Quand le massage à l`aveugle fait sens… Un malvoyant éclairé

Transcription

Quand le massage à l`aveugle fait sens… Un malvoyant éclairé
CDH
Les cahiers du handicap
LE MAGAZINE OFFICIEL DU RECRUTEMENT ET
DE L’INTÉGRATION DU PERSONNEL HANDICAPÉ
N°4 - JUIN 2015
PARCOURS
Un malvoyant
éclairé
SPA « DANS LE NOIR ? »
Quand le massage
à l’aveugle fait sens…
DOSSIER
Vacances
pour tous !
PAGES SPÉCIALES OFFRES D’EMPLOI
Plusieurs postes à responsabilités dans les entreprises
et les collectivités de votre région
RUBRIQUE
PARTIR !
Les vacances d’été approchent, il y aura comme chaque année le ciel, le soleil et la mer… Mais surtout,
c’est un moment privilégié de détente qu’il ne faut pas rater. Découvrir, aller à la rencontre de l’autre,
s’évader sont autant de bonnes raisons de partir… Les vacances revêtent une importance toute
particulière pour les personnes en situation de handicap. Faute de ressources financières suffisantes, elles
se voient encore un peu plus éloignées du droit aux vacances. Sans compter la carence des structures
adaptées et l’absence de sites accessibles. Saviez-vous que ce traditionnel plaisir estival sera également
taxé ? Et pour la première fois les adultes en situation de handicap devront s’acquitter de la taxe de séjour !
Pour ceux qui ont la chance de partir, il est essentiel de faire le bon choix. C’est pourquoi nous avons
consacré notre numéro à la thématique des vacances pour tous afin que ce moment reste inoubliable !
Dépassez votre handicap et marchez sur le chemin des possibles grâce à l’aventure adaptée, un concept
créé par la société Cap Expéditions ou flânez ici et là, voyageur sans destination comme « l’homme aux
semelles de vent », le surnom que Paul Verlaine donna à Arthur Rimbaud. « Le voyage est un retour vers
l’essentiel » pour la romancière canadienne Hélène Ouvrard comme « Un amour est un voyage aux confins
de soi-même » selon un proverbe tibétain. On l’aura compris : du voyage à l’amour, il n’y a qu’un pas que
nous avons franchi dans ce numéro pour que le droit au désir, à la tendresse et à la sexualité soit enfin
reconnu aux personnes en situation de handicap. Alors, bonnes vacances !
01
SOMMAIRE
04
10
CORPS ET ÂME
Un malvoyant
éclairé
IN SITU
Quand le massage
à l’aveugle fait sens
28
17
TENDANCE
« Une appétence
pour la question
du handicap »
VISION
Vacances
pour tous
32
PAROLE
L’amour, émoi
et moi…
02
CDH N°4 JUIN 2015
34
SPOT
Si vous êtes
différent
et pertinent,
vous créez
de la valeur
dans une
entreprise
SOMMAIRE
offres d’emploi
P. 08
THIBAUT
Constructeur de machines outils
Technicien de bureau d’études
Chaudronnier - Usineur
Ajusteur
Responsable d’îlot Encadrement
Monteur sur sites
S.A.V
Qualité/Contrôle
Méthodes-Lancement
Magasinier
Acheteur
Informaticien
Comptable - Administration
Assistante
Commercial
SAMMODE
Éclairage technique
Un(e) assistant(e)
administratif(ve)
OBJECTWARE
Entreprise de services du numérique
P. 09
GROUPE VACANCES BLEUES
Tourisme
Métiers de l’hôtellerie
Services administratifs et
commerciaux
KATENE
BET spécialisé dans les fluides
du bâtiment
Technicien dessinateur/
Projeteur en CVC / PB
ARTEMYS
Société de services en informatique
P. 25
CAPIFRANCE
Immobilier
Conseillers immobiliers
indépendants
GNFA
Organisme de conseil et de formation
pour les métiers de l’automobile
Téléconseillers
DMH SÉCURITÉ
Protection - Surveillance
Agents de sécurité et
cynophiles (H/F)
Assistant(e) comptable
P. 29
MILLENIUM EXPONET SAS
P. 14
BIO3G
Agronomie
Nettoyage industriel
Technico-commercial
Prospecteur
Télévendeur
Ingénieurs et consultants MOE
Consultants MOA
CDH
Les cahiers du handicap
Un(e) assistant(e)
administratif(ve) et
commercial(e)
Un(e) assistant(e)
commercial(e)
Un(e) commercial(e)
CDH est une publication de l’association AIMETH
(Association pour l’Insertion et le Maintien dans l’Emploi des
Travailleurs Handicapés)
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- Dans le Noir ? le Spa, 2012 - Olivier Merzoug - DR.
03
CORPS ET ÂME
Un malvoyant
éclairé
parcours
Aveugle de naissance, puis malvoyant à l’âge de deux ans suite à de multiples opérations,
Stéphane Courtois, 22 ans, poursuit sa 5e année à Sciences Po… et rêve de poser ses valises
au Quai d’Orsay, dans le fameux ministère des Affaires étrangères. Il nous fait partager
son parcours de vie et son regard sur le monde du handicap. Une chose est sûre :
son quotidien est loin d’être plongé dans le flou !
04
CDH N°4 JUIN 2015
CORPS ET ÂME
L
unettes et costume noir, véritable
man in black de Sciences Po, Stéphane Courtois déambule à l’aise
sur les trottoirs jouxtant la tour
Eiffel. Il traverse la rue sans hésitation pour rejoindre le lieu de rendezvous. Jovial, il manie aisément le verbe et
l’humour : « Je suis né en 1992 dans l’Aisne
à Saint-Quentin, c’est un peu l’homme des
champs qui finit dans la grande ville, c’est
très littérature romanesque ! » Puis, il redevient sérieux et se raconte : « Je suis né
aveugle, et deux jours seulement après ma
naissance, j’ai dû subir une douzaine d’opérations qui m’ont rendu partiellement la vue
puisque je vois désormais uniquement de l’œil
droit, soit 1/10 de près comme de loin. Avec le
recul, j’ai l’impression d’avoir servi de cobaye
car à l’époque, les médecins ont “tâtonné” d’où
les résultats mitigés d’aujourd’hui. Depuis,
l’ophtalmologie a connu de spectaculaires
­progrès ! » Comme chez Stéphane, la déficience visuelle des enfants malvoyants
débute souvent dès la petite enfance. De
fait, ils n’ont souvent aucune référence à
une bonne vision antérieure et ne sont
donc pas spontanément motivés pour
mieux voir. C’est essentiellement l’entourage qui est gêné.
Du stylo-plume à l’ordinateur…
On l’aura compris, la situation de Stéphane a toutefois nécessité une attention
constante, d’où le choix de sa mère de
quitter son emploi de pharmacienne
pour s’en occuper pleinement. Chauffeur
livreur, son père, lui, continue son activité. « Dans l’école, proche de mon petit village,
ma scolarité s’est plutôt bien passée, même si
la relation avec les autres enfants a pu parfois
être dure et compliquée, surtout dans la cour
de récréation où il est difficile de s’intégrer et
de jouer avec les autres. Mais, avec le temps,
tout le monde s’adapte à la situation, les professeurs aussi. Dans ma région, on n’a pas
forcément une connaissance profonde de la
diversité de la société, ce n’est vraiment pas
facile. »
Ainsi, Stéphane a vécu sa scolarité en milieu ordinaire avec des personnes non-handicapées l’obligeant à s’ouvrir, à s’adapter
aussi. À ses côtés, sa mère effectuait donc
toutes les démarches et l’aidait dans ses
devoirs. À l’époque, il lui fallait écrire au
stylo plume en l’absence d’ordinateur !
« C’est compliqué, mais on apprend vite, affirme-t-il. Aujourd’hui, la technologie numérique représente un atout précieux que je
compare à de la pâte à modeler puisqu’on en
rien. Je ne comprends pas pourquoi la RATP
n’a pas développé de partenariat avec Google
comme ils l’ont déjà fait pour le métro ? Plus
jeune, je devais m’adapter à l’environnement, autant dire que mon téléphone mobile
est aujourd’hui mon meilleur ami ! »
À l’âge du collège, Stéphane rejoint un établissement privé. « Ma mère pensait que je
serais mieux intégré car elle craignait que ma
scolarité soit davantage perturbée dans le
public. Il faut aussi rappeler le contexte des
années 90 où l’on n’était pas aussi ouvert­
sur la question du handicap qu’on ne l’est
aujourd’hui. Dans le privé, ils ont fait des
efforts pour s’adapter à mon handicap. J’ai
notamment pu bénéficier d’un pupitre spécialisé pour la lecture, avant que ne commencent à se démocratiser les ordinateurs
portables. Rétrospectivement, j’avoue avoir
été assez protégé du monde extérieur, mais,
bien sûr, il faut aussi avoir les moyens de
­financer un établissement privé. »
« Plus jeune, je
devais m’adapter
à l’environnement,
autant dire que
mon téléphone
mobile est
aujourd’hui mon
meilleur ami ! »
fait ce qu’on en veut, elle s’adapte à l’utilisateur et non l’inverse. Il est ainsi possible de
zoomer, d’avoir un logiciel qui lit à haute
voix les textes ou encore d’utiliser un clavier
en braille… » L’arrivée du smartphone a
constitué un véritable pas en avant sur le
plan de l’autonomie pour les personnes
malvoyantes. Grâce notamment à Siri, un
assistant personnel intelligent qui permet
d’accomplir de nombreuses tâches comme
envoyer des messages, fixer des rendezvous ou passer des appels téléphoniques à
l’aide de la voix. « Mon iPhone me sauve
véritablement la vie ! Par exemple, je peux
avoir une application qui me dit oralement
où sortir ou quelle station prendre dans le
métro… En revanche, pour le bus il n’y a
À la rencontre de l’autre…
et de la musique
Autre question essentielle : comment
aborder la différence ? On a parfois un
peu d’appréhension à aborder une personne souffrant d’un handicap, quel qu’il
soit. Il est en effet difficile d’accepter le
handicap dont l’effet miroir nous dérange.
Et pourtant, il est important de s’ouvrir à
l’autre comme en témoignent les propos
d’Albert Jacquard, le célèbre chercheur et
essayiste français : « Quand je suis en face
de l’autre, bien sûr, j’ai des craintes : l’autre
n’est pas comme moi, il est dangereux.
L’autre me fait peur. […] Alors que la seule
réalité humaine sérieuse, c’est qu’il me faut
profiter de la différence avec l’autre pour
m’enrichir, pour me construire. Il faut donc
remplacer une culture de la compétition par
une culture de l’émulation. »
Assez sensible au bruit, Stéphane apprécie
tout particulièrement un environnement
harmonieux où règne le calme. Il aime
aussi la solitude. Pour aiguiser les autres
sens, il s’est même acoquiné avec la musique. « J’ai fait quinze ans de violon et deux
de piano. J’ai ce que l’on appelle l’oreille absolue, c’est-à-dire que je suis capable de reconnaître une note par rapport à une autre, et
l’intervalle très faible qui s’appelle le comma
entre deux notes qui en comprend 9. L’oreille
humaine est capable de faire la différence
entre 3 et 4 commas et j’arrive précisément à
en reconnaître deux ou trois. Ma professeure
de violon possédait un logiciel capable d’écrire
05
CORPS ET ÂME
de la musique, et oui, on en revient toujours
aux fondamentaux, la technologie. Je me suis
vraiment “éclaté” à faire des arrangements
pour piano, car l’intérêt de la musique, c’est
aussi l’aspect créatif. Sur la fin, j’ai même
intégré un orchestre symphonique au sein de
mon conservatoire. » Stéphane n’oublie pas
qu’il a commencé à voir seulement à partir
de deux ans. « Je suis habitué à me débrouiller sans forcément voir, mais si demain la vue
me quitte, ça sera dommage pour le cinéma ou
pour les livres, mais je conserverai quand
même une certaine indépendance. Au fond de
moi, j’ai une vraie volonté de réussir pour
contrebalancer tout ça ! »
Les Américains ont intégré
le handicap
À Sciences Po, Stéphane rencontre rarement les autres étudiants en situation de
handicap sauf lors des inaugurations de
nouvelles structures. Un pôle handicap
prend en compte leurs besoins (voir page 07)
pour faciliter le meilleur déroulement possible de leur scolarité. « En matière de handicap, je travaille pour Sciences Po dans la mise
en place de ces structures. On peut aussi me demander mon avis par exemple sur le type de
manuels à numériser dans le but de les consulter sur les ordinateurs de l’école qui sont dotés de
logiciels de lecture. »
06
CDH N°4 JUIN 2015
En troisième année de Sciences Po, les étudiants partent en séjour d’études à l’étranger. « J’ai fait une année d’échange aux
États-Unis à l’université d’Austin, au Texas,
pour étudier la politique intérieure et extérieure des États-Unis. Les universités américaines ont intégré le handicap bien mieux et
plus tôt que nous, à savoir dès 1990 ! La
France a énormément de retard, mais il faut
savoir que les Américains ont davantage été
mis en face de cette réalité-là en étant
confrontés notamment aux blessés de guerre,
à l’obésité ou encore à la perte d’autonomie
des personnes âgées. La situation était telle
que le handicap est devenu un enjeu national. » Les États-Unis ont ainsi mis en place
des quotas de travailleurs handicapés à recruter dans les entreprises avec des mesures
incitatives comme les crédits d’impôts. Ces
dernières se sont rendu compte que les personnes handicapées proposaient des points
de vue différents et une nouvelle approche
bénéfique à l’entreprise. De plus, en matière
de discrimination, le système judiciaire est
hyperrépressif et les amendes colossales.
« À l’université, on remet aux étudiants un
syllabus, le programme du semestre, accompagné d’un encart précisant aux personnes
handicapées de faire valoir leurs besoins auprès du département qui leur est dédié dans
chaque université. Ainsi, tous les professeurs
sont informés et on peut échanger plus facilement derrière. Je crois que c’est fondamentalement une question de culture car les Américains pensent que les personnes en situation
de handicap représentent une valeur ajoutée
et qu’il ne faut pas les aider juste pour les aider, mais bien parce qu’il existe derrière un
potentiel à développer. Les Américains aiment les challenges. En France, notre vision
consiste à dire que ce n’est pas juste pour les
personnes en situation de handicap. Alors, au
nom de la justice sociale, il faut les aider et les
soutenir. »
La question complexe de l’accessibilité
existe bien sûr à Science Po et à Paris.
« Comme je ne fais pas de vélo, je suis totalement dépendant des transports en commun.
Lors de mes voyages, je me suis rendu compte
que le handicap était admis dans certaines
­sociétés comme aux États-Unis. Les villes sont
optimisées à la fois pour les voitures et les
­piétons. Avec le phénomène de l’obésité, les
États-Unis connaissent d’ailleurs un nombre
important de personnes adultes et d’enfants
circulant sur de petits scooters compte tenu de
leurs difficultés à se déplacer normalement. Par
ailleurs, tous les feux rouges disposent d’un signal sonore. Quand le feu passe au vert, un bip
continu se déclenche pour avertir qu’on peut
traverser. C’est tellement simple que je suis
resté en colère une journée entière en me répétant : “Mais, pourquoi on ne fait pas ça en
France ?” À Austin, j’ai pu circuler dans la
ville et faire de très longs parcours de vingt minutes et même lire le journal sans regarder
mon chemin. La voirie est bien entretenue, les
voies sont larges… À Paris, c’est impossible, les
Champs-Élysées, c’est un bazar à côté ! »
Mais alors, que font les politiques ? Pour
Stéphane, c’est un sujet difficile à aborder
et compliqué à traiter car le handicap est
multiple et nécessite des moyens que l’État
n’a plus actuellement. « Si on prend la Semaine du handicap, on remarque très peu
d’interventions sur le sujet. Ce n’est pas rentable politiquement, c’est compliqué, ça coûte
de l’argent, alors personne n’en parle, de peur
que leurs propos finissent en polémique. »
Objectif Quai d’Orsay…
Son leitmotiv : aller toujours plus loin !
« Dans ma situation, il est nécessaire d’avoir
un niveau d’études élevé pour avoir un bon
niveau de vie et être à l’abri du besoin. Ma
vue ? Je ne sais pas combien de temps ça va
durer car il y a un risque relatif qu’un jour ça
se détériore, considérablement plus tôt que la
plupart des personnes âgées, et que je finisse
par la perdre. Dans certaines professions, c’est
compliqué à gérer, mais dans le cadre d’un
travail de bureau, qui nécessite uniquement
le savoir, ce n’est pas un problème. »
Aujourd’hui, Stéphane habite à Paris et,
comme beaucoup d’étudiants, il n’aurait
jamais pu financer tous les frais associés à
ses études sans le soutien de ses parents…
mais aussi de l’État. « À partir du moment où
je réussis grâce à l’État, il est normal que je me
mette à son service au moins pour quelques
années. C’est pourquoi je rêve de rejoindre la
prestigieuse maison du Quai d’Orsay ! »
En attendant, il prévoit de partir en vacances à Marrakech avec ses parents où il
compte bien leur servir de guide comme il
l’avait déjà fait sur la côte est des ÉtatsUnis, grâce au plan de son iPhone ! Il est
libre, Stéphane !
CORPS ET ÂME
Sciences Po est toujours fidèle à ses engagements
en matière d’égalité des chances…
Aujourd’hui, comme hier, sous la direction de l’ancien directeur, Richard Descoings, Sciences Po reste véritablement engagée sur la question du handicap et de la diversité pour permettre à tous les talents de
s’exercer. L’idée est de mettre en place au niveau de l’ensemble de l’institution tous les aménagements spécifiques pour assurer aux étudiants
en situation de handicap la meilleure intégration possible. Au-delà de
la scolarité, je les accompagne aussi dans toutes les démarches liées aux
transports ou au logement. J’anticipe aussi la question des emplois du
temps qui peuvent parfois être adaptés compte tenu des contraintes
médicales. Je fais du sur-mesure pour chaque étudiant.
Combien d’étudiants en situation de handicap
sont inscrits à Sciences Po ?
« Il faut savoir
écouter… »
Comment suivre des cours
en amphi et prendre des notes
ou passer ses examens
quand on est aveugle,
sourd-muet ou en fauteuil
roulant ? Les réponses de
Claire Secondé, responsable
du pôle handicap,
à Sciences Po.
En 2007, on en comptait 15, aujourd’hui ils sont une centaine ! Ils
bénéficient d’aménagements de scolarité, de tiers-temps pour les
examens, d’un accompagnement humain adapté. Sciences Po accueille aussi des étudiants tétraplégiques qui souffrent d’un handicap
très lourd nécessitant une assistante de vie pour les aider au quotidien. Par ailleurs, j’ai pu recruter près de 80 vacataires rémunérés à
différents tarifs pour s’occuper des étudiants handicapés notamment
dans la prise de notes. Non seulement, ça leur fait un job étudiant,
mais ils apprennent du handicap et s’enrichissent. J’ai fait aussi appel
à des doctorants pour assurer les missions d’assistants de vie et aider
les étudiants lourdement handicapés dans les gestes de la vie courante. Derrière ce merveilleux brassage, le maître mot est solidarité !
Quels sont les équipements spécifiques ?
Sciences Po met à la disposition des étudiants malvoyants et nonvoyants des postes informatiques dotés d’équipements spécifiques et
techniques : reconnaissance vocale, scanners, agrandisseurs, liseuses,
imprimantes braille. Ils bénéficient aussi d’un prêt de portables,
équipés de « Jaws », un logiciel pour les déficients visuels qui transforme un texte affiché sur un écran en un texte oral ou un texte en
braille. Sciences Po est aussi la seule grande école à produire du soustitrage en direct lors des cours magistraux de Master grâce à des vélotypistes, basés à Caen. Enfin, on est assez fier d’organiser depuis
trois ans des cours de langues des signes pour tous les étudiants, et
c’est une matière à part entière.
Il existe aussi des bourses de mobilité handicap…
Effectivement, les opérations de mécénat de nos entreprises partenaires nous ont permis de créer ces bourses pour que tous nos étudiants puissent faire leur 3e année à l’étranger comme il est de tradition à Sciences Po ! Cette bourse a pour but de prendre en compte
tous les surcoûts engendrés par cette année et de favoriser l’intégration des étudiants dans leur pays d’accueil.
Comment devient-on référente handicap ?
Hier, j’étais danseuse, puis j’ai travaillé dans le secteur de la communication, mais je ne me reconnaissais plus dans le milieu de l’entreprise. Durant des années, j’ai fait du bénévolat aux Restos du cœur et
de la maraude, à la rencontre de ceux qui dorment dans la rue. Je suis
arrivé par hasard à Sciences Po pour m’occuper du logement, puis j’ai
bénéficié d’un départ à la retraite pour reprendre ce poste au sein du
pôle handicap. Il faut savoir écouter les besoins et mettre en place
organisation et communication… À Sciences Po, nous sommes en
avance sur de nombreux sujets, même si le plus difficile reste d’assurer la mise en accessibilité de tous les locaux. Mon rôle est de leur
faciliter la vie au quotidien alors mon bureau est toujours grand ouvert pour eux. Quand certains étudiants m’écrivent qu’ils ont réussi à
s’insérer dans une grande entreprise alors qu’ils sont lourdement
handicapés, je ressens une grande fierté !
07
OFFRES D’EMPLOI
Société de fabrication d’appareils d’éclairage industriel.
recherche
UN(E) ASSISTANT(E)
ADMINISTRATIF(VE)
CDD (1 mois - 35h/semaine du 02 au 27/11/2015)
PROFIL
De niveau Bac/Bac+2 secrétariat, vous disposez d’une première expérience dans un service administratif d’une PME.
Vous êtes organisé(e), rigoureux(se) et autonome. Vous serez sous le contrôle de la responsable comptable.
MISSIONS*
– Numérisation et classement des documents administratifs
– Archivage et classement
– Mise à jour de la base fournisseurs
* Cette liste n’est pas limitative.
Merci d’adresser votre candidature par mail à l’adresse
suivante en précisant dans l’objet « Recrutement » :
info_sammode.com
08
CDH N°4 JUIN 2015
OFFRES D’EMPLOI
Nous sommes un BET spécialisé dans les fluides
du bâtiment et une société coopérative (SCOP SA).
recherche
TECHNICIEN DESSINATEUR/
PROJETEUR EN CVC / PB
Ayant une 1re expérience dans un poste similaire
MISSIONS
Établir au sein d’une équipe de projet et sous la responsabilité du chargé d’affaires les études d’avant-projet et dossiers
projets (CCTP, DPGF, plans, notes de calculs).
PROFIL
Bac +2 ou Bac +3, vous connaissez l’environnement réglementaire et l’outil informatique : calculs (thermique, hydraulique, aéraulique, etc.), dessin (plans et schémas sur
NOVA) et outils bureautiques.
Merci d’adresser votre candidature par mail :
www.cahiersduhandicap.com
Société de services en informatique, recherche
ASSISTANT(E) COMPTABLE
Métier du ROME M1203 - Comptabilité
CDI basé à Rouen
MISSIONS
Vous serez rattaché à la Responsable paie et comptabilité
- Saisie des opérations bancaires
- Contrôle et saisie des
frais généraux
- Établissement factures clients et relance
clients
- Préparation des clôtures annuelles
- Vérification
et traitement des notes de frais
- Gestion de la flotte automobile (assurance, sinistres, entretien…) - Standard...
PROFIL
Expérience exigée de 2 ans - Bac +2 ou équivalent - Maîtrise des logiciels Word et Excel - Salaire annuel de 19 000
à 22 000 euros sur 12 mois - Mutuelle.
Veuillez adresser par mail, votre CV et une lettre
de motivation en précisant le numéro de l’offre à :
SARL Artemys - Mme Séverine Gille
[email protected]
09
IN SITU
Quand le
massage
à l’aveugle
fait sens
spa « dans le noir ? »
À Paris, l’institut le spa
« Dans le Noir ? » propose des soins
pratiqués dans l’obscurité totale
par des personnes non-voyantes ou
malvoyantes. Ce concept permet de
vivre une rencontre inédite tout en
facilitant l’intégration du handicap
dans le milieu professionnel.
10
CDH N°4 JUIN 2015
IN SITU
Q
ui n’a jamais joué à Colin
Maillard avec ses enfants, ses
cousins, ses frères… un bandeau sur les yeux, des cris autour de soi, des rires, des objets
que l’on situe sans certitudes et c’est une
perte de tous nos repères… Il faut alors
faire appel à sa mémoire pour ne pas
heurter les meubles, et se fier à ses autres
sens pour se diriger dans la bonne direction, se mouvoir dans un espace que l’on
ne maîtrise plus. Privé de la vue, le corps
met ses autres sens en éveil. On est souvent totalement démuni. C’est un moment
sensoriel à la fois angoissant et excitant
que nous propose de vivre le Spa dans le
noir. Ce projet se veut aussi éthique en
permettant à des personnes en situation
de handicap de se professionnaliser
puisque les praticiennes et esthéticiennes
sont toutes malvoyantes ou aveugles, tout
en offrant aux clients l’opportunité d’expérimenter ce qu’elles vivent au quotidien.
« Nous sommes en
passe de remporter
ce pari un peu fou :
faire remonter
la personne
handicapée dans
l’échelle de valeurs. »
Un concept répandu en Asie
Situé dans le quartier de Montmartre à
Paris, ce concept de massages et de soins
dans l’obscurité totale est inspiré des
« blind massages », pratiqués par des nonvoyants, très répandus en Asie. Les masseurs n’ont donc pas besoin de lumière
pour s’occuper de leur client, et le noir
permet ainsi de se concentrer uniquement
sur ce qui compte : les mains de sa bienfaitrice et la sensation qu’elles procurent.
« Nous proposons aux clients de ne pas être
vus et de ne rien voir pour se concentrer sur ce
qu’ils vont vivre, ressentir et sur l’échange
avec la masseuse. Né en 2011, ce concept a
mis cinq ans à se mettre en place car il a fallu
bâtir le projet, former le personnel et lever les
fonds nécessaires au développement de cet espace », explique Didier Roche, cofondateur des restaurants et spas « Dans le
Noir ?  »
DIDIER ROCHE, UN SERIAL
ENTREPRENEUR !
Didier Roche perd la vue par accident à l’âge de six ans lorsque
son frère lui tire dessus avec une carabine qu’il ne savait pas
chargée, alors qu’ils jouaient. Il passe une partie de sa scolarité
à l’Institut national des jeunes aveugles puis obtient une maîtrise
d’intelligence artificielle.
À 24 ans, il crée sa première entreprise, Itack, spécialisée dans
les biens et services pour aveugles et handicapés visuels. Près de
dix ans plus tard, en 2004, Didier Roche devient l’un des fondateurs
du groupe Ethik Investment et participe à la fondation de la chaîne
de restaurants « Dans le Noir ? » Le concept ? Les clients dînent
dans l’obscurité, guidés et servis par des aveugles. Des restaurants
ont vu le jour à Londres, Barcelone, New-York, Nairobi ou SaintPétersbourg.
L’homme crée en 2008 l’Union professionnelle des travailleurs
indépendants handicapés destinée aux 71 000 personnes en
France vivant dans cette situation ; il en est l’actuel président.
En 2011, Didier Roche lance l’institut d’esthétique et de bien-être
Spa « Dans Le Noir ? » où les esthéticiennes sont aveugles et
handicapées visuelles. Il espère continuer à construire « le premier
groupe international indépendant dont près de 50 % du personnel
est en situation de handicap lourd sans appartenir au milieu
protégé. Et où les personnes handicapées sont présentes à tous
les niveaux de l’entreprise. Car comme il dit : « Si vous êtes différent
et pertinent, vous créez de la valeur dans une entreprise ».
11
IN SITU
« Nous proposons
aux clients de ne
pas être vus et de
ne rien voir pour
se concentrer sur ce
qu’ils vont vivre,
ressentir… »
Tous diplômés d’État !
Tous non-voyants, les masseurs de ce spa
d’exception sont titulaires d’un CAP d’esthétique complété par une formation massage et soins corps très poussée. « Il fallait
créer les conditions favorables à ce que ces métiers s’ouvrent aux personnes handicapées visuelles. J’ai opté pour qu’elles bénéficient d’un
diplôme d’État, ce qui permettait au secteur de
reconnaître leur qualification et de rassurer le
client. Nos masseurs sont capables de prodiguer
des soins visage/corps et du bien-être, Ça leur
apporte une compétence supplémentaire et des
droits à exercer des activités que d’autres simplement diplômés en massage n’ont pas », détaille Didier Roche.
Le spa « Dans le Noir ? », reconnu Spa de
luxe en 2013, est en passe de devenir une
référence incontournable pour les clients,
de plus en plus nombreux, et pour ses
concurrents qui font désormais appel à
Didier Roche et ses équipes pour recruter
de nouveaux masseurs, malvoyants ou
aveugles. « Des spas de luxe m’appellent aujourd’hui pour trouver des praticiens, pour
12
CDH N°4 JUIN 2015
faire le casting à leur place et les former en
alternance chez eux, précise Didier Roche.
On apporte des lettres de noblesse à ces praticiens esthéticiens d’un genre nouveau. Notre
centre de soins à Paris est en train de s’installer comme un centre de formation, comme un
spa-école. »
Pas vraiment de prérequis pour les postulants, si ce n’est d’avoir de l’habileté et du
talent, et surtout le sens de… l’écoute.
L’écoute de l’autre, l’attention portée au
corps. Ne pas dérouler un protocole scolaire mais s’adapter à la personne massée,
au feeling. Et pourquoi pas évoluer vers
d’autres postes, sortir de cette bulle sensorielle pour faire valoir ses compétences.
Les demandes de formation sont donc en
constante augmentation : « La formation
dispensée au sein de notre établissement est de
plus en plus demandée. Les jeunes nous rejoignent après leur formation massage car ils
se sont rendu compte que la formation initiale n’était pas suffisamment aboutie : la dimension soins, la culture cosmétique, l’aspect
commercial de leur fonction… », détaille
Didier Roche.
Toujours plus d’autonomie !
Le concept développé au sein du spa
« Dans Le Noir ? » permet ainsi de démocratiser et de faire connaître ce métier
auprès de personnes qui n’osaient pas forcément se lancer du fait de leur handicap
« Nous sommes en passe de remporter ce pari
un peu fou : faire remonter la personne handicapée dans l’échelle de valeurs », raconte
fièrement Didier Roche qui ne souhaite
pas en rester là. Prochain challenge de ce
serial entrepreneur : permettre à un
aveugle de disposer de son propre spa et
tout gérer de manière autonome « Au spa
“Dans le Noir?” par exemple, Sophia, une de
nos praticiennes, a été formée et gère seule
l’établissement le lundi. Elle fait l’accueil,
gère les paiements, les plannings… Nous utilisons les technologies à notre disposition pour
les rendre accessibles aux aveugles ou malvoyants, afin qu’ils ne dépendent de personne
pour créer et gérer leur centre de bien-être »,
conclut-il.
www.lespadanslenoir.com/
IN SITU
13
VISION
Vacances
pour tous
Une aventure adaptée, un séjour en club ou un voyage organisé… l’essentiel
est de vivre de nouvelles expériences et d’être heureux ! Quelles que soient
vos envies, en hiver ou en été, faites le plein d’émotions !
15
VISION
cap expéditions
Que du bonheur !
Cap Expéditions organise des séjours à thèmes pour tout public et a créé le
concept d’aventure adaptée au profit des adultes en situation de handicap.
L’objectif est de leur offrir des vacances qui ont du sens et de les valoriser en leur
donnant un maximum d’autonomie dans un contexte humain.
O
«
uvrir la porte de nos passions aux
adultes handicapés afin qu’ils
puissent marcher vers de nouveaux possibles ». En 2008, le
rêve de Franck Le Rebourg est
devenu une réalité. L’homme à plus d’un
tour dans son sac à dos et créé la société
Cap Expéditions : « J’ai passé plus de quinze
ans à bâtir des projets pour partir à la rencontre de l’autre, mais toujours en associant
ma passion débordante pour la nature et les
animaux. Le jour où j’ai rencontré le premier
adulte handicapé, j’ai eu un coup de cœur
professionnel et j’ai toujours voulu les associer
à mon parcours. Aujourd’hui, on travaille
avec des personnes en situation de handicap
mental, lié à une déficience intellectuelle,
mais de très bonne autonomie. C’est important parce que mon métier est d’abord d’organiser du voyage aventure pour des adultes.
Il doit donc y avoir une cohérence entre le
public que l’on accueille et le produit que l’on
propose. » Cap Expéditions a développé le
concept d’aventure adaptée qui permet à
des personnes en situation de handicap de
vivre les mêmes expériences de voyages
que les personnes en bonne santé !
Créer du lien humain…
Plus que jamais, Franck se plaît comme
organisateur de séjours à thèmes.
L’homme aime travailler vite et bien sans
pâtir de la lourdeur hiérarchique qu’il a
connue dans un autre monde associatif. Il
prêche dorénavant pour son Cap Expéditions qui fait se côtoyer sports de pleine
nature, sciences naturelles, bref tout ce qui
est lié à l’environnement et au monde animal, mais également à la communication
audiovisuelle. « En toile de fond, on a la protection et l’éducation de l’environnement,
mais derrière chaque voyage, il y a un objectif
de créer du lien humain. C’est dans ce sens-là
que l’on fait du tourisme intelligent car on ne
voyage pas n’importe comment. » Cap Expéditions organise – de A à Z – des séjours
qui font du bien… ! « On conçoit des voyages
parfaitement maîtrisés où s’entremêlent émo-
16
CDH N°4 JUIN 2015
VISION
comprendre ! Quand j’ai rencontré ma
femme, elle travaillait déjà sur le langage des
signes notamment à travers la relation mèreenfant. Il n’en fallait pas plus pour ouvrir le
concept de Cap Expéditions au monde des
sourds. Aujourd’hui, nous sommes partenaires de structures comme Sign Events, basé
à Paris-la-Défense, et de Monica Companys,
une actrice née sourde, qui est un grand nom
de la langue des signes… Il faut savoir que
4 millions de personnes sont atteintes de surdité en France. »
… et de l’émotion
« Le jour où j’ai
rencontré le
premier adulte
handicapé, j’ai eu
un coup de cœur
professionnel et
j’ai toujours
voulu les associer
à mon parcours. »
Plus de 200 personnes en situation de
handicap partent chaque année avec Cap
Expéditions sur une quinzaine de voyages
différents. Ce sont souvent des travailleurs
en Esat (établissement et service d’aide
par le travail), mais beaucoup d’entre eux
ne prennent pas de vacances pour des raisons économiques, mais aussi par manque
d’autonomie. La plupart de ces adultes
handicapés sont placés dans les structures
qui ferment l’été. Souvent, l’environnement familial ne suit pas toujours pour
prendre le relais durant les vacances. Du
coup, ils sont pris en charge par des organismes de séjour… pour le meilleur et
pour le pire ! « Dans ces séjours adaptés, on
trouve de tout ! Notre philosophie est de faire
des voyages dans lesquels on accueille des
adultes handicapés. On essaie de provoquer le
sentiment d’un voyage inoubliable basé sur
des valeurs essentielles telles que le partage, la
tolérance, la curiosité ou la solidarité. À
chaque fois, nous abordons trois grands
thèmes : l’environnement, l’activité et l’émotion. Quand un participant me dit : “Je suis
content de mon voyage”, c’est un échec pour
moi, car il doit être extrêmement heureux de
ce qu’il a vécu ! »
Au début, Franck embauchait beaucoup
d’éducateurs spécialisés, aujourd’hui il privilégie les animateurs et experts… « Nous
ne faisons pas de “voyage médical”. Nous ne
pouvons pas accueillir des participants qui
ont des problèmes cardiaques, d’épilepsie, de
violence ou d’hygiène… Encore une fois,
l’aventure adaptée exige que notre public soit
autonome. »
À la rencontre de l’autre
L’été est propice à de belles escapades : le
tour des Pays-Bas à vélo, un trek dans le
Cantal pour sauver des chiens abandonnés vivant en refuge (voir encadré) durant
lequel les adultes handicapés vont dormir
de ferme en ferme, en pleine nature…
« L’authenticité et la simplicité dans un
monde parfois compliqué, en pleine nature,
mais toujours à proximité des gens. Le tourisme humain est vraiment le cœur de Cap
Expéditions. Par exemple, notre séjour, baptisé “les animaux du Cantal” est un prétexte
pour aller découvrir la nature mais toujours à
la rencontre de l’autre, ça peut être un exploitant agricole dans une ferme reculée du Can>>>
tion et évasion. Ils sont encadrés par des
guides professionnels passionnés, sportifs, ingénieurs, photographes, scientifiques capables
d’apporter des contenus de qualité tout en
vous laissant la liberté dont vous avez besoin.
Et surtout, ils ont l’esprit voyageur. »
Au-delà du handicap mental, Cap Expéditions organise aussi des séjours pour les
adultes handicapés et sourds, associant
aussi les entendants qui veulent s’initier à
la langue des signes. Tout un programme
qui a du sens ! « Mon objectif est de promouvoir la langue des signes durant ces séjours.
Pour la petite histoire, un jour, un foyer
d’adultes handicapés nous demande d’accueillir une personne sourde et autonome.
Aussitôt, on s’est demandé comment il allait
s’adapter à nos séjours, et, en définitive, c’est
nous qui nous sommes adaptés à lui ! J’ai vu
des animateurs et des participants handicapés
communiquer par les signes sur des mots très
simples comme bonjour, merci, j’aime… et se
17
VISION
>>>
tal ou encore un agent du parc régional des
volcans qui est spécialisé sur l’environnement. En parallèle, on va voir des vaches,
faire du chien de traîneau ou observer des
marmottes ou des chamois dans la montagne. »
Chez Cap Expéditions, la pédagogie repose aussi sur une démarche scientifique.
En randonnée, on ne vous dit pas le nom
de la fleur que vous croisez sur votre passage, mais on vous fait réfléchir en vous
donnant les moyens de trouver la réponse.
« L’idée est de communiquer sur ce que l’on a
vécu à travers des expositions photos où autour d’un barbecue pour passer un moment
convivial avec tous les gens que l’on aura rencontrés lors de notre voyage. Ce sont les
adultes handicapés qui gèrent l’événement.
Une fois, j’ai halluciné quand j’ai vu une
personne trisomique expliquer avec son petit
microscope à un docteur en hydrologie du parc
des volcans d’Auvergne que l’eau des volcans
« Provoquer le
sentiment d’un
voyage inoubliable
basé sur des valeurs
essentielles telles
que le partage, la
tolérance, la
curiosité ou la
solidarité. »
était de bonne qualité et pas polluée avec ses
explications et ses mots à elle. Le but du jeu
est vraiment de partager les connaissances. »
Le bonheur est dans le pré comme il peut
l’être partout à la seule condition que le
séjour soit bien pensé et surtout bien préparé. « L’objectif est que les personnes en situation de handicap viennent et reviennent
parce qu’elles ont pris du plaisir et sont heureuses. Avant d’embaucher un animateur
même pour une semaine, nous mettons en
œuvre trois jours d’entretien et de formation
en interne. À cette occasion, on part une nuit
en montagne pour observer leur comporte-
ment et leur état d’esprit, et notamment les
valeurs de solidarité, d’entraide et de respect… »
Vivre une véritable aventure !
Remplis de bons moments passés ensemble, ces voyages créent des liens entre
les adultes handicapés… Le retour à la réalité sera d’autant plus difficile que les personnes handicapées, qui sont sous la tutelle
d’éducateurs, ont souvent plus de difficultés à gérer leurs émotions. « Ainsi, quand on
part en Crète, ils prennent les transports locaux avec leurs sacs à dos et vivent une véritable aventure. Derrière, ils vont retourner
dans leurs structures où certains ont un projet
éducatif sur l’année dont l’ambition vise à
être capable de prendre seul le transport ou de
faire ses courses… Il existe un véritable décalage avec nos voyages ! » Pour cet ancien serrurier de métier, la rencontre avec les personnes handicapées a vraiment changé sa
vie. D’ailleurs, ces derniers n’hésitent pas à
appeler Franck régulièrement sur son portable pour lui dire bonjour simplement et
prendre des nouvelles de sa femme aussi.
Aujourd’hui, il continue de diriger tous les
séjours d’hiver. En dehors des grandes périodes de vacances, il accueille des adultes
handicapés dans un petit gîte en séjour de
rupture. « Là, ce sont des personnes qui ont
besoin de rompre en urgence avec le quotidien
pour se reconstruire. Actuellement, j’ai un retraité de 60 ans qui s’ennuie de son métier de
paysagiste. Alors, il nous accompagne réguliè>>>
18
CDH N°4 JUIN 2015
VISION
LE CANI TREK POUR SAUVER UN CHIEN
Un trek dans le Cantal pour sauver un chien. C’est l’opportunité incroyable de se rendre utile pendant ses vacances en donnant
la chance à des chiens abandonnés de retrouver une famille. « Grâce aux adultes handicapés, on va retrouver des familles à
ces chiens qui viennent de refuges et qui ont tous des histoires de maltraitance », explique Franck Le Rebourg, gérant et créateur
de Cap Expéditions. En août, sur une dizaine de jours à pied au travers du Cantal sauvage, les participants marcheront en compagnie
d’un chien sorti de son refuge. Leur seul souci : prendre du bon temps avec leur animal pour cette aventure. Cap Expéditions
s’engage à donner les moyens à tous les randonneurs de suivre la vie du chien à l’issue de leur voyage. Ouverts aux bons marcheurs
amoureux d’animaux ! « Ce séjour est un exemple de tourisme solidaire et utile qui œuvre au service du monde animal. Un voyage
qui démontre avec conviction l’utilité sociale des personnes handicapées dans notre société », commente Franck Le Rebourg.
19
VISION
>>>
rement en voyage ou pour son plaisir prend
ma tondeuse, mes cisailles pour aller tailler
tout ce qui traîne dehors. Il faut qu’il y ait un
objectif derrière car je ne veux pas faire de
garderie… »
Une fois les vacances finies, l’équipe de
Cap Expéditions revient voir les participants pour se rappeler les bons souvenirs
et leur présenter des photos ou des films.
« Nous associons dès que possible les structures
d’accueil des adultes handicapés en leur proposant une collaboration de qualité avant
pendant et après les séjours. Notre rôle est
aussi de faire part aux éducateurs de ce que
l’on a pu observer pendant les séjours afin de
créer des axes de réflexion sur leur parcours
professionnel. En fait, on ramène souvent les
personnes handicapées à leur handicap, c’est
pénible ! » Intarissable, Franck poursuit et
se remémore une anecdote : « C’est l’histoire
de Michel, l’un de nos handicapés, qui venait
dans notre petit gîte situé au bord d’un lac
« Il suffit
simplement de
leur faire
confiance pour
leur permettre de
faire de grandes
choses. »
Le sourire aux lèvres, Franck Le Rebourg, directeur
de Cap Expéditions, et sa femme (à droite),
en compagnie d’une animatrice, sont devenus
des « fabricants d’émotion et de bien être »…
flexion : “Tu te rends compte, s’il se jette dans
l’eau ! Il y a un vrai risque de noyade.” Cette
approche du handicap m’énerve un peu car
Michel est en vacances et il a juste envie de
pêcher et d’être peinard. Il suffit simplement
de leur faire confiance pour leur permettre de
faire de grandes choses. »
Lever les barrières
de la différence !
uniquement pour le plaisir de pêcher. Il me
dit : “Les poissons on les attrape mieux à 4 ou
5 heures du matin”. Je lui réponds : “Je vais me
lever avec toi et en plus tu vas m’apprendre à
pêcher”. Du coup, on lui a montré comment
faire son petit café et organiser sa pêche tout
seul. J’ai raconté ça à des animateurs en formation et à ses éducateurs qui ont eu cette ré-
20
CDH N°4 JUIN 2015
Les vacances sont aussi propices aux rencontres amoureuses. « Au départ, certains
sont déjà en couple et prennent une chambre,
d’autres se forment en cours de route. Alors,
on appelle les structures pour leur demander
si on peut mettre à leur disposition une
chambre ou une tente lorsque l’on est en itinérance. La sexualité des adultes handicapés ne
doit pas être taboue et je ne suis pas là pour les
contraindre. Lors des formations, nous abordons toutes les questions liées aux personnes
handicapées y compris la sexualité. Ça permet
d’avoir des grands débats et une pensée commune sur la conduite à tenir. »
La question de la nourriture est aussi au
centre des préoccupations et s’élève même
au rang de concept : « Nous n’utilisons que
des produits frais achetés dans les fermes.
Ainsi, on va faire le choix d’aller sur les exploitations agricoles à la rencontre des producteurs qui font pousser des légumes… et
l’on va s’intéresser à leur quotidien et à leur
travail en posant des questions sur le vivant
et le non-vivant. » Décidément, rien n’est
jamais pareil chez Cap Expéditions qui
propose des voyages d’aventure et des séjours nature ouverts à tous et toujours au
contact des populations locales. « Notre
vision du handicap se nourrit de convictions.
La principale étant de penser qu’il est possible
de faire de grandes choses et d’entreprendre
des voyages ambitieux aux côtés d’adultes
handicapés. On lève les barrières de la différence et de la compétence car ces personnes
sont capables de faire des grandes choses !
Nous fabriquons du rêve et de l’inoubliable
tel que l’exige notre concept d’aventure adaptée », conclut Franck.
VISION
handiplage
Sous les
fauteuils,
la plage
Difficile de profiter de la
plage lorsque l’on est en
situation de handicap. Pour
que fauteuil roulant rime
aussi avec baignade, Ramón
Espi, paraplégique depuis un
accident de moto survenu
alors qu’il avait 15 ans,
décide de fonder en 1997
l’association Handiplage.
Objectif ? Sensibiliser et
mobiliser les élus aux
attentes des personnes
handicapées moteurs à la
plage. Entretien.
Comment a commencé l’aventure
Handiplage ?
Je suis arrivé dans la région en 1995 où j’ai
rencontré mon épouse, Brigitte Bercksmans. À l’époque, nous faisions partie
d’une équipe de basket handisport. La
proximité de la plage nous a de suite donné
l’envie de nous baigner, mais nous ne pouvions pas ! À la lecture d’une revue, nous
avons appris que l’hôpital marin d’Hendaye proposait un dispositif de baignade
pour ses patients avec un système de tiralo.
Après quelques séances, nous avons ramené tous nos copains de l’équipe de basket !
L’hôpital vous a dit très vite que
ce n’était plus possible…
Effectivement ! La baignade était organisée uniquement pour les patients et l’hôpital n’avait pas vocation à nous recevoir.
Du coup, nous avons fondé Handiplage,
et sommes allés voir le maire d’Hendaye
de l’époque, Mr Lassallette. Il a immédiatement adhéré à notre projet, et, dès l’été
suivant, la plage des Deux Jumeaux était la
première plage accessible de tout le pays.
De fil en aiguille, toutes les mairies de la
côte basque ont suivi : Saint-Jean-de-Luz,
Biarritz, Anglet… Et pour finir, tout le
littoral français !
Comment est équipée une plage
handiplage ?
Depuis 2002, nous avons créé notre
propre label handiplage qui est attribué à
toutes les municipalités souhaitant faire
agréer leur plage par notre association.
Les sites doivent répondre à un cahier des
charges précis sur des points aussi divers
que les équipements, rampe d’accès, cabines, le stationnement, la présence d’un
handiplagiste ou des sanitaires à moins de
100 mètres... Ce système permet de répertorier toutes les plages accessibles sur
notre site internet via une carte interactive. Il est même devenu un outil indispensable pour les personnes qui partent
en vacances. Aujourd’hui, il existe environ
290 plages accessibles à tous, dont nos
70 plages labellisées.
Quel est le rôle d’un handiplagiste ?
Il accompagne les vacanciers dans leur baignade. Ce sont de jeunes gens sensibilisés
au handicap que nous formons sur deux
jours. Depuis le lancement de cette activité,
plus de 100 personnes sont passées par ces
modules de formation. Ils apprennent
principalement à avoir une bonne attitude
avec les personnes en situation de handicap
et surtout à bien manier les tiralos. Il s’agit
d’un fauteuil des mers permettant une mobilité optimale dans l’eau. Finalement, nous
avons rencontré à Hendaye Robert Guiglion, l’inventeur de cette machine, qui occupait à l’époque le poste de directeur de
l’ESAT de Jurançon. Avec lui, nous avons
étudié l’ergonomie des modèles afin qu’ils
soient le plus pratiques et confortables possibles. Désormais, les tiralos sont très performants, à tel point que l’ESAT continue
de les produire et de les exporter même à
l’international.
Avez-vous d’autres projets ?
Oui, il y a quelques années, nous avions
publié un guide des loisirs accessibles sur
la côte basque, Handilong. Ce projet a été
remplacé par Handiplus Aquitaine, un
site internet dédié au tourisme adapté
dans notre région et soutenu par le
Conseil général des Pyrénées-Atlantiques
et la région Aquitaine. Nous voulons également faire reconnaître l’association
comme centre de formation agrée pour
que la formation d’Handiplagiste devienne certifiée. Malheureusement, nous
n’avons reçu aucun soutient de l’État et ne
pouvons compter que sur l’aide régionale.
Malgré cela, nous avons engagé un salarié
à l’année. Aujourd’hui, nous pouvons vraiment être fiers des progrès gigantesques
réalisés en vingt ans en manière d’accessibilité des plages.
21
VISION
L’invitation
aux voyages…
vacances bleues - transat vacances
Vacances Bleues et Transat France ont relevé le défi du handicap pour vous accueillir.
En France ou à l’étranger, en clubs ou en circuits, ne ratez pas ce moment inoubliable de vibrer
au rythme de vos émotions et de faire le plein de souvenirs !
V
acances Bleues, c’est plus de
140 destinations : en hôtels, clubs
et résidences, en France et dans le
monde, en formules escapades,
circuits, croisières, séjours et immersions. Acteur dynamique et responsable
du tourisme français depuis plus de quarante
ans, le groupe Vacances Bleues permet au
plus grand nombre de profiter pleinement
des vacances ! « Si construire des échanges humains de qualité est le moteur du groupe, les
belles infrastructures de nos sites et leurs situations uniques, en bord de mer, à la campagne ou
en montagne, sont également deux atouts majeurs pour offrir aux vacanciers une expérience
réussie, explique Séverine Rousseau, responsable Ressources humaines. Il faut savoir que
sept clients sur dix reviennent chaque année ! »
Proposer une qualité de service maximale à
des prix très compétitifs pour les enfants est
également au cœur de la philosophie du
groupe. Évoluant au fil des années, la clientèle de Vacances Bleues est aujourd’hui majoritairement constituée de jeunes seniors.
« Ils viennent pour profiter d’un séjour en famille lors des vacances scolaires, mais aussi seuls
ou en couple. Férue de découvertes culturelles, de
nouvelles technologies, de sport, cette clientèle recherche des séjours en harmonie avec ses centres
d’intérêt et son mode de vie », poursuit Séverine Rousseau. L’offre de Vacances Bleues
évolue donc tout au long de l’année pour répondre à ces attentes.
En parallèle, le groupe œuvre pour la rénovation constante des hôtels et le développement du parc hôtelier Vacances Bleues
en France. Avec un taux de recommandation de plus de 90 % en 2014, Vacances
Bleues met plus que jamais à l’honneur sa
philosophie en prônant le partage : « Créer
des temps où l’on se retrouve en famille durant
les vacances scolaires ou entre vacanciers autour d’activités communes, c’est aussi cela que
nos clients aiment trouver dans nos hôtels et
clubs », rappelle Séverine Rousseau.
Pour accueillir au mieux les personnes en
situation de handicap, Vacances Bleues a
mis en place des plans de travaux pluriannuels sur l’ensemble de ses sites qui
22
CDH N°4 JUIN 2015
prennent en compte les normes d’accessibilités au fur et à mesure. « Nous orientons
ces travaux avec notre architecte d’intérieur
sur les chambres PMR (personnes à mobilité
réduite) avec un concept Vacance Bleues qui
intègre les espaces et les fonctionnalités dans
une chambre à l’esprit plus “balnéo” que “médicale”, ce qui valorise le client et rend la chambre
exploitable pour tous sans discrimination. Par
exemple nos sites de Menton ont mis en place
une organisation pour identifier les clients en
chambres PMR selon le type de handicap »,
ajoute Séverine Rousseau.
Le groupe peut aussi concevoir des séjours à
la demande en fonction de l’accessibilité de
ses sites, comme avec l’association des
aveugles où 200 personnes ont été accueillies
au cours de séjours incluant excursions et
animations adaptées. « L’un était à Gréau-lesBains, près de Manosque, où l’on avait aménagé
VISION
nos excursions avec un spécialiste de l’odorat…
On a même fait une soirée dans le noir où l’on a
mangé dans une salle du restaurant avec des
masques. Il fallait deviner ce que l’on mangeait
et découvrir les saveurs », se souvient Séverine
Rousseau. En parallèle, Vacances Bleues travaille aussi avec l’association France Alzheimer pour l’accueil de mini-groupes et Handicap-Car à Lyon qui est leur client depuis
plus de vingt ans…
En interne, Vacances Bleues développe depuis plusieurs années des actions de sensibilisation pour ses managers sur le recrutement
des collaborateurs en situation de handicap,
mais aussi sur les relations avec les différents
acteurs du handicap. Tous les métiers de Vacances bleues sont concernés ! « Pour les hôtels,
ce sont des techniciens de maintenance, responsable technique, femme de chambre, gouvernante, réceptionniste, serveur, cuisinier, barman,
directeur, et pour le siège, cela concerne principalement les métiers administratifs et commerciaux », conclut Séverine Rousseau.
Transat France : des voyages
organisés aux séjours en clubs
Transat France est une filiale du groupe
international Transat A.T. inc. qui regroupe
Look Voyages, une marque tournée vers les
vacances en clubs, et Vacances Transat,
spécialiste des voyages organisés. « Chez
Look, nos produits phare sont les Clubs Lookéa
situés à l’étranger, notamment sur le bassin
méditerranéen et les Caraïbes. Avec Vacances
Transat, nous proposons de nombreuses destinations sur l’ensemble des continents. Si les
vacances en club privilégient l’animation et la
détente, les circuits permettent aux voyageurs
de découvrir un pays dans toute sa diversité et
« Valoriser le
client et rendre
la chambre
exploitable pour
tous sans
discrimination. »
de construire leur itinéraire », explique Nathalie Leray, chargée du recrutement.
Chez Transat France, les emplois sont toujours ouverts aux handicapés. « Chaque année, nous intégrons un ou deux stagiaires au
sein du siège. Par ailleurs, notre mission vise
aussi à maintenir dans l’emploi les personnes
handicapées et accompagner celles qui veulent
obtenir une Reconnaissance de la qualité de
travailleur handicapé (RQTH). Au total, nous
avons recruté 12 personnes en situation de
handicap. Nos critères s’appuient d’abord sur
les compétences techniques pour le poste envisagé puis sur l’aspect relationnel et le travail en
équipe, très importants dans le tourisme », témoigne Sylvie Lepenant, assistante DRH.
Sur demande, les équipes de Transat France
apportent aussi leurs conseils sur les circuits
ou voyages les plus adaptés capables d’accueillir des personnes en situation de handicap. « Aujourd’hui, nous avons des lieux de
séjour où l’accessibilité est en place pour recevoir
des personnes en fauteuil, mais aussi des groupes
d’aveugles en voyage organisé. Nous avons
d’ailleurs créé un tableau qui recense l’accessibilité des chambres dans nos Clubs Lookéa et
permet ainsi à nos services de réservation de
pouvoir renseigner au mieux nos clients handicapés », résume Sylvie Lepenant.
On l’aura compris, Transat France et ses
marques mettent la personne en situation
de handicap au cœur de leurs séjours. Alors,
à vous de jouer !
23
OFFRES D’EMPLOI
Organisme de conseil et de formation
pour les métiers de l’automobile
(400 salariés, 16 agences régionales,
17 centres de formation)
recherche
TÉLÉCONSEILLERS
CDI, 37 H/semaine, 13.5 RTT – Basé à Sèvres (92)
Rémunération annuelle : 22 800 euros bruts + primes
MISSIONS
Développer les ventes et le chiffre d’affaires, finaliser les
commandes par téléphone, prospecter, détecter des besoins
et conseiller les entreprises, leur présenter l’offre du GNFA,
assurer le suivi des ventes avec les assistantes du service…
PROFIL
Bac/Bac + 2 vente et commerce. Vous justifiez d’une 1re expérience réussie en vente par téléphone – maîtrise de l’outil informatique (Excel…). Aisance téléphonique et fibre commerciale
indispensables. Goût de la performance et de l’émulation…
Si vous souhaitez rejoindre notre équipe,
envoyez votre candidature à : [email protected]
Merci d’adresser votre candidature sous la réf :
RH/TMK, GNFA- Service RH - 41-49, rue de la
Garenne - CS 10008 - 92315 Sèvres Cedex France
[email protected]
recherche toute l’année des
AGENTS DE SÉCURITÉ ET CYNOPHILES (H/F)
MISSIONS PRINCIPALES
Assurer la sécurité des biens et des personnes, appliquer les procédures et respecter les consignes, respecter la réglementation et les directives, effectuer des rondes de surveillance et de sécurité, lever de doutes, établir des rapports d’intervention, rendre compte à sa hiérarchie
Contrat : CDI (temps complet) – Durée de vacation : 12 heures en horaire de jour et/ou nuit – Salaire brut mensuel : 1 462 à
1 506 euros (selon poste occupé) – Lieux de travail : Corbeil Essonne, Massy Palaiseau, Moissy Cramayel, Vert Le Petit – Postes à
pourvoir à partir du 1er janvier 2015
PRÉ REQUIS OBLIGATOIRES
Carte professionnelle en cours de validité, diplômes en cours de validité (SST, SSIAP…), remplir les conditions d’habilitation
« confidentiel défense »
Envoi des candidatures par mail en rappelant la référence RRH-VF-CDH :
[email protected]
25
TENDANCE
LE DIU EN BREF
100 heures de formation (2 à 3 j/mois) + 70 heures de stage. Niveau de la formation : bac +5. Niveau de recrutement : bac +3 ou
expérience professionnelle dans le domaine du handicap (quel que soit le niveau d’études), capacité à suivre un enseignement
universitaire. Recrutement sur CV, lettre de motivation et entretien. Contact : Karine Gros (maître de conférences Upec, responsable
pédagogique du DIU) [email protected] et Nathalie Bourgoin (responsable administrative) [email protected]
26
CDH N°4 JUIN 2015
TENDANCE
diu référent handicap
« Une appétence
pour la question
du handicap »
Le handicap entre à l’université ! En janvier 2015, Paris-Est-Créteil et Paris-Est
Marne-la-Vallée ont en effet développé la première session de formation pour devenir
référent handicap en entreprise ou dans le secteur public. Objectif : améliorer l’accueil
et l’accompagnement des personnes handicapées. Entretien avec Karine Gros, maître
de conférences à l’Upec et responsable pédagogique de la formation.
Pourquoi avoir créé ce nouveau diplôme
interuniversitaire (DIU) ?
Depuis la loi handicap du 11 février 2005,
on constate une véritable prise de
conscience dans la nécessité de promouvoir une société plus inclusive pour les
personnes en situation de handicap. D’ailleurs, il suffit de regarder l’éclosion des
missions handicap pour s’en convaincre.
En dehors du secteur spécialisé, la plupart
des intervenants ont dû apprendre sur le
tas. C’est pourquoi nous avons fait le choix
de soutenir la professionnalisation de ces
métiers en délivrant un diplôme de niveau
bac +5.
Quel est le but de la formation ?
Tout d’abord, elle « cible » un public large
concerné par l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap : personnels des entreprises privées
et publiques, Éducation nationale, associations, collectivités, mais aussi étudiants,
aidants familiaux ou demandeurs d’emploi. Le but est de leur permettre d’obtenir
une reconnaissance professionnelle par
l’acquisition d’un diplôme universitaire
dans le domaine du handicap. La formation devra apporter des connaissances
pratiques et des techniques immédiatement exploitables. De ce fait, le cursus
comprend une période de stage de
70 heures, sur le terrain, et la réalisation
d’un mémoire professionnel, qui portera
sur un cas pratique.
« Nous sommes
tellement sollicités
que nous préparons
déjà la 5e session
de janvier 2017
et les emplois du
temps associés ! »
Le DIU est un vaste programme…
Il concerne des personnes déjà engagées
dans le handicap, ayant au minimum un
bac +3 ou une expérience professionnelle.
D’autre part, la formation est assurée par
des universitaires et des spécialistes du
handicap : médecins du travail, représentants du secteur adapté, chercheurs, responsables de missions handicap, agents des
maisons départementales des personnes
handicapées (MDPH), opérateurs institutionnels comme l’Agefiph ou le FIPHFP…
Le cursus a été construit avec deux entreprises partenaires, Thales et Capgemini. En
parallèle, nous travaillons aussi avec Handiem, l’association d’entreprises du médicament centrée sur le handicap, et plus de
200 TPE (très petites entreprises) et PME
(petites et moyennes entreprises) compte
tenu de la différence de leurs problématiques en matière de handicap.
Le succès est au rendez-vous…
Nous sommes tellement sollicités que
nous préparons déjà la 5e session de janvier 2017 et les emplois du temps associés ! Nous ne souhaitons pas dépasser le
nombre de 28-30 stagiaires par session
afin de pouvoir travailler en petits groupes
et proposer un véritable suivi personnalisé. Lors des dernières sessions, nous approchons les 100 % de candidats handicapés ! Au-delà de ce DIU, nous avons été
sollicités par des entreprises pour des formations courtes à destination de leurs
managers et représentants en ressources
humaines, ciblées sur leurs problématiques et leurs besoins.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé
à la question du handicap ?
Au départ, je suis maître de conférences de
l’ex-IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres) désormais remplacé par
les ESPE (Écoles supérieures du professorat
et de l’éducation), et, en tant que formateur
des enseignants, nous sommes évidemment
sensibilisés à la question de l’insertion scolaire des élèves en situation de handicap.
Suite à la loi du 11 février 2005, notre hiérarchie nous a proposé de nous investir dans
le domaine du handicap si on le souhaitait,
et ce défi m’a beaucoup intéressée. Je me suis
d’abord lancée dans l’insertion scolaire des
27
TENDANCE
élèves handicapés en étant formée moimême. Je me suis rapidement aperçue qu’il
ne suffisait pas de considérer simplement
l’insertion scolaire, mais qu’il fallait aussi tisser des liens jusqu’à l’insertion professionnelle et sociétale, et ce champ-là n’était pas
développé au sein de l’ESPE de Créteil. En
conséquence, j’ai voulu l’étendre au niveau
de l’ensemble de l’université Paris-Est Créteil en initiant différents projets de formation et de recherche avec mes équipes en me
rapprochant des entreprises, associations,
MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), Sameth (Services
d’appui au maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés), collectivités territoriales, région, rectorat…
Comment développer une politique
handicap ?
À mon sens, il est nécessaire d’avoir de l’appétence pour la question du handicap et
plus largement de la diversité. Ensuite, il
faut savoir conduire des projets de formalisation, de gestion, de communication, d’exploitation de la politique handicap. Être
autonome, mais aussi pouvoir travailler en
équipe pluriprofessionnelle et pluridisciplinaire et faire appel à la MDPH ou aux collectivités territoriales. Créer un maillage fort
et collaborer avec le service de communication de l’entreprise, sinon devenir soi-même
communicant en interne et en externe de ses
projets. Savoir être à l’écoute de la personne
handicapée et envisager tout ce que l’on peut
mettre en place de manière durable avec des
ajustements constants. Sur ce point, il est
28
CDH N°4 JUIN 2015
« Si l’on développe
la pensée de
la diversité,
on se reconnaîtra
davantage
dans l’autre… »
important de faire comprendre à nos stagiaires qu’il y a une évolution de la maladie,
du handicap, mais aussi des ambitions de la
personne, de l’entreprise et de ses objectifs. Il
est donc important de s’ajuster en permanence. C’est aussi la raison pour laquelle les
personnes en situation de handicap sont
souvent mal accompagnées !
La politique handicap des entreprises,
c’est souvent la même chose en trois
mots : embauches, maintien, utilisation
des ESAT… Ne faut-il pas remettre
l’humain au centre de l’entreprise ?
Je me bats pour le bien être au travail et ça
passe effectivement par la prise en compte
de l’humain. Il est nécessaire de mettre en
œuvre une vraie démarche d’amélioration
de la qualité de vie au travail pour permettre aux personnes en situation de handicap et à tous les acteurs de l’entreprise
de ressentir du bien-être tout en favorisant leur développement personnel.
Le handicap est souvent envisagé
de manière isolée…
On doit l’englober au sein du concept de
diversité et intégrer la question du handicap avec celle du public fragilisé, des étudiants étrangers, des femmes, des jeunes
issus des quartiers défavorisés, du public en
reprise d’études. En effet, ils rencontrent
tous des problématiques similaires concernant notamment la difficulté d’envisager
des études longues ou de trouver un stage.
Ensuite, une fois diplômés, tous sont
confrontés à un véritable parcours du combattant pour trouver un emploi. Je pense
que si l’on développe la pensée de la diversité, même s’il faut catégoriser et s’occuper
des spécificités de chacun, on se reconnaîtra davantage dans l’autre. Alors, on arrêtera de classer les gens en fonction de leur
pseudo-performance…
Avez-vous un retour d’expérience
des stagiaires ? Ont-ils évolué dans
leur mission ?
Quand ils sortent de notre formation, les
stagiaires sont exaltés ! Ils éprouvent le besoin d’en reparler et nous envoient beaucoup de mails. Ils prennent la véritable
mesure du rôle qu’ils doivent jouer pour
mener une politique handicap ambitieuse
au sein de leur entreprise. Ils se sentent
mieux armés car ils ont acquis une méthode
pour être plus performants dans leur suivi.
Interactive, cette formation nous apporte
aussi beaucoup. On progresse tous ensemble pour mieux se professionnaliser !
OFFRES D’EMPLOI
Millenium Exponet SAS est une société de propreté, spécialisée dans le domaine des salons, expositions et tertiaire.
Avec un chiffre d’affaires de plus de 10 millions d’euros annuels et 450 salariés, nous sommes depuis plus
de quinze ans un acteur majeur du nettoyage dans le secteur.
Notre objectif : satisfaire nos clients, c’est pourquoi nous nous efforçons de contrôler quotidiennement nos prestations.
Dans le cadre de notre développement, nous recherchons :
UN(E) ASSISTANT(E) ADMINISTRATIF(VE)
ET COMMERCIAL(E)
En CDI à temps complet dont les missions sont :
– Assurer le standard/accueil physique
– Gérer les commandes des services généraux
– Rédiger des courriers
– Traiter les fichiers RH
De formation Bac +2 de type assistant de Gestion PME/PMI, vous justifiez d’une expérience d’au moins deux ans sur ce type de poste.
Vous êtes autonome, polyvalent, organisé, rigoureux, dynamique et vous avez une aisance téléphonique.
Vous maîtrisez l’anglais et la bureautique avec idéalement un logiciel type Sage ou Ciel.
UN(E) ASSISTANT(E) COMMERCIAL(E)
En CDI à temps complet dont les missions sont :
– Référent clients et fournisseurs et les différents acteurs de l’entreprise
– Aide à la facturation et au suivi des relances
– Élaboration de devis commerciaux
– Suivi de dossiers
– Diverses saisies informatiques
– Relance téléphonique clients
De formation Bac +2 de type BTS MUC ou NRC, vous avez une expérience d’au moins deux ans sur ce type de poste.
Vous êtes autonome, rigoureux, organisé, dynamique et vous avez un excellent relationnel téléphonique.
Vous maîtrisez l’anglais et la bureautique avec idéalement un logiciel type Sage ou Ciel.
UN(E) COMMERCIAL(E)
En CDI à temps complet dont les missions sont :
– Prospection téléphonique et physique
– Réponse aux appels d’offres
– Rédaction du cahier des charges
– Étude financière
– Proposition commerciale
– Conclusion de la vente
– Participation au démarrage du chantier
De formation Bac +2 type BTS NRC, vous êtes dynamique, persévérant, ambitieux et vous avez le sens du relationnel.
Merci d’adresser votre candidature par mail :
[email protected]
29
PAROLE
accompagnement sensuel et/ou sexuel
L’amour,
émoi
et
moi…
Ignorée et écartée des
débats dans notre société, la
sexualité des personnes en
situation de handicap reste
encore taboue… L’association
pour la promotion de
l’accompagnement sexuel
(Appas) milite pour que le
droit au désir, à la tendresse
et à l’amour soit enfin
reconnu aux personnes
vivant chez elles ou en
établissement spécialisé.
Depuis plus de dix ans, les
accompagnants existent
dans la plupart des pays
européens. Alors, c’est pour
quand en France ?
30
CDH N°4 JUIN 2015
L
e chemin à parcourir pour faire valoir la liberté d’accéder à une vie
affective et sexuelle est encore
long… Et pourtant, les personnes
handicapées, mais aussi leurs familles et les professionnels, n’ont de cesse de
dénoncer le tabou que revêt aujourd’hui
cette question majeure. Aujourd’hui, Marcel
Nuss, écrivain et militant alsacien, lourdement handicapé par une amyotrophie spinale, une maladie qui entraîne une fonte des
muscles, a fait de l’accompagnement affectif,
sensuel et sexuel son combat. À 60 ans, il
rêve d’une vie sexuelle légalisée pour les personnes handicapées de France. Il avoue : « Je
pense qu’à force d’être enfermé dans un corps, on
a un sens très aigu de la liberté ». C’est pourquoi il crée en août 2013 l’Association pour
la promotion de l’accompagnement sexuel
(Appas) dont l’un des objectifs prioritaires
est, non seulement, d’élaborer et de proposer
des formations à l’accompagnement sexuel
et un agrément mais, également, un suivi et
une écoute à ces personnes afin qu’elles ne
soient plus livrées à elles-mêmes. Il ne néglige pas sa peine et parcourt la France, la
Belgique ou encore la Suisse pour témoigner de « cette dimension humaine trop souvent négligée ou évacuée ! Car l’accompagnement sexuel n’est pas une fin, mais un moyen,
parmi d’autres, de retrouver confiance en soi, en
son corps et sa sexualité ». Ainsi, elle représente une aide pour la « vraie vie », lorsqu’une
relation amoureuse se présentera.
Que fait-on de l’intimité
dans les institutions ?
Pour Marcel Nuss, tout le monde parle de
l’accompagnement sexuel, mais, en fait,
c’est l’arbre qui cache la forêt : « Quand on
va dans les institutions, on constate très souvent que l’intimité n’est pas respectée car le
personnel entre dans les chambres comme dans
un moulin, sans attendre l’autorisation… La
plupart du temps, il n’y a jamais de lits doubles
et on fait tout pour empêcher les couples de se
former. Comment voulez-vous respecter la
PAROLE
sexualité alors que vous n’arrêtez pas d’enfreindre l’intimité des personnes, c’est insupportable ! Dans les institutions, tant que les
personnes sont des objets de soins et pas des
sujets de soins on n’y arrivera pas. Ce sont les
professionnels qui ont un problème et pas les
personnes handicapées pour la simple raison
que les formations ne sont plus adaptées. »
« La France a un problème avec
ses libertés individuelles »
Ce combat ne date pas d’hier ! En 2011,
sous la forme d’une lettre ouverte, Marcel
Nuss interpellait déjà Roselyne Bachelot
opposée aux assistants sexuels pour les personnes handicapées. « Comment une ministre
de la Santé peut-elle être contre alors qu’elle n’a
jamais rencontré des assistants sexuels ou des
personnes handicapées ayant bénéficié d’un accompagnement sensuel et/ou sexuel ? Dans une
société qui se prétend être à l’origine des droits
de l’homme, on ne reconnaît toujours pas l’accompagnement sexuel. Et pourtant, la France
a ratifié la définition de la santé sexuelle adoptée par l’OMS (Organisation mondiale de la
santé) en 2002. En fait, la France a un problème avec ses libertés individuelles et fait toujours preuve d’hypocrisie sur les questions essentielles de l’IVG, de la PMA et du suicide
assisté… » De quelle santé sexuelle parle-ton ? Pour l’OMS, elle est comprise comme
« un état de bien-être physique, émotionnel,
mental et social associé à la sexualité. Elle ne
consiste pas uniquement en l’absence de maladie, de dysfonction ou d’infirmité. […] La
sexualité est un aspect central de la personne
humaine tout au long de la vie… »
« Parler du handicap
n’est pas rentable,
alors les politiques
ne prennent pas
le risque… »
On l’aura compris : la question de la liberté
pour les personnes handicapées à une vie
affective et sexuelle est encore taboue, voire
malsaine. Mais qu’entend-on par accompagnement sensuel ou sexuel ? « Cette exploration passe par le toucher, les massages, les caresses et peut aller jusqu’à la masturbation ou la
pénétration, mais ce n’est pas un passage obligé,
explique Marcel Nuss. Il s’agit d’apprendre à
prendre conscience de son corps et à l’apprivoiser. Nous avons de nombreux témoignages de
personnes, accompagnées ou accompagnantes,
que cette expérience a transformées. C’est une
étape qui aide à construire sa vie affective. »
Enfin, la première formation
d’accompagnants sexuels !
Du 12 au 15 mars, l’Appas a organisé la première formation d’accompagnants sensuels
et/ou sexuels rassemblant 13 stagiaires, de
21 à 73 ans, des étudiants, des travailleurs
sociaux et trois escorts (deux hommes et une
femme). L’un des critères demandés aux
candidats est de ne pas avoir besoin de cette
activité d’accompagnant sexuel pour vivre.
Durant ces journées, psychologue, sexologue, ostéopathe, juriste se sont relayés pour
former et informer. En parallèle, des accompagnants sexuels d’autres pays ont aussi pu
témoigner de leur expérience. Le droit français – contrairement à la loi hollandaise,
danoise, allemande, suisse, belge ou américaine – ne reconnaît pas l’accompagnement
sexuel aux personnes handicapées. « Juridiquement, le statut d’accompagnant sexuel est
considéré comme une forme de prostitution, sauf
que celle-ci en France est légale, précise Marcel
Nuss. Le seul problème découle du proxénétisme
car l’accompagnement sexuel est tarifé. Mais
nous voulons mettre ce débat sur la place publique et obtenir une jurisprudence, à terme. »
Et les politiques, quelle attitude ont-ils dans
ce débat entourant le thème de la sexualité ?
« Parler du handicap n’est pas rentable, alors les
politiques ne prennent pas le risque, même si
aujourd’hui un député a adhéré à l’association
et va nous verser une partie de sa réserve parlementaire. Des élus commencent à nous rejoindre
et nous soutiennent. L’Appas fait aussi partie
des associations primées par l’Ocirp le 15 juin
2015. J’arrêterai quand on aura réussi à obtenir soit un changement de la loi soit une jurisprudence. J’ai fait la promesse en 2007 que
l’accompagnement sexuel sera une réalité en
France ! » conclut Marcel Nuss.
BIO
Marcel Nuss est atteint d’une amyotrophie spinale, une maladie
congénitale évolutive découverte à l’âge de 8 mois. À 5 ans, c’est le
fauteuil ; à 9 ans, il est incapable de s’asseoir sans corset, mais il est
scolarisé dans l’école de son village en Alsace. Cette période lui a permis
de mûrir et d’affronter « la vraie vie », selon ses mots. À 17 ans, il perd
l’usage de ses membres supérieurs. Deux ans plus tard, il est victime
d’un arrêt respiratoire et restera six ans à l’hôpital. Pour lui, c’est en fait
le vrai début de sa vie. « C’est paradoxal, mais il a fallu que je frôle la
mort pour aller vraiment vers la vie. » Il découvre la sexualité à travers
les confidences des infirmières. Un jour, il en rencontre une de 21 ans,
Gaby. De l’amitié à l’amour, il n’y a qu’un pas que Gaby va franchir en
démissionnant de l’hôpital et en s’installant avec Marcel Nuss chez eux
pour s’en occuper 24 heures sur 24. Une grande aventure amoureuse et
humaine exceptionnelle ! Avec Gaby, il se marie et a deux enfants. Après
vingt-trois ans de vie commune, il divorce et se remarie en février 2015
avec Jill, 30 ans, une ancienne escort-girl à qui il avait fait appel pour
accompagner sexuellement une autre personne en situation de handicap.
Elle lui répond : « Il n’y a pas de problème même si tu es tétraplégique
car on a tous nos problèmes. » Désormais, elle pratique aussi
l’accompagnement sexuel tout en découvrant une utilité sociale à sa vie.
Aujourd’hui, Marcel Nuss rêve d’une vie sexuelle légalisée pour les
personnes handicapées de France. Il a écrit sa biographie, des essais, de
la poésie et parcourt la France pour donner des conférences consacrées
aux handicapés et à leurs problèmes, à commencer par le sexe.
31
SPOT
Si vous êtes
différent
et pertinent,
vous créez de
la valeur dans
une entreprise
Didier Roche, cofondateur des restaurants et spas « Dans le Noir ? »
Au bout de trois ans de
non-respect de l’obligation
d’emploi, l’employeur est soumis
à une surcotisation de 1 500 fois
le Smic horaire (soit 14 295 €
par personne manquante au
1er janvier 2014), quel que soit
l’effectif de l’entreprise.
Autant dire que le durcissement
récent de la réglementation
à l’égard des entreprises qui
ne respectent pas le taux légal
de 6 % d’emplois de personnes
handicapées « crispe » les
patrons de PME.
« N’oubliez pas que l’on n’embauche pas un handicapé, mais
des compétences ! Alors, n’hésitez pas et faites de la différence
une opportunité au service de l’entreprise. »
32
CDH N°4 JUIN 2015
Transat France
regroupant les marques Vacances Transat
et Look Voyages recrute
www.look-voyages.fr
www.vacancestransat.fr