Syrie : la France et la Grande-Bretagne ont la preuve de l`utilisation

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Syrie : la France et la Grande-Bretagne ont la preuve de l`utilisation
Syrie : la France et la
Grande-Bretagne ont la preuve
de l'utilisation du gaz sarin
Bachar al-Assad
Tout le monde s’en doutait mais c’est désormais une certitude,
la France et la Grande-Bretagne ont les preuves que des armes
chimiques ont été utilisées par le régime de Bachar Al-Assad
en Syrie. C’est la « ligne rouge » qui avait été fixée par les
pays d’occidentaux et en particulier par Barack Obama.
Aujourd’hui cette ligne rouge a été franchie, quelles suites
vont donc être donner à ces révélations ? L’usage d’armes
chimiques inquiète, alors que le conflit a déjà fait plus 90
000 morts et 700 000 réfugiés.
D’après les éléments révélés ces derniers jours, l’arme
chimique utilisé en Syrie serait le gaz sarin, un gaz très
toxique qui existe depuis la Seconde Guerre mondiale qui peut
servir d’arme chimique mais dont l’usage est formellement
interdit par des traités internationaux. Ce gaz est inodore,
incolore et très volatile. Une fois répandu il s’attaque au
système nerveux et respiratoire des victimes. Il agit lors
d’un contact respiratoire ou cutané, les symptômes sont de
violents maux de têtes mais cela peut aussi passer par des
convulsions voire des phases de folies. Extrêmement mortel, il
peut entraîner la mort en une dizaine de minutes dans
l’agonie. Ce gaz neurotoxique, d’abord utilisé par les
Allemands durant la seconde Guerre Mondiale, a fait l’objet
d’immenses stocks par l’URSS et les Etats-Unis durant la
Guerre Froide. Il a également servi contre des civils au
Vietnam, lors de la guerre d’Algérie ou lors de l’attentat de
la secte Aum à Tokyo en 1995 qui a fait 13 morts.
C’est un gaz qui coûte particulièrement cher, on estime le
coût d’un tel programme étatique à plusieurs centaines de
millions de dollars, et surtout il fait l’objet d’une
interdiction depuis la convention internationale sur les armes
chimiques de 1997. La France, comme d’autres pays, a par
conséquent enfoui tous ses stocks dans la mer, au large
d’Ouessant. Sauf que la Syrie n’est pas signataire de cette
convention, estimant que tant qu’Israël sera doté d’un arsenal
nucléaire elle craint pour sa sécurité. Malgré son coût et
la complexité de sa confection les experts estiment que la
Syrie dispose de tous les moyens humains et matériels
nécessaires pour fabriquer de ce gaz en grande quantité. Le
pays abrite donc plusieurs entrepôts de stockage du gaz
toxique, et selon les Etats-Unis du gaz VX y serait aussi
conservé : un gaz de même type, dix fois plus puissant qui
entraine une salivation et transpiration excessive, des
écoulements du nez, de graves troubles respiratoires et
potentiellement la mort en seulement quelques minutes.
Les stocks Syriens sous surveillance
Tous ces stocks, les plus importants du Moyen-Orient, sont
connus des organisations internationales et des grandes
puissances, c’est pourquoi ils ont fait l’objet d’une
attention toute particulière depuis le début du conflit Syrien
en 2011. Les autorités américaines en particulier
surveillaient les mouvements autour de ces stocks, pour
s’assurer que ni le régime de Bachar Al-Assad ni ses opposants
n’utilisent d’armes chimiques. En août 2012, face à la menace
et à la suspicion la Maison Blanche avait expliqué que le
moindre
mouvement
d’armes
chimiques
dans
la
région entraînerait de «d’énormes conséquences », l’emploi de
ce type d’arme non-conventionnée constitue dès lors, selon
Barack Obama, la « ligne rouge » à ne pas franchir. On en est
donc là en 2013 : on peut mener une guerre dans l’indifférence
de la communauté internationale si on a la décence de la
manière.
Des soupçons à la preuve
Depuis
quelques
semaines
les
doutes
n’en
étaient
plus
vraiment, il ne manquait que des preuves. Puis des envoyés
spéciaux du quotidien Le Monde sont revenus la semaine
dernière délivrant un message détonnant : ils affirment avoir
été témoin d’utilisation d’armes chimiques. Ils racontent les
symptômes observés chez les victimes, semblables à ceux du
Sarin, mais pas de certitude sur la nature exacte de la
substance chimique qui les a provoqués. Pour la preuve ils ont
ramené de leur voyage des souvenirs peu banals : des
échantillons d’air et d’urine. Après analyses par des
laboratoires, le ministre des affaires étrangères Laurent
Fabius a fait savoir mardi 4 juin que la France détenait
désormais la preuve matérielle que du gaz Sarin a été utilisé
en Syrie, et très probablement par le régime de Damas.
Mercredi c’est la Grande-Bretagne qui annonçait détenir la
preuve de l’usage de gaz Sarin contre des populations.
© Ninian Reid | Flickr
La « ligne rouge » a donc manifestement été franchie. Que vat-il se passer maintenant ? Et bien pour faire simple : rien.
La France a de son côté déclaré qu’elle ne prendrait aucune
décision unilatérale, seule. « C’est désormais la communauté
internationale qui est saisie » a fait savoir Najat VallaudBelkacem, porte-parole du gouvernement. Pour le Quai d’Orsay
aucune réaction de physique de la France n’est à prévoir avant
la conférence de Paix prévue à Genève au mois de juillet. La
Grande-Bretagne a de son côté demandé à Bachar Al-Assad de
laisser libre accès à tout le territoire
observateurs de l’ONU sans délai.
Syrien
aux
En somme, le président Syrien n’a donc pas trop de soucis à se
faire dans l’immédiat vis-à-vis de la communauté
internationale. Cette dernière reste inerte, mais désormais
elle ne pourra plus dire qu’elle ne savait pas. Nous non plus.
Par Quentin Benmahdi
[email protected]

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