JIDV 30 3 Profils de violence dans les relations amoureuses
Transcription
JIDV 30 3 Profils de violence dans les relations amoureuses
Profils de violence dans les relations amoureuses Journal International De Victimologie International Journal Of Victimology Année 11, Numéro 2 - Décembre 2013 Examen des profils de violence dans les relations amoureuses des adolescents : victimisation et perpétration Alison Paradis1, Martine Hébert1, Francine Lavoie2, Martin Blais1, l’équipe du projet PAJ [Quebec, Canada] 1 2 Département sexologie, UQAM, Montréal, Québec, Canada École de psychologie, Université Laval, Québec, Québec, Canada Cette recherche a été rendue possible grâce à une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC #103944). Nous tenons à remercier les adolescents qui ont participé à cette étude, le personnel des écoles ainsi que Félix Lacerte-Joyal. Veuillez adresser toute correspondance à : Martine Hébert, Département de sexologie, Université du Québec à Montréal, Montréal (Québec), Canada, Tél.: (514) 987-3000 x5697, Fax: (514) 987-6787, H3C 3P8, courriel: [email protected]. Résumé La présente étude explore la cooccurrence des différentes formes de violence dans les fréquentations amoureuses (psychologique, physique et sexuelle) dans lesquels les adolescents sont impliqués à la fois comme victimes et agresseurs. Un échantillon composé de 135 adolescents ayant eu une relation amoureuse au cours de la dernière année (14-18 ans, M=15,87) a été utilisé pour déterminer si différents profils de violence pouvaient être identifiés. Les résultats d’une analyse de classification révèlent quatre profils distincts de violence dans les fréquentations : peu de violence (n = 39), violence psychologique mutuelle (n = 39), violence infligée (n = 20) et violence mutuelle (n = 37). En comparaison au groupe peu de violence, les adolescents dans le groupe de violence mutuelle rapportent avoir subi plus de blessures suite à une dispute avec leur partenaire. Ils présentent également un taux de détresse psychologique plus élevé et des attitudes plus favorables à l’égard de la violence dans les fréquentations. Les proportions de garçons et de filles sont similaires dans les quatre profils. Les implications des résultats sont discutées en termes de retombées pour les recherches futures portant sur la violence dans les fréquentations des adolescents. Mots-clés: adolescents, relations amoureuses, violence dans les fréquentations, violence mutuelle, attitudes, profils. Abstract This study examines the co-occurrence of multiple types of dating violence (psychological, physical and sexual) in which adolescents are involved as both perpetrators and victims. A sample composed of 135 high school students who reported being in a romantic relationship during the past year (aged 14-18, M=15.87) was used to explore whether different profiles of dating violence could be identified. Results of a cluster analysis revealed four distinctive dating violence profiles: low violence (n=39), mutual psychological violence (n=39), perpetration of violence (n=20), and mutual violence (n=37). Compared to the low violence group, the mutually violent adolescents report having suffered more injuries following a conflict with their partner. They also present higher rates of psychological distress and more favourable attitudes towards couple violence. The proportion of boys and girls are similar across the four profiles. The implications of the results for future research on violence in adolescent dating relationships are discussed. Key-Words: adolescents, dating violence, romantic relationships, mutuality, acceptability of violence, typologies. Journal International De Victimologie 11(2) Paradis et al. La violence dans les relations amoureuses des jeunes est fréquente et les répercussions sur la santé physique et mentale qui en découlent font de ce phénomène un problème de santé publique important (Banyard & Cross, 2008; Foshee & Reyes, 2011). Les estimations les plus conservatrices suggèrent qu’à l’adolescence, au moins un jeune sur trois rapporte avoir été victime de violence psychologique alors qu’un sur dix vivrait de la violence physique au sein de leurs fréquentations amoureuses (Foshee & Reyes, 2011). La prévalence de la victimisation sexuelle varie quant à elle de 1% à 59% selon la définition considérée (p.ex., viol, coercition, contact sexuel non désiré) (Foshee & Reyes, 2011). Les conséquences de la victimisation dans les relations amoureuses sur la santé mentale, physique et sexuelle sont nombreuses. En plus des blessures physiques, les adolescents victimes de violence rapportent souvent de la détresse psychologique, de la dépression, des symptômes de stress posttraumatique, des idées suicidaires et des difficultés scolaires (Ackard, Eisenberg, & Neumark-Sztainer, 2007; Banyard & Cross, 2008; Chiodo et al., 2011; Wolitzky-Taylor et al., 2008). Contrairement à la violence subie, les données disponibles concernant la violence infligée dans les relations amoureuses des adolescents sont moins nombreuses et plus variables. Selon une recension de Foshee et Reyes (2007) les estimations de prévalence concernant la violence infligée varient entre 14% et 82% dans le cas de la violence psychologique et entre 11% et 41% pour la violence physique. La prévalence de la violence sexuelle infligée est généralement plus faible, se situant entre 3% et 10% (Foshee & Reyes, 2011). Les données révèlent que les adolescents qui utilisent des comportements violents dans leur relation amoureuse présentent un haut risque de récidive (Chase, Treboux, O'Leary, & Strassberg, 1998; O’Leary & Slep, 2003; Williams, Connolly, Pepler, Craig, & Laporte, 2008). Par exemple, les résultats de O’Leary et Slep (2003) démontrent que 50% des garçons et 75% des filles qui rapportent utiliser des conduites agressives contre leur partenaire amoureux risquent d’en utiliser à nouveau au cours des trois mois suivants l’évaluation initiale. Certains auteurs suggèrent également que les habitudes agressives adoptées dans les fréquentations à l’adolescence peuvent se cristalliser et se manifester ultérieurement dans les relations amoureuses à l’âge adulte (Arriaga & Foshee, 2004). La violence infligée dans les fréquentations amoureuses soulève la possibilité que certains adolescents entretiennent ou développent des attitudes et des croyances au sujet de la violence dans les relations amoureuses comme étant normale (Mueller, Jouriles, McDonald, & Rosenfiled, 2013), ce qui Journal International De Victimologie 11(1) augmenterait le risque que ces comportements se répètent dans les relations intimes futures. Les résultats des travaux de Gomez (2011) ont d’ailleurs mis en évidence le fait que les expériences de maltraitance dans l’enfance et celles de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence sont des prédicteurs de la violence dans les relations entre partenaires amoureux à l’âge adulte. Plusieurs autres facteurs de risque ont été identifiés (Vézina & Hébert, 2007) dont la consommation d’alcool et de drogues. Par exemple, les résultats d’une méta-analyse récente suggèrent que la consommation d’alcool augmente significativement le risque de perpétrer de la violence dans les relations amoureuses de jeunes âgés de 11 à 21 ans (Rothman, Reyes, Johnson & LaValley, 2012). Les différentes formes de violence (c.-à-d., psychologique, physique et sexuelle) sont peu susceptibles de survenir de manière isolée. De fait, plus de la moitié des adolescents qui rapportent avoir infligé de la violence dans leur relation amoureuse disent avoir eu recours à plus d’une forme d’agression (Sears, Byers, & Price, 2007). Par ailleurs, pour une proportion importante d’adolescents, la violence dans les relations amoureuses est marquée par des épisodes de violence mutuelle où les deux membres du couple seraient, tour à tour, victimes et agresseurs, et ce, tant chez les filles que chez les garçons (Gray & Foshee, 1997; Langhinrichsen-Rohling, Selwyn, & Rohling, 2012; Swahn, Alemdar, & Whitaker, 2010). En effet, plusieurs études démontrent que les filles sont tout aussi susceptibles d’infliger de la violence à leur partenaire amoureux que les garçons. Toutefois, la controverse subsiste toujours quant à savoir si l’expérience de violence dans les relations amoureuses des jeunes est la même pour les filles et les garçons (Hamby, 2009). Certains auteurs suggèrent qu’il est important de faire des distinctions en fonction du contexte des gestes de violence. Par exemple, Hamby et Turner (2012) concluent que si les garçons rapportent être davantage victimes de violence physique, les filles sont pour leur part plus nombreuses à déclarer des blessures et à manifester des sentiments de peur suite à un incident de violence. Les filles sont également plus susceptibles de recourir à la violence comme moyen d'autodéfense, alors que les garçons auraient principalement recours à des gestes de violence dans l’objectif de contrôler leur partenaire (Barter, 2009). La violence dans les relations amoureuses des adolescents est donc un phénomène qui se manifeste sous de multiples formes et contextes. Alors que, jusqu’à récemment, les recherches ont principalement tenté d’identifier des similarités entre les individus qui vivent de la violence dans Profils de violence dans les relations amoureuses leur relation amoureuse, il demeure nécessaire de tenir compte de l’hétérogénéité des expériences de violence afin d’accroître notre compréhension du phénomène (Lewis & Fremouw, 2001). Une façon de clarifier la complexité et l’hétérogénéité des profils de victimisation et de perpétration de violence dans les fréquentations amoureuses consiste à élaborer des typologies qui permettent de rassembler, en sous-groupes distincts un de l’autre, des individus présentant des caractéristiques similaires. En plus d'acquérir une meilleure compréhension de la violence dans les relations amoureuses, cette approche peut permettre de mieux cibler les adolescents plus à risque de vivre des relations marquées par la violence. Une telle analyse fournit en outre des informations pertinentes afin de prévenir, dépister et contrer la violence dans les fréquentations (Lewis & Fremouw, 2001; Shorey, Cornelius, & Bell, 2008). En effet, plus nous avons d’informations précises et récentes sur lesquelles s’appuyer, plus les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux seront en mesure d’élaborer des stratégies de prévention mieux adaptées aux besoins spécifiques des différents groupes de jeunes. spécifiques de violence et de contribuer à une meilleure compréhension de ce problème. Jusqu’à maintenant, la majorité des typologies existantes ont été développées afin de décrire l’hétérogénéité des profils d’hommes violents adultes (p.ex., hommes suivis en thérapie pour la violence conjugale; Holtzworth-Munroe, Meehan, Herron, Rehman, & Stuart, 2000; Holtzworth-Munroe & Stuart, 1994; Tweed & Dutton, 1998) et la plupart se limitent à la violence physique unidirectionnelle (Capaldi & Kim, 2007; Carlson & Jones, 2010). Toutefois, les études récentes suggèrent que la violence mutuelle est très fréquente dans les relations amoureuses et, pour cette raison, même si l’objectif est d’identifier les individus à risque de faire usage de comportements violents dans leur couple, il est difficile de considérer la perpétration de violence sans examiner également la victimisation. Outre la violence physique, il semble également nécessaire d’inclure la violence psychologique et sexuelle dans une analyse typologique afin d’examiner si on retrouve des différences entre les formes de violence subie et infligée. Violence physique et psychologique dans les fréquentations intimes: La violence physique et psychologique vécue dans les fréquentations des adolescents a été évaluée à l'aide de 6 items adaptés du Conflict in Adolescent Dating Relationships Inventory (CADRI; Wolfe et al., 2001; CADRI version brève, Wekerle et al., 2009). Les participants ont été invités à répondre aux énoncés en lien avec leur partenaire actuel ou plus récent. Ils devaient indiquer, sur une échelle de type Likert en quatre points variant de « jamais » à « 6 fois et plus », à quelle fréquence chaque comportement est arrivé durant un conflit ou une chicane avec leur partenaire amoureux au cours des 12 derniers mois. Les trois items retenus pour mesurer la violence psychologique font référence à ‘dire des choses pour mettre l’autre en colère’, ‘ridiculiser le partenaire devant les autres’ et ‘suivre le partenaire pour savoir où et avec qui il est’. Les trois items de violence physique ont, pour leur part, permis d’évaluer des comportements tels que frapper, donner un coup de poing ou de pied, donner une gifle, tirer les cheveux, pousser, bousculer, secouer ou retenir de force. Chaque item a été complété deux fois, d’abord en fonction des comportements du répondant envers son partenaire (c.-à-d., violence infligée), et ensuite en fonction des comportements du partenaire envers le répondant (c.-à-d., violence subie). Dans ce contexte, l’objectif principal de cette étude exploratoire est d’examiner l’hétérogénéité des profils d’adolescents en lien avec la cooccurrence des différentes formes de violence subie et infligée dans les fréquentations amoureuses (c.-à-d., psychologique, physique et sexuelle). Ensuite, cette étude vise à vérifier dans quelle mesure les profils se distinguent selon les blessures rapportées, la détresse psychologique, la consommation d’alcool et de drogue, les attitudes à l'égard de l'acceptation de la violence et certaines caractéristiques sociodémographiques. Cette approche est susceptible d’identifier des profils Journal International De Victimologie 11(2) Méthode Participants Au total, 264 participants ont été recrutés dans 11 classes de secondaire III, IV, et V d’une école de la région de Québec. Cinq participants ont dû être éliminés en raison d’incohérences dans leurs réponses ou d'un nombre trop important de données manquantes. Dans le cadre de cette étude, seuls les 135 participants qui ont rapporté avoir eu un petit ami ou une petite amie au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête ont été retenus. L’échantillon final se compose de 75 filles (55,6%) et 60 garçons (44,4%) âgés de 14 à 18 ans (M = 15,87; ÉT = 1,06). La majorité des adolescents ont décrit leur origine ethnoculturelle comme québécoise ou canadienne (80,7%), parlent généralement français à la maison (88,9%) et vivent sous le même toit que leurs deux parents (51,1%). Mesures Violence sexuelle dans les fréquentations intimes: La violence sexuelle dans les relations amoureuses a été évaluée à partir de trois items tirés du Sexual Experiences Survey (SES; Koss & Oros, 1982; Adaptation en français par Poitras & Lavoie, 1995). Les participants ont indiqué, sur une Paradis et al. échelle de type Likert en quatre points variant de « jamais » à « 6 fois et plus », à quelle fréquence leur partenaire les a embrassés, caressés, fait des attouchements, ou les a obligés, ou a tenté de les obliger, à avoir une relation sexuelle impliquant une pénétration contre leur gré en utilisant des arguments, la force physique ou en leur donnant de la drogue ou de l’alcool. Les participants ont ensuite été invités à indiquer s’ils ont fait ces gestes envers leur partenaire au cours des 12 derniers mois. Acceptation de la violence dans les fréquentations intimes: Huit items tirés de la souséchelle Acceptance of Prescribed Norms (Foshee, Linder, MacDougall, & Bangdiwala, 2001) ont été utilisés pour évaluer les attitudes à l’égard de l’acceptation de la violence dans les relations amoureuses. L’adolescent doit répondre aux items en indiquant sur une échelle de type Likert en 4 points s’il est 0 Totalement en désaccord à 3 Totalement en accord avec chacun des énoncés présentés, dont six sont formulés en fonction de la violence perpétrée par des garçons (p.ex., « C’est correct qu’un gars frappe sa blonde si elle a fait quelque chose pour le mettre très en colère ») et deux de celle des filles (p.ex., « Les gars méritent parfois de se faire frapper par les filles qu’ils fréquentent »). La somme des scores aux items mène à un score variant entre 0 et 24. Plus l’adolescent obtient un score élevé et plus ses attitudes à l’égard de la violence dans les relations amoureuses sont favorables. L’indice de cohérence interne de l’échelle pour cette étude est acceptable (α = 0,76) et se compare avantageusement à celui de la version américaine (α = 0,69; Foshee et al., 2001). Détresse psychologique: La détresse psychologique a été mesurée à l’aide du Kessler Psychological Distress Scale (K10; Kessler et al., 2002; traduit en français par Statistique Canada, 2006). Cet instrument évalue la fréquence des symptômes de détresse psychologique au cours du dernier mois. Pour chacun des 10 items, l’adolescent était invité à indiquer sur une échelle de type Likert en 5 points (1=Jamais; 5=Tout le temps) à quelle fréquence, il s’est senti déprimé, nerveux, fatigué sans raison, agité, ou bon à rien. Le score global varie de 10 à 50. Plus le score est élevé, plus la détresse est prononcée. L’indice de cohérence interne pour cette étude est de 0,88 ce qui est comparable au résultat obtenu pour la version originale de l’instrument (α = 0,93; Kessler et al., 2002). Procédure La participation des élèves d’une école secondaire publique de la région de Québec a été sollicitée lors d’une période de cours. Une assistante de recherche est allée en classe présenter les objectifs, le contenu et les retombées potentielles de l’enquête. Tous les participants ont Journal International De Victimologie 11(2) été informés du caractère volontaire et confidentiel de leur participation. Une fois le formulaire de consentement signé, le questionnaire autorapporté a été complété en classe et les élèves ont bénéficié d’une assistance au besoin. Le temps de passation du questionnaire était de maximum 1 heure. Suite à leur participation, les jeunes ont reçu une liste de ressources psychosociales disponibles dans leur région. Comme prix de participation, un lecteur de musique numérique et quatre chèques-cadeaux ont été attribués par tirage au sort. Ce projet de recherche a reçu l’approbation du Comité institutionnel d’éthique de la recherche avec des êtres humains (CIER) de l’UQAM. Analyses La présente recherche tente de décrire les profils de victimisation et de perpétration de la violence dans les fréquentations d’un groupe d’adolescents au cours des 12 mois précédant l’enquête. Dans un objectif exploratoire, une analyse de classification en deux étapes (TwoStep cluster analysis) a été effectuée. Ce type d’analyse permet de rassembler, en sous-groupes distincts un de l’autre, des individus relativement homogènes selon un ensemble de caractéristiques sélectionnées. L’intérêt étant d'obtenir des sousgroupes bien différenciés. Dans le cadre de cette étude, six variables associées à la présence ou à l’absence de comportements violents (variables dichotomiques) ont été utilisées pour procéder au regroupement: (a) violence psychologique subie et (b) infligée, (c) violence physique subie et (d) infligée, et (e) violence sexuelle subie et (f) infligée. Une analyse de variance multivariée (MANOVA) a ensuite été effectuée afin de comparer les profils retenus selon des facteurs susceptibles de les distinguer. Plus spécifiquement, l’analyse visait à déterminer si les profils diffèrent significativement en fonction de la détresse psychologique rapportée et des attitudes à l'égard de l'acceptation de la violence. Enfin, des analyses de khi-carré ont été utilisées pour les comparaisons impliquant des variables catégorielles telles que les caractéristiques sociodémographiques et la présence de blessures ou de douleurs physiques suite à un conflit. Résultats Une analyse de classification en deux étapes a été effectuée. Le Tableau 1 présente les critères d’information Bayésien (BIC; Schwarz, 1978) pour les 8 premiers profils. Les données révèlent un faible ratio de changement à partir du huitième profil (le ratio BICk/BIC1 est inférieur à 0.04; SPSS, 2010). Quatre solutions, comprenant de trois à six groupes, ont été évaluées afin de déterminer celle qui reproduisait le mieux les données observées. À la lumière des critères statistiques disponibles, de la pertinence théorique Profils de violence dans les relations amoureuses et de l’interprétation des regroupements, la solution à quatre groupes a été jugée la plus pertinente. Le Tableau 2 présente la fréquence en pourcentage des différentes formes de violence pour les quatre profils. Le premier profil comprend les adolescents qui rapportent très peu de violence dans leur relation amoureuse. Puisqu’aucun membre de ce groupe ne rapporte vivre de la violence psychologique ou physique et que seuls quelques adolescents rapportent des incidents de violence sexuelle, ce groupe est nommé « Peu de violence » (28,9% de l’échantillon). Le deuxième profil regroupe les adolescents qui ne rapportent pas de violence physique ou sexuelle dans leur relation amoureuse, alors qu’ils mentionnent avoir subi et infligée de la violence psychologique. Ce groupe est nommé « Violence psychologique mutuelle » (28,9% de l’échantillon). Le troisième groupe est composé d’adolescents ayant infligé de la violence. En effet, alors que seuls 35% des adolescents de ce groupe rapportent avoir subi de la violence psychologique, 100% disent avoir infligé de la violence psychologique, physique ou sexuelle. Ce groupe est nommé « Violence infligée » (14,8% de l’échantillon). Enfin, le quatrième profil est caractérisé par de la violence mutuelle. Tous les adolescents de ce groupe rapportent au moins une forme de violence subie et une forme de violence infligée. Par exemple, 48,6% disent avoir subi et infligé de la violence physique dans leur relation amoureuse. Ce dernier groupe est nommé « Violence mutuelle » (27,4% de l’échantillon). Les résultats des analyses de khi-carré (Tableau 3) ne révèlent aucune différence 2 significative entre les profils selon le sexe (χ = 0,46, p =,927) ou selon le statut de la relation amoureuse, c’est-à-dire étant ou non toujours en 2 couple (χ = 3,23, p =,358). Toutefois, une différence marginalement significative est retrouvée 2 quant au niveau scolaire (χ = 15,64, p =,075), une proportion plus grande d’adolescents en secondaire III faisant partie du groupe Violence infligée alors que les adolescents en secondaire V se retrouvent davantage dans le profil Peu de violence ou Violence psychologique mutuelle. En ce qui concerne la consommation d’alcool et de drogues, seule la consommation d’autres drogues que le cannabis (c.-à-d., ecstasy, amphétamines, etc.) permet de distinguer marginalement les profils 2 (χ = 6,78, p =,079). Enfin, les résultats révèlent que les adolescents du groupe de Violence mutuelle rapportent avoir subi significativement plus de blessures physiques suite à une chicane (27,0%) de couple que ceux du groupe Peu de 2 violence (0,0%) (χ = 18,20, p =,000). Les résultats de la MANOVA indiquent une différence significative entre les profils quant à la détresse psychologique et les attitudes à l'égard de l'acceptation de la violence (Wilks λ = 0,868, F(6,258) = 3,15; p < 0,01). Une synthèse des Journal International De Victimologie 11(2) résultats est présentée à la Figure 1. Une ANOVA associée à des comparaisons post hoc de type Tukey a permis de constater une différence significative entre les profils Peu de violence et Violence mutuelle pour le score de détresse psychologique (F(3,130) = 4,055; p < 0,01). En effet, les adolescents du profil de Violence mutuelle présentent des taux de détresse psychologique plus élevée que les adolescents du groupe Peu de violence. Les profils se distinguent aussi sur le plan des attitudes à l'égard de l'acceptation de la violence (F(3,130) = 3,13; p < 0,05). Les adolescents du profil Violence mutuelle entretiennent des attitudes et des croyances plus favorables au sujet de la violence que les adolescents du profil Peu de violence. Discussion L’objectif principal de cette étude était d’explorer l’hétérogénéité des profils de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence en fonction de la cooccurrence des différentes formes de violence à la fois subie et infligée. Cette étude inclut un large éventail d’expériences de violence (psychologique, physique et sexuelle), dont certains, tels que la violence sexuelle infligée, n'avaient encore jamais été explorés dans une analyse typologique. De plus, en s’intéressant à la violence dans les fréquentations des adolescents, cette étude visait à combler une lacune des travaux de recherche existants qui se sont intéressés davantage à décrire les profils d’hommes adultes très violents. Les analyses ont ainsi permis de révéler quatre profils de violence dans les relations amoureuses qui diffèrent en fonction du type de violence rapporté et de la cooccurrence de victimisation et de perpétration. Un premier profil comprend les adolescents qui rapportent vivre peu ou pas de violence (29% de l’échantillon); un deuxième regroupe les adolescents qui rapportent uniquement de la violence psychologique subie et infligée (29% de l’échantillon); le troisième est composé d’adolescents ayant principalement infligé de la violence (15% de l’échantillon); et enfin, le quatrième est caractérisé par de la violence mutuelle (27% de l’échantillon). Ainsi, les données indiquent que la réciprocité de la violence dans les fréquentations intimes des adolescents caractérise un peu plus de la moitié (56%) de l’échantillon. Toutefois, nos résultats permettent d’approfondir notre compréhension de la violence mutuelle dans les relations amoureuses à l’adolescence et de faire une distinction entre la violence mutuelle uniquement psychologique et la violence mutuelle qui comprend également les formes de violence physique et sexuelle. En effet, contrairement aux autres études sur le sujet qui ont seulement examiné la cooccurrence de la violence physique subie et infligée (Gray & Foshee, 1997; Swahn et al., 2010; Whitaker, Haileyesus, Swahn, & Paradis et al. Saltzman, 2007), la réciprocité est ici établie en tenant compte des autres formes de violence. Les adolescents du groupe de Violence mutuelle sont ceux qui se distinguent le plus des adolescents peu violents. En effet, les adolescents du profil de violence mutuelle présentent des taux de détresse psychologique plus élevée et rapportent davantage de blessures ou de douleurs physiques suite à un conflit avec leur partenaire. Ces résultats sont cohérents avec les études qui ont montré que les conséquences sont plus graves, et plus fréquentes, chez les adolescents qui vivent de la violence mutuelle (Gray & Foshee, 1997; Swahn et al., 2010; Whitaker et al., 2007). La violence mutuelle aurait ainsi plus de chance d’être qualifiée de « sévère » en raison de l’implication des deux membres du couple dans l’escalade des conflits, ce qui, en retour, augmenterait la probabilité d’être blessés lors d'incidents de violence (Whitaker et al., 2007). Il est important de noter que presque la totalité des adolescents de notre échantillon victimes de violence physique ou sexuelle se retrouvent dans le profil Violence mutuelle. Il est possible qu’une part de la violence infligée de ce groupe soit en fait un moyen de représailles ou d’autodéfense face à un épisode de violence ou une menace d’agression. Afin de clarifier les enjeux impliqués dans les patrons d’interactions des jeunes couples qui vivent de la violence mutuelle, les recherches futures devraient examiner les circonstances, les motifs ou raisons qu’ont les adolescents de recourir à la violence dans leurs fréquentations amoureuses. En termes de caractéristiques individuelles des adolescents, nous avons examiné les différences entre les profils en fonction du genre, du niveau scolaire et des attitudes face à la violence dans les relations amoureuses. Les résultats révèlent qu’il n’y a pas de différence liée au sexe. Ce résultat concorde avec les données antérieures et suggère que dans le contexte des premières relations amoureuses, tant les filles que les garçons peuvent perpétrer des actes de violence (Gray & Foshee, 1997; LanghinrichsenRohling et al., 2012; Swahn et al., 2010). Il est possible qu’une analyse typologique effectuée séparément pour les deux sexes et incluant d’autres variables, telles que le contexte des gestes de violence, ait mené à des résultats différents. Les résultats de cette étude annoncent également l’importance de prendre en considération le niveau scolaire dans les recherches futures. En effet, les différences marginales observées entre les groupes suggèrent qu’un échantillon plus vaste aurait permis d’identifier des différences significatives. Les attitudes à l’égard de l’acceptation de la violence dans les relations amoureuses contribuent également à distinguer les profils Peu de violence et Violence mutuelle. De fait, les adolescents du profil Violence mutuelle Journal International De Victimologie 11(2) entretiennent des attitudes et des croyances plus favorables au sujet de la violence que les adolescents peu violents. Ce résultat est conforme à la théorie sociale cognitive (Bandura, 1986) et réitère les conclusions de plusieurs chercheurs à l’effet que la tolérance à la violence augmente la probabilité d’utiliser des comportements violents dans le contexte des relations intimes (p.ex., Sears et al., 2007). Les résultats de la présente étude confirment donc l’importance pour les programmes de prévention de cibler les attitudes à l’égard de la violence dans les fréquentations (p.ex., Kervin & Obinna, 2010; Wekerle & Wolfe, 1999). En plus des attitudes, les résultats font également ressortir la pertinence d’évaluer plus en détail la consommation de drogues chez les jeunes. En effet, bien que la différence entre les groupes soit marginale, les adolescents du profil Violence mutuelle semblent rapporter une plus grande consommation de drogues illicites autres que le cannabis. Cette étude comporte plusieurs forces. Notamment, elle confirme l’importance de poursuivre les recherches sur la violence dans les relations amoureuses des adolescents, une population trop longtemps négligée dans les analyses typologiques. Certaines limites de l'étude doivent toutefois être mentionnées. D’abord, étant donné la structure du questionnaire et la taille de l’échantillon, les variables de chronicité et de fréquence des actes de violence n’ont pas été prises en compte dans les analyses. Tel que démontré par les typologies existantes permettant de décrire les profils d’hommes violents (p.ex., Johnson, 1995; Holtzworth-Munroe & Stuart, 1994), il est possible que de considérer la sévérité des gestes de violence permettrait de distinguer davantage les profils. Il serait également intéressant d’explorer les différentes motivations liées à la violence en contexte amoureux et de répliquer cette analyse typologique en tenant compte de ces motivations à infliger la violence (p.ex., colère, vengeance, autodéfense, etc.). En effet, les variables contextuelles entourant les incidents de violence, tels que les motivations, seraient d’importants facteurs à considérer afin de bien comprendre les manifestations de violence dans les relations amoureuses (Capaldi & Kim, 2007). Ensuite, une autre limite concerne l'utilisation de questionnaires autorapportés. Bien que ce type d’instruments soit couramment utilisé dans la recherche, il est important de souligner qu’il est sujet à certains biais, tels que les biais de rappel ou de désirabilité sociale, qui peuvent influencer les réponses des adolescents et la validité des résultats. Pour cette raison, et afin de favoriser une fiabilité des informations, tous les questionnaires de cette étude étaient composés de questions spécifiques et complétés de manière anonyme. En outre, les recherches futures Profils de violence dans les relations amoureuses devraient tenter d’évaluer les perspectives des deux membres du couple. En plus d’aider à réduire les biais inhérents aux données autorapportées (Szinovacz & Egley, 1995), la collecte de données dyadiques a aussi l’avantage de prendre en considération les expériences des deux partenaires permettant ainsi de comprendre comment les expériences de chaque membre du couple s’influencent mutuellement (Kenny, 1996). Les modèles dyadiques de violence auraient le potentiel de faciliter la compréhension des trajectoires amoureuses des jeunes et d’ainsi permettre de tracer l’évolution de la violence mutuelle (Langhinrichsen-Rohling, 2010). Enfin, le devis transversal ne permet pas de faire des liens de cause à effet ou de porter des conclusions quant à la direction de la relation entre les variables examinées. Par exemple, il est possible qu’une attitude d’acceptation de la violence augmente la probabilité de vivre de la violence dans son couple. Cependant, il est également possible que le profil de violence que présente l’adolescent dans sa relation amoureuse contribue à favoriser le développement d’attitudes d’acceptation et de promotion de la violence. Par conséquent, il serait pertinent de recueillir des données longitudinales afin de documenter l’évolution des profils dans le temps. Ces informations pourraient clarifier notre compréhension des mécanismes impliqués et fournir des pistes d’intervention plus spécifiques tenant compte des profils distincts des adolescents qui vivent de la violence. Malgré ces limites, la présente analyse exploratoire permet de générer des pistes de réflexion pertinentes et un regard différent sur la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence. La présence de violence psychologique est importante chez les adolescents et ne doit pas être négligée au sein des programmes de prévention. En plus, bien qu’il soit encore prématuré d'utiliser les profils identifiés dans la présente étude pour recommander des approches thérapeutiques ou préventives spécifiques, nos résultats viennent, entre autres, appuyer ceux d’autres recherches (LanghinrichsenRohling et al., 2012) et confirment l’importance de prendre en considération la dimension mutuelle de la violence. En effet, il est nécessaire de poursuivre les efforts destinés à améliorer notre compréhension du contexte relationnel hostile dans lequel évoluent certaines relations intimes à l’adolescence. Journal International De Victimologie 11(2) Paradis et al. References Ackard, D. M., Eisenberg, M. E., & NeumarkSztainer, D. (2007). Long-term impact of adolescent dating violence on the behavioral and psychological health of male and female youth. Journal of Pediatrics, 151(5), 476-481. Arriaga, X. B., & Foshee, V. A. (2004). Adolescent dating violence: Do adolescents follow in their friends’ or their parents’ footsteps? Journal of Interpersonal Violence, 19(2), 162–184. Bandura, A. (1986). Social foundations of thought and action: A social cognitive theory. Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall. Banyard, V. L., & Cross, C. (2008). Consequences of teen dating violence: Understanding intervening variables in ecological context. Violence Against Women, 14(9), 998-1013. Barter, C. (2009). In the name of love: Partner abuse and violence in teenage relationships. British Journal of Social Work, 39(2), 211-233. Canada, S. (2006). Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC, 2005) Questionnaire final. Ottawa, ON: Gouvernement du Canada. Capaldi, D. M., & Kim, H. K. (2007). Typological approaches to violence in couples: A critique and alternative conceptual approach. Clinical Psychology Review, 27(3), 253-265. Carlson, R. G., & Jones, K. D. (2010). Continuum of conflict and control: A conceptualization of intimate partner violence typologies. The Family Journal, 18(3), 248-254. Chase, K. A., Treboux, D., O'Leary, K. D., & Strassberg, Z. (1998). Specificity of Dating Aggression and Its Justification Among High-Risk Adolescents. Journal of Abnormal Child Psychology, 26(6), 467473. Chiodo, D., Crooks, C. V., Wolfe, D. A., McIsaac, C., Hughes, R., & Jaffe, P. G. (2011). Longitudinal prediction and concurrent functioning of adolescent girls demonstrating various profiles of dating violence and victimization. Prevention Science. Foshee, V. A., Linder, F., MacDougall, J. E., & Bangdiwala, S. (2001). Gender differences in the longitudinal predictors of adolescent dating violence. Preventive medicine, 32(2), 128-141. Foshee, V. A., & Matthew, R. A. (2007). Adolescent dating abuse perpetration: A review of findings, methodological limitations, and suggestions for future research. In D. J. Flannery, A. T. Vazonsyi & I. D. Waldman (Eds.), The cambridge handbook of violent behavior and aggression (pp. 431-449). Journal International De Victimologie 11(2) New York, NY: Cambridge University Press. Foshee, V. A., & Reyes, H. L. M. (2011). Dating abuse prevalence, consequences, and predictors. In B. B. Brown & M. J. Prinstein (Eds.), Encyclopedia of Adolescence (Vol. 3, pp. 119-126). San Diego, CA: Academic Press. Gomez, A. (2011). Testing the cycle of violence hypothesis: Child abuse and adolescent dating violence as predictors of intimate partner violence in young adulthood. Youth and Society, 43(1), 171-192. Gray, H. M., & Foshee, V. A. (1997). Adolescent dating violence differences between onesided and mutually violent profiles. Journal of Interpersonal Violence, 12(1), 126-141. Hamby, S. (2009). The gender debate about intimate partner violence: Solutions and dead ends. Psychological Trauma: Theory, Research, Practice, and Policy, 1(1), 24. Hamby, S., & Turner, H. (2012). Measuring Teen Dating Violence in Males and Females: Insights From the National Survey of Children's Exposure to Violence. Psychology of Violence, Advance online publication. Holtzworth-Munroe, A., Meehan, J. C., Herron, K., Rehman, U., & Stuart, G. L. (2000). Testing the Holtzworth-Munroe and Stuart (1994) batterer typology. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 68(6), 1000-1019. Holtzworth-Munroe, A., & Stuart, G. L. (1994). Typologies of male batterers: Three subtypes and the differences among them. Psychological bulletin, 116(3), 476-497. Johnson, M. P. (1995). Patriarchal terrorism and common couple violence: Two forms of violence against women. Journal of Marriage and the Family, 57(2), 283-294. Kenny, D. A. (1996). Models of interdependence in dyadic research. Journal of Social and Personal Relationships, 13(2), 279–294. Kervin, D., & Obinna, J. (2010). Youth Action Strategies in the Primary Prevention of Teen Dating Violence. Journal of Family Social Work, 13(4), 362-374. Kessler, R. C., Andrews, G., Colpe, L. J., Hiripi, E., Mroczek, D. K., Normand, S. L. T., . . . Zaslavsky, A. M. (2002). Short screening scales to monitor population prevalences and trends in non-specific psychological distress. Psychological medicine, 32(6), 959-976. Koss, M. P., & Oros, C. J. (1982). Sexual Experiences Survey: a research instrument investigating sexual aggression and victimization. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 50(3), 455-457. Langhinrichsen-Rohling, J., Selwyn, C., & Rohling, M. L. (2012). Rates of bidirectional versus unidirectional intimate partner violence across samples, sexual orientations, and Profils de violence dans les relations amoureuses race/ethnicities: A comprehensive review. Partner Abuse, 3(2), 199-230. Lewis, S. F., & Fremouw, W. (2001). Dating violence: A critical review of the literature. Clinical Psychology Review, 21(1), 105127. Mueller, V., Jouriles, E. N., McDonald, R., & Rosenfield, D. (2013). Adolescent beliefs about the acceptability of dating violence: Does violent behavior changet them? . Journal of Interpersonal Violence, 28(2), 436-450. O'Leary, K. D., & Slep, A. M. S. (2003). A Dyadic Longitudinal Model of Adolescent Dating Aggression. Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology, 32(3), 314-327. Poitras, M., & Lavoie, F. (1995). A study of the prevalence of sexual coercion in adolescent heterosexual dating relationships in a Quebec sample. Violence and Victims, 10(4), 299-313. Rothman, E. F., Reyes, L. M., Johnson, R. M., & LaValley, M. (2012). Does the alcohol make them do it? Dating violence perpetration and drinking among youth. Epidemiologic reviews, 34(1), 103-119. Schwarz, G. (1978). Estimating the dimension of a model. The annals of statistics, 6(2), 461464. Sears, H. A., Byers, E. S., & Price, E. L. (2007). The co-occurrence of adolescent boys' and girls' use of psychologically, physically, and sexually abusive behaviours in their dating relationships. Journal of adolescence, 30(3), 487-504. Shorey, R. C., Cornelius, T. L., & Bell, K. M. (2008). A critical review of theoretical frameworks for dating violence: Comparing the dating and marital fields. Aggression and Violent Behavior, 13(3), 185-194. Swahn, M. H., Alemdar, M., & Whitaker, D. J. (2010). Nonreciprocal and reciprocal dating violence and injury occurrence among urban youth. Western Journal of Emergency Medicine, 11(3), 264-268. Szinovacz, M. E., & Egley, L. C. (1995). Comparing one-partner and vouple data on sensitive marital behaviors: The case of marital violence. Journal of Marriage and Family, 57(4), 995-1010. Tweed, R. G., & Dutton, D. G. (1998). A comparison of impulsive and instrumental subgroups of batterers. Violence and Victims, 13(3), 217-230. Vézina, J., & Hébert, M. (2007). Risk factors for victimization in romantic relationships of young women. Trauma, Violence & Abuse, 8(1), 33-66. Wekerle, C., Leung, E., Wall, A. M., MacMillan, H., Boyle, M., Trocme, N., & Waechter, R. (2009). The contribution of childhood emotional abuse to teen dating violence among child protective services-involved Journal International De Victimologie 11(2) youth. Child Abuse & Neglect, 33(1), 4558. Wekerle, C., & Wolfe, D. A. (1999). Dating violence in mid-adolescence: Theory, significance, and emerging prevention initiatives. Clinical Psychology Review, 19(4), 435-456. Whitaker, D. J., Haileyesus, T., Swahn, M., & Saltzman, L. S. (2007). Differences in frequency of violence and reported injury between relationships with reciprocal and nonreciprocal intimate partner violence. American Journal of Public Health, 97(5), 941-947. Whitaker, D. J., Haileyesus, T., Swahn, M., & Saltzman, L. S. (2007). Differences in frequency of violence and reported injury between relationships with reciprocal and nonreciprocal intimate partner violence. Journal Information, 97(5), 941-947. Williams, T. S., Connolly, J., Pepler, D., Craig, W., & Laporte, L. (2008). Risk models of dating aggression across different adolescent relationships: A developmental psychopathology approach. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 76(4), 622-632. Wolfe, D. A., Scott, K., Reitzel-Jaffe, D., Wekerle, C., Grasley, C., & Straatman, A. L. (2001). Development and validation of the Conflict in Adolescent Dating Relationships Inventory. Psychological assessment, 13(2), 277-293. Wolitzky-Taylor, K. B., Ruggiero, K. J., Danielson, C. K., Resnick, H. S., Hanson, R. F., Smith, D. W., . . . Kilpatrick, D. G. (2008). Prevalence and correlates of dating violence in a national sample of adolescents. Journal of American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 47(7), 755-762. . Paradis et al. Tableau 1 Résultats de la classification automatique de SPSS Nombre de profils Critère bayésien de Schwartz (BIC) Modification a BIC Proportion des modifications b BIC Proportion des mesures de c distance 1 883,080 2 652,064 -231,016 1,000 1,689 3 527,286 -124,778 ,540 2,166 4 485,514 -41,772 ,181 1,090 5 449,633 -35,881 ,155 1,594 6 438,078 -11,555 ,050 1,052 7 428,547 -9,530 ,041 1,163 8 424,492 -4,056 ,018 1,230 a. Les changements correspondent au nombre précédent de classes dans le tableau. b. Les proportions des modifications sont relatives à la modification de la solution à deux classes. c. Les taux de mesure de distance sont basés sur le nombre actuel de classes, comparé au nombre précédent de classes. Journal International De Victimologie 11(2) Profils de violence dans les relations amoureuses Tableau 2 Fréquence de violence dans les fréquentations par profils Profil 2 Profil 1 Profil 3 Profil 4 Violence infligée Violence mutuelle Tous Peu de violence Violence psychologique mutuelle (n = 135) (n = 39) (n = 39) (n = 20) (n = 37) n (%) n (%) n (%) n (%) n (%) Subie 80(59,3) 0(0,0) 39(100,0) 7(35,0) 34(91,9) infligée 86(63,7) 0(0,0) 33(84,6) 17(85,0) 36(97,3) subie 30(22,2) 0(0,0) 0(0,0) 0(0,0) 30(81,1) infligée 30(22,2) 0(0,0) 0(0,0) 12(60,0) 18(48,6) subie 18(13,3) 3(7,7) 0(0,0) 0(0,0) 15(40,5) infligée 17(12,6) 1(2,6) 0(0,0) 1(5,0) 15(40,5) Violence psychologique Violence physique Violence sexuelle Journal International De Victimologie 11(2) Paradis et al. Tableau 3 Statistiques descriptives des quatre profils de violence Peu de violence Violence psychologi que mutuelle Violence infligée Violence mutuelle n (%) n (%) n (%) n (%) Filles 23 (59,0) 22 (56,4) 11 (55,0) 19 (51,4) Garçons 16 (41,0) 17 (43,6) 9 (45,0) 18 (48,6) Secondaire III 16 (41,0) 9 (23,1) 11 (57,9) 11 (29,7) Secondaire IV 7 (17,9) 12 (30,8) 5 (26,3) 14 (37,8) Secondaire V 16 (41,0) 16 (41,0) 3 (15,8) 12 (32,4) Χ /F 2 dl p ,464 3 ,927 15,635 9 ,075 3,227 3 ,358 3,173 3 ,366 2,854 3 ,415 6,782 3 ,079 18,197 3 ,000 Sexe Niveau scolaire Autre 2 (5,1) Toujours en couple Oui 14 (41,2) 15 (44,1) 6 (31,6) 18 (56,2) Non 20 (58,8) 19 (55,9) 13 (68,4) 14 (43,8) Faible 24 (70,6) 20 (55,6) 9 (47,4) 20 (57,1) modérée à élevée 10 (29,4) 16 (44,4) 10 (52,6) 15 (42,9) Non 13 (39,4) 16 (44,4) 7 (36,8) 9 (25,7) Oui 20 (60,6) 20 (55,6) 12 (63,2) 26 (74,3) Non 26 (76,5) 32 (88,9) 15 (78,9) 22 (62,9) Oui 8 (23,5) 4 (11,1) 4 (21,1) 13 (37,1) 0 (0,0)a 2 (5,1)a 1 (5,0)a 10 (27,0)b Consommation d’alcool Consommation de cannabis Consommation d’autres drogues Blessures suite à une chicane Oui Journal International De Victimologie 11(2) Profils de violence dans les relations amoureuses Non 38 (100,0)a 37 (94,9)a 19 (95,0)a 27 (73,0)b Chaque lettre en indice indique un sous-ensemble de profils dont les proportions ne diffèrent pas de manière significative les unes des autres au niveau ,05. Journal International De Victimologie 11(2) * Paradis et al. * * * Figure 1. Niveau de détresse psychologique et d’acceptation de la violence en fonction des quatre profils de violence dans les fréquentations. *p < .05