Seminar in Venice on Friday, March 9 , 2001
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Seminar in Venice on Friday, March 9 , 2001
Seminar in Venice on Friday, March 9th, 2001 « Comment assurer des soins de santé de bonne qualité en maîtrisant les dépenses ?» Changement structurels dans les systèmes européens d’Assurance Maladie et perspective d’un nouvel équilibre entre public et privé « How to achieve high quality health care at an affordable cost?» Structural changes in European Health care systems and prospects for a new balance between public and private Hotel AMADEUS – Lista di Spagna 227 - ☎ 00.39.041.220.600 M. SERGIO CORBELLO Welcome/ Accueil President Assoprevidenza Page 3 M. BRUNO GABELLIERI Opening/ Ouverture des Travaux Secrétaire Général AEIP Page 3 Rationalising in health care systems and role of second pillar actors: a national approach La rationalisation des prestations dans les systèmes publics et le rôle des acteurs du deuxième pilier : approches nationales ◆ SPAIN / ESPAGNE DR BARTOMEU VICENS Directeur Général de la Mutuelle Générale de Catalogne Page 10 Mme ROLANDE RUELLAN ◆ FRANCE Conseiller Maître à la Cour des Comptes Page 16 ◆ ALLEMAGNE / GERMANY DR HILDEGARD DEMMER BKK-BV Page 28 ◆ ITALIE / ITALY M. CLAUDIO GIANETTONI SIPRE Page 32 ? DÉBAT ➪ Harmonisation, subsidiary principle, competition and solidarity: The European approach to the future of health insurance Solidarity faced with the pressure of the internal market: A Paritarian point of view Harmonisation, principe de subsidiarité, concurrence et solidarité : Le point de vue de l'Union Européenne sur le futur de l'assurance maladie La solidarité à l'épreuve du marché unique et le point de vue du paritarisme M. SERGE PUJOL, PRO BTP / CTIP (France) Page 37 DR HILDEGARD DEMMER, BKK-BV, Essen (Germany) Page 42 M. PHILIPPE LANGLOIS, Professor Université Nanterre (France) DÉBAT ➪ Page 45 Page 49 M. GIOVANNI TAMBURI Summary of the proceedings Synthèse et conclusions Page 55 Closure of the seminar/ Clôture du séminaire M. HANS-WILHELM von DAMM, President AEIP CL - 2 - Page 61 M. Sergio CORBELLO : J e tiens à remercier l'ensemble des participants venus des 4 coins de l'Europe pour participer à ce colloque. Je souhaite à tous que ces échanges soient de qualité et apportent un début de réponse aux questions que nous nous posons tous sur l'assurance santé. M. BRUNO GABELLIERI : SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AEIP J e voudrais remercier, tout d’abord le Dr CORBELLO pour son accueil et expliquer en deux mots d’introduction, ce qu'est l’Association Européenne des Institutions de protection sociale Paritaires, quel est son objectif, comment a-t-elle été créée, et puis rappeler dans quels contextes, ces colloques organisés par l’A.E.I.P. se déroulent et ensuite commenter très brièvement le programme de travail de notre demi-journée de séminaire. L’AEIP a été créée en 1996, sur l’initiative de quatre organisations nationales. Les quatre organisations sont les suivantes : • le Centre Technique des Institutions de Prévoyance (CTIP) qui rassemble, au niveau français, des opérateurs complémentaires de l’assurance maladie de base, puisque c’est le sujet d’aujourd’hui, et qui est gouverné par les partenaires sociaux. Le CTIP rassemble les institutions de prévoyance, spécificité juridique française qui est une entité, en fait, juridique autonome reconnue, à la fois par les partenaires sociaux qui la créent, qui la négocient, mais aussi reconnue par l’Etat avec une organisation juridique très proche des caisses de sécurité sociale dont elles sont issues au départ. Ce Centre Technique des Institutions de Prévoyance rassemble quatre-vingts institutions de prévoyance, en France, et à travers une sorte de fédération technique qui est gouvernée par un Délégué Général, Jean-Louis FAURE, et un conseil de surveillance paritaire. CL - 3 - • Deuxième organisation : la fédération allemande des caisses maladies d’entreprises, le BKK-BV, ici représenté par son Président, Hans-Wilhelm von DAMM, et qui rassemble en Allemagne, les caisses maladies d’entreprises organisées de manière paritaire comme les institutions de prévoyance françaises, mais au niveau de l’entreprise et la particularité du système allemand d’assurance maladie, c’est qu’il met en présence des personnes morales de droit public, alors que les institutions de prévoyance françaises sont de droit privé. L’institution, donc de droit public, qui gère en compétition les unes avec les autres, l’assurance maladie de base selon des modèles d’entreprise comme les BKK, des modèles territoriaux comme les AOK qui ressemblent à nos caisses primaires d’assurance maladies du côté français mais aussi des caisses de profession : les IKK, et puis les Erzatskassen qui sont des caisses à adhésion individuelle, ainsi que quelques caisses spécifiques dans le domaine maritime, dans le domaine des fonctionnaires etc. • Troisième organisation qui a décidé de fonder l’Association Européenne des Institutions Paritaires, Assoprevidenza et, comme l’a indiqué le Dr CORBELLO, cette association rassemble, en Italie, les fonds de pension paritaires puisque d’après la loi italienne, les fonds de pension, en Italie, sont et doivent être paritaires. Donc, ces trois organisations, se sont rencontrées dans les années 92, 93, 94, 95, se sont mutuellement reconnues comme fonctionnant sur les mêmes principes, ayant les mêmes objectifs et ont décidé de coopérer, d’abord politiquement ensemble, puis techniquement, et, finalement, ont décidé, lors d’une réunion en 1996 à Paris, de lancer l’idée d’une association européenne, et comme nous souhaitions trouver un support juridique neutre pour à la fois la France, l’Allemagne, l’Italie, nous avons choisi le droit belge, l’Association internationale de droit belge, • et là nous avons pu rencontrer effectivement une structure paritaire belge, l’intégrale, caisse commune de pension extralégale, donc un fonds de pension. Une démarche a été entreprise et l'Intégrale a rejoint l’AEIP en 1996 ce qui nous a permis, à Turin, au siège de SAN PAOLO, chez S. CORBELLO, de fonder l’Association Européenne des Iinstitutions Paritaires au mois de novembre 1996. Depuis, il s’est passé beaucoup de choses, déjà l’inauguration officielle en 1997 avec les commissaires européens Padraig FLYNN et Mario MONTI. CL - 4 - Ensuite, en 1998, les adhésions, le même jour des systèmes complémentaires de retraite français : AGIRC et ARRCO et de la Fondation du deuxième pilier de la Banque Cantonale Vaudoise suisse de Lausanne qui gère des fondations, effectivement de prévoyance paritaire dans le domaine du deuxième pilier suisse de sécurité sociale vieillesse. La Banque Cantonale Vaudoise est d’ailleurs présente ici aujourd’hui, comme tous les membres de l’AEIP, et puis en 1999, nous avons eu une année très importante au plan interne de l’AEIP, puisque nous avons réformé nos statuts pour les organiser, non plus en club fermé comme cela pouvait apparaître au départ, mais organisé en trois commissions statutaires qui montrent bien toute l’étendue du travail de l’A.E.I.P. : une commission des régimes de retraite coordonnés qui rassemble l’AGIRC , l’ARRCO , mais aussi les Suisses de la BCV, deuxième pilier obligatoire en Suisse, une commission des fonds de pension qui rassemble ASSOPREVIDENZA, l’Intégrale, le CTIP, et aujourd’hui des membres correspondants qui ont rejoint l’A.E.I.P., la Confédération Nationale des Entités de Prévoyance Sociale espagnole (CNEPS), l’Association Hellénique de Banques (AHB), le fonds de pension de la construction d’Irlande (CFOPS), Union pensions services Ltd (UPS) au Royaume-Uni et nous l’espérons, bientôt d’autres membres de la Suède, de la Finlande, des Pays Bas et du Danemark, et puis une troisième commission, celle qui a préparé le colloque d’aujourd’hui, une commission de l’assurance maladie et de la prévoyance qui rassemble le BKK fédéral allemand et le Centre Technique des Institutions de Prévoyance. Quelle est la mission de l’AEIP ? La mission de l’AEIP est très simple. C’est une mission de lobbying à Bruxelles pour défendre, promouvoir la gestion paritaire dans toutes ses composantes. L’objectif que nous poursuivons par les contacts que nous avons à la Commission européenne, au Parlement européen, au Comité économique et social, au Conseil des ministres, dans toutes les instances de l’Union européenne sans oublier le rôle important de la Cour de Justice des communautés européennes , ce lobbying est exclusivement consacré et destiné à l’approbation d’un grand projet, je dirais idéal, peut-être un peu utopique, cher Dr CORBELLO, l’institution paritaire européenne qui, de notre point de vue, doit pouvoir se décliner par la volonté des partenaires sociaux qui nous gouvernent dans l’entreprise, dans la branche professionnelle et, demain, pourquoi pas l’envisager, au niveau européen par des accords sectoriels dans le cadre de la politique sociale, des accords dans le cadre CL - 5 - des multinationales européennes, mais pas seulement, et dans le cadre, pourquoi pas rêver encore plus à l’utopie, dans le cadre interprofessionnel, si d’aventure nous considérions que pour accueillir, comme il le faut, après le traité de Nice, les Etats de l’Est européen, et bien, il faut se lancer dans une promotion d’accord de protection et de sauvegarde minimum en addition des régimes de base. Mais là c’est le rêve qui parle tout seul. Pour cela, nous avons un certain nombre d’outils. Les premiers outils que nous avons mis en place au niveau de l'AEIP, ce sont les commissions de travail que j’ai indiquées. C’est aussi un conseil scientifique composé de professeurs d’universités issus des différents états de l’Union européenne dans lesquels nous avons un membre, soit adhérent, soit correspondant. Alors je vais les citer très rapidement : le professeur Krémalis, le professeur Sandulli, puisque nous sommes ici en Italie, le professeur Lutjens, le professeur Dispersyn, le professeur Langlois, qui est ici présent et qui sera un de nos intervenants tout à l’heure. Tous ces universitaires ont rejoint sur proposition de l’AEIP ce conseil scientifique parce qu’ils y trouvent un matériau de recherche en soi, parce qu’ils y trouvent, bien sûr, des compétences et des informations, mais aussi parce qu’ils y trouvent une stimulation intellectuelle, ils y trouvent effectivement l’occasion d’échanges académiques et nous en arrivons immédiatement à ce colloque d’aujourd’hui, puisque le troisième outil, c’est l’organisation de séminaires et de colloques qui, à l’origine, je dois bien l’avouer, étaient spécifiques et fermés aux seuls membres de l’AEIP et puis sur la pression amicale, à la fois des universitaires mais aussi de nos membres, nous avons décidé d’ouvrir un peu ces séminaires, de façon à enrichir à la fois notre travail, notre réflexion, mais aussi c’est une façon de tester vos idées et de les populariser de façon à pouvoir effectivement faire avancer au niveau européen les valeurs du paritarisme, ce qui était le colloque n° 1 tenu à Bruxelles le lendemain de l'inauguration de l'AEIP. A Essen, en 1997 Monsieur von DAMM doit s'en souvenir, protection sociale et concurrence dans l'union européenne était le sujet, à Athènes en 1998 Fonds de pension banque assurance et sauvegarde de l'emploi par les systèmes de protection sociale avec l'Association Hellénique de Banques, à Bruxelles toujours avec le Parlement Européen sur les retraites complémentaires, en mars 1999, à Berlin sur le libre choix des partenaires sociaux avec la libre concurrence et l'institution paritaire européenne avec les BKK, c'était en novembre 1999, juste après les arrêts de la Cour de Justice, à Bruxelles, en mars CL - 6 - 2000, c'était avec le Parlement Européen sur l'avenir de l'assurance maladie en Europe avec les Commissaires européens compétents, Michel ROCARD, Président de la commission des affaires sociales du Parlement Européen et nous avons tenu également à Lausanne sur l'avenir de la gestion paritaire, un séminaire au mois de mai 2000 et là nous sommes passé je vais dire à une vitesse assez impressionnante de trois séminaires par an puisque nous avons tenu ce séminaire à l'occasion de l'Assemblée générale avec le concours de la Banque Cantonale Vaudoise et puis à Madrid au mois de novembre dernier sur quel fonds de pension paritaire pour l'Europe avec nos amis espagnols de la Confédération Nationale des Entités de Prévoyance Sociales espagnoles qui nous ont rejoint comme membre correspondant et donc aujourd'hui à Venise. Aujourd'hui à Venise, à l'invitation d'Assoprevidenza pour effectivement débattre avec nos amis italiens, toujours dans la progression de la réflexion de l'AEIP d'un sujet difficile au moment où tout le monde se pose la question du coût de l'assurance maladie en Europe, de son efficacité, de son organisation, tout le monde je dirais, est engagé dans des réformes importantes, que ce soit la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, les systèmes à service de santé nationaux, il nous a semblé utile de poser le débat aujourd'hui : Comment assurer des soins de santé de bonne qualité, c'est ça l'objectif, tout en maîtrisant les dépenses, ce qui est la contrainte, contrainte que nous donnent les entreprises et les partenaires sociaux puisque ni les employeurs ni les salariés ne veulent payer théoriquement plus cher leur couverture maladie. Le programme que vous avez aujourd'hui dans les mains est un programme qui a été modifié plusieurs fois comme tous les programmes et qui a été organisé de la manière suivante : -essayer de montrer à travers quatre exemples nationaux, l'Espagne, la France, l'Allemagne et l'Italie, quelle est la situation aujourd'hui dans ces pays et à partir de cette situation de quatre états différents, on ne peut pas faire cela pour les quinze pays de l'Union Européenne, essayer de tirer déjà quelques enseignements comparables sur la situation de ces différents pays. Ensuite, à 11h30, nous aurons un débat beaucoup plus général qui nous permettra à la suite d'un exposé introductif de Monsieur PUJOL qui représente le CTIP français, de nous faire toucher du doigt un des éléments importants pour l'AEIP, c'est la construction CL - 7 - sur une base professionnelle d'accords possibles en matière d'assurance maladie au-delà des accords d'entreprise qui sont peut-être plus facilement réalisables, la possibilité de faire cela au niveau professionnel si la profession bien sûr le demande. Et puis, comme Monsieur SCHMEINCK est malheureusement retenu à Bonn, c'est Madame DEMMER qui remplacera au pied levé Monsieur SCHMEINCK mais qui ne fera pas à proprement parler d'exposé structuré et nous avons un deuxième changement, c'est Monsieur Franz MARHOLD qui malheureusement est au fond de son lit avec une angine et qui est navré de ne pouvoir nous rejoindre. Il aurait avec le professeur LANGLOIS animé d'une manière je dirais intéressante sous une vision allemande, autrichienne et sous une vision française, les deux termes de possible organisation du système d'assurance maladie, mais il n'empêche, le professeur LANGLOIS je dirai a cette science et cette capacité de pouvoir transcender les absences et avec mon concours, puisque c'est moi qui à ce moment-là mouillerai ma chemise, nous ferons tous les deux l'animation du débat avec votre concours également, puisqu'il s'agit comme je le disais au début, de voir pour nos amis italiens quelles sont les expériences utiles, les idées intéressantes qui peuvent être captées, capturées par nos amis d'Assoprevidenza comme le disait le Docteur CORBELLO en introduction, songent à organiser de la même manière sur le mode paritaire l'assistance, c'est-à-dire la prévoyance au sens français. LA RATIONALISATION DES PRESTATIONS DANS LES SYSTEMES PUBLICS ET LE ROLE DES ACTEURS DU DEUXIEME PILIER J : APPROCHES NATIONALES e fais tout de suite une petite explication de mots entre l'italien et le français, la PREVIDENZA en italien cela veut dire la retraite et la prévoyance en français, ça veut dire l'assurance maladie, l'assurance décès, l'assurance invalidité et l'assurance incapacité, c'est quelque chose que les français et les italiens doivent tout de suite mémoriser, c'est le faux ami typique et l'erreur d'étudiant classique. Ceci étant fait, je voudrais vous donner simplement un élément de comparaison que j'ai attrapé dans les rapports récents, je ne referai pas le débat que j'avais fait au Parlement Européen sur, notamment les informations que le CREDES a développées en France, CL - 8 - mais aussi d'autres organismes aux Pays-Bas avec le Professeur DEVAAN ??, ce que je voudrais vous dire c'est ce que les citoyens européens et après Amsterdam, après le Traité de Nice il est important de garder l'objectif, c'est-à-dire que nos systèmes de protection sociale ne sont pas faits pour les systèmes, ils sont faits pour les citoyens, ils sont faits pour ceux qui nous font vivre, avec leurs cotisations qu'ils soient employeurs ou qu'ils soient je dirais personnes salariées, quel est l'indice de satisfaction de nos systèmes d'assurance maladie en Europe ? Il y a une enquête récente qui a été menée au niveau européen et qui fait apparaître un indice de satisfaction pour l'Espagne, je ne prends que les quatre Etats de l'Union Européenne que nous allons voir tout de suite défiler devant nous … Espagne 25% de taux de satisfaction pour le système d'assurance maladie espagnol, par les espagnols. France 48,7% d'indice de satisfaction, Allemagne 32,4% d'indice de satisfaction, Italie 30%. Voilà les quatre chiffres que je vous demande de mémoriser, c'est l'indice de satisfaction mesuré auprès des consommateurs, ceux pour lesquels nous travaillons, ceux pour lesquels nous sommes là et c'est avec cet objectif qui est le nôtre que je voudrais maintenant céder la parole immédiatement à notre premier intervenant, le docteur VICENS qui nous vient de Barcelone, qui est donc un représentant de l'Espagne, alors pour lui c'est difficile de parler au nom de l'Espagne, mais il le fera quand même avec grande gentillesse et grande expérience, je vais lui céder la parole en disant tout de suite qu'il est Directeur Général de la Mutuelle Générale de Catalogne (MGC) qui est un opérateur d'assurance maladie privé en Catalogne et membre de la Confédération Nationale des Entités de Prévoyance Sociale espagnoles, elle-même membre correspondant de l'AEIP. Vous avez toute la filiation je dirais de nos amis espagnols qui ne sont pas une structure paritaire, qui sont une structure mutualiste, c'est-à-dire relevant au niveau du concept européen de la mutualité, donc membre de l'AIM, Association Internationale de la Mutualité et j'en profite pour dire que le BKK fédéral allemand est membre lui aussi de l'AIM puisqu'il considère qu'il n'y a pas d'exclusivité d'adhésion de part et d'autre, Monsieur von DAMM ici présent est vice-président délégué international de l'association Internationale de la Mutualité et il partira dans les tous prochains jours à Montevideo puisque l'AIM a une grande réunion internationale en Uruguay la semaine prochaine. CL - 9 - Donc, docteur VICENS s'il vous plait, nous allons vous écouter sur l'Espagne avec des exposés de 20 minutes chacun, l'idée c'est que vous ayez en 20 minutes, sur quatre Etats de l'Union Européenne, une vision aussi claire que possible. Vous avez la parole cher ami … DR BARTOMEU VICENS (DIRECTEUR GENERAL DE LA MUTUELLE GENERALE DE CATALOGNE) POUR L’ESPAGNE M esdames, Messieurs, bonjour. Dans le but de faciliter la compréhension de mon exposé, je l'expliquerai en trois parties. Dans la première, je décrirai de manière succincte l'évolution historique du système public de santé. Dans la seconde, la situation actuelle et dans la troisième, les possibilités d'évolution dans le futur. Jusqu'en 1986, il existait deux systèmes complémentaires. Jusqu'au XIXème siècle, être malade était un problème personnel car l'Etat en ce qui concerne les prestations sanitaires directes intervenait peu. Etant donné cette situation, le risque maladie se collectivisait pour les couches sociales qui pouvaient se le permettre à travers des métiers à base corporative. Les personnes en situation précaire devaient recourir à des institutions de bienfaisance financées surtout par l'Eglise et les municipalités. Au début du XXème siècle on commença à se poser la question de la nécessité de l'implication directe de l'Etat en ce qui concerne la prévoyance sociale. C'est dans cette ligne politique que se créa en 1908 l'Institut National de Prévoyance qui fut le noyau formateur pour le développement de la sécurité sociale. C'est sous cet auspice que l'on introduisit progressivement les différentes couvertures sociales. C'est ainsi qu'en 1919 on a instauré l'arrêté obligatoire. En 1929, on a créé l'assurance maternité obligatoire, en 1932 on a créé l'allocation familiale, en 1939 fut promulguée la loi sur les accidents du travail, en 1942 fut promulguée la loi d'assurance maladie obligatoire, en 1947 fut établie la couverture invalidité et, en 1961, l'assurance chômage. CL - 10 - Comme nous l'avons déjà dit, en 1942 fut créée l'assurance maladie obligatoire et ce fut l'Institut National de Prévoyance, l'organisme qui se chargea de son développement. Dans ce but furent créées dix-neuf mutualités du travail pour la gestion des soins des salariés des différents secteurs. L'Institut National de Prévoyance se réserva la gestion des soins du reste des salariés. A partir des années 60, le système public amorça la création d'un important réseau de centres médicaux hospitaliers et ambulatoires. L'adoption de la constitution espagnole en décembre 1978 impliqua un changement qualitatif du système, l'établissement de l'accès de la protection de la santé comme un droit constitutionnel ouvrit le chemin à la couverture universelle. En 1978, l'Institut National de Prévoyance se sépara en trois entités, ce fut l'Institut National de la santé qui se chargea de la gestion de l'assistance médicale et pharmaceutique. En 1986, fut promulguée la loi générale de la santé qui institua le système national de santé formé par l'ensemble des services de santé de l'administration de l'Etat et des services de santé des communautés autonomes. Dans ce système sont intégrés toutes les structures et services publics au service de la santé. La loi générale de santé clôture la période pendant laquelle les couvertures d'assurance maladie publique et privée étaient complémentaires. Complémentaires dans le sens où la couverture privée entrait en action dès lors que la couverture publique n'agissait pas. En fait, avant cette loi l'Etat considérait d'une certaine manière les assurances maladies privées comme un service public. De ce fait, il exerçait un certain contrôle sur les couvertures, primes, filières de soins et honoraires médicaux. Dans le tableau, on montre l'évolution de l'assurance maladie publique en terme de population couverte, on peut voir que pendant l'année 1945 il y avait 22,06% de la population qui était couverte et en 2001 nous avons la totalité de la population espagnole couverte par la sécurité sociale publique. CL - 11 - Quant à l'assurance maladie privée en Espagne, l'analyse de son évolution ne relève pas du but de cet exposé. Mais je voudrais faire remarquer qu'au cours de cette évolution, le mutualisme espagnol a perdu beaucoup de son importance, de sa spécificité et par conséquent de sa différence avec les compagnies d'assurance privées. Depuis 1986, de systèmes parallèles de la complémentarité entre le public et le privé, nous passons à partir de 1986 à deux systèmes parallèles dans la mesure où système de santé publique et assurance maladie privée se superposent et empruntent des chemins indépendants. Actuellement tous les citoyens espagnols et tous les résidents bénéficient d'une couverture santé gratuite exception faite d'une partie de la pharmacie et de certaines prestations spécifiques comme par exemple les soins dentaires et les traitements de chirurgie esthétique. Le financement de la couverture santé publique est pris en charge par le budget de l'Etat. Ce n'est donc plus une prestation liée à la cotisation des salariés. Les prestations médicales sont fournies dans leur majorité par le réseau santé publique et seulement de façon exceptionnelle par le réseau santé privée selon convention. Il y a quelques cas très rares pour lesquels ce schéma général ne s'applique pas. Ainsi, par exemple, quelques collectifs de fonctionnaires sont regroupés en diverses mutuelles financées publiquement etc. Au travers de ces mutuelles, ils peuvent accéder soit au système public d'assurance maladie, soit au réseau de soins privés grâce à un accord entre les mutuelles citées précédemment et certaines compagnies d'assurance privées. L'option pour l'un ou l'autre système est annuel et réversible. Environ 2.000.000 de personnes entre fonctionnaires et ayant droits choisissent la formule privée. Le système fut appelé ?? selon le nom de la plus grande mutuelle des fonctionnaires. De même, on permet à certaines entreprises d'organiser la couverture santé de ses salariés et bénéficiaires. Actuellement il y a 148 grandes entreprises qui collaborent avec la sécurité sociale en assumant la gestion des soins. Le nombre de personnes concernées oscillent entre 800.000 et un million. Elles utilisent généralement le réseau santé privé. CL - 12 - Enfin, certains collectifs de professionnels libéraux, par exemples les avocats, architectes, ingénieurs, peuvent, en débutant leur activité, opter soit pour la couverture publique, soit pour la couverture offerte par leur mutuelle professionnelle privée, directement ou en accord avec une autre mutuelle. Si ce professionnel à un moment de sa vie opte pour le système public, il ne pourra pas changer pour le système mutuel, voir tableau de la page suivante. Le système public de santé, régime général, quelques collectifs de fonctionnaires qui peuvent choisir, certains dans l'entreprise qui utilisent le système privé et certains collectifs professionnels libéraux qui peuvent choisir entre le système public et la mutuelle. En débutant s'ils choisissent quelque fois le système national santé ils perdent leurs droits. Environ 10% de la population espagnole possèdent une assurance maladie privée malgré son droit à la couverture publique. Ils ont recours soit à des assureurs privés, soit à des mutuelles. Cela représente un chiffre stable ces dix dernières années de 4.000.000 de personnes. La recette pour le secteur d'assurance maladie a représenté pour l'année 1990 environ 1.863.000.000 d'euros. Les assurances maladie privées d'assistance maladie offrent en général des prestations similaires à la couverture publique exception faite de la médication en postes hospitaliers et ambulatoires. Cependant, en offrant leur couverture essentiellement au travers du réseau de soin privé, possession propre ou autre, elles ne peuvent fournir le service différent qu'attendent les 10% de la population. Ces caractéristiques sont l'accès rapide et facile au réseau de soin, le libre choix du médecin et du centre hospitalier, un important niveau de confort hôtelier et la position sociale que donne le fait d'être soigné dans le secteur privé. Et quand de nouveau le système complémentaire, comme on l'a dit précédemment, il y a en Espagne un système public de santé qui offre à tous les citoyens espagnols une couverture étendue au travers d'un vaste réseau hospitalier et ambulatoire de propriété publique. Comme dans la majorité des pays développés, le système public de santé espagnole se trouve confronté au problème de l'augmentation irrépressible du coût de la couverture santé universelle. Nombreuses sous les voix des experts qui proclament : tout CL - 13 - pour tous à tous moments et avec un bon niveau de qualité reste une utopie inaccessible, surtout si l'on tient compte de l'augmentation de la population atteignant un âge plus avancé avec consommation plus élevée de soins pour cause de maladie chronique. Le développement incessant de nouvelles techniques de diagnostic et thérapeutiques la plupart d'un coût élevé, lesquelles sont immédiatement intégrées à la pratique clinique. L'importance de plus en plus grande donnée à la santé par les citoyens est liée au développement de la science médicale et de sa divulgation par les médias. Devant ce déficit économique permanent, notre système public de santé en dehors du fait qu'il essaie d'améliorer la productivité de son réseau de soin en y introduisant des notions de gestion privée a utilisé des stratégies de compensation. Ne pas augmenter l'offre de soins dans la même proportion qu'a augmenté la demande, ce qui génère des listes d'attente sans fin. Réduire la liste des médicaments financés par le système et augmenter la part payée par le malade tant qu'il est en activité. Malheureusement ces mesures loin d'arrêter la spirale inflationniste ont par contre créé un malaise social. Devant cette situation, il y a deux sortes de tendance en ce qui concerne les mesures à prendre par les pouvoirs publics. Augmenter les ressources publiques destinées au système et continuer à améliorer sa gestion ou responsabiliser les citoyens dans la prise en charge de leur santé en introduisant le ticket modérateur de manière étendue. La première solution, celle adoptée en ce moment ne remet pas en question le système, elle laisse de côté les problèmes structurels qui ont conduit à la situation actuelle, pour cela on peut prévoir qu'elle ne fera que retarder l'inévitable, à savoir la prise du système. La seconde solution représenterait un changement fondamental de la philosophie de la couverture de la santé publique. En effet, la responsabilité introduit la conscience du coût par les citoyens. Pour simplifier et ne pas alourdir cet exposé, nous allons terminer en commentant trois propositions concrètes qui s'inscrivent dans le schéma antérieur, les trois misent d'une manière différente sur un retour à un système de plus grande collaboration et complémentarité entre public et privé. CL - 14 - Certains assureurs privés, ceux qui actuellement prennent part au modèle ?? ont proposé son extension à votre collectif. Cette proposition outre les multiples problèmes que comporterait sa mise en pratique, n'affronte pas le problème de la demande croissante et ne tient pas compte non plus de la constitution qui garantit l'égalité des citoyens espagnols. Son étude complète demanderait plus de temps que celui imparti pour cet exposé. Analysons maintenant deux propositions qui s'inscrivent dans le cadre de la responsabilité des citoyens. La première serait de redéfinir et de limiter le catalogue des prestations couvertes par le système public de santé, la seconde serait d'introduire le ticket modérateur dans ses différentes modalités. Les citoyens devraient assurer leurs prestations non prises en charge par la sécurité sociale grâce à une couverture maladie privée, assurance que devrait offrir le marché, les citoyens au bas revenu recevant une subvention de l'Etat à ce titre. Pour garantir que ces propositions qui peuvent d'ailleurs coexister soient socialement efficaces, il faudrait que s'accomplissent deux conditions : Premièrement qu'il y ait une tutelle effective de l'administration en ce qui concerne les couvertures, primes, solidarité, honoraires professionnels et qualité des soins. Deuxièmement que les compagnies d'assurance qui participent à la prévoyance complémentaire n'aient pas de but lucratif afin de garantir que le principe de solidarité sera toujours respecté. D'autre part, grâce au fait que ces compagnies seraient des sociétés de personnes où assurés et assureurs sont un seul et même acteur, on réussirait à faire participer les citoyens à la prise en charge partielle et à la gestion de leur santé. La mise en marche de ce second pilier ouvrirait le chemin à une participation croissante du citoyen dans les décisions de la politique de santé. Malheureusement cela ne paraît pas être la tendance des politiques en Espagne à l'heure actuelle, nous devons donc œuvrer en commun pour qu'une directive européenne aille dans ce sens, cela permettrait au mutualisme de retrouver en Espagne le rôle important qu'il a pu avoir et qu'il n'aurait jamais dû perdre. En tous cas, il y aura toujours des citoyens prêts à maintenir un double couvercle comme c'est le cas en ce moment. CL - 15 - Et pour finir, quelques chiffres afin de vous situer la Mutuelle Générale de Catalogne au sein du secteur assurance maladie : on peut voir la répartition de la recette pour le secteur assurance maladie espagnol, la Catalogne par rapport à l'Espagne, 33% Catalogue, 67% dans le reste de l'Espagne. La répartition de la recette pour le secteur assurance maladie en Catalogne de 32,1% correspond aux mutuelles et le reste de 67,9% à des assureurs privés. Et finalement, la répartition de la recette des mutuelles pour le secteur assurance maladie en Catalogne où on peut voir que la Mutuelle Générale de Catalogne a les 16% et les autres mutuelles les 84% restants. En euros, pour l'année 1999, la Mutuelle Générale de Catalogne a une recette de 28.000.000 d'euros. BRUNO GABELLIERI Merci Dr VICENS pour cette présentation très intéressante du système santé espagnol. Maintenant nous allons passer la parole à Madame Rolande RUELLAN, Directeur Général de la Sécurité sociale en France pendant qualeques années et actuellement à la Cour des Comptes. MME ROLANDE RUELLAN (CONSEILLER MAITRE A LA COUR DES COMPTES) POUR LA FRANCE B onjour, je suis ravie d'être parmi vous d'autant plus que je suis un vilain petit canard dans l'assemblée puisque contrairement à l'orateur précédent et au suivant, je ne suis pas un acteur, ni de la prévoyance ni de la mutualité, je suis un observateur maintenant assez extérieur, mais je suis un acteur du premier pilier, mais pas du second. Donc le sujet qui m'est demandé aujourd'hui est une approche nationale donc française que je vais traiter en deux parties, d'une part la maîtrise des coûts et le rôle des acteurs du deuxième pilier. On va passer à l'introduction pour vous donner quelques caractéristiques de la situation française, très rapide, donc un niveau élevé de dépenses de santé, ça je crois CL - 16 - que tous nos pays représentés connaissent à peu près cette situation, un droit constitutionnel à la protection de la santé, mais là aussi je pense que c'est assez répandu, une couverture de base, donc le premier pilier qui est généralisé à toute la population résidant en France, c'est relativement récent pour notre pays puisque c'est une loi de l'année dernière qui a prévu que toute personne résidant en France devait être obligatoirement affiliée à un régime de base. Cela a donc permis en quelque sorte de boucher les quelques trous qui restaient puisque le principe de notre système en France reste encore que l'assurance est liée à l'exercice d'une activité professionnelle mais avec énormément d'exceptions, avec de plus en plus d'extensions qui faisaient que finalement une frange de population défavorisée n'avait pas accès et la lacune a été comblée donc par ce qu'on a appelé la création de la couverture maladie universelle ou CMU pour les intimes. Le financement est assis également depuis maintenant plusieurs années sur l'ensemble des revenus, disons que les assurés eux -mêmes paient des contributions non seulement sur les revenus professionnels mais sur tous leurs revenus. Cela dit, cette couverture généralisée solidaire publique obligatoire ne prend pas en charge les soins à 100%, il y a toujours eu depuis l'origine en France un ticket modérateur divers selon les types de soin, divers également dans le temps mais qui a été conçu en 1945 comme étant un élément responsabiliteur pour les assurés, ce qui est gratuit n'a pas de valeur donc il faut que les gens paient un petit quelque chose, on verra que ce petit quelque chose est devenu trop gros pour que certains puissent accéder aux soins. Alors les assureurs du deuxième pilier se sont développés sur ce créneau de la prise en charge de ce que le premier pilier ne couvrait pas et nous avons en France, Monsieur GABELLIERI l'a dit tout à l'heure, trois systèmes, couramment dans beaucoup de pays on trouve la mutualité, les assureurs, ou bien les assureurs privés on les trouve partout bien sûr, les institutions paritaires, en France on a les trois donc les sociétés d'assurance privées, bien sûr, les mutuelles, les institutions paritaires de prévoyance et on verra que ces trois catégories sont dans une concurrence a priori en principe totale, mais enfin si je dis ça dans cette assemblée, certains ne seront pas d'accord, disons que j'ai dit en principe. CL - 17 - Et puis, l'autre caractéristique, mais j'ai cru comprendre que ce n'est pas une spécificité française, c’est le déficit, le déficit est un mauvais mot, disons la difficulté à couvrir, à faire face à l'augmentation régulière forte des dépenses de santé. Donc nous traiterons successivement cette politique de maîtrise, maintenant que la toile de fond est brossée et le rôle des acteurs, deuxième pilier. Alors la politique de maîtrise des dépenses de santé, pourquoi une telle politique, on pourra passer rapidement là dessus puisque nous avons tous les mêmes préoccupations, c'est d'une part parce qu'il y a bien sûr une croissance importante des dépenses de santé et du fait qu'on s'est interrogé, on s'interroge sur les causes de cette croissance et sur les légitimités de cette croissance. Alors les causes, ce n'est pas la peine d'insister, ce sont les mêmes partout. En France, on en a peut être une sur laquelle j'insisterais qui, en tous cas c'est mon point de vue, c'est que l'organisation et le fonctionnement de notre système de soins dont les Français sont paraît-il assez satisfaits, c'est vrai, on se demande pourquoi ils ne seraient pas satisfaits puisqu'ils peuvent faire dans le système de santé français à peu près tout ce qu'ils veulent en toute liberté, donc c'est précisément cette organisation et ce mode de fonctionnement qui sont de mon point de vue une des causes de la difficulté à maîtriser la croissance des dépenses. Donc les autres causes nous les avons toutes dans nos pays. Alors la question qui vient très rapidement à l'esprit est la suivante : en quoi une telle croissance est-elle illégitime ? Finalement beaucoup considèrent à juste titre que les soins, c'est fondamental, et il est choquant de vouloir chercher à restreindre ou à limiter la croissance des dépenses de santé. Alors en France, couramment, on commence par dire que le niveau atteint est déjà important, donc avec l'énorme budget de la santé on doit déjà pouvoir faire des choses, qu'ensuite comme l'a dit Monsieur GABELLIERI l'augmentation des prélèvements n'est pas franchement ce que souhaitent à la fois les employeurs et les citoyens. Ensuite et surtout, et ça c'est une interrogation qui quand même en France est relativement plus récente, c'est avant de chercher à mettre davantage d'argent dans le système, il faudrait CL - 18 - peut être s'interroger sur l'efficacité des budgets actuellement consacrés, à l'efficacité de ce que l'on fait avec ces budgets importants. Est-ce que le fait de se contenter de soigner et de moins chercher à prévenir les maladies est une bonne chose ? Le fait qu'on ne définisse pas de priorités en matière de santé, le fait qu'on ne se soit pas suffisamment interrogé justement sur l'appréciation de l'intérêt médical, du service médical rendu, de ce qu'on prend en charge, etc. et aussi le fait qu'on ne fasse pas beaucoup d'évaluations. Jusqu'à présent l'évaluation dans le monde de la santé c'est un peu un tabou. Les questions de formation aussi peut-être des médecins, des professionnels de santé qui n'intègrent pas du tout de responsabilisation économique et qui comportent des lacunes. Donc il faudrait augmenter, bien sûr on sait que les dépenses de santé continueront à augmenter, il y a un besoin, il y a des causes objectives, mais il faut s'assurer que cette augmentation soit justifiée et pour ce faire donc il faut mettre en place des dispositifs de mesure d'appréciation de l'efficacité et de l'efficience pour s'assurer que les enjeux de santé prioritaires sont bien pris en charge et qu'on sera toujours capable de faire bénéficier toute la population du progrès médical puisque nous savons que c'est le progrès médical et les nouveaux traitements, les nouveaux médicaments qui sont évidement particulièrement chers et qu'il faudra bien continuer à les mettre à la disposition de toute la population. Alors la maîtrise des dépenses de santé, on en parle depuis 30 ans en France, je pourrais dire 35 ou … alors certains ne considèrent pas que c'est forcément légitime, je disais tout à l'heure, les dépenses de santé c'est tout à fait essentiel donc il y a un débat à la fois sur pourquoi vouloir maîtriser les dépenses de santé alors qu'on ne cherche pas à maîtriser la consommation de loisirs, le problème c'est que les dépenses de santé sont socialisées, leur financement est mutualisé, et puis il y a d'autres personnes pour dire que ce qui compte c'est de maîtriser les dépenses socialisées, donc les dépenses prises en charge par le système public, mais pas de chercher à s'attaquer à la croissance des dépenses de santé dans leur ensemble. Alors on a pratiqué en fait les deux approches en France, successivement dans le temps. Pendant très longtemps on n’a su faire que de la maîtrise des dépenses socialisées, alors c'est classique, n’importe quel assureur quel qu'il soit, public ou privé sait faire ça, face à l'augmentation des dépenses et bien il baisse les taux de prise en charge et il augmente les recettes. Alors l'Etat en France faisant autre chose, il freinait les CL - 19 - prix de biens et produits de santé puisqu'il avait la maîtrise par la réglementation des prix de procéder ainsi. Les résultats ont été nuls, bien sûr un résultat arithmétique immédiat mais pas de résultat durable et pas d'effet responsabilisateur notamment à cause du deuxième pilier puisqu'en France le deuxième pilier a automatiquement pris en charge ce que le premier pilier abandonnait, donc pour toutes les personnes qui pouvaient s'offrir et qui avaient la chance de bénéficier d'un deuxième niveau de couverture c'était relativement indolore, c'était un transfert que n'appréciaient pas d'ailleurs les acteurs du deuxième pilier. Et puis, il y avait ceux qui ne pouvaient pas s'offrir ce deuxième pilier et donc pour lesquels il y avait un risque qui s'est concrétisé de difficulté croissante d'accès au système de soin. Du côté des professionnels de santé, comme on a bridé la rémunération de leurs actes, et bien ils ont eu tendance à augmenter les volumes puisqu'en France notre système est un système de paiement à l'acte des praticiens, donc ils sont libres de faire revenir les patients s’ils veulent pour faire du chiffre, ce qui fait que tout cela était nul. Depuis une dizaine d'années, on parle de maîtrise médicalisée de dépenses de santé et on cherche à agir plutôt sur l'offre de soin plutôt que sur la demande, augmenter le ticket modérateur, augmenter les cotisations, c'est l'action du côté des assurés, c'est l'action sur la demande, là l'action sur l'offre c'est travailler sur la manière dont les professionnels de santé dispensent les soins, la façon dont le système est organisé. Alors il y a deux aspects dans cette politique, la régulation économique et puis la régulation qualitative. Bien entendu on a essayé de fixer des objectifs quantifiés, ça passe évidemment très très mal, les professionnels de santé n'acceptent pas cela, le Parlement maintenant depuis quelques années fixe un budget, détermine un budget entre guillemets parce que ce n'est pas un vrai budget. Quand l'enveloppe est consommée, les assurés ne cessent pas pour autant d'être pris en charge, l'enveloppe, elle, a été conçue comme étant opposable au professionnel de santé et pas aux assurés. Opposable au professionnel de santé en réalité ça ne marche pas parce que le taux défini par le Parlement doit être ensuite décliné par le Gouvernement entre les médecines de ville, l'hôpital, etc. et ensuite les caisses doivent intervenir par les conventions qu'elles négocient avec les professionnels de santé, l'Etat lui négociant avec les hôpitaux et avec les laboratoires pharmaceutiques et des sanctions avaient été prévues pour récupérer sur CL - 20 - les professionnels de santé quand ils dépassaient l'enveloppe, en réalité sur le plan juridique on n'a pas réussi à trouver un système qui accepte notre conseil constitutionnel, nos juridictions suprêmes et en plus les professionnels n'acceptent pas, donc de ce point de vue il ne nous reste plus actuellement que la maîtrise de la valeur des actes, ce qui est évidemment une solution qu'on a su pratiquer dans le passé mais qui n'est pas satisfaisante. La régulation qualitative ça consiste à dire justement essayons de mettre plus de qualité dans le système, rendons le plus efficace, assurons nous que la population a vraiment un égal accès au système de soin car il est important en France, beaucoup de médecins, beaucoup d'hôpitaux, beaucoup de lits -trop d'ailleurs mais pas forcément bien répartis sur le territoire-, donc un problème d'équité et en même temps un souci de faire fonctionner ce système de manière plus cohérente. Alors on a imaginé différents dispositifs qui ont constitué à essayer de mettre un peu d'ordre dans ce grand désordre puisqu'un citoyen en France peut aller voir, je caricature, ce n'est pas le cas général bien entendu, mais peut aller voir dix médecins dans la semaine s'il veut, il peut commencer par un spécialiste, passer par un généraliste, aller à l'hôpital parce qu'il est vraiment inquiet, enfin à peu près tout ce qu'on veut. Donc l'idée était d'organiser et on a mis en place des formules expérimentales de filières de soins, de réseaux de soins, médecins référants obligeant les gens à passer, enfin ne les obligeant pas parce que tout cela est volontaire, c'est optionnel, mais pour ceux qui l'accepterait passant par un médecin généraliste pivot qui ensuite les oriente dans le système de santé. On a essayé aussi de faire en sorte que les médecins travaillent selon des référentiels, qu'ils obéissent à des recommandations de bonne pratique élaborées par des sociétés savantes et on a essayé aussi de discipliner l'assuré en lui donnant un carnet de santé pour qu'il le présente à son médecin et que le médecin puisse savoir ce que d'autres médecins ont prescrit, cela peut éviter aussi les maladies provoquées par un excès de consommation de médicaments, puisque comme chacun sait ce qu'il veut, le médecin ne sait pas forcément ce qu'un autre médecin a prescrit. Bref tout cela suppose aussi et c'est un troisième sujet qu'on a en France, c'est qu'on a enfin un système d'information correct sur les problèmes de santé ce que nous n'avions pas jusqu'à présent à cause de ce système très atomisé de connaissance parfaite de la dépense, donc on sait ce qu'on CL - 21 - rembourse, mais on ne sait pas quel est le contenu de cette dépense, le contenu fin et on ne sait pas sur quel segment de cette dépense on peut agir, là où il y a des abus, des excès, etc. Donc, un système d'information qui a supposé que les médecins s'informatisent, cela n'a pas été une petite affaire, ce n’est toujours pas terminée, et qu'ils acceptent de transmettre de manière automatique par l'informatique les informations aux caisses d'assurance maladie, tout cela est encore bien entendu en élaboration. Et puis aussi on a essayé de mettre en place des systèmes d'évaluation des pratiques médicales, d'accréditation des hôpitaux, là aussi tout cela est actuellement en cours, je ne vous dirai pas que c'est parfait. Deuxième partie, le rôle des acteurs du second pilier dans cette affaire de maîtrise des dépenses de santé. Alors ces acteurs qui sont-ils ? On l'a déjà dit, il y a trois catégories, deux qui sont à but non lucratif et un qui peut être à but non lucratif parce qu'on a aussi des mutuelles d'assurance en France mais le plus souvent ce sont bien sûr des sociétés d'assurance privées à but lucratif. Ils sont en concurrence, ils sont tenus d'appliquer tous en principe les directives européennes sur les assurances, la mutualité on y viendra bientôt cette année, puisque la France a été condamnée par la Cour de Justice puisque la mutualité n'a pas jusqu'à présent fait preuve de beaucoup d'enthousiasme pour se voir appliquer les directives européennes sur l'assurance, mais il va bien falloir y passer. Donc il reste quelques problèmes fiscaux si j'ai bien compris qui en ce moment sont remués encore par la Commission, par Bruxelles, mais mis à part en théorie et la loi française a été adaptée en ce qui concerne les régimes des institutions de prévoyance et aussi les sociétés d'assurance. Alors cette couverture complémentaire dispensée donc par trois catégories d'acteurs n'est pas obligatoire en France, on pourrait le concevoir, mais ça peut être obligatoire sur le plan de l'entreprise ou de la branche professionnelle, ça peut être une obligation conventionnelle mais ce n'est pas une obligation légale. Cela dit, 4 à 6% des français avant la création de la couverture maladie universelle avaient une assurance complémentaire, ce qui veut dire que 14% n'en avaient pas et la répartition de ces trois CL - 22 - secteurs qui distribuent à peu près 16 milliards d'euros quand le régime de base lui en distribue 91, grosso modo, ces trois systèmes se répartissent donc : la mutualité à 59%, les sociétés d'assurance à 24% et les institutions paritaires de prévoyant à 17%. Donc sachant que dans l'autre branche, que la maladie les pourcentages sont inversés, ne sont pas les mêmes. Mais aujourd'hui nous ne parlons que de maladie. Alors la triple mission des assureurs du second pilier en France est la suivante : ils sont assureurs complémentaires comme on l'a dit pour la part qui n'est pas prise en charge par le premier pilier, ils peuvent être gestionnaires du premier pilier et c'est une situation quand même assez importante en France puisque ce ne sont pas n'importe lesquels et ce ne sont pas les mêmes d'ailleurs dans tous les cas, les professions indépendantes et les agriculteurs peuvent voir leur assurance maladie gérée par des sociétés d'assurance et de mutuelle pour le compte du système obligatoire et ces assureurs appliquent bien sûr le système obligatoire légal. Les étudiants et les fonctionnaires sont gérés par la mutualité, toujours pour le compte là du régime général cette fois, le régime général des salariés. Donc un rôle important d'acteur du second pilier, ils sont gestionnaires mais on ne peut pas dire qu'ils sont mis en concurrence, il n'y a pas de concurrence, le régime de base leur rembourse au franc le franc ce qu'ils ont engagé pour les prestations plus des frais de gestion et on ne recherche pas la meilleure efficacité dans cette affaire, ce n'est pas le propos qui était poursuivi jusqu'à présent. Troisième et beaucoup plus récente action de ces assureurs du deuxième pilier, c'est la gestion de quelque chose qui peut apparaître assez original d'une couverture complémentaire qui a été créée récemment au profit des gens trop modestes pour s'en payer une, donc c'est une couverture complémentaire gratuite sous condition de ressource, bien sûr, il ne faut pas dépasser un certain plafond de ressource, mais elle est gratuite, bien sûr pour les intéressés modestes qui peuvent en bénéficier. Contrairement au premier pilier, ce n'est pas obligatoire, ils peuvent ne pas chercher à adhérer, mais comme c'est gratuit on ne voit pas très bien pourquoi, il faut les encourager à cette fin. Donc les gestionnaires sont à la fois les caisses du premier pilier et les trois acteurs du CL - 23 - second pilier qui se sont inscrits dans la démarche et le financement est assuré par un prélèvement mutualisé sur le chiffre d'affaires santé de l'ensemble des assureurs du second pilier. Cela veut dire que c'est un financement mutualisé, c'est une solidarité mise en œuvre entre l'ensemble des assurés complémentaires, des assurés du deuxième pilier au profit des 14% théoriquement de la population qui n'avaient pas d'assurance complémentaire. Mais en fait, actuellement nous en sommes à moins de 10%, à peu près 5.000.000 de personnes qui bénéficient de la couverture maladie universelle complémentaire gérée pas uniquement par le second pilier mais aussi par les caisses du premier pilier. Alors quelles sont les perspectives en France s'agissant des acteurs du second pilier ? Il y a une hypothèse totalement exclue dans notre pays qui est bien entendu la privatisation du système. Les français, je crois, ne comprendraient pas que du jour au lendemain ou pour tel ou tel segment de la dépense de santé il n'y ait plus de système de couverture obligatoire et que les gens soient amenés à choisir leur assureur qui leur ferait une tarification au risque. Il est évident qu'on est très attaché en France, et je crois dans tous nos pays, à un financement en fonction des capacités contributives et non en fonction du risque apporté. Donc évidemment, on n’ira sûrement pas vers un système à l'américaine. Par contre, il y a plusieurs possibilités, d'une part on peut envisager une gestion concurrentielle du premier étage qui resterait définie par la loi obligatoire et identique pour tous. Alors cette concurrence peut s'exercer uniquement sur la partie gestion administrative, on confie en gestion aux acteurs du second pilier la gestion du régime obligatoire mais on le fait en introduisant plus de préoccupations d'efficacité et de concurrence que ce n'est le cas actuellement quand il gère déjà le premier pilier, ce n'est pas très intéressant, cela ne joue que sur les frais de gestion qui ne sont déjà pas tellement élevés dans les caisses publiques, je ne vois pas très bien ce que cela apporterait. Le deuxième aspect c'est mettre en concurrence les acteurs du second pilier, voire les acteurs du premier pilier également pour qu'ils fassent une gestion plus concurrentielle sur le risque, c'est-à-dire qu'ils mettent en concurrence les offreurs de soins et que ces acteurs du premier ou du second pilier aient une somme identique, une capitalisation par assuré inscrit et qu'ils se débrouillent avec ça et qu'ils essaient d'optimiser, de faire le CL - 24 - mieux possible en négociant avec les professionnels de santé les meilleurs accords qualité/prix au profit des assurés. Donc ça suppose en France une révolution dans le mode de rémunération des médecins qui ne pourraient plus être payés à l'acte. C'est très intéressant, on voit que même le conseil de l'ordre des médecins en France évolue làdessus, ils sont prêts à imaginer qu'un jour les médecins voient leur rémunération en partie forfaitisée, alors il ne faudra pas qu'ils apparaissent comme des salariés de la sécurité sociale, ça ne leur plairait pas, d'aucun système d'ailleurs, mais ça évolue, c'est assez encourageant de ce point de vue. Cela suppose de faire accepter un certain nombre de limitation aux assurés dans l'accès au système de soin, à mettre un peu d'ordre, ça suppose qu'en contrepartie l'assureur qui gèrerait l'ensemble, premier et deuxième piliers ensemble, premier et deuxième niveaux, guide un peu l'assuré dans le système de soin et l'empêche de faire un peu n'importe quoi et en même temps lui donne des conseils, car les gens sont quand même assez démunis face au système de santé. Ils vont chez le médecin qu'une voisine ou une amie ou une parente leur a conseillé et quand il y a un problème de santé, quel est le meilleur hôpital, ou est-ce que je vais aller ? bon .. donc en fait cette liberté totale qu'on a en France elle se retourne contre les gens mal informés et ce n'est pas bon, donc on peut imaginer que si on organisait un peu mieux et l'organisation, la concurrence pourrait éventuellement susciter de bonnes idées, on en a déjà, des plates-formes de service, une organisation, un accompagnement de l'assuré dans le système, ça pourrait mieux fonctionner. Alors évidemment les médecins dans tout cela, tant que le système est expérimental et optionnel, on peut penser que les médecins qui adhèrent sont conscients et acquis à l'idée d'une meilleure organisation de leurs pratiques : obéir à des référentiels, accepter d'être évalué, accepter de suivre une formation continue, etc. Mais le jour où l'on rendra tout cela obligatoire, évidemment on n'en est pas là, mais ce serait une autre affaire. Donc beaucoup de préalables, beaucoup de limites sans qu'on sache et ça c'est évidemment important, sans qu'on sache si ça porterait réellement les résultats escomptés puisque, mais vous me démentirez peut être aujourd'hui, est-ce qu'il y a des expériences dans d'autres pays, probantes, qui démontrent que la mise en concurrence de ce type apporte ce type de résultat espéré. Alors la deuxième approche qui est plus classique et qui est en cours actuellement en France, s'agissant des acteurs du second pilier, c'est d'accroître leur coopération, la CL - 25 - collaboration entre les acteurs des deux piliers. Cela peut paraître curieux ce que je dis, mais en France quand même il y avait jusqu'à une période relativement récente, je ne pense pas que dans cette salle on me démentira, une espèce de ligne Maginot, une frontière entre le premier pilier qui restait drapé dans sa dignité importante, parce qu'il est important le premier pilier, je parle du régime général essentiellement des salariés et puis les complémentaires. Et moi ça m'avait frappée notamment au milieu de l'année 90 revenant au Ministère, de voir à quel point le régime général ignorait totalement les complémentaires notamment dans la mise en œuvre du grand projet de transmission électronique que dans notre jargon on appelle Sésame vitale pour ceux qui sont initiés, mais ce n'est pas possible vis-à-vis des professionnels de la santé, vis-à-vis des assureurs de continuer à travailler isolément à la fois pour des raisons de simplification administrative en faveur de ces deux catégories, mais aussi parce qu'on ne peut pas vis-àvis de la maîtrise des dépenses de santé imaginer que les acteurs ne se coordonnent pas, les acteurs du premier et du second pilier ne se coordonnent pas face justement au système de santé pour essayer d'obtenir les meilleures conditions et en plus le second pilier est tellement dépendant de ce que fait le premier pour son action et ses propres dépenses qu'il est vraiment nécessaire qu'il y ait coopération. Certains vont jusqu'à imaginer qu'un jour on rende obligatoire le régime complémentaire maladie en France. C'est vrai que si la CMU complémentaire marche bien, on n'aura plus que quelques pourcents de Français qui ne seront pas assurés en complémentaires, alors ce sont évidemment des gens jeunes, bien portants, inconscients, je ne sais pas, mais ce sont plus sûrement des gens qui sont à la limite du seuil qu'on a mis actuellement pour accéder à la CMU, à la couverture complémentaire gratuite. Donc, un petit effort de plus et hop tout le monde a une couverture complémentaire. Ce qu'il ne faudrait pas c'est qu'elle soit totalement uniforme, parce que les Français sont quand même attachés à une certaine diversité de leur contrat de deuxième niveau et par ailleurs, après, se posera inévitablement la question : mais après tout, en matière de retraite, on cohabite en France avec deux systèmes obligatoires, un premier pilier et un second pilier obligatoire, on pourrait aussi cohabiter avec deux systèmes obligatoires premier et second piliers en assurance maladie sans pour autant être obligé de les marier, de les pacser, de les fusionner, enfin tout ce qu'on peut imaginer. CL - 26 - Donc ce sont des réflexions que je me suis permis de livrer devant vous aujourd'hui, enfin des réflexions qui ont quand même quelques appuis, quelques bases, il y a actuellement une meilleure coopération entre les deux étages et il faut espérer que face au système de santé il y ait effectivement une approche conjointe, chacun à un moment donné bien sûr récupérant sa totale autonomie, mais il y a une phase de recoupement, je crois savoir que cela commence à se faire, mais d'après ce que j'ai compris sur des soins comme les frais d'optique et de prothèses dentaires qui en France sont très mal pris en charge par le premier niveau, la négociation n'est pas très facile actuellement. M .GABELLIERI M CL erci Madame Ruellan pour ce remarquable exposé. Madame DEMMER va maintenant vous présenter le système allemand. - 27 - DR HILDEGARD DEMMER (BKK-BV) T hank you Mr. GABELLIERI. Good morning ladies and gentlemen, I will try to speak English and to keep the twenty minutes. I am pleased to introduce to you to the German system a little and to our attends to improve our health care system. As Mr. GABELLIERI already told you, I am from the BKK and we are one player of the Statutory house insurances companies which are under competition since (on a strong competition since) 1996 in Germany and the Statutory house insurance's intend to cover about 90% of the population and about 10% covered by private insurance companies. As told already before, we think also recent realisation is a must in health care like the Soupirs Bridge in Venice is a must for tourists. The aims are to limit of contributions to optimise quality and efficiency of health care and to remain the peeling for our insurance customers as well. We think it's necessary to overcome barriers between the different sectors and professions of our health care system, that's a real problem at least in Germany, but I think in other countries also. We think it's necessary to identify and use efficient measles of trichinosis and treatment more and more based on evidence based medicine and we think it's necessary to address and involve the patients actively as it was said already before. The main strategy is to approach this targets we see case disease and integrated care management. Case management briefly focal sis on only detection of critical cases, but also some critical hospitals for example. Disease management focal sis on optimal treatment of common diseases like the ? ? ? with specialised hospitals etc. Intervated care management forgers on establishing closely cooperating networks of qualified professionals across the different sectors of health care. Just to give you an impression of the BKK case management, we see first there are some prior recosits. There is the dater analysis supported by specific tools, we provide so court BKK infornet, that's a date of our house we established at the BKK-BV in Essen and it's very good, it already covers pharmaceutical dater on doctors treatment and hospital treatment as well. On this bases, we enable the single BKK to identify critical cases. The next priority is the case manager, that someone experience in house care and have good communicate skills as well who act both as a gate keeper and a guard and we, as a BKKBV offer training for these people. And a next answer also important is a contract between CL - 28 - the single BKK of a group of regional BKK’s and the hospital in this region because we need an additional framework for entering the hospital. There is no general excess for health insurance companies to an hospital. The main elements of our telemeter care packages are social supports and consoling for the patient and these are relatives, a control of necessity and the duration of the hospital stay for example. The refer to suitable and deficient hospitals and follow up to temporary treatment or a rehabilitation during and, or immediately, after hospitals stay and the organisation of medical devices specific achrecment for home care etc. Or this so fare is very well accepted by patients and doctors as well. Our most recent project is at the BKK medical contact, it's a program for diet beaters disease management first. It's now based on a contract between the BKK-BV and eighteen participating BKK's, covering about 1,8 million insurance persons and this program will provide reliable information on a chronic disease first diet beaters. The element BKK dater on health care utilisation, quality indicator and costs and it will support the BKK staff and their customers directly. And we want to address this program the most important deficiencies in diet bears health care we have in Germany about 50% of inpatient care is available as far as we know and most of twenty three thousand imputations are available as well. The background of this program is about 5% of the population suffer from diet beaters. Diet beaters patients are the cause of approximately 15% of all hospital expenses and the most expensive 5% of these diet beaters patients cost approximately thirty five thousand marks a year each, only for hospital care and pharmaceuticals. That's the case in Germany. And the general average is five point five hundred marks a year. The objective of this program starts in July, this year, are to optimise health care and the quality of life for the patients and to realise savings of at least 5% a year concerning with regards to the hospital and the pharmaceutical cost. The program will work with an inter-professional team we already established and this team bale has access to the relevant and realable dater in our dater ? house, you know. Then they will identify the most expensive cases, they will inform the patient, they will address him by mailing and we have to get the agreement of the patient and afterwards they can start consoling the patient by phone and ? materials and they can start with refers to specialised doctors etc. They will support the BKK case manager by hot line, they will support provides afford with regards to documentation and evaluation. There will be annual reports on the utilisation of the cost benefits annuals of this program. For the ? , they will support patients survives of the single BKK or regional groups of BKK’s involved in this projects and they CL - 29 - will support specific activities like diet beaters weak to improve the information of the population as well. The next strategy is intervated house care management and I will show you some information on the bulling doctors and BKK, T.K., Network. The T.K. is another single health insurance in Germany, also a statutory health insurance. This project started in 1996 based on a contract between the regional doctors and the BKK association. That was on a regional level contract. That contract was necessary because we have these legal organisations like monopolies. The participants in 1998 were about twenty thousands insured persons from seventy BKK and the T.K., five hundred and seventy private doctors, general practitioners and specialists. The organisation keywords are invitation of ? for doctors. First we had to invite the doctors to join the Network, to establish the cooperation, attracting the BKK and T.K. insured persons to the provision of specific BKK cards. You know, we have these health’s cards in Germany, it’s only the identity card that you are covered by health insurance. But you have to show it to any doctor or hospital etc. And then, eleven teams of doctors were built in Berlin and the medical cancel bring them together and a project headquaters was established to inform doctors and patients alike and to support the quality management. Specific features of this project are first a common budget so proportional to age, sex and the average expenses in Berlin. A budget was collected and separated from the general budget we have in Germany for our patient care and the network doctors take that new specific economic responsibility for this separated budget. The benefits for the insured people are improved quality of care, extended office hours of doctors and easy access to these doctors. The benefits for the doctors are quality circles organised, they receive information on their prescriptions referred to hospital etc, to have some more self control as well, how they act in health care. The savings in 1998 were about fourteen point six million marks and that’s about 4,3% of the net budget and this was shared by the ? parties. In total, in Germany, I want to head to be have about three hundred networks like this, but not like this, but most of them work without any economic responsibility, with any common budget. Now I want to inform you briefly about the manage care activities of a private health insurance in Germany. The example is the DKV. The DKV is another one among the private health insurance in Germany, with about eight hundred thousand people insured. They say as well today health care management is a course service of a customer oriented in health insurance company. They provide a hot line with referring to the other CL - 30 - DKV hot management. They provide case management, polyc?? project connected to hospitals in the aerials of Cologne, Bonn and Stuttgart. They provide as well a diet beaters disease management consoling by phone and referred to qualified providers and they try to evaluate practical therapies, they try to carry out evaluations studies on hot patient care based on patients and ? service. But I don’t know, I am very sorry, the results yet. DKV also thinks about interated health care projects, but so far they recognize it’s very hard to establish separate networks for heal then insurance company with a market share of 10% only, that often means less than two thousand insured persons and health care region, so it’s to little, to small and for the ?there are some legal barriers against joint ventures with statutory house insurance companies in Germany. That relates to the fix rules for doctors and dentist compensation. That relates to the reimbursement in the private health insurance and worth’s benefit in kind practice in principal, in the statutory house insurance and that relates to the high variety of insurance tariffs and packadges in the private health insurance. So the DKV participated in the Berlin maddened but they are not happy with it and now they are looking out for some other partners. So I will try some conclusions. As already said, there are still some obstacles or constraints. The statutory health insurance and on the side of the health co-providers, we still have to overcome the tradition of the collective agreements, the collective contracts on the regional monopolies level and to move more forward to the selective agreements. We, now, have a new legislation since the beginning of this year, only that in hand ?. There are, of course, advantages of big players like hospital’s V.C., health ? and insurance companies and this is mastered by private doctors and their cooperations. Private doctors in Germany operate normally in a wealth small little one-man practice, so they are not familiar to dearest contracts themselves, they always had negotiated through their regional associations and we see the necessity of a frame? correlation of some changes; ex: giving a professional law and it is, for example, not allowed for hospitals and private doctors to join together in a... Cassette 2 …allowed both for doctors and hospitals at the moment. Yes, and we think it’s necessary to open far the areas of competition to assure quality management in the health care system, in general, to improve information technology and dater transfer standards and, of course, it’s very necessary to develop organisation and personal. I already mentioned the obstacles on the side of the private health insurance companies and so it’s very important CL - 31 - that so far there is no legal frame work on collective agreements between private health insurance companies and health care providers in Germany and on the side of the patients, the insured people, they are still alike on information on different health care models and alake of customer orientation and participation in the development in new options in Germany. However, I think there are also some success factors, but first it is necessary to have a very strong believe and staying power every change start from the head. And then we need investment, of course, and organisation in personal development. We need a legal frame work for competition and we think it’s necessary to have an evolution of sectional budgets and old fashion professional law, and the contesters is health insurance companies prefer case and disease management against this background. That’s already said, ? licence between statutory and private insurance depend on the development of the legal frame work. I think it should be reformed and it should be a possibility because I think it would be good, and at least I will come to the European perspective, how the European Union could assist the health’s care development in the European members states or in Germany at least. I think the European Union could support the main stream to words manage improved and more efficient health’s care by European standards to insure a quality of health’s care training and qualifications of course, pharmaceuticals and medical products, quality insurance. They could carry out on support cooperated ?? and information exchange on effectiveness and deficiencies of health’s care management and the bench marking could help to stimulate competition among health cares systems. But, of course, a crucial point in our view would be the agreement on the right and real able criteria. Thank you very much. Thank you very much Mrs. DEMMER for this presentation of your system, your strategy and the problemacy. Now, I would like to give the floor to Mr. Claudio GIANETTONI who speaks on behalf of C. PRAY ?? society and he’s a provider of services in health’s care system in Italy. 10H40 M. CLAUDIO GIANETTONI (SIPRE) POUR L’ITALIE ITALIEN M. GABELLIERI CL - 32 - M erci à Claudio GIANETTONI . Vous restez là. Madame RUELLAN, s’il vous plaît, vous venez. Mrs DEMMER you can go here, please. Monsieur le docteur VICENS, nous allons ouvrir un débat de 15 minutes, comme il est prévu dans le programme, avant de passer à une pause café. Le temps pour nos intervenants de rejoindre la tribune. Monsieur GIANETTONI nous a présenté, je dirais, les tendances de la future organisation italienne, sans s’arrêter sur une description du régime de base et de l’articulation entre le régime de base et les différents opérateurs, peut-être différemment de ce que nous avait présenté le Docteur VICENS ou Madame RUELLAN, mais, je crois qu’il est intéressant de débattre de manière générale de l’ensemble de cette situation dans les quatre Etats de l’Union Européenne que nous avons sélectionnés. En effet, entre la France et l’Allemagne qui se réfèrent de manière générale à un système dit « bismarckien » et entre l’Italie et l’Espagne qui se réfèrent plutôt à un système, je dirais ?? d’assistance, je crois qu’il y a toute la problématique européenne qui est la nôtre aujourd’hui et ce que peut-être, je pourrais demander à l’assistance, c’est notamment à nos amis italiens de lancer le débat, puisque nous avons fini sur l’exposé de Claudio GIANETTONI. 11h00 DEBAT LA PAROLE EST A LA SALLE. Je pense qu'il n'y a pas de micro disponible, donc il faudrait venir jusqu'ici pour intervenir si c'est possible. Alors je vais me tourner vers le panel, peut-être immédiatement … ah … ITALIEN I am very sorry, I didn’t understand the question. You talked about fiscal laws and what did you see solved in Germany ? Réponse inaudible, problème de micro. I didn’t talk about long-time care. Just a new subject. In long-time care, we have at the moment, the situation that the contribution of employers and deplorers is one point seven percent and long-time cares is covered for people, of course, suffering and they have gone a medical check and then they are classified in three classes of care and so far, CL - 33 - the system works and so far the money is covering the services, but we are facing already some problems in the future concerning the increasing number of people suffering from Alzheimer and similar diseases. That’s a ? problem we see in the moment. I’m not sure what I can contribute as a kind of solution now. Question inaudible. Réponse : For anybody who is insured so far in a health insurance, in a statutory health insurance or in a private health insurance and the conditions are the same. Thank you very much. Another question in the room? MRS. FLORENCE GERARD. M erci, Madame DEMMER est la seule qui a posé quelques questions sur ce qu'on pouvait attendre du niveau européen, est-ce que les autres membres du panel auraient également des attentes par rapport aux institutions européennes ? Dr BARTOMEU VICENS J e pense avoir dit dans mon exposé que seulement une directive européenne va changer chez nous le cadre et seulement dans cette situation on pourrait développer un réel second pilier, parce que pour le moment notre assurance privée est toujours une assurance substitutive ou alternative au système public de santé, toujours il y a une double cotisation, les personnes qui peuvent se le payer et un double couvercle, c'est-à-dire que ce sont des assurances qui couvrent la même chose que le système public santé et les raisons de s'y engager c'est seulement de commodité et d'avoir des soins spéciaux à pouvoir choisir. Mais pour le développement réel du second pilier comme en France par exemple, il faudra une directive européenne, chez nous les politiciens, l'Etat n'apprécie pas de prendre un chemin comme ça. CL - 34 - BRUNO GABELLIERI Merci Docteur VICENS. Madame RUELLAN est-ce que vous avez une observation là-dessus, peut-être à nous faire partager alors que les mutualistes espagnols réclament une directive européenne les mutualistes français la refusent … MADAME ROLANDE RUELLAN O ui, cela tient au fait que nos situations, je ne sais pas si ça marche, nos situations ne sont pas les mêmes, je crois que jusqu'à présent l'Europe est intervenue sur deux plans, d'une part dès lors qu'il fallait faciliter la libre- circulation des personnes et là effectivement la protection complémentaire peut constituer un frein, mais c'est surtout vrai pour les prestations à long terme, plus que pour les prestations de santé et deuxième aspect c'est évidemment la libre concurrence, donc comme nous sommes dans des systèmes qui sont considérés par la réglementation, la jurisprudence européenne comme n'étant pas des systèmes solidaires généraux, ils sont soumis à une réglementation d'entreprise, donc cela les oblige à un certain nombre de contraintes et c'est vrai qu'on peut trouver parfois que c'est difficile pour des systèmes à but non lucratif qui se trouvent propulser dans la sphère des réglementations applicables au secteur d'entreprises à but lucratif, mais non la France n'attend pas grand chose, je crois qu'on attend des réflexions effectivement pas en termes de directives, cela me paraît totalement prématuré, mais qu'effectivement il y a des réflexions pour que tout ce qui compose la protection sociale soit premier ou second piliers obligatoires ou facultatifs, que tout cela ne constitue pas un frein à la fois à la mobilité des personnes et qu'il n'y ait pas de perte de droit, je crois que c'est surtout sous cet angle là, enfin moi qui travaille sur le versant social, je suis plus sensible au risque de perte de droit qu'au problème de concurrence, mais enfin bon chacun à ses préoccupations. CL - 35 - PROFESSEUR LANGLOIS C' est simplement une information à propos de la possibilité d'une intervention du droit européen, c'est que jusqu'à présent les régimes en tant que tels d'assurance maladie nationaux sont des régimes qui sont à l'écart de la concurrence depuis les arrêtés ?? Mais il y a une question qui n'a jamais été réglée et par la Cour de Justice des Communautés Européennes, c'est la possibilité des intervenants à l'intérieur de ces régimes. Ce que la Cour de Justice des Communautés Européennes a dit c'est que les régimes et même le monopole des régimes est légitime au regard de la concurrence du fait de la solidarité. Mais les acteurs de ce régime, c'est-à-dire les caisses primaires par exemple, ceux qui sont les acteurs de ce régime, est-ce que leur monopole est légitime, la Cour de Justice ne s'est jamais prononcée sur cette question. Dans le ?? elle a quand même dit que lorsqu'une caisse publique gère un produit concurrentiel, à ce moment là elle est une entreprise. Absolument. Ce qui est assez récent c'est que dans ?? précédent, elle dit bien qu'elle n'est pas interrogée, puisque c'était des régimes ?? qu'elle n'est pas interrogée sur la légitimité des acteurs eux-mêmes. Ce qu’il faut dire c'est que dans la jurisprudence européenne, on considère que les régimes en tant que tels, c'est-à-dire le fait qu'on soit obligé de cotiser et que les prestations soient des prestations qui sont définies par ces régimes, cela échappe à la concurrence. Le fait que le système soit géré par des institutions plutôt que des compagnies d'assurance, plutôt que des organismes paritaires, plutôt que des mutuelles, et bien cette question n'a pas encore été traitée par la Cour de Justice. Il y a une cohérence, parce que dans les directives assurances actuellement, elles disent bien qu'elles ne s'appliquent pas aux assurances dès lors qu'elles gèrent le régime de base, c'est dit dans les directives, et inversement un régime de base qui gère un produit concurrentiel, lui, se voit appliquer les directives assurance. Jusqu'à présent on en est là, mais ça évolue tellement que … BRUNO GABELLIERI CL - 36 - E t si on fait écho à votre question, Professeur LANGLOIS, on observe que pour l'Allemagne, pour le régime de base, il y a concurrence entre les différents opérateurs, donc on pourrait déduire, ce n'est qu'une déduction, que c'est organisé par la loi mais il y a une concurrence quand même, on pourrait déduire que demain le chemin européen pourrait emprunter cette voie là et donc par définition si c'est valable pour le premier pilier c'est valable pour le deuxième, c'est clair. LE POINT DE VUE DE L’UNION EUROPEENNE SUR LE FUTUR DE L’ASSURANCE MALADIE LA SOLIDARITE A L’EPREUVE DU MARCHE UNIQUE ET LE POINT DE VUE DU PARITARISME SERGE PUJOL, DELEGUE GENERAL DE PRO-BTP J e vais essayer de faire court. Nous avons eu ce matin des exposés qui ont bien décrit au niveau européen tous les problèmes qui se posaient en matière de couverture de santé. Ce qui m'a frappé en tant qu'opérateur en matière de frais de santé, c'est qu'il y avait une grande similitude dans les problèmes et dans les enjeux qui se posent en la matière. Alors je vais illustrer mes propos à travers un dispositif qui existe en France au niveau de l'industrie de la construction. L'industrie de la construction est une industrie qui a une vieille histoire de dialogue social, qui a une vieille histoire de paritarisme, qui a commencé le paritarisme tout de suite après la dernière guerre mondiale, d'abord au niveau de la retraite complémentaire, ensuite au niveau du coup dur qui peut arriver à un salarié qui travaille, la longue maladie, l'invalidité, le décès et qui s'est tout naturellement intéressé il y a à peu près 25/30 ans au niveau de la santé. Au niveau de la santé, en tant qu'institution paritaire et dans ce cadre la profession du bâtiment et des travaux publics, la construction, a par un accord entre des partenaires sociaux, c'est-à-dire des fédérations d'employeurs et des organisations de salariés, proposé aux entreprises qui le souhaitaient, ce n'est pas un accord obligatoire, mais facultatif, un système de garantie complémentaire au régime de base. Et quand on regarde cette histoire depuis 30 ans, il y a 30 ans on est parti d'un système simple avec un CL - 37 - seul type de garantie, rembourser à 80% les dépenses de santé et de consultation. On remboursait à X% les dépenses optiques et dentaires. En fait, on a eu une demande croissante de couverture plus diversifiée même au niveau des entreprises d'avoir des garanties qui n'étaient pas les mêmes tout en étant toujours solidaires. Les caractéristiques de ce régime c'est que le tarif est identique quelle que soit la taille de la famille et est identique quel que soit l'âge de celui qui bénéficie de cette garantie. Le troisième point est que cette garantie devient gratuite, n'est pas payante quand le salarié est en longue maladie, est en invalidité ou devient chômeur. Ceci est un point fort et c'était la construction qui a été faite. Quels sont les points auxquels nous avons été confrontés ? Un désengagement du régime de base du premier pilier en terme de remboursement, premier point. A cela nous avons répondu au départ en disant, s'il y a des engagements qu'est-ce qu'on fait ? On a laissé le choix aux entreprises et aux salariés, soit d'accompagner ce désengagement par une prestation plus importante moyennant augmentation de cotisation ou de diminuer ces garanties avec un ticket modérateur dont beaucoup ont parlé. Même dans la période la plus récente et alors que ces augmentations de cotisation étaient significatives, dans un débat en France où se pose le problème des charges sociales employeur, la dernière fois que nous avons procédé à une augmentation significative de cotisation de l'ordre de 10%, les entreprises et leurs salariés à plus de 95% ont choisi l'augmentation des cotisations. En rapport à cela, nous sommes confrontés à un vrai problème qui a été évoqué par tous les partenaires ce matin, c'est comment maîtriser les coûts de santé ? Parce que nous allons arriver, c'est ma conviction, mais pour l'instant elle n'est pas corrélée par la réalité, à une limite de quelque chose d'insupportable par rapport à certains et on va même peut être avoir un paradoxe c'est que l'on est en train de constater des sorties de ce type de garantie, donc des garanties complémentaires qui n'existent plus alors qu'en sens inverse, en France, il a été mis en place un dispositif pour les plus défavorisés de couverture complémentaire. Alors on est là dans un premier point de difficulté. En rapport à cela, au niveau de ce dispositif, je pense que pour l'avenir il est important que nous puissions, au-delà de ce que tout le monde est en train de faire, maîtrise des coûts de santé par des plates-formes qui permettent de diminuer les coûts CL - 38 - dentaires et optiques et en France on constate que quand on met en place des platesformes pour diminuer les coûts dentaires et d'optique et que l'on dit à un de nos assurés : si vous nous envoyez la facture que veut vous faire payer le dentiste ou l'opticien et que nous puissions la regarder et le fait de demander cette facture ou le fait d'avoir un échange avec l'interlocuteur fait diminuer à peu près de 20% le coût de la facture. Je crois que ça c'est un point important qui se constate au niveau de la France. Alors la question pour nous c'est comment on incite tous nos assurés à utiliser ce système, parce qu'aujourd'hui seulement 20% d'entre eux l'utilisent, donc il faut soit trouver un système qui leur fasse dans ce cas diminuer leur cotisation, soit un système qui les dispense de faire une avance de fond pour justement leur donner en quelque sorte une incitation à utiliser un tel dispositif. Bien évidemment nous sommes également dans un schéma qui consiste à utiliser des réseaux optiques ou des réseaux dentaires. En France en matière d'optique il y a une concentration avec des … face B deuxième cassette …moyens de pouvoir peser sur les coûts. Donc toutes les expériences qui ont été décrites ce matin par nos amis allemands, par nos amis espagnols et par nos amis italiens, on est un peu dans le même schéma par rapport à cela. Où est-ce que je peux percevoir des dangers aujourd'hui ? C'est que par rapport à ces institutions de protection complémentaire, vivant sur la solidarité, il y a d'autres opérateurs qui ont repéré que la santé pouvait être intéressante et sont en train eux, à ce stade là, de proposer des tarifs individuels en fonction de l'âge et aujourd'hui nous voyons apparaître au niveau des assureurs, des assureurs qui bien évidemment ont des tarifs moindres que ce que nous avons en solidarité puisqu'ils visent certains types de population. Donc il me paraît essentiel, si l'on veut rester par rapport à cette forme de solidarité de pouvoir la conforter, de pouvoir la faire partager par les pouvoirs publics en montrant notre spécificité. Notre spécificité elle peut tenir à travers la fiscalité, la fiscalité que les pouvoirs publics mettent en œuvre, à partir du moment où il y a solidarité, à partir du moment où il n'y a pas de sélection, il conviendrait qu'il y ait une différence en termes de fiscalité, puisque ceci paraît un premier point. Il y a un deuxième point que les pouvoirs publics ont mis en place en France qui est un système intéressant puisque maintenant chaque année dans l'entreprise le chef d'entreprise CL doit avoir avec ses organisations - 39 - syndicales, avec les instances représentatives du personnel une négociation annuelle dans le cadre du dialogue social sur les frais de santé et tout récemment d'ailleurs sur l'autre point qu'est l'épargne salariale qui sera bien sûr le vecteur de demain complétant les régimes de retraite par répartition, même si on ne le dit pas encore officiellement en France. Donc, par rapport à cela, cette spécificité qui est en deux termes solidarité et paritarisme me paraît essentielle par rapport à ce que nous sommes nous de pouvoir la consolider avec tous ceux qui en Europe, et on a vu qu'on était nombreux, pouvions la partager. L'idée à mon avis intéressante c'est de dire d'abord faisons en sorte de pouvoir partager ces valeurs, faisons en sorte de demain les consolider, tournons nous ensuite au plan européen pour les faire officialiser au niveau de Bruxelles, ceci s'inscrit tout à fait dans la ligne dont nous avons été reconnu. Rappelons nous qu'en 1999 les arrêts de la Cour de Justice Européenne ont reconnu les institutions paritaires que nous sommes, elle les a considérées comme moyens importants pour demain mettre en œuvre des accords qui sont dit d'entente de progrès social, qui sont le contrepoint à la libre circulation des hommes, des capitaux, dans le cadre du Traité de Rome. Voilà ce que je voulais vous dire par rapport à notre expérience. BRUNO GABELLIERI Merci Monsieur PUJOL. Je profite de l'occasion pour indiquer à nos amis d'Assoprevidenza que nos amis italiens Messieurs Angeleri et Miracapello sont dans la salle et donc que nous aurons à prendre contact ensemble avec eux puisque nos amis de Milan ne pouvaient pas venir mais nos amis de Rome sont là et avec Monsieur PUJOL, Monsieur FERGUSON, nous devons nous rencontrer au lunch pour organiser nos prochaines étapes dans ce que nous avons appelé le secteur construction paritaire de l'AEIP. Alors je voudrais, avant peut être que nous lancions un deuxième débat sur le modèle de tout à l'heure, demander à Madame DEMMER si elle veut bien nous donner dans la présentation globale que nous souhaitions faire le point de vue du BKK fédéral sur la question européenne et les différents concepts que nous manions à ce sujet là depuis maintenant de nombreux colloques, l'harmonisation personne n'en veut mais elle est faite au niveau de la coordination, le principe de subsidiarité, ce qui nous permet à chacun de CL - 40 - maintenir la spécificité de chaque système, la concurrence c'est ce qui ouvre le marché à tous les opérateurs, la solidarité comme le disait Monsieur PUJOL, c'est ce qui fait la spécificité de nos systèmes de protection sociale paritaire à but non lucratif et je crois que sur l'ensemble de ces données qui ne sont pas qu'intellectuelles nous avons des réalités économiques, sociales et des besoins de couvrir l'ensemble des entreprises et des salariés qui préfèrent confier la gestion de leur assurance maladie à des organismes comme les nôtres. Avant de donner la parole à Madame DEMMER je voudrais donner une indication sur la charte des droits fondamentaux, l'Union Européenne, c'est aussi pour le professeur TAMBURI puisqu'il aura la redoutable tâche de nous faire partager son sentiment conclusif. L'article 35 de la charte des droits fondamentaux qui est dédiée à la protection de la santé nous dit : toute personne a le droit d'accéder à la prévention en matière de santé et de bénéficier de soins médicaux dans les conditions établies par les législations et pratiques nationales, un niveau élevé de protection de la santé humaine est assuré dans la définition et la mise en œuvre de toutes les politiques et actions de l'Union. Bénéfice des législations et pratiques nationales, ce n'est pas seulement la législation relative au régime de base c'est aussi tous les régimes complémentaires comme le disait Monsieur PUJOL puisque dans la législation et les pratiques nationales il faut entendre les accords collectifs, mais c'est aussi bien évidemment la nécessité au niveau européen de trouver une convergence vers le haut de tous nos systèmes, non pas pour accroître indéfiniment la dépense, mais pour accroître le niveau élevé de qualité de cette protection pour le bien-être de nos salariés qui comme chacun le sait permet ensuite une meilleure productivité de l'appareil industriel et commercial européen et c'est ça l'objectif, c'est d'élever le niveau toujours plus élevé de compétitivité de l'Europe communautaire. Donc je voudrais demander à Madame DEMMER de nous faire part au nom de Monsieur SCHMEINCK qui ne peut malheureusement pas nous rejoindre dans les délais, mais qui sera là cet après-midi pour le conseil, de nous faire part des utopies, des idées du BKK fédéral en matière du futur européen. CL - 41 - DR HILDEGARD DEMMER T hank you, Mr. GABELLIERI. Ladies and gentlemen, I will try to touch all these keywords no mentioned. First, will we talk about the subsidial principal, of course, we have to respect this in the European Community. That’s quiet clear, but they opposely some effect on the internal market as well with challenge the National freedom of action, we know. So, for example, from the German point of view, we see that the citizens of Europe and the German’s citizens are freedom of movement. They visit our countries, and not only for holidays, but also for long term professional stays and of for retirement stays, they spent their retirement, for example in Spain, and in this case, the rules of coordination are not satisfying our customers. We know that. And also as patients, people move through Europe, not so many so far, but they do, and all of you, I think you know there are some cases like Kohll & Decker already judged by the European Court and some other cases still pending and for Germany this means these conflicts with our principal statutory health insurance that we have the principal of benefits in kind and not reimbursement we have, but only for rests small part of our insured people for the voluntary insured persons. That means they have an annual revenue about eighty thousands marks a year, this year. For the German situation, this conflict as well with regulations with regards to health coproviders excess to the national or the regional contracts with the statutory health insurances. I have talked about still being monopolist rules we have there and so we are looking forward to a more customer friendly system which allowes both benefits in kind ? reimbursement. That would be, I hope it will become the case more less soon and we are looking forward to crossborder contacts with health co providers as well and we are for some part already optimistic. As we know there are some projects going on like in the ? so, and with regards to these questions, it’s to be mentioned, I think that patients health insurance companies are interested to profit from the internal market with regards to products like pharmaceuticals and other medical devices, in the case when crossborders shopping saves money or could save money at the same quality, of course. So, at the moment, the German law tries to prohibit this and some organisations like pharmacy’s organisations try to keep it out. However, we believe it’s a non stop of at trend and it’s more important to implement, for example, a new legislation on a save ecommerce than to prohibit ecommerce in the area of pharmaceuticals example. Let me come to the point of solidarity and competition. From CL - 42 - our German experience, we think that can go together very well. The German health insurances system shows it in a way. Our premiums are calculated, the contributions are calculated a parting to a din come of the people insured up to the limit of about eighty thousand marks, as already said, and everyone gets a comprehensive coverage in any case of illness. This is the main element of solidarity in the German system and it’s accompanied by a very complex transfer mechanism. It is very much critiques by BKK as well, but it’s established and it works partly to neutralise different customer’s structures of these different health insurance companies. It means to have some kind of regulated competition. Competition has been introduced since joint system abroad since 1996 as a means to stimulate innovation and more efficient and customer oriented health’s care and I think as I showed this morning, many initiatives on better health’s care. Management show that we are on the right way. However, we still need, I would say and BKK says more competition and freedom of action, especially with regard to contracts between single health insurance companies and single health co providers. It could be, of course groups of health co providers, but it should not be the traditional monopoly of doctors associations. I think both employers and employees are very much interested in an efficient organisation of social security and in a comprehensive basic and a voluntary supplementary health insurance. Solidarity and financing health insurance contribute in our view to a good partnership between the different groups of society and the social partners especially and competition in the European health care market, I will say, and the mans health insurances is, I think, an efficient means to limit the burden of solidarity to an affordable extend. And, just a last sentence, we as BKK group, and as a non profit paritarian health insurance group of the first pillar looking to the European development and looking at the ROCARD report, want to mention that against our jump background at least, we would be very much interested to become a player in a second pillar as well when it comes to the floor. Thank you. BRUNO GABELLIERI T CL hank you very much Mrs. DEMMER. Now, we have to hear Mr. Professor LANGLOIS. The job of Mr. LANGLOIS is very hard, this morning, because he has to propose to you a reflection about Europe and paritarian model - 43 - and so, just before, I would like to introduce the subject with some details coming from the European Community. En matière de libre circulation des personnes, on s'aperçoit après le débat lancé par les arrêts Kohll et Decker que très peu de statistiques sont disponibles sur le nombre de formulaires E111, vous savez le formulaire qui permet de bénéficier sans autorisation préalable des soins dans un autre Etat de l'Union Européenne, et pour les pays qui nous concerne, dont on a parlé aujourd'hui, sachez qu'en France chaque année il n'est délivré que 400 formulaires, 400 seulement, ce sont les chiffres statistiques ahurissants, surprenants et après je ferai un commentaire. Pour la Belgique, 2000, ça c'est pour nos amis de l'intégrale, le Luxembourg 7000 et malheureusement je n'ai pas les statistiques pour l'Espagne ou pour l'Italie mais ça ne doit pas être très différent de ce qui existe au Royaume Uni où nous n'avons que 600 formulaires délivrés par an. Incroyable ! ! La raison, c'est qu'aujourd'hui je suis persuadé que si je vous interroge tous ici présent, pas un n'a pris son formulaire E111 pour venir à Venise. Je fais le sondage, qui a son formulaire E111 aujourd'hui à Venise, personne. Non, même pas moi. On y a pensé, Madame Ruellan le dit, elle y a pensé, il aurait fallu, mais personne ne le fait. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'aujourd'hui il est clair que nous sommes tellement convaincus que ça marche la coordination des systèmes de santé qu'il n'y a pas besoin de ce formulaire et comme personne ne fait le travail de pédagogie en disant il faut partir avec votre formulaire, et bien personne ne le prend, ce qui explique cette statistique. Par contre, il est clair que les jurisprudences Kohll et Decker montrent à l'évidence que les faits existent et qu'en fait les citoyens usent de leur liberté de circulation et du droit qui leur est accordé par les règles de coordination sans les formulaires, c'est une remarque que je voulais faire pour alimenter le débat parce que je crois qu'il est important d'en prendre conscience au niveau des opérateurs que nous sommes et maintenant je vais laisser la parole au professeur LANGLOIS pour qu'il nous fasse part de ses réflexions sur l'ensemble des sujets qui nous préoccupent à l'AEIP et qu'il suit depuis la création de l'AEIP. Monsieur le Professeur LANGLOIS est professeur à Paris X Nanterre, spécialisé dans les systèmes de protection sociale, mais pas seulement, c'est un professeur agrégé de droit privé. CL - 44 - PROFESSEUR PHILIPPE LANGLOIS M erci Monsieur le Président. Sur la libre circulation effectivement je crois que le séisme annoncé avec les arrêts Kohll et Decker ne s'est pas produit en ce sens que cette jurisprudence qui conforte en réalité la libre circulation n'a pas eu d'effet direct sur les régimes de base. Ceci pour dire que dans notre débat ce matin, si on appréhende l'Europe et l'assurance maladie, la première chose qu'on peut dire c'est que le principe de libre circulation qui est consacré, on vient de le voir par le droit européen, aussi bien par le règlement 1408/71 que par la jurisprudence de la Cour de Justice n'a pas eu d'incidence véritable sur les régimes nationaux d'assurance maladie dans la mesure où les effets que cette libre circulation produit sont assez limités. La deuxième approche en matière de droit européen, c'est l'harmonisation. Alors, les compétences communautaires en matière de protection sociale au sens large du terme sont très récentes en fait. Cela date sur le plan disons des règlements du protocole de Maastricht et par conséquent ça a moins d'une dizaine d'années alors que jusqu'à présent les compétences de l'Union Européenne étaient essentiellement des compétences économiques et qui ont intéressé les régimes de protection sociale et donc l'assurance maladie, à cause des principes de libre circulation des biens, des personnes et des marchandises ou de la concurrence. Ceci étant, je ne pense pas qu'on puisse attendre grand chose de la consécration d'une compétence communautaire parce que cette compétence communautaire, elle devrait se traduire par une harmonisation entre les différents systèmes d'assurance maladie et harmonisation, elle est très sujette à caution et très peu probable pour au moins deux séries de raisons, la première c'est que les systèmes sont très différents les uns des autres, on l'a vu ce matin et par conséquent une harmonisation est difficile à imaginer et d'autre part cette harmonisation exige l'unanimité des Etats Membres et il y aura, on est quinze Etats Membres, bientôt on sera plus de vingt Etats Membres, et avoir l'unanimité de vingt Etats membres ce sera pratiquement impossible, surtout sur des sujets aussi sensibles que la protection sociale qui conditionne le mode de vie des citoyens des différents pays. Ceci étant, comme l'a dit Monsieur GABELLIERI, il y a d'autres principes qui sont en vigueur dans l'Union Européenne et qui sont en vigueur aussi dans l'ensemble des pays européens, c'est la consécration du droit à la santé tant par la charte communautaire CL - 45 - des droits fondamentaux que par les constitutions nationales. On l'a vu ce matin avec la constitution espagnole, avec la constitution française. Et ce droit à la santé peut être a-t-il des traductions juridiques et ces traductions juridiques qui sont en fait dans les quatre pays qui ont été examinés ce matin, ces traductions juridiques c'est que selon des formes différentes, les quatre pays sont dans un système national de santé, c'est-à-dire que ces quatre pays consacrent le droit pour tout citoyen ou toute personne résidant dans le pays, la France depuis le 1er janvier 2000, c'est récent, pour toute personne résidant dans un pays, d'avoir accès aux soins de santé. Et là apparaît une divergence entre ces pays. C'est que dans certains pays, cet accès aux soins de santé est très large en ce sens qu'il vise l'ensemble des soins de santé et dans d'autres pays, ce qui est d'ailleurs assez fréquemment le cas, il y a un espace pour un deuxième pilier, c'est-à-dire que le système national est un système qui ne couvre pas tous les frais de santé, de là un espace pour la protection sociale complémentaire. Et cet espace est de moins en moins justifié au regard des droits de santé. Et la réflexion qu'on peut donc avoir c'est non pas une progression des systèmes nationaux du fait du droit européen, mais c'est une progression des systèmes nationaux par la comparaison des systèmes les uns avec les autres, c'est-à-dire par un enrichissement des systèmes les uns avec les autres et on s'aperçoit par conséquent que cette distinction des opérateurs entre opérateur du premier pilier et opérateur du deuxième pilier n'a plus aucune justification. A partir du moment où on a un droit à la santé, on a un droit à avoir accès à l'ensemble des soins, qu'il s'agisse des soins dentaires puisque la plupart du temps ils sont mal pris en charge, qu'il s'agisse des soins optiques ou qu'il s'agisse des autres soins. Donc je crois que là il y a quelque chose qui est un point sur lequel il faut réfléchir. Le deuxième point qu'on a vu aussi évidemment toute la matinée, c'est la difficulté qu'il y a à coordonner la maîtrise des dépenses de santé d'un côté et la qualité des soins de l'autre et là c'est aussi une expérience qui est une expérience commune, même y compris d'ailleurs pour l'Allemagne, c'est que les régulations nationales se traduisent par des échecs. Je n'entrerai pas dans le détail pour la France. Cela fait 20 ans qu'on imagine des techniques aussi bien d'ailleurs des techniques disons sur les maîtrises de dépenses en tant que telle, financières, que des maîtrises qualitatives et ça fait 20 ans que cela ne marche pas, Madame RUELLAN l'a fort bien montré ce matin, je n'entrerai pas dans les détails avec quand même un aspect très positif c'est que les instruments de la maîtrise des dépenses de santé en France sont des instruments qui sont utiles, ils sont mal utilisés mais ils sont utiles et définitifs. CL - 46 - Ceci pour dire qu'il faut envisager et je vais être assez bref sur cette question quitte à ce qu'on en débatte, une mutation du rôle de l'Etat. C'est-à-dire que l'Etat est un acteur, cet Etat acteur en fait est-ce véritablement son rôle ? parce que l'Etat acteur et l'Etat acteur omnipotent ça se traduit par la mise à l'écart des assurés et cette mise à l'écart des assurés elle est en fait double, c'est que rien n'est fait pour que l'assuré se prenne en charge individuellement puisqu'il a libre accès aux soins de santé et donc toute technique de régulation fondée sur le comportement de l'assuré n'existe pas d'une part et d'autre part cette mise à l'écart des assurés collective, en ce sens que plus l'Etat est acteur, moins les partenaires sociaux le sont et on le voit bien en France, dans lequel en réalité l'étatisation fait que les acteurs de l'assurance maladie, les partenaires sociaux qui normalement sont des acteurs de l'assurance maladie sont devenus absents de l'assurance maladie. Donc cette disparité en fait entre la régulation étatique et la situation des acteurs à mon avis est une réflexion qu'on doit avoir en général et qui fait que le système allemand est un système intéressant. Ceci étant pour dire que quitte à entrer dans le détail, dans le débat parce que je ne veux pas monopoliser la parole, je crois que la réflexion générale dans tous les pays doit être la même, c'est-à-dire que l'Etat doit fixer les règles et je pourrais en citer quelquesunes qui sont indispensables et sur lesquelles tout le monde est d'accord c'est que l'Etat doit protéger un système universel, c'est-à-dire qu'il doit y avoir un système qui est un système universel dans lequel chacun a accès selon des procédés à déterminer mais qu'il est universel. Deuxième principe qui a fort bien été mis en vigueur par Monsieur PUJOL c’est l'interdiction de la sélection des risques, c'est-à-dire qu'il y a quelque chose qui ne doit pas être admis quand on consacre le droit à la santé, c'est qu'il y ait un inégal accès à la santé selon le risque, c'est-à-dire selon l'état de santé individuel ou selon l'âge, je crois que c'est un principe qu'il faut totalement proscrire lorsque le droit à la santé est consacré. Ensuite il faut que le rôle de l'Etat se transforme, qu'il devienne régulateur, c'est-à-dire qu'il fixe non pas les règles détaillées du jeu, puisque ces règles détaillées à mon sens elles doivent être fixées au plan décentralisé, mais qu'ils doivent fixer la nature des organismes qui interviennent et qu'ils surveillent ces organismes qui interviennent, c'est donc un agrément de tous les organismes qui interviennent dans le système. D'autre part, le fait que l'Etat reste responsable de la politique de la santé dans l'Etat en cause, ce qui est aussi un principe fondamental. A partir du moment où ces règles sont imaginées, je crois qu'on peut envisager une concurrence entre l'ensemble CL - 47 - des intervenants, mais non plus une concurrence entre premier et deuxième secteurs, mais une concurrence sur l'intégralité du secteur. Pourquoi ? tout simplement parce que, et Madame RUELLAN le disait très bien ce matin, ce dont ont besoin les assurés, ce n'est pas simplement d'avoir accès au système de soin, tout le monde a accès au système de soin, ce dont ont besoin les assurés, c'est qu'on leur dise comment avoir accès au meilleur système de soin et là les régulations nationales ne peuvent pas remplir ce service. Pour dire comment on a accès au meilleur système de soin, celui qui conseille dont le négocier avec les professionnels de santé et il est clair que la relation doit avoir une nature différence. Un dernier point et j'arrêterai là, c'est qu'il y a aussi un problème dont on a peu parlé ce matin et qui est très important, c'est tout ce qui concerne la relation entre médecine de ville et hospitalisation, c'est-à-dire que dans tous les pays, à juste titre du reste, dans tous les pays, il y a une part d'hospitalisation publique importante, c'est normal et c'est indispensable bien entendu. Mais d'un autre côté, il y a une régulation et cette régulation ne peut se faire qui si elle intéresse également l'hospitalisation publique et la médecine de ville. Or, les régulations quand on met en place des régulations nationales, elles sont différentes pour l'hospitalisation et pour la médecine de ville et de ce fait les régulations sont irrationnelles parce qu'on ne traite pas dans l'hospitalisation et bien ça va vers la médecine de ville et inversement. Donc avoir des systèmes de régulation qui soient des systèmes différents pour l'hospitalisation et la médecine de ville est totalement irrationnel. Or si on a des systèmes décentralisés de relation avec les professionnels, bien entendu les systèmes décentralisés négocieront également et sur les mêmes bases entre l'hospitalisation quelle qu'elle soit et les opérateurs de soins privés. Autrement dit, pour terminer sur l'aspect européen, enfin sur la dynamique européenne, je crois qu'un droit de la santé tel qu'il est consacré aussi bien au plan européen que dans les différents Etats membres suppose qu'on mette en place les dispositifs qui s'appliquent à l'ensemble des soins, et à terme, pas immédiatement puisqu'il n'y aura pas d'effet réglementaire impératif, mais à terme, que se mettent en place des systèmes décentralisés avec une mutation du rôle de l'Etat. CL - 48 - BRUNO GABELLIERI M erci beaucoup au professeur LANGLOIS qui nous ramène à l'Italie avec cette préconisation des systèmes décentralisés. Effectivement le fédéralisme à l'Italienne appliqué au domaine de la santé apparaît être une réponse dans cette orientation lancée par le professeur LANGLOIS, maintenant nous souhaiterions avec vous ouvrir un débat sur le rôle de l'Europe, le rôle des organismes paritaires comme ceux dont on a parlé mais aussi des organismes mutualistes puisque la mutualité est aussi bien présente dans notre séminaire d'aujourd'hui. Avant de donner la parole tout à l'heure au Professeur TAMBURI et à notre président pour les conclusions à retirer à chaud, c'est toujours difficile, de notre séminaire. DEBAT JEAN-LOUIS FAURE, DELEGUE GENERAL DU CTIP E st-ce qu'on peut définir le droit à la santé et est-ce que ce n'est pas là, si vous n'êtes pas capables de le définir, la légitimité du système complémentaire dans l'avenir ? PROFESSEUR PHILIPPE LANGLOIS A lors évidemment, il y a quelque chose d'absurde dans le droit à la santé, c'est que la santé ça ne dépend pas de la législation, ça dépend de la situation personnelle de chacun. C'est un droit consacré évidemment, je crois même que derrière le droit à la santé, on peut voir, alors justement un double droit à préciser, c'est le droit tel qu'il est précisé par tout le monde, c'est-à-dire le droit à l'accès aux soins et précisément cette traduction exclusive du droit à la santé par le droit à l'accès aux soins est une traduction insuffisante parce qu'elle a pour conséquence que tous les dispositifs sont fondés sur les soins, or la santé ce n'est pas d'être soigné, c'est peut être de ne pas être malade et par conséquent, justement et si on envisage, et la prévention, puisqu'il est CL - 49 - question de prévention, ça ne se met pas simplement en place au plan national, ça suppose la participation active des acteurs, c'est-à-dire des assurés eux-mêmes et donc pour qu'il y ait véritablement des systèmes de prévention, à mon sens, il faut des systèmes décentralisés, parce que si quelqu'un choisit tel organisme dans lequel on favorise les soins, quelqu'un pourra choisir tel organisme dans lequel on fait des efforts de prévention important sur la manière de se nourrir, sur un ensemble de dispositif préventif et par conséquent le choix entre les deux fera peut être que les assurés se comporteront de manière plus intelligente et plutôt que d'aller vers des systèmes de soins gratuits, accès facile, consommation/dépense, choisissent des dispositifs dans lesquels les soins existent aussi mais existent aussi en matière de prévention et que par conséquent on les aide à se nourrir, à choisir des modes de vie plus rationnels et par conséquent on les aide à ce qui est le point fondamental, à mieux vivre. Par conséquent, je crois que cette distinction soin/prévention qui est en quelque sorte le droit à la santé est très importante et pour répondre de manière plus précise à la question, justement ça veut dire à mon sens, ça exclut la notion de protection complémentaire. Je crois que la santé c'est un ensemble et qu'on ne doit pas la découper en rondelles selon qu'il y a des soins urgents et des soins non urgents, on doit prendre la santé en tant que telle, individu par individu, et tenter de la traiter en tant que telle individu par individu. Ce qui suppose, me semble-t-il, une décentralisation et pas une prise en considération par l'Etat et qui redescend vers les intéressés, ce qui évidemment à mon avis est totalement utopique. MADAME RUELLAN O n aborde là les sujets peut-être les plus compliqués de la matinée, parce que la santé en tous cas en France, pendant longtemps, ça a été considéré comme une espèce de réserve de la compétence certes de l'Etat mais qui n'était pas reliée à d'autres préoccupations de politique. Pour faire court, je dirais que la santé publique comme on disait bénéficiait dans le budget de l'Etat français de 2 francs 6 sous, c'est-à-dire, je ne sais pas combien cela ferait d'euros, pas grand chose, mais n'était pas une priorité, n'avait pas de capacité de financement. Je veux dire par-là que l'assurance maladie, les systèmes assurantiels sont le seul mode de financement de la santé et le Professeur LANGLOIS a tout à fait raison CL - 50 - d'insister sur le fait que les soins, que les systèmes assurantiels sachant très bien rembourser, prendre en charge, n'épuisent pas la politique de santé. Donc on est actuellement en grande difficulté pour savoir comment amener tout le système assurantiel ou tous les acteurs qui interviennent à prendre en charge des préoccupations, alors bien sûr pas la défense de la qualité de l'air, de l'eau, etc., ce n'est pas la compétence, mais d'avoir une démarche préventive de dépistage, d'encouragement à l'éducation pour la santé, enfin un certain nombre de choses qui ont été mal prises en compte, que souvent les partenaires assurantiels, régime des deux piliers, ne considéraient pas comme entrant dans leur vocation et le droit français d'ailleurs avait dit carrément que l'assurance maladie ne prenait pas en charge la prévention mais seulement les soins. Donc là on a un premier problème. Ensuite, la définition de la politique de santé maintenant est considérée en tous cas en France et c'est la responsabilité de l'Etat et même du Parlement, ce n'est pas encore tout à fait clair en pratique mais cela signifie qu'il faut arriver au niveau national à définir des priorités. Ca veut dire qu'ensuite il faut arriver à orienter une partie des fonds et ces fonds on les trouve dans l'assurance maladie, on ne les trouve pas ailleurs en France, ils ne sont pas dans le budget de l'état, il faut arriver à orienter ces fonds ensuite vers la prise en charge de ces priorités. On ne va pas discuter sur le problème des définitions du panier de biens parce qu'on n'en sortirait pas, mais derrière tout cela il y a quand même cette idée qu'il faut savoir ce qu'on veut rembourser et à partir de là moi je ne sais plus où est la légitimité, qui est légitime pour faire tout cela ? Au niveau national cela ne marche pas, je suis totalement d'accord avec le Professeur LANGLOIS, moi je suis pour la régionalisation, mais au niveau régional qui est légitime à faire la jonction entre la politique de santé et la prise en charge quelle que soit l'origine des fonds ? En tous cas dans un pays comme la France, il est sûr qu'on ne peut pas parler de décentralisation politique, j'insiste sur le mot politique, les acteurs gestionnaires font une forme de décentralisation mais ce n'est pas une décentralisation politique parce que le financement est national et parce que dans un pays comme la France on n'imagine pas qu'en Bretagne on soit moins bien remboursé qu'en Midi-Pyrénées ou ailleurs. Donc on a plein de questions actuellement, pas résolues et j'espérais aujourd'hui trouver plein de réponses et je ne crois pas tellement qu'elles vont arriver. CL - 51 - CLAUDIO GIANETTONI ITALIEN DR HILDEGARD DEMMER I only would like to underline the importance of prevention. I’ll see that we had a development of prevention through health insurance fence in Germany since dilate eighties eighty nine onwards and we had an interruption and, now, we again ask by law to support prevention in different aerials concerning the individual hand as well, health promotion in different settings like schools or work places, and for example, the BKK has been involved in work place health promotion a long time already and we are ? since some years also. National partners and national centre of the European network of health promoting companies supported by the European Commission and I am only afraid, it also has only a very small budget and it is not so significant, it is not so opus in public that something going on and there are already some very good results to be seen, but it’s not wide spread enough in my view. PROFESSEUR LANGLOIS J e voudrais simplement ajouter une chose en fait, c'est que du fait précisément du droit à la santé, protection-prévention, du fait du caractère universel des régimes, c'est que les intervenants ne sont plus des assureurs, ce sont des intermédiaires entre les assurés et les professionnels de santé, je crois que là il y a un phénomène dont on doit prendre conscience et c'est d'ailleurs parce qu'ils sont des intermédiaires entre les assurés, les citoyens peut-on dire ou les résidents puisqu'en fait maintenant ce sont les résidents et les professionnels de santé que les partenaires sociaux ont une légitimité dans cette intermédiation. CL - 52 - JACQUES NOZACH O ui, dans la continuité de ce que vient de dire le professeur LANGLOIS puisqu'on parle de gestion de proximité, de professionnels qui doivent être intermédiaires entre finalement l'assuré ou le citoyen et les professionnels de santé, c'est déjà difficile au plan national mais on a vu que la coordination européenne marchait finalement fort mal d'un certain point de vue. Alors est-ce qu'il vous paraît au plan pratique, au plan juridique, possible aujourd'hui que les acteurs que nous sommes soient quelque part des opérateurs permettant d'améliorer justement le fonctionnement de cette coordination européenne ? Puisque les Etats entre eux ont beaucoup de mal à aller plus loin que la définition de la coordination telle qu'elle est aujourd'hui, sur le terrain, pouvons-nous être des acteurs efficaces pour, en ce qui concerne par exemple nos ressortissants français faire en sorte qu'ils aient des structures d'accueil que nous connaissons bien en Allemagne, en Italie, en Espagne, en permettant donc finalement par cette gestion de proximité de faire réellement fonctionner la coordination européenne ? Est-ce que cela vous paraît possible de le construire dès maintenant ? PROFESSEUR LANGLOIS O ui, on peut dire en fait, il y a un instrument au plan communautaire, c'est la négociation collective européenne. Cassette 3 C'est celle de la négociation collective au plan sectoriel, c'est-à-dire dans quelle mesure il peut y avoir dans certains secteurs des systèmes qui mettent en place des dispositifs qui se traduisent par une homogénéisation des protections en tout cas pour organiser la libre circulation à l'intérieur d'une même profession, c'est peut-être possible. Mais je vois mal d'autres instruments que la négociation collective européenne pour faire avancer les projets communautaires, toujours à cause de cette compétence des états membres en ce qui concerne les directives communautaires. Alors, il y a la majorité qualifiée pour la libre circulation, mais dans quelle mesure la libre circulation peut-elle aller jusqu'à imposer des structures en matière d'accueil, et là nombre d'états considèreraient qu'on dépasse la libre circulation pour arriver à l'harmonisation. C'est la raison pour CL - 53 - laquelle je pense qu'en dehors de la négociation collective européenne des consensus au plan européen sont très difficiles à obtenir. BRUNO GABELLIERI A lors pour relayer le propos du Professeur LANGLOIS et en écho à la question de Jacques NOZACH, je crois qu'effectivement l'Association Européenne des Institutions Paritaires est complètement dans son rôle quand elle essaie d'influencer ou de pousser des idées comme celles que nous développons ici, puisque effectivement la négociation collective, le dialogue social européen, puisque c'est comme cela qu'il faut l'appeler, est la seule institution où semble-t-il on arriverait à concilier la légitimité des opérations, des produits, des projets et la capacité des acteurs à conduire effectivement dans ces objectifs les populations concernées. Le dialogue social européen aujourd'hui est bloqué sur le plan social parce qu'aucune espèce de confédération d'employeurs, aucune espèce de confédération syndicale ne veut abandonner une partie de ses prérogatives nationales, de négociations nationales au profit de l'échelon européen. Par contre il est clair, et on le voit avec le développement des missions accordées aux comités d'entreprise européens, aux comités de groupe, il est clair qu'au niveau de l'entreprise ont voit de plus en plus que cette question sociale finira par émerger, on ne peut pas prédire précisément quand, mais il est clair et on le voit nous au contact d'un certain nombre d'entreprises internationales, françaises pour celles qui me préoccupent peut être plus naturellement, mais d'autres, elles ont toutes la même préoccupation, à savoir qu'au-delà de la simple procédure d'information ou consultation des travailleurs qui marchent au niveau des comités de groupe européens, il y aura demain un vrai sujet de négociation qui sera le fonds de pension européen, qui sera le système de santé européen propre à cette entreprise. Deuxième observation : il est clair comme le suggérait le Professeur LANGLOIS que dans les secteurs professionnels très organisés et on en a eu un exemple tout à l'heure avec l'exposé de Monsieur PUJOL, il est clair que dans ces secteurs professionnels où il y a un dialogue social sectoriel organisé à Bruxelles, de plus en plus monte la demande des salariés des entreprises de ces secteurs au nom de la mobilité d'avoir la possibilité d'inscrire dans les discussions et demain dans les négociations ce type de projet, ce type d'accord. Et une fois qu'on aurait la reconnaissance de l'accord CL - 54 - collectif de protection sociale au niveau européen dans le cadre de la grande entreprise, dans le cadre du secteur professionnel, je ne vois pas pourquoi on ne reconnaîtrait pas aussi la possibilité, sur base territoriale, Monsieur GIANETTONI, ou sur base régionale, la possibilité de conclure des accords de ce genre. Si on se réfère à l'histoire sociale des régimes complémentaires français, on n'a pas procédé autrement en 1947 avec des caisses régionales pour la gestion de la retraite complémentaire et des opérations maladies complémentaires de la sécurité sociale. On a vu la même chose dans des entreprises, on a vu la même chose ensuite au plan interprofessionnel de manière naturelle et je crois que ce que nous voyons aujourd'hui surgir comme débat représente tous les ingrédients de quelque chose qui est à venir, qui est en construction, que nous ne voyons pas encore complètement sous nos yeux, mais nous avons le sentiment à l'Association Européenne des Institutions Paritaires que les acteurs sont là. Les hommes et les femmes qui vont inventer tout cela, ils sont là. Il y en a dans cette salle, il y en a ailleurs. Il s'agit de leur faire prendre conscience que toutes ces possibilités existent, qu'il faut continuer à travailler, continuer à échanger, c'est l'objectif de l'AEIP et maintenant je vais demander au Professeur TAMBURI qui suit toujours de manière attentive tout ce que nous faisons et qui a lui l'histoire avec lui, qui a l'expérience de la construction européenne mais aussi de ses anciennes fonctions au Bureau International du Travail, je vais lui demander de nous faire partager ses impressions et ses idées. Monsieur TAMBURI vous venez là et Monsieur von DAMM s'il vous plaît et merci à nos intervenants pour ce débat très riche, Monsieur LANGLOIS, Madame DEMMER, Monsieur PUJOL, merci beaucoup. SYNTHESE ET CONCLUSIONS DE M. GIOVANNI TAMBURI M onsieur le Président, merci de m'avoir demandé d'essayer de tirer quelques conclusions de ce qui a été dit aujourd'hui. Comme tout a été dit, ce n'est pas très difficile. En effet, tout n'avait pas été dit jusqu'à il y a 10 minutes. Je vois que nous avons appris à conclure à la suite des toutes dernières interventions qui manquaient beaucoup à notre débat. CL - 55 - Alors pour simplifier, le premier point est très simple : la société dans laquelle vous vivez, et moi aussi, fait le bien et le contraire du bien. D'un côté, par la recherche médicale, par les progrès technologiques, par toute cette explosion de l'intelligence elle permet de mieux traiter les maladies et a permis une extension de la durée de vie qui est remarquable, c'est-à-dire la médecine ne fait que des progrès, ça c'est le bien. Mais la société fait aussi le moins bien parce qu'elle ne fait que promouvoir des méthodes de production, des méthodes de commercialisation, des comportements corporatifs individuels et autres qui sont nocifs pour la santé. Plus le temps passe et plus on a peur de ce qu'on mange, de ce qu'on respire chaque fois qu'on monte dans une voiture et je ne vous dit pas quelle est la peur ces derniers temps lorsqu'on finit par voir sur les étiquettes de tout ce que vous achetez le nombre de ?? (pétizés) qui augmente et ma femme en plus dit s'il y a plusieurs pétizés ?? il ne faut pas acheter, c'est-à-dire que nous sommes en train, par la pollution, par la négligence de vouloir vivre mieux en commun, on crée les maladies, on crée le stress, on crée les infections et on fait le moins bien. Et là je crois qu'on ne va pas s'arrêter de ne pas le faire, ça va continuer parce que le progrès de la médecine est accompagné par le progrès tout court, qui n'apporte pas de mieux vivre, il apporte plus d'argent pour se payer le mal vivre. Enfin, étant donné que cette situation est celle que nous rencontrons dans la plupart des pays civilisés, les Etats et les partenaires sociaux, les citoyens et les individus se sont mis à organiser la couverture des soins de santé, comme le Professeur LANGLOIS dit, on est déjà dans une optique d'universalisation, il y a le droit universel à la santé, les pays européens qui n'avaient pas encore fait la part de l'universalisation de ce droit à la santé ou aux soins médicaux plutôt de base l'ont fait. La France est arrivée en dernier, l'Espagne déjà, l'Italie a son service national de santé depuis une vingtaine d'années, l'Angleterre l'a fait il y a très longtemps, on a fini par oublier que ce n'était pas si mal que ça, les pays scandinaves, etc. Quelle a été la réponse immédiate ? Il faut organiser la couverture et on a organisé cette couverture déjà sur une base universelle et après on s'est aperçu qu'à un certain moment cette promesse qui correspond au droit de la santé c'est aussi une promesse sociale et économique, d'ailleurs le droit à la santé c'est un droit économique et social et qu'on ne peut pas nécessairement payer par des méthodes, que tout le monde veut accepter le prix de donner tout à tous au meilleur niveau. Donc on a commencé à voir que même dans l'organisation de l'assurance maladie de base il y a des franges, il y a des CL - 56 - secteurs où on ne peut pas permettre au citoyen tout de meilleure qualité et c'est ce qui a été à l'origine du complémentaire. Le complémentaire comme vous avez dit ce matin n'est pas différent, c'est simplement qu'il prend le reste, tout ce qu'on ne peut pas faire dans le régime de base on va essayer de le faire faire au complémentaire, soit par obligation soit par incitation soit par bonne volonté. Mais nous sommes donc dans cette situation. A mon avis, ce qui a été dit ce matin, vers la fin, était très important et j'aurais voulu y revenir. C'est-à-dire que les deux acteurs que vous avez Monsieur GABELLIERI et qui se trouvent donc déjà dans ce niveau où ils travaillent, où ils gèrent l'intendance, il n'y a pas la politique de santé et si on ne gère pas la politique de santé on risque d'avoir toujours ces causes, cette façon de ne pas pouvoir maîtriser la santé, pas le coût de la santé. Voilà c'est donc là où il y a un troisième acteur qui est l'Etat, l'Etat qui doit veiller à la santé publique et je crois que le rôle de l'Etat pour veiller à la santé publique est très important, parce que qu’il va mettre de l'ordre dans des questions d'environnement, dans des questions d'eau potable, dans des questions de la défense du consommateur ? Qu’il va mettre de l'ordre dans la circulation routière qui tue les gens, c'est ça le problème. Et qu’il va mettre de l'ordre un peu à travers l'aide des partenaires sociaux dans les méthodes de travail qui sont celles qui génèrent un grand nombre d'affections, de maladies et de stress. Donc l'Etat, je crois Monsieur GABELLIERI vous devez vous-même, acteur qui travaillez sur un premier et sur un deuxième piliers, commencer à poser la question, comment je me positionne vis-à-vis de la santé publique ? Parce que si on arrivait à réduire les causes et les origines de la santé vous auriez un succès fou avec votre premier et votre deuxième piliers, chacun pourrait peut-être avoir le mérite qu'il n'a pas parce que les choses s'améliorent sans que vous-même vous ayez fait l'effort, c'est cela un peu le problème. Alors, une chose qui me paraît très importante c'est le fait que dans certains pays et c'était le cas de l'Allemagne, je suis heureux que Madame DEMMER ait pu le confirmer, il y a quand même des initiatives qui ont été prises pour améliorer les conditions de santé sur les lieux du travail. Le BKK-BV, vous dites qu'il n'a pas de grand budget, mais il a quand même donné l'exemple et je crois que cet exemple-là où travailleurs, salariés et employeurs, techniciens et spécialistes se mettent ensemble pour essayer d'aller discuter dans l'entreprise l'amélioration de la santé sur les lieux du travail, on peut le faire dans les écoles, vous l'avez dit. Je voulais citer l'exemple allemand, Madame l'a cité et je crois que vous devriez le regarder parce que cela ne coûte pas très cher, vous n'avez pas beaucoup CL - 57 - de budget parce que cela n'intéresse pas trop de monde, mais ce n'est pas tellement difficile d'étudier le problème, ce qui est difficile c'est ensuite de réaliser les réformes nécessaires au niveau de l'entreprise pour diminuer les conditions qui sont considérée ergonomiquement insatisfaisantes. Mais le cas de l'Allemagne était très intéressant. Vous avez aussi parlé du droit de la santé, je crois que tout a été dit, je n'ai rien à ajouter, ce que vous avez dit est tout à fait juste. Moi je donnerais un peu plus d'importance à ceci : Même les acteurs qui ont pour rôle de gérer l'intendance, c'est-à-dire de gérer l'assurance maladie, le premier ou le deuxième pilier, est-ce qu'ils ne pourraient pas se poser un peu plus et un peu mieux le problème de se dire comment puis-je participer à la prévention. Alors Madame RUELLAN a dit en France cela a été exclu. En France on a dit : le problème de la prévention n'est pas dans les caisses maladie, dans d'autres pays on était peut être un peu moins négatif. Mais je voulais vous rappeler pour arriver presque à la conclusion, qu'il y a trente ans, peut être plus, au niveau de l'Organisation Mondiale de la Santé, on a essayé de porter sur le devant de la scène la stratégie des soins primaires. Et la stratégie des soins primaires, c'était précisément des soins qui intègrent prévention et soin. Qu'est-ce qui s'est passé ? La stratégie des soins primaires on l'a vendu au tiers monde et on l'a oublié en Europe et moi j'ai passé des années à traîner dans le tiers monde pour voir que la stratégie des soins primaires est la seule réponse valable à la maîtrise des soins, même en Europe et puis je suis revenu en Europe et je vois qu'ici on ne la pratique pas. D'ailleurs on a mal compris cette stratégie, on pense que la stratégie des soins primaires c'est pour les pauvres. Ce sont les petites choses, c'est le médecin de famille, non, non, c'est beaucoup plus et je souhaiterais qu'un jour dans un séminaire, Monsieur GABELLIERI ressorte la stratégie des soins primaires pour les Français, pour les Allemands, pour les Italiens. Ils semblent l'avoir ignorée tout en l'ayant mise dans leur législation. L'anecdote c'est que la loi italienne sur le service des soins de santé de 1988 était considérée comme la meilleure loi, jamais passée dans un pays civilisé sur la santé. Elle avait toutes les caractéristiques de la perfection juridique, technique et sociale et on ne l'a pas appliquée. C'est pour ça qu'on ne l'a pas appliquée et la stratégie des soins primaires était là, si vous la relisez, il y avait vraiment le reflet de ce qui était la pensée de l'époque. CL - 58 - Alors pour conclure maintenant deux mots sur l'Europe, parce que l'Europe quand même il faut relativiser un tout petit peu ce qu'on peut attendre de l'Europe. Vous savez qu'il y a deux attitudes chez nos hommes politiques. L’une c'est de faire carrière en Europe, l'autre c'est d'obtenir par le biais des directives ou des recommandations européennes ce qu'ils sont incapables d'obtenir chez eux parce que le dialogue politique chez eux est tellement difficile, mais si on peut dire c'est l'Europe qui le veut, ce n'est pas moi, ce n'est pas ma faute et donc c'était l'attitude beaucoup en Italie dans les années 90 où on disait on ne peut pas faire ça est-ce que l'Europe ne pourrait pas nous aider pour donner une petite directive comme ça c'est réglé et on n'a plus à discuter avec les syndicats puisque c'est l'Europe qui le dit. Mais pour redevenir plus sérieux, l'Europe à mon avis n'a pas grand chose à vous fournir comme aide même intellectuelle sur la manière d'organiser l'intendance, c'est-àdire comment on organise le premier pilier, le deuxième, l'organisation entre les deux, la manière de maîtriser les coûts, chaque pays est parfaitement capable de le faire tout seul, d'ailleurs il le fait déjà sans succès, mais il le fait très bien. Donc ce que vous devez attendre de l'Europe, c'est sur la politique de santé, c'est là que l'Europe sert beaucoup, parce que les comportements qui permettraient de réduire les affections et les maladies sont tout à fait prévisibles, on peut en parler au niveau européen. Si on peut, en Europe, réglementer le diamètre des tomates, on doit pouvoir donner des lois ergonomiques. C'est ça le problème. Et on peut éviter ce qui se passe aux Etats-Unis où vraiment l'ergonomie est considérée comme le parent pauvre et il y a actuellement au sénat américain une loi sur l'ergonomie que le nouveau gouvernement ne va pas appliquer, qui ne va pas passer. Donc je crois que l'Europe peut faire beaucoup pour créer même par des méthodes d'encouragement techniques, pas seulement des réflexions, donner des normes techniques pour que tout ce que vous appelez l'arsenal de la prévention puisse se traduire dans des choses un peu concrètes et là je crois que l'Europe pourrait sûrement aider plus que discuter comment dans ces vases communicants de deux piliers chacun doit se positionner. La dernière remarque que je ferai, c'est plus près de ce problème que vous avez du deuxième pilier, l'Italie veut introduire une manière de couvrir ce que l'Europe ne couvre pas, puisque c'est ça en définitive. Alors ici je vous pose la question et je ne donne pas de réponse. Monsieur LANGLOIS a dit, je crois qu'il avait raison : il ne faut pas que le deuxième pilier mette en CL - 59 - cause le risque individuel, c'est-à-dire il ne faut pas faire la sélection au niveau du risque, mais ne fait-il pas la sélection par le revenu ? C'est ça le problème. On avait vu déjà dans les retraites complémentaires. La critique était : il y a une sélection par revenus, ceux qui peuvent se le payer, la deuxième pension sera payée. Or moi je conclurais avec une petite réflexion qui est la suivante : personne ne peut empêcher la sélection par le revenu et je m'étonne beaucoup qu'à chaque fois que j'ouvre le journal on critique la société à deux vitesses, on ne doit pas faire ça parce que cela va créer une société à deux vitesses, on vit déjà dans la société à quatre vitesses, ou à trois. Est-ce qu'on peut vraiment empêcher ceux qui ont des revenus pour des raisons que je ne connais pas, qui ont des revenus supérieurs aux autres qu'ils se procurent aussi une qualité de santé meilleure que les autres, cela c'est une sorte de droit presque et c'est le corollaire du droit de la santé dont vous avez parlé, c'est le corollaire d'en avoir plus parce que je peux me le payer. Donc cela c'est aussi le genre de chose qu'il ne faut pas oublier, mais sur le plan purement pratique je crois que ce matin tout a été dit et si j'ai remarqué simplement une chose c'est comme dit le Professeur LANGLOIS les systèmes sont très différents, les Allemands semblent avoir pris en main la complexité de toutes les relations patients, médecins, pharmaciens, etc. Ils essaient de faire ce que les Anglais appellent Manage Care c'est-à-dire est-ce qu'on peut organiser des désordres, oui, ils y arriveront probablement. Les Français ont encore peut-être renoncé à organiser les désordres et cela continue, merci beaucoup. BRUNO GABELLIERI Merci Professeur TAMBURI, maintenant les conclusions du Président allemand de l'AEIP, Monsieur von DAMM … Thank you very much Mr Professor TAMBURI and now, it is the conclusion, we have to hear the president, the chairman of AEIP Mr Hans-Willem von DAMM the chairman of BKK-BV and the chairman of AEIP. In the past, he worked at an international level like the responsible of human resources director for the took management and executive for the Volkswagen group at the world level and so Mr von DAMM, you have the floor. CL - 60 - CLOTURE DU SEMINAIRE PAR M. HANS-WILHELM VON DAMM, PRESIDENT DE L'AEIP T hank you. At the end of this very interesting morning, I have four questions we have to find answers on these four questions. I think maybe there are more but I brought these four questions. The first one is we have to find an answer on the demographic factor and the rate of burs, we have in auditing countries a negative regenerating factor. It means?? borne per married women??. In Germany, it is fact of zero point seven and bellow one. The first question and the second question is how to find a technical progress in the medicine sector and we have a technical progress. The third question is the health care sector in Europe. In western part of Europe is going up label market, but how to find then this health care sector? It is against the market and the people they want to have this health care systems. They want to have more health care but we can't find it in this second. And the fourth question is for me we have to find the right balance between solidarity. How much solidarity is necessary and how much competition we need for more efficiency. These are the might four questions for the future of our discussion but we find our answer today, I think. I thank Assoprevidenza and Mr. CORBELLO for organising this seminar and I thank the speakers and the members of the panel for the discussion, it was very interesting for me, and I think for us. Thanks for all. Thank you. CL - 61 -