Les notes d`information du service fiscal de Washington
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Les notes d`information du service fiscal de Washington
NU M E R O 4 A NN E E 2 0 1 6 Les notes d’information du service fiscal de Washington Mai 2016 « The US great debates on taxes » Bibliographie 1 - Tax foundation : Ten reasons the US should move to a territorial system of taxing foreign earnings (may 2011) 2 -Congressional Research Service Reform of US international taxation ; Alternatives (June 3, 2015) 3 - Congressional Research Service: Moving to a territorial income tax : options and Challenges (July 25, 2012) 4 - Berkeley research group Implications of a switch to a territorial tax system in United States ; A critical comparison to the current system –(November 2013) 5 - Center on Budget and Policy Priorities : The fiscal and Economics Risks of territorial taxation (January 31, 2013) 6 - Tax Foundation : A global perspective on territorial taxation (August 10, 2012) 7- PWc : Evolution of territorial tax systems in the OECD (April 2, 2013) La territorialisation du système fiscal américain : quelles options, quels défis ? “ We've got a tax code that is encouraging flight of jobs and outsourcing. And that's why we've specifically recommended ... that Congress change our tax code so that we stop giving tax breaks to companies that are moving to Mexico and China and other places, and start putting those tax breaks into companies that are investing here in the United States." A découvrir dans ce numéro - - - - - Les USA ont fait le choix pour un système d’imposition hybride prévoyant l’imposition selon les revenus de source mondiale. Il combine l’un des taux d’IS les plus élevé du monde et la possibilité pour les entreprises de différer l’imposition aux USA de leurs bénéfices engrangés à l’étranger tant que ceux –ci ne sont pas rapatriés aux actionnaires américains sous forme de dividendes. Les multinationales ont un incitatif très puissant pour ne pas rapatrier leurs fonds, ce qui n’est pas sans conséquence sur le niveau de leurs investissements sur le territoire des USA. Pour éliminer cet effet dit de « lock-out », certains vont jusqu’à recommander l'adoption d'un régime de fiscalité internationale davantage territorialisé. Ce débat s’est bien entendu invité dans la campagne de l’élection présidentielle américaine et se trouve exacerbé suite à la révélation d’opérations d’inversions fiscales particulièrement médiatisées. La migration vers davantage de territorialisation a ses partisans mais aussi ses détracteurs. Elle n’est qu’une des alternatives possibles à la réforme de la fiscalité internationale américaine. Le présent numéro expose les options possibles et les défis que pose cette territorialisation de la fiscalité pour la société américaine. LA VEILLE DU SERVICE FISCAL DE WASHINGTON PAGE 2 1- Les enjeux de concurrence fiscale Vous voulez comprendre les enjeux de la réforme de la fiscalité internationale aux USA et le débat sur la territorialisation : que disent les économistes de la concurrence fiscale entre états ? 3 critères sont souvent retenus pour mesurer la concurrence fiscale : l’efficience économique, le bien-être collectif et l’équité entre agents économiques. D’autres items existent : la simplicité ou la transparence juridique. L’efficience économique : les concepts de neutralité à l’exportation et l’importation des capitaux Un système d’imposition est dit efficient s’il est sans effet sur la prise de décision économique. Dans un contexte de concurrence pure et parfaite, la fiscalité introduit en effet une distorsion dès lors qu’elle influence les décisions économiques. Cela concerne en particulier les choix de localisation des investissements productifs. Si les entreprises fondent ces choix sur le critère du rendement après impôt, elles peuvent localiser leurs investissements productifs dans des pays où une fiscalité avantageuse permet de compenser une moindre productivité des facteurs utilisés. La neutralité à l’exportation de capitaux est vérifiée dans un pays lorsque le système d’imposition n’influence pas la localisation des investissements effectués par les entreprises résidentes. Autrement dit, la fiscalité ne doit pas modifier le classement des pays d’accueil selon le rendement avant impôt offert. Cela n’est réalisé que si les entreprises résidentes font face au même taux effectif d’imposition, quelle que soit la localisation de leur investissement. La neutralité à l’importation de capitaux est vérifiée lorsque le système d’imposition ne discrimine pas selon leur origine les entreprises effectuant un même investissement. Autrement dit, la fiscalité doit être la même pour toutes les entreprises présentes sur le territoire et de rendement avant impôt identique. Cela n’est réalisé que si ces entreprises font face au même taux effectif d’imposition, quelle que soit leur origine. Il est impossible, en l’absence d’un taux d’imposition commun à tous les États, de concilier ces deux concepts. La disparité des systèmes nationaux d’imposition altère nécessairement l’efficience économique des investissements transfrontaliers. - l’efficience renvoie à l’idéal de neutralité des systèmes d’imposition vis-à-vis de toute prise de décision économique ; - L’efficacité fait référence à l’accomplissement des objectifs ; - l’équité relie la charge fiscale supportée à la capacité contributive. Principe d’imposition à la résidence ou à la source Lorsqu’un État applique le principe de la résidence, il impose les revenus perçus par ses résidents, y compris ceux réalisés hors du territoire national. Dans ce cas, lorsqu’un groupe multinational souhaite établir une filiale de production, peu importe du point de vue fiscal le pays d’implantation : les bénéfices réalisés par la filiale seront de toute façon imposés dans le pays où est localisée la maison-mère. Autrement dit, le principe de la résidence garantit la neutralité à l’exportation de capitaux. Lorsqu’un État applique le principe de la source, il impose les revenus réalisés sur son territoire, y compris ceux perçus par les non-résidents. Dans ce cas, lorsque deux groupes multinationaux d’origine différente souhaitent effectuer dans l’État en question des investissements identiques (de même rendement avant impôt), ces derniers subiront des prélèvements fiscaux de même niveau et offriront par conséquent un rendement après impôt identique. Autrement dit, le principe de la source garantit la neutralité à l’importation de capitaux. L’absence de neutralité à l’exportation de capitaux déforme la répartition géographique optimale de l’investissement, la fiscalité pouvant alors modifier le choix de sa localisation ; l’absence de neutralité à l’importation de capitaux déforme celle de l’épargne, la fiscalité pouvant alors discriminer les investisseurs selon leur origine. PAGE 3 BULL pratique, les systèmes d’imposition ETIN D'INFORMATIONS DU SERVICE FISCAL panachent les principes de la résidence et En PAGE 3 en vigueur de la source. Si de manière générale les bénéfices des entreprises sont imposés dans le pays où ils sont réalisés, les revenus (redevances, dividendes, intérêts) versés par une filiale étrangère à sa maison-mère peuvent également faire l’objet d’un prélèvement à la source. Ils sont alors doublement imposés : à la source dans le pays où est localisée la filiale, et de manière naturelle dans le pays où ils sont perçus par la maison-mère. Deux mécanismes permettent de corriger cette double imposition : l’exonération et l’imputation. Mais ces mécanismes ne sont pas équivalents. L’exonération conduit la maison-mère à supporter sur ses revenus d’origine étrangère le taux de prélèvement du pays de la source, l’imputation celui du pays de résidence. Les difficultés sont en général aplanies sur une base bilatérale. Toutefois, le caractère multinational de plus en plus marqué des activités économiques conduit à la prolifération des conventions bilatérales. Cela accroît la complexité des systèmes d’imposition et, par voie de conséquence, les coûts de mise en conformité Cette distinction amène ainsi à séparer deux types de concurrence fiscale : l’une dite régulière et l’autre dite dommageable La disparité des systèmes d’imposition reflète, au moins en partie, la diversité des préférences entre contribuables d’États différents quant au meilleur rapport coûts (impôts payés) / bénéfices (biens publics utilisés). Lorsqu’un groupe multinational implante une filiale dans un pays à faible pression fiscale, il peut être confronté à un coût de production plus élevé en raison d’une offre en biens publics réduite. Son profit avant impôt s’en trouve amoindri. Une faible imposition permet alors de compenser cet inconvénient : elle est dans ce cas justifiée. Elle ne l’est plus en revanche lorsque le pays d’implantation maintient une forte pression fiscale sur les autres contribuables et, par voie de conséquence, la qualité de l’offre en biens publics. La filiale du groupe multinational se comporte alors comme un passager clandestin, puisqu’elle bénéficie de services financés par d’autres. 2- Que retenir des comparaisons internationales ? Une large préférence au sein de l’OCDE pour la territorialisation des systèmes fiscaux 28 des 34 pays membres actuels de l'OCDE, ainsi que tous les pays du G7, sauf les États-Unis, ont une forme de système fiscal territorial hybride qui exonère d'imposition les gains sur les plus actifs qui sont rapatriés des filiales étrangères sous la forme de dividende. Sur les 28 pays de l'OCDE dotés de systèmes fiscaux territoriaux, 20 pays exemptent à 100 % ces dividendes des filiales étrangères1, 8 exemptent entre 95 % et 100%. 1 : Australie, Autriche, Canada, République Tchèque, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Hongrie, Iceland, Luxembourg, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Slovaque, Royaume-Uni, Suède, Turquie Le nombre de pays membres de l’OCDE ayant opté pour un système de taxation territorial a doublé depuis 2000 ; La plupart des membres de l’OCDE dotés d’un système de taxation territorial exempte les revenus actifs gagnés par les sociétés affiliées ainsi que les produits sur les ventes de ces mêmes sociétés ; Beaucoup de ces pays ont mis en place des règles sur les CFC (Controlled Foreign Corporation) pour taxer certains revenus passifs de ces sociétés comme des revenus « domestiques » entre les mains des actionnaires concernés ; Certains membres de l’OCDE limitent l’exemption aux sociétés affiliées résidentes des pays avec lesquels ils sont liés par une convention fiscale ou qui disposent de robustes systèmes de taxation ; Deux états membres (la Finlande et la Nouvelle Zélande) ont fait migré leur système d’imposition territorial vers un système d’imposition selon les revenus de source mondiale pour ensuite revenir sur ce choix ; Les 6 états membres qui disposent d’un dispositif d’imposition selon les revenus de source mondiale ont cette organisation depuis au moins la seconde guerre mondiale. LA VEILLE DU SERVICE FISCAL DE WASHINGTON PAGE 4 3- Comment fonctionne le système fiscal américain Le système fiscal américain est un hybride. Il n’est ni fondé exclusivement sur la résidence ni sur la source des revenus. . Les activités aux USA d’étrangers domiciliés à l’étranger (« inbound transactions ») L’imposition des activités aux Etats-Unis de personnes physiques et morales qui n’y sont pas domiciliées ni résidentes est restreinte aux seuls revenus de source américaine. Les personnes physiques : selon un principe cardinal du droit fiscal américain (section 871 de l’IRC), on distingue deux catégories de revenus : - le revenu perçu par un non-résident « engagé dans une activité commerciale ou industrielle » aux USA. Ce revenu ne sera imposé que dans la mesure où il est effectivement rattaché avec l’activité commerciale ou industrielle ; - les personnes non résidentes sont en outre soumises à une imposition sur tous les revenus considérés comme FDAP (Fixed or Determinable, Annual or Periodical, gains, profits and incomes). Les personnes morales : le traitement des personnes morales étrangères, notamment des sociétés de capitaux, suit dans sa conception des principes similaires à celui des personnes physiques. Une société constituée à l’étranger est soumise à une imposition aux USA si le revenu qu’elle a généré dans cet Etat est effectivement lié à l’exercice d’une activité commerciale aux USA. Elle sera alors imposée sur ce revenu comme le serait une société domiciliée aux USA. Si le revenu ne peut être rattaché de la sorte ou si l’activité exercée ne peut pas être considérée comme un « trade ou business » américain, alors la société ne sera imposée que sur son revenu FDAP. Dans le cadre de l’imposition des foreign corporations, il faut également signaler les dispositions particulières sur la taxation des succursales américaines de sociétés étrangères, soit la Branch Profits Tax (BPT) et la Branch Interest Tax (BIT). Ces deux impôts instituent un prélèvement à hauteur de 30%, dont sont débitrices les sociétés étrangères, et qui portent sur les bénéfices de leur succursale américaine rapatriés dans l’Etat de résidence de la société dont dépend la succursale. La BPT est perçue sous réserve de l’application d’une convention en vue d’éviter une double imposition. Les revenus étrangers de citoyens américains ou d’étrangers résidant aux USA (« outbound transactions ») L’imposition des « outbound transactions » est guidée par un seul et même principe, selon lequel tous les citoyens américains, les étrangers résidant aux USA et les sociétés fondées et organisées selon le droit américain sont imposés sur leur revenu de source mondial comme s’il s’agissait d’un revenu américain. Sur un plan national, les revenus d’une filiale ne sont en règle générale pas imputés sur ceux de la société mère. L’imposition est différée jusqu’au moment de la distribution des dividendes (= système dit du Deferral). Des dispositifs anti-abus permettent cependant de taxer certains revenus passifs. Ce corpus de règles est connu sous le terme de Subpart F Income. Dans ce cadre, les dispositions relatives au crédit octroyé pour les impôts effectivement acquittés à l’étranger (Foreign Tax Credit – FTC) prennent toute leur importance évitant une double imposition effective. A noter que dès son introduction, le système du FTC a été pensé pour limiter les montants déductibles. Dans l’esprit du législateur américain, il est nécessaire d’éviter le plus possible que les impôts étrangers soient utilisés pour réduire les impôts américains sur un revenu de source américaine. Un revenu de source étrangère est ainsi toujours soumis à l’impôt le plus élevé entre l’impôt américain et l’impôt étranger. 4- Les options possibles pour les USA En fait 3 choix sont possibles : Le statu quo : conserver le système actuel du deferral ainsi que les règles de taxation des bénéfices des multinationales US engrangés à l’étranger ; Eliminer le deferral et migrer vers un système pur de taxation selon les revenus de source mondiale ; Migrer vers un système de taxation territorial avec taxation des seuls profits gagnés à l’intérieur des frontières américaines. Aujourd’hui ce débat transcende les courants politiques et les deux bancs du congrès. Pour Robert Bob Stack, (Deputy Assistant Treasury Secretary for international Tax affairs) Trois facteurs contribuent fortement à la perception d’un environnement fiscal international instable : Brookings institution DC 3 mai 2016 - La capacité des multinationales américaines de réduire drastiquement leurs impôts grâce à leurs placements offshore - La mobilité de la propriété intellectuelle et les accords de partage de prix - Le rôle des paradis fiscaux PAGE 5 BULL ETIN D'INFORMATIONS 5La revue desDUpositions SERVICE FISCAL PAGE 5 aux USA Les arguments avancés par les partisans d’un système fiscal territorialisé Des propositions déjà formulées dans un passé récent - Grubert Mutti : proposition incluse dans “ the president Bush’s advisory Panel” de 2005 En 2011, par David Camp, ancien président du comité des voies et moyens de la chambre. S’aligner sur les principaux partenaires Les principaux partenaires commerciaux des USA (Canada, Grande-Bretagne et Japon) ont un système d’imposition territorial avec exonération de l'imposition des bénéfices étrangers de leurs entreprises multinationales. La plupart a entamé la réforme de l’IS : la GrandeBretagne a abaissé progressivement son taux depuis 2011 pour le faire passer de 28% à 20%. Tirer les leçons de l’expérience japonaise Changer de système pour baisser le coût de conformité Selon the Economic Recovery Advisory Board du président Obama, la commission dite Volker, le système d'imposition des sociétés des EtatsUnis coûterait aux entreprises plus de 40 milliards $ pour se conformer. Une étude a révélé qu'au moins 40 % des coûts globaux de conformité fiscale rencontrés par les grandes entreprises américaines sont liés aux dispositions internationales du code de l'impôt des sociétés américain, et ce, alors que seulement 24 % de leurs profits provenaient de sources étrangères. L’effet dit de « lock-out » La volonté des entreprises multinationales de rapatrier les bénéfices étrangers était très sensible au niveau des taux d'imposition de rapatriement. En 1990, Hines et Hubbard ont constaté qu'une diminution de 1 % de la taxe de rapatriement est associée à une augmentation de 4% des paiements de dividendes des filiales étrangères. En 2001 Desai et Al. déterminaient que "les taxes de rapatriement pouvaient réduire les paiements de dividendes globaux de 12,8 %." En 2007 Foley et Al. observent que les charges fiscales de rapatriement incitent les entreprises à conserver plus d'argent à l’étranger. Face à des taux de rapatriement moyennement élevés, l’entreprise médiane conserve 47% de ses liquidités à l'étranger, alors que la même entreprise n’en conserve que 26% face à des taux d’imposition de rapatriement faibles. Les entreprises à forte plus-value technologique et croissance R&D y sont plus sensibles et sont les plus dissuadées de réinvestir leurs profits étrangers aux USA. Le Japon avait un système d’imposition selon les revenus de source mondiale combiné à un taux élevé d’IS. Ce système était une véritable désincitation aux rapatriements des profits offshore. Début 2000, les revenus des filiales étrangères de sociétés japonaises ont progressé à un rythme rapide, en particulier dans les marchés asiatiques. Selon le Japan Times, en 2005, les bénéfices offshore représentaient pas loin de 2,28 trillions de yen portant le montant total accumulé hors du Japon à 12 trillions. En 2008, le ministère japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie a fait part de réelles inquiétudes sur les conséquences néfastes de cette insuffisance des rapatriements sur le niveau des investissements dans les technologies innovantes. Le gouvernement japonais a donc décidé de territorialiser son système fiscal avec une exemption à 95% des profits offshore de ses multinationales. En Août 2009, le Japan Journal rapportait que les grandes entreprises japonaises avaient commencé à rapatrier leurs gains offshore. Les sociétés américaines sont pénalisées Si l’on compare les rendements après impôts d’une société américaine et une société canadienne opérant toutes les deux à 50% sur les USA et le Canada, l’on constatera que : - l’entreprise américaine qui paiera aux USA un taux d’imposition de 35 % sur ses revenus globaux (nationaux et canadiens), soit 100 $ de gains et un rendement après impôt sur de 65 $ ; - En revanche, l'entreprise canadienne paiera aux USA le taux de 35 % sur ses résultats américains et 15% sur ses résultats nationaux, soit un taux d'imposition moyen d'environ 25% et un rendement après impôts de 75$ sur 100$ de bénéfice. Les investisseurs verront la firme canadienne comme un investissement plus rentable. Un désavantage concurrentiel pèserait sur les firmes américaines. Le « capital export neutrality » (CEN) est devenu obsolète Cette théorie avait un sens lorsque les USA étaient la principale source des capitaux mondiaux et que les filiales avaient nécessairement besoin du capital de leurs parents américains pour survivre et se développer dans un marché étranger. Aujourd’hui les filiales américaines ont désormais accès aux marchés de capitaux mondiaux. PAGE 6 LA VEILLE DU SERVICE FISCAL DE WASHINGTON Les critiques de ses détracteurs 6- Quels effets réels de la territorialisation ? L’effet sur le niveau des rapatriements : le système territorial ou le rapatriement des « stéroïdes » Un système fiscal territorial revient à instaurer un « système de repatriation holiday on steroides » selon Edward Kleinbard, ancien chef de Joint Commitee on taxation (JCT), Une telle « amnistie fiscale de rapatriement» a déjà été testée en 2004. Celle-ci a permis aux sociétés multinationales américaines de payer temporairement un taux d'imposition de 5,25% sur leurs bénéfices offshore rapatriés aux USA. . dispositif était censé stimuler l'investissement national et l'emploi. Il n’en a rien été : Ce Le niveau des rapatriements (estimé communément à trois trillions de $) est demeuré modeste (moins d’un tiers) ; « L’amnistie » n'a pas produit en effet les avantages économiques estimés. Les entreprises n’ont absolument pas utilisé les bénéfices rapatriés pour investir dans les emplois américains ou la croissance, mais à des fins que le Congrès avait cherché à interdire, comme le rachat de leurs propres actions et le paiement de plus gros dividendes à leurs actionnaires ; En réalité, la plupart des avantages de ce dispositif est allée à un petit nombre de très grandes entreprises concentrées dans quelques industries. Ont pu notamment en bénéficier celles ayant mis en place des stratégies de planification fiscale très agressives. 15 entreprises ont représenté à elles-seules plus de 50 % (160 milliards $) du total des rapatriements : Pfizer, Merck, HewlettPackard, Johnson & Johnson, IBM, Schering-Plough, DuPont, Bristol-Myers Squibb, Eli Lilly, PepsiCo, Procter & Gamble, Intel, Coca-Cola, Altria, et Oracle. La moitié de ces rapatriements provenait d'entreprises implantées dans les technologies et les industries pharmaceutiques. 77 % en provenance de paradis fiscaux. Thomas Brennan de l’université de Northwestern a même démontré qu’en anticipation d’une seconde vague « d’amnistie fiscale de rapatriement », peu après 2004, le niveau des bénéfices des grandes multinationales localisés dans des pays à faible fiscalité, voire à fiscalité nulle, a considérablement augmenté. A la lumière des expériences passées, les rapatriements ne sauraient donc à eux-seuls justifier la migration vers un système fiscal territorial. PAGE 7 PAGE 7 BULL ETIN D'INFORMATIONS DUl’érosion des bases fiscales dans un régime territorial La difficulté de prévenir SERVICEun FISCAL En retenant système territorial d’imposition, les bénéfices comptabilisés dans les paradis fiscaux ou des pays à faible imposition seraient justiciables de taux d'imposition nul ou très bas aux USA. Cela donnerait aux multinationales une forte incitation à transférer artificiellement leurs bénéfices dans des juridictions à faible imposition en utilisant notamment les techniques de prix de transfert (en particulier pour les biens incorporels dont la valorisation est complexe pour les administrations fiscales) et celle de capitalisation restreinte. Des effets incertains en termes de revenus Avec le système fiscal actuel, Très peu de recettes fiscales sont collectées sur les activités à l'étranger des multinationales américaines. En 2008, dernière année où les données sont disponibles, les recettes fiscales des Etats-Unis sur le revenu de source étrangère ne représentait que 22,1 milliards $, soit seulement 3,2 pour cent du total rapporté aux revenus des sociétés soumises à l'impôt aux Etats-Unis. Ce montant est resté relativement stable au cours des dernières années. Ce faible niveau de recouvrement des impôts n’est pas surprenant compte tenu du recours par les multinationales au système du deferral et l’utilisation du crédit d’impôt étranger (FTC) . Avec le passage à un système territorial, Un système territorial augmenterait les déficits de deux manières : - les multinationales américaines paieraient moins de taxes sur leurs profits étrangers ; - un tel système encouragerait le non rapatriements des bénéfices engrangés à l’étranger ; Les estimations ne sont pas forcément simples car les facteurs à prendre en compte sont multiples y compris comportementaux. Quelques évaluations existent : l’US Treasury évalue à 130 milliards de $ le coût sur 10 ans. Le JCT à 76 milliards de $. La mise en place de cette territorialisation combiné à une baisse significative du taux de l’IS pèserait contraintsur de la On entend souvent dire que l'écart croissant entre les taux d'imposition de l’IS aux USA statutaire et à l’étranger fait à un élargissement de la base d’imposition sur compétitivité des multinationales américaines et sur l’attractivité des lieux d’investissement. Actuellement, le taux d'imposition d’autreset opérateurs nationaux, en particulier le small statutaire des Etats-Unis de 35 % est parmi les plus élevés dans le monde, cet écart n'a cessé de croître business, ce qui n’est pas neutre politiquement. Les effets sur la compétitivité Ces écarts de taux entre les États-Unis et la plupart des marchés étrangers impliquent que les multinationales américaines paieraient beaucoup plus de taxes que leurs concurrents étrangers. Cet argument serait pertinent s’il ne négligeait pas le fait les multinationales américaines ne sont le plus souvent pas imposées grâce au deferral sur leurs bénéfices offshore. . En revanche, les mulltinationales qui recourent au deferral peuvent faire face à des coûts supplémentaires non engagés par leurs concurrents domiciliés dans des pays avec des systèmes fiscaux territoriaux, notamment pour lever des fonds. 7- Les autres alternatives possibles En en substitution ou complément de la territorialisation… Fin du Deferral avec un limitation du FTC une projection des recettes fiscales induites par cette combinaison a été estimée à 64,3 milliards de $ par le Congressional Research Service Fin du système du Deferral Avec maintien du crédit pour impôt étranger pour Donald TRUMP Les positions des candidats à l’élection présidentielle se combinent pour certains avec d’autres propositions visant à combattre les schémas d’évasion fiscale et de planification fiscale agressive (inversions fiscales, sous-capitalisation….) La mise en place d’une taxe minimale Compromis entre la transition vers un système territorial et la suppression du Deferral C’est l’option proposée en 2013 par l’ancien président de la commission des finances du Sénat, Baucus, et reprise par B. OBAMA dans ses deux derniers budgets.