Synagogue Neve Shalom Istanbul

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Synagogue Neve Shalom Istanbul
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ISSN 0777-8767
LCCN 93-640990
Editeur responsable :
M.Rahmani, 25, rue Dodonée - 1180 Bruxelles
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IMPRIME A TAXE REDUITE
n° P-505246
Dépôt Charleroi X
Je ne mourrai pas mais vivrai - I shall not die but live - No vo morir ma vivir - Lo amout, ki ehie - (Ps. 118)
Google images
S y n a g og u e N e ve S h a l o m
I s ta n b u l
N° 96
25ème année
Septembre 2014
Elul 5774 - Tichri 5775
15.- €
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To u t e l ’ é q u i p e d e L o s M u e s t ro s
v o u s s o u h a i t e u n e t r è s h e u re u s e a n n é e 5 7 7 5
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Revue fondée et dirigée par
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- KORE 78 Lecture de Paroles exquises de Joseph Chetrit
1-2
Lucette Heller-Goldenberg
Qui sont les enfants cachés ? sous la direction de N. Zajde 3
Gueorgui Efron, Journal (1939-1943)
4-5
Lu pour vous par Micheline Weinstock
Sephardi Stories, on the Record, by Adi Schwartz 6-7
Nathan Weinstock
La sélection de Tamara
8-11
Tamara Weinstock
Tel : 32 2 534 98 12 - Fax : 32 2 537 76 04
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Angleterre
Julius Lyn
Belgique
Rahmani Moïse
Weinstock Micheline
Weinstock Nathan
Weinstock Tamara
Canada
Haim Vitali Sadacca
Espagne
Dr. Edery Benchluch José
Hollande / Israël
Prof. Liba Moshé
France
Abravanel Nicole
Heller-Goldenberg Lucette
Russo Albert
Prof. Séphiha Haïm -Vidal
Italie
Fintz Menascé Esther
Macédoine
Osmanli Tomislav
Turquie
Sharope blanco
USA
Bivas Albert
Edito
Traduizido al Espanyol-Sefaradi
Haïm -Vidal Séphiha
English translation
Lyn Julius
53, av. de Boetendael - Bte 9
B-1180 Bruxelles
Moïse Rahmani
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Decastaecker Vincent - Franco Isaac
Liba Moshé - Weinstock Nathan
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- 3 -M a t a n e l
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S O M M A I R E
Ont collaboré à ce numéro
Los Muestros - Secrétariat
NOUVELLE ADRESSE
NEW ADDRESS
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N° 96
Septembre 2014
Muestros
N°5775
96
Elul 5774 - Tichri
Couverture :
Synagogue Neve Shalom
Istanbul
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Couverture
Synagogue Neve Shalom - Istanbul
4
Los
Edito
Un message de S.M. le Roi d’Espagne Don Felipe VI
5
Avec ce numéro, nous entamons notre vingt-cinquième
année.
6
Moïse Rahmani
Etre sépharade aujourd’hui
7
Moïse Rahmani
Traduizido al Espanyol-Sefaradi
8
Haïm -Vidal Séphiha
English translation
9
Lyn Julius
Kualu demandar mas al Dio ?
10
Isahar Avzaradel z"l
Anniversaire
Los Muestros entre dans sa 25è année
11
Quarter of century of noble dedication
12
Tomislav Osmanli
Himno al sefaradizmo
13
Sharope blanco
Hommage à Los Muestros
14
Lucette Heller-Goldenberg
25 ans et beaucoup plus
14
Nicole Abravanel
Communauté
Mi viaje por El Rif « Cuatro Torres de Alcalà » 15-18
Dr. José Edery Benchluch
Histoire
How Sabbatai Zevi, the self-proclaimed Messiah,
shook the world
20-23
Nathan Weinstock
Dos Judíos de Marruecos en la formación de la
Comunidad Portuguesa de Ámsterdam
30-35
Prof. Moshé Liba
Opinion
We are some million refugees, “Jewish refugees”. 19
Albert Bivas
Les chrétiens en terre d’islam, des dhimmis
24
Lucette Heller-Goldenberg
Poésie
Los Muestros - The rose tree
36
Albert Russo
“Un Amor Kon Sentidos De Un Pintor”
39
Haim Vitali Sadacca
Humour
Le judéo franco-arabe. Humour égyptien
37-38
Albert Bivas
Rhodes
Una su settanta
25-29
Esther Fintz Menascé
Los Muestros N° 96
I s ta n b u l
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C O U V ERTU R E
Synagogue Neve Shalom
Intérieur de la Synagogue Neve Shalom
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Istanbul - Photo: WikiMedia Commons
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ieu de rassemblement de la communauté séfarade, elle compte parmi les plus
importantes synagogues de la ville. Elle fut victime d'attentats à trois reprises au
cours de son histoire : en 1986, en 1992 et en 2003
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Avec le développement de la communauté juive des districts de Pera et de Galata
(aujourd'hui regroupés dans le district de Beyoğlu) au cours des années 1930 s'impose
très vite la nécessité de concevoir un lieu de culte apte à accueillir l'ensemble de ses
membres. En 1938, c'est dans une salle de l'école primaire juive de la rue Büyük Hendek que sont célébrés les offices, mais cette solution apparaît rapidement insuffisante.
La construction d'une grande synagogue est décidée le 24 avril 1948, le début des travaux intervenant un an plus tard. Deux jeunes architectes turcs, Elyo Ventura et Bernar
Motola, sont chargés de les superviser. Ils dessinent les plans d'un vaste édifice à plan
centré, s'articulant autour d'un large dôme octogonal, l'ensemble s'inspirant visiblement
de l'architecture traditionnelle ottomane. La salle de prière est bordée de collatéraux
supportant des tribunes où les femmes prennent place durant les offices (mekhista). Au
total, l'édifice peut accueillir près de 2000 fidèles. (Source Wikipedia)
-4-
Los Muestros N° 96
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U n m e s sa g e d e S M l e r oi d ’ E sp a g n e D on Fe l i p e VI
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Los Muestros N° 96
Avec ce numéro, nous entamons notre vingt-cinquième année.
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Qui l’eût dit, qui l’eût cru ?
“Etre Sépharade de nos jours” est un texte écrit à nos tous débuts. Il est aujourd’hui
encore, et même plus que jamais, d’actualité.
Nous remercions Sa Majesté le Roi Felipe VI, monarque de cette Espagne chère à
notre mémoire et à notre cœur, pour son affectueux message. Il honore ainsi notre action. Notre gratitude va à toutes celles et à tous ceux qui ont contribué, par leurs écrits
et leurs traductions, à faire de Los Muestros ce qu’il est : un pionnier excellent.
Notre reconnaissance va à tous nos lecteurs disséminés aux quatre coins du monde. Ce
n’est que grâce à leur amical soutien que cette exaltante aventure continue.
A tous, du fond du cœur, merci.
With this issue we begin our 25th year.
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Who would have said, or believed it?
“To be a Sephardi today” is a text we wrote in our very origins. It is more relevant
than ever.
We thank His Majesty King Felipe VI, King of Spain - a Spain whose memory we
cherish - for his affectionate message. He honours what we are doing.
Our thanks go to all those who by their writings and translations have contributed to
making Los Muestros what it is - a pioneering publication of excellence.
Our appreciation goes out to our readers, dispersed to the four corners of the globe. It
is only thanks to them that this exhilarating adventure carries on.
To all of you, from the bottom of my heart, thank you.
Kon este numero de muestro Journal, empesamos al ventisinken anyo de
muestras aktivitades !
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Ken lo diriya I ken lo kreeriya !? " Ser Sefaradi, en muestros diyas", era un eskrito de muestros empesijos. Oy esta aktual dayinda. I mas ke siempre...
Reingrasyamos Sus Majestades Felipe VI, Rey de esta Espanya kerida a muestra memorya I a muestro korason para Sus message karinyozo. Honora de esta manera
maestro lavoro.
Muestra gratitude yega a todos I a todas ke kontribuaron kon sus eskritos I sus traduksyones para konseguir un ekselente jurnal pionero : LOS MUESTROS
Tambien munchas grasyas a muestros keridos I fideles lektores dissimulados en los
kuatro kantones del mundo... Es grasyas a sus amistozos apoyo ke muestra exaltante
aventura .sigue existiendo..
A todos, del fondo de korason.. Grasyas.
Moïse Rahmani
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Los Muestros N° 96
E DITO RIA L
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Être sépharade aujourd'hui
Je tente, au fil des années, de débroussailler le terrain en donnant un aperçu, rapide et lacunaire du monde
sépharade tel qu’il se présente. Mais il est important, pour le lecteur, qui ne s’est pas nourri de cette culture
si vivifiante et qui me fait l’amitié de me suivre depuis près de quinze ans de comprendre ce que veut dire
être sépharade aujourd’hui.
Chacun a, bien entendu, sa propre vision. Laissez-moi vous livrer la mienne, évidemment lacunaire.
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Être sépharade aujourd'hui, c'est avoir le soleil en soi. Il nous materne tous mais, pour le sépharade, il revêt
une sensibilité particulière. C'est le soleil emporté, pour beaucoup d'entre nous, de cette Espagne qui fut et
nous est encore chère, soleil enrichi de celui de l'Empire ottoman, additionné d'une touche de celui qui illumine les Balkans, berce la Grèce, caresse l'Italie ; il s’ennoblit par celui d'Israël vers lequel convergent nos
regards et nos cœurs.
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Être sépharade aujourd’hui, c'est porter en soi un peu de cette péninsule ibérique qui, à un moment funeste
de son histoire, n'a plus voulu de nous. C'est remplacer le souvenir douloureux de Ferdinand et d'Isabelle
par celui, plus ancien, d’Alphonse VI l'empereur des trois religions.
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Être sépharade aujourd'hui c'est avoir en soi cette hildageria, cette noblesse chevaleresque qui fait le charme
de cette Tiera de Sefarad toujours chère à nos âmes et que cinq siècles d'absence n'ont pas altéré dans notre
mémoire collective. Comme l’affirmait un notable stamboulite à un notable salonicien : « chaque Sépharade
est un prince », mais sans jamais oublier qu’être prince n’octroie que le droit de servir. Il crée des devoirs et
si parfois le Sépharade regarde de haut son semblable c’est pour mieux l’aider à se relever.
ef
Être sépharade aujourd'hui, c'est maintenir cette langue, seul trésor emporté en 1492. C'est encore la parler
et l'enrichir comme toute langue vivante, en hispanisant des mots autres.
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Être sépharade aujourd'hui, c'est tenter d'être, comme nos aïeux, un pont entre les civilisations. Nos ancêtres
de l'École des Traducteurs de Tolède ne furent-ils pas le trait d’union entre les civilisations latine et arabe
apportant à l’une et à l’autre la connaissance et le savoir ?
Être sépharade aujourd’hui, c'est se souvenir, sans en tirer gloriole, que nos grands poètes et nos grands
penseurs, issus de cette terre dont ils ont vanté la douceur, ont contribué à sa grandeur. C’est essayer de
suivre, à notre mesure, leurs traces.
Être sépharade aujourd'hui, c'est savoir se pencher pour mieux écouter l'autre. C'est lui prêter une oreille
compatissante et sincère, c'est essayer, toujours, de ne jamais rendre le mal pour le mal sans tolérer l'injustice ni la méchanceté. C'est défendre le faible et l'opprimé et protéger la veuve et l'orphelin.
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Être sépharade aujourd'hui, c'est vibrer pour son histoire, c'est transmettre sa culture, c'est s'affirmer universel.
Être sépharade aujourd'hui, c’est avoir le sens de la fête et pouvoir la faire, même avec un rien. C’est saisir
toute circonstance et provoquer toute occasion de fêter ce qu’on veut, quand on veut, où l’on veut. Pour le
seul plaisir, le sien et celui de l’autre.
Être sépharade aujourd'hui, c'est avoir la joie de vivre chevillée au corps et louer D.ieu en ponctuant chaque
phrase d’un be ezrat Hachem, grâce à D.ieu, si kyere el D.yo, Mach’Allah en hébreu, en français, en arabe
ou en judéo-espagnol. Même pour l’agnostique ou l’athée.
Être sépharade aujourd'hui, c’est avoir le sens du partage et de l’honneur. C’est s’être abreuvé à une double,
à une triple culture et l’avoir synthétisé en une particulière, la nôtre.
Être sépharade aujourd'hui, c’est être le sel qui donne le goût au pain. Les Chrétiens, sont la farine, les Musulmans le levain. Ou est-ce le contraire ? De cette union est né le pain. Les Sépharades, les Juifs sont le sel
et le pain est devenu meilleur.
Être sépharade aujourd'hui, c'est être Juif, tout simplement.
-7-
Moïse Rahmani
Los Muestros N° 96
E DITO RIA L
To be a Sephardi today
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Over the years I've been trying to beat a path through the jungle, to give a swift and superficial glimpse of
the Sephardi world as it standsat the start of 2004. For those readers who have not been reared on a culture
so invigorating and who have kindly followed me these 15 years, it is important to spell out what it means
to be a Sephardi today.
Each has his own idea of course. Let me give you my less-than-perfect interpretation.
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To be a Sephardi today is to have sunshine within. The sun mothers us all, but it has a soft spot for the Sephardi. It's the sun many took with us from Spain, which was and is so dear to us, made brighter still by the
sun which glows on the Balkans, swaddles Greece, strokes Italy.
It is dignified by the sun of Israel to which our faces and hearts are drawn.
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To be a Sephardi today is to carry within oneself a corner of the Iberian Peninsula, which at a dark moment
of its history did not want usanymore. It is to substitute painful memories of Ferdinand and Isabella with a
more ancient memory of Alfonso VI, the emperor of three religions.
ar
To be a Sephardi today is to have within oneself that hidalgueria, that chivalrous nobility so attractive
about the Tierra de Sepharad still dear to our souls. Five centuries of absence have not altered our memory
of it. As one prominent 'stambouli' said to a prominent 'salonikli': every Sephardi is a prince. Never forget
that being a prince grants you only the right to serve. It creates duties. If the Sephardi sometimes appears to
be looking down on his neighbour it is only to help him rise to his level.
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To be a Sephardi today is to preserve a language - the sole remaining treasure we brought with us in 1492.
It is to speak it still and as with any other living language, enrich it by hispa-nicising words.
To be a Sephardi today is to be like our ancestors, a bridge between civilisations. Were our ancestors from
the School of Translators in Toledo not the link between Latin and Arab civilisations, transmitting science
and knowledge?
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To be a Sephardi today is to remember without vanity that our great poets and thinkers, from a land whose
gentleness they extolled, added to its glory. It is to trace their footsteps at our pace.
To be Sephardi today is to know how to bend, the better to listen. It's to lend a sympathetic and sincere ear.
It is never to repay evil with evil or tolerate injustice and malice. It is to defend the weak and the oppressed
and to protect the widow and the orphan.
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To be a Sephardi today is to be moved by one's history, to transmit one's culture, to declare one's universality.
To be a Sephardi today is to have a sense of fun and to make a party out of nothing. It is to make a celebration at any time, for any reason, if, when and where one feels like it. Just to please oneself and one's neighbour.
To be a Sephardi is to have a great sense of joie-de-vivre and to praise God by punctuating each sentence
with 'Be ezrat ha shem', 'thank God', 'si kyere el Dyo', 'Mashalla', in Hebrew, English, Arabic or JudeoSpanish. Even agnostics and atheists do it.
To be a Sephardi today is to have a sense of sharing and honour. It is to have drunk from two or three cultures and to have synthesized them into a special one - ours.
To be a Sephardi today is to be the salt which gives the bread its taste. The Christians are the flour, the
Muslims the yeast. Or is it the other way around? They blend together to make bread. The Sephardim, the
Jews are the salt. The bread tastes better.
To be a Sephardi today is simply to be a Jew.
Moïse Rahmani
English translation: Lyn Julius
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Los Muestros N° 96
E DITO RIA L
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Ser Sefaradi oy
A lo largo de los anyos vo esforsandome de espajar el terreno dando una idea global, rapida i superfisial
del mundo sefaradi tal komo se prezenta en este empesijo de 2004. Ama es emportante para el meldador, ke
no se kriyo kon esta kultura tan arrebiviente i ke me asigura de su amistad de seguirme dezde serka de
kinze anyos para entender lo ke es un sefaradi oy.
Siguro ke kada uno i uno tiene su vizion propia. Deshadme darvos la miya i no sin guekos.
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Ser sefaradi oy, es tener el sol en si. El mos meshe a todos, ma para el sefaradi, el viste una sensibili-dad
partikolar. Es el sol yevado, para munchos de mozotros, de akeya Espanya, ke mos fue tan en-tranyavle ,
sol enrikesido por akel del Imperio Otomano, kon anyadidura del ke alumbra los Balkanes, meshe la Gresia, akarinya la Italia. I ke se ennovlese kon akel de Israel verso el kual van todas muestras miradas i muestros korasones.
Ser sefaradi oy, es yevar en si un poko de esta Peninsula Iberika ke, en un momento preto de su estoria, no
mos kijo . Es reem-plasar el rekodro dolorozo de Fernando i Izabel por el, mas antiguo, de Alfonso VI el
Emperador de las tres relijiones.
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Ser sefaradi oy, es tener en si akeya idalgiya, akeya novlesa kavayereska ke da su enkanto a akeya Tierra
de Sefarad siempre kerida de muestras almas i ke sinko siglos de absensia no dezmodra-ron en muestra memoria kolektiva. Ansina komo lo afirmava un givir estamboli a un givir salanekli : " Kada Sefaradi i safaradi, es un princhipe ", ama sin nunka olvidar ke el princhipe solo akorda el derecho de servir. El kriya doveres i si en vezes el Sefaradi mira kon altigueza a su semejante es para ayudarlo a abediguarse.
ef
Ser sefaradi oy, es mantener akeya lingua, uniko trezoro yevado en 1492.Es kontinuar avlandola i enrikesiendola komo toda lingua biva, ispanizando biervos de otros.
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Ser sefaradi oy, es provar de ser, komo muestros avot, un puente entre las sivilizasiones.I no fueron muestros avot de la Eskola de Trezladadores de Toledo akel atadero entre las sivilizasiones latina i araba ,
trayendo a kada una o una el konosimiento i la saviduriya ?
Ser sefaradi oy, es akodrarse, sin gaava, ke muestros grandes poetas, muestros grandes pensadores, nasidos
en akeya tierra de la ke kantaron la dulsor, kontribuyeron a su grandor. Es provar de seguir, kon muestros
modos i maneras, sus kaminos.
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Ser sefaradi oy, es saver abokarse para mijor sintir al otro. Es atorgarle un oyido piyadozo i sinsero , es
provar, siempre, de no responder por el mal a el mal sin tolerar indjustisia i maldad .Es defender el desfuersado i el oprimido i mamparar a la bivda o al guerfano.
Ser sefaradi oy, es vibrar para su estoria, es transmeter su kultura , es afirmarse universal.
Ser sefaradi oy, es tener el senso de la fiesta i saver azerla, mizmo kon una nada. Es aferrar kada akontesimiento i provokar toda okazion de festejar lo ke keramos, kuando keramos i ande keramos. Solo por plazer , para si mizmo o para el otro.
Ser sefaradi oy, es tener la alegriya enklavada en el puerpo i alavar al Dio akompanyando kada fraza de un
be ezrat H'ashem, grâce à Dieu, si kiere el Dio, Mash Alla'h en ebreo, en franses, en arabo o en djudeoespanyol. Mizmo para el agnostiko o el ateisto.
Ser sefaradi oy, es tener el senso del espartimiento i del kavod. Es aver bevido en dos, tres kulturas i averlas sintetizado en una partikolar, la muestra.
Ser sefaradi oy, es ser la sal ke da su savor al pan. Los Kristianos son la arina, los Muzulmanos el lievdo.
O, puede ser, lo kontrario. De esta union nasio el pan.. Los Sefaradim, los Djudios son la sal i el pan se izo
mijor.
Ser sefaradi oy, es semplemente ser Djudio .
Moïse Rahmani
Traduizido al Espanyol-Sefaradi : Haïm-Vidal Sephiha
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Los Muestros N° 96
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Kualu puedi mas darmi el Dio
Kuandu todo ya mi dio ?
Mujer ermoza
Dulsi i kerensioza,
Ki, kon su boz armonyoza
Mi kanta, I mi inkanta.
Ijos ermozos
Inyetos maraviyozos.
Kualu puedi mas darmi el Dio
Kuandu todo ya mi dio ?
Patria maraviyoza
Ke, el ken eya bivi, se la goza.
Solo una coza
Ainda no mi dio el Dio
La paz, ke tanto mos prometio.
Una paz verdadera,
Una paz sinsera,
Kon siguridad entera,
Paz eterna, para el puevlo djidio
Esto solo, demando al Dio,
Ke, ayinda no mos dio.
rg
Kualu demandar mas al Dio ?
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Isahar Avzaradel z"l
Ashod 10.10.94
S h a n a To v a ! Ti z k u l e s h a n i m r a b o t !
B o n n e e t h e u re u s e a n n é e à t o u s !
A n i a d a b u e n a i a l e g re a t o d o s !
H a p p y N e w Ye a r t o a l l o f y o u !
- 10 -
Los Muestros N° 96
L o s M u es t r o s e n tr e d a n s s a 2 5 è a n n é e
PAR SYMPATHIE
S HANA T OVA
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Vico Levy
et famille—Bruxelles
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France
Shana Tova
Melvin
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Shana Tova
T IVOLY S.A.
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Shana Tova
Boutique Julie
Par sympathie
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S HANA T OVA
Elie Hasson
et famille
A LTEXIMEX
Elise Hasson
Shana Tova
Danest SA
Marc Wolf
Par sympathie
Shana Tova
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et famille
Plastoria
Suzanne et David Hasson
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F a m i l l e W a js
S h a na To v a
Shana Tova
Victor Hasson
et famille
Heureux séjour
Maison de retraite israélite
Sodecaf
Par sympathie
De Croock
Par sympathie
M A I S O N R O L AN D H A N K AR
Légumes - groenten
Fruits primeurs
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Los Muestros N° 96
L o s M u es t r o s e n tr e d a n s s a 2 5 è a n n é e
Quarter of century of noble dedication
Tomislav Osmanli, Writer - Skopje, Republic of Macedonia
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This is the nicest possible opportunity to show - together with my sincere
congratulations - all of my respect and gratitude for the gifts they privileged me and
my literary work with, including the culture
and I belong to.
ad
Which are the causes for this noble
feeling? First, it is the quality of the work
on the field of the universal and multilingual affirmations of the Sephardic language, history and individuality within the
integral Hebrew culture, unceasingly being
done with eagerness, dedication and thus –
especially in these last hard times - with
personal sacrificing of the small in number,
but dynamic equip gathered around Mr.
Rahmani. Secondly, it is the fact that I have
been privileged not only by the publishing
– text by text – of my whole book of stories
and novellas “A Lantern for Hanukkah” (2008), but also with the second publications of two of my short stories and novellas dedicated to the holocaust tragedy of
the Jewish people from the wider Balkan
region – that had been published in JudeoEspagnol: in the magnificent translation of
Mme Shapore blanco, a most precious, delicate and discrete, and in the same time professional and emotional interpreter to Ladino.
of the Republic, as well as in her additional
inspirations given to my literary work. Mr.
Moise Rahmani and his collaborators from
the “Los Muestros” and the Sefarad.org
felt, as they to for so many people of the
Sephardi community, how important it was
to me so commemorate the our perished,
beloved close ones.
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I
feel as a privileged author. My continuously deepened, years long cooperation
with the magazine Los Muestros and
the cultural and informative system of the
Sepharad.org, makes me most proud as an
author and a collaborator of the dynamic
activity of Mr. Moise Rahmani, the editor
of my most respected periodical and I can
now freely say – my respectful friend from
the wide inter/cultural field.
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ar
May this be just the first of the
many quarters of centuries of the Sephardi
culture to which the activity of Moise Rahmani and his firm and energetic equip is of
immeasurable importance. These 25 years
of work and dedication are one of the guarantees for preserving the Sephardi culture
and identity in the wide and complex
framework of the old but also diverse Jewish culture. May this quarter of century be
the first among many future ones of the
beautiful and fruitful Sephardi cultural project. May the Sephardi cultural identity and
its media live a long, not only sustainable,
but widely and strongly supported and developing life.
Mazal tov, dear Moïse!
And, last but not least, I am blessed
with their both, professional and personal
respect of my friends from Brussels and
from the Sephardi archipelagos spread
world widely: their kind commemorating of
the personality of my late wife Snezhana
Osmanli, feeling how important was her
role: in her philo-Semitic impulses in her
professional political life conducted
in Macedonia as an Adviser to the President
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Mazal tov dear colleagues!
Tomislav Osmanli
Los Muestros N° 96
L o s M u es t r o s e n tr e d a n s s a 2 5 è a n n é e
H i mn o a l s e f a r a d i z mo
A
Sha rop e bla nco - e l 9 d e Junio 2014 en Bodrum
Los konversos fueron dezgrasyadamente kastigados
Los ke fueron baptizados ma guadraron sus
uzos
Fueron arastados, juzgados i kemados bivos...
La inkizisyon firyo i los Judyos fueron egzilados…
rg
ndalusia, Asturia, Aragon
Katalunya, Kastilya i Leon...
Oygo sus gritos en mi korason
Tierras ke relimant Yehuda i Shimon....
ad
Mi nonika kontava lo ke saviya de su aguela
En la dulse lingua de Sefarad tan leshana....
Kantava komo las madres kantavan en Granada
Baylava komo las novyas baylavan en Sevilla.
Oy, yo tengo los anyos de mi nonika
Digo a miles i a miles mi amor por la Espanya...
Eskrivo historyas i poeziyas en mi lingua
"Sefaradimuestro" illumina, briya komo una
estreya.
ar
Toko a mis rekuerdos, leshos en mi chikes
Veygo mi nonika asentada, yo esto en pies
Del brazero saltan senteyas, se tostan los
panes
Los komemos kon manteka, uvas sekas i
muezes.
.o
Mis tierras en la dulse Sefarad
Muestras kazas derrokadas sin piadad
Sus ventanas oskuras i serradas
Las guertas ande se engrandesen espinas...
w
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ef
Dospues.... Dospues sus ojos se mojan
Tiene ojos de mar... Una dolor...i sus ojos yoran
Kuando me konta ke grandes barkos mos
yevan
Pasamos diyas en mar fina ke en un puerto
mos deshan.
w
w
Dospues... Dospues me konta mas : Sefarad
aparese
Ke splendido payis....Sus flores, su sielo, aya
una fuente...
Sus palasyos, los muros i el kastilyo arriva, en
el monte
El viejo simetaryo judyo, la chika sinagoga en
el Este.
Muestros bisaguelos antes mas de kinyentos
anyos
Desharon atras sus bienes, sus lavoros i sus
keridos
No kijyendo inyegar la Ley i sus santos Estudyos
Refuzaron la Kruz, otras kreensyas i ser Christianos.
"Sefarad org." es su muy amada ermanika
El tiempo bola i la vida es muy kurta
Ventisinko anyos pasaron des del primer
diya !
Ventisinko anyos de lavoro, ventisinko anyos
de glorya...
Biva "Sefarad org." dedikado al Sefaradizmo !
"Sefarad org." la alma de Moise i de su ekipo !
Biva "Los Muestros" ke mos yama por este
anniversaryo !
Munchas grasyas por el esfuerso i un grande
applozo !
Keridos, no somos mas ke un punyado...
El Holokausto mos korto las alas i el reflo...
Kon todo lo ke pasimos i el duro destino
Devemos aunarmos, sostenermos i siguir adelantando......
Sharope blanco
el 9 de Junio 2014
en Bodrum
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Los Muestros N° 96
L o s M u es t r o s e n tr e d a n s s a 2 5 è a n n é e
L
Hommage à Los Muestros
rg
os Muestros est la courageuse aventure intellectuelle d’un homme, à la recherche de
lui-même, de son passé, de son imaginaire, de ses rêves de fraternité.
Moïse Rahmani ne nous plonge pas dans le passé par nostalgie. Son souci d’explorer
l’histoire des juifs séfarades, grâce à différents témoins immergent le lecteur dans un monde
révolu.
ar
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.o
Los Muestros ressuscite le parler coloré des juifs d’antan, le djudezmo, une langue agrémentée de proverbes et d’expressions imagées qui ne sont plus usités dans le monde actuel.
Nous découvrons chansons, légendes et récits anciens, images de synagogues détruites ou
de quartiers juifs désertés, saveurs de plats oubliés, humour au charme désuet…
Sans lui, cette mémoire sombrerait dans l’oubli, et nous aurions perdu une richesse incommensurable, tant il est vrai que le passé alimente notre présent et façonne notre avenir.
L’histoire mouvementée des juifs séfarades, acteurs et héritiers de l’Age d’Or espagnol est
une évocation riche d’enseignement qui pourrait aider à construire un monde de diversités et
de mélanges de cultures, un exemple d’ouverture vers une civilisation qui a eu ses défauts,
mais a aussi connu des heures de gloire.
Hommage à Moïse Rahmani, un des muestros qui a consacré sa vie à la publication de cette
revue, une pierre dans la citadelle du monde.
ef
Lucette Heller-Goldenberg
Directrice du Cahier d’Etudes Maghrébines
Nice, août 2014
25 ans et beaucoup plus
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L
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a rencontre avec Moïse Rahmani, avec le grand rabbin M. Lévy, avec Los Muestros,
fut un grand moment de ma vie. Elle me permit de donner sens aux bribes de la transmission. Mes parents avaient trouvé refuge au Congo belge dans une ville où une
partie de la population était porteuse du judezmo. En décembre 1942 mon père et ma mère
sont à Estoril attendant la bateau. Ils sont passés par l’Espagne et le Portugal. Le pourquoi,
nous le savons tous, mais le comment n’a jamais été transmis. Les livres de Moise Rahmani
et la constante interpellation de Los Muestros m’ont permis de soutenir mon propre effort
pour donner sens à cette histoire.
Aujourd’hui, à la veille d’un colloque qui se tiendra à la rentrée 2014, le 15 septembre, à
l’Unesco sur le thème « Parcours judéo-espagnols et patrimoine »en Méditerranée », dont le
but est de porter la visibilité de notre culture, je voudrais saluer le travail immense accompli
depuis 25 ans avec amitié et un profond, chaleureux et fidèle sentiment de reconnaissance.
A moi, comme à beaucoup, Moïse Rahmani a ouvert des portes. Les portes d’une autre approche du passé. Il y a dans notre culture un rapport étroit entre la sociabilité, la proximité
des âmes, et les réalisations dont elle peut se targuer. Moïse Rahmani par son puissant et
généreux effort, en donnant une voix à nous tous, los muestros, en rassemblant une équipe
diverse et précieuse, a donné son épaisseur et sa couleur à cette tradition, et l'a faite vivre.
Nicole Abravanel
Université de Picardie Jules Verne
Études hébraïques - Juillet 2014
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Los Muestros N° 96
M i v ia j e po r E l R i f :
COMMUNAUTÉ
« Cuatro Torres de Alcal Á »
Po r e l D o c t o r J o s é Ed e r y Be n c h l u ch
rg
900 metros de altitud antes de llegar a Ketama,
con una importante población entonces de españoles por su guarnición de tropas de Regulares.
De la ciudad de Chauen podéis tener una interesante información sobre sus orígenes y sus
judíos en mis artículos en www.acamlukus.es
pinchando en ciudades, y entre estas en
Chauen, donde aparecerán los diferentes artículos relacionados.
.o
P
En Ketama hicimos un alto en el camino, pues además de la preceptiva parada había
que cambiar una rueda al autobús, percance
bastante corriente en aquellas épocas. Aprovechamos para visitar y tomar un tente en pié en
su famoso Parador de Turismo, desde cuyo
comedor se divisaba la excepcional belleza de
sus montes con sus robustos e imponentes cedros, algunas de cuyas cimas todavía permanecían nevadas. Divisándose a lo lejos el
histórico “Llano Amarillo”, denominación por
sus millares de flores silvestres de color amarillo, que fue el escenario en las conocidas maniobras y reuniones militares previas al llamado
“Alzamiento Nacional” del 17 de julio de 1936.
Y a unos 3 kilómetros estaba la estación de sky
pero el encargado nos dijo que estaba cerrada y
los remontes parados a pesar de los múltiples
turistas españoles y algunos franceses que pernoctaban en el Parador.
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ocos antes de la Independencia de Marruecos, cursando mi segundo año de estudios de Medicina en Granada y residiendo mi familia desde hacía poco tiempo en
Tetuán, mi padre (David) que ejercía de profesor de español en la Escuela Profesional
ORT, decidió durante la Semana Santa en que
regresé por vacaciones a la “Ciudad de las
Fuentes” o Tseltaun en árabe, viajar a la costa
rifeña para ver a unos amigos y que yo conociese la región. Sus amigos vivían en una pequeña localidad de la costa del Rif, a 35
kilómetros al norte de Targuist, que se denominada entonces Cuatro Torres de Alcalá (o
popularmente “Torres de Alcalá”) y que en la
actualidad tras la Independencia del país se llama “Kalah Iris”. Lo que me iba permitir conocer además en ese año de 1956 los poblados
rifeños de Targuist y el renombrado Ketama
con sus famosos cedros y Parador de Turismo.
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Desde la calle Mulay Abdellah donde
vivíamos en Tetuán por detrás del Cine Avenida, atravesamos la Plaza de Mulay el Mehdi (o
“del Primo” como se la llamaba usualmente refiriéndose a su antiguo nombre de “Primo de
Rivera”) y en la cercana estación de autobuses
con sus magníficos murales pintados por el célebre pintor granadino afincado en Tetuán Mariano Bertuchi nos subimos a un autobús de la
compañía “La Valenciana”. Y menos mal que
era nuevo el vehículo, pues el trayecto de algo
más de 200 kilómetros que nos esperaba, pasando por Chauen hasta Targuist como segunda
etapa del viaje, era una estrecha y mal pavimentada carretera con continuas curvas, o mejor dicho todo curvas. Y que gracias a los
olores tan intensos de muchos viajeros, sus pertenencias y mercancías transportadas, te sofocaba de tal manera que te impedía marearte. Al
poco tiempo de salir de Tetuán, a la derecha de
la carretera, se encontraba la región donde
vivían la tribu de los Beni Yder,(“hijos de
Eder”) mis ancestros judíos bereberes arabizados que procedían de la zona de Larache,ciudad
que probablemente crearon y oriundos del valle
del río Draa en el sur marroquí.
Tras una breve escala en Chauen la siguiente parada era el pintoresco poblado de
Bab Taza (no confundir con Taza) a más de
En el año 1964, pocos años después de
la Independencia, en un viaje a Alhucemas o
Al Hoceima por el Rif, me paré con mis amigos para pernoctar en Ketama, ocho años después del viaje con mi padre. Viajé en mi nuevo
coche Peugeot 404 en compañía del Doctor
Anice Saadi reputado cirujano de Casablanca
oriundo del Líbano, y de la Doctora Franca
Mortara conocida internista de Agadir de origen milanés (su padre había sido varias veces
campeón del mundo de petanca en su versión
“la longue”). Habíamos tomado como punto de
partida para el Rif la carretera que partía desde
Ouazane a Chauen hasta el cruce de Derdara
próximo a Chauen. El viaje lo habíamos iniciado en Arbaua, poblado en la antigua frontera
del protectorado hispano francés donde yo residía.(Ver mi obra “Viajando por el Magreb” en
el capítulo III “El exilio y confinamiento del
médico español en Arbaua). Desde Derdara re-
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Los Muestros N° 96
M i vi aj e p or El Ri f :
« C u a t ro To rr es de Al ca l Á »
C O M M UN AU T É
Po r e l Doc to r Jos é Ed e ry B en chl uch
rg
Cuatro Torres de Alcalá, la actual
Kalah Iris es un pueblo a orillas de Mediteráneo frente al Peñón de Velez de la Gomera,
equidistante en la costa unos 50 kilómetros
entre Alhucemas al este y al oeste El Jebha, actual nombre del que fue “Puerto Capaz” durante el Protectorado. A Cuatro Torres así como al Peñón muchos escritores árabes la denominan Badis de los Gomara; aunque según
me explicó mi padre no podía ser que Cuatro
Torres fuese el famoso e histórico puerto de
Badis. Ciudad y puerto que algunos autores
hacen corresponder a este enclave con la Parientina romana, aunque a esta varios escritores de la época romana la sitúan como o cerca de Russadir (Melilla). Lo más probable es
que la Badis árabe estuviese ubicada no muy
lejos de Kalah Iris, entre esta ciudad y El Jebha; y que ciertamente fue el puerto comercial
más importante con Europa del reino de Fez
durante el siglo XIV, disminuyendo su funcionamiento en los siguientes siglos.
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El Parador de Ketama donde nos hospedamos en tres de sus veintiocho habitaciones, en contraposición a mi viaje anterior
presentaba y se respiraba un ambiente de abandono y tristeza con apenas unas cuantas personas alojadas (recuerdo solamente a una pareja
francesa y una familia española); posiblemente
porque lo estaban ampliando o remodelando.
Lo positivo era que el panorama paisajístico
continuaba siendo de excepcional belleza divisándose además del anterior viaje, la entonces reciente “Carretera de la Unidad” creada
a raíz de la Independencia con la colaboración
de voluntarios de todo el reino; y que con 155
kilómetros une Ketama con Fez.
Alcalá: “La Gaceta del Rif ” y “La Valenciana”. Nos decidimos por esta segunda, que
aunque bastante destartalada y casi para el desguace todavía nos pareció mejor que la de la
otra compañía. Por una carretera regular y asfaltada hasta el poblado de Ait Tief y continuando por una pista carrozable durante unos
30 kilómetros llegamos por fin quebrados y
halqueados a “Cuatro Torres”, que era también
como la denominaban sus habitantes.
.o
cuerdo que bifurcamos a la carretera general en
dirección a Bab Taza; poblado este donde la
carretera fue ascendiendo atravesando Bab Bered a 1240 metros de altitud y Bab Besen a
1600 metros, hasta llegar a Ketama situada a
unos mil quinientos metros de altitud en las estribaciones del macizo de Djebel Tidighin de
2456 metros de altura.
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Volviendo al primer viaje con mi padre.
Tras salir de Ketama y haber atravesado el paso
del Tizichen con sus casi 1600 metros de altura
llegamos a Targuist donde nos apeamos. Poblado entonces de unos 2000 habitantes que fue
el último refugio en 1926 del líder independista
rifeño Abdelkrim el Khatabi. Como estaba
atardeciendo y no había prevenido de su viaje
(en aquellos tiempos era casi habitual) a sus
amigos en Cuatro Torres, mi padre decidió hacer noche en el pueblo. Nos alojamos en el Hotel Nacional situado en la calle Queipo de Llano y cenamos en “Casa Luna” ubicada en la
pomposamente llamada “Avenida” de Francia,
cuyo edificio era también hotel o pensión.
Antes nos habíamos acercado al edificio de telégrafos en la calle José Antonio para telefonear a sus amigos de que llegábamos al día siguiente; habiéndonos cruzado durante el
trayecto con una población donde predominaban los españoles, siendo la mayoría militares.
Por la mañana, tras desayunar con unos
deliciosos churros en el hotel, nos informamos
que desde Targuist habían dos líneas de autobuses que comunicaban con Cuatro Torres de
Cuatro Torres de Alcalá se encuentra
ubicada en las cercanías de una vieja y ruinosa
fortaleza construida por los portugueses, situada sobre una eminencia del litoral playero, que
conservaba todavía durante nuestro viaje
“cuatro torres” mal conservadas y de donde
procede su denominación. En el centro de la
fortaleza observamos una quinta torre semicircular pero nos dijeron que era de construcción
reciente. Desde el exterior del recinto se veía
hacia abajo la playa de arena oscura probablemente por las fuertes mareas y resacas de esos
días; y desde donde comenzaba un espigón de
piedra de unos 30 metros de longitud que se
utilizaba de embarcadero. Mi padre para no
molestar a sus amigos en su tradicional hospitalidad, decidió antes de visitarles reservar alo-
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Los Muestros N° 96
M i vi aj e p or El Ri f :
« C u at ro T or re s d e A l c al Á »
C O M M UN AU T É
Por el Do cto r Jo s é Ed e ry B en chlu ch
rg
cuando se instaló definitivamente en Melilla le
pusieron el apodo de “Guercif ” prescindiendo
o ignorando que su pueblo natal era Cuatro
Torres de Alcalá. Regresaban a sus hogares para las fiestas religiosas, y generalmente con los
asnos o mulas cargadas de mercancias, provisiones, regalos, duros hassanis o pesetas.
.o
Y ni que decir tiene que dominaban
el shilha (dialecto bereber) rifeño denominado
“tarifit”, hablaban bastante bien el castellano,
comprendían y se hacían entender en el árabe
dialectal y poseían una extensa y profunda cultura del hebreo siendo la inmensa mayoría tradicionalmente practicantes ortodoxos y buenos
“meldadores”(lectores y recitadores de libros
sagrados). Me comentaba Isaac Benzaquen
(falleció en Madrid en 2003), entre sus
múltiples anécdotas, que en los pequeños poblados donde apenas vivían judíos, era un
acontecimiento la visita del buhonero o ditero
correligionario. Y que en cierta ocasión visitando un pequeño poblado bastante aislado, se
alojó en casa de un conocido y habitual cliente
que acababa de tener su treceavo hijo varón y
no sabía que nombre aplicarle en la circuncisión donde se habían congregado muchos
judíos de los pueblos cercanos. Así que para
salir de la guajlá (problema o dilema) y considerando que la llegada de su amigo era por el
mektub (destino), le puso el nombre de Isaac,
nombrando al amigo. Pues hay que tener en
cuenta, que aunque religiosos, el judío rifeño
en consonancia con su entorno regional y cultural era supersticioso. Característica esta que
han heredado sus descendientes instalados
principalmente en Melilla y que encontramos
en muchas de sus costumbres, actos o en sus
tradicionales festividades.
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jamiento en el único establecimiento de hospedaje del pueblo titulada “La Pensión Baez”,
que aunque pequeña las habitaciones eran limpias y soleadas.
Al salir para ir a visitar a sus amigos
nos llevamos una gran sorpresa al recorrer las
pocas calles del pueblo: ¡¡ Casi todos los
transeúntes eran judíos ¡¡. Con los amigos de
mi padre nos reunimos en el domicilio del Señor Benadiba que creo que era el padre o el tío
del que fue el Rabino Principal de Ceuta durante décadas Rebí Isaac Benadiba; y con el
que años después en Madrid comentamos este
encuentro dándome al mismo tiempo muchos
detalles de su pueblo natal y habitantes. El
mektub o destino hizo que años después encontrase a uno de los amigos, David Benamu,
instalado en Ceuta con un prospero negocio y
casado con una simpática larachense, Mercedes Cohen. Pero donde el mektub más coincidió fue en que con otro de los amigos presentes en la reunión de Cuatro Torres, Isaac
Benzaquen Corzcia, ZL (Su Memoria Bendita)
terminando el siglo XX nos encontramos viviendo en Madrid; y a pesar de nuestra diferencia de edad nos hicimos sinceros y afectivos
amigos al igual que con su familia residente en
la capital.
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Los judíos del Rif y los que conocí entonces en Cuatro Torres, en su mayoría eran
buhoneros y/o diteros o ambas a la vez. Profesión secular y tradicional de los judíos asquenazis en Europa, y que también se prodigaba
en Marruecos y principalmente en el Rif, habiéndose extendido en el medievo entre los
judíos sefarditas en la Península Ibérica. Los
judíos del Rif iban de poblado en poblado vendiendo, fiando a plazos, comprando o intercambiando mercancías; efectuándose los intercambios principalmente con sus correligionarios; y las compras y mayoritariamente las ventas con sus paisanos regionales musulmanes.
Pasaban largas temporadas fuera de sus domicilios viajando y alojándose en los pueblos en
casas de correligionarios donde tradicionalmente eran bien acogidos, sobre todo los
viernes por la tarde y el sábado. A veces pasaban largas temporadas en un pueblo determinado, como fue el caso de Isaac Benzaquen en el
poblado rifeño de Guercif; hasta el punto que
A la tertulia organizada de amigos se habían unido dos correligionarios que
aunque tenían sus comercios en el Peñón,
vivían en Cuatro Torres. Se llamaban Moisés
Cohen y Moisés Pinto y tenían tiendas en el
Peñón de ferreterías, y de loza y porcelana.
Había diariamente, como si fuese una misma
ciudad, un continuo trasiego humano e intercambio comercial entre los habitantes del
Peñón y de Cuatro Torres; así como periódicamente con las ciudades de Puerto Capaz, Villa
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Los Muestros N° 96
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« C u a t ro To rr es de Al ca l Á »
C O M M UN AU T É
Po r el Do cto r Jo s é Ed e ry B en chlu ch
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Desde el autobús que nos conducía a Villa Sanjurjo se divisaba la playa; y a
poca distancia de esta y del pueblo a nuestra
derecha ve veía casi tocando la costa la isla del
Peñón de Vélez de la Gomera, con una población de alrededor de 400 habitantes. Mejor dicho como era en horas de marea baja, el islote
estaba unido a tierra firme por una ancha franja de arena formando una península, a semejanza del monte Saint Michel. El islote fue
ocupado por el español Pedro Navarro en
1508, pero pocos años después los habitantes
de Badis la reconquistaron hasta que los turcos
la conquistaron a mediados del siglo XVI. Durante mucho tiempo fue un nido, refugio y
base naval de estos piratas que asolaban las
costas españolas y se llevaron a Argel miles de
cautivos españoles que vendían como esclavos. Hasta que Felipe II en 1564 con tropas comandadas por García de Toledo conquistó definitivamente la isla. Al igual que en el Peñón
de Alhucemas, España durante el Protectorado
instaló en el Peñón de la Gomera un centro penitenciario.
Marruecos en el “Tercer Año Triunfal”). Licenciado por la Facultad de Medicina de Granada
1961 y Especialista en Urología. Diplomado en
Medicina Tropical. D. de Historia. Ha sido:
Campeón Nacional de Catecismo (Padres Astete y
Vilariño) en 1952 de la Provincia Bética, Marruecos, Colonias y Plazas de Soberanía en el
Congreso Eucarístico Internacional de Barcelona.
Médico oficial de la Embajada de España en Marruecos. Presidente de la Beneficencia Española en
Marruecos durante 12 años. Cirujano de los hospitales Canterac de Kenitra, Español de Tánger, Lustau de Ouxda y El Escorial en Madrid. Presidente
de la Comunidad Israelita de Rabat y Salé(Breve
período). Responsable Provincial de la Asociación
Musulmana de Beneficencia “Ain Akhaka” en Rabat. Vicepresidente y Secretario General de la Bené Berit en España durante dos legislaturas. Creador y Director de los Servicios Médicos del Ministerio de Asuntos Exteriores durante tres décadas.
Actualmente Presidente de la ACAM “Asociación
de Amigos en Marruecos”. Posee entre otras altas
condecoraciones la Gran Cruz del Mérito Civil (la
primera concedida en este siglo a un sefardí) concedida por su Majestad El Rey que otorga a perpetuidad el tratamiento de “Excelentísimo Señor”.
.o
Sanjurjo, Melilla y Chauen. Tras varias horas
reunidos y paseando, y como Isaac Benzaquen
tenía que viajar a Melilla donde se proveía demercancías y vivía parte de la familia; mi
padre anuló la reserva de alojamiento y sacamos billetes en “La Valenciana” para continuar viaje a Villa Sanjurjo. Antes de partir los
amigos nos confirmaron que la casi totalidad
de la población de Cuatro Torres, exceptuando
a unos pocos funcionarios españoles, eran
judíos de origen rifeño.
Durante todo el viaje no paré de tomar notas en la pequeña libreta que por consejo de mi padre llevaba conmigo para apuntar
detalles; pues me explicó que con el tiempo se
suele borrar nombres y fechas. Datos que
siempre he conservado y que gracias al consejo paterno me ha proporcionado una excelente
ayuda para mis artículos y libros. Pero el viaje
que continuamos a Villa Sanjurjo, la actual Alhucemas, es otro baydaber (“historia”) cuya
descripción será objeto de otro de “Mis viajes
a Alhucemas”.
Dr. José Edery Benchluch
En Madrid mayo de 2014
El Doctor José Edery Benchluch nació en
Larache en 1938 (ex Protectorado de España en
- 18 -
[email protected].
Los Muestros N° 96
W e a re s om e m i l l i on re f u g e e s,
“ J e wi s h r e f ug ee s ”.
OPINION
Albert Bivas
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age of 12 to help his family when his father’s
business went bad. It seems that he was the
brother who did the most at that time; other
brothers were younger or had their own agenda.
Later even after he was married and had a family, he and his brothers continued to help his father and other member of the family that needed
help. My father was not an extremely wealthy
man, he worked for a living, and his business
had its ups and downs, yet he “shared” fully with
other members of his family and with the community. My mother was very understanding,
indeed very magnanimous toward his family
who could be at times annoying and manipulative. It is in later years and in retrospect as I observed the attitude of some of them that
I realized it. Of course my mother with her good
and generous nature would deny it.
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Y
ES! Indeed! We are refugees. We are
Jewish refugees. We are all Jewish refugees, Jewish refugees from Arab countries, some million of them… refugees, victims
of an international Middle East policy that include the partition of Palestine into a purported
Jewish and an Arab homeland, two states created
from one country by an “international” community/entity led by individuals who have placed
themselves as “supreme” judges and deciders to
dictate to us what is a nation, a state or a country
according to their own choice based on their self
-interest, ignorance and neglect for others.
ar
We were neglected and worse. We were despised, humiliated, hurt and insulted, left to miseries to cope by ourselves without any help and
even with barriers imposed on us by some insensitive, uncaring, even perhaps nasty individuals
if not entire societies, societies which perhaps at
time did try to be humane toward us.
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We should all to tell our stories for people to
know the truth. Perhaps then, they will try to
help, to remedy, to compensate, to redress the
inequities as much as it can be done, to reinstall
at least a minimum of justice as it can be humanly done (some 60 years - over one-half of a century later) and as G-d will allow and help to do it
until Mashiah and the final redemption when all
will be made completely whole and perfect.
I read in the Zohar that when a prominent
member of the community, indeed perhaps any
member of the of the community fall on their
luck, it is incumbent upon the community to
help them to restore them to their position. Unfortunately, I felt at times that our community at
large, our international Jewish community, has
failed.
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I was born in Egypt. My father was also born
in Egypt. My paternal grandfather was also born
in Egypt. My paternal grandmother was also
born in Egypt. We were all born and originated
from Egypt or that region. My mother was born
in Palestine. My maternal grandmother was also
born in Palestine and my maternal grandfather
was born in Syria. That country, countries and
region were our home. We were Egyptian nationals. They did not take our nationality away.
We were not treated generally any worse than in
many other countries or places. We were all conationals. We were indeed victims of international politics, strategies, negotiations and expediencies.
My father was a respected stockbroker and a
leader in the Jewish community of Egypt. He
had worked his way up from the bottom of his
profession. He cared and helped his community.
He helped his family. He started to work at the
We tried all to find a country where we could
rebuild our lives, or a semblance of it as is in
many cases. We may have tried one or two
countries or places until we somehow succeeded, settled in one of them. Often in none we
were really able to reconstruct fully our lives, we
just did the best we could and learned to be happy with what we were getting, hoping and trying
to do better. Yet many did not do it. The older
they were, the less likely they were to do it.
Younger ones had their lives disrupted and
changed too, unable to return completely to their
ways.
Are we assisting to another Jewish Holocaust? Our countries of origin are devoid of
Jews. We were dispersed throughout the world.
From some millions Jews in that region, all communities disappeared. From those communities
dispersed throughout the world, many have left
the fold, were lost to our communities in some
ways or others. How many are left? What did
happens? If this was not a physical holocaust, it
seems to be a spiritual holocaust as some people
call it and even consider it worst.
Albert Bivas
- 19 -
Los Muestros N° 96
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Messiah, would lead back the Ten Lost Tribes
to the Holy Land, "riding on a lion with a seven-headed dragon in its jaws", march on Jerusalem and rebuild the Temple. And, pending
the issue of this mission which had been entrusted to him – or so he said –, as the longawaited Redemption was imminent he ordered
his devotees to violate a series of Jewish legal
prescriptions.
It was finally in Smyrna, during the Jewish New Year of 1665, that he publicly declared himself in the Portugese synagogue - the
bastion of his opponents - to be the expected
Messiah. He broke into the prayer house,
wielding an axe after having smashed the entrance door, followed by some 500 fanatical
followers. His solemn proclamation was accompanied by the blowing of horns, while the
assembled multitude yelled : "Long live our
King, our Messiah!". In no time Sabbatai became the sole leader of the community and he
used his newly won power to crush the opposition. This enabled him to depose the much respected local rabbi Aaron Lapapa since he had
managed to enlist many prominent rabbis
among his followers. Jewish leaders, such as
the prominent Talmudist Solomon Algazi, who
were shocked by his radical innovations, were
hounded by his followers and compelled to
flee for their lives.
ad
[In 2011 our regular contributor Nathan Weinstock published an annotated French translation of an XVIIIth century account in Yiddish
of the extraordinary case of the “False Messiah” Sabbatai Zevi. The author of this manuscript, Leyb ben Oyzer Rosenkranz, was the
former shames (sexton) of the Ashkenazi synagogue in Amsterdam, who initially fell under
the influence of the would-be Messiah himself.
As we felt this extraordinary tale would interest our readers we requested Nathan to summarize this unbelievable tale for Los Muestros].
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H I S TO I R E
How Sabbatai Zevi, the self-proclaimed Messiah,
shook the world
Nathan Weinstock
The Cabalist who proclaimed himself the
Messiah
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In 1666 Sabbatai Zevi, a young Cabalist
born in the Turkish city of Smyrna (now Izmir)
in 1626, who had previously established himself in Salonica - which was at the time a center of cabalist lore - and Jerusalem, gradually
attracting crowds of listeners and gathering a
circle of adherents, proclaimed himself to be
the long-awaited Jewish Messiah, no less. A
few years before, he had befriended Raphael
Joseph Halabi who held the high position of
mint-master and tax-farmer in Cairo and became a supporter of his Messianic claims. Acting on Sabbatai’s request, this wealthy and influential Jewish magnate agreed to forward the
funds needed to pay the heavy taxes imposed
on the Jewish community of Jerusalem by the
Turkish officials, an achievement which, understandably, boosted Sabbatai’s prestige in no
mean measure.
When he triumphantly returned to Palestine, passing through Gaza, Sabbatai met Nathan Benjamin Levi (known since then under
the name of Nathan of Gaza) who became as it
were his “prophet”, professing to be none other
than the reincarnation of Elijah, the precursor
of the Messiah. Nathan “the Prophet” announced that the Messianic age would begin in
1666 and Sabbatai spread this announcement,
adding that he intended to place the Sultan's
crown on his own head, would conquer the
world with “Elijah” without bloodshed and
reassemble the Jews scattered in the various
kingdoms of the Diaspora. And then he, the
The charisma of the would-be Messiah
It is hard to believe how intensely his popularity grew and the extent to which his messianic claims were believed. Such was the incredible wave of enthusiasm stirred by Sabbatai Zevi’s announcement stating that he was
none other than the Messiah incarnate that all
the Jewish communities of the Orient were
positively swept away by a delirious burst of
enthusiasm. Not merely in the Near East or in
North Africa but as far away as Yemen. And in
no time the tsunami won over the Jewish centers in Europe: the Sephardi community of
Hamburg enthusiastically endorsed Sabbatai’s
extraordinary claims; Glikl from Hameln, author of delightful memoirs in Yiddish, describes Ashkenazi Jews from her own family
preparing to sell their property and travel to
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Los Muestros N° 96
How Sabbatai Zevi, the self-proclaimed Messiah,
shook the world
Nathan Weinstock
The would-be Messiah behind bars
The final apostasy
rg
In fact, such was the intensity of the general tumult generated by Sabbatai’s antics in
the Turkish Empire that the Ottoman Sultan
Mehmed IV felt himself compelled to put an
end to the feverish exaltation that had gripped
the population. On September 1666 Sabbatai
was brought before him and given the choice:
he could either embrace the Islamic faith or
lose his head. The would-be Messiah didn’t
hesitate one second. He threw himself on the
ground, cast away his Jewish garb and donned
the green turban, signifying that he accepted
conversion. Whereupon he was rewarded: the
title of Mehmet Effendi was bestowed on him
and he was appointed royal doorkeeper of the
Sultan with a high salary. This spectacular
apostasy undeceived most of his followers.
But not all of his disciples. Some of his
admirers refused to concede that he was a
fraud. Such was the ascendancy that he exerted on them that they were convinced that his
conversion was a ploy or some sort of mystery
concealing an unfathomed mystery. As to the
steadfast believers, they either followed in his
steps and accepted conversion to Islam (some
300 families) – and these converts gave rise to
the Jewish-Muslim sect of the Dönmeh
(Turkish for converts) - or else they somehow
kept faith in their leader, assuming that someday he would untangle the mystery behind his
strange antics. Meanwhile they strove to find
some sort of explanation for his behavior in
the Cabala. There were also some who feigned
having rejected his message while secretly
keeping faith in their master.
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Palestine; in the Netherlands too, the Jews of
Amsterdam heard about the startling events in
Smyrna from trustworthy Christians; in Avignon (a Papal enclave in Southern France), the
Jews were seen to be preparing themselves to
sail to the Holy Land; and Samuel Pepys noted
that in London, Christians were betting huge
sums of money on the probability of the impending restoration of a Jewish Kingdom.
Indeed the Jews were not the only ones to be
carried away by the frenzy: the charisma of
the would-be Messiah also made itself felt
well beyond the ranks of the Jewish community, among Muslims and Christians.
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Sabbatai then left Smyrna for Constantinople (Istanbul), the capital of the Ottoman
Empire. But on his arrival the grand vizier,
Ahmed Köprülü, ordered his immediate arrest
whereupon he was imprisoned in the castle of
Abydos upon his arrival. However, he was
subjected to an extremely lenient treatment,
probably secured by means of the bribes paid
by his rich followers. Thanks to the enormous
sums they sent to him he displayed a truly royal splendor in the castle. And, if anything, his
incarceration seems to have strengthened his
circle of devotees in their messianic beliefs.
Meanwhile, they hastened to spread fabulous
reports concerning the miraculous deeds
which "the Messiah" was said to be performing behind bars. So far from diluting the messianic expectations, the treatment meted out to
Sabbatai would appear to have raised them to
a still higher pitch. By now there was no end
to the “innovations” in breach of the most holy
Jewish prescriptions introduced by the socalled Messiah: transforming the fasts of the
Seventeenth of Tammuz and the Ninth of A v
(his birthday) into feast-days and suggesting
that the Day of Atonement be converted to one
of celebration.
Unraveling the threads of the Sabbatean
heresy
Nor was this by any means the end of the
story. During the XVIIIth century the avowed
and secret circles of Sabbatean sympathizers
were to give rise to a new – but in many ways
similar – heresy, that of Jacob Frank (17261791), a Jewish nihilist who would ultimately
lead hundreds of his Polish followers to convert to Catholicism in 1759 and 1760. One of
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Los Muestros N° 96
rg
tastical doctrine proclaiming the holiness of
sin. Sabbatai actually perverted the traditional
morning prayer in this sense: according to his
blasphemous rewriting of the 18 Benedictions, the Lord was no more to be blessed for
freeing the captives (matur assurim) but for
allowing what was forbidden (matir issurim)!
As for Frank, he conceived a bizarre theory
according to which the Shekhinah (Divine
Presence) was a virgin (almah or betulah) in
an obvious attempt to reconcile his views
with the Catholic figure of the Holy Virgin.
Yet another metamorphosis of Sabbatean
Messianism should be recalled here: in October 1700 some 1.500 Ashkenazi Jews landed
in the Holy Land under the leadership of two
leaders of the Sabbatean heresy, Juda Hassid
et Hayim Malakh. So we see that a faction of
the disciples of the False Messiah turned into
forerunners of Zionism…
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the distinguishing features of both of these
schismatic factions was the fascination exerted on their followers by antinomic doctrines,
i.e. standpoints that ran counter to the accepted legal rules, standards and principles, especially pertaining to sexuality.
This can traced back to their utopian vision of the Redemption (the reasoning was
that with the coming of the Messianic era the
traditional rules governing Judaism would not
apply anymore), inspired by a - highly questionable - interpretation of the Cabalistic concept of the shattering of the vessels (originally
meant, according to Rabbi Luria of Safed, to
contain the emanation of God's light, a truly
cataclysmic event which leads chaos to erupt
into the heart of our spiritual, conceptual,
moral and psychological structures), which
also contains an erotic aspect : Hayim Vital,
Luria’s main disciple, envisioned the vessels
as being located in the womb of the cosmic
mother). Indeed, the mystical Messianism of
the Safed Cabalists implied a sort of revolutionary transfiguration of the existing world
(tikkun olam).
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How Sabbatai Zevi, the self-proclaimed Messiah,
shook the world
Nathan Weinstock
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Leyb ben Oyzer description of the impact
of the Sabbatean frenzy on Amsterdam
Jewry
The strange paths followed by the heretics:
Revolutionists and forerunners of Zionism
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This disoriented apocalyptic vision, inspired by a twisted, garbled and perverted
interpretation of Jewish Messianic mysticism
and esoterism, finally led the Sabbatean and
Frankist dissenters to endorse a radical form
of nihilism which blended harmoniously with
the revolutionary currents in an age of upheaval. Something of this strange mixture can
be traced back in the thoughts and actions of
quite a few nineteenth and early twentieth
century Jewish revolutionaries and intellectuals. It is no coincidence that a prominent
Frankist, Moses Dobrushka (aka Franz Thomas von Schönfeld) joined the French revolutionists under the name of Junius Frey and
was beheaded together with Danton in 1794).
Finally, since the advent of the Messianic
meant that the overturning of the existing order, the believers of both the Sabbatean and
the Frankist heresies finally developed a fan-
Gershom Scholem has left us a breathtaking description of the Sabbatean frenzy
during the XVIIth century in his epochmaking book (Sabbatai Zevi: The Mystical
Messiah, 1626-1676) which is unquestionably
the reference on the subject. But the mere fact
that in this standard account of the would-be
Messiah he refers no less than 94 times to
Leyb ben Oyzer’s “Portrait of Sabbatai Zevi”
is in itself an indication of the importance of
this little-known Yiddish document.
The author, Leyb ben Oyzer Rosenkranz,
was not only the shamash of the Ashkenazi
synagogue of Amsterdam but also ne’eman
(rabbinical notary). Being a very learned and
competent man – and the author of a special
Hannukah hymn which was introduced in the
local ritual in 1702 – he had been entrusted
with several delicate missions by his community. He wrote his (unfinished) “Portrait of
Sabbatai Zevi” in 1711. Both the Sephardi
and Ashkenazi communities of the city – including their Rabbis and leaders – had fallen
under the spell of the would-be Messiah (as
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Los Muestros N° 96
rg
did the author meticulously collect all the
relevant documents, he actually took the trouble of reproducing the Hebrew text of the letters and proclamations he quotes as well as
their translation.
Finally, Leyb ben Oyzer did some research himself , interviewing the former Sabbatean missionary Nehemia Cohen (an apostate like his master), members of Sabbatai’s
family, a friend of Sara (Sabbatai’s frist
wife), a servant of Sabbatai and two Polish
rabbis who had travelled to Turkey and visited the would-be while he was imprisoned.
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late as 1714 the Haham Tsvi, a dissenting
rabbi who denounced Sabbatai as a an impersonator, was hounded out of the city): special
prayers for the “Messiah” were read out
aloud, Sabbatean prayer-books were published, new fasting-days were introduced,
people neglected their jobs and rich merchants got ready to sail to the Holy land in
order. And in July 1666, a long Yiddish poem
exalting Sabbatai was published under the
title “A charming song for the Messias”.
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How Sabbatai Zevi, the self-proclaimed Messiah,
shook the world
Nathan Weinstock
An early example of a Yiddish historical
chronicle
The peregrinations of a manuscript
Leyb ben Oyzer passed away before having had the time to finish off his essay. Later
on, the Rosenkranz family sold the manuscript to Eliakim Carmoly, a Hebrew scholar
who also became the first Grand Rabbi to be
appointed in Belgium in 1832 after the country gained its independence (being a Belgian
myself, that was the detail which aroused my
attention and decided me to undertake a
French translation…). Much later, the manuscript was acquired by the Hebrew poet Bialik who handed who it over to Zalman
Rubashov (the later Israeli President Zalman
Shazar), a keen student of Jewish mysticism.
Although Rubashov undertook a Hebrew
translation of the text, unfortunately did not
live to see it published in Israel together with
the Yiddish original source.
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At the period when Leyb ben Oyzer
wrote his account, several Yiddish historical
chronicles were published in Amsterdam
which by then had become the main center of
Yiddish publishing center. Leyb himself confesses that for very many years he actually
believed in Sabbatai’s mission. But finally,
40 years after his apostasy, he came to the
conclusion that the would-be Messiah must
have been an instrument of Samael - the Devil. His manuscript can be viewed as a moving
attempt of self-analysis as he strives to understand how he came to be fooled as well as a
warning against impostors.
On which sources did Leyb ben Oyzer
rely in order to draw up his account? Aside
from the information he gathered as a trusted
member of his community enjoying free access to its archives, he made good use of the
press. And since Amsterdam was a leading
commercial metropolis, several excellent
newspapers were distributed in the city. He
also relied heavily (some would say excessively) on the detailed report drawn up and
published in Holland in 1669 by Thomas
Coenen, a Protestant clergyman officiating in
Smyrna as spiritual advisor of the Dutch expatriates. Coenen’s description of what he
termed “idle expectations” of the followers of
Sabbatai Zevi is a remarkable and extremely
well-documented piece of work. He had personally witnessed the rise and fall of the
False Messiah and interviewed several of the
persons involved in the adventure. Not only
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Nathan Weinstock
Los Muestros N° 96
Les chrétiens en terre d’islam,
des dhimmis
OPINION
Lucette Heller-Goldenberg
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Or, le Statut de la Dhimma qui s’applique aux
gens du livre, juifs et chrétiens, fait partie du
Coran, et donc de la charia. En vertu de ces
lois, les chrétiens comme les juifs qui vivaient
en terre d’islam furent, depuis la naissance de
l’islam, des dhimmis, des « protégés » donc,
tolérés certes, mais toujours discriminés, et
souvent torturés, voire massacrés. Ce Statut
était appliqué avec plus ou moins de virulence selon les époques et les pays concernés.
La Colonie mit fin à ce Statut infamant, mais
aux Indépendances, dans la deuxième moitié
du XXe siècle, la religion musulmane redevint officiellement religion d’Etat. A cette
époque, ce sont essentiellement les juifs qui
connurent à nouveau un sort peu enviable
dans les pays musulmans où ils servirent de
bouc émissaire pour masquer toutes les difficultés économiques et politiques des pays
nouvellement indépendants.
A l’époque de l’exode massif des juifs, je n’ai
pas souvenir d’une prise de conscience internationale, ni unilatérale d’aucun pays, face à
cette catastrophe humanitaire. Les juifs
étaient privés de passeport et ne pouvaient
sortir que clandestinement, ou par un accord
tacite très onéreux. Des millions ont été versés pour permettre leur départ qui s’effectuait
de nuit, parfois sur des embarcations de fortune, et nombreux périrent en route, sur le
chemin de la liberté. Ils quittaient leurs pays,
abandonnant tous leurs biens, parfois avec
une valise, mais souvent sans rien, devant
laisser au dernier contrôle jusqu’à leurs alliances.
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L
a communauté internationale s’émeut,
à juste titre, du sort réservé aux chrétiens en Irak, et plus largement dans
les pays musulmans. D’aucuns, pour ne pas
risquer d’être considérés racistes, s’évertuent
à distinguer les islamistes, fanatiques radicaux de la masse des musulmans, plutôt tolérants.
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Il est vrai que le sort d’un million de juifs,
comparé à celui de la Shoa, occulta cet épisode douloureux qui n’est pas encore pris en
compte par la majorité des historiens. Les
livres de Bat Y’éor, de David Littman, de
Paul Fenton, de Schmuel Trigano n’ont pas
réussi à attirer l’attention de l’opinion publique sur cette tragédie. On fit même des
critiques acerbes des documents rassemblés,
jugés exagérés et peu crédibles. On mit en
doute les exactions commises au nom de la
dhimmitude, une histoire vraie qui provoque
pourtant encore un déni presque généralisé.
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A la suite de la naissance d’Israël en 1948,
très vite fut instaurée la loi du retour pour tout
juif persécuté dans le monde et désireux de
trouver asile et refuge en terre sainte. 80%
des juifs marocains y furent accueillis alors
qu’ils formaient la plus grande communauté
juive en terre d’islam, une communauté estimée, selon les derniers chiffres, entre 350 000
et 400 000 âmes.
Très vite, tous les pays musulmans se vidèrent de leurs juifs, exil plus ou moins forcé
qui concerne un million de déplacés, obligés
de quitter leur pays natal où ils étaient installés avant l’arrivée de l’islam. Aujourd’hui, il
n’y a quasiment plus de juifs dans les pays
musulmans et ce sont maintenant les chrétiens
qui sont persécutés, obligés à l’exil pour survivre, des dhimmis au sort peu enviable.
15 millions de chrétiens vivant en terre
d’islam sont actuellement menacés par cette
même législation, de façon tragique. Souvent,
ils opposent à l’islam extrémiste la religion
d’amour qu’est le christianisme. C’est vite
oublié les Croisades, les Guerres de religion,
la Saint Barthélemy, ou plus récemment la
guerre fratricide irlandaise opposant les protestants aux catholiques. Partout où la religion
- une quelconque doctrine totalitariste - est le
fondement de la constitution d’une nation,
l’Etat de droit disparaît, créant des inégalités
face à la loi. Les valeurs de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme devraient
toujours être la seule référence gouvernementale de tout pays, visant à sauvegarder la liberté et l’égalité de ses concitoyens.
Lucette Heller-Goldenberg
Nice, août 2014
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Los Muestros N° 96
U N A S U S E T T AN T A
RHODES
Esther Fintz Menascé
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portare tutti i beni, coperte, materassi, cuscini, oggetti personali e gioielli perché saremmo stati concentrati in un campo e
avremmo dovuto cambiare i beni in valuta
per poter vivere. Ho tolto l’interno di vetro
da un termos e l’ho riempito con sterline
d’oro, napoleoni d’oro, monete dell’impero ottomano, dollari ed ho aggiunto acqua per passare le selezioni a Rodi durante
le quali ero completamente svestita.
Dopo tre giorni ci hanno messo su dei
battelli (circa 2.700 [1.700] persone). Il
viaggio è durato otto giorni. Arrivati al
Pireo ci hanno portati al campo Haidari
(vicino ad Atene), dove c’era l’odierno
presidente dell’Austria, l’ex nazista Waldheim con il frustino. Lì sono morte di sete
tre persone, Allegra Abuaf e sua madre e
una signora anziana, Mazaltov Hasson.
Quando siamo partiti da Atene ci hanno
messi in vagoni pigiati come sardine, uno
sopra l’altro. Dentro i vagoni c’era del
pane duro come pietra, sacchi di cipolline
bianche e delle scatole di miele duro. Siamo rimasti sorpresi dall’abbondanza, ma
non c’era acqua ed era perciò impossibile
mangiare e così, senza mangiare, il tragitto
è durato tre [due] settimane. Si viaggiava
solo di notte, durante il giorno il treno era
parcheggiato fuori, in campagna.
Il treno si è fermato in Serbia, dove sono
morte tre persone, seppellite in una fossa. I
nomi sono Yehuda Notrica, Rahamim Galante, ma non ricordo il terzo, purtroppo.
Durante il tragitto è venuta la Croce
Rossa e tutte le ceste di viveri che avevano
portato sono stati presi dalle SS che non
hanno distribuito niente a nessuno.
Il 16 agosto 1944 il treno è arrivato ad
Auschwitz […].
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estimonianza resa a Los Angeles il
26 ottobre 1990 ad autorità diplomatiche italiane,
che le chiesero di
rispondere a una sere di comande, da Mirù
Alcanà, ebrea di Rodi, unica reduce dalla
deportazione ad Auschwitz di una famiglia
di settanta persone. Sono molto grata a coloro che, avendola conosciuta negli Stati
Uniti, dove emigrò dopo la guerra, e avendone apprezzato la generosità verso l’altro,
la costante sua disponibilità ad aiutare i più
deboli, si sono adoperati per farmi avere
queste pagine, asciutte, precise, senza retorica, che trafiggono il cuore senza richiedere commento e che trascrivo per
onorarne la memoria. Mirù si è infatti
spenta, a Los Angeles, nel 2004.
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Sono Mirù Alcanà e rispondo alle vostre
domande come indicato.
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Arresto
Data: 23 luglio1944; arrestata a Rodi (Egeo); età: 27
anni.
Precedenti: discorsi dei
rappresentanti della GestapoSS nel quartiere ebraico di Rodi, con interprete ebreo di Salonicco, con invito ai capi
famiglia a presentarsi al Comando
dell’Aviazione (ora trasformato in albergo) distante circa 2 km., situato vicino alla
scuola cattolica femminile e la minaccia
che se i giovani non si presentavano avrebbero ucciso i loro genitori. I capi famiglia
dovevano presentarsi con il loro permesso
di lavoro perché avrebbero dovuto
“lavorare” per i tedeschi.
Passate 24 ore, mentre le famiglie aspettavano con ansia il ritorno dei capi famiglia, le SS invece hanno fatto un altro
discorso nel quartiere (Piazza Calle Ancha), con cui questa volta invitavano madri, bambini, giovani, malati in ospedale,
ciechi, zoppi ecc. a presentarsi allo stesso
posto minacciando di uccidere i capi famiglia se non si presentavano, dando ordini di
Impatto dell’arrivo al campo
L’impatto è stato grave: le piattaforme
lungo i binari erano piene di militari armati. Dopo essere scesi dal treno, fuori dal
campo, dato che lì finivano
le rotaie,
all’incrocio di quattro strade, è avvenuta la
selezione:
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Los Muestros N° 96
Una su settanta
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sando d’aver sbagliato il conto, e così siamo andate tutte al lavoro. Due di queste
cinque amiche, Lea Levi e Rachele Levi di
Milano, sono morte recentemente.
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Viaggio, mezzi e condizioni (vedi sopra) Perdita del nome - numero
Il giorno stesso dell’arrivo, dopo la
selezione, ecc., vestite con un saio incolore e zoccoli, ci hanno messo in fila,
faceva molto freddo, ed a turno si arrivava
al tatuaggio del numero sul braccio sinistro di ogni prigioniero. L’operazione era
condotta da tre/quattro donne polacche
prigioniere. Il tatuaggio veniva applicato
mediante inchiostro indelebile e con un
ago che veniva spinto profondamente
fino all’osso dell’avambraccio, e questo
veniva ripetuto tante volte per ogni
braccio, che era formato da tanti puntini.
Prima tatuavano la lettera A per
Auschwitz e poi i numeri: il mio è A24215.
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uomini vecchi
donne vecchie
per Auschwitz
uomini giovani
donne giovane
per Birkenau
Dopo la selezione, i prigionieri del campo ci hanno rasato dappertutto e mandato
alle docce fredde. Come tutti, hanno perquisito anche me e mi hanno sottratto ogni
proprietà personale, compreso il mio termos e un paio di scarpe in cui mio fratello,
che faceva il calzolaio, aveva nascosto
delle sterline. Ci hanno dato degli zoccoli
di legno tipo olandese. Mentre eravamo in
fila si sentiva il suono di musica classica,
forse Mozart, ed un odore come di carne
arrostita ai ferri, e noi che eravamo morte
di fame pensavamo che i tedeschi mangiavano carne arrostita al suono della musica,
mentre ci hanno lasciato senza mangiare
per giorni e giorni tanto che, naturalmente,
il giorno del nostro arrivo eravamo quasi
morte dalla fame.
Finita la doccia ci hanno portato al blocco n. 20 dove parlando con delle prigioniere francesi abbiamo saputo che le persone inabili al lavoro erano selezionate e
mandate al crematorio e ci hanno spiegato
che non era un concerto che accompagnava
il pranzo dei tedeschi ma erano i nostri genitori che venivano cremati e, per evitare
che si sentissero le grida di coloro che erano destinati a morire, suonavano la musica.
Io e le compagne, prima di essere selezionate con le più robuste per il lavoro alla
fabbrica, cercavamo fra le immondizie della cucina le bucce delle barbabietole per
strofinarle sulla faccia e dimostrare così
che avevamo un bel colore rosato. Dopo
questa selezione, molte delle mie carissime
amiche sono state selezionate per il crematorio, ma io ho dato uno spintone alla porta
e ho detto alle ragazze “Si salvi chi può” e
così cinque ragazze hanno potuto salvarsi.
Quando siamo ritornate nella nostra baracca, la soldatessa guardiana ci ha contate e
ha trovato cinque ragazze in più e siccome
non sapevamo cosa diceva siamo rimaste
zitte, la guardiana si è inferocita forse pen-
Vita nel campo
Auschwitz era definita la tomba dei vivi,
perché mai nessuno ha potuto scappare.
In Auschwitz ogni volta che arrivavano i camions carichi di rape, patate e
carote
noi donne dovevamo scaricarli
e poi a turno andare nella cucina a
prendere i bauli di ferro pesanti della zuppa fatta con la buccia di queste verdure e
naturalmente l’ultimo in fila con la zuppa
riceveva la sabbia dal fondo del barile.
Era fortunato chi prendeva le bucce. La
polpa di queste verdure era per il personale
tedesco del campo.
Dopo un mese e mezzo di campo ci hanno mandato in una fabbrica, credo a Buchenwald, a lavorare per dodici ore, che
venivano alternate: una settimana dal mattino, una settimana dalla sera. Eravamo
addetti alla produzione, credo, di fucili
mitragliatori che alla fine della giornata,
800 pezzi al giorno, dovevano essere spediti a Berlino.
Il mio lavoro era uno dei più pesanti e
duri, […] mi è difficile descriverlo, ma
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Los Muestros N° 96
Una su settanta
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Est her Fi nt z Menas c é
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Igiene personale
Ero stata trasferita nella fabbrica di armi
a Buchenwald insieme a molte altre compagne. Andavamo al ruscello, dentro il
campo, a riempire barili di acqua nera
che dovevamo far depositare e veniva poi
usata in parte per fare la zuppa e in parte
per la pulizia personale, senza sapone.
Io però avevo notato che i maestri della
fabbrica andavano spesso in un angolo dove
c’era un barile di potassa che usavano per
lavarsi le mani; così io ho scucito un pezzo
dell’orlo del saio e camminando a carponi
mi avvicinavo al barile facendo in modo di
riempire l’orlo con la potassa dato che una
delle compagne, Allegra Franco ora a Tel
Aviv, aveva un eczema alle braccia a causa
della sporcizia, ed io l’aiutavo lavandola
con la potassa che le bruciava.
Vita privata
Alla domenica, quando la fabbrica era
chiusa e i maestri erano in chiesa, dovevamo spazzare la neve e pulire i gabinetti della stazione da dove venivano spediti gli armamenti per Berlino. Alla domenica, poiché non si lavorava in fabbrica, non ci davano da mangiare: “Kein Arbeit kein Brot,”
cioè niente lavoro, niente pane.
Malattie
Ho sofferto di peritonsillite ma ho continuato a lavorare con febbre altissima perché
avevo paura che mi fucilassero. Un ago mi
era entrato nel dito medio della mano sinistra, ha provocato un’infezione, per lo stesso
motivo non è stato curato, e per il resto della mia vita mi è cresciuta, e cresce, una doppia unghia.
Conseguenze fisiche
Al rientro in Italia sono stata ricoverata
all’Ospedale S. Orsola di Bologna, dove
sono rimasta diverse settimane. Il Dott.
Teodoro Postelli (Via C. Battisti 1), cardiologo, mi ha curato per un soffio al cuore che
però mi ha lasciato conseguenze permanenti. Il Prof. Giorgio Rossi della Casa Negrisoli, ora deceduto, mi ha operato al naso.
Soffro di otite cronica e di sordità parziale
causata dal rumore costante della fabbrica.
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posso dire che si trattava di lastre di
metallo che mettevo in un contenitore
a forma di cassa, ermeticamente ben
chiusa, che spingevo insieme ad altre dieci
donne […]. Essendo le donne malate, pretendevano di spingere, ma non avevano
nessuna forza. Toccava a me far arrivare
la cassa al punto voluto. Lavoravamo sotto
gli occhi delle soldatesse delle SS; la
Kapò era un maggiore che si chiamava
Elena. Se si falliva nello spingere la cassa
ci frustavano e ci lasciavano senza zuppa, con una fettina di pane. (La razione
di pane consisteva in una fettina di 10 cm.
x 10 cm., spessa mezzo cm., e questo ogni
24 ore.) Se una delle donne si fosse fatta
male sarebbe stata eliminata.
Mestruazioni
All’arrivo ad Auschwitz ci hanno tolto
subito le mestruazioni aggiungendo nella
zuppa giornaliera una polvere bianca
(possibilmente bromuro) che faceva restringere la lingua nel fondo della gola, e c’era
sempre la tentazione di non mangiarla, ma o
si moriva di fame o si mangiava la zuppa.
Nessuna donna, per il periodo della prigionia, ha avuto le mestruazioni. Solamente
alla liberazione, all’arrivo in Italia, ci hanno
curate con vitamine e cibo adatto. A due
giovanissime compagne le mestruazioni non
sono più tornate. Una vive ora a Johannesburg e l’altra a Tel Aviv. Sono sposate ma
naturalmente non hanno figli.
Mancanza del privato
Questa domanda non mi è del tutto chiara, ma rispondo pensando di aver probabilmente compreso cosa volete sapere.
Eravamo vestite soltanto con un saio e
niente altro, nessuna biancheria personale,
zoccoli olandesi. Quando avevo bisogno di
un paio di mutandine non mangiavo il pane
per tre giorni (una fetta giornaliera), lo davo
alla Kapò in cambio delle mutandine; però,
quando essa vedeva che le tenevo in mano e
le sventolavo per asciugarle se le riprendeva
e andava dal suo superiore a riportare che le
italiane avevano rubato le mutande e perciò
quale punizione venivo frustata senza potermi difendere.
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Una su settanta
RH O DE S
Est her Fi nt z Menas c é
.o
rg
tempo i militari russi avanzavano e perciò i
tedeschi sono stati costretti ad evacuare la
fabbrica. Ci hanno fatto camminare con un
freddo intenso per molti chilometri fino a
quando siamo arrivati ad un’altra fabbrica
dove producevano parti per aeroplani.
Questo è durato per un tempo breve dato
che le forze russe erano alle porte. Così i
tedeschi ci hanno caricato su treni, chiusi a
chiave con catene, senza finestrini per far
passare l’aria e ci hanno mandato a Terezin
(Cecoslovacchia); per cinque giorni siamo
rimaste chiuse nei vagoni, senza l’uso di
servizi igienici, coi corpi della compagne
morte nel frattempo.
Le soldatesse tedesche che scortavano il
treno avevano abbandonato le uniformi e
sono scappate; questo fu evidente quando
finalmente soldati russi hanno aperto i vagoni e abbiamo visto le uniformi per terra. I
russi, quando hanno aperto i vagoni, ci hanno detto: “Adesso siete libere, però dovete
lavorare per mangiare.”
Ci hanno portato a Terezin dove già
c’erano più di 70.000 ebrei cecoslovacchi di
Bratislava ecc. Lì sono rimasta due/tre settimane. In questo tempo ci hanno distribuito
pacchi viveri e io consigliavo le compagne
di cominciare gradualmente a mangiare un
poco alla volta perché dovevano riabituarsi.
Da Terezin, senza pagare mostrando il
numero di matricola, siamo andate a Praga
in cerca del Consolato italiano, che ci ha
ricevuto, ci ha dato dei soldi e alloggiato in
certe ville. Eravamo un gruppo di circa venti o più ex prigioniere.
Dopo circa due settimane i militari russi
ci hanno messo su un treno e mandato in
Ungheria, in un campo di smistamento, e da
lì, dopo un paio di mesi, dall’Italia sono arrivati dei treni e siamo rientrate in Italia da
Bolzano; siamo scese a Milano, accolte dalla Comunità israelitica. Dopo circa una settimana ci hanno messo in treno per Bologna. Appena arrivata a Bologna sono stata
ricoverata all’Ospedale S. Orsola, dove il
Dott. Postelli mi ha curato il cuore e il dentista Dott. Vernikoff, senza pagamento, mi
ar
ad
Lavoro (già parlato) esperimenti - violenza
Nel mio lager non c’erano esperimenti e la violenza fisica erano continue
frustate perché il materiale dato in fabbrica
per fare il lavoro a me assegnato era di cattiva qualità, si rompeva, e naturalmente era
colpa del lavoratore che perciò veniva punito in questo modo:
rottura della punta del trapano : 1 tre giorni senza pane; 2 tosatura dei capelli e rimanere in ginocchio, nella neve fino a
quando l’Ober Elena decideva che il lavoratore era sfinito; 3 venticinque frustate
contate in tedesco dal prigioniero; se il conteggio veniva sbagliato, dato che la compagna non conosceva il tedesco, le frustate cominciavano da capo dal numero
uno. Io questo non l’ho sperimentato.
w
w
w
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ef
Difficolta di comunicazione e solidarietà
Le comunicazioni esistevano solamente
fra di noi, che parlavamo spagnolo, ma
un poco anche con le francesi, le belghe e
quattro italiane, Frida, Tosca, Adriana e
un’altra di Trieste nata a Corfù. Quando
una di noi doveva rivolgersi alle soldatesse
era sempre con gesti perché non si conosceva la lingua.
Per tenere lo spirito alto raccontavo barzellette e le storie dei miei amori, ecc. Al
lavoro, finito il mio turno, cercavo di
aiutare le altre che non lo potevano finire.
Io ero robusta e l’Ober mi dava doppia razione di zuppa, ma io la distribuivo alle
altre. Purtroppo l’egoismo non mancava,
ma io ho sempre pensato alle altre, ancora
oggi.
Ritorno
Fra settembre e ottobre 1944, dopo essere
stata scelta per il lavoro in fabbrica, siamo
state tenute costantemente all’oscuro degli
avvenimenti di guerra. Non sapevamo che
giorno era, se era giorno o sera, perché ci
facevano entrare in fabbrica ed uscire attraverso un tunnel e questo è durato fino ad un
mese prima della liberazione. In questo frat-
- 28 -
Los Muestros N° 96
Una su settanta
RH O DE S
Est her Fi nt z Menas c é
42
rg
Rachele Soriano
mio zio, fr atello di
mio padre
sua moglie
dodici figli, tutti
sposati, che a loro
volta avevano in
totale se dici figli
Reina Alkanà
mia zia, sor ella di
mio padre
suo mar ito cinque
figli e due nipoti
Jacob Habib
ad
Modifica del carattere
No. Una volta in America il mio problema è stato trovare lavoro. Non conoscevo la
lingua e l’unico lavoro a me offerto era fare
la cameriera, che ritenevo umiliante. Ma con
l’andare del tempo mi sono adattata ad accettare qualsiasi lavoro per poter vivere.
Celibì Alkanà
.o
ha rimesso i denti perduti ad Auschwitz a
causa di un pugno datomi da una Kapò
ungherese. Mi aveva chiamato per lavorare,
ma stavo molto male con la diarrea, le ho
dato uno spintone, lei mi ha presa per un
braccio e mi ha trascinato al lavoro.
La Comunità israelitica di Bologna mi ha
assistita per tre/quattro anni, fino a quando
ho avuto il visto per andare in America.
9
ar
Isacco Notrica
padr e
madr e
w
.s
Abramo Alkanà
Iohevet Notrica
2
sor ella
suo mar ito
i lor o figli
Joseph Alkanà
1
fr atello
Nissim Alkanà
Rachele Hasson
Iohevet
fr atello
sua moglie
piccola bimba lor o
figlia
w
w
Giuseppe Notrica
Vittoria
Lucia
4
Miriam Alkanà
Celibì Hasson
Matilde 9 anni
Giuseppe 7 anni
Iohevet 5 anni
5
3
3
ef
Questi erano i componenti della mia famiglia, tutti portati via da Rodi alla mia
stessa data
Grazia Cordova
mio zio, fr atello di
mia madre
sua moglie, un fi
glio
mio zio, fr atello di
mia madre
sua moglie
una dei tr e figli,
appena sposata con
Franco
Io sono l’unica ritornata da Auschwitz.
Los Angeles, 26 ottobre 1990
- 29 -
Miru Alcana
1915-2004
Beloved And Honored
Hero Of The Holocaust
May Her Soul Live On
Siempre Presente En
Nuestros Corazones
Los Muestros N° 96
m a g a zine
de s
K O R E N°78
Arts
et
de s
Le Magazine
des Arts et des Lettres
rg
SSN / 1022-4394
Septembre 2014 - Tichri 5775
Notes de lecture ...
Livres, histoire et actualité
ad
L e c t ure de Parol e s e xqui ses
d e Jo se p h Ch et ri t
R
Le ttre s
.o
Le
de Rembrandt, comme l’a écrit
Elias Canetti.
ar
ecevoir Paroles exquises,
( Ed. Avant-Propos, Collection Matanel) un recueil de proverbes judéomarocains a été une jubilation.
J’allais retrouver cette vie familiale, pleine de douceur, de générosité, de tendresse que j’aimais
chez ma grand-mère. Quand j’allais la voir, elle m’accueillait toujours,
en
me
disant : « naabibask », car elle souhaitait prendre sur elle le mal qui
aurait pu me toucher. Je pensais à
l’abnégation de ces mères laborieuses, qui, le soir, retournaient
le col râpé des chemises de leurs
petits garçons pour qu’au matin,
ils aillent à l’école, propres et élégants, seigneurs habillés à l’occidentale, prêts à recevoir dans la dignité l’enseignement qui allait
leur permettre de conquérir le monde.
Lucette Heller-Goldenberg
w
w
w
.s
ef
J’ai donc lu avec avidité ce recueil
qui me laisse perplexe. Ai-je vécu
dans la même société que celle qui
transparaît à travers ces proverbes ? Cette société-là ne correspond pas à celle que j’ai côtoyée,
imaginée, rêvée peut-être ? Celleci est mesquine, prosaïque, terre-àterre,
réactionnaire.
L’argent
semble gouverner ce petit monde
avide. La suspicion règne partout,
l’envie, la jalousie, le désir de vengeance. Ces proverbes ne rendent
pas hommage à la femme, présentée non pas comme la gardienne du
foyer et des traditions ancestrales, mais elle
semble habitée par Satan. On souhaite
l’anéantir, car elle est l’incarnation du mal,
dépourvue de toute intelligence. Il faut la
maintenir dans l’infériorité. Sa seule raison
d’être semble sa capacité à enfanter.
Je voulais sourire et rire des petites bêtises de
la vie quotidienne qui permettaient à ces petits
besogneux de dominer leur destin avec humour, à l’image de Jha, ce fou qui est en réalité un grand sage. Je souhaitais écouter la philosophie de ces vieux juifs, humbles, aux yeux
doux, optimistes malgré leur vie difficile, confiants en la valeur de l’homme, vieillards
rayonnants qui semblaient sortir des tableaux
Mais, pourquoi faire des enfants, se demandet-on, quand on lit que la famille est un enfer,
le mari, un prédateur, les frères, des ennemis,
les beaux-parents, des ingrats, la belle-sœur,
une commère. La vieillesse est une maladie
incurable, l’homme, misérable, car sa mort est
inéluctable. La communauté judéo-marocaine
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Le
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L e c t ure de Parol e s e xqui ses
d e Jo se p h Ch et ri t
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Lucette Heller-Goldenberg
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qui se dévoile ici est gouvernée par la haine des vivants qui ne peut
s’apaiser que dans la mort. Ce serait une fraternité de punaises. Ce
triste tableau est en décalage total avec la réalité de la vie quotidienne
que j’ai perçue dans mon enfance.
ad
Le prologue savant, intellectuel, provoque en moi un malaise. Pourquoi ne pas valoriser, avec clarté et simplicité, la culture orale qui s’exprime à travers ces
proverbes, une entreprise des plus judicieuses pour sauvegarder un patrimoine populaire précieux qu’il faut se dépêcher de sauvegarder avant qu’il ne disparaisse ? Le discours proposé
est pétri de jargon scientifique, obscur, voire incompréhensible alors qu’il aurait été si facile
d’exprimer l’importance et l’urgence de ce travail extraordinaire.
ef
ar
Oui, Joseph Chetrit a eu raison de tenter l’impossible, de recueillir, avant qu’il ne soit trop
tard, ces proverbes qui expliquent le fonctionnement de la société judéo-marocaine qui
n’existe plus que dans la mémoire des anciens. Il sauve ainsi de l’oubli la langue judéomarocaine, les traditions, les croyances, les façons de vivre au quotidien la religion, la famille, le travail, les relations sociales.
w
w
w
.s
Il a effectué une recherche essentielle et peut-être que l’ensemble qu’il promet de publier prochainement saura dresser un tableau plus complet, réaliste, mais parfois enchanteur de ces
juifs, enracinés depuis des millénaires au Maroc, une stèle en hommage à leur vie, trop vite
oubliée dans leur pays d’origine qui n’honore pas leur mémoire.
Nice, avril 2014
Lucette Heller-Goldenberg
Maison Roland Hankard
Organisation des Funérailles depuis 1964
Fournisseur de la Mutuelle Juive d’Inhumation
Sint Stevensstraat 59
1600 Sint-Pieters-Leeuw
Tel : 02 377 73 03
Tous les jours, samedi et jours fériés
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KORE
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Le
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Le ttre s
L u pour vou s p ar Mic helin e Weinsto ck
Qui sont les enfants cachés ?
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sous la direction de Nathalie Zajde
Éditions Odile Jacob
U
ad
ar
Les éditions Odile Jacob
viennent de publier les actes du
colloque Qui sont les enfants
cachés ? qui s’est tenu à Paris
en juillet 2012. Le sous-titre, «
Penser avec les grands témoins
», précise les orientations très
vastes de cette étude.
Boris Cyrulnik, lui-même enfant caché, "se risque" à tenter
de définir sa double démarche,
son expérience personnelle et
la mise en mots et en pensée
d'une expérience plus vaste:
comment raconter et s'exprimer dans une société qui n'entend pas leurs paroles? A savoir celles de "ces enfantsmalheurs" qui renvoient à la
culpabilité d'une nation toute
entière et qui sont devenus
"des agitateurs culturels". Et
Cyrulnik d'expliquer ce surinvestissement
des capacités intellectuelles par le phénomène de résilience, c'est à dire un effort
permanent pour retrouver son droit à l'existence en aimant et en travaillant davantage
encore pour une société qui les avait malmenés et finalement réintégrés.
.o
ne fois de plus nous
pouvons apprécier la
rigueur de Nathalie
Zayde et sa disponibilité permanente pour le débat.
w
.s
ef
En effet, la réflexion qu’ont suscitée les
débats, suite aux exposés des intervenants
venus d’horizons extrêmement divers
(témoins directs, psychothérapeutes, ethnopsychiatres, sociologues, romancière…)
nous renvoie à cette question centrale, à
savoir: comment parler des enfants cachés
et comment parler en tant qu'enfant caché ?
Nathalie Zajde invite à ouvrir en permanence le débat et à faire circuler l'expérience de chacun.
w
w
Dans les années 60-70, le Mémorial de
la Shoah avec les 76.000 noms qui y
étaient gravés s'ouvre aux rescapés et aux
enfants cachés. Sortant de leur silence, 20
000 orphelins y troAuvent enfin un lieu où
se recueillir. Où l'on rencontrait aussi souvent Jean Ferrat, enfant caché, dont le père
avait été assassiné à Auschwitz. Grâce au
Mémorial, ils ont découvrent une partie de
leur histoire, des noms, des photos, des objets... Un lent retour vers leur véritable
Moi s'était amorcé.
Nathalie Zajde, quant à elle, analyse un
quart de siècle de travail "psy" avec les enfants cachés et, plus largement, avec des
survivants de la Shoah. Elle tente de comprendre le fonctionnement psychique lorsque les injonctions imposées à l'enfant
étaient: " Ne sois plus toi si tu veux rester
en vie. Être Juif c'est trop dangereux". Afin
de survivre, il fallait se métamorphoser. Et,
après la guerre, se re-métamorphoser pour
retrouver son identité.
Cette complexité permet de comprendre que ces enfants n'ont repris contact
que très récemment avec les familles qui
les avaient sauvés. Des décennies ont été
nécessaires pour retrouver leur identité ainsi qu'une légitimité de vie. Riche de cette
expérience, elle tente d'en dégager les visées thérapeutiques.
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Qui sont les enfants cachés ?
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sous la direction de Nathalie Zajde
Éditions Odile Jacob
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Au Centre Georges-Devereux à Paris sont soignés d'autres enfants, des enfants d'aujourd'hui, comme ces enfants soldats qui ont du sang sur leurs mains, qui ont tué, au
Congo, au Rwanda... Tobie Natan, grâce à sa double expérience, parvient à mieux comprendre le fonctionnement de enfants-soldats et à décrire plus précisément le morcellement des enfants cachés. Expérience différente certes, cependant ces enfants-soldats ont
également été obligés pour survivre "d'oublier" leur identité par soumission. Son approche consiste à tenter de placer cette expérience entre parenthèses et à retrouver un
embryon de leur origine et de libérer ainsi une souffrance enfouie.
ar
La parole est également donnée à ceux qui ont caché et contribué aux sauvetages.
Liliane Klein-Lieber évoque son expérience à Moissac, le quartier général des Éclaireurs
Israélites en zone sud. Exposé bouleversant, un travail à haut risque, il fallait trouver des
endroits où cacher les enfants, les changer très souvent. Et, après la guerre rechercher ces
enfants, retrouver leurs familles; réorganiser la vie de ces enfants, la majorité étant devenus des orphelins.
ef
Pour terminer ce vaste panorama, j'évoquerai le travail de fiction de Carol Zalberg.
Dans chacun de ses romans elle met en scène une génération, en commençant par la plus
jeune pour remonter juste avant guerre. Elle raconte le fil rouge de la souffrance et du
morcellement identitaire qui circule toujours. Et sans doute pour longtemps encore.
w
.s
Un travail riche grâce à la qualité des interventions englobant de vastes horizons.
***
L u pour vou s p ar Mic helin e Weinsto ck
Gueorgui Efron, Journal (1939-1943)
w
w
traduit du russe par Simone Goblot, Editions des Syrtes
Texte bouleversant, tant par la trajectoire de son auteur que
par le contexte historique du récit et surtout par la déliquescence
omniprésente avant l'issue tragique.
Gueorgui Efron est né en Tchécoslovaquie en 1925. Ses parents sont des intellectuels russes. Sa mère, Marina Tsvetaena,
auteur réputé, faisait partie du groupe des grands à côté d'Ossip
Mandelstam et de Boris Pasternak. Ils s'installent à Paris. Efron
est parfaitement bilingue. Son journal est d'ailleurs rédigé dans
les deux langues, un style plus classique lorsqu'il s'exprime en
russe, plus relâché, voire argotique lorsqu'il utilise le français.
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L u pour vou s p ar Mic helin e Weinsto ck
Gueorgui Efron, Journal (1939-1943)
.o
punaises partout. Et la lecture, comme
soutien : Crime et Châtiment et Sartre.
Son père sera exécuté.
Son style évolue, devient de plus en plus
déstructuré, relâché, Le français, l'argot
parisien lui permettent de s'exprimer sans
ambages. En termes bruts, avec une certaine frénésie.
ad
Son éducation est ouverte, libre et
critique. Son père s'est vu obligé de travailler comme agent secret à partir des années
trente et est retourné à Moscou en 1937,
accompagné de sa fille. Leur départ, l'hostilité parisienne grandissante à l'égard des
Russes Blancs décide Marina Tsvetaeva
de partir à son tour pour Moscou.
Murr (surnom que lui a donné sa mère en
hommage au chat Murr, personnage d'un
conte d'Hoffmann) débute la rédaction de
son journal dès son arrivée en juin 1939.
Le premier cahier sera confisqué
par la police au moment de l'arrestation
de sa sœur, deux mois après leur arrivé.
La présente édition commence par son
deuxième carnet, rédigé à partir de mars
1940.
Il y raconte son quotidien, les tracas administratifs, le logement tellement
petit et les malles qui mettront plus d'un
an à arriver. On y rencontre un grand
nombre de personnages: des amis, des
voisins, l’ami Mitia, toujours présent
pour aider... mais est-il seulement un
ami ?... Murr s'exprime aussi au sujet des
tracas lié à son âge, à propos de l'école et
puis de ses lectures, classiques russes,
françaises. Mais surtout l'angoisse profonde face aux privations, la bureaucratie
et à l'incarcération de son père et de sa
sœur.
La guerre est de plus en plus présente. Et lors de l'invasion par l'Allemagne, Murr et sa mère partent pour
Tachkent, un voyage éprouvant, désespérant même. Marina se suicide en août
1941, elle n'avait plus écrit depuis deux
ans. Murr est totalement perdu, privé de
tout et dénué de tout soutien. IL séjourne
18 mois à Tachkent, vend ce qui lui reste,
reçoit quelques denrées alimentaires. Des
rg
traduit du russe par Simone Goblot, Editions des Syrtes
w
w
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Et puis une préoccupation qui vire à l'obsession: la faim. Il est capable d'engloutir
des quantités énormes de nourriture, par
crainte du lendemain, où il n'aura peutêtre rien. Obsédé par tous les trocs possibles afin d'avoir une plus grande quantité de nourriture, plus sucrée aussi.
"Aujourd'hui, j'ai retrouvé ma débitrice et
j'ai reçu les quarante roubles, ce qui m'a
permis de m'acheter une brioche, un craquelin et un beignet".
Murr est toujours confronté aux démarches: permis de séjour, laissez-passer
et l'espoir de pouvoir passer ses examens. En proie aussi à la hantise de la
faim, bien réelle, qui devient aussi une
sorte d'écran sur lequel il parvient à projeter tout son désarroi et pour lequel les
mots lui manquent.
Dans le dernier cahier, la poésie
prend le dessus, une sorte d'élévation,
peut-être en lien avec sa mère poétesse.
Mais la guerre est bien là, il n'y a même
plus de quoi écrire. Et il part au front.
Il est probablement décédé l'été
1944 des suites de ses blessures. Cependant aucun document ne permet de l'attester.
Il laisse 17 cahiers bouleversants, son journal, ses poésies,
des dessins.
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Micheline Weinstock
Los Muestros N° 96
Le magazine des Arts et des Lettres
S e p ha r di S t o ri e s , o n t h e R ec or d
The Sephardi Voices history project collects testimony from Jews
who fled Arab lands after Israel was founded
By Adi Schwartz|
rg
ad
Green—who is 63 and has no Sephardi
roots—was first attracted to the issue in
the beginning of the 1970s, when he
earned his M.A. in sociology in the Hebrew University in Jerusalem. The Israeli
“Black Panther” movement, composed of
frustrated and disenchanted young people, was making its first steps then,
fighting against discrimination and the
lack of the opportunities for the Sephardim in Israel. “Coming from Canada in
those days,” said Green, an Ottawa native, “the issue resonated for me. That
was just after we in Canada dealt with issues of women’s rights, homosexuals and
lesbians, and other minorities. Fighting
for the rights of the Sephardim seemed
like a perfect continuum.”
Jews came to the United States in the
1970s and 1980s from all over Latin
America because of internal political upheavals in those countries. But they were
not integrating into the existing Jewish
community. So, I tried to build a program
that would reach out to their needs and
accommodate the demand for Sephardi
education.”
.o
J
uliette Glaser shows her French passport, issued in Alexandria in 1950.
(Alex Broadwell)
Nathan Weinstock
w
.s
ef
ar
Ten years ago, at a World Jewish Congress gathering, Green presented a paper
on the possibilities of creating an archive
of testimonies from the Middle East and
North Africa. All funds for the project—
totaling $250,000—have since been
raised personally by him from private donors and foundations. There are 10 people
working in the project worldwide, and the
only ones who are paid are the cameramen and a few part-time workers. The
rest are volunteers.
w
w
He stayed in Israel for a few years and
worked on a plan to integrate the Sephardi population and help them get into the
labor market. The plan was later published as a book. After completing his
Ph.D. in religion studies in the University
of St. Andrews in Scotland, he went on to
become director of Judaic studies at the
University of Miami in 1984. With his
special interest in Sephardi issues, he
added Sephardi studies to the curriculum
and initiated courses relating to Sephardi
history and heritage.
Interviewers are professionally trained,
and the interviews are usually between
one and two hours long. Unedited interviews are saved on hard drives and currently stored in different locations, as
there’s still no central institution where
the whole archive is collected. Sephardi
Voices is in final stages of an agreement
with the British Library on storing the
U.K. testimonies there.
The end goal of all this, says Green, is to
create an extensive, international, digital
archive of testimonies and photographs
and thus ensure the preservation of the
history and heritage of Sephardi Jews for
generations of scholars, educators, and
the general public.
“There was a growing Sephardi population In Miami at the time,” said Green,
“and I was aware of the fact that American Jewry was ignorant of Sephardi contemporary civilization. Many Sephardi - 35 -
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Le magazine des Arts et des Lettres
S e p h a r d i S t o r i e s , o n t h e Re c o r d
The Sephardi Voices history project collects testimony from Jews
who fled Arab lands after Israel was founded
By Adi Schwartz|
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Nathan Weinstock
ad
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“The ultimate plan,” he said, “is to create an archive which can be mined for different
purposes: Jewish and general education purposes, human-rights issues, narrating a new
story of Zionism, storing the data of the property and assets lost by Jews in Arab lands,
of families having legacies of their ancestors and of their memorabilia, etc. The archive would be possible to mine in order to make documentaries and to publish books.
I myself intend to use the data for both films and books, but anyone would be able to
do that. The idea of putting it online is to create transparency and universal accessibility.”
ef
ar
Stanley Urman, executive vice-president of Justice for Jews From Arab Countries,
says that just as Spielberg documented the stories of survivors in order to negate Holocaust revisionism, Sephardi Voices can ensure that nobody can deny the legacy of
Jews from Arab lands. “Arabs say that Jews weren’t discriminated against in their
countries and that they left from their own free will,” he said. “They try to expunge the
legacy of Sephardi Jews from the history of the Middle East. Jews lived in the Middle
East for over 2,500 years—1,000 years before the advent of Islam. Jews are the indigenous people of the Middle East, and their story must be told and recognized.”
w
.s
At the end of his testimony to Sephardi Voices, 58-year-old Edwin Shuker calls the
oral histories project a “mission.” Currently a London resident, Shuker left his native
Baghdad in 1973; he believes Sephardi Voices is a good way for people to hear his
story. “Whatever means it takes for the world, for Iraq, for Jews, to hear,” he says, “I
will use.”
w
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Adi Schwartz is an Israeli journalist and researcher, a Fellow at the Writers’ Institute
at the City University of New York.
Nathan Weinstock
Par sympathie
A LTEXIMEX
10 a rue du Bosquet
1400 Nivelles
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Los Muestros N° 96
Le magazine des Arts et des Lettres
La sélection de TAMARA
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ad
Valérie Zenatti, Jacob, Jacob, Editions
de l’Olivier, ♥♥♥
Texte absolument magnifique dans lequel
Valérie Zenatti dresse le portrait de son
grand oncle, jeune Juif de Constantine parti à la guerre à 20 ans, en 1944, pour participer au Débarquement. Il meurt au combat.
Jacob tranche parmi les siens : plus chaleureux, il refuse de se conformer au modèle paternel de brusquerie autoritaire. Jacob est tendre, généreux, aimant. Par
amour pour lui, pour la première fois, sa
mère ose braver l’autorité du père. Plus
qu’une victime, Jacob est une figure protectrice, celle d’un être humain qui a eu
assez de force et d’amour pour refuser le
modèle imposé par les siens et en proposer
un autre. Il n’a pas eu le temps de s’accomplir comme adulte ni de vieillir.
Comme l’écrit Valérie Zenatti dans les
dernières pages, ses traces ont été effacées,
mais pas sa présence, perceptible dans
chaque pas.
cer de sa femme, Annie, A.M., avec laquelle il vit depuis plus de cinquante ans.
Plus que le journal de la maladie, c’est celui de leur quotidien et leur état d’esprit.
Face au courage de sa femme, il est plein
d’admiration et décrit, avec peu de mots,
sans complaisance, la lente détérioration
de l’état de sa femme jusqu’à sa mort.
Economie de moyens, émotion retenue,
une sobriété qui donne une grande authenticité au texte et plonge le lecteur dans une
grande mélancolie.
.o
Adultes – grands ados
w
.s
ef
ar
Déborah Lévy-Bertherat, Les voyages
de Daniel Ascher, Rivages, ♥♥♥
Un très beau texte. La jeune Hélène s’installe à Paris pour étudier l’archéologie
chez son grand-oncle. Elle le connait mal.
Daniel est en effet une sorte d’aventurier
qui chaque année, passait une partie de son
temps à voyager dans des pays lointains
dont il ramenait des souvenirs, régalait les
enfants de ses récits d’aventures. Daniel
est aussi très connu pour les romans qu’il a
écrits, mettant en scène un garçon intrépide qui voyage et vient à bout des obstacles grâce à son intelligence et sa ruse.
Hélène ne les a jamais lus, mais se rend
compte que son oncle est une véritable célébrité auprès de ses amis. Elle essaie d’en
savoir plus sur lui et apprend qu’il a été
adopté. Daniel est un petit garçon juif qui
a été recueilli par la famille au début de la
guerre et elle comprend mieux désormais
la place à part de Daniel dans la famille. A
force de revisiter le passé et d’interroger
les plus anciens, Hélène découvre d’autres
secrets de famille. Elle porte aussi un regard nouveau sur ses livres dans lesquels
elle voit l’écho romancé de l’enfance de
Daniel de la séparation et de la perte de
siens. Hélène est une jeune femme sensible et intelligente. Ses recherches sur
Daniel vont modifier son rapport à son
grand-oncle, et plus généralement à sa famille. Mais aussi, à sa relation amoureuse
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Geneviève Brisac, Dans les yeux des
autres, Editions de l’Olivier, ♥♥♥
Deux sœurs en apparence si différentes.
Par leurs choix et leur tempérament. Anna
et sa tendance à la rêverie. Elle est écrivaine. Seule, indécise, elle relit de vieux
carnets qui la replongent dans leur passé
militant. Molly, plus dure, plus jugeante,
plus concrète, a choisi de devenir médecin.
Entre elles, leur interprétation du monde,
mais surtout leur mère, cette éternelle
femme-enfant qui n’a jamais été maternelle. Quelques très belles images, comme
cette image du temps : Les heures sont
obèses, leur ventre traîne au sol.
Hubert Lucot, Je vais, je vis, P.O.L. ♥♥
Texte émouvant, journal tenu par H.L. à
partir du moment où est découvert le can-
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La sélection de TAMARA
Jeunesse
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Susie Morgenstern & Clotka, La famille
trop de filles. Une mère à la maison, Nathan, 7+ ♥♥
Nouvel épisode des aventures de la famille
trop de fille (six filles sur sept enfants…).
Une famille dont la maman journaliste est
toujours partie en reportage à l’autre bout
du monde. Mais voilà maman blessée au
cours d’un tournage et rapatriée à la maison. Mère et enfants ont tellement peu
l’habitude de vivre ensemble, que la tension monde vite. Maman est agacée par le
bruit et le désordre, les enfants par les exigences de leur mère et ses questions mêletout, comme par son incapacité à gérer les
gestes le plus ordinaires du quotidien. Une
épreuve qui ne durera pas longtemps mais
permet à chacun de retrouver sa place.
Portrait plein d’humour d’une situation
pas si marginale.
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Orianne Lallemand & Caroline Hüe,
Au secours ! Un monstre gluant, Nathan,
3+ ♥♥
Les parents de la petite Lola ont disparu,
alors elle demande au lecteur de l’aider à
les retrouver. Pour cela, il va falloir ouvrir
toutes les portes, trappes et cachettes possibles du château. Le livre recèle une multitude de petits rabats derrière lesquels des
scènes cocasses sont dessinées. C’est très
amusant.
avec sauvagerie. Il faudra toute la douceur
d’un papa qui sait aussi se montrer ferme
pour la faire parler et pouvoir aborder les
problèmes de la classe. Un récit d’une
grande sensibilité.
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avec Guillaume. C’est le récit d’un passage définitif dans le monde des adultes,
plus complexe, souvent douloureux, mais
où la souffrance peut être dépassée par
l’imaginaire ou le travail.
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Akiko Hayashi, Le premier camping de
Nao, l’école des loisirs, 4+ ♥♥♥
La petite Nao veut se joindre aux grands
cet été pour faire du camping. Mais les
grands s’y opposent en énumérant la liste
de tout ce que les petits sont incapables de
faire comme les grands, l’argument ultime
étant que les petits ont peur du noir et
n’osent pas aller faire pipi tout seuls la
nuit. Mais Noa est farouchement décidée à
partir avec les rands et se montre convaincante. Une petite fille attachante, un bel
exemple de détermination de sa part et de
confiance de celle des grands.
Rose Lagercranz & Eva Eriksson, Mon
Coeur ravi, Mouche, l’école des loisirs,
6+ ♥♥♥
Dunne est bien seule depuis le départ de sa
meilleure amie Frida. Elle a beau voir les
choses de la manière la plus positive possible, elle est un peu isolée dans la classe.
Et quand Vickan et Mickan commence à
la harceler, elle est sans défense, ne sait
plus ce qu’elle doit faire, et finit par réagir
Florence Seyvos, Charlotte et Mona,
Mouche, l’école des loisirs, 6+ ♥♥♥
Charlotte et Mona déménagent, et désormais, chacune aura sa chambre. Mais il
n’est pas si facile de s’endormir tout seul
le soir seul dans une nouvelle chambre, et
après de nouveaux réaménagements, Charlotte constate, ravie, que c’est un peu
comme si elles avaient quatre chambres
désormais : « ma chambre, ta chambre, ma
chambre dans laquelle tu dors, et ta
chambre dans laquelle je dors ». « Il est
vraiment bien ce nouvel appartement »,
répond Mona. Trois histoires tendres, poétiques et tendres autour de cette belle complicité qui unit les deux sœurs. Beaucoup
de fantaisie et de poésie aussi.
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La sélection de TAMARA
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artificielle. Et très vite, il s’avère qu’ils ont
tous le même père. Il s’agit dès lors de les
retrouver. Ils sont 57. Puisque la chaleur
accélère le déclenchement de la maladie, il
faut les en préserver. Mais l’un d’eux, Virgil, un jeune passionné d’informatique qui
croit avoir craqué les dossiers secrets de la
CIA, est persuadé qu’il s’agit d’un complot pour l’enfermer, et s’échappe, entrainant la jeune Sia dans sa fuite. Les personnages sont magnifiques, parce que très humains : le vieux policier dévoué qui se
lance dans l’enquête, qui fait au passage le
bilan de sa vie de famille ratée ; sa jeune
protégée, une jeune femme policier qui
hésite entre carrière et mariage ; le directeur adjoint de l’institut sanitaire, brillant
mais complexé par sa petite taille et donc
souvent désagréable, la jeune psychologue
qui vient l’assister. Dans cette course
contre la montre et contre le virus, les personnalités s’affrontent ou se complètent,
l’anxiété, la déduction et le délire se conjuguent. Un suspense mené avec brio jusqu’au bout.
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Sandrine Mirza, Le Journal d’un poilu,
Gallimard Jeunesse, 9+ ♥♥♥
Magnifiquement présenté, Le Journal d’un
poilu se compose de deux parties. La première fait alterner le journal manuscrit sur
la page de gauche avec le cours d’histoire
illustré sur la page de droite. La seconde
contient des reproductions de documents,
tels un livret militaire, des tickets de rationnement, une carte du front, etc. C’est
un document à la fois passionnant et très
amusant à regarder, qui permet de suivre
un parcours, mais aussi de se documenter
et de partager de nombreux petits détails
du quotidien d’un soldat.
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Guillaume Guéraud, Je mourrai pas gibier, Editions du Rouergue, 12+ ♥♥
Très sombre, le récit raconte comment
Martial, né dans un village où les hommes
se destinent à la scierie ou à la vigne et ne
se croiseront plus, sauf pour échanger de
mauvais coups. Pourtant, ils ont la passion
de la chasse en commun, et surtout cet
adage : « Je suis né chasseur, je ne mourrai
pas gibier ». Pour fuir ce piège, il se lance
dans la mécanique. Martial est écartelé
entre son sens de la justice, son refus de
ressembler aux siens, et l’habitude de la
violence. Parce que c’est la seule réaction
qu’il connaît face à la colère et l’injustice,
il se montre incapable de réagir avec humanité quand il découvre la mort de Terence, un vieil original pacifique et solitaire. Et il devient chasseur. Une mécanique sordide qui fait de cet adolescent
sans repère et sans modèle un criminel.
Christophe Lambert & Sam VanSteen,
Virus 57, Syros jeunesse, 12+ ♥♥♥
Excellent roman à suspense pour jeunes
lecteur. Des adolescents meurent dans des
souffrances effroyables, la mort est fulgurante. Les proches sont contaminés en
quelques secondes pour mourir aussitôt.
Tous ces jeunes sont nés par insémination
Ann Brashares, Ici et maintenant, Gallimard jeunesse, 12+ ♥♥
Roman d’une jeune auteure culte qui
aborde le thème fascinant des voyages à
travers le temps. Prenna fait partie d’un
groupe de voyageurs temporels qui ont fui
un futur horrible, dans lequel une épidémie
de peste du sang a décimé les gens par
milliers, dans lequel les conditions climatiques sont éprouvantes et la vie sur terre
intolérable à cause des ravages de la pollution et des conséquences de notre destruction de la planète.
Un groupe épargné par la maladie retourne
donc dans le passé, dans ce qu’ils considèrent comme l’âge d’or – notre époque -. Ils
prétendent chercher des solutions pour
améliorer l’avenir, mais Prenna se rend
compte petit à petit que les règles très
strictes auxquelles ils doivent obéir visent
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La sélection de TAMARA
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et est capable de voir au-delà. Sa quête
dresse le portrait d’une Amérique paradoxale, à la fois cordiale et violente. La
chance de Joseph, c’est d’avoir été entouré
depuis toujours par des personnes bienveillantes qui ont fait de lui ce jeune
homme ouvert, capable de dépasser les
apparences pour voir la bon et le beau.
Ava Dellaira, Love Letters to the dead,
Michel Lafon, 12+ ♥♥♥
Une belle surprise que ce roman épistolaire un peu particulier, puisque les lettres
sont toutes rédigées par la même personne,
et toutes adressés à des destinataires déjà
morts. Au départ, il s’agit d’un devoir,
mais Laurel s’est tellement livrée dans sa
lettre, et a tellement besoin de demander
conseils à ces destinataires à la fois
proches et distants, qu’elle ne le rend pas,
mais le prolonge au contraire. Pendant
toute une année scolaire, elle va écrire et
raconter ce qu’elle vit, car ces lettres sont
le moyen qu’elle a trouvé pour lutter
contre la tristesse et la solitude depuis la
mort de sa sœur qui lui manque cruellement. Petit à petit, le lecteur apprend aussi
à lire entre les lignes, par recoupement, et
découvre l’étendue de sa détresse et du
sentiment de culpabilité qui la ronge. Elle
y évoque aussi des amitiés qui se font et se
défont, des relations qui se nouent autour
d’elle, ce garçon plus âgé et difficile à cerner dont elle tombe amoureuse mais tout
en étant incapable de se livrer et de partager ce qu’elle vit. Un roman très sensible
et très féminin.
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plutôt leur propre survie et une absence
d’intervention dans le monde, donc une
grande passivité, ce qui la rend de plus en
plus méfiante vis-à-vis de ses conseillers.
Comme aucun voyageur temporel, Prenna
n’a pas le droit le nouer des relations
proches avec des natifs du temps présent.
Mais elle ne peut pas s’empêcher d’apprécier la gentillesse d’Ethan si doux, protecteur et prévenant. Les choses se précipitent. Prenna et Ethan vont tenter de contrer
le futur pour en modifier les conséquences,
sans savoir quelles sont leurs chances de
réussite et en prenant des risques énormes.
L’enjeu est planétaire. Mais Ici et maintenant est surtout un roman d’amour, sur
une relation de confiance, de tendresse et
de complicité qui se tisse entre les deux
jeunes gens, une relation éprouvée par le
danger, les interdits et la peur de se nuire
mutuellement, ce qui en fait un roman plus
adapté au lectorat féminin.
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Xavier Deutsch, Hope, Mijade, 12+ ♥♥
Joseph vit dans une petite ville où tout le
monde se connait. Il y règne une atmosphère de confiance et de bonhommie. Il est
entouré de parents aimants et travaille
dans le garage de M. Carlson qui lui accorde toute sa confiance. Dans l’atelier du
garage, il y a un calendrier avec des photos
de filles plus ou moins habillées. Et quand
apparaît la fille de septembre, Joseph est
pétrifié. Cette fille-là, il faut qu’il la retrouve. D’une manière ou d’une autre, les
gens apprennent ce qu’il vit et tentent de
l’aider à retrouver celle qu’il a surnommée
Hope. C’est l’occasion pour Joseph
d’’elargir son champ de réflexion, de découvrir que derrière les existences rangées
se cachent d’autres réalités, que certains
jugent inacceptables ou immorales en ce
début des années 50 aux Etats-Unis. Racisme et conflits ethniques, communisme,
prostitution, chantages odieux. Mais Joseph, si droit et si pur, désarme la violence
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Tamara Weinstock
Los Muestros N° 96
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En Marzo de 2014 hubo “cambio de guardia” en Ámsterdam: el Señor Bram Pallache reemplazó a J. Señor Coronel como
Presidente del College van Parnassim de la
Portugees Israëlitische Gemeente (P.I.G.).
La comunidad portuguesa de Ámsterdam,
eligió de nuevo a un Pallache como su presidente. No era esto algo nuevo: ya son
cuatrocientos años que es habitual que un
miembro de la familia Pallache encabece
la Comunidad.
El año 2005 fue el
de una intensa actividad histórica y
cultural celebrando
400 años de relaciones entre Los Países
Bajos y Marruecos.
Así quedó celebrado
también el aporte de
los Judíos de MaBram Pallache
rruecos, en una exposición: “Lihoed Maroc”, Marruecos y los
judíos – una historia compartida. Abrió la
exposición el 22 .9. 2005 en el Museo Bíblico de Ámsterdam “Bijbels Museum”, el
Señor André Azoulay, Consejero del Rey
de Marruecos, simbolizando el nexo judío
entre Marruecos y Los Países Bajos.
Entre otros objetos fueron expuestos mapas, documentos y fotos sobre Samuel Pallache, de Marruecos. El texto del catálogo
lo define como “Gezant”: Embajador del
Sultán de Marruecos. El catálogo subrayó
la importante contribución de Judíos de la
Corte en el establecimiento y el desarrollo
de relaciones diplomáticas y económicas
entre ambos países al principio del siglo
XVII, También subrayó el origen español
de Pallache y otros Judíos de la Corte y
sus actividades como Embajadores, Visires-Ministros, consejeros, agentes comerciales, y la conexión entre los dos países
por intermedio de Judíos de la Corte de
Marruecos, desde Samuel Pallache hasta
André Azoulay extendida sobre cuatrocientos años.
Precedió a la exposición “Lihoed Maroc”
de Ámsterdam una exposición semejante
en Madrid: “Los Sefardíes del Norte de
Marruecos, un puente con España”, 7 –
28,11, 2003.
En los dos tomos de su obra maestra en
hebreo: Historia de los Judíos en África
del Norte.
H. Z. Hirschberg dedica varios párrafos a
la actividad de Samuel Pallache de Fez y
su familia en favor de los Anussimconversos, y menciona también a otro judío de Fez: el Rabino Isaac Uziel y su
aporte de peso en la creación y los primeros pasos de la Comunidad Portuguesa de
Ámsterdam. Libros publicados recientemente en Israel, Los Países Bajos, España,
Portugal, sobre Pallache , contienen detalles sobre el Rabino Isaac Uziel, y la influencia de Judíos de Marruecos en los
años formadores de la Comunidad Portuguesa de Ámsterdam.
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Prólogo
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H I S TO I R E
Dos Judíos de Marruecos en la formación de la
Comunidad Portuguesa de Ámsterdam
Prof. Moshé Liba
Antecedentes históricos
Antes de examinar el aporte de personajes
judíos de Marruecos, hay que ubicar la
Comunidad Portuguesa de Ámsterdam en
el tiempo y en el espacio. Por ello, hay que
hacer breve mención de eventos trágicos
en la vida del Pueblo Judío: la Expulsión
de España, la Expulsión y el Bautismo forzado de Portugal, los intentos de los reinos
de Portugal y de España de infiltrarse en
Marruecos, a creación de la República de
las Siete Provincias de Los Países ajos, y
examinar a Fez en Marruecos como centro
del retorno al judaísmo de conversosAnussim. De la comunidad Judía de Fez
han llegado a Ámsterdam los primeros
personajes quienes tuvieron impacto en la
creación de la Comunidad Portuguesa: Samuel Pallache – Judío de la Corte y su familia y el Rabino Isaac Uziel.
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Dos Judíos de Marruecos en la formación de
la Comunidad Portuguesa de Ámsterdam
Prof. Moshé Liba
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Marruecos en guerras con España y con
Portugal, la República de las Siete Provincias, y los conversos, consideraban a España como enemigo.
Para los judíos y sobre todo los conversos,
por quienes no muchos países de Europa
estaban abiertos, la derrota de la gran flota
española por los británicos en 1588, fue como una señal divina,
acompañada de la posibilidad de encontrar
un asilo en Los Países
Bajos.
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Coiniciendo con su llegada y beneficiándose de su aporte, creció la comunidad de
Ámsterdam en número y en importancia y
se transformó en el gran centro europeo
del retorno al judaísmo de conversosAnussim.
España decretó en 1492 la expulsión de
los judíos, con la alternativa de someterse
al bautismo. Así se crearon dos diferentes
partes del judaísmo sefardí: los Megorashim que llegaron a África del Norte – mayormente a Marruecos – y a otros países
del Mediterráneo y los nuevos cristianos /
conversos/marranos, en su apelación hebraica: Anussim.
Gran parte de los expulsados de España
encontró refugio en Portugal, donde existía una comunidad judía, sólo para ser expulsados en 1496, y sometidos al bautismo
forzado en 1497. La población judía de
Portugal se transformó de esta manera en
cristãos novos -Anussim.
Buena parte de los expulsados de España
llegó a Marruecos en 1493 sobre todo a
través de los puertos de Arzila y Salé. El
sultán de Fez envió mulas, guías y capitanes a Arzila afin de transportar a los judíos
a su capital, donde construyó una serie de
viviendas para acogerles.
Los reyes católicos de España y de Portugal intentaron de implantarse en Marruecos, y puertos de Maruecos se transformaron en territorio español o portugués.
Contingentes de judíos hispanos llegaron a
Fez no sólo en los años inmediatamente
posteriores a la Expulsión, sino a lo largo
de la primera mitad del siglo XVI, a través
de las plazas que los portugueses tenían en
el litoral marroquí. El punto al que gravitaban estos judíos era la ciudad de Fez.
Los judíos de Fez fueron obligados a dejar
sus habitaciones en la ciudad vieja y reconstruir sobre una salina, un “mellah”, lo
que se convirtió en “barrio judío”.
En el año 1579 se unieron provincias en
Los Países Bajos, creando la República de
las Siete Provincias de Los Países Bajos.
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Fez – Centro de retorno al judaísmo
La ciudad de Fez se
ganó fama en la historia de los Anussim
de España y Portugal como lugar de refugio donde podrían volver abiertamente a
su pueblo y a su religión. Es la primera
razón del flujo de Anussim hacia esta ciudad. La Inquisición tramó una red de supervisión de los Nuevos Cristianos tanto al
interior de España como en posibles lugares de refugio. La Inquisición de Portugal
hizo lo mismo hacia los cristiãos novos.
Fez recibió muchos judíos antes y durante
las Expulsiones de España y de Portugal
de 1492 y 1496, cristaos novos de Portugal antes y después de la conversión forzada de 1497, así como muchos Anussim de
estos dos países a lo largo de un período
de más de cien años. Anussim que no podían salvarse ellos mismos, mandaban a
Fez sus hermanos e hijos para aprender las
leyes del judaísmo.
En su libro sobre Samuel Pallache, Mercedes García-Arenal y G.Wiegers citan fuentes españolas que recogen ejemplos de
judíos mandados a Fez para educarse en el
judaísmo.
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Sinagoga de Fez
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Prof. Moshé Liba
Dos familias famosas de Judíos de Fez
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El mellah de Fez era, a la vez, un centro
de vida judía y del retorno al judaísmo así
como de contactos diplomáticos, comerciales e internacionales. Vivían en el mellah gente de muy alto nivel intelectual y
de grandes capacidades económicas, una
élite.Dos de las familias más ilustres de
Fez y del judaísmo marroquí eran: Uziel y
Pallache. El primer miembro de estas familias del que hay noticias documentadas
es Isaac Pallache, rabino de Fez, mencionado en las Taqqanot de la Comunidad
Judía de esta ciudad de 1588, suegro del
Gran Rabino Judah Uziel y padre de Samuel y de Joseph. Isaac Uziel de Fez es, a
principios de XVIII, uno de los primeros
rabinos de Ámsterdam, de la comunidad
llamada Neve Shalom.No será entonces
mera casualidad que estas dos familias han
llegado a Ámsterdam en el mismo tiempo.
entre los judíos de España, ya en el siglo
XV. Después de la Expulsión de España y
Portugal, los Uziel fueron esparcidos en
África del Norte. Isaac Uriel, medico y
poeta, nacido en Fez, fue por un tiempo
rabino en Orán, que dejó para establecerse
en Ámsterdam donde abrió una escuela
talmúdica .Reemplazó a Juda Vega en
1610 como rabino. Insatisfecho con la relajación de miembros de la Comunidad
Sefardí en materias de observancia religiosa, Uziel pronunció una serie de discursos
(sermones) y como resultado se fundó otra
sinagoga. Uziel es el autor de un libro de
gramática: “Ma’aneh Lashon” (editado
por su alumno Isaac Nehemiah en 1627).
Dejó también muchos poemas en hebreo y
español “Libros Poéticos en Declaración
de Todos los Equívocos de las Sagradas
Letras”. – El historiador Miguel de Barrios
considera a Uziel como gran poeta, músico capaz y matemático distinguido.
El Jajam Uziel llego a Ámsterdam en 1615
desde Constantinopla, Turquía, y era además hombre de negocios. El itinerario de
Isaac Uziel fue largo: Fez, Orán, España,
Turquía, Ámsterdam, adonde fue nombrado Rabino de “Neveh Shalom “.Los
Anusim-conversos llegando en número
creciente a Ámsterdam eran considerados
“católicos sin creer, judíos sin conocimientos”,se los veía como heréticos y eran
más bien sospechosos.
En su fase inicial, la Comunidad de Ámsterdam tuvo que traer rabinos, cantores,
profesores-maestros desde otros lugares, y
el Rabino Uziel de Fez jugo un gran papel
en la fase inicial.
Ámsterdam, y la República de las Siete
Provincias se benefició del aporte tan importante de estos judíos, sus conocimientos y sus contactos con países en Europa y
en otros continentes, y Ámsterdam se
transformó en uno de los centros más importantes del Judaísmo Sefardí.
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Fez alcanzó su época de máximo florecimiento político y económico a mediados
del siglo XVI con lo que fue polo de atracción para judíos. A finales de ese siglo los
judíos de origen hispano eran omnipresentes en el comercio exterior, la administración y la diplomacia marroquí. Además
Fez era un importantísimo centro cultural
e intelectual. A lo largo del siglo XVI Fez
se convirtió no sólo en lugar de vuelta al
judaísmo, sino sobre todo en un lugar donde adquirir o recuperar su cultura y su fe
judía.
Isaac Uziel – el Rabino
La mayor preocupación de los que llegaron a Ámsterdam fue la creación de una
comunidad judía con todas sus funciones,
sin perder su nexo con los antepasados de
España y Portugal.
La Enciclopedia Judía introduce así la familia Uziel: Nombre de familia común
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Dos Judíos de Marruecos en la formación de
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alumnos, algunos de ellos llegando a fama
en Ámsterdam y en otros lugares. Hacia
los conversos-anussim sus alumnos, se
comportó el rabino con mucha tolerancia y
empleó toda su experiencia desde Fez a fin
de integrarles a la Comunidad.Hacia los
miembros ya establecidos y los Parnassim
que fungían como directores de la Comunidad – era el Rabino Uziel mucho más
exigente y hasta estricto. Pero, al parecer,
no todos los miembros estaban de acuerdo
con la posición del Rabino Uziel, considerada por ellos ortodoxa, el resultado fue la
creación en 1618 de una tercera Kehila
“Beth Israel”.
Así hubo tres sinagogas en Ámsterdam:
Beth Jacob(establecida en 1602 por Marranos llegados de Ingaterra a traves EmdenAlemania), Neveh Shalom, Beth Israel,
que se unieron en 1639 para formar una
gran congregación, bajo el nombre de Talmud Thora, la escuela rabínica cambiando
de nombre – Ets Haïm.
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Don Samuel Pallache,
“Judío de Fez” según
Mercedes
GarcíaArenal, llegó a Ámsterdam como Embajador o
Agente diplomático del
Rey de Marruecos,
inició, y fue el origen
de las relaciones entre
Don Samuel Pallache Marruecos y las siete
Republicas. Pallache
tenía en su casa un minyan ya en 1597 ó
1598.Él hizo mucho para ayudar a conversos a venir a Ámsterdam para integrarse en
la comunidad y regresar al Judaísmo.En el
año 1591, Samuel Pallache demanda por
carta al magistrado de Middelburg –
Zeelandia, de autorizar conversos a establecerse en la ciudad y practicar el Judaísmo, pero los predicantes protestantes lo
impidieron de dar la autorización.
Entre tanto se había organizado en 1608 en
la casa de Pallache el minyan y una congregación Neveh Shalom, quedó establecida en 1612 como la segunda sinagoga de
Ámsterdam.
El Rabino Isaac Uziel desempeñó cargos
en esta sinagoga, al principio de cantor y
maestro, luego de rabino, reemplazando a
Juda Vega cuando éste se fue para Estambul.
El rabino Uziel tenía que atraer a los conversos al Judaísmo, al pensamiento judío,
al idioma hebreo. Él escribió poemas en
hebreo para acercarles al idioma como vía
para traer la Biblia hacia ellos, para acostumbrarles a leer la Biblia.
Isaac Uziel venía de Fez, ciudad ya experimentada en retorno de conversos al Judaísmo, era alumno de su padre rabino de
aquella comunidad y se benefició del apoyo de un miembro de su familia hombre de
gran importancia, Don Samuel Pallache.
Uziel era rabino talmudista, gramático,
exégeta, escritor, poeta, matemático, cantor, músico, y como maestro tuvo muchos
Actividades del Rabino Uziel
Isaac Uziel desarrollo una intensa actividad en Ámsterdam: de un lado una paciente y tolerante actividad con los conversos a
fin de acercarles camino al Judaísmo y, del
otro lado una actividad autoritaria y estricta en la observación de la ley judía hacia
los Parnassim.
Con su aporte y cooperación se crearon
varias instituciones de la Comunidad, incluso la fusión en la Talmud Thora. Así se
establecieron Bikur Jolim ;Yeshiva; DotarSanta; Cautivos; Tierra Santa; y otras. Talmudista, rabino-maestro de la Yeshiva, era
activo en la interpretación de la Biblia, y
en la correspondencia de su tiempo: la
Responsa, en preguntas y en respuestas.
Para los conversos ,que sentían una veneración por el hebreo, “la Lengua Sagrada”
la Yeshiva ponía énfasis en aprender a escribir, y mismo en hablar el hebreo.
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Dos Judíos de Marruecos en la formación de
la Comunidad Portuguesa de Ámsterdam
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En Ámsterdam estudió Menasseh desde
muy joven con el Rabino Uziel biblia, talmud, kabbala, hebreo, judaísmo. Hablaba
diez idiomas, entre otros portugués, holandés, latín y hebreo. Hábil cantor, oradorpredicante en la sinagoga, ben Israel reemplazó a la edad de 18 años a su maestro
cuando éste falleció, y fue nombrado Rabino de Neveh Shalom en 1622.
Prolífico autor, ben Israel publicó en 1627
su primer libro, Plegarias y cantos litúrgicos, corregido por su colega Isaac Aboab
de Fonseca. El libro se publicó en su propia imprenta abierta en 1626, la primera
imprenta judía en Ámsterdam, la cual tuvo
gran éxito por la cantidad de sus publicaciones. Ben Israel publicó sus propios escritos, traducciones al español para el uso
de la Congregación, libros litúrgicos para
Comunidades Sefardíes y libros en latín
para los cristianos. Entre sus grandes
obras, “El Conciliador” cuatro tomos de
interpretaciones de la Biblia, herencia e
influencia directa de su maestro Isaac
Uziel. Se destacó en sus relaciones con
cristianos en Ámsterdam y otras partes de
Europa. Entre sus amigos se encuentra el
filósofo Hugo Grotius y los Profesores
Barlaeus y Vossius. Fue hasta tratar sin
éxito de ser nombrado como profesor de
hebreo en el Atheneum de Ámsterdam
(1636). Su más famoso amigo fue el pintor
Rembrandt quien hizo retratos y esbozos
para sus libros. Se
considera que en gran parte de las pinturas
con temas bíblicos, y obviamente judíos
como La Novia Judía, El Rabino, etc., se
inspiró Rembrandt en modelos de la Comunidad.
Menasseh ben Israel viajó en 1655 hacia
Inglaterra para intervenir en favor de la
admisión de judíos conversos en este país.
El presentó una Petición a Cromwell
“Humble Address” pero no tuvo éxito, se
enfermó y murió en Middelburg, Zeeland,sur de Los Países Bajos, en 1657.
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Uziel escribió un libro de gramática
Ma’aneh Lashon ,publicado en 1627 por su
alumno Isaac Nehemiah, así como poesias,
y traducciones de poesía, cantos y prosa,
editados por A. Elmalech. Uziel tuvo muchos seguidores en la poesía. Su alumno –
luego Rabino – Isaac Aboab de Fonseca,
quien tenía 17 años al fallecimiento de
Uziel, escribió un epitafio para su maestro.
Joseph Serrano le dedicó un poema en su
libro “Temime Derej”. El historiador Miguel (Daniel) de Barrios consideró a Uziel
como “un gran poeta”. Otros, más modernos piensan que Uziel puede ser acreditado
con la introducción del estilo oriental en la
poesía de Los Países Bajos.
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Uziel fungió como cantor en la sinagoga
Neveh Shalom. Muchas de las melodías
litúrgicas, ritos y otros Nusaj (rito, estilo)
de plegarias de la Comunidad Portuguesa
demuestran un parecido sorprendente, una
semejanza impresionante con las de los
judíos marroquíes.
La tierna Comunidad de Ámsterdam pudo
enorgullecerse de mandar rabinos, maestros y cantores a otras comunidades; tanto
dentro de la República y sus territorios de
ultramar, como al extranjero. Fueron estos
los rabinos Moses Zacut a Venecia y Mantua, Isaac Naar a Livorno, Jacob Abendana
a Londres y David Cohen de Lara a Hamburgo.
Dos seguidores: Menasseh ben Israel e
Isaac Aboab de Fonseca
El más ilustre alumno de Uziel fue Menasseh ben Israel (1604 – 1657). Su padre,
marrano de Portugal fue presentado ante la
hoguera de Lisboa en 1606 para confesar
actos judaizantes. Liberado después, se fue
para Ámsterdam junto con su niño, Manuel
Dias Soeiro. Cambió su nombre en Ámsterdam Joseph ben Israel y el de su hijo por
Menasseh ben Israel.
--45
34--
Los Muestros N° 96
H I STO IRE
Dos Judíos de Marruecos en la formación de
la Comunidad Portuguesa de Ámsterdam
.o
ad
Otro alumno ilustre de Uziel fue Isaac
Aboab de Fonseca (1605 –1693). Nacido
en Castro d’Ayre en Portugal llegó a Ámsterdam a la edad de siete años. Aprendió
en el Talmud Thora con Uziel hebreo, biblia-tora, talmud, kabbala y en general el
judaísmo. Aprendió también la poesía y a
la edad de diecisiete años, al morir Uziel,
escribió dos epitafios a su Maestro.
Misticista, kabalista, exégeta, autor, poeta,
Aboab fue cantor, matarife, y en 1626
nombrado rabino Jajam de Beth Israel. Era
considerado experto en literatura rabínica y
en la Kabbala, aunque no se distinguía en
literatura halajica, es decir como exégeta.
Viajó a Pernambuco, Brasil en 1641 y estableció la sinagoga de la Comunidad de
Recife, Tsur Israel. Con la conquista de
Brasil por las tropas hispano-portuguesas,
volvió Isaac Aboab de Fonseca en 1654 a
Ámsterdam y sirvió como rabino hasta su
muerte en 1693.Su mayor obra poética fue
la compilación de cantos litúrgicos describiendo tribulaciones de la Comunidad en
Brasil (1646). Isaac Aboab de Fonseca,
primer rabino en el Nuevo Mundo, describió en su poema en hebreo los horrores del
cerco de Recife –Pernambuco por las tropas hispano-portuguesas contra los holandeses. Después de su publicación en 1900
fue reconocido históricamente como la primera obra escrita en la lengua sagrada en
tierras de America .
Hemos ilustrado la herencia del Rabino
Isaac Uziel a través de dos de sus más ilustres alumnos-seguidores. Uziel tuvo muchos alumnos rabinos, cantores, matarifes,
líderes de la Comunidad Portuguesa de
Ámsterdam y en varias Comunidades. Como el Rabino Uziel, tuvieron estos dos
alumnos-seguidores gran importancia en el
retorno al Judaísmo de Anussimconversos. Ambos dominaron la vida religiosa, cultural, y poética de Ámsterdam
durante el siglo diecisiete y tuvieron gran
influencia sobre la enseñanza del Judaísmo
rg
Prof. Moshé Liba
Interior de la Sinagoga portuguesa
de Amsterdam
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y de sus ritos. También tuvieron influencia
sobre otras personalidades, como Rembrandt , y como Espinoza- quien fue el
alumno de Menasseh ben Israel y de Isaac
Aboab de Fonseca.
El Rabino Isaac Uziel falleció en 1622 y
fue enterrado en el cementerio judío recientemente adquirido en Oudekerk aan de
Amstel, cerca de su primo Samuel Pallache.
En un artículo a seguir, examinaremos el
aporte de Don Samuel Pallache, de Fez,
Embajador del Rey de Marruecos, en la
fase inicial de la creación de la Comunidad
Portuguesa, la influencia que tuvo en el
retorno al judaísmo de conversos- anussim
-cristaõs nuevos, sus relaciones con las autoridades locales e internacionales, así como en el establecimiento y el fortalecimiento de las relaciones entre Marruecos y
Los Países Bajos.
35 - 46
Prof Moshé Liba
La Haya, 2014
Los Muestros N° 96
L os Mu e st r o s
a t ribut e in the fo r m of a poe m
POESIE
Albert Russo
A
The rose tree
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rg
Shelly and Minica brought me a gift
oh, not a beautifully wrapped present
as they are wont to gratify me with
tokens of their sisterly love
No, this time, they gave me
something that can only be defined
as otherworldly, magical, straight out of a
fairy tale
yet at the same time, that thing, call it
miraculous,
was palpable and spread a subtle perfume
around their inclined heads
ad
miracle of devotion,
a quarter century of revival the JudeoSpanish language the nazis wanted to
eradicate and they almost did, along with Yiddish, but it was without counting on the resilience of our people, the resuscitation of a
tongue which the Jews from Spain kept speaking for half a millennium, in spite of the Inquisition and the treachery of Ferdinand and Isabel, whose Catholicism can only be despised, for it was tainted with hatred and cruelty.
When visiting my parents’ last abode
outside Brussels, in a tranquil Flemish
village
they felt suddenly overwhelmed
no more bleeding, no more tears,
- one or two maybe -, but a feeling
of nostalgia and longing,
mixed with a touch of ineffable joy
ef
ar
And yet, and yet, Judeo-Spanish kept alive and
is now studied in the universities of our former
enemies, while 75% of them still claim they
don't like Jews, having forgotten all about
them, since so few live nowadays in their country, with their Juderias having become major
tourist attractions in so many of their cities, from Cordoba to Toledo, from Granada, to
Sevllle; yet, still in 2014, they had a village in
the northern part of Spain called 'Mata-Judios',
in other words, 'Kill-the-Jews', with an annual
festival bearing that name, as well as a limonade - 40,000 bottles produced yearly.
w
w
w
.s
God of Abraham, of Moses and of Jesus, what
kind of nation have you created whose population remains filled with so much odium and
loathing for your own people? It is not only
Spain, but most of Europe that still carries the
stain of antisemitism, after 2000 years of pogroms, of vilification and of insults, all of it
based on fraudulous translations of the gospels, from Hebrew and Aramaic into
Greek, wherein the Jews are accused of deicide. And now, because of such distorted literature, it is the Islamists who repeat the same demonic revilement.
A rose tree had grown, all abloom
as if it were bending to kiss the beloved
couple
now reunited in eternity, wishing them a
new start
in the afterlife, with boundless merriment
and happiness
But there is Los Muestros, into which Moïse
Rahmani and his superb team, including his
own daughters, have breathed new life, year in
and year out, come hell or high water, revealing to all of us around the world, Jews and nonJews alike, the righteous and the curious, in
several languages, truths that hurt the naysayers and truths that make us proud of our magnificent, florishing, inimitable and indestructible culture.
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Albert Russo
Los Muestros N° 96
Le judéo franco-arabe
HUMOUR
Humour égyptien - Noktas
Albert Bivas
rg
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Oua-haide batte-nou machi oua houa machi ouara.
Darabe el telephone ou zaighail.
Oua-haide a-ghaide al rassif ou reglai bedadaile.
Deux associés partent en voyage d’affaires dans une autre ville. Ils sont dans leur
bureau, c’est tard la nuit et ils n’ont pas réservé de chambre d’hôtel, ils décident donc
de dormir au bureau. Certains bureaux
n’avaient pas de salle de bains et de toilettes, ce n’était pas nécessaire, ce n’était
pas une habitation. Mais ce jour-là ces 2
partenaires avaient besoin de pisser, ils ne
savaient pas comment faire, ils décident
donc de pisser par la fenêtre. Deux sayidis
passent sous leur fenêtre juste à ce moment,
ils sentent de l’eau tomber sur leur tête et
pensant qu'il pleut, ils regardent vers le
haut et disent ; “hey bai natar”…
.o
J
e commencerai par des histoires
“noktas” en arabe écrites avec des
lettres de l’alphabet français/latin. Je
crois possible que tout individu avec même
un minimum de connaissance d’arabe peut
les comprendre. Elles sont apparemment
bien marrantes, plusieurs personnes qui
l’écoutent rient bien.
L’Européen qui prend rendez-vous pour
le lendemain avec un Égyptien, l’Européen
dit à l’Égyptien “on se rencontre donc demain”, l’Égyptien lui répond “Inchallah” (si D-ieu veut)”. L’Européen lui répond “oui , mais on se rencontre donc demain, est-ce sûr?” L’Égyptien lui répond
”oui, c'est sûr, Incha-llah”. L’Européen
continue “donc, à demain” et l’Égyptien
répond “oui, à demain... Inchal-lah”. L’Européen répète “donc tu viens demain”
l’Egyptien lui répond toujours “oui, sûrement, je viens, à demain... Incha-llah”.
L’Européen surenchèrit “donc c’est sûr que
tu viens demain? On se rencontre demain,
c’est sûr? ” et l’Egyptien lui répond encore
“oui… c'est sûr, je viens demain , on se
rencontre demain, c'est sûr …Inchallah…”.
ef
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Une histoire à la Goha, un souvenir
d’Égypte : Un de mes grands-pères racontait que les gens qui apportaient en cadeaux
de la nourriture, généralement de la pâtisserie ou autres friandises, étaient les premiers
à les manger, la plupart ou même entièrement. Il disait à propos de ces gens-la:
“goha gablou ouai goha akalou”..
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Rappelez-vous. Connaissez-vous cette
autre histoire de Goha qui a mangé le foul
medamaisse mais a oublié de l’assaisonner ? Alors il boit l’huile, le vinaigre et le
citron, il mange le sel et le poivre, il fait
ensuite des culbutes pour mélanger tout
l’assaisonnement avec le foul dans son estomac !
Goha vend sa maison mais il laisse un
clou au mur, et la considère donc encore a
lui. Comme étant encore sa propriété à lui,
il va donc tous les jours dans la maison
pour s’assurer que le clou est toujours là.
Le Sayidi qui vient dans la ville pour la
première fois est émerveillé par ces hauts
immeubles à multiples étages. Il monte
donc et se jette du premier étage, il tombe
dans la rue, tout le monde vient vers lui et
lui demande ce qui s’est passé. Il leur répond : “Je ne sais pas, je viens d’atterrir.”
Un sayidi vient en ville pour la première
fois. Il est invité dans un grand gala dans la
résidence d’un ambassadeur. Pendant le
repas, il se penche à droite et crache parterre, alors le serveur lui met un crachoir à
côté de lui. Le Sayidi veut cracher de nouveau, il se penche à droite, voit le crachoir,
alors, il se retourne vers la gauche et crache
parterre, le serveur remarque cela, alors il
met le crachoir a gauche.
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Los Muestros N° 96
Le judéo franco-arabe
Humour égyptien - Noktas
HUM O UR
Albert Bivas
rg
Quelques minutes plus tard le sayidi s’apprête à cracher de nouveau. Il se tourne vers la
gauche, voit le crachoir, il se retourne donc vers la droite et crache parterre. Cela ce passe
ainsi plusieurs fois quand le sayidi s’exclame alors à son hôte: “Pouvez-vous demander
qu'on m’enlève ce plat de parterre ou bien je risque de cracher dedans.
ad
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Et enfin, une peut-être très bonne, la réunion internationale sous les auspices de l’ONU
avec les représentants de tous les pays… les noms des représentants de chaque pays sont
basés sur des jeux de mots avec leurs sons nationaux mais avec une signification à but amusant, je ne les vous dirai pas ici car ces noms ont un double sens, peut-être pas publiable
ici... Donc je laisse à ceux qui connaissent cette histoire le soin de se la rappeler à eux
mêmes et j’espère de bien rire et s’amuser.
Bon amusement. Riez bien. Bonne santé et bonheur en tout.
Albert Bivas
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Et pour "Los Muestros" Bon anniversaire, 25ème anniversaire, l'anniversaire d'argent et
bientôt le Jubilée, les 50 ans, anniversaire d'or, puis les 75 ans, anniversaire des diamants et
toujours plus riches et plus de valeurs à tous points de vue. Un quart de siècle, ce n'est
qu'un début, bientôt 100 ans, un siècle, "oobale mit sana"... non "oobale
dayimane" (espérons toujours)... Toujours, jusqu'à l'arrivée du Messie "Mashiah" le
"Magdi".
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Ouvert de 9h. à 18h.30
Ouvert le dimanche
de 9h. à 18h.30
Ouvert de 9h. à 18h.30
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Los Muestros N° 96
“”Un Amor Kon Sentidos De Un Pintor””
Haim Vitali Sadacca
POESIE
Haim Vitali Sadacca
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Te huites a un riko,yo un pintor no famoso,
So ombre infeliz,dezesperado i sin gozo.
Kon kolores mas kayentes deseyi desinarte
Nunka pensi en tela o en un karton pintarte.
A tu dulzura unas luzes divinas kije darte
Durante mi vida para pueder posesionarte.
Te gravi en mi korazon i hize mi sinyatura,
Metiendote en un kuadro ke reflekta tu hermosura.
Me mata la kolor de sielo ke hay en tus miradas,
Siempre fueron kon tus dulses sonrizas dekoradas.
Estaras ariendo de mi,para ke tu me inspires
Kon tus lindos ojos deseo a ke siempre me mires.
A tus lavyos les di la kayentura de tus sonrizas
Pinti las miradas kon la alegria de tus rizas.
Todo tiempo ke estare dekorado kon tu prezensya
Kayentaras mi alma, alargaras mi existensya.
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Moved b y t he f at e of a wounded Isr ael i sol di er ,Or na Si mkhai ,an Isr ael i
desi gner cr eat es t he She ma - Or j ewel r y f r om t he pr ayer " SHEM A IS RAEL ."
Or na, hopes b y wear i ng her She ma -Or j ewelr y ( wor k of ar t ) you w i l l i nspi r ed t o
f i nd ( Or ) and Hope, and t o do
khessed and good d eeds, i n
t he wor l d ar ound you.
You wi l l be j oi ni ng man y of
peopl e
who
have
been
t ouched by Or na ’ s ge ner osi t y
and char i t abl e wor k.
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