Cours 12
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Cours 12
COURS 12 Version du 31 mars 2016. Vous vous souvenez du dernier cours que W est engendré par les réflexions simples, et qu’il agit de façon transitive sur les bases et sur les chambres. Il s’ensuit qu’un système de racines a une matrice associée, Cji (Φ) = hαi , αj i, qui est bien-définie à permutation simultanée des rangs et des colonnes près. Cette matrice s’appelle la matrice de Cartan. [H] utilise la transposition de cette définition de la matrice de Cartan — nous suivons la convention de Fomin et Zelevinsky. La raison pour laquelle on a besoin des résultats du dernier cours est que, à moins que l’on sache que W agit de façon transitive sur les bases, il aurait été possible que deux bases différentes de Φ produiraient de différentes matrices de Cartan. Nous savons maintenant que cela est impossible. Nous représentons la matrice de Cartan par son diagramme de Dynkin. Il s’agit d’un graphe dont les sommets correspondent aux racines positives. On lie les sommets i et j par hαi , αj ihαj , αi i arêtes. (Vous vous souvenez que cette expression donne un nombre entre 0 et 3.) Dans le cas où il y a plus qu’un seul arête entre i et j, les racines αi et αj ont des longueurs différentes. Dans ce cas, nous mettons une flèche sur ces arêtes, telle que, si on le voit comme un signe “>”, la racine plus longue est sur le côté “supérieur.” Il est facile de vérifier que le diagramme contient maintenant assez d’information pour en réconstruire la matrice de Cartan. Pour la liste des diagrammes de Dynkin possibles, voir les diagrammes. Le problème de déterminer cette liste est important (mais pas trop difficile) et nous n’allons pas l’aborder dans ce cours. (C’est démontré dans [H], si vous êtes curieux.) Écrivons I = {1, . . . , n} pour l’ensemble qui indexe les racine simples. On peut diviser I en deux moitiés, I+ et I− , tels qu’il n’y a pas d’arête entre deux sommets d’une même partie. (On peut le faire vu que tout diagramme de Dynkin est un arbre, ce que l’on peut voir en consultant la liste, et puisque tout arbre est graphe biparti.) Supposant que le système de racines est irréductible, ou, ce qui est équivalent, que le diagramme de Dynkin est connexe, il y a une façon de le faire. 1 2 COURS 12 Pour Φ un système de racines, definissons Bij (Φ) = Cij (Φ) si i ∈ I+ , j ∈ I− , Bij (Φ) = −Cij (Φ) si i ∈ I− , j ∈ I+ ; et autrement Bij (Φ) = 0. Cette matrice B est antisymétrisable. Nous pouvons maintenant énoncer la classification des algèbres amassées de type fini. Theorème 1. Une algèbre amassée est de type fini si et seuelement si elle possède un amas dont la partie principale de la B-matrice est de la forme B(Φ) pour un système de racines Φ. Il faut faire quelques commentaires. Notons qu’il s’ensuit de cet énoncé que la propriété d’être de type fini ne dépend que de la partie principale des B-matrices (c’est à dire, la matrice carré et antisymétrisable d’en haut de la matrice B, où les variables gelées ne figurent pas). Notons aussi que pour presque toute algèbre amassée, il y a certains amas dont les B-matrices sont de la forme B(Φ), et certains amas dont les B-matrices ne sont pas de cette forme. Nous avons déjà vu que cela se passe même en type A3 . De retour aux systèmes de racines. Vous vous souvenez de ce lemme du dernier cours (que nous n’avons justement pas encore utilisé) : Lemme 1. Considérons une suite de racines simples α1 . . . αt (possiblement avec des répétitions, et dont l’ordre est essentiel). Si sα1 . . . sαt−1 αt est négative, il s’ensuit qu’il y a une indice j telle que sα1 . . . sαt = sα1 . . . sc αj . . . sαt−1 . C’est à dire que nous obtenons le même élément de GL(V ) en enlevant la dernière réflexion et une autre réflexion. Corollaire 1. Si w(∆) = ∆, il s’ensuit que w = 1, ce qui implique que W agit de façon simplement transitive. Démonstration. Supposons que w n’est pas l’identité, et considérons une expression réduite pour w. Selon le lemme, w doit envoyer au moins la racine simple correspondant à sa dernière réflexion à une racine négative, ce que va à l’encontre notre supposition que w(∆) = ∆. Pour w ∈ W , définisson `(w) comme la longueur d’une expression de longueur minimale pour w comme produit des réflexions simples. Pour w ∈ W , définission I(w) comme l’ensemble des racines positive qui sont envoyées sur des racines négatives par w−1 . Proposition 1. Si w = si1 . . . sir est une expression réduite pour w, il s’ensuit que les inversions de w sont, sans répétitions, αi1 , si1 αi2 , si1 si2 (αi3 ), . . . . En particulier, `(w) = |I(w)|. Démonstration. Par le lemme, chacun des racines que j’ai enumérées est une racine positive. COURS 12 3 Appliquant w−1 à la première, nous obtenons w−1 αi1 = −sir . . . si2 αi1 , et par le lemme, celle-ci est une racine négative. De façon semblable, w−1 si1 αi2 = −sir . . . si3 αi2 , qui est une racine négative. Donc chacun de ces racines est racine positive qui est envoyé sur une racine négative par w−1 . Pour que deux de ces racines soient la même, on aurait forcément que si1 si2 . . . sik−1 αik = si1 si2 . . . sip−1 αip . Supposons que k < p. Il s’ensuit que αik = sik . . . sip−1 αip ce qui peut aussi être exprimé comme −αik = sik+1 . . . sip−1 αip . Mais par le lemme, le côté droit doit être une racine positive, et donc ceci est impossible. Puisque chaque réflexion de w a l’effet de changer une seule racine positive en racine négative, le plus grand nombre possible de racines positives que w pourrait envoyer sur des racines négatives, est r. Nous avons énuméré autant, et donc celles-ci doivent être tout l’ensemble. Proposition 2. I(w) indique quels hyperplans séparent la chambre indexé par w de la chambre fondamentale. Démonstration. Pour n’importe quelle racine positive α, α est une inversion de w si et seulement si (w−1 α, δ) < 0, si et seulement si (α, wδ) < 0, et cette dernière condition veut dire exactement que wδ est de l’autre côté de Pα que la chambre fondamentale. Proposition 3. Il y a un seul élément de W le plus long, w0 . C’est une involution. Il envoit ∆ sur −∆. Son ensemble d’inversions est Φ+ . Démonstration. −∆ est une base, donc il y a un élément de W qui envoit ∆ sur −∆. Celui-ci envoit chaque racine positive sur une racine négative. Donc, l’ensemble d’inversions de w−1 est égal à Φ+ . Les longueurs de w et de w−1 sont les mêmes. (Ceci est toujours vrai, parce que l’inversement d’un mot pour w est un mot pour w−1 .) Donc, l’ensembles des inversions de w est également Φ+ , et w = w−1 , donc w est une involution. La proposition est démontrée. Note : il y a une opération évidente qui conserve (·, ·) et qui envoit ∆ sur −∆ : multiplication par −1. Cette opération peut être égale à w0 , et peut ne pas y être égale. Évidemment, si −1 ∈ W , il est l’élément le plus long. 4 COURS 12 Dans types Bn et Cn , multiplication par −1 est dans W , et donc cela donne l’élément le plus long. (Vous vous souvenez que les changements de signe sont dans W dans ces cas.) Dans type An−1 , w0 est la permutation qui inverse complètement. (Il est facile à voir que cette permutation envoit tous les racines positives sur des racines négatives, donc celle-ci doit être w0 .) Cette permutation n’est pas égale à −1. Dans les cas Bn et Cn , ou n’importe quand on a −1 ∈ W , l’élément le plus long ne dépend pas de notre choix de racines simples ! Mais ce n’est pas le cas en général. Par exemple, dans A2 , on choisit normalement (12) et (23) comme les réflexions simples, et l’élément le plus long est (13) – c’est à dire qu’il est la réflexion non-simple. Si on fait un choix différent de réflexions simples, il est évident que l’identité de la réflexion non-simple change aussi ! Références [H] J. Humphreys. Introduction to Lie Algebras and Representation Theory. Springer Verlag, New York, 1972.