52-55 - aventura 28

Transcription

52-55 - aventura 28
?essai
Sous voile par petit temps, l'Aventura 28 nous emmène tranquillement.
28
Aventura
OU L’HISTOIRE D’UN PETIT
CATAMARAN QUI JOUE DANS
LA COUR DES GRANDS…
Un bateau qui pourrait bien vous emmener jusqu'au "bout du monde"…
T E X T E
E T
P H OTO S
:
Démontable, transportable, l'Aventura 28 est un bateau agréable et amusant comme on aimerait
en voir plus dans la production actuelle…
G I L L E S
R U F F E T
DANS UNE AUTRE VIE, CE PLAN FIOLAUX, QUI DATE DES
ANNÉES 80, S’EST APPELÉ DIABOLO. TOUT COMME IL
L’AVAIT DÉJÀ FAIT POUR L’AVENTURA 23, UN BATEAU
DÉJÀ ÉPROUVÉ ET DESSINÉ PAR JACQUES FAUROUX, LE
CHANTIER GO CATAMARANS A RELANCÉ LA SÉRIE,
POUR LE PLUS GRAND BONHEUR DES AMATEURS DE
PETITS BATEAUX FACILES À VIVRE. LE 23 M’AVAIT LAISSÉ
UNE BONNE IMPRESSION. LAISSEZ VOUS GUIDER POUR
CETTE VISITE À BORD DU 28…
L
a Rochelle, septembre 2002. Le
Grand Pavois a fermé ses portes
depuis quelques jours, et au terme
d’une trop longue période d’immobilisation forcée, le temps du show,
chaque jour, les bateaux sortent enfin et prennent la
mer, à l’occasion d’essais destinés à des clients
potentiels, ou encore réservés à la presse. Ce matin,
Eric Roger m’accueille à l’extrémité de ce ponton où
se trouvent les deux bateaux de la gamme, le 23,
que nous vous avions déjà présenté dans
Multicoques Mag, et le 28, l’objet de nos attentions
d’aujourd’hui. Le lien de famille est visible : un cata
open, une nacelle rigide ouverte.
L’Aventura met les voiles… sans moi, j’embarque à
bord d’un bateau à moteur, pour réaliser quelques
photos du catamaran sous voiles. Devant nous, un
monocoque peine à se déhaler, tandis que
l’Aventura 28, tel une libellule, se joue de la faible
brise, et lui tourne autour, sous grand voile seule. Le
bateau est équilibré dans ses lignes, peu chargé, et
il progresse tout à fait bien à l’aide des quelques
malheureux nœuds de vent qui tentent de rider la
surface du plan d’eau. Vu de face, on remarque la
bonne hauteur de la nacelle, ce qui évitera au
bateau de taper, au près et dans une mer formée ;
sous elle, seule la chaise du moteur hors-bord
dépasse. Puis nous rentrons au port, je change de
bord, et je monte sur le catamaran. La grand-voile,
dotée d’un rond de chute assez modéré, quitte son
lazy bag, et monte le long du mât, elle est équipée
de trois ris ; le troisième est positionné très haut, il
permettra une bonne adaptation de la surface de
toile à la force du vent, et sera gage de sécurité
dans le vent fort. Les coulisseaux sont de type classique. Dans ces tailles de bateaux, nous sommes à
la limite où les chariots à bille pourraient se justifier.
Car s’ils facilitent la manœuvre lorsqu’il s’agit de
hisser la grand voile, l’agrément est encore supérieur quand il s’agit de l’ariser, ou de l’affaler, particulièrement dans la brise soutenue. Aujourd’hui, la
grand voile monte sans aucune difficulté.
Puis vient le tour du spi. Quand il est en haut, le vent
en profite pour nous fausser compagnie. Cette
situation est plutôt ennuyeuse, car si la brise ne se
réveille pas, l’essai risque d’être ajourné. L’Aventura
double le phare du Bout du Monde, dans une brise
toujours aussi maussade. Il progresse tout de
même, au vu du peu de vent, mais la subtile et légère ondulation du plan d’eau suffit à déventer le joli
spinnaker bleu. J’envisage de m’en aller gratter le
mât, tenter de faire revenir la brise, ne sait-on
jamais... La conséquence directe de ce manque de
vent se voit dans notre vitesse, elle plafonne à 3
nœuds. La brise s’éveille enfin, et le bateau avec lui.
Notre vitesse n’est pas très éloignée de celle du
vent, à savoir, entre 5 et 7 nœuds. La tenue de barre
ne semble pas vraiment excitante. Ca manque de
punch, par moment, elle est même franchement un
peu molle. Pourtant, à sa danse rythmée sur celle
des vagues, on sent le bateau léger. Ses safrans
n’offrent peut-être pas trop de surface, idem pour
Les coques, plutôt fines à la flottaison, s’évasent ensuite.
3Multicoques Mag
3Multicoques Mag
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A petit bateau, petits problèmes… La manœuvre ne pose
ici aucune difficulté.
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Le cockpit est très agréable et le teck
offre une jolie finition.
Un coffre vient cacher le moteur, et
diminue le bruit.
Une table prend place au centre du cockpit et le transforme en espace idéal
pour recevoir les voisins de mouillage.
un petit chauffage d’appoint pourra tout à fait maintenir une température supportable dans l’abri. Par
vent portant, on peut la conserver. Par contre, au
près, il est impératif de la replier, sous peine d’augmenter démesurément le fardage du catamaran, et
l’empêcher de progresser un tant soit peu au louvoyage. Nous l’avons testé, et avec la capote, au
près, les performances sont catastrophiques. Ce
taud est totalement modulable, et on peut conser-
cartes de type P y trouveront leur place. Cette couchette est parfaite pour deux. Une cloison sépare du
compartiment avant, il est accessible de l’extérieur,
et sert de coffre à voiles. Tout à l’avant des étraves,
deux petites bailles à mouillage permettent le stockage des ancres. Ce n’est peut être pas l’idéal, en
terme de centrage des poids, et le stockage des
apparaux de mouillage sera optimisé en pied de
mât…
ver tout ou partie de ses différents cotés.
Un catamaran qui vous permet vraiment
de beacher sans aucune difficulté.
Descendre dans les coques est facile, commençons
par celle de tribord. Elle reçoit la cuisine, et le petit
les voiles, un peu justes dans le petit temps.
stabiliser. Surtout, il n’est pas assez fort pour que
panner sous spi, la manœuvre ne pose pas de pro-
carré. En hiver, on pourra y manger à trois, à quatre
Comment l’analyser ? De par sa taille intermédiaire,
nous puissions réellement louvoyer dans de bonnes
blème, on le fait tout simplement passer sous l’autre
en se serrant un peu. Pour moi, qui mesure 1,80
entre l’engin léger et le catamaran de croisière, il ne
conditions, une allure qui, de toutes façons, ne sera
amure, par l’extérieur de l’étai.
mètre, la hauteur sous barrots est un peu juste,
réagit plus au quart de tour, comme pourrait le faire
jamais très efficace à bord de ce type de bateau. Ca
un catamaran de plage ; mais il n’a pas encore la
et la capote, mais nous y reviendrons tout à l’heure.
lourdeur d’un multicoque de croisière. Il en offre
Prenons le temps de regarder
ce bateau…
inverse de la marche ; elle est assez pratique, avec
son réchaud deux feux, et son petit évier. A bord du
pourtant de nombreux avantages, et présente un
l’île de Ré, où nous allons mouiller, le temps d’un ins-
L’étrave est haute, et sa ligne générale court vers l’ar-
bateau d’aujourd’hui, un frigo a été installé. Mais nul
meilleur compromis entre sécurité, performances, et
tant, et s’en venir beacher, pour la postérité, et la
rière, pour se terminer par une petite jupe. Celle de
doute que cet espace, sur un bateau standard, sera
tribord est équipée d’une échelle de bain, pratique
plus adapté s’il est consacré au rangement : il est
confort. Mais nul doute que dans une brise plus sou-
photo…
tenue, la question sera différente, et les pelles accro-
J’en profite pour tester les capacités du bateau au
pour remonter à bord après la baignade. Les mèches
toujours agréable d’avoir les ustensiles et les ingré-
cheront mieux : la semaine dernière, Eric Roger
moteur. La nourrice à carburant se range dans l’un
de safran sont fixées sur le tableau arrière. Tout à
dients de cuisine à portée de main. Tout à l’avant,
m’avait, en guise d’essai, proposé de monter à bord
des coffres centraux, pour démarrer le moteur, il faut
l’heure, en mettant pour la première fois les pieds à
surélevée, on trouve une couchette simple, mais qui
d’un Aventura pour un convoyage, entre La Rochelle,
la sortir, et l’amener à proximité du coffre. Il trône au
bord, j’ai été surpris par la taille du cockpit. Il est très
pourra être utilisée par deux enfants. A l’étrave, le
et Gijon, en Espagne. Prévenu trop tard, je n’ai pas pu
milieu du cockpit. Le modèle est un 15 cv Mercury, il
étendu ; de plus, la version qui nous est présentée
rangement est pratique, on peut y mettre quelques
y participer. Mais le bateau semble avoir plutôt bien
est équipé d’un commande à distance, bien pratique.
aujourd’hui est toute vêtue de teck, et la chaleur du
affaires personnelles.
marché. Selon ses dires, les 260 milles ont été négo-
Ses performances sont tout à fait honorables,
bois lui donne résolument une jolie robe. Sous les
L’arrière de la coque bâbord est occupé par les toi-
ciés en 31 heures de mer, au portant. Si, dans les pre-
puisque, avec un vent de face d’environ 7 à 8 nœuds,
banquettes, on trouve de grands coffres. A n’en pas
lettes, elles sont isolées par un rideau. Il ne faut pas
mières heures, le vent n’a pas été de la partie, au
sans voiles, avec le fardage de la capote, nous attei-
douter, l’ensemble offre un joli terrain de jeux pour
songer à une utilisation ‘debout’, la position assise
cours de la première journée, il leur a permis de navi-
gnons 7 nœuds. Eric Roger me dit que, sur mer plate,
les enfants, bien protégé. La poutre avant supporte
s’impose. En série, rien n’est prévu pour la récupé-
guer, sous spi, à des vitesses oscillant entre 5 et 8
il atteint 8 nœuds. Nous repartons vers La Rochelle.
un davier de mouillage, et le trampoline, en plastique,
ration des eaux noires, et c’est bien dommage.
nœuds. Dans la nuit, quand le vent est monté,
Si la brise se maintient, au retour, nous devrions pou-
est cousu autour d’un jonc, lui-même fixé sur des
L’installation d’un tel réservoir est en option. Bien
l’Aventura a tenu une jolie moyenne, entre 12 et 16
voir nous offrir un petit run, sous spi, histoire de faire
pad-eyes, ce qui en facilite la mise en place, lors d’un
sûr, ceci a un coût. Mais en ce début de 21ème
nœuds, allant même jusqu’à s’offrir une pointe tout
fumer, un tant soit peu, l’écume… Nous envoyons le
démontage. A l’avant de chaque coque, on trouve un
siècle, on aimerait voir tous les bateaux systémati-
à fait honorable, dûment enregistrée par le GPS, à
spi à la volée, après s’en être venus à une allure
chandelier, à simple étage. Il s’avère suffisant, et effi-
quement équipés d’un système de récupération des
21.5 nœuds. Le tout sous grand-voile seule, par un
proche du vent arrière, pour qu’il ne prenne pas de
cace pour sécuriser les manœuvres de quai, notam-
eaux noires. Car si leur installation n’est pas obliga-
vent de nord-est oscillant entre 20 et 30 nœuds. Et
suite le vent. Le bras de spinnaker revient, après être
ment (un équipement que j’aurais aimé voir sur le
toire, l’emplacement l’est… A bord d’une telle unité,
surtout, la mer du vent.
passé par une poulie frappée à l’extrémité du tangon
23…)
on pourrait envisager, tout simplement, l’installation
Revenons à la navigation d’aujourd’hui. Après ces
(ce bout dehors est maintenu par une patte d’oie).
bords de portant, le temps est venu d’affaler le spin-
Sous cette allure de portant, nous tirons des bords
La capote.
écologique, et pas cher…. Mais ce choix est encore
naker, et de hisser le foc. Nous partons sur un bord
de grand largue, à environ 140° du vent réel. Un bord
La surface de la capote est surprenante. Elle fait pen-
difficile à accepter par les clients. Et les ports n’en
de près qui va nous conduire vers La Palice, puis l’île
tribord amures, un bord bâbord amures, de temps à
ser à une casquette. Elle ménage un espace consé-
sont pas équipés pour les récupérer… à commen-
de Ré. Grâce à l’auto-vireur, les virements de bord
autre, nous dépassons les 10 nœuds. Mais le plus
quent, l’intégralité du cockpit, dans lequel on sera
cer par La Rochelle. Le fond du compartiment toi-
sont très faciles : il n’y a rien à faire. Si nécessaire, on
souvent, on se maintient à 8 nœuds. La barre qui,
parfaitement protégé du vent. Cette capote se refer-
lettes est équipé d’un évacuateur d’eau. Pour se
abat un peu, pour accélérer, puis on lofe, on passe le
tout à l’heure, me paraissait plutôt molle, devient, à
me de chaque coté, de même qu’à l’arrière, comme
doucher, l’utilisation d’une douche solaire sera suffi-
d’un WC chimique. Simple, efficace, fonctionnel,
lit du vent, et on repart sous l’autre amure, sans avoir
ces vitesses, plus expressive. Evidemment, le bateau
cela se fait depuis très longtemps à bord des bateaux
sante en climat chaud. Légèrement sur son avant,
à toucher au moindre réglage. Nous approchons de
réagit beaucoup plus vite. Avec cette taille de grand
venus du nord, tels que les trimarans Dragonfly.
un table à cartes lilliputienne a été installée, il s’agit
la côte sous le vent de l’île de Ré. Quelques rafales
voile, le palan d’écoute commence à donner ses
L’espace clos est des plus agréables, et offre la pos-
là plus d’un endroit pratique pour écrire, et sur le
arrivent, aussitôt, le bateau accélère, franchement.
limites d’utilisation. En choquant, l’écoute peut filer,
sibilité de navigations, mais surtout de mouillages,
pupitre, on peut facilement positionner la VHF, un
Malheureusement, ce vent ne semble pas vouloir se
et il vaut mieux rester prudent. Quant il s’agit d’em-
d’arrière saison, voir même, pourquoi pas, en hiver :
petit GPS, à coté du tableau électrique. Dessous, les
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Architecte : Jacques Fiolaux.
Poids à vide : 1.400 kilos
Longueur : 8,50 m
Largeur hors tout : 5,25 m
Largeur des coque : 1,25 m
Tirant d'eau : 0,68 m
L’Aventura est un croiseur avec lequel on s’amuse,
et qui offre un confort en relation avec sa taille.
Quant aux safrans, le chantier va prochainement les
modifier, et augmenter leur surface. L’accastillage
est de bonne qualité, bien positionné, bien monté.
Ce catamaran inspire confiance, même si, comme
toujours à bord de ces bateaux de taille intermédiaire, il faut garder à l’idée qu’ils peuvent devenir
volages. Bien évidemment, ce bateau sera plus sympathique en croisière estivale. Agréable, mais également bon marcheur. Le cockpit est vraiment très
grand. Le soir venu, à la mi saison, il pourra devenir
un agréable salon de pont. Et même au cours de
journées d’hiver pas trop froides, un petit chauffage
pourra rendre cet espace agréable. A la belle saison,
on peut y prendre le soleil, allongé dans le trampoline. Y faire la sieste.
Poids à vide : 1.400 kg
Grand voile : 25 m2
Solent : 15 m2
Spi tri-radial : 60 m2
Spi asymétrique: 54 m2
Construction : Sandwich mousse polyester
Trampoline : Toile PVC
Les voiles du bateau essayé sont en dacron Mylar (en
option à 550 euros), fabriquées chez Incidences.
Prix départ chantier : 61 590 euros TTC
Quelques cotes.
Coque tribord.
Hauteur devant la cuisine : 165 mm
Largeur maxi cuisine : 1,17 m
Couchette avant : 102 mm X 200 mm maxi,
58 mm X 200 mm mini
Aventura 28
Coque bâbord.
L’Aventura est un bateau démontable, et transportable. Plié, il est au gabarit routier. La nacelle vient se
positionner sur l’avant de la remorque. Elle mesure
12 mètres, la longueur du mât. Il faut compter une
heure pour effectuer l’assemblage, mais le montage
total du bateau demandera une journée.
Couchette 190 mm X 88 mm mini,
190 mm X 111 mm maxi
Hauteur dans les toilettes : 165 mm
Un intérieur simple,
dépouillé, mais très
largement suffisant pour
le programme du bateau.
Les
+
- Démontable et transportable
- Très habitable avec sa capote
- Une jolie ligne
Les
-
- Avec la capote, un près désastreux
- Manque un peu de toile
- Barre molle dans le petit temps
3Multicoques Mag
3Multicoques Mag
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Nous approchons de la plage de Sablanceaux, sur
notamment devant la cuisine, positionnée en sens
A V E N T U R A
Tirant d'air: 13,20 m
Pour conclure…
Petite visite guidée des
coques…
Caractéristiques
Techniques
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