Liaisons vers les îles – l`offre de Keolis trop chère

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Liaisons vers les îles – l`offre de Keolis trop chère
Transport maritime. L'offre de Keolis
vers les îles du Finistère trop chère
Estimant perdre de l'argent depuis des années, Keolis a revu à la hausse son offre pour desservir Sein,
Molène et Ouessant. Le Département ne suit pas.
Ça coince entre Keolis maritime et le conseil départemental. La
première, à travers la compagnie Penn ar Bed, dessert les îles de
Sein, Molène et Ouessant, dans le cadre d'une délégation de service
public (DSP). L'assemblée finistérienne, elle, assure le financement
de cette continuité territoriale pour les îliens à travers une
contribution moyenne de 3,5 millions d'euros. Mais cette année, elle
est montée à 4,49 millions.
Pour les sept prochaines années de renouvellement de la DSP, à compter du 1er janvier 2016, Keolis a fait une offre. A la
hausse. Trop, estime le conseil départemental.
Fréquentation surestimée
Pour le renouvellement retoqué par le conseil départemental, Keolis était en position de monopole. Trois autres
sociétés avaient retiré le dossier d'appel d'offres mais n'avaient pas donné suite.
« Depuis le début de ce contrat, nous perdons de l'argent et la fréquentation n'était pas celle que nous attendions,
justifie Philippe Grall, le directeur de la compagnie Penn ar Bed, qui ne souhaite pas révéler le montant de ces pertes. Le
passage à la délégation de service public fait que le risque financier est transféré sur le délégataire. » Une situation
que la société Keolis n'entend pas assumer plus longtemps.
Selon nos informations, les pertes financières de la Penn ar Bed se montent à 600 000 €.
Sans vouloir citer les sommes en jeu, le vice-président du conseil départemental en charge des transports, Didier Le Gac,
souligne que « l'offre de Keolis était bien au-dessus de nos estimations. Malgré notre contribution forfaitaire, le
délégataire nous dit qu'il perd beaucoup d'argent. Mais c'est le principe de la délégation : c'est lui qui a fait ses
estimations. Manifestement, il avait surestimé le taux de fréquentation ».
Les navires de la Penn ar Bed transportent, bon an mal an, 330 000 passagers.
Un avenant pour un an
La desserte des îles ne va pas s'arrêter pour autant le 1er janvier 2016. Les discussions se poursuivent pour prolonger
d'un an le contrat actuel. Ce qui permettra de préparer un nouvel appel d'offres en révisant le contenu du cahier des
charges. Et surtout de préparer un changement majeur puisque la compétence des transports va échapper au conseil
départemental et sera attribuée à la Région.
Pour la prolongation du contrat pour un an, la société Keolis est assurée de ne pas perdre d'argent, car la
réglementation sur les avenants interdit d'imposer une clause négative.
Keolis sera-t-elle candidate au contrat d'une durée de sept ans qui débutera donc au 1er janvier 2017 ? « Aujourd'hui,
personne ne peut le dire, commente le directeur de la Penn ar Bed. Nous assurons la liaison vers les îles depuis 1992 et
j'aurais donc tendance à dire que nous serons candidats. Mais toutes les entreprises ont du mal à se projeter dans
l'avenir. »
Le directeur insiste toutefois sur « les bonnes relations » que sa société entretient avec le conseil départemental et sur
« l'importance de la continuité territoriale » pour les îliens.
Yannick GUÉRIN
27/10/2015