L`accouchement naturel et ses bienfaits

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L`accouchement naturel et ses bienfaits
Se préparer | Accueillir bébé
X
Et si les mamelons
sont rétractés ?
FAUT-IL SE PRÉPARER
À ALLAITER ?
X
Rares sont les manuels de
puériculture, les articles de
magazine, les sites Internet qui,
abordant le sujet de l’allaitement,
ne parlent pas d’une « préparation »
quelconque. Mais est-il nécessaire
de se préparer à l’allaitement, et
plus particulièrement de préparer
ses seins ?
ClaudeSuzanne
DidierjeanJouveau
À
ma connaissance, aucune
femelle mammifère ne
« prépare »
ses mamelles
à l’allaitement
de ses petits.
Si les femmes
se croient
obligées de
le faire, et ce depuis toujours, c’est que, dans l’espèce
humaine, l’allaitement n’est
pas seulement naturel, mais
aussi culturel. Et que chaque
culture possède ses propres
attentes, notamment par
rapport à l’aspect des seins
allaitants. En Occident, où
les seins doivent rester hauts
et fermes en toutes circonstances, on a peur que l’allaitement les fasse « tomber ».
Et comme, en plus, l’allaitement est loin d’« aller de soi »,
on pense prévenir toutes les
catastrophes qu’on anticipe
(crevasses, douleurs, etc.) en
« habituant » les seins au préalable, en les « endurcissant ».
Pas besoin d’« endurcir »
les mamelons
On va donc conseiller de
masser les seins avec de la
© Aude Gertou
crème ou de l’huile, d’étirer
les mamelons, voire (ça se dit
encore) de les frotter avec une
brosse à dents.
Pourtant, tous les experts
sont d’accord pour dire que,
dans l’immense majorité des
cas, les douleurs et crevasses
sont dues à une mauvaise prise
du sein en bouche par le bébé,
et que toutes les préparations,
toutes les crèmes appliquées
en prévention n’y changeront
rien.
Cela n’empêche pas, si on le
souhaite, de se masser doucement les seins pendant la grossesse. Pour certaines femmes,
cela aidera à apprivoiser l’idée
que bientôt la bouche d’un
bébé les happera avec une
vigueur parfois étonnante.
Les seins se préparent
tout seuls à l’allaitement
En fait, la partie la plus importante de la préparation se fait
naturellement et automatiquement. Que la mère ait ou non
décidé d’allaiter, son corps se
prépare à l’allaitement tout
au long de la grossesse : les
seins augmentent de volume
et peuvent devenir sensibles à
mesure que les glandes mammaires situées à l’intérieur des
seins se développent ; l’aréole
prend une couleur plus foncée
et les mamelons peuvent devenir plus durs et protubérants ;
les glandes de Montgomery se
développent.
Au cours du deuxième trimestre, les seins commencent
à produire du colostrum.
Certaines femmes remarquent
qu’un peu de colostrum
s’écoule de leurs seins vers la
fin de la grossesse1.
Pour y remédier, on a suggéré
le port de coupelles à partir du
dernier trimestre de la grossesse ou les exercices « de
Hoffmann » destinés à assouplir le tissu péri-mamelonnaire.
Mais l’efficacité de ces techniques a été fortement mise
en cause par une étude où l’on
avait demandé à des femmes
ayant au moins un mamelon
plat ou rétracté de porter des
coupelles, ou de faire les exercices de Hoffmann, ou les deux,
ou de ne rien faire. Résultat : le
taux d’allaitement à l’arrivée
était le plus élevé… chez celles
qui n’avaient rien fait !
En fait, si l’on veut bien se
souvenir que le bébé tète
l’aréole et non le mamelon, on
comprend qu’il est plus important de montrer à la mère comment faire prendre à son bébé
une bonne « bouchée de sein »
que de l’inciter à manipuler ses
mamelons pendant la grossesse, pour un résultat douteux.
Dans la tête
Et le reste de la préparation,
celle qui peut faire la différence
entre un allaitement réussi et
un allaitement raté, elle se fait
dans la tête : il s’agit de s’informer, de lire, de rencontrer des
femmes qui allaitent, notamment dans les groupes de
mères, de s’enquérir des pratiques en matière d’allaitement
dans le lieu où l’on a prévu
d’accoucher, de connaître le
comportement normal d’un
nouveau-né… Bref, de recréer
pour soi et autour de soi une
culture de l’allaitement qui
mette en échec la culture
dominante du biberon. X
X
1 Récemment, certains ont suggéré
de tirer un peu de colostrum en toute fin
de grossesse, de le stocker dans une petite
seringue et de l’apporter à la maternité pour
le cas où il faudrait donner un complément
au nouveau-né. Voir l’intervention
de Diana West à la Journée internationale
de l’allaitement, 29 mars 2013.
Grandir Autrement XHors-série no 8 X2014 41