les tumeurs de la vessie
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LES TUMEURS DE LA VESSIE Table des matières Table des matières 3 I - Épidémiologie 9 A. Fréquence........................................................................................9 B. Facteurs de risque.............................................................................9 1. 2. 3. 4. Le tabac............................................................................................. 9 L'exposition professionnelle................................................................. 10 Bilharziose urinaire, infection et irritation chroniques vésicales.................10 Autres facteurs.................................................................................. 10 II - Anatomo-Pathologie 11 A. Macroscopie (sur les données de la cystoscopie)................................. 11 B. Microscopie (étude histologique)....................................................... 11 1. Types histologiques............................................................................11 2. Grade histologique............................................................................. 12 3. Stade............................................................................................... 12 III - Diagnostic 13 A. Signes cliniques..............................................................................13 1. Signes directs....................................................................................13 2. Signes indirects................................................................................. 13 B. Examen clinique..............................................................................14 IV - Bilan morphologique 15 A. Échographie abdomino-pelvienne......................................................15 B. Urographie intraveineuse (UIV).........................................................16 C. Cytologie urinaire............................................................................16 D. Endoscopie vésicale (cystoscopie)..................................................... 16 V - Histoire naturelle d'une TV 19 A. Les TV superficielles (TVS)............................................................... 19 B. Les TV infiltrantes (TVI)...................................................................19 VI - Facteurs pronostiques 21 3 A. Facteurs cliniques............................................................................21 B. Facteurs histopathologiques..............................................................21 VII - Bilan d'extension 23 A. Bilan locorégional............................................................................23 B. Bilan général..................................................................................23 VIII - Traitement 25 A. Moyens..........................................................................................25 1. 2. 3. 4. 5. 6. Résection trans-urétrale de vessie (RTUV).............................................25 Instillations endovésicales...................................................................26 Chirurgie.......................................................................................... 26 Radiothérapie....................................................................................27 Chimiothérapie générale..................................................................... 27 association radio-chimiothérapie.......................................................... 27 B. Indications opératoires.....................................................................27 C. Résultats........................................................................................28 IX - QCM 4 29 Objectifs 1. Décrire les particularités épidémiologiques et les facteurs de risque des tumeurs vésicales. 2. Décrire les particularités anatomopathologiques et le mode d'extension des tumeurs vésicales. 3. Suspecter, devant des éléments cliniques, une tumeur vésicale. 4. Confirmer, par des examens para-cliniques, le diagnostic de tumeur vésicale. 5. Apprécier, sur des examens cliniques et para-cliniques, le degré d'extension locorégionale et générale d'une tumeur vésicale. 6. Organiser la prise en charge thérapeutique d'une tumeur vésicale en fonction de son extension. 7. Evaluer sur des éléments cliniques et para-cliniques, le pronostic des tumeurs vésicales après traitement approprié. 8. Organiser la surveillance d'un malade traité pour tumeur vésicale en fonction du type de traitement conservateur ou radical. 5 Introduction La tumeur de vessie (TV) est la tumeur la plus fréquente des voies excrétrices urinaires. Le terme de tumeurs de vessie regroupe un spectre de tumeurs ayant un potentiel d'agressivité extrêmement variable, d'où leur répartition en : TV superficielles (TVS) et TV infiltrantes (TVI). Le problème des TVS est d'apprécier leur potentiel agressif, c'est-à-dire leur risque de progression en stade et/ou en grade, afin d'adapter le traitement qui est souvent conservateur. Dans près de 70% des cas, les TV infiltrantes sont initialement des tumeurs superficielles qui ont évoluer vers l'infiltration. Leur meilleur traitement est la cystectomie totale. 7 I - Épidémiologie I Fréquence 9 Facteurs de risque 9 A. Fréquence Dans le monde : Les TV représentent 3% de l'ensemble des cancers. Elle occupe la 4ème position (après les cancers broncho-pulmonaires, du côlon, et de la prostate). Age de survenue : à partir de 50 ans avec un maximum entre 60 et 70 ans. Prédominance masculine nette : Sex ratio 3/1 (entrain de diminuer ces dernières années / tabagisme plus important chez la femme, autres facteurs de risques...). En Tunisie : Sex ratio 7/1 Chez l'homme : c'est le 2ème cancer (11% de l'ensemble des cancers masculins) et le 1er cancer urologique, avec une incidence de 10/100.000. Chez la femme : c'est le 8ème cancer (2% de l'ensemble des cancers), avec une incidence de1,2 / 100.000. B. Facteurs de risque 1. Le tabac C'est le carcinogène le plus important contribuant au développement des tumeurs urothéliales. Risque relatif multiplié par 4. Le risque de cancer de la vessie est élevé chez les fumeurs, car les substances toxiques du tabac (amines aromatiques, nitrosamines et hydrocarbures polycycliques), inhalées par les poumons, même passivement, sont éliminées par les reins et la vessie. Un effet dose a été mis en évidence dans plusieurs études. Environ 60% des patients qui ont un cancer de la vessie sont des fumeurs actifs ou des anciens fumeurs. 9 Épidémiologie 2. L'exposition professionnelle 25% des tumeurs de vessie sont en relation avec des expositions professionnelles. Certaines substances carcinogènes utilisées dans l'industrie chimique sont incriminées, tels les amines aromatiques (dérivés de l'aniline) et des dérivés des hydrocarbures (benzidine) utilisées dans l'industrie de la teinture, du caoutchouc, de la métallurgie et ceux nécessitant l'usage de goudrons. Il s'agit d'une maladie professionnelle nécessitant une surveillance biannuelle des salariés exposés par une cytologie urinaire. 3. Bilharziose urinaire, infection et irritation chroniques vésicales La bilharziose urinaire prédispose au cancer de vessie de type épidermoïde. Alors que ce type histologique ne représente que 3 à 7 % des cancers infiltrants de vessie dans le monde, il est retrouvé dans 70 % des cas de tumeurs de vessie en Egypte, où la prévalence de la bilharziose est de 45%. L'infection et l'irritation chronique vésicales (lithiase vésicale, sonde vésicale à demeure et cystite à répétition chez la femme) sont retenues comme facteurs favorisant le développement de tumeurs vésicales épidermoïdes. 4. Autres facteurs Certains facteurs semblent augmenter le risque de cancer de vessie sans que leur rôle soit formellement prouvé, à savoir : 10 L'irradiation pelvienne à forte dose. Virus oncogènes Les édulcorants (saccharine et cyclamate) et la consommation de café. AnatomoPathologie II - II Macroscopie (sur les données de la cystoscopie) 11 Microscopie (étude histologique) 11 A. Macroscopie (sur les données de la cystoscopie) C'est la cystoscopie qui fournira la meilleure description macroscopique des lésions endovésicales. L'aspect, le nombre, la taille et la localisation des lésions peuvent être synthétisés sur un schéma pour réaliser une cartographie vésicale. On distingue trois aspects macroscopiques différents : Tumeurs papillaires de développement exophytique (dans la cavité vésicale) : peuvent être : pédiculées. sessiles (dépourvues de pédicule mais conservant une structure papillaire). papillomatose vésicale diffuse (prolifération papillaire extensive intéressant la quasi totalité de la muqueuse vésicale). Tumeurs non papillaires ou solides (sans aucune structure papillaire) : ces tumeurs peuvent être bourgeonnantes et ulcérées mais le plus souvent à développement endophytique à l'intérieur de la paroi vésicale. Tumeurs planes : lésions tumorales intéressant la couche superficielle de la muqueuse vésicale (cis: carcinome in situ). B. Microscopie (étude histologique) 1. Types histologiques a) Tumeurs épithéliales +++ : Les tumeurs épithéliales représentent la quasi-totalité des tumeurs vésicales (plus de 90%). Carcinome à cellules transitionnelles de la vessie (CCT) +++ : encore appelé carcinome urothélial ou carcinome para-malpighien : 75 à 90% des TV épithéliales. Ils se caractérisent par leur différenciation cellulaire (le grade histologique) et leur pénétration dans la paroi vésicale (stade). Plus rarement : Carcinome épidermoïde (5%), Adénocarcinome (1%), 11 Anatomo-Pathologie Caricno-sarcomes. b) Tumeurs non épithéliales : (rares) Tumeurs conjonctives bénignes. Tumeurs malignes : sarcomes, lymphomes. c) Tumeurs secondaires (rectum, ovaire, prostate...). 2. Grade histologique Une classification regroupe les carcinomes urothéliaux en 3 grades selon la différenciation cellulaire, de gravité croissante. G0 : cellules normales. G 1 : très bien différenciées. G 2 : modérément différenciées. G 3 : peu ou pas différenciées. 3. Stade Il correspond à la profondeur de la présentation dans la paroi vésicale. On isole essentiellement 2 grands groupes de TV selon le degré d'infiltration de la paroi vésicale : TV superficielles (atteinte uniquement de la muqueuse vésicale). et TV infiltrantes (franchissement membrane basale et infiltration de musculeuse). Image 1 : Figure 1 : Classification TNM des TV 12 Cas particulier du carcinome in situ (CIS) : Il s'agit d'une lésion de haut grade, développée en muqueuse plane, ne comportant aucune structure végétante ni d'effraction de la membrane basale, pouvant apparaître, macroscopiquement, comme une lésion érythémateuse, plus ou moins disséminée dans la vessie. Dans 90 % des cas, le CIS accompagne une tumeur primitive (il est primitif dans seulement 10 % des cas). Il se distingue des autres tumeurs superficielles par son caractère volontiers considéré comme péjoratif. III - Diagnostic III Signes cliniques 13 Examen clinique 14 A. Signes cliniques 1. Signes directs Hématurie +++ : Elle constitue le signe clinique le plus fréquent. Elle est présente chez près de 85% des patients. Elle est typiquement macroscopique, isolée, terminale ou à renforcement terminal et indolore. Elle oriente d'emblée vers une origine vésicale. Toute hématurie doit suspecter en premier une tumeur de vessie. Une hématurie microscopique n'est pas caractéristique de tumeur de vessie, mais elle peut la révéler surtout lorsqu'il existe des facteurs de risque tel que le tabac. Son importance est indépendante du stade tumoral et du grade cellulaire. Signes d'irritation vésicale : brûlures mictionnelles, pollakiurie, mictions impérieuses. Ils sont observés dans 20% des cas. En l'absence d'infection urinaire concomitante ou de lithiase vésicale ou de tumeur vésicale évidente, la persistance de symptômes irritatifs avec ou sans hématurie doit faire suspecter l'existence d'un CIS vésical. Cystite : une infection urinaire basse chez l'homme doit faire systématiquement rechercher une TV (cystite néoplasique), même avec un ECBU positif. 2. Signes indirects dus à un envahissement locorégional ou métastatique. Il peut s'agir de : Signes d'obstacle urétéral (lombalgies, anurie). Rétention aiguë d'urine sur caillots sanguins. Signes de compression pelvienne (œdème phlébite). des membres inférieurs, 13 Diagnostic B. Examen clinique Il est le plus souvent normal pour une TV superficielle. En effet, il est rare que la tumeur soit aussi volumineuse qu'elle soit palpable par une palpation appuyée de l'hypogastre chez un patient maigre. Les touchers pelviens (toucher rectal chez l'homme et toucher vaginal chez la femme), sont systématiques. Ils recherchent une infiltration du plancher pelvien surtout lorsque la tumeur est de siège trigonal avec un envahissement locorégional important. Le reste de l'examen recherchera un globe vésical (sur caillots sanguins), un contact lombaire (hydronéphrose obstructive), ou des signes de métastases (nodule hépatique, ganglion, œdème des membres inférieurs). 14 Bilan morphologique IV - IV Échographie abdomino-pelvienne 15 Urographie intraveineuse (UIV) 16 Cytologie urinaire 16 Endoscopie vésicale (cystoscopie) 16 A. Échographie abdomino-pelvienne Examen anodin, réalisé par voie suspubienne et à vessie pleine. Elle peut montrer des végétations endo-luminales dont elle précise le siège, la taille, et le nombre. Elle précise également le degré de retentissement sur le haut appareil urinaire. Le diagnostic différentiel peut se poser avec les caillots sanguins. Une échographie négative ne permet pas d'éviter la cystoscopie lorsqu'une tumeur de vessie st suspectée Image 2 : Figure 2 : Echographie vésicale : lésion bourgeonnante pariétale 15 Bilan morphologique B. Urographie intraveineuse (UIV) L'UIV montre la tumeur sous forme de lacune vésicale (image typique) au niveau d'une partie de la vessie. Elle peut montrer d'autres signes indirects en faveur d'une infiltration de la musculeuse vésicale / une amputation d'une corne vésicale, une rigidité pariétale, ou une obstruction urétérale avec une dilatation unilatérale du haut appareil urinaire. Mais, cet examen a une sensibilité faible puisqu'une petite TV est parfois invisible. Elle reste cependant l'examen de référence pour la détection d'une tumeur du haut appareil au cours de l'évolution des tumeurs de vessie. Image 3 : Figure 3 : UIV : Lacunes intravésicales C. Cytologie urinaire La cytologie urinaire est un outil simple, rapide et peu coûteux qui permet de détecter la présence de cellules tumorales de haut grade dans les urines avec une très grande sensibilité. Cet examen est devenu de routine dans le suivi des tumeurs de vessie traitées. D. Endoscopie vésicale (cystoscopie) La cystoscopie est l'examen de référence qui permet le diagnostic macroscopique et de réaliser des biopsies de la tumeur et des zones suspectes. L'endoscopie diagnostique précise les caractères de la tumeur : siège, nombre (unique ou multiple), taille, aspect macroscopique, et type d'implantation. Elle précise également l'état de la muqueuse avoisinante. Cette exploration constitue souvent le premier temps de la résection de la tumeur (RTUV : résection trans-urétrale de vessie). Une fois on a individualisé une tumeur vésicale, une résection complète et profonde de la tumeur doit être réalisée. Cette résection a plusieurs intérêts : 16 Bilan morphologique Intérêt diagnostique : elle apporte le matériel pour une preuve histologique. Intérêt thérapeutique : en cas de TSV, une résection complète et profonde (jusqu'au muscle) peut être suffisante pour le traitement initial. Stadification tumorale pour la conduite à tenir ultérieure (grade et stade de la tumeur). Image 4 : Figure 4 : Aspect endoscopique d'une TV 17 Histoire naturelle d'une TV V - V Les TV superficielles (TVS) 19 Les TV infiltrantes (TVI) 19 La TV est une maladie de tout l'urothélium. Elle est caractérisée par sa multifocalité et sa grande tendance à récidiver sur l'ensemble de l'urothélium. D'où la nécessité d'une surveillance régulière et prolongée. A. Les TV superficielles (TVS) Les TVS posent 2 problèmes majeurs : le risque de récidive et le risque de progression. Récidive : récurrence sur un même mode (même grade et même stade) : 50% des tumeurs Ta-T1. Progression : récurrence en un stade ou un grade plus élevé (10% Ta, 30% T1). La fréquence de ces deux risques dépend surtout du grade et du stade de la TV initiale. Ainsi, les TVS sont réparties en trois sous groupes en fonction de ces risques évolutifs. Remarque Classification des tumeurs superficielles de vessie en fonction du pronostic : Faible risque : tumeur Ta grade 1 unique de moins de 3 cm non récidivée. Risque intermédiaire : Ta grade 1-2 multifocale et/ou récidivante, T1 grade 1-2. Haut risque : Ta grade 3, T1 récidivante, T1 grade 3, CIS. B. Les TV infiltrantes (TVI) Le risque de métastase et de décès est important, ce qui justifie un traitement locorégional radical. 19 Facteurs pronostiques VI - VI Facteurs cliniques 21 Facteurs histopathologiques 21 A. Facteurs cliniques a) Les métastases ganglionnaires : elles influencent beaucoup la survie à 5 ans qui varie de 0 à 20% en cas de métastase ganglionnaire régionale. b) Les caractéristiques de la tumeur : une tumeur multifocale ou volumineuse ou d'accès difficile à la résection est de plus mauvais pronostic qu'une tumeur unifocale, de petite taille et d'accès facile. c) La réponse aux instillations endovésicale de BCG : une récidive précoce (dans moins de 3 mois) après les instillations annonce une seconde récidive et une progression du stade dans plus de la moitié des cas. B. Facteurs histopathologiques a) Le type histologique : tous les carcinomes rares de la vessie (sarcomatoïdes, épidermoïdes, neuroendocrines...) ont un plus mauvais pronostic que les carcinomes urothéliaux à cellules transitionnelles. b) Le stade tumoral : les TVS sont de meilleur pronostic que les tumeurs infiltrantes. En effet, la survie à 5 ans est de 90% pour les T1, 80% pour les T2a, et moins de 20% pour les T3 et T4. c) La progression en stade : c'est un signe péjoratif. Elle est liée au caractère invasif de la tumeur et au grade histologique de la tumeur. d) Le grade : le haut grade est un signe de progression et de récidive. e) Lésions associées : la présence de CIS est un signe de mauvais pronostic puisque le risque de récidive et/ou de progression est amplifié. 21 VII - Bilan d'extension VII Bilan locorégional 23 Bilan général 23 Il s'impose devant une TVI avant tout traitement curatif radical. A. Bilan locorégional Examen clinique : TR (recherche d'une infiltration du plancher vésical), examen des aires ganglionnaires, recherche d'un œdème des membres inférieurs... . TDM abdomino-pelvienne ++ : C'est l'examen recommandé pour le bilan d'extension des tumeurs infiltrantes. Elle détermine avec certaine netteté l'extension locale par l'infiltration à la graisse péri-vésicale et l'envahissement prostatique. La TDM peut visualiser une éventuelle extension aux vésicules séminales ou à la graisse péri-rectale. En matière d'adénopathie, cet examen ne peut détecter des ganglions métastatiques que si celles-ci mesurent plus de 1,5 cm. Curage ganglionnaire ilio-obturateur bilatéral : C'est le premier temps du traitement chirurgical radical (cystectomie) à réaliser systématiquement. Il précise avec certitude l'extension ganglionnaire locorégionale. B. Bilan général Il recherche des au niveau des ganglions, l'os, les poumons et le foie. Os : scintigraphie osseuse : indiquée en cas de symptômes évocateurs (douleurs osseuses), elle montre des images d'hyperfixation. En cas de doute, l'imagerie par résonance magnétique (IRM) centrée sur les régions suspectes est très utile. Enfin, si le doute persiste une biopsie osseuse de la région suspecte avec une analyse histologique permettra de confirmer le diagnostic. Foie : l'échographie abdominale montre la métastase hépatique sous forme d'une image en cocarde. Poumons : radiothorax, et en cas de doute un scanner thoracique. 23 VIII - Traitement VIII Moyens 25 Indications opératoires 27 Résultats 28 Le traitement dépend étroitement de la classification de la tumeur en superficielle (TVS) ou infiltrante (TVI). Dans tous les cas, la RTUV constitue le premier temps du traitement de toute tumeur de vessie. A. Moyens 1. Résection trans-urétrale de vessie (RTUV) Acte diagnostique essentiel permettant de déterminer le stade et le grade tumoraux. Elle constitue également le premier acte thérapeutique. Elle s'effectue sous anesthésie générale ou locorégionale. La profondeur de la résection dépend des caractères macroscopiques de la ou des tumeurs : En cas de tumeur manifestement non invasive, une résection superficielle associée à une coagulation de la base d'implantation tumorale peut suffire. Dans les autres cas, il est nécessaire que l'anatomo-pathologiste dispose de fragments tumoraux profonds, musculaires avec base d'implantation tumorale. La résection tumorale peut être complétée par des biopsies de zone muqueuse suspecte (CIS) ou éventuellement par des biopsies systématiques en zone muqueuse optiquement saine. Les complications peropératoires sont rares : perforations de vessie et hémorragies. Les résultats de la résection sont d'autant meilleurs que la tumeur est superficielle et de bas grade : globalement, chez 80% des patients, la maladie est contrôlée par résection trans-urétrale seule (TVS à faible risque) ou associée à des instillations endovésicales (TVS à risque intermédiaire majeur de progression). Dans 20% des cas, un traitement chirurgical plus agressif deviendra nécessaire du fait de récidives. 25 Traitement 2. Instillations endovésicales Les instillations endovésicales sont utilisées en prophylaxie après résection complète d'une TV superficielle pour diminuer les risques de récidive et de progression. Deux types principaux de produits sont utilisés : La chimiothérapie utilisant la l'amétycine (mitomycine C) : qui agit par effet local cytotoxique sur l'urothélium vésical. Elle est indiquée devant les TVS à risque intermédiaire. Le schéma habituel est de une instillation endovésicale de 40 mg de mitomycine C par semaine pendant 8 semaines. Ce traitement est bien toléré et comporte peu d'effets secondaires. L'immunothérapie par le bacille de Calmette et Guérin (BCG) : qui provoque une réaction immunitaire et inflammatoire locale et, par la suite, une cytotoxicité anti-tumorale. Elle est indiquée devant une TVS à haut risque et le CIS ++. Les instillations se font à raison d'une fois/semaine durant 6 semaines pour constituer un cycle de BCG thérapie d'attaque. Un traitement prolongé d'entretien peut être efficace. La BCGthérapie endovésicale n'est pas un traitement anodin. Elle comporte des effets secondaires de gravité variable : Mineurs très fréquents (fièvre < 48h, pollakiurie, brûlures mictionnelles) résolutifs sous traitement symptomatique ± antibiotique. Sévères (BCGite urogénitale) : épididymite, prostatite granulomateuse. Majeurs dus au passage systémique du BCG dans la circulation sanguine (BCGite généralisée avec défaillance multiviscérale gravissime), imposant l'arrêt du traitement. 3. Chirurgie a. Cystectomie radicale C'est le traitement de référence des TV infiltrantes. Elle peut être proposée également aux tumeurs superficielles non contrôlées par le traitement conservateur (TVS multi-récidivantes, de papillomatose diffuse). Elle consiste à réaliser une cystectomie totale à ciel ouvert associée à un curage ganglionnaire ilio-obturateur premier dans un but de staging. Chez l'homme, la cystectomie emporte aussi la prostate et les vésicules séminales (cystoprostatectomie totale). Chez la femme, la cystectomie emporte, le plus souvent, l'utérus en totalité (pelvectomie antérieure). Certaines techniques permettent de préserver les bandelettes nerveuses latéroprostatiques permettant au patient d'espérer retrouver des érections satisfaisantes. Une urétrectomie complémentaire est indispensable si la recoupe urétrale se révèle positive à l'examen extemporané. b. Modes de dérivations urinaires 26 Après cystectomie totale, il est possible de réaliser un remplacement vésical à partir du grêle ou du colon en créant un réservoir à basse pression. Une conservation sphinctérienne en aval de l'anastomose néovéssie-urètre, permet au patient d'être continent et d'uriner par les voies naturelles. Cette continence est assurée, dans plus de 90 % des cas la journée. Les autres méthodes : Dérivations non continentes : Traitement - Urétérostomie cutanée directe. Urétérostomie cutanée trans-iléale (Bricker). Dérivations continentes : urétéro-sigmoïdostomie (Coffey) : dérivation urinaire externe continente (Mitrofanoff). 4. Radiothérapie Une radiothérapie externe seule peut être proposée, après résection endoscopique de la lésion, aux patients en mauvais état général pour lesquels une chirurgie lourde est contre-indiquée. 5. Chimiothérapie générale De nombreux essais thérapeutiques sont actuellement réalisés afin de déterminer son efficacité et sa place exacte dans le traitement des tumeurs de vessie. Les protocoles les plus efficaces utilisent la Gemcitabine et le cisplatine. Cette chimiothérapie est indiquée en cas de tumeur infiltrante, en tant que traitement adjuvant (après cystectomie) en cas de dissémination extra-vésicale de la maladie. 6. association radio-chimiothérapie L'association Radiothérapie (65 à 70 Gy en 7 semaines) et Chimiothérapie concomitante est une alternative à la chirurgie d'exérèse pour les patients inopérables ou en cas de choix du patient prévenu des résultats et inconvénients de la chirurgie. Elle peut-être proposée devant une lésion unifocale, de petite taille, limitée à la vessie (pT2), complètement réséquée. B. Indications opératoires L'attitude thérapeutique est à moduler en fonction du stade et du grade tumoraux, de l'âge et de l'état général du patient ainsi que de la symptomatologie présentée. En pratique, les tumeurs superficielles bénéficient généralement d'un traitement conservateur, et les tumeurs infiltrantes nécessitent un traitement radical. Schématiquement, on peut proposer : TVS à risque faible : RTUV + surveillance par cystoscopie à 3 mois, puis à 6 mois, puis de manière annuelle. En cas de récidives, des instillations endovésicales par Mytomycine C ou BCG peuvent être envisagées. TVS à risque intermédiaire : RTUV + chimiothérapie intra-vésicale (Mitomycine C), suivi d'une surveillance étroite. TVS à risque majeur, CIS : RTUV + immunothérapie endovésicale (BCG), suivi d'une surveillance étroite et prolongée. En cas de récidives rapprochées, une cystectomie radicale peut s'imposer. Tumeurs infiltrantes de stade >= pT2 N0M0 : Cystectomie radicale ++. Selon l'âge du patient et les symptômes présentés, il n'existe pas de conduite à tenir absolue. On admet que pour les tumeurs infiltrantes du sujet âgé de plus de 75 ans, se discute une cystectomie ou une association 27 Traitement radio-chimiothérapie après résection complète. En cas de cystite néoplasique avec hématurie incontrôlable et rétention répétée par caillotage vésical, une cystectomie dite de confort doit être envisagée. Tumeurs infiltrantes N+ ou M+ : Chimiothérapie première puis cystectomie de rattrapage si réponse complète. Cystectomie puis chimiothérapie adjuvante pour N+. C. Résultats 28 TVS (RTUV ± BCG) : Plus la tumeur est superficielle et de bas grade plus les résultats sont meilleurs. La maladie est contrôlée dans 80% des cas. Nécessité de chirurgie agressive (cystectomie) dans 20% des cas. TV infiltrantes : Chirurgie : résultats dépendent du stade et du grade. Survie à 5 ans des cystectomies : T1 : 80%, T2 : 50%, T3 : 20%, T4 : 5% N+ : 0% Radiothérapie : survie à 5 ans : 20 à 50% (TVI localisées). Chimiothérapie : réponse courte (3 à 4 mois). IX - QCM IX Exercice 1 Parmi les propositions suivantes, quelles sont celles qui présentent un facteur de risque de développement d'une tumeur de vessie ? Tabagisme passif prolongé. Des antécédents de bilharziose urinaire. Des antécédents de tuberculose urinaire. Une exposition professionnelle prolongée aux hydrocarbures Une exposition professionnelle prolongée au plomb. Exercice 2 Le type histologique le plus fréquent de l'ensemble des tumeurs vésicales est : Adénocarcinome. Carcinome épidermoïde. Carcinome à cellules transitionnelles. Sarcome. Lymphome. Exercice 3 Une tumeur vésicale qui envahit le muscle vésical profond (moitié externe) correspond, selon la classification TNM 1997, à un stade : pT1. pT2a pT2b pT3a pT3b. Exercice 4 29 QCM Quel est l'examen qui permet de confirmer une tumeur vésicale ? Echographie vésicale. Cytologie urinaire. Urographie intraveineuse. Uro-scanner. Cystoscopie + biopsie. Exercice 5 Quel traitement proposeriez vous devant une tumeur vésicale infiltrante classée G2 pT2 sur l'examen anatomopathologique des copeaux de résection chez un homme de 40 ans ? Résection endoscopique de la tumeur vésicale seule Résection endoscopique de la tumeur vésicale + BCG Cystoprostatectomie radicale Chimiothérapie Radiothérapie seule 30