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Diagnostic agraire et études filières District des Cataractes – Bas-Congo – RDC Diagnostic réalisé dans le cadre du Projet d'Appui au Développement Durable des Activités et filières et agricoles dans le Territoire de Luozi Province du Bas Congo -PADDALU Juin – Juillet 2011 Préface – Mot d’AGRISUD International AGRISUD, Association de Solidarité International, s’implique depuis 1992 dans le développement économique des pays du Sud. Sa vocation: faire passer des populations d’un état de pauvreté à une situation d’autonomie économique et sociale par la création de très petites exploitations et entreprises (TPE) agricoles familiales, durables, ancrées sur le marché local. Ces TPE créent des emplois et génèrent des revenus. Elles répondent aux besoins des marchés locaux et réduisent les importations alimentaires . AGRISUD, est en République Démocratique du Congo depuis 2005, et dans la Province du Bas-Congo (Kimpese, Mbanza Ngungu) depuis 2007. Le Projet d’Appui au Développement Durable des Activités et Filières Agricoles dans le District des Cataractes (PADDAFAC) et Production Agricole et Sécurité Alimentaire dans l’Ouest du Congo (PASAOC) ont permit de créer 3.200 nouvelles TPE agricoles familiales. Depuis novembre 2010, Le Projet d’Appui au Développement Durable des Activités et Filières agricoles dans la vallée de la Luala-Territoire de Luozi (PADDALU) cofinancé par l’Union Européenne, France Volontaire, et AGRISUD International vise à appuyer 2.000 bénéficiaires sur 4 ans. PADDALU travaille sur 3 domaines : - La production végétale (Formation des bénéficiaires, Appuis en intrants, Organisation Professionnelle, Vulgarisation des pratiques agroécologiques, etc,); - La production animale (Formation des éleveurs, Appuis en intrants, Développement de la Traction animale…); - La commercialisation et la valorisation des produits agricoles (Observatoire Economique, création de Centre de Regroupement Ruraux, Réhabilitation et entretien de pistes rurales, etc,) Union Européenne République Démocratique du Congo Dans le cadre du démarrage du projet PADDALU, AGRISUD a souhaité capitaliser ses connaissances du territoire de Songololo et mettre en évidence les particularités du territoire de Luozi, à travers ce manuel « Diagnostic agricole du District des Cataractes (territoires de Songololo et Luozi) dans la Province du Bas-Congo et Caractérisation des filières et Détermination des axes prioritaires d’intervention pour leur développement durable ». Page 2 CONTEXTE DE L’ÉTUDE Sommaire Contexte et objectifs de l’étude 3 Méthodologie 4 Présentation de la zone d’étude La République Démocratique du Congo Le district des Cataractes Le territoire de Songololo Le territoire de Luozi 5 6 10 12 Le système de commercialisation 16 Typologie des producteurs 21 Etude des filières par spéculation L’association manioc-arachide Le haricot L’oignon Le riz Le pois d’Angole L’huile de palme 23 24 32 37 42 46 48 Axes d’interventions 52 Annexes 54 L’étude s’est déroulée en République Démocratique du Congo, dans la province du Bas-Congo, dans le district des Cataractes. Elle intervient à la fin du projet PASAOC sur le territoire de Songololo et au lancement du projet PADDALU, sur le territoire de Luozi. Dans le but de capitaliser les informations relatives à la zone d’action de ce dernier projet et d’identifier les particularités agricoles du territoire de Luozi, Agrisud a souhaité réaliser cette étude. Elle permettra d’identifier les axes prioritaires du projet. L’étude a été réalisée par le groupe Adonis composé d’étudiants de l’ISTOM (École d’ingénieurs en agro-développement international). Carte : La République Démocratique du Congo – Encadré vert: le Bas-Congo L’ÉTUDE L’étude est un diagnostic de l’agriculture du district des Cataractes. Elle a été élaborée selon trois axes : l’organisation des filières de commercialisation, la typologie des producteurs et la caractérisation des sept principaux produits agricoles identifiés comme prioritaires. Dans un premier temps, l’étude présente les fonctions et rôles des différents lieux et acteurs de la commercialisation. Ceci permet d’avoir une meilleure compréhension du fonctionnement global du système de commercialisation des denrées agricoles. Dans un deuxième temps, une typologie effectuée par le groupe Adonis, présente succinctement les différentes catégories de producteurs qui ont été rencontrés sur le territoire de Luozi. Enfin, pour chacune des productions identifiées comme prioritaires une étude approfondie a été effectuée, mettant en avant les caractéristiques de leur production et de leur commercialisation. Lexique Le franc congolais (FC) : monnaie nationale en RDC. Au moment de l’étude, 1 $ valait 920FC et 1 € valait 1200 FC. Dans le rapport, tous les prix sont exprimés en franc congolais. Papa, Maman : formule de respect donnée respectivement aux hommes et aux femmes en RDC. Les termes entre guillemets sont des termes locaux que nous avons repris tels quels et qui peuvent ne pas correspondre à la définition exacte selon la définition française. « Maman-manœuvre » par exemple. Vallée maraichère – Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Page 3 MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE Cette étude s’est déroulée sur une période de deux mois. L’essentiel du travail a été la réalisation et l’analyse d’enquêtes auprès de producteurs et de divers acteurs participant à l’organisation des circuits de commercialisation. L’étude s’est déroulée en deux phases consécutives, chacune d’un mois. La première phase a permis d’identifier les acteurs et les circuits de commercialisation des productions agricoles. Elle a abouti à la sélection de sept filières prioritaires. La seconde phase a permis d’analyser plus précisément les contraintes de production et de commercialisation de ces filières prioritaires. Choix des personnes enquêtées Élaboration des questionnaires et guides d’entretien L’étude s’appuie sur un échantillon raisonné du nombre de producteurs du district. Dans un premier temps, un nombre maximum de producteurs a été interrogé pour pouvoir déceler les différences entre les producteurs et établir de grandes catégories d’exploitants. Dans un deuxième temps, les enquêtés étaient ciblés en fonction des informations recherchées. Après avoir discuté des attentes d’une enquête avec les animateurs terrains, ils nous permettaient de choisir des cibles pertinentes puisqu’ils travaillent avec les producteurs et connaissent leurs particularités. Certains des producteurs enquêtés étaient donc, surtout sur la zone de Kimpese, des bénéficiaires des projets d’Agrisud. L’ensemble des acteurs de la commercialisation est rencontré de façon aléatoire en se déplaçant sur les marchés, les parkings, les dépôts, le long des axes routiers et au niveau du bac de Luozi. La première phase a correspondu à des enquêtes quantitatives s’appuyant sur des questionnaires. La deuxième phase comportait des entretiens plus ouverts réalisés à l’aide de guides d’entretien A chaque type d’acteur (producteurs, commerçants, transporteurs, responsables de marché, responsables d’association) correspondait un questionnaire. Ils étaient nominatifs et individuels. Certaines enquêtes ont été réalisées collectivement pour des raisons logistiques (nombre de personnes trop important ou manque de temps). Le type de question (ouverte, fermée, à réponses multiples, etc.) a été sélectionné selon l’information recherchée et de manière à favoriser le dialogue. Construction de la typologie Méthodologie d’enquête et d’analyse selon les objectifs Dans l’objectif de cerner les futurs bénéficiaires du projet PADDALU, la typologie prend uniquement en considération les producteurs du territoire de Luozi. Dans un premier temps, une approche quantitative a été privilégiée. Les enquêtes ont permis d’apprécier et de comprendre la diversité des exploitations. À la suite de cette première série d’enquêtes, les premiers indicateurs et les grandes catégories d’exploitants ont été définis. Dans un second temps, nous avons privilégié une approche plus qualitative des systèmes de productions existants. Ainsi des entretiens plus exhaustifs nous ont permis d’affiner notre compréhension des caractéristiques et des stratégies employées par chaque catégorie Analyse technico-économique des systèmes de culture et des contraintes de production Des entretiens semi-directifs ont été effectués auprès des producteurs. Ils ont permis de révéler, pour chaque culture les principaux facteurs limitants, le principal itinéraire technique effectué, ainsi que les coûts liés à chaque opération agricole. • L’estimation des charges de chaque production est basée sur les résultats des entretiens. Ils ont permis de dégager l’itinéraire technique type, mais également d’estimer la quantité d’intrants et de semences généralement utilisées pour une surface donnée. Afin de mieux évaluer l’importance de chaque opération unitaire il est important de considérer le nombre d’hommes nécessaire à sa réalisation. C’est-àdire le nombre d’hommes nécessaire pour effectuer l’opération sur la surface établie en 1 jour. • Pour établir les comptes d’exploitations de chaque culture ; nous avons considéré les charges effectives : les dépenses réelles des exploitations les plus fréquemment rencontrées. C'est-à-dire les charges effectives en main d’œuvre et intrants des principaux systèmes de culture observés pour une culture donnée. • Concernant le produit dégagé pour une culture donnée, il a été construit en prenant en compte le rendement moyen multiplié par le prix de vente bord champ (en période d’abondance et de rareté). • La valeur ajoutée est égale au produit dégagé par la culture moins les consommations intermédiaires soit les charges en intrants. • La marge brute est égale au produit dégagé par la culture moins les consommations intermédiaires et les charges effectives en personnel du système. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Caractérisation du système de commercialisation des produits identifiés comme prioritaires • L’évolution (inter et intra-annuelle) du prix des produits a été réalisée grâce à l’analyse des bases de données d’Agrisud, complétées par les entretiens. Ces bases de données sont issues de la collecte, tous les quinze jours, des prix sur les différents marchés (Kimpese, Kinshasa, Matadi). • Pour la composition des prix en fonction des lieux de vente, les prix sont découpés de la façon suivante : Prix d’achat bord champ en période d’abondance (sur le territoire de Luozi) Coûts de transport (bord champ vers lieu de vente) : caractérisé grâce aux bases de données d’Agrisud, et aux entretiens menés auprès de responsables des prix de transport (l’organisme A.C.CO, Association des Chauffeur du Congo), de transporteurs et de producteurs. Coûts de dépôt : définis grâce aux enquêtes auprès des producteurs et des dépôts. Taxes liées à la commercialisation : définis grâce aux enquêtes auprès des producteurs et des dépôts Marges commerciales : elles ont été calculées en soustrayant l’ensemble des charges au prix de vente sur le marché en période d’abondance. • Afin d’identifier les bassins de productions et les flux de commercialisation de chaque produit, des entretiens auprès des agents de commercialisation, principalement transporteurs et commerçants, ont été effectués selon une méthode participative utilisant une carte sur laquelle les agents devaient replacer les informations demandées. Analyse des circuits de commercialisation de chaque filière • Identification par produit des principaux circuits de commercialisation et des agents les composant. Pour ce faire, nous nous sommes basés sur les résultats des enquêtes des producteurs et des agents de commercialisation. Ces informations ont été complétées et approuvées par le personnel responsable de la commercialisation au sein d’Agrisud. • Identifier les charges de chaque acteur pour les différents circuits de commercialisation sélectionnés. Ces charges se composent des coûts de transport, des taxes de commercialisation, des coûts de dépôt et également du prix d’achat du produit. Les sources sont issues de l’analyse des bases de données d’Agrisud, et des enquêtes réalisées auprès des différents acteurs. Afin de ne pas introduire de biais dans le calcul des charges, une distinction sur les prix a été faite en fonction des périodes d’abondance ou de rareté. Pour l’analyse, seul le prix d’abondance a été retenu. • Les marges dégagées par les différents agents en fonction des circuits ont été calculées de la façon suivante : Marge d’un acteur = Prix de vente sur le lieu donné (période d’abondance) — Charges de l’acteur (coûts de transport + taxes liées à la commercialisation + coût de dépôt + prix d’achat en période d’abondance) Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 4 LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Géographie Histoire La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays d’Afrique Centrale, partageant ses frontières avec neuf pays. D’une superficie de 2 344 860 km2 (soit trois fois et demie la France), la RDC est un vaste plateau forestier recouvrant la plus grande partie du bassin versant du fleuve Congo. À l’est, d’importantes chaînes montagneuses constituent la bordure orientale et marquent la frontière avec ses pays voisins de la région des Grands Lacs. C’est en se lançant à la recherche d’une nouvelle route maritime entre l’Europe et l’Asie que les Portugais découvrirent au XVe siècle l’embouchure du fleuve Congo. Ils nouèrent ainsi les premiers contacts avec le royaume Kongo. Leur présence se limite alors aux côtes où ils entretiennent leurs activités commerciales, notamment le commerce triangulaire avec la traite des Noirs. Le réseau hydrographique de la RDC couvre 3,5 % du territoire et offre 14 000 km de voies navigables ainsi qu’un potentiel hydroélectrique considérable au travers l’ensemble du pays. Le fleuve Congo est — après le Nil — le deuxième plus long fleuve du continent, mais celui-ci possède le débit le plus important. À cheval sur l’équateur, la répartition presque homogène de ses affluents dans les deux hémisphères régularise son débit et en fait le fleuve le plus régulier du monde. De plus, le pays possède 37 km de bordure littorale sur l’Océan Atlantique. À partir des années 1870, le roi belge Léopold 11 envoie Henry Morton Stanley à la découverte du Congo et de ses alentours par la remontée du fleuve. Lors de la conférence de Berlin, en février 1885, Léopold II fit reconnaître un « état indépendant du Congo » dont il fut le souverain à titre personnel. En 1908, le territoire devient une colonie belge. La colonie est gérée depuis Bruxelles qui assure son administration et veille à son autonomie économique. La Belgique établit un « régime paternaliste d’exploitation » du pays, qu’elle dote d’une infrastructure routière et ferroviaire destinée à faciliter l’acheminement vers la métropole des produits des mines et des plantations. La RDC bénéficie d’une large variété de climats (types équatorial humide, méditerranéen, tropical humide, montagnard) et d’écosystèmes. La température moyenne de l’ensemble des plateaux du pays est de 25 °C, avec une alternance de quatre saisons : deux saisons des pluies et deux saisons sèches. La surface forestière représente 58 % du territoire, soit 80 % de la forêt équatoriale africaine. Face à la multiplication des émeutes, le gouvernement belge entame des négociations à partir de l’année 1959. L’indépendance est déclarée le 30 juin 1960. Faute de cadres indigènes suffisamment nombreux, la jeune république sombre aussitôt dans le chaos et la division. Après plusieurs années de guerres civiles, la situation est stabilisée par la prise du pouvoir de Mobutu en 1965, avec le support des États-Unis et de la France Le pays dispose de sous-sols extrêmement convoités dans les régions de l’est et du sud. Les ressources de minerais concernent surtout les diamants, l’étain, l’or, le cuivre, le cobalt, le coltan, l’argent, l’uranium, etc. Les sous-sols congolais renferment également du pétrole. Au début des années 70, les cours des matières premières sont très élevés avec le plein emploi en Europe. L’abondance des ressources naturelles au Congo permet un enrichissement important du pays. En 1971, Mobutu met en place la « Zaïrianisation » ou retour à l’authenticité : c’est la rupture totale avec les connotations coloniales. Le Congo devient le Zaïre, des fêtes religieuses sont supprimées, il y a obligation de transformer son prénom chrétien, l’adhésion au parti unique est obligatoire, etc. En 1991, la dégradation des conditions de vie de la population entraine une vague de violence et de pillage sans précédent. Économie Avec un Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de 163 $ en 2009, la RDC fait actuellement partie des pays à faibles revenus et des Pays les Moins Avancés (PMA). [Banque Mondiale] En 2009, la RDC a réalisé une croissance économique de 2,7 %, soit Une coalition militaire composée du Rwanda, de l’Ouganda et de rebelles Tutsi, un ralentissement important par rapport à 2008 (6,2 %) [B.M.] Ce conduite par Laurent-Désiré Kabila, se forme pour venir à bout des camps de repli est lié aux problèmes structurels du pays et aux effets de la réfugiés Rwandais dans lesquels se sont mêlés des génocidaires et pilleurs des crise de 2008. Celle-ci a particulièrement touché la RDC par la ressources naturelles du Congo. Après sept mois de combats à travers le pays, baisse de la demande mondiale et la chute des cours des minerais, Kabila renverse Mobutu en 1997 et devient président. Village de pécheurs le long du fleuve Congo, Adonis, Juin 2011 principaux produits d’exportation congolais. Avec la reprise de l’économie mondiale, la mise en œuvre de l’accord sino-congolais (attribution de Le président Kabila limite alors l’activité politique. En 1998, le président engage la seconde guerre gisements miniers à un consortium chinois contre la construction d'infrastructures), l’allègement de la du Congo contre les rwandais. Elle entraine la mort de plus de trois millions de Congolais et dette extérieure réalisé durant l'été 2010 et les réformes en cours, le taux de croissance économique déstabilise le pays. Le président Kabila est assassiné par des proches en janvier 2001 et est devrait passer à 6.5 % en 2010 et 8.8 % en 2011. remplacé par son fils, Joseph Kabila. Avec l’aide de l’ONU, des élections sont programmées et une nouvelle Constitution est La structuration du PIB de la RDC est caractéristique des économies africaines avec une large part promulguée le 18 février 2006. C’est le début de la IIIe République, dirigée par le président Joseph consacrée au secteur agricole et à l'extraction de matières premières (plus de 50 % du PIB). Le Kabila. Les prochaines élections sont prévues en novembre 2011. commerce représente quant à lui 21 % du PIB. L'économie de la RDC est ainsi une économie minière avec une dynamique spécifique axée sur la production et la circulation de rentes. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 5 LE DISTRICT DES CATARACTES Situé au centre de la province du Bas-Congo, au sud-ouest de la RDC, le district des Cataractes possède une superficie de 23 481 km², correspondant à environ la moitié de la province. Les langues parlées sont le kikongo et le lingala. Le district est découpé en trois territoires : Songololo, Luozi et Mbanza Ngungu. La ville de Mbanza Ngungu est le chef-lieu. Il est traversé de part et d’autre par le fleuve Congo et par la RN1. Cette route relie la ville portuaire de Matadi à Kinshasa, les deux principaux grands centres de consommation du Sud-Ouest de la RDC. Le transit des denrées agricoles d’ouest (district du Bas-Fleuve et la ville portuaire de Boma) en est (districts de Lukaya et de Kinshasa), assure au district des Cataractes la place de carrefour commercial du Bas-Congo. Sa proximité avec l’Angola et la République du Congo lui confère une dynamique de commercialisation . Ce district représente l’un des principaux bassins de production agricole de la province. Son potentiel agricole et sa position stratégique sont favorables au développement de l’agriculture, dont dépend la majorité de la population du district. Savane du district des Cataractes, Adonis, Juillet 2011 Conditions agro-écologiques Ces projets de développement agricole trouvent ainsi tous leurs sens, puisqu’ils permettent la valorisation de cette activité et l’amélioration des revenus des agriculteurs des territoires de Songololo et Luozi. Ils aident également à la lutte contre l’insécurité alimentaire dans les grands centres de consommation tel Kinshasa, où le manque de denrées agricoles fraîches peut impliquer l’augmentation des maladies liées à la malnutrition et la consommation de denrées avariées. LE CLIMAT Climat tropical soudanais (classification de Koppen) : température moyenne annuelle de 25 °C et quatre saisons climatiques. Les précipitations annuelles varient entre 900 et 1500mm. Trois saisons principales sont utilisées pour les calendriers culturaux : les saisons A, B et C. Janv Saisons climatiques Saisons culturales KINSHASA S. A Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Petite Pluies peu Grande saison séche saison séche abondantes Période fraiche Saison B Sept Oct P. chaude Saison C Nov Déc Fortes pluies Saison A LA RESSOURCE EN EAU Traversé par le fleuve Congo sur environ 100 km du nord-est au sud-ouest, le district possède un réseau hydrographique composé de petites et moyennes rivières (Luozi, Lukunga, Luala, etc.). LES SOLS Sols ferrallitiques dont deux types apparaissent majoritairement : les sols argilo-sablonneux, particulièrement fertiles pour des cultures vivrières, et les sols sablo-argileux très sujets à l’érosion. KIMPESE LES RELIEFS ET LA VÉGÉTATION Le district est caractérisé par un plateau qui s’étend sur les territoires de Songololo et de Luozi et par le mont Bangu culminant à 750 m. Au-delà de ces zones « montagneuses », on trouve aussi des plaines alluviales comme la vallée de la Luala. La savane et les zones de forêt dans les bas-fonds sont les deux végétations caractéristiques du district. Carte du la province du Bas-Congo (le district de cataractes avec ses trois territoires est entouré en rouge), F. VAN HOOF, 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 6 LE DISTRICT DES CATARACTES Le paysage et ses aménagements Pratique et gestion de la fertilité Le district des Cataractes présente un relief très vallonné, composé d’une multitude de petites collines formées par l’érosion des sols cristallins. Le territoire de Luozi présente une zone de plaine : la vallée de la Luala, ainsi qu’une zone dite « montagneuse » présentant des reliefs à fortes pentes, située au nord-est de la vallée. Le territoire de Songololo comporte une vallée le long de la Lukunga, autour de la ville de Kimpese, ainsi qu’une chaîne montagneuse appelée le mont Bangu. La plupart des sols du district présentent une carence en phosphore qui est un facteur limitant pour l’agriculture, comme de nombreux sols ferralitiques tropicaux. Afin de pallier à ce problème, les producteurs pratiquent un brulis systématique avant la mise en culture. Les cendres permettent ainsi un apport en phosphore et en potassium, malheureusement peu durable. L’ensemble du district présente un paysage de savane au sein duquel on observe des portions de forêts tropicales dont des forêts galerie. Ces forêts sont généralement situées sur les bassins versants et dans les bas fonds. La savane est un territoire sur lequel le feu passe chaque année. C’est un milieu créé et maintenu par l’homme, sans lequel il évoluerait spontanément vers un milieu entièrement forestier. Les feux sont dans la majorité des cas réalisés sous le contrôle du chef de terre et ont pour principale fonction de faciliter la chasse. Elle présente une flore composée essentiellement d’herbacée, voire d’une strate arbustive très éclaircie composée d’arbres courts à ligne brisée. On distingue deux types de savane : herbeuses ou arbustives. Le territoire de Luozi et plus spécifiquement la savane de Sundi Manba, présentent une proportion de forêts plus importantes. Ceci explique la présence dans cette région, des cultures d’huile de palme et de riz qui préfèrent les milieux forestiers fertiles. Une autre spécificité du territoire est liée à l’aménagement des lits et des abords des cours d’eau en période de décrue. Ces zones hydromorphes constituent les principaux terrains sur lesquels sont cultivées les productions de saison sèche (oignon, légumes feuilles, etc.). Les forêts tout comme la savane sont mises en culture et représentent ainsi une grande surface agricole disponible. La mise en culture de zones de savane nécessite un travail du sol plus conséquent puisque ces sols sont initialement moins fertiles. Ce travail nommé « écobuage » consiste à former des plates-bandes avec les résidus végétaux issus du désherbage, à recouvrir ces dernières d’une couche de terre avant de les bruler, et à mélanger les cendres et les résidus organiques obtenus. Les sols du district sont rapidement altérés et sont fortement sensibles à l’érosion lorsqu’ils sont découverts. La zone est très soumise à ces phénomènes. Elle présente notamment des sols indurés et des cuirasses latéritiques, ainsi que des ravines qui sont le signe d’une érosion hydrique importante. Ces phénomènes ont pour effet de réduire de manière parfois irréversible les surfaces cultivables. Une autre pratique ayant un effet sur la fertilité du sol est la gestion de la friche. Plus la friche est longue, plus elle est fertile, mais le travail de défriche est d’autant plus important, les arbres et arbustes ayant eu plus de temps pour repousser. Le temps de friche est donc un compromis entre ces deux facteurs et varie en fonction des villages et des producteurs. Sur un nombre important de villages, un autre facteur influe sur le temps de friche : l’augmentation de la pression démographique. Il existe peu d’autres pratiques visant à améliorer la fertilité des sols. Un minimum de couverture des sols est réalisé de manière généralement spontanée puisque les producteurs laissent les résidus végétaux au champ après le sarclage ou la récolte. Il faut noter que dans certaines zones, les producteurs préfèrent avoir des sols sans résidus afin de les protéger du feu. De plus, exception faite des cultures d’oignons voire de tomates sur le territoire de Songololo, l’utilisation d’engrais de synthèse est presque inexistante sur l’ensemble du district. La fiente de chauve-souris (guano) et la cendre sont ainsi les principaux apports réalisés. Pour le choix des parcelles mises en culture, les producteurs semblent s’appuyer sur de nombreuses plantes indicatrices de la fertilité dont la principale est Chromolaena odorata. Cette plante, apparue dans les années 80, ne pousse que sur des sols déboisés et fertiles, et nécessite une grande luminosité. Feu de brousse, Territoire de Kimpese, Adonis, Juillet 2011 Le district est actuellement soumis à une pression démographique croissante, qui a pour effet de réduire les temps de friche, principal paramètre permettant de maintenir la fertilité des sols. Parallèlement à cela, les pratiques permettant d’améliorer voire de maintenir la fertilité sont peu nombreuses. C’est pourquoi ces terres sont soumises à des phénomènes importants de dégradation. Aménagements maraichers le long de la rivière Luozi, Adonis, Juillet 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 7 LE DISTRICT DES CATARACTES L’élevage En premier lieu, l’élevage constitue un capital sur pied, c'est-à-dire une source de liquidité sûre pour la famille en cas de problème. La vente de l’animal vivant, le plus souvent en raison des contraintes de conservation de la viande, permet de subvenir au besoin de la famille en cas de maladie, mauvaise récolte, mariage, etc. Les animaux élevés sont donc rarement destinés à l’autoconsommation, mais plutôt à la vente. Seules les volailles rentrent dans la ration alimentaire du ménage, à hauteur de 50 % de l’effectif détenu par l’éleveur. Économiquement, les volailles rapportent moins que les caprins et ovins, qui eux rapportent moins que les porcins. Le prix de l’animal varie toutefois en fonction du lieu de vente : il se vend moins cher au village (directement auprès de l’éleveur) que sur les marchés. L’élevage des bovins est présent dans tout le district des Cataractes. Bien que quasi-inexistant sur le territoire de Songololo, il se concentre sur le territoire de Luozi, où il est destiné au travail des champs. La place occupée par ce dernier peut donc être supposée significativement différente de celle des élevages de petits ruminants et de volailles, seulement considérés comme un capital sur pied et non pas comme une force de travail. Dans les zones étudiées, l’élevage doit faire face à de nombreuses contraintes pour les producteurs. Les principales sont la santé des animaux et leur alimentation. La difficulté d’accès aux produits vétérinaires, ainsi que leurs prix très élevés, rendent ces petits élevages très vulnérables aux maladies, notamment à la peste porcine et à la peste aviaire. L’aliment pour bétail présente les mêmes contraintes que celles posées par les produits vétérinaires : prix élevés et difficultés d’approvisionnement. Afin de pallier à ces difficultés, les éleveurs laissent leurs sujets en divagation. Cette pratique consiste en la libre circulation des animaux dans le village et ses alentours. Ils sont parqués en enclos seulement pour la nuit afin, entre autres, d’éviter les vols de bêtes. Toutefois, cette claustration des animaux pour la nuit n’est pas systématique ni généralisable. Elle dépend des moyens (temps, argent, main d’œuvre) que l’éleveur a à sa disposition afin de construire ces enclos. La divagation présente d’autres contraintes comme la non-régulation des naissances, les ravages des cultures (en particulier par les porcs, les chèvres et les moutons) et l’impossibilité de centraliser les déjections animales dans le but de les réutiliser comme fertilisants organiques. Papa nourrissant ses poules, Territoire de Kimpese, Adonis, Juiller 11 Bœuf, T. de Luozi, Agrisud, 2011 Bœufs, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Le métayage Le métayage est une association où le propriétaire apporte le capital, et le métayer son travail. Dans notre cas, le capital correspond généralement à un caprin, un ovin, ou un porcin. Le propriétaire initial confie son animal à une autre personne afin que cette dernière l’élève à sa place en échange d’une contrepartie. Les contrats entre propriétaire et métayer peuvent être très différents. Cependant ils sont construits généralement de la façon suivante quelque soit le type d’animal : le propriétaire initial récupère 50 % du prix de vente de l’animal dans le cas où ce dernier est directement destiné à la vente après engraissement. S’il est élevé à des fins de reproduction, le propriétaire peut récupérer le produit de 50 % des mises bas. Toutefois, cette répartition des mises bas n’est pas généralisable. Le nombre de petits laissés au copropriétaire est décidé par le propriétaire initial. Ce dernier peut ne recevoir qu’une bête toute les deux mises bas. Cette pratique est retrouvée sur l’ensemble des deux territoires et concerne tout type d’élevage. Le métayage permet aux producteurs d’acquérir des sujets à moindre coût et ainsi agrandir son cheptel, ou de se décharger de l’entretien demandé par un sujet tout en conservant un droit sur ce dernier. Elle représente donc une solution à la capacité d’investissement limitée de certains producteurs. Cette pratique donne lieu à des relations relativement complexes entre producteurs. Toutefois, son fonctionnement reste relativement simple et équitable vu les modalités d’élevage actuelles. Porcs, Territoire de Luozi, Agrisud, 2011 Méthodologie Chèvres, Territoire de Luozi Adonis, Juillet 2011 Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 8 LE DISTRICT DES CATARACTES Principaux produits cultivés et systèmes culturaux L’agriculture dans le district est majoritairement familiale et non mécanisée. Les surfaces cultivées ne dépassent que rarement 1 ha. Les principaux produits vivriers sont le manioc, l’arachide, le haricot, le riz pluvial, le pois d’Angole, le niébé, le soja, le maïs et les bananes. Ces produits vivriers sont à la fois autoconsommés et vendus, voire échangés dans un système de troc. Les principaux produits maraîchers sont l’oignon, les légumes feuille, le chou, l’aubergine, la tomate, le piment et le gombo. Les produits issus de l’arboriculture sont l’huile de palme, les agrumes, le safou et l’avocat. Rivière Luozi, Territoire de Luozi, Adonis, Juin 11 L’AGRICULTURE DANS LE DISTRICT DES CATARACTES FORCES - FAIBLESSES Diversité des cultures grâce aux situation agro-écologiques variés Développement du maraîchage sur les bords des rivières Présence de nombreux marchés ruraux Existence d’un bon réseau de commercialisation et de nombreux acteurs. Accès facilité vers les grands centres de consommation (le port de Matadi et la capitale Kinshasa) grâce à la route nationale 1 (RN1) asphaltée traversant le district. - OPPORTUNITÉS Champ de haricot et maïs, Kimpese, Adonis, Juin 11 - MENACES Beaucoup de surfaces arables disponibles et non exploitées Développement des groupements de producteurs pour la commercialisation Amélioration des pistes et routes rurales existantes pour l’écoulement des produits Diversification des zones d’écoulement des produits : Angola et Congo Brazzaville Présence de grands centres de consommation à proximité - Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Exploitation des sols de savane peu fertiles, pauvres en humus Pratiques agricoles favorisant l’érosion et lessivage des sols sur les pentes Peu d’encadrement technique des agriculteurs Exploitations peu productives Peu d’entretien routier entrainant un mauvais état des pistes Mauvaise maintenance des moyens de transport (camions et bac de traversée du fleuve) : difficultés d’écoulement des produits Peu de marchés structurés et aménagés pour la vente Typologie des producteurs Variations interannuelles des pluies : forte variation des rendements d’une année sur l’autre Augmentation de la pression foncière Déforestation par l’augmentation de la démographie et la nonmaîtrise des feux de brousse. Risque de destruction de la fertilité Pression des autorités sur l’exploitation et les marchés (augmentation des taxes) Multitudes de tracasseries de tous ordres Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 9 LE TERRITOIRE DE SONGOLOLO Le territoire de Songololo couvre une superficie de 8507 km² et est découpé en 5 secteurs : Bonboma, Luima, Palabala, Kimpese et Wombo. La cité de Kimpese est le chef-lieu du territoire et un carrefour commercial pour les denrées agricoles venant du district du Bas-Fleuve, du territoire de Luozi et des villages du territoire de Songololo, en direction de la capitale. La présence d’une cimenterie et de certains services notamment bancaires, en font notamment une ville stratégique en plein essor économique. Le territoire est traversé par la RN1 reliant Matadi à Kinshasa, à laquelle sont reliées de nombreuses routes en plus ou moins bon état, jusqu’aux villages d’agriculteurs. Celles-ci leur permettent toutefois d’écouler les produits agricoles vers ces centres de consommation. Ce territoire est notamment à la frontière avec l’Angola, impliquant des flux de migrations. La proximité avec la capitale Kinshasa en fait un bassin d’approvisionnement des produits agricoles important. Territoire de Songololo vu du mont Bangu, Adonis, Juin 2011 Caractéristiques du territoire PRATIQUES CULTURALES Les principaux produits cultivés sont les produits caractéristiques du district des Cataractes, avec une spécificité de la ville de Kimpese pour les oignons et du mont Bangu pour les bananes (plantains et desserts). En effet, la région autour de la cité de Kimpese est une forte zone de production de l’oignon, reconnue pour la qualité et la productivité de ceux-ci. Les cultures sont principalement vivrières. Le maraîchage est aussi très pratiqué dans les vallées pendant la saison sèche grâce aux facilités d’écoulement des produits vers Kinshasa et Matadi. L’agriculture est pratiquée sur de petites surfaces avec un accès aux intrants et aux variétés améliorées facilité par la proximité de la cité de Kimpese. L’association de cultures (manioc + légumineuses) est très pratiquée, de même que les associations multiples. COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES Les marchés ruraux sont actuellement au nombre de 11 sur le territoire (Chantier-Malele, Kilueka, Kitobola, etc.) Cf. Carte p17. Ce sont des marchés de gros plus que de détail. Deux autres marchés dans la cité de Kimpese sont des marchés secondaires, plus fréquentés en termes de produits et d’acteurs. Les prix y sont notamment plus élevés. Territoire de Songololo (entouré vert), Province du Bas-Congo, RD Congo, UC Louvain Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Les principaux centres de consommation sont Matadi, Kinshasa, Mbanza Ngungu et la cité de Kimpese. Les acteurs présents sur ces lieux de commercialisation sont les détaillants, les grossistes et semi-grossistes, les « mamans manœuvres » (spécifiques aux marchés secondaires et tertiaires) et les producteurs, qui se déplacent à pied ou en transport jusqu’aux dépôts. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 10 LE TERRITOIRE DE SONGOLOLO Utilisation d’engrais chimique et de produits phytosanitaires L’utilisation d’engrais chimique est relativement courante sur le territoire de Songololo. Les producteurs ont principalement recours à de l’urée et du NPK composé. L’application se fait uniquement sur les cultures destinées à la vente (oignon, tomate). Il y a plusieurs possibilités pour un producteur de s’approvisionner : À Kinshasa lorsqu’il part vendre ses productions sur les marchés de la capitale, Auprès de distributeurs spécialisés à Kimpese qui eux, s’approvisionnent une à deux fois par mois à Kinshasa, Au niveau des CRR (Centre de Regroupement Ruraux), qui permettent aux producteurs de bénéficier de tarifs avantageux et à proximité de leurs zones de production. Les engrais sont de plus ou moins bonne qualité selon la source d’approvisionnement. Paysage du mont Bangu, Adonis, Juin 2011 Spécificités du mont Bangu Les producteurs utilisent aussi des insecticides et des fongicides. Les applications se font principalement sur les cultures maraîchères telles que la tomate, le piment et l’oignon. L’accès aux produits est le même que pour les engrais chimiques : distributeurs agréés d’une société étrangère à Kinshasa, revendeurs à Kimpese ou aux CRR. Les risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires ne sont pas toujours connus ou pris en compte par les utilisateurs. La qualité de certains produits et leurs conditions d’application ne sont donc pas optimales. Certains producteurs n’utilisent pas de produits phytosanitaires notamment à cause du manque de moyens financiers et de la non-maitrise de la technicité des produits. Le mont Bangu est la zone montagneuse du territoire de Songololo. Elle se caractérise par son climat, sa topographie et son agriculture. C’est en effet le point le plus haut du territoire, qui est géologiquement différent du reste du territoire. Le climat y est plus froid et plus humide. Au-delà des différences de température, de végétation et de pluviométrie, le mont Bangu se différencie surtout au niveau de ses sols plus argileux. Pour la fertilité des sols, la principale contrainte n’est pas de restaurer la fertilité, mais plutôt d’éviter qu’elle se dégrade par des phénomènes de lessivage et d’érosion des sols très importants sur les pentes. D’où les techniques préconisées par Agrisud : billons perpendiculaires à l’axe de la pente d’une longueur de 10m, paillage, etc. L’enclavement des villages est relativement important étant donnée la dégradation des routes. L’une des pistes en état d’accueillir des véhicules est celle allant de Kimpese à Lombo Fuese. Elle a été réhabilitée par Agrisud lors des précèdents projets (PADDAFAC). Face à ces contraintes, les pratiques agricoles se différencient de celles observées en brousse. Les stratégies s’orientent plus vers la culture de légumineuses, de bananes plantain et dessert en bananeraie et de la canne à sucre. Pour cette dernière, la commercialisation reste majoritairement interne au village. Le maraîchage est très peu développé en raison des difficultés imposées par le milieu. Point commun avec les systèmes de la vallée, le manioc occupe toujours une place importante dans les choix culturaux, tout comme les bananes plantain et dessert. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation ATOUTS ET CONTRAINTES DU TERRITOIRE ATOUTS - - - CONTRAINTES Proximité des centres de consommation grâce à la RN1 asphaltée qui facilite l’écoulement des produits Pistes en bon état grâce à l’action d’Agrisud et autres bailleurs de fonds (PARSAC et JICA) dans cette zone Développement des marchés ruraux Renommée de l’oignon de Kimpese Présence ponctuelle d’intrants et variétés améliorées Présence d’un marché frontalier avec l’Angola : le marché de Lufu Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation - Transports peu nombreux et trop coûteux, depuis les villages jusqu’à l’axe principal Accès difficile aux villages du mont Bangu Forte pression foncière dans les villages en périphérie de Kimpese avec les saisonniers Axes d’interventions Annexes Page 11 LE TERRITOIRE DE LUOZI D’une superficie de 6784 km², le territoire de Luozi est découpé en 10 secteurs : Balari, Kenge, Kimbanza, Kimumba, Kinkenge, Kivunda, Mbanza-Mona, Mbanza-Mwembe, Mbanza-Ngoyo et Mongo-Luala, Son chef-lieu est la cité de Luozi, située sur la rive nord du fleuve Congo. Il faut traverser le fleuve en bac pour faire transiter les marchandises vers Kinshasa, Matadi, ou la cité de Kimpese. Il s’agit ainsi d’une zone enclavée par rapport aux autres territoires du district des Cataractes, entre au nord la frontière avec la République Populaire du Congo et au sud le fleuve Congo. Le degré élevé d’enclavement de la zone, ainsi que le mauvais état des pistes, ont un impact considérable sur l’écoulement des produits agricoles. La traversée du fleuve par le bac est inévitable et aléatoire, c’est ainsi un goulot d’étranglement qui freine l’évacuation des productions agricoles vers les grands marchés. Deux bacs sont présents, mais un seul des deux est en activité : le « grand bac » d’une capacité de 30T environ. Le petit, d’une capacité de 12T, entre en activité seulement en cas de panne du grand. La pratique du troc est typique de cette zone enclavée et peut être perçue comme une adaptation à ces contraintes. Son histoire récente Territoire de Luozi (entouré vert), Province du Bas-Congo, RD Congo, UC Louvain Caractéristiques du territoire PRATIQUES CULTURALES On y retrouve les traditionnels produits vivriers et maraîchers observables dans le territoire de Songololo. Luozi se distingue de ce dernier par la production de riz pluvial, des plantations d’agrumes (oranges, mandarines) dans les zones montagneuses et une production importante d’huile de palme, un des produits phares de la zone. De même, on retrouve le gingembre, très cultivé, dans les zones montagneuses de l’est du territoire et généralement commercialisé vers la République du Congo. Les produits agricoles présents sur les marchés, ou échangés (troc) sont principalement vivriers, les légumes pleins champs étant majoritairement autoconsommés. En effet, la plupart sont très sensibles aux conditions de transport (fragilité du produit, périssabilité…) et leur commercialisation, ne dépasse que rarement le fleuve. Les spécificités de ce territoire reposent ainsi sur la production d’huile de palme, de riz, d’agrumes ainsi que sur l’utilisation de la traction animale. COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES Ce territoire ne comporte que des marchés ruraux, de gros et de détail, au nombre de 8 (Séraphin, Marché Central, Nkundi,). Les marchandises accumulées par les grossistes sont acheminées jusqu’à la cité de Luozi, déposées dans le dépôt demiterrain et transportées jusqu’à la cité de Kimpese, Kinshasa ou Matadi. La commercialisation des denrées agricoles est rythmée par le régime des pluies qui influe sur la fréquence des camions et le fonctionnement du bac. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Depuis les années 50 jusqu’au début des années 2000, des programmes du gouvernement congolais et des projets de coopération se sont succédés sur ce territoire. Ces projets fonctionnaient sur le modèle d’une entreprise, dont l’activité principale était la production de produits agricoles et d’élevage : céréales (riz, maïs, etc.), manioc, bovins, poissons, etc. La réussite de ces projets reposait essentiellement sur la mécanisation de l’agriculture et l’utilisation de terres en métayage. En plus de leurs propres concessions, ces structures cultivaient les terres villageoises, proposant, labour, semis et récolte mécanisée en contrepartie de 25 % de la récolte. En créant la COPAL (Coopérative Intégrée de la Luala), les producteurs pouvaient vendre le reste de leur production sur place. Les marchandises de la coopérative étaient ensuite rachetées, la COPAL se chargeant du transport et de la vente sur les marchés. La coopérative disposait de ses propres moyens de stockage et de transport. Selon les projets, d’autres services périphériques étaient mis en place : la location et la vente de couple de traction animale, la production de semences, le décorticage du riz, le broyage du manioc en farine et enfin la réhabilitation des routes. De 1950 à 1979, les Belges se sont installés avec le Groupe d’Économie Rurale auxquels ont succédé les Italiens avec le Projet de Développement Rural Intégré de la Luala, appelé aussi la compagnie Italo-zaïroise. Après leur départ en 1990, l’État congolais crée le Centre National d’élevage et de Dressage des Animaux de traction animale (CENADRA) pour promouvoir la culture attelée. En 1994, un programme cofinancé par le Ministère de l’Agriculture et la FAO met l’accent sur le riz, le Programme National Riz (PNR). Mais depuis 1997, lorsque la FAO met un terme à son soutien, le PNR a cessé toute activité. Il ne reste plus aujourd’hui que quelques représentants et vestiges de la mécanisation, au siège à Nkundi. Petit bac de Luozi, Agrisud, 2011 Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 12 LE TERRITOIRE DE LUOZI Cultures spécifiques du territoire de Luozi La culture du soja fut introduite dans le territoire de Luozi à la suite d'un projet mené par une ONG. Celle-ci avait identifié un potentiel productif important dans la région. Les rendements furent conformes aux attentes. Toutefois, cette culture fut vite abandonnée en raison des difficultés d’évacuation des produits et du manque d’acheteurs. La majorité des producteurs ayant suivi les recommandations de l’ONG sont restés avec leur production non vendue. La culture du tabac est propre à ce territoire et est plus particulièrement présente sur l’axe de Nkenge-palu – Kibusi (Cf. p17). Cette culture est un moyen pour les producteurs de valoriser des sols relativement pauvres dans un contexte de pression foncière importante avec une culture qui rapporte de l’argent. La production est majoritairement vendue à des commerçants se déplaçant spécialement pour cette occasion depuis Kinshasa. D’un point de vue agronomique, deux cycles de tabac sont souvent réalisés à la suite, avec un repos de la parcelle entre deux semis. On sème au début de la saison sèche au mois de juin et la récolte se fait vers septembre. La période de culture est la même que celle de l’oignon et le tabac peut être vu comme une sécurité en cas de mauvaise récolte de l’oignon. Production d’oranges dans la région de Kibunzi La région de Kibunzi, située à l’ouest de Luozi, est spécialisée dans la production et la commercialisation d’agrumes (oranges majoritairement). La culture d’agrume a été mise en oeuvre à la suite de l’installation d’une communauté suédoise au début du XXe siècle. Ce sont essentiellement les économies faites sur les bénéfices des productions vivrières qui permettent de créer petit à petit un verger. Cette culture pérenne requiert une capacité d’investissement et une trésorerie conséquente pour démarrer et entretenir le verger pendant 15 à 20 ans avant que le verger n’entre en pleine production. Une fois à ce stade, le verger nécessite par contre peu de dépenses et d’entretien et est à ce titre considéré comme « une culture de retraite ». La commercialisation des oranges est systématique et il n’existe pas de filière de transformation. Ce sont les commerçants eux-mêmes qui gèrent la récolte. C’est-à-dire que le producteur vend sa production en champs (non récoltée). Le commerçant emploie alors de la maind'œuvre locale pour récolter les agrumes et les transporter jusqu’au camion. L’écoulement des marchandises se fait majoritairement vers Brazzaville. En effet, le prix d’achat est toujours plus élevé que celui pratiqué par des commerçants de Kinshasa et la valeur de la marchandise est payée directement, en même temps que le chargement des agrumes. Les prix pratiqués par les commerçants de Kinshasa sont à crédits et peuvent très vite s’avérer inintéressants pour le producteur lorsque les routes sont très détériorées et les produits trop abimés à leur arrivée sur les marchés. Plantation de tabac, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 11 Camion chargé d’oranges à destination de Brazzaville, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet11 La culture du riz pluvial est spécifique au territoire de Luozi. La présence du riz dans les montagnes et à Nkundi, repose en partie sur les programmes qui se succèdent depuis les années 50. Aujourd’hui, le riz reste une production importante étant donnée la place occupée par ce dernier dans la ration alimentaire des ménages, mais aussi par son statut de monnaie d’échange dans le cadre du troc dans beaucoup de zones enclavées du territoire. Sa commercialisation ne dépasse que rarement le fleuve et demeure ainsi propre au territoire de Luozi. La culture du gingembre est réalisée dans la zone montagneuse à l’est de Luozi. Elle se fait sous ombrage et il y a possibilité de garder cette culture en terre pendant un long moment. Elle est principalement vendue à Brazzaville à un prix important permettant aux exploitants agricoles d’avoir une culture de rente et de la liquidité facilement disponible. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Dans le cas où les oranges sont vendues à Kinshasa, l’écoulement se fait majoritairement par la route nécessitant la traversée du fleuve Congo. Cet itinéraire est le plus rapide, mais très coûteux en main d’œuvre. Les filets peuvent traverser le fleuve de différentes manières : hors camion sur le bac, dans le camion sur le bac, en pirogue, etc. Il faut donc de la main d’œuvre pour décharger recharger à chaque changement de moyen de locomotion. Selon l’état des routes, il faut environ deux semaines pour que la production arrive jusqu’à Kinshasa. Le caractère périssable des oranges est donc problématique face à la durée du transport. Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 13 LE TERRITOIRE DE LUOZI Traction animale La traction animale facilite le travail du sol et le transport. Elle permet ainsi de réduire la pénibilité du travail, participe à l’amélioration de la productivité du travail agricole et contribue à la durabilité des systèmes mixtes, alliant agriculture et élevage dans les petites exploitations familiales. Dans le territoire de Luozi et plus particulièrement dans la vallée de la Luala, la pratique est bien développée. Une des raisons qui explique la non utilisation de la traction, autour de Kimpese, est le faible développement de l’élevage, Ceci se justifie par la place de l’élevage dans les sociétés rurales du Bas-Congo et par les récents conflits (2008) durant lesquels les animaux ont été volés ou tués. Sur le territoire de Luozi, ce sont les bœufs race N’Dama qui sont au centre de cette pratique. La pratique de la traction animale est déjà ancienne, ce qui explique notamment son usage courant. Les progrès apportés par la traction animale sont les suivants : • Efficacité du travail du sol (sarclage, buttage, labour de meilleure qualité) • Rapidité du travail : aspect important du point de vue des premières pluies ou encore pour l’évacuation des produits. • Gain de temps pour d’autres activités • La productivité du travail humain Dans la zone de Luozi, les bœufs sont essentiellement utilisés pour les cultures suivantes : manioc, haricot, arachide et oignon. La vallée de la Luala est la zone du territoire où la pratique de la culture attelée est la plus développée. Ceci s’explique par la géomorphologie plane autorisant et facilitant ce type de pratique. Cette pratique a également permis à un acteur d’émerger : le producteur-éleveur prestataire de services. Ce dernier loue ses bœufs à d’autres producteurs pour en moyenne 80 000 FC/ha. Ceci permet au producteur-éleveur prestataire de service d’amortir l’achat de ses bœufs. Il existe une autre solution qui est choisie par les producteurs pour lever la contrainte financière que représente l’achat d’une paire de bœufs : le regroupement. D’un point de vue plus technique, les bœufs travaillent généralement de 5 h du matin jusqu’à 16-17h avec une heure de pause. Ce rythme est relativement intense, ce qui rend d’autant plus importante la qualité des soins et de l’alimentation donnée aux animaux. Les animaux sont gardés à proximité de la maison dans le village, au piquet. Labour effectué par traction animale avec deux taurins, Agrisud, 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Labour effectué par traction animale avec deux taurins, Agrisud, 2011 Le système de commercialisation Typologie des producteurs ATOUTS ET CONTRAINTES DU TERRITOIRE CONCERNANT L’AGRICULTURE ATOUTS CONTRAINTES - Plaines alluviales fertiles - Renommée de l’huile de palme du territoire - Débouchés commerciaux avec Congo Brazzaville - Potentiel d’augmentation de la productivité avec la traction animale par des bœufs de trait - Cheptel animal conséquent (traction et capital sur pied) - Développement des cultures de rente : oranges, gingembre, huile, tabac - Marchés frontaliers - Routes et pistes très dégradées : transports peu nombreux et coûteux - Écoulement difficile surtout en saison des pluies et pertes de production - Flux de marchandises limités par le bac (goulot d’étranglement) - Enclavement de la zone - Pas d’accès aux intrants Taurins, Agrisud, 2011 Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 14 LE TERRITOIRE DE LUOZI Le troc Il existe deux types d’échanges : des produits agricoles contre des biens manufacturés ou contre différents produits agricoles. Les échanges de matières premières peuvent avoir lieu entre producteurs d’un même village ou de villages différents, lorsqu’un ménage manque d’une denrée alimentaire. Dans le cas d’un échange entre deux villages distincts, les produits échangés sont en général spécifiques de chaque zone (haricot de la vallée contre riz des zones montagneuses par exemple). Les échanges de matières premières contre des produits manufacturés peuvent avoir lieu entre des producteurs et des commerçants qui amènent ces produits manufacturés (pétrole, vêtements, etc.). Ce type de troc peut aussi être observé entre producteurs d’un même village, l’un d’eux étant revenu d’un grand marché avec des produits manufacturés à échanger. Cette pratique permet au producteur de rentabiliser son trajet. Les produits agricoles les plus couramment troqués sont le haricot, l’arachide, le riz, les pois et les cossettes de manioc. Dans la plupart des cas, les échanges sont plus ou moins équitables, notamment pour les produits manufacturés, car on passe par la valeur monétaire des biens. Voici quelques exemples : 3 verres de riz local 2 verres de haricots 2 verres de riz importé 2 verres de haricots 1 tas de cossettes 1 boîte de conserve de pétrole I bidon (25L) d’huile de palme haricots (équivalence non connue) Arachides poisson-chinchard (équivalence non connue) Défriche d’une parcelle de manioc, Adonis, Juin 11 Les membres Le principal objectif du troc pour les producteurs est donc de compléter et de diversifier leurs réserves alimentaires avec des produits qu’ils ne cultivent pas ou pour lesquels la récolte aura été mauvaise. De plus, il est difficile de les acheter, compte tenu du temps et de l’argent dépensés pour se rendre sur les marchés et obtenir de la liquidité. Les groupes de membres sont une organisation sociale de travail spécifique au territoire de Luozi. Ce sont des groupes de 7 à 15 villageois mixtes ou non, ayant leur propre organisation (chef, comptable, etc.) et travaillant une à deux journées par semaine aux travaux des champs pour une personne tierce. En moyenne le travail dure entre 4 et 5 h par jour, sans pause. N’importe qui peut devenir membre s’il est « fort et motivé ». Dans un village où les membres sont présents, environ un tiers des villageois fait partie de cette organisation. Cependant, certains producteurs y voient un autre intérêt : la plus-value réalisée par l’acquisition d’un produit de valeur comme l’arachide ou le haricot, contre un produit de moindre valeur comme le pois. En effet même si l’échange est normalement équitable, lorsqu’elle sera revendue l’arachide aura plus de valeur que le pois, et d’autant plus si le producteur se déplace pour la vendre sur les marchés secondaires ou tertiaires où les prix sont plus élevés qu’au village. Le groupe est payé environ 1500 FC/pers./jour plus le repas. Concernant ce dernier, il peut avoir des demandes spécifiques pour le choix des ingrédients et la quantité (par exemple : 10 verres de riz, 10 verres de haricots, du pundu, de la boisson, etc.) Le troc est un moyen d’échange commercial qui se pratique notamment dans les zones enclavées, où le déplacement vers les marchés est difficile et peu rentable. Il s’avère aussi être une alternative lorsque la liquidité vient à manquer. Ce sont deux raisons qui expliquent que ce phénomène s’observe essentiellement sur le territoire de Luozi. Néanmoins par cette pratique, le producteur peut être défavorisé, notamment lorsque le lieu d’échange est déconnecté des marchés et que le producteur n’a pas accès à l’information du prix des marchandises. Marché, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Les salaires du groupe sont épargnés jusqu'à la fin de l’année, puis redistribués entre les membres au moment des fêtes de Noël. Des provisions sont achetées : une partie est réservée pour les festivités et l’autre est redistribuée aux membres sous forme de colis (sel, sucre, savons, viande, habits, machette, etc.). Si un membre est en difficulté, il est possible de lui avancer de l’argent. Quand une personne du groupe souhaite bénéficier des services des membres, le prix est divisé par deux et la personne est prioritaire sur le planning. Malgré l’obligation de fournir le repas à l’ensemble du groupe, le service des membres est apprécié en raison de leur efficacité ainsi que le coût relativement faible de leur service. Appartenir au groupe de membre pourrait être ainsi décrit comme un système permettant d’épargner, de garantir le paiement des services, de se constituer un petit capital pour l’année suivante et d’avoir de la main-d'œuvre à moindres coûts pour ses adhérents. Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 15 LA COMMERCIALISATION Les différents lieux de vente Localisation des Marchés sur les zones d’action d’AGRISUD International République du Congo République du Congo SUNDI MAMBA MBIONGO MBANZA TADI KINGILA MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU 20 km DIVAGAMENE NKENGE YENGO NSUNDI NSANGU KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU Marchés de petites tailles en terme de volumes de marchandises présentes et de fréquentation des différents acteurs. Ils se situent dans les villages importants du territoire pour l’écoulement des produits, comme Chantier Malele, Kilueka, Luozi, etc. On y trouve de la vente au détail, en demigros et en gros. NSONA KIBUSI NKENGE LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KINTETE MBANZA NGOYO BANDAKANI CHANTIER MALELE BIDI KIDADA LOMBOFUESE Les marchés secondaires et tertiaires KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA LUMUENO KIBUNZI KINSHASA NKONDO KUMBI NKUMBA VALLA NKALANGA KIMPESE KIYALA KIANDU Marchés quotidiens DIBU MATADI Marchés hebdomadaires Les grossistes viennent y acheter ou récupérer les marchandises agricoles (en gros ou en détail). Ils se déplacent le plus souvent via des transporteurs (camions ou bus). Les marchés primaires ou marchés ruraux NKUNDI N Les villages Marchés de plus grande envergure dans les grandes villes du district ou du pays (Kimpese, Matadi, Kinshasa). Les prix y sont généralement plus élevés que dans les marchés ruraux ou que dans les villages. Les marchandises y sont principalement acheminées par véhicule depuis les zones de production ou le lieu d’achat. Dépôt de Kimpese, Adonis, Juin 2011 SANZIKWA NGOMBE NSUMBA LIEUX DE VENTE (GROS ET DETAIL) ET DE STOCKAGE DES PRODUITS AGRICOLES DU BAS- CONGO DEPOT Les dépôts demi-terrain L’état des pistes et le passage du fleuve sont deux éléments qui conditionnent fortement la commercialisation à partir du territoire de Luozi. Ce type de dépôt, aussi appelé dépôt de transit, se met en place à Luozi juste avant le passage du bac. Selon les contraintes du terrain et la logistique de transport, les chargements sont fragmentés. Les dépôts demi-terrain permettent de déposer une partie des cargaisons dans un lieu sûr, le temps de retourner compléter le chargement dans les villages. Ils peuvent aussi être vus comme une optimisation du remplissage du camion permettant d’aller dans des zones différentes et isolées où se trouve la marchandise. Lorsque le « grand bac » est en panne et que seul le « petit bac » fonctionne, les dépôts demi-terrain se font sur l’autre rive à Kimbemba, car les camions limités par le poids ne peuvent traverser qu’avec un chargement réduit. Depôt demi-terrain Village Marché rural DEPOT II Depôt secondaire Marché secondaire Les dépôts Ces lieux de stockage des marchandises les producteurs, les commerçants et marchandises. L’émergence des dépôts chaque dépôt, on trouve un responsable environ 100FC/sac/jour. Méthodologie sont présents sur les marchés secondaires et tertiaires. Ce sont principalement les « mamans-manœuvres » qui utilisent ces dépôts pour entreposer les s’est accompagnée de l’émergence de petits marchés à leur périphérie. Pour de dépôt responsable de la gestion du lieu et de la collecte de la taxe s’élevant à Présentation de la zone d’étude DEPOT III Depôt tertiaire Marché tertiaire Destination des produits agricoles Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 16 LA COMMERCIALISATION Les acteurs de la commercialisation Le grossiste Dépôt de Kimpese, Adonis, Juin 2011 Le grossiste et le semi-grossiste sont présents sur tous les lieux de vente. Ils achètent les produits en grande quantité (minimum deux sacs pour le grossiste, un demi-sac pour le semigrossiste), directement aux producteurs ou aux producteurs-spéculateurs (cf. paragraphe ci-dessous). Dans les villages, certains de ces commerçants louent un local pour stocker leurs marchandises le temps d’en réunir des quantités suffisantes. Le grossiste vend ses produits au niveau des dépôts ou sur les marchés secondaires et tertiaires, sur lesquels les prix sont les plus élevés. Ses clients sont les détaillants et les « mamans-manœuvres ». Marché de détail, Adonis, Juin 2011 Le moyen de déplacement est le camion, en raison des grandes quantités de marchandises à transporter. La « maman-manœuvre » La « maman-manœuvre » est présente dans les dépôts des marchés secondaires et tertiaires. Elle se fournit en marchandises auprès des producteurs dans les villages ou sur les marchés ruraux par le biais d’intermédiaires (éclaireurs ou gérant de camion) grâce à qui elle envoie ses propres sacs vides. (Voir l’encadré ci-dessous) La « maman-manœuvre » ne se déplace pas jusqu’aux lieux de production. Elle achète aussi auprès des grossistes revenant des villages, arrivant sur les marchés secondaires ou tertiaires. Le mode de paiement de cet acteur lui est spécifique : elle achète les marchandises « à crédit », puis se charge de la vente des produits en s’assurant de tenir à l’écart leur propriétaire par une prise en charge financière (repas par exemple). Le prix de vente est négocié avec le producteur/grossiste avant qu’elle ait procédé à la vente. Elle effectue alors la vente à un prix qu’elle espère plus élevé, auprès des commerçants, détaillants ou consommateurs. Suite à la vente, elle remet la somme prévue au propriétaire des marchandises. La marge obtenue reste secrète, il est difficile de la chiffrer. La « maman manœuvre » parvient à fidéliser des producteurs en leur envoyant des outils ou semences, en cadeau ou à leur demande. Ces derniers commercent alors exclusivement avec elle. La détaillante Les sacs des « mamans-manœuvre » Elle est présente sur tous les types de marchés. Elle effectue ses achats auprès des semi-grossistes, des « mamans-manœuvres » ou des producteurs, en moyenne quantité (1/2 sac ou bassines). Elle revend aux consommateurs, sur des étalages ou à même le sol, sur les marchés ruraux, secondaires ou tertiaires. Il est fréquent que les « mamans-manœuvre » confient des sacs vides au responsable du camion à destination des producteurs. En effet, les producteurs rencontrent des difficultés pour conditionner leurs produits agricoles, liées à la disponibilité de sacs dans les villages. Les « mamansmanœuvre » envoient donc des sacs aux producteurs en échange de quoi, la marchandise leur revient. Ainsi elles s’assurent de recevoir des produits agricoles. Marché de détail, Adonis, Juillet 2011 Lorsque le producteur ne se déplace pas, le prix se négocie par téléphone une première fois avant l’envoi des sacs et une deuxième fois quand la « maman-manœuvre » reçoit la marchandise. Le producteur recevra l’argent une fois la vente effectuée, via le même responsable qui a transporté les sacs. Le producteur-spéculateur Le producteur-spéculateur vend sa propre production sur les marchés, qu’il complète par l’achat de marchandises agricoles à d‘autres producteurs. Il revend les marchandises principalement sur les marchés ruraux aux grossistes et aux consommateurs. Il peut les vendre aussi dans les dépôts et marchés secondaires, voire tertiaires, aux grossistes et aux « mamans-manœuvres ». Le choix du lieu de vente dépend de la quantité de marchandises à vendre, ainsi que des possibilités de déplacement. Leurs déplacements peuvent être effectués à pieds, avec l’aide ou non de porteurs, entre les villages et les marchés ruraux. Au-delà, le transport de marchandises se fait par camion. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation L’intérêt est mutuel pour le transporteur, le producteur et la « maman-manœuvre » : la « maman-manœuvre » s’assure de recevoir des produits, le producteur est assuré de commercialiser ses marchandises et le transporteur est assuré d’un chargement dés le départ. Marché Séraphin, Cité de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 17 LA COMMERCIALISATION Transport des produits Les taxes Il existe deux types de taxes : - Les taxes légales qui sont collectées selon une fréquence irrégulière par des agents autorisés. - Les taxes illégales : communément appelées « tracasseries » et « roulages » qui sont tolérées et payées. C’est au niveau des marchés tertiaires, que sont collectées un grand nombre de taxes. Les taxes des services de l’agriculture et des affaires économiques sont payés par les producteurs et les commerçants à chaque sac déchargé, et par les « mamans manœuvre » à chaque sac acheté. Celles des services de l’environnement, des affaires économiques, de l’art et la culture, vétérinaires, et autres sont payés par les propriétaires des dépôts. Les affaires économiques délivrent un « ticket » ou droit (de vente) aux détaillantes, moyennant un impôt. Les transporteurs, pour pouvoir stationner, doivent payer une taxe à la police qui garantit la sécurité du lieu et des véhicules. Pour la circulation sur les routes, ces derniers ont aussi des frais de péages destinés à l’Office des routes. D’autres services, tels que l’Hygiène, la Jeunesse, l’Entretien des marchés, etc. imposent parfois ces acteurs. Marché à Luozi, Adonis, Juin 2011 Camion en direction de Brazzaville, Adonis, Juin 2011 Les transporteurs Les éclaireurs L’éclaireur informe le transporteur de la quantité de marchandises disponibles dans les villages de producteurs. Il est affilié à une zone de production. Soit il contacte les commerçants étant sur la zone pour connaître les volumes disponibles, soit il va lui-même sur place et appelle le transporteur. Lorsqu’il contacte un transporteur, il peut voyager avec lui jusqu’aux lieux de chargement. Il reçoit 10 % des marges dégagées par le transport, versées par le propriétaire. Le propriétaire : il possède un ou plusieurs véhicules pour le transport de marchandises et/ou de personnes. Il met ses véhicules en location ou embauche lui-même le personnel d’équipage. Il a à sa charge les salaires des membres de l’équipage, les frais de carburant, les réparations et les tracasseries (taxes, douanes, police, etc.). L’équipage : il se compose en général d’un chauffeur, d’un gérant responsable de la facturation du transport et du paiement des charges et d’un à deux aides-chauffeurs chargés de faciliter les manœuvres et de faire les réparations. Chacun est rémunéré entre 5 et 10 % des recettes du transport. Les manutentionnaires Ils chargent les marchandises dans les véhicules de transport, sur les marchés ruraux, secondaires et tertiaires (si ce n’est pas l’équipage du véhicule qui s’en charge). Ils déchargent également les marchandises des camions présents sur les dépôts et parkings des marchés secondaires et tertiaires. Ils sont payés jusqu’à 1000FC/sac par le propriétaire des marchandises. Camion sur la route de Kinshasa, Adonis, Juil. 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Le coût de transport Les coûts de transport sont aux frais des producteurs et des commerçants qui chargent la marchandise. Ils sont basés sur le prix de vente des produits sur les marchés et sont fonction du nombre de sacs, du poids, du type de produit, et de la distance parcourue. Le transport se fait à crédit le plus souvent, le paiement s’effectuant à l’arrivée, après la vente des produits sur les marchés/dépôts secondaires ou tertiaires par les producteurs ou grossistes. Les prix de base du transport sont généralement fixés par l’A.C.CO (Association des Chauffeurs du Congo), mais varient indépendamment des tarifs fixés en fonction de la distance du trajet, du prix du carburant et de l’état des routes empruntées, qui dépend de la saison. Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 18 LA COMMERCIALISATION État des axes routiers du district des Cataractes Etats des axes de transports République du Congo République du Congo SUNDI MAMBA MBIONGO NKUNDI N KIBUSI KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU 20 km DIVAGAMENE NSUNDI NSANGU KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU NSONA LUOZI KIMGUAMBA LUNANA Le transport entre les villages et les marchés ruraux s’effectue généralement à pied, et ce, malgré les grandes distances à parcourir. Au-delà le transport des marchandises se fait en véhicule via des transporteurs. Le coût élevé du transport véhiculé est dû au mauvais état des routes (majoritairement des pistes), aux tracasseries (frais) sur le trajet et aux prix des produits. KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI BANDAKANI CHANTIER MALELE BIDI KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA LUMUENO KIBUNZI KINSHASA NKONDO KUMBI NKUMBA VALLA NKALANGA KIMPESE Axe asphalté reliant Matadi à Kinshasa Axe en bon état, accès véhiculé aisé Axe dégradé, accès véhiculé possible Axe très dégradé, accès véhiculé très difficile Traversée en bac KIANDU Piste qui relie Kimpese à Luozi, Adonis, Juin 2011 Méthodologie DIBU Présentation de la zone d’étude SANZIKWA NGOMBE L’état des pistes est correct sur le territoire de Songololo, grâce aux interventions d’Agrisud et de la JICA (Agence Japonaise de Coopération Internationale) pour la réhabilitation des pistes. Sur le territoire de Luozi les pistes sont en mauvais, voire très mauvais état. Ceci rend l’évacuation des produits de ce territoire plus difficile. Par exemple, l’axe Luozi-Nkundi est dans un piètre état, ce qui perturbe le transport des marchandises puisqu’il est souvent impraticable pour les camions en saison des pluies. Ceci empêche donc l’écoulement des marchandises de la seconde vallée de la RDC. De plus, le passage du bac pour traverser le fleuve reste un frein important à l’évacuation des produits agricoles car des congestions s’y créent. La réhabilitation des pistes du territoire de Luozi (par la CTB, Copération Technique Belge) et la mise en place de ponts flottants sont en cour (par l’OR, Office des routes). KIYALA MATADI La commercialisation des produits agricoles est effectuée vers différents types de marchés : les villages, les marchés ruraux, les marchés secondaires et les marchés tertiaires. Les prix sont fixés selon l’offre et la demande du produit sur les marchés tertiaires, les grands centres de consommation. NSUMBA Camion qui s’apprête à traverser le fleuve pour s’approvisionner sur le Territoire de Luozi, Adonis, Juin 2011 Le système de commercialisation Animateur sur une piste dégradée, Adonis, Juin 2011 Camion très chargé en direction de Kinshasa, Adonis, Juillet 2011 Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 19 LA COMMERCIALISATION Dynamiques de commercialisation des produits agricoles Cas de cossettes de manioc Luozi-Kinshasa La commercialisation des produits agricoles suit des schémas complexes. Il existe une multitude de circuits en fonction des acteurs et des lieux par lesquels transite la marchandise. Le choix du circuit est régi par les quantités commercialisées, la fréquence de passage des camions, le coût de transport, les prix du produit sur les différents marchés, etc. La dynamique de commercialisation des produits agricoles repose sur la diversité des acteurs et leur complémentarité. Pour comprendre le fonctionnement global du système de commercialisation. Nous reconstituons ci-dessous, étape par étape le trajet effectué par un sac de cossettes de manioc. Dans le cas où un producteur ne souhaite pas se déplacer pour vendre ses sacs, il va faire appel à un éclaireur. Il le contacte par téléphone pour l’informer de la quantité dont il dispose. Avant de proposer ses services à un transporteur, l’éclaireur cherche d’autres marchandises en contactant des producteurs issus de la zone qu’il connait, afin de disposer de la quantité suffisante pour remplir un camion. Après avoir négocié avec le transporteur, l’éclaireur se charge ensuite de trouver des commerçants ou « mamans-manœuvres » qui sont intéressés par la marchandise disponible. Une fois que les commandes sont suffisantes, le camion part de Kinshasa à destination de Luozi par exemple, avec son équipage, l’éclaireur et les commerçants. Certains de ces commerçants emporteront à l’aller des biens de consommation (pétrole, riz importé, sel, sucre, habits) qu’ils revendront dans les villages enclavés. Les commerçants ne se déplacent pas toujours, ils confient alors leur argent à l’éclaireur pour une quantité donnée de produits. Le transporteur ne prend pas systématiquement d’éclaireur, notamment lorsque le chauffeur ou le gérant connait la zone. Mais l’éclaireur a aussi la responsabilité de contrôler le chargement indépendamment du gérant. Ainsi lorsque le transporteur ne fait pas confiance au gérant, pour éviter tout trafic, il prend un éclaireur. Vente d’oignons bord champ, Territoire de Kimpese, Adonis, Juil. 11 Une fois sur la zone d’approvisionnement, l’éclaireur guide le chauffeur dans les différents villages, où se trouvent les marchandises. Les commerçants peuvent alors négocier, acheter ou non les marchandises. Dans les zones d’accès difficiles, l’éclaireur a aussi le rôle d’aller au-devant du camion à pied pour rechercher des marchandises supplémentaires. Si le camion n’est pas plein, malgré les commandes annoncées par les commerçants au début du voyage, les colis de producteurs et d’autres commerçants peuvent être ajoutés. Ces derniers sont des commerçants itinérants venus par leurs propres moyens, en repérage dans les villages avant l’arrivée d’un transport, pour préparer leurs achats. Soit ils commandent un transporteur habituel, dans le cas où ils ont acheté beaucoup de marchandises, soit ils profiteront du passage d’un véhicule pour transporter leurs sacs. Lorsque le camion est chargé, il prend la route du retour, les producteurs et les commerçants n’accompagnent pas toujours leurs marchandises, ils doivent dans ce cas prendre un taxi. Il faut en moyenne une semaine, pour effectuer un voyage entre la zone rurale de Luozi et Kinshasa. Cependant, on atteint parfois deux semaines en fonction de la disponibilité des marchandises, de l’état des routes, de l’état du camion et de l’éloignement des villages. En effet, sur le territoire de Luozi, le mauvais état des routes impose au transporteur de faire des voyages à moitié pleins et d’utiliser des dépôts demi-terrain à Luozi. Arrivés à destination, les commerçants et producteurs déchargent leurs marchandises puis vendent les produits le plus souvent aux « mamans-manœuvres » qui sont au dépôt. C’est lors du déchargement, lorsque le gérant ou l’éclaireur font descendre les sacs pour chacun de leurs clients que la plupart des taxes (agriculture, affaires économiques, etc.) sont relevées par des agents de l’État. Transport de marchandises, Adonis, Juil. 11 Le producteur qui a reçu les sacs d’une « maman-manœuvre » doit lui confier ses produits. La « maman-manœuvre » vend la marchandise et le producteur est rémunéré après la vente. Pour faciliter le paiement en différé, la vente pouvant prendre d’un à deux jours, la « maman-manœuvre » « prend en charge » le producteur ou le commerçant. La part qui revient au producteur correspond au prix négocié auquel sont soustraits les frais de transport et de déchargement. Si un commerçant ou producteur souhaite poursuivre sa route vers un autre marché, avec un autre transporteur, alors une personne de l’équipage aura le rôle de mandataire pour accompagner la marchandise jusqu’au règlement du transport. La « maman-manœuvre » en possession de la marchandise a le choix de vendre au détail ou en gros. La marchandise invendue est stockée dans un dépôt moyennant un prix fixé selon le produit et le nombre de sacs. La durée du stockage n’a pas d’influence sur le prix. En conclusion, il est important de souligner la souplesse des modalités de commercialisation, elles s’adaptent en fonction des acteurs, de leur disponibilité en trésorerie ; les nombreux règlements à crédits en sont une bonne illustration. Certes, la multitude des acteurs intermédiaires et la complexité des rapports de force entre eux réduisent la marge du producteur, mais rendent les circuits souples et performants puisqu’ils permettent une redistribution importante de la valeur ajoutée à de nombreux agents et répartie de façon globalement homogène, puisque les monopôles semblent inexistants. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Marché, Territoire de Kimpese Songololo, Adonis, Juil. 11 Axes d’interventions Annexes Page 20 TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS DU TERRITOIRE DE LUOZI Double actif investissant son capital dans l’agriculture Exploitant misant sur les cultures de rente Caractéristiques Caractéristiques Ce producteur a une autre activité à laquelle il consacre la plus grande partie de son temps. Cependant, il a investi un capital conséquent dans le secteur agricole, qui représente une part importante de son revenu. Il possède une forte capacité de mise en culture (supérieure à 2 ha de manioc mis en culture en saison A) Sa production ayant pour objectif principal de générer un fort revenu, il cultive essentiellement des cultures à forte valeur commerciale (manioc, haricot, arachide). En outre, il utilise généralement de la main-d'œuvre salariée pour l’ensemble des tâches. Enfin, il possède une véritable stratégie de commercialisation, il se déplace systématiquement sur les marchés les plus porteurs et il est en capacité de stocker afin d’obtenir de meilleurs prix. L’agriculture est sa principale activité et sa principale source de revenus. Petit à petit, il a réalisé des économies pour améliorer son exploitation et il possède aujourd’hui des moyens de production suffisants qui lui permettent notamment d’avoir une capacité de mise en culture conséquente (de 1 à 2 ha de manioc en saison A). Il a pour principale stratégie de miser sur les cultures à forte valeur commerciale (manioc, arachide, haricot, huile de palme, oignon, gingembre) dont il commercialise l’essentiel de la production. Il possède également du petit bétail (petits ruminants) qui représente un capital sur pieds. Il peut aussi posséder un attelage dont il loue les services aux autres exploitations. En plus de la main d’œuvre familiale, qui participe à l’ensemble des travaux, il fait appel à de la main-d'œuvre salariée pour les travaux les plus pénibles voire pour l’ensemble des travaux. Enfin pour la commercialisation de ses produits, il a généralement la possibilité de se déplacer sur les marchés les plus rémunérateurs. Papa Fido Il est originaire de Kilomba, à quelques kilomètres de Nkundi. Adolescent, il a étudié la mécanique à Luozi et a ensuite été embauché dans la société sucrière de Kwuilu Ngongo. En 1982, il décida de retourner au village pour démarrer une petite activité de commerce de produits manufacturés et surtout pour cultiver les terres familiales. Dés le départ il privilégia les cultures de manioc et de haricot ; et quelques années plus tard, il acheta une paire de bœufs qu’il utilise encore aujourd’hui. Les deux bêtes sont aussi mises en location pour les autres exploitants. Papa Jean Pierre En 1990, il déménagea à Nkundi où il réside toujours aujourd’hui. Il y ouvrit une boutique de produits manufacturés et mis de nouvelles terres en culture. Cependant, n’étant pas de Nkundi, il est obligé de louer les terres qu’il exploite au prix de 60 000 FC/ha/an. À l’heure actuelle, il possède 4 ha sur lesquels il cultive du manioc, de l’arachide, du riz, du haricot et du soja. Il ne Papa Fido devant sa boutique, Adonis, Juil. 11 participe plus aux travaux agricoles, mais emploie de la main d’œuvre. Le secteur agricole demeure sa principale source de revenus. En effet, les produits agricoles et ses bœufs de traction lui rapportent respectivement 50 % et 20 % de son revenu total. Il est né à Kivunda et a suivi l’école primaire à Zimba. Il a commencé à cultiver dans ce village de petites surfaces d’oignons, de gingembre et de manioc. En 2005 il s’installe à Mbanza Mpombo (à proximité de Kintete) après s’être marié à une femme du village et être devenu ayant droit par alliance. À son arrivée, il réinvestit les bénéfices dégagés par les cultures dans de plus grandes surfaces de manioc qui l’obligent à employer de la main-d'œuvre pour l’ensemble des opérations. Il a aussi acheté 5 porcs et 10 chèvres. Pour maximiser son revenu, il compare systématiquement les prix sur les différents marchés (Kinshasa, Kimpese, Mbanza Ngungu) avant de décider où il va vendre sa production. Papa Jean-Pierre dans ses champs, , Adonis, Juil. 11 Il a aujourd’hui pour projet de continuer à augmenter les surfaces des cultures à forte valeur commerciale, principalement le manioc. Avec les profits de ses activités, il a pu construire une maison à Kinshasa et projette d’agrandir ses surfaces de manioc. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 21 TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS DU TERRITOIRE DE LUOZI Exploitant de subsistance Exploitant pratiquant une agriculture vivrière Caractéristiques Cet exploitant vit essentiellement de son activité agricole. Il dispose de moyens et d’une capacité de mise en culture très limités. Ainsi la surface de manioc mise en culture en saison A est comprise entre 25 et 50 ares. La fonction de sa production est avant tout de couvrir ses besoins alimentaires. C’est pourquoi la part vendue est très faible. Il possède , dans quelques cas, quelques têtes de petits bétails voire un à deux porcs. La main d‘œuvre utilisée est uniquement familiale ou du type entraide pour l’ensemble des travaux. Concernant la location de force de travail, il faut discerner deux sous-types : - Les personnes limitées par leur force de travail, essentiellement les personnes âgées qui sont dans l’incapacité de la louer - Les personnes en capacité de louer leur main d’œuvre, et qui le font très fréquemment Caractéristiques Il représente la majorité des exploitants de la zone. C’est un exploitant à temps complet. L’essentiel de son revenu provient de sa production, qui a également pour fonction de subvenir aux besoins de la famille. Il a des moyens modestes et une capacité de mise en culture généralement à peine supérieure à celles des actifs disponibles sur l’exploitation, soit entre 50 ares et 1 ha de manioc mis en culture en saison A. La quantité de manioc vendue est similaire, voire légèrement supérieure à la quantité autoconsommée. Son système de production est diversifié (vivrier, cultures de rente, maraîchage, etc.). Il possède quelques têtes de petits bétails, mais il est rare qu’il possède du gros capital (bœufs, etc.). La maind'œuvre familiale est utilisée pour l’ensemble des travaux. Cependant, lorsque des opérations nécessitent un emploi de main d’œuvre conséquent, il peut faire appel à des personnes salariées. Il peut lui-même louer sa propre force de travail en appartenant à un groupe de membres ou de manière individuelle. Sa capacité de trésorerie est modeste, c’est pourquoi il ne se déplace pas systématiquement sur les marchés les plus rémunérateurs. De même, sa capacité à stocker une partie de la récolte, afin d’obtenir de meilleurs prix, est restreinte. Leur stratégie de commercialisation est limitée par leur faible ressource financière. L’essentiel de la vente est effectué au village ou sur les marchés primaires. Papa Lucinga Il vit à Mbanza Buende, un village de la vallée de la Luala depuis plus de 40 ans. Il a toujours été agriculteur et cultivé des surfaces modestes. Durant de nombreuses années et jusqu’à ce que sa force de travail se réduise, il appartenait à un groupe de membres. Aujourd’hui, il travaille avec sa femme et cultive le haricot le manioc et l’arachide sur à peine plus de .0.5 ha. Il cultive également des cultures dédiées seulement à sa propre consommation telle que la patate douce. Sa force de travail limitée l’oblige à récolter le manioc de manière très fréquente et ponctuelle. Il peut réaliser jusqu’à cinq récoltes sur un même pied. Ses besoins financiers l’obligent à vendre l’essentiel de ses ventes au village. Il vend régulièrement de petites quantités, quelques bassines de manioc tout au plus. Papa Jacques Papa Luncinga dans ses champs, Adonis, Juil. 11 Il est originaire de Nsanda, un village dans la zone de montagne du territoire de Luozi. Il a reçu une formation de boulanger, mais il n’exerce cette activité que de manière très ponctuelle. Ainsi, il a toujours vécu de l’activité agricole pratiquée de manière familiale. À ce jour, sa femme, ses enfants, ses neveux et lui-même, soient sept personnes, travaillent à temps complet sur l’exploitation. Cette importante main d’œuvre lui permet de mettre en culture, un peu plus d’un ha de manioc chaque année en saison A. La moitié Papa Jacques, Adonis, Juil. 11 de ses productions de manioc et de riz, qui sont les plus importantes sont dédiées à la consommation de la famille. Il cultive également un jardin en saison sèche. Papa Jacques possède un modeste « petit capital » composé de deux porcs, en métayage dans un autre village, et quelques poules. Concernant sa stratégie de commercialisation, il préfère réaliser ses ventes à Kimpese, cependant lorsqu’il a besoin d’argent rapidement il vend aux commerçants du village. Double actif dont l’agriculture est un complément de revenus Caractéristiques Cet actif possède une autre activité à laquelle il dédie l’essentiel de son temps. Il s’agit principalement de fonctionnaire pour qui l’activité agricole n’est qu’un complément de revenu. Leur capacité de mise en culture est moyenne et dépend des revenus de l’activité principale. De manière générale, c’est de la main-d'œuvre salariée qui est utilisée. La part vendue est légèrement supérieure à la part autoconsommée. Il peut posséder quelques têtes de petits ruminants, mais a rarement du gros capital. Le type de main d’œuvre utilisé dépend de ses ressources, même s’il utilise généralement de la maind'œuvre salariée pour les travaux conséquents. De même, la stratégie de commercialisation est fonction de ses ressources, même s’il se déplace fréquemment sur les marchés les plus rémunérateurs. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Maman Rachelle Maman Rachelle, Adonis, Juil. 11 Typologie des producteurs Elle est enseignante et a été mutée au village de Kintete depuis 12 ans. Afin de compléter ses revenus, elle loue des terres et y cultive le haricot et l’association manioc-arachide. Chaque année, elle met en culture un peu moins de 1 ha de manioc. Cette production lui permet de couvrir ses besoins et génère un revenu suffisant qui vient compléter son modeste salaire. Le travail d’enseignante ne lui permettant pas d’assurer elle-même l’ensemble des travaux agricoles, elle emploie des journaliers, mais également ses élèves. Comme elle compte rester encore quelques années à Kintete, elle aimerait augmenter ses surfaces. Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 22 LES SEPT FILIÈRES IDENTIFIÉES La première partie du travail de terrain, qui s’appuyait sur des enquêtes quantitatives, a permis de déterminer les cultures les plus fréquemment pratiquées par les exploitants agricoles et les plus porteuses. Ce sont celles-ci qui ont été retenues pour une étude plus approfondie dans une seconde phase, afin de déterminer les itinéraires culturaux pratiqués et les circuits de commercialisation. Les cultures suivantes seront ainsi présentées dans la suite de ce rapport : L’association manioc-arachide Le pois d’Angole Le riz pluvial Le manioc est une culture pratiquée par tous la grande majorité des exploitants. Il constitue la base de l’alimentation des populations du Bas-Congo. Il est dans la majorité des cas cultivé dans un but premier d’autoconsommation et de vente. Le manioc est généralement cultivée en association dont la principale est manioc-arachide. L’arachide est une culture pratiquée en début de cycle du manioc, c’est une culture dont l’objectif principal est la vente. Elle peut-être considérée comme une culture améliorante puisqu’elle couvre le sol et apporte de l’azote. Les fanes, souvent laissées au champ, servent ainsi de paillage au manioc. Le manioc est vendu sec sous forme de cossettes, l’arachide est vendue décortiquée ou en gousses. Ces deux cultures sont principalement vendues à Kinshasa, mais également sur tous les autres marchés. Le pois d’Angole ou pois Cajan est cultivé en association. C’est une culture de soudure pratiquée principalement pour l’autoconsommation. Il est mangé frais ou sec. Il peut être vendu localement sur les marchés de Luozi et Kimpese. Le riz est cultivé uniquement dans le territoire de Luozi. Cette production est destinée de manière équitable à la vente et à l’autoconsommation. II est réalisé majoritairement en culture pure. Le riz peut être vendu sous forme de riz paddy ou sous forme de riz décortiqué. Ce riz « local » est exclusivement vendu sur ce territoire. Il est majoritairement décortiqué au mortier et au pilon par les femmes au village. L’huile de palme Le haricot L’oignon Le haricot est pratiqué soit en culture pure en un ou plusieurs cycles par an sur une même parcelle, soit en culture associée avec le manioc. Cette plante est cultivée dans un but premier de vente. Il est consommé par une majorité de BasCongolais tout au long de l’année en accompagnement du manioc. Le haricot est vendu sur tous les marchés : Luozi, Kimpese et Kinshasa. Kinshasa est le marché principal. L’oignon est une culture de rente, caractéristique du territoire de Kimpese. Elle est également pratiquée sur le territoire de Luozi, mais dans des proportions moindres. Cette culture est réalisée en saison C (saison sèche) près des points d’eau pour faciliter l’arrosage. L’oignon est produit essentiellement pour la vente et est principalement commercialisé à Kinshasa. L’huile de palme est produite essentiellement dans le territoire de Luozi. Cette activité est réalisée souvent durant les premières heures de la matinée. La coupe des régimes et l’extraction de l’huile sont effectuées dans un premier temps. Le ramassage et la collecte des noix sont réalisés par la suite. L’huile est majoritairement vendue pour venir en complément de l’activité agricole pure. La vente est principalement effectuée à Kimpese, via Luozi. Vallée maraichère sur le Territoire de Luozi, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 23 Le Manioc (Manihot esulenta) L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Système de culture Il constitue la base de l’alimentation de la population du Bas-Congo. Le manioc est autant cultivé à des fins d’autoconsommation que de commercialisation, il est d’ailleurs considéré comme la culture principale par l’ensemble des producteurs. C'est pourquoi il peut être considéré comme une culture vivrière tout comme une culture de rente. Le manioc est principalement cultivé pour ses racines tubéreuses, mais les feuilles sont également consommées. Celles-ci sont d'autant plus appréciées si elles proviennent d'un pied affecté par la mosaïque, car celle-ci provoque une accumulation des sucres dans la feuille. Besoins théoriques de la culture : Variétés : Les variétés améliorées (Rav, Butamu, etc.) sont résistantes aux maladies, principalement la mosaïque et présentent de meilleurs rendements que les variétés locales. Elles sont présentes sur les deux territoires. Il existe également des différences organoleptiques entre les variétés. Les variétés sucrées telles que Lueki, sont généralement cultivées à des fins d’autoconsommation. Dans la majorité des cas, une parcelle de manioc présente plusieurs variétés. Association culturale : Température : minimale 12 °C, optimale entre 25 et 29 °C. Eau : de 600 mm à plus de 4 000 mm, résistance aux périodes de sécheresse Sol : meuble, afin de faciliter la formation des tubercules Adaptabilité : à tous les types de sols Durée du cycle : de 1 à 2 ans En début de cycle, le manioc est généralement planté en association avec une légumineuse qui présente un cycle de trois à quatre mois. L’association la plus fréquente est manioc-arachide, c’est pourquoi elle est présentée plus en détail dans les pages qui suivent. Cette association permet d’éviter la croissance d’adventices pendant les trois premiers mois de culture du manioc — période à laquelle il est le plus soumis à la compétition — et également d’enrichir le sol en azote. Cycle de culture du Manioc Mois Janv Févr Saison culturale Mars Avril Saison B Mai Juin Juil. Août Saison C Sept S Manioc saison A r Manioc saison B Oct r r S R r R Nov Déc Saison A Sa r Sa r Légende: S : semis (plantation des boutures) ; Sa : sarclage ; R : récolte La durée du cycle est différente en fonction des variétés. Ainsi les variétés précoces, telles que le Rav, forment des tubercules à partir de 9 mois après la plantation de boutures. Cette dernière est effectuée à deux périodes de l’année : au début du mois d’octobre en saison A et au début du mois de mars en saison B. Le temps de préparation du sol étant court à cause des contraintes climatiques, les surfaces de mise en culture en saison A sont généralement plus importantes que celles de saison B. Il est également fréquent que les parcelles mises en culture en saison B soient dédiées à l’autoconsommation. La récolte est préférentiellement effectuée au mois de septembre, car ce mois bénéficie d’un climat idéal pour le séchage du manioc. Pieds de manioc, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 24 L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Système de culture L’arachide (Arachis hypogaea) L’arachide est une légumineuse annuelle, cultivée pour ses gousses qui sont vendues. Elle est mise sur le marché sous deux formes : décortiquées ou en gousses. Besoins théoriques de la culture : Température : optimale entre 25 °C et 35 °C Eau : 500 et 1 000 mm Sol : meuble et non rocailleux, bien drainé et aéré, pour permettre la formation des gousses. Durée du cycle : 90 jours Variétés : Dans les territoires de Luozi et de Songololo, la durée du cycle est de 90 jours. Ce sont donc des variétés hâtives moins sensibles à la sécheresse. Cycle de culture : Pieds d’arachide, Adonis, Juil. 11 L’arachide est principalement semée en association avec le manioc. Elle est toujours semée en début de cycle du manioc, simultanément voire avec un décalage de quelques jours. Ainsi, l’arachide est comme le manioc, semée à deux périodes de l’année : en saison A et en saison B. Mais contrairement au manioc, son cycle court permet d’obtenir deux productions dans l’année. Mois Janv Févr Saison culturale Arachide saison A Arachide saison B Mars Avril Saison B S Mai Juin Juil. Août Saison C R Sept Oct Nov Déc Saison A S Arachide gousse, Adonis, Juil. 11 R Légende: S : semis ; R : récolte Arachide décortiquée, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 25 Types de terrain L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Cette association est présente sur tout type de terrain : les plaines, les bas de pente et les coteaux. Elle est mise en culture en zone forestière tout comme en zone de savane boisée. Système de culture Itinéraire traditionnel Rendements : Défriche : coupe des herbes et dessouchage. Ce travail est effectué en saison sèche. Il est plus laborieux en forêt. Les enquêtes et l’analyse des bases de données STE d’Agrisud ont permis de révéler les résultats suivants: Préparation du sol : Brûlis Labour : Il est majoritairement effectué avec du petit outillage (houe). Dans la vallée de la Luala, sur le territoire de Luozi il peut également être effectué grâce à la traction attelée. Formation de billon : Ce travail est seulement effectué sur le territoire de Kimpese. En effet, sur le territoire de Luozi, le travail du sol se limite à la formation de buttes. Les rendements observés sur le territoire de Luozi sont en moyenne de 12 tonnes de manioc frais à l’hectare (soit 2,8 T de cossette), et peuvent atteindre jusqu’à 18T/ha dans la vallée de Nkundi (soit 4,1 T de cossette). Dans le territoire de Kimpese, les rendements observés semblent être légèrement inférieurs avec 10 T/ha (soit 3 T de cossette). On observe cependant une forte variabilité entre les exploitations. Semis : le manioc est généralement planté sur les buttes afin de bénéficier d’un sol meuble et l’arachide entre celles-ci afin de recouvrir le sol. Plantation des boutures de manioc. : espacement de moins d'un mètre, soit pour un fort remplissage plus de 50 bottes/ha. (une botte = 50 tiges d’un mètre ~ 150 boutures de 30cm) Semis d’arachide: graine par graine, soit pour un fort remplissage 150 kg/ha. Jeune pied de manioc, Adonis, Juillet 2011 Sarclage : Effectué manuellement. Le premier est réalisé un mois après le semis, un second peut être réalisé après la récolte de l'arachide. Il faut également noter qu’un travail conséquent de désherbage est effectué lors de la récolte d’arachide. Récolte de l’arachide (Semis + 3 mois) : Arrachage des pieds et collecte des gousses A Luozi, les pieds sont arrachés puis laissés sécher sur le champ durant une à deux semaines. L’arachide est alors commercialisée sèche. À Kimpese, l’arrachage et la récolte des gousses sont effectués le même jour. L’arachide est commercialisée fraiche. Récolte du manioc : déterrement des tubercules, pelage et transport. Le transport du manioc depuis le champ jusqu’au lieu de rouissage (point d’eau) est toujours nécessaire. Lorsque la parcelle est également dédiée à l'autoconsommation, une faible quantité est récoltée de manière hebdomadaire dés la tubérisation. Cependant, la plus grande partie de la production est récoltée un à deux ans après la mise en culture selon les variétés. La culture de manioc peut constituer un garde-manger, voire un capital en terre. Ces différentes stratégies de récolte sont observées en fonction des besoins des producteurs. Conditionnement : rouissage, découpage et séchage des cossettes et mise en sacs. Le rouissage est l’immersion des racines pelées durant 2 à 8 jours selon les variétés. Ce procédé est nécessaire pour la majorité de variétés afin de décomposer les composés cyanés et rendre le manioc comestible. Les modalités de rouissage ont une forte influence sur les qualités organoleptiques et nutritionnelles du manioc. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Tubercules de manioc fraichement déterrés, Adonis, Juil. 11 Les facteurs limitants Il s’agit avant tout de maladies : • La Mosaïque est la principale maladie. Elle a pour conséquence un retard de croissance et une baisse de rendements de 25 % • L’Anthracnose est la seconde maladie responsable d'une baisse de rendement. • La Pourriture des tubercules est principalement présente dans les zones de bas fonds. Etudes des filières par spéculation Séchage des cosettes, Adonis, Juil. 11 Axes d’interventions Annexes Page 26 Répartition des charges du système ManiocArachide Boutures de Manioc 10% Économie de la production Semences Arachide 2% Charges H/J 100 50 100 75 25 50 Préparation de la parcelle 29% Récolte et post récolte manioc 19% Récolte arachide 6% L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Sarclage 15% Opération Défriche Préparation du sol Semis Main d'œuvre Sarclage salariée Récolte arachide Récolte manioc Conditionnement 50 (Rouissage etc) Total charges de main d'œuvre Boutures Manioc (pour 50bottes) Consommations Semences Arachide (135kg) intermédiaires Total charges consommations intermédiaires Total des charges Semis 19% Cette répartition des coûts a été établi grâce à l’analyse de bases STE d’Agrisud. Elle représente une moyenne des dépenses générées par la culture de Manioc. Analyse des comptes de résultats Cas 1 : Double actif investissant son capital dans l’agriculture. Il utilise un groupe de membres pour réaliser l’ensemble des travaux. En comptant les dépenses liées à leurs salaires et repas, le coût est de 1500 FC/personne/jour. Cas 2 : Exploitant pratiquant une agriculture vivrière. Il emploie de la main d’œuvre salariée seulement pour les travaux conséquents : le défrichage, le sarclage et la récolte. Pour l’ensemble des opérations, il s’appuie essentiellement sur la force de travail de sa famille qui est composée de dix personnes. L’utilisation de cette main d’œuvre familiale ne représente aucun coût pour l’exploitant. Ses charges correspondent à l’emploi d’un groupe de membres de vingt personnes en complément de la main d’œuvre familiale, pour les opérations de défriche de préparation du sol, de semis et la récolte de manioc. Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation 75 000 675 000 100 000 22 500 122 500 797 500 Production MANIOC cossette (en sac sucrière de 50kg) Le compte de résultat est établi pour un hectare de l’association culturale manioc-arachide. La culture est conduite selon un itinéraire technique traditionnel. La production est évaluée à 12 tonnes de manioc frais, ce qui d’après les conversion basée sur les bases de données d’Agrisud et les enquêtes équivaut à 2.7 tonnes de cossettes; et à 52 sacs UPAK de cossette. La production d’arachide est de 520 kg de gousse ce qui équivaut à 270 kg d’arachide graine et donc a environ 1800 verres (0,15 kg/verre). Cette production a été valorisée au prix bord champs. Les boutures et semences ont été valorisées au prix d’achat en période de semis. Les hommes/jour (H/J) présentés ici représentent le nombre total d’hommes nécessaire par étape pour une surface d’un ha. Il existe des différences dans les systèmes de culture, les deux types d’exploitations observés sur le territoire de Luozi sont présentés ici. Les charges représentent les dépenses réelles des exploitants. Méthodologie Cas 1 Cas 2 Valeur en Francs Congolais 120 000 150 000 30 000 75 000 120 000 150 000 0 112 500 0 37 500 30 000 75 000 Produit prix bas bord champ (8000/sac) 416 000 Produit prix haut bord champ (12000/sac) 624 000 Production ARACHIDES gousses (en sac bande verte de 700 verres) Produit prix bas Arachide graines (100/verre) 180 000 Produit prix haut arachide graines (200/verre) 360 000 0 300 000 100 000 22 500 122 500 300 000 52 416000 624000 2.6 180 000 360 000 Valeur ajoutée prix bas Marge brute prix bas 473 500 -201 500 473 500 173 500 Valeur ajoutée prix haut Marge brute prix haut 861 500 186 500 861 500 561 500 Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée De part les différents types de main d’œuvre utilisés, les deux cas présentent des coûts différents qui se reflètent dans leurs marges brutes. En effet, elles représentent le différentiel entre le produit et les charges (consommation intermédiaires et charges en personnel) de l’exploitant. On s’aperçoit que pour le cas 1, l’association manioc-arachide n’est pas rentable si l’ensemble de la production est vendue à des prix bas. En outre, il faut également noter que si le cas 2 présente des fortes marges brutes. Ces chiffres sont peu envisageables dans la réalité. En effet, l’utilisation de la main d’œuvre uniquement familiale ne permet généralement pas de cultiver plus de 50 ares. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 27 L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Commercialisation du manioc Principaux bassins de production et flux de commercialisation du Manioc (à la plus forte période de production) République du Congo Rareté République du Congo SUNDI MAMBA Abondance MBIONGO NKUNDI N Source: Obseco; Agrisud. KINGILA MBANZA BULU On distingue très clairement une période d’abondance à la fin de la saison C. Le principal facteur explicatif est les conditions climatiques qui sont propices à la récolte et à la transformation du manioc. LUFUKU 20 km KIBUSI NKENGE BETELEMI DIVAGAMENE NSUNDI NSANGU KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU CHANTIER MALELE BIDI Construction du prix de gros du Manioc Cosette KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA KUMBI Francs Congolais VALLA 17 % KIYALA KIANDU Faible Taxes liées à la vente 9% NKALANGA Légende Bassins de production Marges commerciales 15 000 NKONDO NKUMBA KIMPESE 21 % 20 000 KINSHASA LUMUENO KIBUNZI 25 000 KIDADA LOMBOFUESE (Pour un sac UPAK en période d'abondance) 30 000 NSONA LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI BANDAKANI Moyen Fort Coûts du Dépôt Faible Moyen DIBU MATADI Flux de commercialisation SANZIKWA NGOMBE Fort NSUMBA Coûts de Transport 10 000 Le manioc est produit dans tout le territoire et par tous les producteurs. Il est vendu sous forme de manioc cossettes (rouies puis séchées) à Kinshasa et Kimpese et sous forme de chikwangue (pâte de manioc cuite). Lorsqu’il est produit sur le territoire de Luozi, le manioc est vendu principalement à Kinshasa et dans une moindre mesure à Kimpese voir dans d’autres provinces de la République du Congo. Le manioc produit sur le territoire de Kimpese est essentiellement commercialisé à Kinshasa. Prix bord champ 5 000 0 Village Luozi Luozi Kimpese Kinshasa La construction du prix de gros du manioc nous montre une marge commerciale plus importante à Kimpese qu’à Kinshasa (respectivement 21 % et 17 % par rapport au prix de gros), ce phénomène est principalement expliqué par les forts coûts de transport et de dépôt à Kinshasa. La marge commerciale correspond au total des marges prises par les acteurs de la commercialisation entre le prix bord champs et le prix de gros sur le marché donné par rapport au prix total. La proportion du prix bord champs par rapport au prix de gros diminue avec l’éloignement au village (100 % au village, 75 % à Luozi, 48 % à Kimpese et 40 % à Kinshasa) et le coût du transport augmente (16 % à Luozi, 28 % à Kimpese et 37 % à Kinshasa). Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Séchage de manioc au champs, Adonis, Juillet 2011 Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 28 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, VILLAGE MARCHE RURAL MARCHE TERTIAIRE Kimpese Kinshasa 700 2 300 28 000 7 000 15 000 15 700 12 500 2 300 Circuits de commercialisation du manioc MARCHE SECONDAIRE 25 000 25 000 L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE 1200 1700 15 000 25 000 7 000 2 500 CAS 1 Grossiste CAS 2 Producteurde la zone de Kimpese Maman Manœuvre CAS 2 25 000 2 300 36 000 7 500 8 000 25 000 11 700 8 000 2 300 17 000 Grossiste 450 17 000 8 800 28 000 1 200 11 000 8 000 1 200 Maman Manœuvre CAS 3 CAS 4 CAS 5 Analyse des marges : Détaillant 22 000 Producteurde la 2 700 300 1 000 zone de Luozi 18 000 Prix de vente Légende 10000 Marge 10000 Coûts de commercialisation Consommateur Détaillant (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) Prix de vente conso:36 000Fr 10000 10000 Cas 2. et 4. Les producteurs de Luozi et de Kimpese suivent ce circuit en général lorsqu’ils ont une production suffisante à écouler (plus de 10 sacs). Les coûts de transport étant plus importants pour le producteur de Luozi, sa marge est plus faible que celle du producteur de Kimpese. Cas 5. Le producteur sur le territoire de Luozi est susceptible de s’arrêter au marché secondaire de Kimpese. En effet, les prix de Kimpese sont parfois plus intéressants que ceux de Kinshasa, relativement aux coûts supplémentaires engendrés par le transport jusqu'à Kinshasa. 500 18 000 550 Cas 1. Ce circuit est emprunté pour de petites quantités de cossettes, en moyenne d’un sac. Le producteur se déplace à pied, au moyen d’un vélo ou encore en louant les services d’un porteur à hauteur de 500FC/sac, jusqu’au marché rural hebdomadaire. Les commerçants achètent une partie de leurs marchandises sur ces marchés ruraux avant d’aller les vendre sur les marchés à Kinshasa. Cas 3. Lorsque les commerçants se présentent directement dans les villages, le producteur peut lui vendre des sacs. Il se déplace alors jusqu’à Kinshasa, où il les revend à une « mamanmanœuvre ». 3 700 11 000 Le manioc est vendu essentiellement sous forme de cossettes séchées en sac de 50 kg, couramment appelés sacs UPAK. Les schémas ci-contre présentent les principaux circuits de commercialisation de ces sacs. Coûts de transport du sac Consommateur Prix d’achat Prix de vente conso:22 000Fr 1cm 10 000Fr PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DU MANIOCCOSSETTE (pour un sac UPAK en période d’abondance) NB: seuls les circuits jugés les plus représentatifs sont représentés ici.. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs La marge du producteur est plus importante lorsqu’il vend sur les marchés de Kinshasa. Cependant pour que la marge soit aussi importante que dans le cas 4 (11700 FC), le producteur doit vendre plus de 10 sacs afin d’amortir les coûts de transport. D’après l’analyse le second marché le plus rémunérateur est Kimpese. Néanmoins, il faut noter que le différence entre la marge du producteur à Kimpese (cas 5) et au village (Cas 3) n’est que de 800 FC. On peut donc penser qu’il est préférable de vendre au village en période d’abondance puisque les prix de la marchandise sont au plus bas et que les coûts de transport grèvent la marge. Les détaillantes semblent bénéficier d’une plus grande marge par rapport aux grossistes et aux « mamans-manœuvre ». Cet écart est probablement compensé par des quantités achetées plus importantes pour ces deux derniers commerçants. Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 29 L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Commercialisation de l’arachide graine Principaux bassins de production et flux de commercialisation de l’Arachide graine (à la plus forte période de production) République du Congo Abondance Rareté Abondance République du Congo SUNDI MAMBA Rareté MBIONGO NKUNDI N KINGILA MBANZA BULU Ce graphique représente l’évolution du prix de l’arachide gousse qui est semblable à celle de l’arachide graine décrite dans cette partie. On observe ainsi une diminution du prix de l’arachide en période de récolte avec une plus forte baisse en janvier-février, moment de la récolte de l’arachide semée en association avec le manioc. Aussi, le prix remonte plus fortement en septembre-octobre moment de rareté et de semis de l’arachide en association avec le manioc. LUFUKU 20 km KIBUSI NKENGE BETELEMI DIVAGAMENE NSUNDI NSANGU KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU NSONA LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI BANDAKANI CHANTIER MALELE BIDI KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA LUMUENO KIBUNZI KUMBI VALLA KINSHASA NKONDO NKUMBA NKALANGA KIMPESE Construction du prix de gros de l'Arachide Bassins de production Faible Francs Congolais 160 000 140 000 42% 23% 100 000 80 000 Marges commerciales Taxes liées à la vente 14% Coûts du Dépôt KIYALA KIANDU Faible Moyen Faible Flux de commercialisation (Pour un sac bande verte en période d'abondance) 120 000 Légende Moyen Fort DIBU MATADI SANZIKWA NGOMBE Fort NSUMBA Cette carte représente les flux d’arachide graine. Elle est équivalente à celle du manioc puisque l’arachide est semée principalement en association avec le manioc, les bassins de production sont donc identiques. Pour la commercialisation, les flux sont également similaires : •un flux moyen du territoire de Luozi vers Kinshasa •un flux faible du territoire de Luozi vers Kimpese et la République du Congo •un flux moyen entre le territoire de Kimpese et Kinshasa Les flux sont exprimés de manière qualitative, une quantification de ceux-ci est une chose très complexe. Coûts de Transport 60 000 Prix bord champ 40 000 20 000 0 Village Luozi Méthodologie Luozi Kimpese Présentation de la zone d’étude Kinshasa Le système de commercialisation La construction du prix de gros de l’arachide nous montre une marge commerciale presque deux fois plus importante à Kinshasa qu’à Kimpese (42 % du prix de gros à Kinshasa est composé de la marge commerciale, 13 % du prix de gros à Kimpese est composé de la marge commerciale). À Kimpese, le prix bord champs représente plus de la moitié du prix de gros (63 %), à Kinshasa il représente 45 % du prix de gros. Le coût du transport est équivalent pour Kimpese et Kinshasa. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 30 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, VILLAGE MARCHE RURAL L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Circuits de commercialisation de l’arachide MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE Kimpese Kinshasa 154 000 142 200 3 800 L’arachide suit quatre circuits de commercialisation principaux, à l’échelle du District des Cataractes. L’arachide est commercialisée en gousse ou décortiquée en graine dans de grands sacs de 150 kg dits « bande-verte ». Les circuits suivants font référence à l’arachide graine. 8 000 CAS 1 189 000 Producteur de la 33 200 1 800 zone de Kimpese 154 000 150 000 62 200 3 800 Maman Manœuvre 18 000 70 000 Cas 2. Les commerçants viennent au village lors des fortes périodes de récolte pour ensuite revendre les produits à Kinshasa. 292 600 Grossiste 103 100 500 Cas 4. Le producteur peut décider de vendre à Kimpese à un commerçant pour limiter les dépenses en transport et le temps passé. Ce commerçant se chargera de vendre à Kinshasa. 154 000 112 000 70 000 189 000 132 200 94 100 70 000 3 800 18 000 CAS 2 CAS 3 154 000 1 900 16 000 29 200 4 800 CAS 4 Détaillant 8 000 Producteur de la Analyse des marges : 154 000 zone de Luozi Grossiste Légende Prix de vente 10000 Marge 10000 Coûts de commercialisation Consommateur Prix de vente conso: 292 600Fr (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) 10000 10000 Cas 1 et 3. Lorsqu’un producteur a de nombreux sacs d’arachides, il préfère se rendre directement à Kinshasa pour les vendre. Pour cela, il emmène des sacs d’arachides et d’autres produits agricoles (un producteur se déplace rarement pour un seul type de produit). Il lui arrive de prendre les sacs des voisins, le but étant d’optimiser le coût du trajet, du séjour et du temps passé. Coûts de transport du sac Il est plus rentable pour le producteur d’aller vendre directement à Kinshasa, qu’il soit du territoire de Luozi ou de Kimpese. Mais il y a une mobilisation en temps non prise en compte dans les calculs. Pour les grossistes, il est plus rentable d’aller chercher directement les produits au village. Prix d’achat 1cm 100 000Fr PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation (pour un sac bande verte en période d’abondance) Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 31 LE HARICOT Système de culture Le Haricot (Phaseolus vulgaris) Cette légumineuse annuelle est avant tout cultivée à des fins commerciales, même si une petite partie de la production est dédiée à l’autoconsommation. Elle est souvent décrite par les producteurs comme l’une des cultures les plus rentables du système de production. Sur le territoire de Luozi, elle sert de monnaie d’échange. À ce titre, elle est fréquemment troquée contre du riz et peut servir à payer des services tels que le labour par traction animale, ou même des soins médicaux. Au vu des difficultés de gestion de la fertilité des sols, l’introduction de cette culture en début et en fin de cycle de successions culturales peut être perçue comme une réponse permettant d’améliorer la fertilité des sols. Variétés : Il s’agit de variétés naines locales blanches et jaunes (Ntendezy). Type de terrain et cycle de culture Cette culture est présente sur de nombreux types de terrains : les vallées comme les coteaux. Elle est principalement mise en culture en zone forestière, mais est également présente en zone de savane voire dans les zones marécageuses. Il est possible de réaliser jusqu’à trois cycles de haricot sur une année, mais en général les producteurs en réalisent un à deux par an. Les itinéraires techniques et les cycles de cultures sont quelque peu différents en fonction des terrains mis en culture : En saison A ou B, le haricot est semé sur des pentes faibles et/ou dans les bas de pente. Dans la zone de Kimpese, lorsqu’il est semé sur les bas de pente, il est fréquent que des billons soient formés. Lorsque le haricot est mis en culture en saison C, les seuls terrains propres à la culture sont les terrains marécageux où un labour ponctuel est effectué. Les terrains forestiers, qui présentent une plus forte capacité à retenir l’eau, sont semés plus tardivement que les zones de savane. Mois Janv Saison culturale Haricot saison A Haricot saison B Févr Mars Avril Saison B Mai Juin Juil. Août Saison C Sept Oct R S R S Haricot saison C Nov Déc Saison A S R Légende: S: semis ; Sa: sarclage ; R: récolte Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Haricots, Adonis, juin 2011 Besoins théoriques de la culture : Température : entre 17.5 °C et 25 °C, optimale entre 20 °C et 22.5 °C. Eau : de 300 mm à 400 mm. La sécheresse et l’excès d’eau lui sont néfastes. Elle nécessite de l’eau en début de cycle. Cependant après la floraison un excès d’eau rend la plante plus sensible aux maladies. Sol : léger à moyennement lourd, pH neutre et bien drainé. Durée du cycle : 75 jours Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 32 LE HARICOT Système de culture Successions et associations culturales : Il existe différentes successions culturales possibles. Elles sont principalement fonction des zones mises en culture. - Sur les zones de vallée ou de bas fond, le haricot peut être suivi de maraichage, ou d’une culture de Manioc. Sur les coteaux à forte pente, dans le territoire de Luozi, il est généralement mis en culture avec le pois d’Angole, Les rendements : On observe une variation de rendement en fonction de la période de mise en culture. Ainsi les rendements de la saison B sont supérieurs à ceux de la saison A. Mais c’est en saison C que l’on observe les meilleurs rendements. Le haricot est semé dans les bas-fonds hydromorphes qui gardent l’humidité pendant la plus grande partie de la saison sèche. Bords de la rivière Luozi, Adonis, Juillet 2011. Itinéraire traditionnel en culture pure Préparation du sol : défriche/brûlis Labour sur toute la superficie (manuellement ou avec la traction attelée) ; labour localisé (travail manuel) Il existe une forte variabilité interannuelle. Cette culture est qualifiée de capricieuse, car d’une année sur l’autre, la production peut varier du simple au triple. Semis : effectué graine par graine de manière aléatoire Note : Une étape de gardiennage peut être nécessaire depuis la sortie des cotylédons jusqu’à la sortie des premières feuilles pour éviter que la culture soit piquetée par les oiseaux. Les rendements observés sur le territoire de Luozi lors d’une bonne année de production sont de l’ordre de 600 kg par ha. Pour une mauvaise année, les rendements peuvent descendre jusqu’à 220 kg/ha. Sarclage : (Semis + 1 mois) Effectué manuellement Récolte : (quand les pieds sont secs) Coupe des pieds Battage (Effectué au champ si le risque de vol est inexistant. S’il y a risque de vol : battage du pied entier au village) Présentation de la zone d’étude Les facteurs limitants Conditionnement : Vannage Mise en sac Méthodologie Parcelle de haricots, Adonis, Juillet 2011. Le système de commercialisation Cette culture est affectée par un problème de fonte des semis dû à un excès d’humidité. Elle subit également des attaques d’insectes qui endommagent les feuilles et génèrent une baisse de rendement Le manque d’eau entraine de fortes baisses de rendement surtout pour le haricot cultivé en saison B. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 33 LE HARICOT Répartition des charges Récolte 9% Semences 10% Défriche 21% Économie de la production Analyse des d’exploitations : La valeur du haricot troqué En général, la valeur monétaire du produit échangé et la valeur de la quantité de haricot troquée sont équivalentes pour le producteur. De plus, le troc est souvent effectué en période d’abondance au cours de laquelle la valeur bord champs du haricot est au plus bas. Cette pratique présente donc un intérêt pour le producteur qui ne doit pas se déplacer. Le cas présenté est un exploitant pratiquant une agriculture vivrière. La main-d'œuvre salariée a été utilisée seulement pour effectuer les gros travaux tels que la défriche et le semis. Semis 34% La répartition des charges fait référence à un itinéraire technique classique que l’on retrouve chez la plupart des exploitants. Produit échangé (valeur commerciale au village) 1 verre de riz importé équivaut à 275FC 1 verre équivaut entre 150 à 250 FC 3 verres de riz local équivalent entre 350 à 600 FC 2 verres équivalent entre 300 à 500 FC Labour (traction animale) pour ¼ ha équivaut à 20 000 FC 24 000 Opérations 30 Défriche 40 Semis 30 Sarclage 10 Récolte Total charge main d'œuvre Total des charges consommation intermédiaire Quantité produite (bonne récolte = 3 sacs bande verte)) PRODUITS (200fr/verre) Valeur ajoutée Marge brute 24 000 304 kg 320 000 296 000 251 000 Quantité produite (mauvaise récolte = 1 sac bande verte) PRODUITS (200fr/verre) Valeur ajoutée Marge brute Haricot (valeur commerciale : prix bord champs) Semences Nbre H/jour Le compte d’exploitation suivant est établi sur 0.5 ha cultivé en zone de forêt. Cela signifie qu’il y a peu de préparation du sol. Le produit est calculé en prenant en compte le prix bord champs. Au vu de la faible variation de ce prix au cours de l’année, il s’agit du prix moyen. Le rendement du haricot quant à lui varie fortement d’une année sur l’autre, c’est pourquoi nous avons choisi de présenter une année à forts rendements dite « bonne récolte » et une année à faibles rendements dite « mauvaise récolte ». Sarclage 26% Main d'œuvre Valeur en Franc Congolais 15 000 30 000 0 0 45 000 Charges comptes 114 kg 120 000 96 000 51 000 Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée La plupart des producteurs achètent une partie des semences, ces charges sont donc comprises dans la valeur ajoutée. La comparaison d’une « bonne année » et « mauvaise année » montre qu’une diminution du rendement de 60% aura pour conséquence une diminution de la valeur ajoutée de 70 % et de 80% de la marge brute. L’analyse montre que si l’on emploi pour toute les opérations de la main-d'œuvre salariée au cours d’une mauvaise année de production, le système ne serait probablement pas rentable. La marge brute serait surement négative. 100 à 120 verres équivalent entre 16 500 à 275 000 FC Battage au champ des pieds de haricot, Agrisud, 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 34 LE HARICOT Evolution du prix détail du haricot FC/kg Commercialisation 2000 Principaux bassins de production et flux de commercialisation du Haricot 1500 (à la plus forte période de production) République du Congo 2008 1000 2009 2010 500 MBIONGO NKUNDI N 0 mars mai juil sept KINGILA MBANZA BULU nov NSUNDI NSANGU Les prix du haricot sont relativement constants sur une année, le haricot étant un produit sec qui se conserve bien. On observe une nette augmentation du prix sur les trois dernières années : prix moyen autour de 1 000 FC/kg en 2008, 1 300 FC/kg en 2009 et 1 700 FC/kg en 2010. Ceci peut être expliqué entre autres par l’inflation qu’a connu le franc congolais (en 2008, 1 USD équivaut à 530 FC ; en 2010, 1 USD équivaut à 920 FC). LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU DIVAGAMENE NSONA KIBUSI NKENGE BETELEMI LUFUKU 20 km KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI BANDAKANI janv République du Congo SUNDI MAMBA CHANTIER MALELE BIDI KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA LUMUENO KIBUNZI KUMBI VALLA KINSHASA NKONDO NKUMBA NKALANGA KIMPESE Construction du prix de gros de l'Haricot Bassins de production Faible (Pour un sac bande verte en période d'abondance) Faible 29% Moyen DIBU MATADI SANZIKWA NGOMBE NSUMBA Fort Marge commerciale 12% 150 000 Moyen Le haricot est produit dans presque toutes les zones, ce qui semble normal puisqu’il s’agit d’une culture très rentable les bonnes années de production. La grande majorité de la production est destinée à Kinshasa. Il faut remarquer un flux moyen en provenance du territoire de Luozi et en direction de Matadi. 250 000 25% KIYALA KIANDU Fort Flux de commercialisation Francs Congolais 200 000 Légende Taxes liées à la vente Coûts du Dépôt 100 000 Coûts de Transport Prix bord champ 50 000 0 Village Luozi Méthodologie Luozi Kimpese Présentation de la zone d’étude Kinshasa Le système de commercialisation L’augmentation du prix de gros du haricot est proportionnelle aux coûts de transport et de dépôts normalement croissants avec la distance village-Kinshasa. La marge commerciale est la plus forte à Kinshasa, elle représente 29% du prix de gros. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 35 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, VILLAGE 231 000 MARCHE RURAL LE HARICOT Circuits de commercialisation MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE Kimpese Kinshasa 215 200 252 700 3 800 12 000 19 900 1 800 CAS 1 Producteur de la zone de Kimpese 231 000 231 000 Maman Manœuvre 64 200 3 800 23 000 140 000 292 600 39 400 500 Grossiste 210 000 231 000 4 200 4 800 12 000 140 000 191 100 210 000 Détaillant 140 000 3 800 23 000 CAS 2 CAS 3 Cas 2. En juillet-août, période de récolte dans la vallée de la Luala sur le territoire de Luozi, les commerçants affluent dans les villages pour acheter des haricots. Ils se rendent ensuite essentiellement à Kinshasa qui propose les prix les plus élevés. 1 900 17 000 Cas 4. Le producteur du territoire de Luozi peut s’arrêter à Kimpese pour limiter les dépenses de transport et vendre au niveau d’un parking à Kimpese, à un commerçant. Il se rend sur un marché tertiaire, via de gros camions faisant la navette entre Kinshasa et Matadi. CAS 4 Producteur de la zone de Luozi Prix de vente Analyse des marges : Grossiste Légende 10000 Marge 10000 Coûts de commercialisation Consommateur Prix de vente conso: 292 600Fr (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) 10000 10000 Coûts de transport du sac Prix d’achat 1cm 100 000Fr . Cas 1. et 3. Lorsqu’un producteur fait une bonne récolte, de l’ordre de 5 à 7 sacs, il préfère se rendre lui-même à Kinshasa pour augmenter sa marge. C’est aussi l’occasion pour lui, grâce aux bénéfices importants dégagés par les haricots, d’acheter des biens de consommation que l’on ne trouve qu’à la capitale pour les revendre au village. 252 700 231 000 204 200 Le haricot suit quatre circuits de commercialisation principaux, à l’échelle du district des Cataractes. Il est commercialisé sec, dans de grands sacs de 150 kg dits « bandeverte », mais l’unité de vente la plus répandue sur les marchés de gros est le « verre plastique ». Quatre des circuits de commercialisation les plus fréquemment utilisés sont présentés. PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’HARICOT (pour un sac bande verte en période d’abondance) Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation La marge du grossiste est plus grande lorsqu’il s’approvisionne directement au village. C’est à Kinshasa que la marge du producteur est la plus élevée, mais le différentiel entre Kinshasa (cas 3) et Kimpese (cas 4) n’est que de 10 000 FC. Ainsi, par rapport aux contraintes de déplacement jusque Kinshasa, le producteur serait plus avantagé de vendre à Kimpese. Notons que les marges des mamans manœuvres sont plus faibes que celles des grossistes. Axes d’interventions Annexes Page 36 L‘OIGNON Système de culture L’oignon (Allium cepa L.) L’oignon est une culture maraîchère, qui procure des revenus importants aussi bien aux producteurs qu’à la population active non agricole autour des bassins de production. L’argent permet notamment de financer la rentrée scolaire. Cette culture génère un fort engouement de la part des saisonniers : des actifs et des étudiants surtout, qui habitent en ville et qui cultivent en saison sèche l’oignon sur des terres qu’ils louent aux villageois. Ce phénomène se vérifie particulièrement dans la zone périurbaine de Kimpese. Cela génère de nouveaux revenus liés à la location des terres, mais aussi des conflits fonciers. Besoins théoriques de la culture Température : Idéale en dessous de 35 °C, au-delà, à 35-40 °C, le cycle de culture se raccourcit et la bulbification est précoce. Eau : Environ ½ litre/jour/m² depuis la croissance des feuilles jusqu’au grossissement du bulbe. Pendant la maturation du bulbe, 2 à 3 semaines avant la récolte, l’oignon nécessite moins d’eau voire aucun arrosage. Sol : Tout type de sol, mais pas les milieux trop acides. Les pH favorables sont situés entre 5,5 et 7,5. Variétés : Succession culturale Texas grano (jaune) : mauvaise conservation, mais moins sujets aux maladies Red Créole : conservation moyenne Violet de Galmi : bonne conservation, très sujette aux attaques parasitaires. L’oignon est cultivé dans les bas fonds en friches qui sont inondés en saison des pluies. Le plus souvent, aucune culture ne suit ni ne précède l’oignon. Plates bandes d’oignons à Kimpese, Adonis, Juillet 2011 Type de terrain : Nécessitant beaucoup d’eau, l’oignon se cultive dans les bas fonds à proximité d’un point d’eau pour faciliter l’arrosage essentiellement manuel. Des zones sont parfois équipées de systèmes d’irrigation. Durée du cycle : 3 à 4 mois Mois Saison culturale Oignon Rouge Oignon Jaune Méthodologie Avril Mai Juin 10 20 30 10 20 30 10 20 30 10 Saison B S D P A A A A Sa P D A Rq A A A Pp Sa Présentation de la zone d’étude Juil. Août Sept 20 30 10 20 30 10 20 30 10 Saison C B B B B A A A A A A A Sa Sa Sa B B R A A A A Sa Sa Le système de commercialisation Oct 20 30 Saison A R Typologie des producteurs Légende: P : Préparation du sol S : Semis R : Récolte Pp : Pépinière Sa : Sarclage D : Démariage B : Binage A : Arrosage Etudes des filières par spéculation Oignon rouge, Adonis, Juillet 2011 Axes d’interventions Annexes Page 37 L‘OIGNON Système de culture Itinéraire technique pour une parcelle en semis-direct Défriche de la parcelle : coupe des herbes Semis en pépinière : Labour : cette tâche se fait manuellement « Écobuage » : remise des herbes sur la parcelle sous forme d’andains, ajout d’une fine couche de terre et brûlage des herbes Préparation des plates bandes de 10x1m. Semis-direct : sur la moitié de la surface préparée, on sème les graines Démariage : après 30 à 40 jours on enlève des oignons pour éclaircir les planches semées puis on les repique sur la deuxième partie de la parcelle. Arrosage : chaque jour, chaque plate bande reçoit 4 à 6 arrosoirs (soit 6 à 9 litres par m2). Sarclage cette étape est répétée 5 fois durant le cycle de culture. Il s’agit de désherber entre les lignes d’oignon. Binage : il consiste en un léger travail entre les lignes à l’aide d’une binette pour éviter la formation d’une croûte de battance et donc faciliter l’infiltration de l’eau toutes les deux semaines. Gardiennage : on surveille les parcelles nuit et jour pour éviter les vols durant les 2 mois précédant la récolte. Le semis-direct n’est pas le seul ITK (itinéraire technique) pour la culture d’oignon, elle se fait aussi en pépinière. Le principal intérêt de cette technique est de concentrer les travaux durant les premiers stades de l’oignon sur une petite surface, réduisant ainsi le temps de travail. Le repiquage a lieu un mois après le semis. Le repiquage permet de déclencher plus facilement le bulbage. L’utilisation d’intrants : Sur ce point, les deux territoires diffèrent. Sur la zone de Luozi, les producteurs n’appliquent que peu ou pas d’intrant. Notons qu’on ne trouve quasiment pas de produits phytosanitaires dans les magasins de la cité de Luozi. Dans la zone de Kimpese, les producteurs en utilisent beaucoup, parfois même abusivement. Dans cette zone, ce sont des engrais tels que du NPK et de l’urée qui sont utilisés : toutes les 2 semaines, un traitement préventif est appliqué. Pulvérisation des oignons, Adonis, Juillet 2011 Séchage : 1 semaine avant la récolte l’arrosage est stoppé pour permettre aux oignons de sécher. Rendements Récolte : arrachage des bulbes, coupe des feuilles et mise en filets. Les oignons récoltés précocement peuvent être conditionnés en bottes avec leurs feuilles. En moyenne : 100 g semés = entre 6 à 10 filets = entre 250 et 400 kg Les rendements peuvent cependant être inférieurs à 6 filets pour 100g lorsque la culture subit des dommages par les maladies et ravageurs. Facteurs limitants Remarque : L’oignon est très sensible aux maladies fongiques et virales transmises par les insectes comme les thrips. Lors de la maturation et du stockage, « la pourriture » des bulbes cause des pertes. Les récoltes subissent aussi les vols. Sur la zone de Kimpese, l’influence d’Agrisud sur les pratiques culturales est visible : - l’écobuage est remplacé par un enfouissement profond de la matière organique, - des pépinières sur pilotis sont mises en place Oignons verts récoltés, Adonis.; Juillet 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 38 L‘OIGNON Répartition des charges Intrants Pépinière 1% 8% Semences 15% Économie de la production Préparation de la parcelle 11% Opérations 14% Récolte 1% Surveillance 50% Charges Nbre H/jour 4 10 3 Analyse du compte d’exploitation Le compte d’exploitation ci-contre a été réalisé pour un exploitant moyen du territoire de Songololo qui sème 600 grammes d’oignons sur 150 m². La répartition des charges fait référence à un itinéraire technique classique que l’on retrouve chez la plupart des exploitants. Les charges de la « pépinière » font référence au sarclage, binage et arrosage des plates bandes de pépinières. La préparation de la parcelle comprend les tâches de défriche et de préparation du sol, soit un travail de la terre et la mise en place des platesbandes. Les opérations sont les tâches de sarclage, d’arrosage, de binage et de buttage. Ce sont ces travaux les plus coûteux en main d’œuvre qui sont généralement effectués par les membres de la famille de l’exploitant. Opérations Défriche Préparation du sol Pépinière Préparation des plates12 B Main d'œuvre 1 Repiquage 20 Sarclage 6 Binage 32 Arrosage (100j) 10 Récolte 120 Surveillance Total charge main d'œuvre Semences NPK Consommations intermédiaires Urée Insecticide Arrosage des oignons, Adonis, Juillet 2011 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 54 000 6 000 3 400 19 000 Total charges consommations intermédiaires 82 400 Total des charges 82 400 Quantité produites ( filet ) La surveillance est effectuée jour et nuit pendant 60 jours avant la récolte par 2 personnes. Valeur en Francs Congolais 40 PRODUITS ( Prix haut bord champ = 50 000fr/filet) Valeur ajoutée Marge Brute 1 2 000 000 1 917 600 1 917 600 PRODUITS ( Prix bas bord champ = 25 000fr/filet) Valeur ajoutée Marge brute 1 000 000 917 600 917 600 Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée La marge brute reflète la situation réelle de cet exploitant qui ici n’a aucune charge de main d’œuvre puisqu’il utilise les membres de sa famille pour toutes les tâches. Ce qui explique que la valeur ajoutée et la marge brute sont les mêmes. La comparaison rareté/abondance permet de comprendre l’influence du prix sur les gains du producteur, mais il est assez rare qu’un exploitant puisse conserver toute sa production et attendre des prix plus élevés. Ainsi, le plus souvent, les oignons sont vendus de septembre à novembre en période d’abondance. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 39 L‘OIGNON (à Kinshasa) Commercialisation Principaux bassins de production et flux de commercialisation de l’Oignon (à la plus forte période de production) République du Congo République du Congo SUNDI MAMBA MBIONGO NKUNDI N BANDAKANI KINGILA MBANZA BULU LUFUKU C’est en début de saison sèche que les prix sont au plus hauts (2500 FC/kg), juste avant la période de récolte (septembre — octobre), où l’abondance des oignons sur le marché fait chuter le prix à 1000 FC/kg. En effet, les producteurs rencontrent quelques difficultés liées au stockage de l’oignon durant la saison des pluies, ce qui les contraint à vendre leur production dés la récolte. De plus, les frais de scolarité imposent des besoins de trésorerie conséquents dès le mois de septembre, ce qui ne permet pas aux producteurs d’attendre de meilleurs prix. 20 km DIVAGAMENE KITOBOLA KILUEKA KUMBI KINSHASA NKONDO NKUMBA NKALANGA Légende Bassins de production KIYALA KIANDU Faible 40 000 Marges commerciales Taxes liées à la vente Coûts du Dépôt 20 000 LUMUENO KIBUNZI Moyen Fort Moyen DIBU MATADI Flux de commercialisation 6% KIDADA KIMPESE Francs Congolais 25 000 CHANTIER MALELE BIDI KIASUNGUA Faible 30 000 KIMBEMBA VALLA (Pour un filet en période d'abondance) 37% NSUNDI NSANGU LOMBOFUESE Construction du prix de gros de l'Oignon 35 000 KIBUSI NKENGE BETELEMI LUKOKO MAFUILU NSONA LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI SANZIKWA NGOMBE Fort NSUMBA La culture de l’oignon est pratiquée essentiellement sur le territoire de Songololo et plus précisément dans les villages périphériques de Kimpese. Sur le territoire de Luozi, la production d’oignons est beaucoup moins importante et localisée seulement sur certains villages. La quasi-totalité de la production d’oignon est envoyée à Kinshasa pour y être consommée ou pour être revendue au Congo-Brazzaville. Coûts de Transport 15 000 Prix bord champ 10 000 5 000 0 Village Kimpese Méthodologie Kimpese Kinshasa Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation L’essentiel de la production du territoire de Songololo part à Kinshasa pour y être vendu du fait de la demande qui y est très importante. Ceci peut expliquer les faibles marges commerciales réalisées à Kimpese. À Kinshasa, les marges effectuées sur ce produit représentent presque 40 % du prix de gros. Ceci peut s’expliquer de deux façons : soit la filière de l’oignon utilise plus d’intermédiaires que les autres produits, soit les intermédiaires traditionnels se rémunèrent mieux sur l’oignon en jouant sur la variation des prix d’une période à l’autre. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 40 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, VILLAGE 35 000 MARCHE RURAL L‘OIGNON Circuits de commercialisation L’oignon est conditionné en filet de 40 kg environ. MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE Kimpese Kinshasa +Brazzaville 13 200 2 800 38 000 51 000 3 000 Prix de vente conso: 51 000Fr 19 000 Consommateur 10 500 500 Cas 2. En pleine période de récolte en octobre, les producteurs préfèrent se rendre eux-mêmes à Kinshasa avec la totalité de leur récolte pour la vendre. 40 000 Cas 3. Une petite partie des oignons en provenance de Luozi est écoulés à Kinshasa, via Kimpese. Le producteur vend sa marchandise à un commerçant qui se rend à Kinshasa le plus souvent. 32 200 19 000 Maman Manœuvre 19 000 40 000 200 1 800 2 800 3 000 CAS 1 CAS 2 Producteur de la 38 000 Détaillant zone de Kimpese 22 000 19 000 50 000 15 800 19 000 38 000 Maman Manœuvre 9 900 700 19 000 5 500 3 100 3 000 CAS 3 CAS 4 50 000 Producteur de la NO 12 000 Analyse des marges : 19 000 Grossiste Grossiste 50 000 Légende Prix de vente 10000 Marge 10000 Coûts de commercialisation (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) Coûts de transport du sac 10000 Prix d’achat Détaillant Brazza NO : Non Observé 1cm 10 000Fr PINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’OIGNON Méthodologie Cas 4. Une autre partie des oignons de Luozi est envoyée au Congo voisin, à Brazzaville, via un commerçant en général. Les producteurs ne préfèrent pas s’aventurer sur un terrain inconnu pour vendre leurs marchandises et préfèrent passer par des intermédiaires qui connaissent bien la ville. 22 000 zone de Luozi 10000 Cas 1. En période de rareté, au mois d’août et décembre surtout, les commerçants et même les « mamans-manœuvres », se rendent sur les lieux de productions pour rechercher la marchandise qu’ils pourront vendre à des prix élevés sur les marchés tertiaires. Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation (pour un filet en période d’abondance) Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Pour maximiser sa marge, le producteur doit préférentiellement vendre ses oignons sur les marchés tertiaires sans passer par un intermédiaire. La marge pour un producteur de Kimpese prend 68 % entre le village et Kinshasa. Alors que pour un producteur de Luozi, la marge prend 20 % entre le village et Kimpese. La marge des « mamans-manœuvres » est très faible en période d’abondance de l’oignon lorsqu’elles achètent leurs oignons aux producteurs à Kinshasa. En revanche, les détaillantes ont une marge d’environ 10 500 FC par filets d’oignons. Axes d’interventions Annexes Page 41 Le riz (Oryza sativa) LE RIZ C’est une culture vivrière qui, après le manioc, constitue un aliment de base. Le riz produit est surtout autoconsommé, mais il fait aussi l’objet de vente sur le territoire de Luozi uniquement. Il est également utilisé comme monnaie d’échange dans le troc. Système de culture Itinéraire traditionnel Besoins théoriques de la culture Défriche : coupe des herbes et dessouchage Température : optimale entre 25 et 30 °C Eau : nécessite entre 1000 et 1800 mm d’eau pour tout le cycle Préparation du sol : brûlis et labour localisé Sol : riche et meuble avec une bonne capacité aux champs, car le riz est particulièrement sujet à la sécheresse Type de terrain : Le riz est mis en culture dans les zones montagneuses du territoire de Luozi. On le trouve dans les bas fonds sur de la forêt défrichée où l’on a laissé les palmiers : « les palmeraies ». Semis : semis-direct en poquets dispersés (écartement de 30 x 30 cm). 5 à 7 graines par poquet. Gardiennage jusqu’à la germination Sarclage : effectué manuellement un mois après le semis. Gardiennage du riz de l’épiaison jusqu’à la récolte Démariage du riz : occasionnel, au cas où toutes les graines germent et sont trop serrées Récolte du riz : coupe des épis puis battage aux champs Décorticage du riz : manuel en le pilant ou mécanique à l’aide d’une décortiqueuse Culture de riz pluvial - Territoire de Luozi, Agrisud, 2011 Conditionnement : séchage puis mise en sac Succession culturale Le riz est cultivé en culture pure le plus souvent, avant une culture de manioc. Jachère (3-5 ans) Riz Manioc Jachère… Champ de riz au milieu d'une galerie forestière, Agrisud, 2011 Variétés et cycle cultural Les variétés cultivées sont des variétés non améliorées de riz pluvial. On distingue deux types de variétés en fonction de la durée de leur cycle : Les précoces qui ont un cycle de 2 mois ½ avec lesquelles il est possible de réaliser 2 cycles culturaux dans une année. Les tardives qui ont un cycle de 4 mois. Mois Janv Févr Saison culturale Mars Avril Saison B Riz - 1 cycle Riz - 2 cycles Mai Juin Juil. Août Saison C Sept Oct P S P S1 Nov Déc Saison A Sa R R S2 Sa R2 Rendement Lors d’une bonne année, 1 ha peut produire jusque 4,8 tonnes de riz paddy, soit 30 sacs bandes vertes de 160 kg. Lors des années sèches on peut descendre jusque 1,6 tonne, soit 10 sacs bande verte. Les rendements observés sont de l’ordre de 15-20 sacs bande-verte récoltés pour 1 sac semé. Facteurs limitants Les oiseaux et les ravageurs attaquent les parcelles au moment du semis et de l’épiaison réduisant parfois à néant les rendements. Les producteurs doivent donc surveiller les parcelles pendant plus d’un mois avant la récolte. Les sécheresses affectent aussi les rendements. Légende: P: préparation du sol ; S: semis ; Sa: sarclage ; R: récolte Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 42 LE RIZ Répartition des charges Semences 18% Économie de la production Défriche 12% Semis 8% Analyse du compte d’exploitation Gardiennage 19% Récolte 36% Le compte d’exploitation a été réalisé pour 1 ha de riz cultivé par un exploitant misant sur les cultures de rente. Il n’utilise que de la main-d'œuvre salariée. Seul le gardiennage est effectué par lui-même. Les semences de riz ne sont pas valorisées, car elles sont retenues sur la récolte précédente. Les produits tiennent compte de la stratégie de vente du producteur : sur 30 sacs de riz récoltés, le producteur en vendra 25. Il en garde 5 pour sa propre consommation. Sur les 25, 5 sacs seront vendus paddy et les 20 restants seront décortiqués. A 20 sacs de riz paddy correspondent à environ 15 sacs de riz décortiqué. Valeur en Franc Nbre H/jour Opérations Congolais 40 Défriche 60 000 25 Semis 37 500 Charges Sarclage 7% Main d'œuvre Pour l’analyse de la répartition des charges, on valorise toutes les charges qu’impliquent un itinéraire technique type. La récolte et le gardiennage sont les plus coûteux en main d’œuvre et représentent 56 % des charges pour cette culture. 65 Gardiennage 0 25 120 Sarclage Récolte 37 500 180 000 Total charge main d'œuvre Le décorticage : augmenter la valeur du riz Semences Le riz se conserve mieux lorsqu'il n’est pas décortiqué. Le riz réservé à l’autoconsommation du ménage est donc pilé au fur et à mesure. Lorsqu’il est destiné à la vente, le décorticage permet d’augmenter la valeur du riz. Le décorticage est pourtant rarement de bonne qualité : il laisse des grains mal décortiqués et des brisures, ce qui limite l’augmentation du prix de vente. Habituellement, cette transformation est effectuée manuellement, mais pour de grandes quantités (5 à 10 sacs bandes vertes) elle pourra être faite par une décortiqueuse moyennant 9000 FC par sac. Les décortiqueuses datent de la période où la compagnie italo-zaïroise faisait payer ce service. Aujourd’hui, on n’en compte plus qu’une à Luozi et environ quatre à Nkundi. 315 000 0 Total des charges en intrants Quantité produite (bonne récolte) PRODUITS Valeur ajoutée Marge brute 0 30 sacs 1 650 000 1 650 000 1 335 000 Quantité produite (mauvaise récolte) PRODUITS Valeur ajoutée Marge brute 10 sacs 546 000 546 000 231 000 Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée Champ de riz, Agrisud, 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Champ de riz, Agrisud, 2011 Le système de commercialisation Ce compte d’exploitation met en évidence les répercussions économiques des mauvaises années de récolte provoquées par un manque et un retard des pluies. Les mauvaises années, le produit est divisé par trois, comme la récolte. La valeur ajoutée est égale au produit car aucune consommation intermédiaire n’est nécessaire. La marge brute ne valorise pas la main d’œuvre familiale qui correspond au gardiennage et équivaut à 100 000 FC. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 43 LE RIZ Périodicité des prix de détail Le prix du riz évolue selon qu’il soit décortiqué ou non, selon les périodes d’abondance et de rareté et selon le lieu de vente. Le riz local se vend au verre. Abondance : mai/juin/juillet/août Rareté : septembre/octobre/novembre Riz décortiqué (1 verre) Riz non décortiqué Rareté Village 200 Luozi 225 Abondance 150 175 Rareté 400f/3 verres Abondance 300 f/3 verres Commercialisation Principaux bassins de production et flux de commercialisation du Riz (à la plus forte période de production – carte schématique) République du Congo République du Congo SUNDI MAMBA MBIONGO NKUNDI N Concurrence avec le riz importé Le riz local et importé ne semble pas être en concurrence, puisque le riz local est moins cher que le riz importé vendu à 300 FC le verre à Luozi. D’autre part, le riz local est apprécié par la population pour ses qualités gustatives et nutritives. En revanche sur le plan culinaire, le riz importé est préféré, car la meilleure qualité du décorticage permet d’avoir un riz plus blanc et une cuisson plus homogène. De plus la production sur le territoire est trop faible pour répondre à la demande. Cela n’empêche pas le riz importé d’inonder le marché, trois mois après la récolte du riz, les stocks sont épuisés et l'on n’en trouve plus sur les marchés. KINGILA MBANZA BULU LUFUKU 20 km KIBUSI NKENGE BETELEMI DIVAGAMENE NSUNDI NSANGU KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU NSONA LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI BANDAKANI CHANTIER MALELE BIDI KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA LUMUENO KIBUNZI KUMBI Construction du prix de gros du Riz VALLA (Pour un sac UPAK en période d'abondance) KINSHASA NKONDO NKUMBA NKALANGA KIMPESE Légende Bassins de production KIYALA KIANDU Faible Francs Congolais Faible 25 000 Taxes liées à la vente 15 000 Coûts de Transport 10 000 SANZIKWA NGOMBE Fort NSUMBA Le riz troqué Prix bord champ Le riz est une monnaie d’échange utilisée dans le troc. Soit il est échangé contre des produits manufacturés soit contre des produits agricoles. 5 000 0 Village - Territoire de Luozi 200 verres = 1 pièce de vêtement 40 verres = 1 litre de pétrole 3 verres = 2 verres de haricots Luozi Le prix le plus élevé est celui de la cité de Luozi. Cependant, la hausse du prix est expliquée par les coûts de transports et non par les marges commerciales. Cela signifie que le riz n’est pas sujet à une forte spéculation de la part des commerçants comme l’est le haricot par exemple. Méthodologie Moyen DIBU MATADI Le riz n’est produit que sur le territoire de Luozi dans les zones montagneuses vers Kintete et Sundi Mamba et dans la vallée de Luala au niveau de Nkundi. Où on peut trouver quatre décortiqueuses. La production de riz est majoritairement consommée sur ce même territoire, mais de petites quantités sont envoyées vers le Congo Brazzaville et la ville de Matadi. Marges commerciales 20 000 Fort Flux de commercialisation 8% 30 000 Moyen Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Il existe également du troc que l’on pourrait nommer « troc spéculatif ». Certains producteurs, commerçants ou autres échangent du riz local ayant une faible valeur sur le marché (225 FC) et le troquent contre des haricots à d’autres producteurs de la vallée de Nkundi. Les haricots troqués, 2 verres contre 3 de riz, sont revendus sur les marchés secondaires (Kimpese) ou tertiaires (Kinshasa) au moment où les prix sont au plus hauts : 350 – 400 FC le verre. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 44 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, VILLAGE LE RIZ Commercialisation La production de riz local n’est pas bien valorisée par le prix du marché, c’est pourquoi le riz local ne se commercialise pas au-delà du fleuve. MARCHERURAL Luozi Cas 1. Dans le premier cas, le commerçant se déplace au village pour acheter le riz qui est vendu la plupart du temps sous forme paddy. 30 000 2 400 100 5 000 22 500 Consommateur Prix de vente conso: 30 000Fr Commerçant Cas 2. Dans le deuxième cas, le producteur décide de se rendre luimême à pied jusqu’à Luozi, avec une petite quantité de riz décortiqué manuellement. Il n’a donc pas de coût de transport. 30 000 26 250 2 400 100 22 500 26 250 22 500 26 250 CAS 1 CAS 2 Commerçant Producteur de la zone de Luozi Vendeuse de riz à Luozi, Adonis, Juil. 11 Analyse des marges : Prix de vente Il est plus intéressant, au vu des marges, que le producteur décortique le riz pour augmenter sa valeur sur le marché et qu’il l’écoule sur le marché de la cité Luozi, centre de consommation où le riz local est apprécié et vendu plus cher qu’au village. Légende 10000 Marge 10000 Coûts de commercialisation (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) 10000 Coûts de transport du sac 10000 Prix d’achat 1cm 10 000Fr PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DU RIZ DECORTIQUE (pour un sac UPAK en période d’abondance) Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 45 LE POIS D’ANGOLE Le Pois d’Angole (Cajanus cajan) Système de culture Cette légumineuse bisannuelle est présente sur les deux territoires. Elle est principalement cultivée à des fins d’autoconsommation et les quantités mises sur le marché sont faibles. Cependant le pois d’angole a une forte importance pour les exploitants, qui le considère comme une culture de soudure. Sa culture a également pour fonction d’occuper des terres afin de maintenir un droit sur celles-ci. Enfin cette plante est peu exigeante, ce qui permet de valoriser les terrains les plus impropres aux cultures. En fonction de la période de l’année, elle est commercialisée sous forme de gousses à écosser ou de grains secs. Variétés La couleur des fleurs (jaunes et rouges) et le nombre de grains par gousse (généralement plus de 3) sont caractéristiques des variétés bicolores. Besoins théoriques de la culture : Eau : 1000 à 2000 mm. Il craint l’excès d’eau et l’eau stagnante. Sol : meuble, tolère alcalinité et la salinité Adaptabilité : à une très large gamme de sols, supporte les vertisols Durée du cycle : 10 mois Propriété de la culture : Sa capacité de fixation de l’azote ainsi que son système de développement racinaire permettent de valoriser les terrains les moins propices à la culture. Types de terrain et associations culturales : Dans la zone étudiée, le pois d’angole est toujours cultivé en association culturale et n’est jamais la culture principale. La zone sur laquelle il est cultivé dépend de la culture avec laquelle il est associé. Pois d’Angole au champ, Adonis, Juil. 11 Sur les deux territoires, il est fréquemment mis en association avec le manioc et est donc présent sur le même type de zone topographique. Il est semé simultanément au manioc, soit au mois d’octobre (saison A). Sur le territoire de Luozi, le pois est également mis en association essentiellement avec le haricot, mais aussi avec le maïs. Ces associations sont principalement effectuées sur les coteaux à forte pente. Il existe différents espacements selon sa fonction. Il est fréquent que le pois ne serve qu’à délimiter la parcelle, la densité de pois est dans ce cas très faible. Dans d’autres systèmes, le pois est semé en poquet en association avec le manioc. Les poquets de pois sont alors espacés de deux mètres sur un. Cycle de culture Mois Janv Saison culturale Févr Mars Avril Saison B Mai Juin Juil. Août Saison C Sept Oct S Pois d'Angol Nov Déc Saison A Sa R Légende: S : semis ; Sa : sarclage ; R : récolte Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Pois d’Angole en fleur, Adonis, Juil. 11 Axes d’interventions Annexes Page 46 LE POIS D’ANGOLE Il existe différents systèmes de culture du pois d’Angole. Ci-après est présenté celui dans lequel le pois présente la plus forte densité de peuplement. Lorsqu'il est mis avec le manioc, l’itinéraire technique est semblable mais la densité de peuplement est beaucoup plus faible. Système de culture Principaux bassins de production du Pois Cajan Itinéraire traditionnel Pois d’Angole-Haricot (à la plus forte période de production) République du Congo Défriche « Écobuage » : Amoncellement d’herbe pour former des billons (longueur 1-2m) Formation d’une cape de terre au sommet des billons Mise à feu des billons Mélange de la terre et des cendres République du Congo SUNDI MAMBA MBIONGO NKUNDI N Semis simultané du pois d’Angole et du haricot : En poquet, de 3 à 4 graines, espacées de 70 cm à 1 m pour le pois d’Angole Graine par graine, avec des espacements de 20 cm pour le haricot KINGILA MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU 20 km Sarclage : (Semis + 1 mois) Effectué manuellement NSUNDI NSANGU KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU DIVAGAMENE NSONA KIBUSI NKENGE LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI BANDAKANI CHANTIER MALELE BIDI KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA Récolte du haricot (Semis + 3 mois) KIASUNGUA KIBUNZI Récolte du pois d’Angole : (Semis + 10 mois) Coupe de l’arbuste, récolte des gousses sèches Une partie de la production est également récoltée lorsque les gousses sont fraiches. Bassins de production Conditionnement : les pois sont éventuellement écossés Faible Moyen Faible Flux de commercialisation KILUEKA KINSHASA LUMUENO NKONDO KUMBI NKUMBA VALLA NKALANGA KIMPESE Légende KIYALA KIANDU Faible Moyen Fort DIBU MATADI SANZIKWA NGOMBE Fort NSUMBA Le pois est présent sur tout le bassin de production des Cataractes, mais n’est que très peu commercialisé. Rendement Évolution du prix du pois Lorsqu’il est associé avec le haricot, les rendements de pois d’Angole sont de l’ordre de 400 à 600 kg à l’hectare. Lorsqu’il est associé au manioc, les rendements sont d’environ 220 kg/ha. Il semble qu’il n’y ait pas de facteurs limitants cette culture. Le pois est présent sur le marché entre juillet et décembre. Durant la période de récolte en août, le pois est vendu « frais » en gousse et l’unité de vente est le tas (un tas correspond à une grosse poignée). Lorsque la quantité de pois présente sur le marché est faible, ce qui correspond au début de la période de récolte (fin juillet), le prix du tas est de 200 FC. Alors qu’en pleine période d’abondance (août) un tas vaut 100 FC. Dés le mois de septembre, le pois est vendu sous forme de grains secs. L’unité de vente est alors le verre (200g). Le prix moyen est de 150 FC le verre, soit 750 FC le kg. Pois d’Angole en association avec du manioc, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Pois d’Angole, Adonis, Juil. 11 Typologie des producteurs Gousses de pois d’Angole, Adonis, Juil. 11 Etudes des filières par spéculation Pois d’Angole écossé, Adonis, Juil. 11 Axes d’interventions Annexes Page 47 L‘HUILE DE PALME Système de culture Le palmier à huile (Elaeis guineensis) Le palmier à huile est présent naturellement dans les forêts-galeries des zones de montagne. Il est exploité de manière clanique tant pour la coupe des régimes que pour l’extraction de l’huile. Cycle de production Un palmier de variété locale commence à produire ses premiers régimes à partir de la quatrième année, et ce, jusqu’à une trentaine d’années. Chaque année, le palmier produit en moyenne 1,25 régime par cycle, à raison de 3 cycles par an soient 3,75 régimes par an. Le premier cycle, le plus productif, commence en novembre pour se terminer en mars. Le deuxième cycle commence en avril pour se terminer en octobre. La maturation des régimes est échelonnée sur la durée du cycle. Les cycles de production sont liés à la pluie, ainsi il y a plus de régimes en saison des pluies qu’en saison sèche. Variétés Noix de palme, Agrisud, 2011 Les palmiers présents dans les forêts sont des variétés traditionnelles (Dura). Il est possible de trouver quelques pieds améliorés (Tenera) issus de projets de reboisement qui ont été menés dans la zone rurale de Luozi, impulsés notamment par le PRODAF (Projet Agricole et Forestier). La gestion des transformation : Température : 18 °C à 34 °C Eau : 1 800 mm d’eau par an, bien répartie sur toute l’année Sol : Un sol meuble, profond ; à exclure les sols gravillonaires ou trop argileux et les sables purs. Le palmier est très sensible à la composition chimique du sol. Galerie forestière, Agrisud, 2011 Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation et des sites de Les palmiers ne font pas l’objet de plantation. Les arbres poussent naturellement dans les forêts de bas fonds. Les exploitants favorisent la croissance des palmiers. En effet, lors de la défriche des forêts pour la mise en culture, ils prennent le soin de les laisser. On observe ainsi des forêts améliorées ou « forêts à palmiers » où la densité de palmiers présents est importante. Chaque clan du village possède ses parcelles forestières et son site de transformation. Cependant, l’accès aux palmiers n’est vraisemblablement pas réglementé et les exploitants peuvent couper autant de régimes que leur permet leur force de travail. La transformation repose sur un travail d’entraide : des hommes se réunissent et travaillent mutuellement les uns pour les autres. Les hommes qui travaillent autour d’un même site ne doivent pas nécessairement appartenir au clan qui a aménagé le site pour pouvoir l’utiliser. Si le site subit des dommages, alors le chef du clan est tenu de les réparer avec la participation des utilisateurs. Les personnes appartenant au clan ne payent pas pour transformer, mais ils cotisent pour le renouvellement du matériel. Les personnes n’appartenant pas au clan payent 2l d’huile par jour pour la transformation, mais ne payent pas pour le renouvellement du matériel. Besoins théoriques de la culture Méthodologie forêts Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 48 L‘HUILE DE PALME Itinéraire traditionnel Système de culture et économie de la production Débroussaillage : coupe des herbes autour du pied de l’arbre pour faciliter l’accès aux arbres et la récolte des noix Récolte : un grimpeur monte sur l’arbre à l’aide d’un cerceau et coupe les régimes mûrs. Un bon grimpeur peut monter jusqu’à 20 arbres par jour. Répartition des charges Ramassage : cette tâche, longue et difficile, est effectuée par un groupe de femmes payé par le coupeur. Les noix sont séparées des régimes au pied de l’arbre puis sont amenées au site de transformation. En général, une ou deux femmes sont utilisées et payées 5 l d’huile pour le transport d’un fût de noix. Pressage des fruits : Cuisson des noix Premier pressage dans un fût métallique relié à un rotor Collecte de la première huile Deuxième pressage avec de l’eau bouillante pour faciliter l’extraction, cette 2e huile est déversée dans un bassin de décantation Après décantation cette deuxième huile est récupérée, bouillie pour retirer les impuretés et finalement collectée Note : La transformation nécessite de grandes quantités d’eau. C'est pourquoi elle est toujours effectuée aux abords d’une source d’eau. Les sous produits (la coquille et l’amande de la noix) sont peu utilisés, ils sont donnés aux animaux, notamment aux porcs. Conditionnement : L’huile est conditionnée dans des bidons de 25 l. Extraction de l’huile 6% Ramassage 62% Site de transformation, Adonis, Juil. 11 Charges Nbre H/jour 20 Main d'œuvre 40 4 L’huile de palme non raffinée (orange) est tirée de la pulpe du fruit. Les amandes sont jetées et non utilisées pour la fabrication d’huile de palmiste, le matériel et les techniques n’étant pas présents. Rendements Par an, un palmier de variété locale produit entre 2 et 5 régimes. Un régime de 15 kg donne de 1500 à 4000 noix. Pour remplir un fût de 200 kg, 15 à 20 régimes sont nécessaires. Un fût de noix donne un bidon de 25l d’huile. (Taux d’extraction : 11 % du poids du régime frais) En période de forte production : un coupeur moyen peut extraire 200 l d’huile, pour 1 semaine de coupe, 1 semaine de ramassage et 1 semaine de transformation (entraide : il ne transforme pas que son huile) Soit en moyenne 600 l/an = 24 bidons/an En période de faible production : un coupeur peut faire 50l en 3 semaines. Facteurs limitants La production de certains exploitants est limitée par leur capacité de stockage, restreinte par la disponibilité de bidons. Certains feux de brousse peuvent endommager des palmiers en production réduisant ainsi la récolte. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Coupe 31 % Opérations Coupe Ramassage Valeur en Franc Congolais 40 000 80 000 Extraction de l'huile 8 000 Total charge main d'œuvre 128 000 Quantité produite 50 bidons de 25l PRODUITS (prix période d'abondance; bidon=11 000) Valeur ajoutée Marge brute 550 000 550 000 550 000 PRODUITS (prix période de rareté; bidon=18 000) Valeur ajoutée Marge brute 900 000 900 000 900 000 Pour l’analyse de la répartition des charges, on valorise toutes les charges qu’impliquent un itinéraire technique type. La charge la plus importante est le ramassage puisque c’est celle où le plus de main-d'œuvre est utilisée. L’extraction de l’huile prend peu de temps et est réalisée grâce à de l’entraide. La conservation : L’huile de palme se conserve assez bien en bidon pendant environ 4 mois, après cette durée il y a une perte de qualité de l’huile. Les producteurs doivent donc jouer entre la durée de conservation et la qualité de l’huile Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée : Le compte de résultat est basé sur un coupeur travaillant une année entière, soit 50 fûts de noix produits et 800 arbres montés. La valeur ajoutée et la marge brute sont identiques au produit car il n’y a aucune consommation intermédiaire et la main d’œuvre valorisée ici est essentiellement familiale. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 49 L‘HUILE DE PALME Construction du prix de gros de l'Huile de Palme Commercialisation (Pour un bidon de 25L en période d'abondance) Francs Congolais 20 000 26% 18 000 16 000 35% Marges commerciales 14 000 Taxes liées à la vente 12 000 4% 10 000 Coûts du Dépôt 8 000 Coûts de Transport 6 000 Prix bord champ 4 000 Palmiers à Huile, Adonis, Juil. 11 Site de transformation, Agrisud, 2011 Palmiers à huile, Agrisud, 2011 Principaux bassins de production et flux de commercialisation de l’Huile de Palme 2 000 (à la plus forte période de production) 0 Village Luozi Luozi Kimpese Kinshasa République du Congo L’huile de palme connait une forte augmentation de ses prix de gros entre le marché de Luozi et celui de Kimpese. Ceci est principalement dû à la marge commerciale qui est de 35 % du prix de gros à Kimpese est de 26 % à Kinshasa. La marge prise par les acteurs de la commercialisation est en proportion plus importante à Kimpese qu’à Kinshasa. La différence s’explique au niveau de l’approvisionnement : le marché de Kimpese s’approvisionne essentiellement en huile de Luozi alors que le marché de Kinshasa a plusieurs sources d’approvisionnement en huile. Les commerçants de Kimpese seraient donc en position de force pour augmenter leur marge. République du Congo SUNDI MAMBA MBIONGO NKUNDI N KINGILA MBANZA BULU LUFUKU 20 km KIBUSI NKENGE BETELEMI DIVAGAMENE NSUNDI NSANGU KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU NSONA LUOZI KIMGUAMBA LUNANA KINTETE MBANZA NGOYO MBANZA TADI BANDAKANI CHANTIER MALELE BIDI KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA KINSHASA LUMUENO KIBUNZI KUMBI VALLA NKONDO NKUMBA NKALANGA KIMPESE Légende Bassins de production KIYALA KIANDU Faible Moyen Fort Faible Régime, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Site de transformation, Agrisud, 2011 Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Moyen DIBU MATADI Flux de commercialisation SANZIKWA NGOMBE Fort NSUMBA ANGOLA L’huile de palme est une caractéristique de la zone de montagne du territoire de Luozi (Sundi Mamba -Kintete). Elle est principalement vendue à Kimpese puis à Luozi et Kinshasa. Une petite partie est vendue en République Populaire du Congo du fait de la proximité du pays avec les zones de productions. Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 50 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, VILLAGE MARCHE RURAL L‘HUILE DE PALME Circuits de commercialisation MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE Kimpese Kinshasa Trois cas sont détaillés dans ce schéma. Cas 1 : le producteur vend son huile directement à Luozi. Pour cela, il se déplace la plupart du temps à pied ou à vélo ce qui limite le nombre de bidons transportés. 17 500 7 400 100 10 000 19 000 450 550 Détaillant Cas 2 : le producteur vend son huile à Kimpese. Pour cela il doit prendre un moyen de transport pour y aller (minibus, camion…) les quantités transportées sont donc plus importantes. Souvent le producteur en profite pour vendre d’autres produits et revenir avec des produits manufacturés de la ville. 18 000 18 000 10 000 13 900 Consommateur 8 000 10 000 CAS 1 CAS 2 Prix de vente conso: 17 500Fr 8 000 1 100 3 000 Maman Manœuvre 26 250 6 650 400 CAS 3 Producteur de la Détaillant zone de Luozi Cas 3 : Le producteur vend son huile au village à un grossiste qui se charge de la vendre à Kinshasa. Le dernier cas se produit quand le producteur a besoin de liquidité. Cela se comprend, car c’est le cas où il gagne le moins d’argent (8 000 FC par bidon de 25L). 19 000 22 300 500 1 800 20 000 Consommateur 20 000 37 500 4 900 Prix de vente conso:26 250Fr 2 100 5 000 Grossiste Maman 17 000 Analyse des marges : Manœuvre 8 000 500 Aller vendre directement à Kimpese est le plus rentable pour un producteur puisqu’il gagne 13900 FC. Mais aller à Kimpese représente un coût en temps et un coût de déplacement qu’il faut mettre en rapport avec la productivité de sa journée de travail s’il reste au village. 22 300 Prix de vente Légende 10000 Marge 10000 Coûts de commercialisation Détaillant (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) 10000 10000 Coûts de transport Consommateur du sac Prix d’achat Prix de vente conso: 37 500Fr 1cm 10 000Fr PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’HUILE DE PALME (pour un bidon de 25L en période d’abondance) Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 51 AXES D’INTERVENTION PROPOSÉS POUR LE PROJET PADDALU Les observations et analyses faites au cours du diagnostic permettent de proposer des axes d’interventions pour le projet PADDALU, débuté en novembre 2010. De manière générale, les conditions agronomiques et climatiques de la zone d’étude sont favorables à la diffusion des pratiques agro-écologiques, qui permettraient un développement économique des exploitations familiales durable et respectueux de l’environnement. Celles-ci sont applicables aux cultures maraîchères, vivrières et fruitières. L’appui à la création d’organisations de producteurs s’avère aussi être un levier important pour le développement agricole de la région en terme de stratégies de commercialisation de leurs produits et d’influence politique et économique au sein des filières agricoles. Ci-dessous, dans les cadres thématiques, nous proposons des axes d’intervention plus techniques. Développer l’élevage Promouvoir la traction animale Les filières prioritaires Manioc – Arachide Diffuser des variétés améliorées de manioc Haricot Favoriser l’utilisation de bio-pesticides pour lutter contre les insectes ravageurs (ex: solution à base de piment) Former à l’entretien et au dressage des animaux de trait. Étudier les potentialités de mise en place d’une filière de produits carnés Créer des organisations de producteurs de type CUMA pour la mutualisation du matériel et des animaux de traction pour amortir plus facilement les coûts engendrés. Diffuser la pratique de la claustration pour permettre de lever certaines contraintes et de développer l’interaction entre l’élevage et les pratiques culturales: réutilisation des sous produits d’élevage, affouragement avec les résidus culturaux (ex: pailles de riz), contrôles des maladies et des reproductions, etc. Oignon Développer cette culture sur le territoire de Luozi Former aux techniques d’élevage des animaux Améliorer la fertilité des sols Développer des filières vers le Congo Brazzaville pour contourner la concurrence des oignons de Kimpese à Kinshasa Aider à la régénération du couvert forestier pour maintenir une fertilité à long terme à l’échelle d’un territoire Mettre en place des techniques de conservation de l’oignon pour pouvoir stocker la production et la vendre à des prix plus élevés en période de rareté. Diffusion de techniques d’amélioration de la fertilité à court et longs termes à l’échelle de la parcelle Appuis techniques pour une gestion raisonnée des intrants et diffusion des biopesticides Améliorer la commercialisation des denrées agricoles Réhabiliter les pistes vers Kimpese et vers la République du Congo Huile de palme Introduire des variétés améliorées (Tenera) pour augmenter les rendements Mise en place d’un embarcadère flottant pour faciliter l’amarrage du bac en période d’étiage (action déjà entreprise par Agrisud) Mettre en place un Comité de gestion du Bac composé d’interprofessions pour responsabiliser les acteurs usagers du Bac à participer à son bon fonctionnement Moderniser et rénover les sites de transformation par notamment le remplacement des pièces métalliques : les fûts et les axes Mettre en place des techniques permettant d’extraire l’huile palmiste Riz pluvial Combinaison variétale: mélange entre variétés résistantes à la sécheresse et variétés plus productives pour réduire la vulnérabilité des exploitations face aux aléas climatiques et stabiliser les rendements. Mettre en place des décortiqueuses dans les zones rurales du territoire de Luozi pour faciliter l’accès à ces outils et augmenter la capacité et la qualité du décorticage. Ceci permettrait de mieux valoriser le riz et ainsi d’inciter les exploitants à la production. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Renforcer la création des organisations professionnelles interprofessionnelles pour faciliter l’évacuation des produits agricoles Coucher de soleil, Adonis, Juin 11 Foresteries et arboricultures fruitières Former aux pratiques de l’agroforesterie Proposer d’autres essences fruitières pour enrichir les forêts, favoriser la reforestation et diversifier les productions (ex: espèce tropical de noyer: le badamier) Etudier les potentialités de mise en place d’une filière bois pour la construction et la production d’énergie Le système de commercialisation Typologie des producteurs et Favoriser la diffusion de l’information des prix sur les marchés notamment ceux de Brazzaville, aux producteurs. Développer les flux de commercialisation vers Brazzaville pour lever la dépendance au marché de Kinshasa : - Informer les producteurs du fonctionnement des marchés en République du Congo pour leur permettre de se rendre plus facilement, sans appréhension, sur ces marchés - Favoriser la communication entre les producteurs et les acteurs des filières de commercialisation vers Brazzaville. Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 52 Cette étude a été réalisée de juin à juillet 2011 par le groupe Adonis, composé de huit étudiants de l’ISTOM (École d’ingénieurs en Agro-développement International) : • Agnès Delefortrie • Julien Gries • Alicia Lengronne • Johanne Lhomme • Agnalys Michaud • Camille Moulard • Quentin Satgé • Laura Smee Elle a vu le jour grâce au soutien de M. Marc Oswald, tuteur du groupe Adonis et professeur à l’ISTOM et avec l’appui de toute l’équipe d’Agrisud International au Bas-Congo. Nous tenons particulièrement à remercier M. Cédric Armien, Melle Sophie Christophe et tous les collaborateurs de Luozi et de Kimpese. Nous voulons également remercier Syngenta et Quenthial. pour leur soutien financier, ANNEXE LES INDICATEURS DE LA TYPOLOGIE Le temps dédié à l’activité agricole : certains actifs considèrent l’agriculture comme un complément de revenu. Nous avons donc discerné les exploitants en fonction du temps dédié aux activités agricoles par rapport aux autres activités. Le revenu agricole par rapport au revenu du ménage : il révèle l’importance de l’activité agricole pour le ménage. La capacité de mise en culture : elle reflète le capital et les moyens dont dispose un exploitant. Elle est révélée à travers la surface mise en culture. La surface de manioc en saison A : La culture de manioc est réalisée par l’ensemble des producteurs et peut être considérée comme une culture vivrière tout comme une culture de rente. En outre, les contraintes climatiques, la surface de manioc mise en culture est toujours plus importante en saison A. C’est pourquoi cet indicateur est révélateur des moyens et de la stratégie de chaque catégorie d’exploitant. Cet indicateur permet également de révéler la capacité de mise en culture. La proportion de manioc vendue par rapport à la proportion autoconsommée : elle reflète également les moyens et les stratégies de chaque catégorie d’exploitant. Le capital disponible sur l’exploitation : il permet de révéler la logique d’investissement et de capitalisation des exploitants. Il faut distinguer deux types de capital. Le petit capital composé de petits ruminants qui constitue un capital sur pieds auquel l’exploitant peut avoir recours en cas de besoins. Le gros capital, principalement les bœufs de traction, qui constituent un investissement puisque leur location génère un revenu. Le type de main d’œuvre utilisée : il permet de révéler les ressources économiques des exploitants, et ainsi de voir s’ils possèdent une logique de captation du travail ou de maximisation de la ressource familiale. La location de leur force de travail : cet indicateur révèle également les ressources économiques que possède l’exploitant et la stratégie qu’il lui est préférable d’adopter. On peut penser qu’il aura intérêt à louer sa force de travail si, de par sa faible capacité de mise en culture, la rémunération de sa journée de travail sur son exploitation est plus faible que celle d’une journée de travail à l’extérieur. Sur le territoire de Luozi, l’appartenance à un groupe de membres révèle également une logique de capitalisation (cf. page 16). La stratégie de commercialisation : elle permet de révéler les ressources financières dont dispose l’exploitant. Elle comporte deux indicateurs : • la fréquence de déplacement sur les marchés les plus rémunérateurs. Elle est en lien direct avec la quantité de produits à vendre, puisqu’en dessous de dix sacs le coût de transport est plus cher. • la fréquence avec laquelle il réalise des stockages spéculatifs. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 54 ANNEXE TABLEAU DE SYNTHÈSE DE LA TYPOLOGIE Double actif investissant son capital dans l'agriculture INDICATEURS Temps passé pour l'activité agricole Exploitant Exploitant misant sur pratiquant une les cultures de rente agriculture vivrière Exploitant de subsistance Double actif dont l'agriculture est un complément de revenu Non agri. > agri. Non agri. < agri. Non agri. < agri. 100 % agri. Non agri. > agri. 50 % < revenus agri< 80 % 80 %< revenus agri< 100 % 100 % 100 % revenus agri < 50 % Capacité de mise en culture forte forte faible limitée par le nombre d'actifs familiaux moyenne Superficie de manioc en saison A > 2ha > 2ha 50 ares à 1ha 25 à 50 ares environ 1ha Petit capital (Porcs et chèvres) possible +++ ++ + ++ Gros capital (bœufs de traction, utilisation de tracteur) +++ ++ + — + V>A V>A V >= A V<A V >= A Jamais Pour les gros travaux Pour tous les travaux Pour tous les travaux Revenus agricoles/revenus du ménage Capital animal Proportion de manioc vendu/autoconsommé Main d'œuvre utilisée Pour l'ensemble des travaux MO familiale et entraide Très rarement Pour tous les travaux Pour tous les travaux Jamais Jamais Régulièrement +++ +++ + Dépends de sa force de travail — +++ +++ ++ — Location de sa force de travail (membre ou travailleur indépendant) Stockage spéculatif Stratégie de Possibilité de se déplacer sur les marchés commercialisation les plus rémunérateurs Méthodologie Pour les gros travaux, voir pour l'ensemble des Pour les gros travaux travaux MO salariée Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Jamais + + Annexes Page 55