Présentation de l`artiste Judy Chicago et l?art engagé

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Présentation de l`artiste Judy Chicago et l?art engagé
Judy_Chicago
Présentation de l'artiste
Biographie
Judy Chicago, de son véritable nom de famille, Judy Cohen, est née le 20 juillet 1939 à Chicago dans l?Illinois aux
États-Unis. Elle est l?aînée de sa famille et l?enfant unique jusqu?à l?arrivée de son frère Ben en 1945. Son père
est issu d?une famille juive qui a pour tradition d?avoir un rabbin dans la famille à chaque génération. Son père,
comme beaucoup des la deuxième génération juive immigrée, se révolte contre cette obligation et très vite, le
couple Cohen éduquera Judy avec l?esprit qu?ils ont des origines juives, autrement dit qu?ils étaient juifs. Très
jeune Judy développe un attrait pour l?art. Elle passe son enfance à impressionner les adultes qui la côtoie par sa
créativité. Sa mère remarque très vite sa spécialité et l?encourage à évoluer dans sa passion. Elle l?inscrit à une
école artistique très jeune. La plus grande motivation de Judy Chicago, c?est de devenir une artiste reconnue qui
peut à sa manière changer le monde.
En parallèle avec ses rêves d?avenir, Judy vit dans une ambiance familiale chamboulée par de nombreux sujets
politiques. En effet, son père était un marxiste et participé à des rencontres où il emmené souvent sa fille. Celle-ci
n?avait alors pas encore l?âge de se rendre compte de quoi il était question. Cependant, dans les années 50, une
chasse aux communistes se fait sentir et le Maccarthysme réprime et fait tomber tous ceux qui sont soupçonnés de
s?intéresser à cette idéologie. Le père de Judy est alors réprimé et perd son emploi. C?est alors que la famille
éprouve des difficultés financières et bientôt le père de Judy meurt d?un cancer. La mort de son père la chamboule,
de plus, elle tente de relier et de comprendre l?histoire de son père et ses origines juives. Il y a énormément de
choses qu?elle ne comprend pas et auxquelles elle tentera de trouver une explication. Judy continue ses rêves et
s?inscrit à l?école d?art UCLA d?où elle est diplômée en 1964. Elle se confronte tout au long de sa carrière aux
différentes barrières de pensée mises en place par la société. Néanmoins, énormément d?amis artistes l ?aideront à
persévérer et l?encouragerons dans son cheminement artistique.
Judy Chicago et l?art engagé
On peut dire que Judy Chicago tient son engagement, à des causes politiques et mondiales, de son père. Bien quelle
soit née et est prospéré dans une société très revendicatrice que sont les années 60-70, elle est encouragée par cette
effervescente culture qui nait dans ces années. Cependant, elle est confrontée très jeune à son jugement sur certains
aspects politiques. La mort de son père la chamboule. Il était communiste. Or, aux États-Unis lors du
Maccarthysme on dénigre les communistes et Judy apprend à l?école que les communistes sont des monstres. Judy
perçoit cette tentative de la société de faire de son père une horrible personne qu?elle ne considérait pas ainsi.
C?est alors qu?elle se forgera une opinion: « I had best trust my own judgment bacause other people?s assessemts
could be very, very wrong. »[1] C?est à ce moment que Judy Chicago comprend qu?elle doit se montrer objective
dans ses pensées et construire sa propre opinion.
Au cours de son parcours, Judy Chicago sera révoltée par différentes causes, toujours reliées à l?injustice. Les
répressions contre les juifs, qui la touche directement par ses origines. En effet, la famille de son père vient de
Pologne, où les Russes ont beaucoup réprimé le peuple, aussi l?holocauste lui semblera invraisemblable et elle
dénoncera cette forme d?injustice. En revanche l?une des causes qui lui tiennent le plus à c?ur, c?est celle des
femmes. En effet, Judy Chicago est exposée personnellement à ce type de répression. Étudiant dans un collège
académique d?art, elle dénonce très tôt ce handicap d?être une femme dans un monde d?hommes. Les portes sont
Présentation de l'artiste
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clairement difficiles à ouvrir. C?est grâce à ses expériences personnelles que Judy Chicago va se lancer dans l?art
engagé. C?est par ses luttes, pour dénoncer certaines formes d?oppression, qu?elle mettra à profit son talent
d?artiste. Ainsi, elle mariera les deux caractéristiques qui la poussent à avancer, sa passion et son humanisme. Elle
mettra à profit son engagement jusqu?à instaurer un programme d?art féministe au California institute of Art.
L'art engagé
L?art engagé est en constant mouvement, puisqu?il est lié aux thématiques et aux idées propres à l?époque dans
lequel il est réalisé. Il relit l?avant-gardisme et le militantisme. Cette forme d?art prend sa source dans les systèmes
qui oppressent et dirigent les populations soumisent à toute sorte de censure et de règlements, les privant ainsi de
certaines formes de liberté. Cet art révolutionnaire est souvent accompli par des artistes intellectuels humanistes,
essayant de mettre à profit l?art dans le but de toucher le public et de l?amener à réagir sur certains enjeux de leur
société. C?est l?art mis au service de la dénonciation dans le but de rendre le monde meilleur. Donc on observe
dans l?art engagé un message qu?il est possible de saisir pour n?importe quelle personne. Étant donné qu?il est
adressé à la population, les artistes ne peuvent développer une esthétique trop poussée ou trop conceptuelle. C?est
l?une des contraintes de cet art, qui ne permet pas aux artistes d?exploiter à fond leur créativité.
Analyse d'une oeuvre
Fiche technique
Judy Chicago (Américaine, 1939).
« The Dinner Party », 1974?79.
Installation : Céramique, porcelaine, textile
1463 x 1463 cm
Musée de Brooklyn, New-York, États-Unis
Image du Dinner party
Description
Le « Dinner party » de Judy Chicago est une installation conçue en 1979 dans le cadre de l'exposition d?Art
contemporain du même nom. Le concept de cette installation, qui rassemble le travail de la céramique, de la
porcelaine, du textile, et même de la maçonnerie, est porté par la force du féminisme de Judy Chicago. Le but
premier de l'?uvre est de créer une chaîne de réflexion sur la femme, et ce, en commémorant de deux manières
différentes plus de 1 000 femmes qui ont marqué l?histoire des femmes et du féminisme. La première et la plus
importante des deux méthodes élaborées consistent en une table de forme triangulaire séparée en 39 places assises.
Ces places sont toutes différentes et comportent deux principaux éléments. Le principal est l?assiette creuse, qui a
été peinte d?un symbole représentant la femme en question, chacune avec une signification et une justification
unique. Puis, sur le même principe du symbole, chaque place dispose d?un grand centre de table cousu et brodé à la
main, encore une fois unique à chaque femme. Ces symboles ont été imaginés par Judy Chicago et le tout a été
conçu avec l'aide d'une équipe d'artisanes et de couturières.
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« There was so much work to do that anyone coming to the loft was welcome to take as much responsibility as
they liked »[2]
Pour la seconde méthode utilisée, on a intégré le nom de 999 femmes directement sur les briques du « Heritage
floor » qui composent le socle où repose la table principale. La table par ses trois côtés sépare en ordre
chronologique trois époques de l?histoire, la première partie remonte jusqu'à l?origine des mondes avec les
principales divinités féminines en passant par l?époque de la Grèce antique avec les Amazones et se rend
jusqu?après l?époque romaine jusqu?à la chute du pouvoir de la femme. La deuxième section représente
l?avènement des grandes religions occidentales tel que le Christianisme et le Judaïsme puis se continue jusqu?à la
Révolution américaine où commence la troisième section, avec de grandes femmes qui firent avancer la cause
comme Anne Hutchinson ou le mouvement des suffragettes.
Analyse iconographique
Amazone
Les couleurs utilisées pour l'ornement de l'assiette, soit le rouge, le blanc, et le Noir sont traditionnellement utilisés
pour représenter les Amazones. Les trois formes au centre de l'assiette forment le corps de l'amazone. La forme
blanche la plus centre représente un oeuf, symbole de fertilité, l'ombre noire qui entoure l'oeuf représente une
pierre que les Sumériens portaient sur eux et qui représentait la première incarnation de leur déesse mère. Puis, le
croissant rouge était traditionnellement porté par les femmes d'Anatolie, qui l?attachaient sous leur selle lors de
longue chevauchée en hommage à « la Mère originelle » qui était liée à la Lune. On peut voir sur l'assiette deux
seins à l'extrémité ornée d'or et d'argent, soit l'armure des Amazones, qui représentent le pouvoir de la femme dans
leur société, qui ont longtemps combattu pour défendre son système matriarcal. Puis encore une fois un symbole de
puissance, on peut voir des deux côtés en haut de l'assiette, deux formes représentant des haches à double
tranchant, supposément l'arme de prédilection des amazones au combat alors qu'elle en portait une dans chaque
main.[3]
Notes et références
1. ? CHICAGO, Judy. Beyond the flower, The Autobiography of a Feminist Artist. Viking Penguin, 1996,
282p.
2. ? CHICAGO, Judy. The dinner party a symbol of our heritage, Garden city, NY Anchor press, 1979, P.231
3. ? CHICAGO, Judy. The dinner party a symbol of our heritage, Garden city, NY Anchor press, 1979, p.62
Page créée par Charles A. Ethier et Johanne Riboulet, hiver 2013.
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