28. Mère Térésa et Princesse Diane

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28. Mère Térésa et Princesse Diane
28. Mère Teresa et la princesse Diane
La mort de la « mère des cœurs » et de la « reine des cœurs » a bouleversé
des millions de femmes et d’hommes. C’était la victoire du cœur sur la
raison, de l’affect sur l’intellect. Ces deux femmes liées dans la mort ont
chacune été des mythes vivants. Mère Teresa et la princesse Diane ont été des
icônes impérissables en des temps incertains, dans un environnement
matérialiste oppressant. Toutes deux avaient rendu à beaucoup l’espoir d’un
monde pas uniquement dominé par la logique froide et calculatrice du profit,
d’une possible solidarité entre les hommes dans un élan du cœur. C’était un
cri du peuple qu’il était difficile d’ignorer même s’il était éphémère, une mise
en garde à l’adresse des dirigeants et des monarques. Ces deux femmes, si
différentes et pourtant si semblables, sans pouvoir réel et pourtant objets de
dévotion et d’amour, ont par leur mort ouvert une voie inexplorée.
A 86 ans, Mère Teresa était certes arrivée au terme de sa vie et elle avait, au
service des plus démunis, appliqué l’injonction du Christ : « (...) dans la
mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi
que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Elle a rendu leur dignité à bon nombre de
désespérés. Son autorité morale était reconnue de tous et les grands de la
terre, Pape inclus, aimaient à se faire photographier en sa compagnie - c’était
en quelque sorte une bonne image de marque. A sa mort, les indigents, les
pauvres, les démunis l’ont amèrement pleurée.
Après sa séparation du prince Charles, Lady Diana, faisant fi du protocole,
avait répondu à l’appel du cœur. Beaucoup de femmes avaient vu en elle la
Belle au bois dormant que le prince Charles avait, d’un baiser, éveillée à une
nouvelle vie. Le rêve d’innombrables femmes s’était incarné dans cette jeune
fille « simple ». Combien cruelle fut la chute lorsque le prince lui préféra une
autre dame de cœur. Dès lors, toutes les sympathies étaient acquises à Diane
et l’identité de son nouvel élu comptait peu : ce qui importait, c’était qu’elle
ait encore une fois écouté son cœur. La princesse trompée, la Belle au bois
dormant abandonnée devint le centre d’intérêt des médias et la photographie
d’un baiser devint le cliché le mieux payé de l’année. Quel allait être le
dénouement de ce conte ? On attendait une réponse de la princesse, on
espérait que tout finirait bien. Elle mourut en « héroïne » tandis que naissait
un mythe. On ne connaîtra jamais la réponse de la vraie princesse au mauvais
prince : Lady Diana a emmené son secret dans la tombe. Celui ou celle qui
écoute son cœur vit en pleine harmonie avec ses sentiments, il irradie et
dégage quelque chose d’authentique, et toute personne suffisamment ouverte
le sent. Celui ou celle qui suit sa voix intérieure et sent avec son cœur est
capable de discerner le vrai du faux. Ce n’est chose facile ni pour le roi ni
pour la dame de cœur, tant il est vrai que les sentiments et la confiance sont
des mots rares. Au fil du temps, des déceptions, d’une confiance trop souvent
trahie, le cœur s’est endurci, les sentiments se sont émoussés ou sont devenus
indésirables. Et pourtant il faut à nouveau croire en l’autre, faire confiance à
l’autre pour avoir aussi confiance en soi – ce qui ne doit pas être assimilé à
l’orgueil ni à l’égocentrisme.
Mère Teresa et Lady Diana étaient au propre et au figuré aux antipodes l’une
de l’autre. À chacun de décider en son for intérieur quelle était la
« meilleure » des deux. Le destin de la princesse est probablement plus
proche de la plupart d’entre nous parce qu’il concernait les relations entre
hommes et femmes. Tous, nous aspirons profondément à l’amour, à un
amour heureux – c’est peut-être une utopie, ou le Paradis perdu. Rien n’est
plus chanté que l’amour, c’est le sujet de prédilection des poètes, tout homme
est un jour ou l’autre troublé et emporté par ce plus beau des sentiments.
Mère Teresa a montré que se sacrifier pour son prochain, et surtout pour les
plus démunis, n’est pas seulement motivé par la pitié. Aimer son prochain,
aimer ceux que la société a oubliés ou rejetés, c’est une force qui incite au
respect de tous. La devise de Mère Teresa « Mon Dieu, je suis sur le chemin
qui mène à Toi » se passe de commentaire. On ne pourrait en imaginer de
plus bouleversante.

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