«L`écharpe rouge» séduit au festival national du film de Tanger

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«L`écharpe rouge» séduit au festival national du film de Tanger
«<i>L'écharpe rouge</i>» séduit au festival national du film de Tanger
Première scène du film : on est dans un patelin en Algérie non loin de la frontière marocaine.
Louisa est sur le point d'accoucher, son mari Lahbib fait tout pour la transporter à l'hôpital. Elle
est Algérienne, lui est Marocain. Une fois Louisa au dispensaire le plus proche pour accoucher,
le mari est envoyé par les infirmières chercher une layette pour le futur bébé.
Allé chercher la layette, Lahbib ne revient jamais.
Sur la route de retour, il est intercepté par des militaires qui découvrent qu'il s'agit d'un
Marocain. Une atmosphère de guerre plane sur les lieux. Lahbib est renvoyé manu militari aux
frontières pour être expulsé à Oujda. La layette n'est jamais arrivée à bon port, mais c'est la vie
d'une famille déchirée, comme tant d'autres, qui commence. Louisa, une femme jeune et belle,
est restée en Algérie avec sa fille Aya, en butte à la solitude, et, surtout, aux harcèlements de
tous genres d'une société qui ne pardonne jamais à une femme de rester seule sans la
protection d'un homme. Elle résiste, notamment aux avances concupiscentes d'un agent
d'autorité qui use de tous les bas coups pour l'avoir à lui, ne pensant qu'au retour de son mari.
Lahbib, lui, trouve un travail dans une ferme d'un Français à Oujda, et résiste lui aussi à toute
les tentations, dont celle de refaire une vie nouvelle avec une autre femme. Les frontières entre
le Maroc et l'Algérie sont fermées, les familles séparées se retrouvent une fois par semaine
dans un no man's land, séparées par des barbelés, comme dans un parloir de prison, avec des
militaires au milieu qui montent la garde. Et Louisa, à chaque fois, brandissant l'écharpe rouge
de son mari comme un étendard face aux tourments de la séparation et aux avatars d'une
histoire jalonnée de conflits entre deux pays voisins. Est-ce de la guerre des sables de 1963
qu'il s'agit dans ce film ? Ou des expulsions en masse des Marocains d'Algérie en 1975 ? Peu
importe, le résultat est le même. Coécrite par Jilali Ferhati et Mohamed Lyounsi, l'histoire
résume d'une manière sensible et humaine les tourments de deux peuples voisins condamnés
à bouder malgré eux l'un l'autre.
Mouna Kouraichi passe, avec brio, des planches au cinéma.
Mais une figure du cinéma marocain, celle de Mouna Kouraichi qui campe le rôle de Louisa,
vient de naître. Lauréate de l'Institut supérieur d'art dramatique et d'animation culturelle
(ISADAC) depuis quelques années, c'est surtout sur les planches qu'elle a fait ses premières
armes comme comédienne. C'est Jamal Eddine Dkhissi, le directeur de l'ISADAC et le
dialoguiste du film qui l'a proposée, connaissant ses talents, à ce rôle. Absente de ce festival à
cause d'un conflit l'opposant au réalisateur, elle confie à notre site que les conditions de
tournage de ce film étaient extrêmement difficiles, "si ce n'était pas la passion que portent
certains acteurs au cinéma, cet opus n'aurait jamais eu lieu
." Yousra Tarik qui y campe le rôle de Rahma, une femme vivant à Oujda loin de sa famille
restée en Algérie, et qui s'adonne à la prostitution pour gagner sa vie, dit la même chose : "
On a travaillé dans des conditions très difficiles. Il y a même des instants où je me suis
demandée si on pouvait achever cette aventure
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." Cet opus est aussi un hommage posthume à l'acteur Mohamed Bastaoui, il y a joué l'un de
ses derniers rôles quelques mois seulement avant son décès.
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