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Crise syrienne L’œil de la presse Les informations présentées par les États-Unis et leurs alliés concernant l'utilisation d'armes chimiques par le régime du président syrien Bachar el-Assad dans la banlieue de Damas "ne convainquent absolument pas" la Russie, a indiqué lundi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. "On nous a montré quelques images où il n'y a rien de concret : ni cartes géographiques ni noms, il y a là de nombreuses incohérences, beaucoup de doutes", a déclaré Sergueï Lavrov lors d'une allocution devant le prestigieux institut des relations internationales de Moscou (MGIMO). "Ce que nous ont montré par le passé et plus récemment nos partenaires américains, ainsi que les Britanniques et les Français, ne nous convainc absolument pas", a-t-il ajouté. "Et quand on demande davantage de détails, ils disent que tout est secret et qu'ils ne peuvent pas le montrer", a encore dit Sergueï Lavrov. L'administration américaine a rendu public la semaine dernière un rapport des services de renseignements énumérant un faisceau d'éléments prouvant selon Washington l'implication de responsables syriens dans l'attaque à l'arme chimique perpétrée le 21 août dans la banlieue de Damas et qui a fait des centaines de morts. Dimanche, le secrétaire d'État américain John Kerry a assuré que les États-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l'utilisation de gaz sarin dans cette attaque qu'il a une nouvelle fois attribuée au régime de Damas. À la suite de cette attaque, le président américain Barack Obama a demandé au Congrès de voter en faveur de frappes contre la Syrie. La France s'est également prononcée pour des frappes, mais la Grande-Bretagne n'y participera pas après le rejet du Parlement britannique. L'ONU a indiqué de son côté que les experts chargés d'enquêter sur cette attaque et rentrés de Syrie samedi - ne tireraient "aucune conclusion" avant le résultat d'analyses de laboratoire qui pourraient prendre jusqu'à trois semaines. La Russie, qui soutient le régime de Damas depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans et demi, a bloqué jusqu'ici avec la Chine toute décision au Conseil de sécurité de l'ONU qui viserait à prendre des sanctions ou à lancer une action punitive contre le président Assad. "Piégé" : tel est le commentaire qui revient le plus souvent dans la presse française après la volte-face du président américain Barack Obama, qui a annoncé la convocation du Congrès, et par voie de conséquence, la solitude de François Hollande dans le conflit syrien. "Comme Barack Obama, François Hollande est pris dans un tourbillon d'événements incontrôlés", écrit Pierre Rousselin dans Le Figaro, mais surtout, pour l'éditorialiste du quotidien libéral, le chef de l'État est "piégé sur le front interne et bien isolé sur le front extérieur". "L'apanage d'un homme seul" Pour une grande partie de l’opinion, "Hollande peine à justifier la guerre". Et si "le président, dans la constitution monarchique de la Ve République, a tout pouvoir pour faire la guerre", relève-t-elle, "peut-il aujourd'hui être le seul chef d'État à user de la force sans un vote de la représentation nationale, sans même un discours ?" "Le piège s'est refermé pour ces responsables occidentaux qui s'étaient avancés très vite en annonçant leur volonté de punir Damas qui aurait fait usage de gaz mortels", constate Dominique Quinio dansLa Croix. Patrick Apel-Muller pose cette question dans L'Humanité : "Comment décréter la guerre ou la paix pourrait-il être l'apanage d'un homme seul au XXIe siècle ?" Tout en estimant "intenable l'alignement de François Hollande, résolu à décider contre une énorme majorité de Français et à se passer de l'assentiment de la représentation nationale". "À force de jouer les va-t-en-guerre pour se refaire une virginité dans les sondages, François Hollande a pris un gros risque. Celui de se retrouver tout seul face au tyran syrien", reconnaît Yann Marec dans Midi libre. Valse-hésitation Certains éditorialistes insistent sur les répercussions de cette situation sur la politique intérieure française. "Coincé par le recul surprise de Barack Obama, François Hollande se retrouve face à une opinion publique nettement hostile à une intervention et à des ténors de droite (et de gauche) qui surfent sur ce refus populaire", juge Hervé Cannet (La Nouvelle République du Centre-Ouest). Un point de vue partagé par Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne pour qui, "la valse-hésitation des Occidentaux dans l'affaire syrienne exacerbe les clivages intérieurs aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France". Dans Les Échos, Cécile Corduret pense que "soucieux de sauver la face, l'exécutif maintient ses ambitions et refuse de demander un vote au Parlement, comme l'ont fait ses alliés". Selon elle, "c'est aussi une position à contre-emploi". Enfin, avec la défection des Britanniques et le recul des États-Unis, Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain) estime amèrement que le président français est désormais "dans le rôle du cocu magnifique". Le gouvernement va mettre à la disposition des responsables parlementaires reçus à 17 heures à Matignon des "documents secrets déclassifiés" tendant à prouver l'implication du régime syrien dans l'attaque chimique du 21 août, a-t-on appris lundi de source proche du dossier. "Un certain nombre d'entre eux pourraient être rendus publics", a-t-on déclaré de même source. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault recevra en fin d'après-midi à Matignon les principaux responsables parlementaires pour les informer de la situation en Syrie avant la convocation du Parlement en session extraordinaire mercredi. François Hollande subit depuis samedi la pression de l'opposition, mais aussi d'un certain nombre de parlementaires socialistes pour qu'un vote soit organisé au Parlement sur la perspective d'une action militaire de la France contre le régime de Bachar el-Assad, tenu pour responsable de l'attaque chimique meurtrière du 21 août. Alors que les frappes aériennes semblaient imminentes, Barack Obama, déterminé comme François Hollande à "punir" ce régime, a annoncé samedi qu'il allait consulter le Congrès américain. Une récente note des services de renseignement français dont le contenu dévoilé par le JDD a été confirmé à l'Agence France-Presse - fait état notamment de "plusieurs centaines de tonnes d'ypérite" et "gaz sarin" détenus par le régime syrien, soit un stock total dépassant les 1 000 tonnes d'agents chimiques. La note révélée par le JDD est une synthèse établie par la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et la DRM (Direction du renseignement militaire) à l'issue de "milliers d'heures de travail" des agents français. Outre les stocks d'ypérite (un gaz de combat asphyxiant appelé aussi gaz moutarde) et de gaz sarin, leur rapport, selon le journal, "mentionne également que les scientifiques syriens ont travaillé sur l'ypérite à l'azote, un agent vésicant de première génération, ainsi qu'un neurotoxique organophosphoré dont la toxicité est supérieure à celle du sarin". De telles notes de synthèse classifiées sur des sujets communs traités entre services (DGSE/DRM ou DGSE/DCRI) sont communiquées régulièrement à l'Élysée, via le coordonnateur national du renseignement, mais aussi à Matignon et aux ministères régaliens (Défense, Quai d'Orsay, Intérieur, Justice). Certains ténors de l’UMP, réclament un vote du Parlement avant toute intervention française en Syrie, ce qu'écarte à ce stade le gouvernement. "Les grandes démocraties ont des parlements - les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne -, il n'est pas complètement anormal que la France apprenne à se servir de ses députés et de ses sénateurs », soutiennent ils. "Les intérêts français directs ne sont pas menacés, il n'y a pas application internationale qui engage la France, il n'y a pas de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies : la question est ouverte, le président n'a pas les mains libres comme dans les trois cas que je viens de citer", a-t-il précisé. "Ce qui affaiblit la position du président Hollande, c'est qu'on ne voit pas l'étape d'après. Frapper avec des armes, c'est toujours possible, que fait-on une fois qu'on a frappé ?" a interrogé le sénateur UMP de la Meuse. "Les grandes puissances, les États-Unis, mais aussi la Chine, la Russie, la France, ont le devoir absolu de trouver une solution de long terme sur la Syrie et je crois que cette solution de long terme est au moins le fédéralisme, c'est-à-dire des communautés qui soient séparées et qui se protègent elles-mêmes", a estimé Gérard Longuet. Le Parlement sera réuni mercredi en session extraordinaire pour un débat sur la situation en Syrie, sans vote des députés et des sénateurs.