. C V1 C V2 C k ø t ɨ b V3 C V1 C V2 C V3 k ɨ t ø b u GP GP (23) Périphérie gauche du mot a. Divers phénomènes phonologiques ont lieu à la marge gauche du mot : i. Allemand : palato-aveolarisation de /s/ pré-consonantique, e.g. streng "strictement" vs erste "première". ii. Anglais : aspiration des occlusives sourdes en syllabe initiale accentuée, e.g. top vs stop. iii. Chaha (langue éthio-sémitique) : substitution de /r/ par /n/, e.g. näkyârxwim (1sg. com perfect) vs äräkyIr (1sg. com présent) “gagner le procès”. -9- iv. Contraintes sur les groupes consonantiques initiaux: - arabe classique : pas plus d'une consonne en initiale de mot - français : deux consonnes en initiale mais de sonorité ascendante (TR vs *RT) - arabe marocain, berbère : groupes consonantiques de sonorité libre (TR, RT, TT, RR) b. Lowenstamm (1999) propose de remplacer la frontière gauche du mot "#" de SPE par un cv vide. Un mot comme "bal" est représenté comme suit : #bal → C VC V C V b a l c. Ce cv est présenté comme un site de cliticisation en français et en Hébreu, accessible sous la condition de licenciement. (24) Licenciement du cv initial Pour que le cv initial soit activé, il faut qu'il soit licencié Le GP est une forme de licenciement (25) Deux types de langues: - Des langues comme le français où le cv initial est toujours licencié - Des langues comme l'hébreu où il n'est pas toujours licencié, mais une condition d'uniformité (Lowenstamm 1999: 164) considère qu'il ne l'est jamais. (26) Un troisième type Berbère tachelhit où le cv initial n'est pas toujours licencié (Lahrouchi 2003). (27) Dans le cas du français, ce cv accueille toujours des clitiques Dans le cas de l'hébreu, il est toujours interprété, suivant l'hypothèse qu'un site de ce type ne peut pas rester vide à l'intérieur du domaine phonologique du mot. L'interprétation du site se fait soit par allongement de la voyelle de l'article défini soit par gémination de la consonne initiale du nom. En berbère tachelhit, l'identification du site initial procède d'un calcul mot par mot : il est identifié dans certains cas par mouvement du morphème, dans d'autres par propagation. - 10 - (28) Représentations français, hébreu, berbère tachelhit a. b. C V l ə C V C V C V C V p a r i l C V ə C V [p C V r] i Lic. Lic. c. C V h a C V C V k C V C V C l a ß i V m [hakklaßim] "les chiens" Lic. d. C V h a C V C r V C V C V C q a h i V m [haarqahim] "les épices" - 11 - e. C V C V s C V C m u n V /s+mun/ → [smun] "ramasse !" Lic. f. C V C V s C V r C V C k u /s+rku/ → [ssrku] "salis !" (29) Le site initial est paramétrisé Selon Scheer (2004 : 11) et Seigneur- Froli (2001 : 62, 2003 : 354, 2006 : 278) : - La dichotomie entre les langues à groupes consonantiques initiaux de sonorité croissante aux langues où ces groupes ont un ordre libre ne repose pas sur le caractère licencié ou non du cv-initial, mais simplement sur sa présence ou son absence dans la langue - Le CV initial est paramétrique - Les langues qui ont des groupes consonantiques à sonorité ascendante en début de mot ont un CV initial ; celles qui ont des groupes consonantiques initiaux libres n'en ont pas. le français et l'anglais représentent le premier cas ; le grec, l'arabe marocain et le berbère représentent le second. Grec : fteron "aile" ptuche "pli d'étoffe" vDomas "semaine" - 12 - (30) Gouvernement Infrasegmental "GI" (Scheer 2004) Le Gouvernement Infrasegmental est une relation de gouv. entre Eléments qui composent les segments non-nucléaires. Il régit l'interaction des consonnes de sorte qu'une consonne via un de ses Eléments gouverne une consonne voisine, interdisant de ce fait l'accès du GP au noyau vide qui les sépare. Le cas typique où GI s'applique est celui des séquences TR, tandis que dans RT GI ne s'applique pas (T = obstruante, R = sonante). (31) Lic. C V0 T C V C R V R V C V T V GI Conséquence : pour que V entre R et T reste vide, il faut qu'il soit gouverné par la voyelle suivante, alors que V entre T et R reste toujours vide et la voyelle suivante peut l'enjamber pour gouverner le noyau vide précédent. (32) [lə døgre] "le degré" (Scheer 2004 : 75-76) GP C V C l ə d V C V0 g C V r e (33) Quelques interactions consonantiques possibles p r t r k r f r I/U ø I ø I ø I ø I A ø A ø A U A A A - 13 - I palatalité A aperture U velarité (34) Infrasegmental Government (Scheer 2004: 64) a. a consonant A may contract a governing relation with its neighbour B iff there is a place-defining autosegmental line where A possesses a prime, while the corresponding slot in the internal structure of B is empty. In this situation, the prime belonging to A governs the empty position of B. b. the empty Nucleus that is enclosed within such a domain of Infrasegmental Government is circumscribed. Its Empty Principle is satisfied. Références Charette, Monik (1990). "Licence to govern". Phonology 7:233-253. Harris, John (1990). Segmental complixity and phonological government. Phonology 7: 255300. Harris, John (1994). English sound structure. Oxford: Blackwell. Kaye, Jonathan. (1990a). “Government in phonology: the case of Moroccan Arabic”. The Linguistic Review 6: 131-159. Kaye, Jonathan (1990b). "'Coda' Licensing". Phonology 7: 301-330. Kaye, Jonathan (1992). Do you believe in magic? The story of s+C sequences. SOAS Working Papers in Linguistics and Phonetics 2: 293-3013. Kaye, Jonathan (2000). A users' guide to government phonology. Ms. University of Ulster. Kaye, Jonathan , Jean Lowenstamm & Jean-Roger Vergnaud (1985). “The internal structure of phonological elements: a theory of charm and government”, Phonology Yearbook 2: 305-328. Kaye, Jonathan, Jean Lowenstamm & Jean-Roger Vergnaud (1990). “Constituent structure and government in phonology”. Phonology 7-2: 193-231. Lahrouchi, Mohamed (2003). “Manifestations gabaritiques dans la morphologie verbale du berbère (parler chleuh d’Agadir)”. Recherches Linguistiques de Vincennes 32: 61-82. - 14 - Lowenstamm, Jean (1996). “CV as the only syllable type”. In Jacques Durand & Bernard Laks (eds.), Current Trends in Phonology Models and Methods, European Studies Research Institute, University of Salford, pp. 419-442. Lowenstamm, Jean (1999). “The beginning of the word”. In John R. Renison and Klaus Kühnammer (eds), Phonologika 1996: Syllables !?, The Hague, Thesus, pp. 153-166. Scheer, Tobias (2004). A lateral theory of phonology: What is CVCV, and why should it be?. Studies in Generative Grammar 68.1, Mouton de Gruyter: Berlin. Schuh (1981 Seigneur-Froli, Delphine (2001). De la lénition des « codas » initiales en grec. Mémoire de DEA, Université de Nice. Seigneur-Froli, Delphine (2003). “Diachronic consonant lenition & exotic word-initial clusters in Greek: a unified account”. In M. Stavrou-Sifaki & A. Fliatouras, Studies in Greek Linguistics, proceedings of the 23nd annual meeting of the department of linguistics, Thessaloniki: University of Thessaloniki, pp. 345-357. Seigneur-Froli, Delphine (2006). Statut phonologique du début de mot grec. Doctoral dissertation, University of Nice. - 15 -