Fiche PanaMaths (CPGE) → L`équation du 3 degré
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Fiche PanaMaths (CPGE) → L`équation du 3 degré
Fiche PanaMaths (CPGE) Æ L’équation du 3ème degré Introduction On se propose ici de donner la résolution générale de toute équation de la forme : ax3 + bx 2 + cx + d = 0 (avec ( a, b, c, d ) ∈ ^* × ^3 ) L’approche est similaire, dans son principe général, à celle de la résolution d’une équation du second degré : on commence par donner la forme canonique d’où on tire un discriminant permettant de discuter et de donner les racines éventuelles. La méthode exposée est la méthode historique de Cardan (1501-1576). Obtention de la forme canonique de l’équation On travaille donc a ≠ 0 . On peut donc écrire : b c d⎞ ⎛ ax 3 + bx 2 + cx + d = 0 ⇔ a ⎜ x 3 + x 2 + x + ⎟ = 0 a a a⎠ ⎝ b c d ⇔ x3 + x 2 + x + = 0 a a a On identifie alors les deux premiers termes de l’expression obtenue aux deux premiers termes 3 b ⎞ ⎛ du développement de ⎜ x + ⎟ : 3a ⎠ ⎝ 3 2 3 b c d ⎛ b ⎞ d ⎛ b ⎞ ⎛ b ⎞ c x + x2 + x + = ⎜ x + ⎟ − 3 ⎜ ⎟ x − ⎜ ⎟ + x + a a a ⎝ 3a ⎠ a ⎝ 3a ⎠ ⎝ 3a ⎠ a 3 3 b ⎞ ⎛ c b2 ⎞ d ⎛ b ⎞ ⎛ = ⎜ x + ⎟ +⎜ − 2 ⎟x + −⎜ ⎟ 3a ⎠ ⎝ a 3a ⎠ a ⎝ 3a ⎠ ⎝ 3 b ⎞ 3ac − b 2 d ⎛ x+ =⎜x+ ⎟ + 2 3a ⎠ 3a a ⎝ ⎛ b ⎞ −⎜ ⎟ ⎝ 3a ⎠ 3 3 3 b ⎞ 3ac − b 2 ⎛ b ⎞ 3ac − b 2 b d ⎛ b ⎞ ⎛ x =⎜x+ ⎟ + + + −⎜ ⎟ ⎜ ⎟− 3a ⎠ 3a 2 ⎝ 3a ⎠ 3a 2 3a a ⎝ 3a ⎠ ⎝ 3 3 b ⎞ 3ac − b 2 ⎛ b ⎞ −9abc + 3b3 + 27 a 2 d − b3 ⎛ =⎜x+ ⎟ + x + ⎜ ⎟+ 3a ⎠ 3a 2 ⎝ 3a ⎠ 27a 3 ⎝ 3 b ⎞ 3ac − b 2 ⎛ b ⎞ −9abc + 2b3 + 27 a 2 d ⎛ x =⎜x+ ⎟ + + ⎜ ⎟+ 3a ⎠ 3a 2 ⎝ 3a ⎠ 27a 3 ⎝ PanaMaths [1-7] Mai 2008 Cette réduction est toujours possible et, modulo le changement d’inconnue X = x + b et une 3a récriture des coefficients, on constate finalement que le problème revient à résoudre l’équation générale : x3 + px + q = 0 (Ec) avec ( p, q ) ∈ ^ 2 . C’est la forme canonique associée à l’équation initiale. Remarques : • • Ces notations sont standard et on les retrouve fréquemment dans la littérature ; Cette équation ne comportant pas de terme en x 2 , la somme de ses racines complexes est égale à 0. Discriminant et discussion Ecrivons x sous la forme x = u + v . L’équation canonique se récrit alors : x 3 + px + q = 0 ⇔ (u + v ) + p (u + v ) + q = 0 3 ⇔ u 3 + 3u 2 v + 3uv 2 + v 3 + p ( u + v ) + q = 0 ⇔ u 3 + v 3 + 3uv ( u + v ) + p ( u + v ) + q = 0 ⇔ u 3 + v 3 + ( 3uv + p )( u + v ) + q = 0 On peut ici choisir u et v de telle sorte que 3uv + p = 0 , c'est-à-dire uv = − p . 3 On doit donc résoudre le système : ⎧u + v = x ⎪ p ⎪ ⎨uv = − 3 ⎪ 3 3 ⎩⎪u + v = −q L’équation u 3 + v 3 + ( 3uv + p )( u + v ) + q = 0 donne alors : u 3 + v 3 + q = 0 . Mais comme uv = − p p3 , il vient u 3v 3 = − . 3 27 Finalement, u 3 et v 3 vérifient : u 3 + v3 = −q et u 3v 3 = − PanaMaths [2-7] p3 . 27 Mai 2008 Ce sont donc les solutions de l’équation du second degré : Y 2 + qY − p3 = 0 (E*) 27 p 3 27q 2 + 4 p 3 = . La discussion qui doit être menée 27 27 dépend donc de la quantité : 27q 2 + 4 p 3 . Son discriminant s’écrit : Δ = q 2 + 4 × p p3 nous a permis d’obtenir u 3v3 = − . Soit u0 tel que u03 soit solution de 27 3 3 (E*). Alors il en va de même pour ju0 et j 2u0 (puisque ( ju0 ) = j 3u03 = u03 et L’égalité uv = − (j u ) 2 0 3 = j 6u03 = u03 et parce que l’équation u 3 = u03 admet exactement trois solutions dans ^ ). En raisonnant de façon analogue avec v0 tel que v03 soit égal à l’autre solution de (E*) et p vérifie u0 v0 = − , on obtient finalement comme solutions de (Ec) : 3 x0 = u0 + v0 x1 = ju0 + j 2 v0 x2 = j 2u0 + jv0 La question est désormais de savoir s’il y a des racines multiples. Si p = 0 , (Ec) se récrit x3 + q = 0 . Alors : ■ Si q = 0 , (Ec) admet 0 comme racine triple (c’est d’ailleurs la seule racine triple possible puisque P '' ( X ) = 6 X ) ; ■ Si q ≠ 0 , (Ec) admet trois racines distinctes. On suppose maintenant que l’on a : p ≠ 0 . Considérons le polynôme P ( X ) = X 3 + pX + q . Alors : P ' ( X ) = 3 X 2 + p . L’équation (Ec) admet une racine (au moins) double, si, et seulement si, P et P ' ne sont pas premiers entre eux. Effectuons la division euclidienne de P par P ' : 1 3 X 3 + 3 pX ) + q ( 3 1 1 2 = X ( 3 X 2 + 3 p ) + q = X ( 3 X 2 + p ) + pX + q 3 3 3 1 2 = XP ' ( X ) + pX + q 3 3 P ( X ) = X 3 + pX + q = PanaMaths [3-7] Mai 2008 Il vient donc : 2 ⎛ ⎞ PGCD ( P, P ') = PGCD ⎜ P ', pX + q ⎟ 3 ⎝ ⎠ On en déduit immédiatement que (Ec) admet une racine (au moins) double si, et seulement si 2 3q pX + q divise P ' c'est-à-dire si, et seulement si, − est racine de P ' . 2p 3 2 ⎛ 3q ⎞ ⎛ 3q ⎞ 9q 2 27q 2 + 4 p 3 p p 3 3 = − + = + = . Or, P ' ⎜ − ⎟ ⎜ ⎟ 4 p2 4 p2 ⎝ 2p ⎠ ⎝ 2p ⎠ 3q est racine de P ' si, et seulement si : 27q 2 + 4 p 3 = 0 . Donc − 2p Lorsque l’on aura 27q 2 + 4 p 3 = 0 et p ≠ 0 , la racine multiple sera donc double et égale à 3q 3q − . La somme des racines de (Ec) valant 0, la deuxième racine vaut donc : . p 2p On a finalement : ■ Si 27q 2 + 4 p 3 ≠ 0 l’équation (Ec) admet trois racines simples ; ■ Si 27q 2 + 4 p 3 = 0 l’équation admet : o Si p = 0 (on a alors aussi q = 0 ) : 0 comme racine triple ; 3q 3q o Si p ≠ 0 : une racine double égale à − et une racine simple égale à . p 2p Cas d’une équation à coefficients réels On suppose ici ( p; q ) ∈ \ 2 . Dans ce cas, on a : ■ Si Δ = 0 On se trouve dans la situation vue précédemment. L’équation admet des racines multiples qui sont toutes réelles. ■ Si Δ > 0 L’équation Y 2 + qY − p3 = 0 admet deux racines réelles distinctes : 27 −q − PanaMaths 27 q 2 + 4 p 3 27 q 2 + 4 p 3 −q + 27 27 et 2 2 [4-7] Mai 2008 On peut écrire : −q − 27 q 2 + 4 p 3 2 3 q 1 27 q 2 + 4 p 3 q q 2 p3 q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ 27 =− − =− − + = − − ⎜ ⎟ +⎜ ⎟ 2 2 2 27 2 4 27 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 2 3 2 3 q q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ ⎛q⎞ ⎛ p⎞ Les deux racines s’écrivent donc : − − ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ et − + ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ . 2 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ On peut alors considérer, en reprenant les notations de la partie précédente, les racines cubiques de ces expressions : 2 3 2 q q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ ⎛q⎞ ⎛ p⎞ u0 = − − ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ et v0 = 3 − + ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ 2 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 3 3 Ces quantités sont réelles et leur produit vaut bien − p puisque dans \ on a 3 p3 p ⇔ u0 v0 = − . l’équivalence : u v = − 27 3 3 3 0 0 Les racines de (Ec) s’écrivent finalement : 2 3 2 q q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ ⎛q⎞ ⎛ p⎞ x0 = u0 + v0 = 3 − − ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ + 3 − + ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ 2 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 2 q q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ ⎛q⎞ ⎛ p⎞ x1 = ju0 + j v0 = j − − ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ + j 2 3 − + ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ 2 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 2 3 2 2 3 2 x2 = j u0 + jv0 = j 2 3 3 3 23 3 q q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ ⎛q⎞ ⎛ p⎞ − − ⎜ ⎟ +⎜ ⎟ + j3 − + ⎜ ⎟ +⎜ ⎟ 2 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ La racine x0 est réelle. C’est la formule historique de Cardan-Tartaglia. En tenant compte de j = j 2 et comme x1 ≠ x2 (pas de racine multiple), on déduit que x1 et x2 sont deux racines complexes conjuguées. ■ Si Δ < 0 p3 L’équation Y + qY − = 0 admet deux racines complexes conjuguées (coefficients réels 27 et discriminant strictement négatif) : 2 −q − i 27 q 2 + 4 p 3 27 2 PanaMaths −q + i et [5-7] 27 q 2 + 4 p 3 27 2 Mai 2008 Soit, en procédant comme dans le cas précédent : 2 q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ − −i ⎜ ⎟ +⎜ ⎟ 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 3 2 q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ et − + i ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 3 2 3 q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ Si nous notons α , jα et j α les trois racines de X + + i ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ , alors les 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 2 3 2 q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ trois racines de X + − i ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 3 3 seront les conjugués de ces trois complexes, à savoir : α , jα = j α = j 2α et j 2α = j 2α = jα . Mais puisque le produit uv doit être réel p (il vaut, rappelons-le, − ), les trois couples ( u , v ) possibles sont : 3 (α , α ) , ( jα , j 2α ) et ( j 2α , jα ) Les racines de (Ec) s’écrivent alors : x0 = α + α x1 = jα + j 2α x2 = j 2α + jα Les trois racines ainsi obtenues sont réelles (chacune est égale à sa conjuguée) distinctes. Synthèse 1. Toute équation du 3ème degré peut être mise sous forme canonique : x3 + px + q = 0 ; 2. Le discriminant associé s’écrit : 27q 2 + 4 p 3 ; 3. On a la discussion suivante : ■ Si 27q 2 + 4 p 3 ≠ 0 , l’équation admet trois racines distinctes ; Lorsque les coefficients p et q sont réels on a plus précisément : o Si 27q 2 + 4 p 3 > 0 , l’équation admet une racine réelle (donnée par la formule 2 3 2 3 q q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ ⎛q⎞ ⎛ p⎞ de Cardan : x0 = − − ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ + 3 − + ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ ) et deux racines 2 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ complexes conjuguées ; o Si 27q 2 + 4 p 3 < 0 , l’équation admet trois racines réelles distinctes. 3q ■ Si 27q 2 + 4 p 3 = 0 , l’équation admet une racine simple ( )et une racine double p 3q (− ) lorsque p ≠ 0 ou une racine triple (0) lorsque p = q = 0 . 2p 3 PanaMaths [6-7] Mai 2008 Un exemple pour prendre un peu de recul … Considérons l’équation suivante : x3 + x − 2 = 0 L’équation est sous forme canonique et on a : p = 1 et q = −2 . Le discriminant vaut alors : 27q 2 + 4 p 3 = 27 × ( −2 ) + 4 ×13 = 27 × 4 + 4 = 112 > 0 . L’équation admet donc dans ^ une racine réelle et deux racines complexes conjuguées. 2 La racine réelle est donnée par la formule de Cardan-Tartaglia : 2 3 2 q q ⎛q⎞ ⎛ p⎞ ⎛q⎞ ⎛ p⎞ x0 = 3 − − ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ + 3 − + ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟ 2 2 ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ ⎝2⎠ ⎝ 3 ⎠ 2 3 2 3 −2 −2 ⎛ −2 ⎞ ⎛ 1 ⎞ ⎛ −2 ⎞ ⎛ 1 ⎞ = − − ⎜ ⎟ +⎜ ⎟ + 3 − + ⎜ ⎟ +⎜ ⎟ 2 2 ⎝ 2 ⎠ ⎝3⎠ ⎝ 2 ⎠ ⎝3⎠ 3 3 = 3 1− 1+ = 3 1− 1 3 1 + 1+ 1+ 27 27 2 7 3 2 7 + 1+ 3 3 3 3 Cette expression semble assez complexe … On sera probablement un peu dérouté lorsque, de surcroît, on constatera que 1 est racine évidente de l’équation initiale et que l’on a ainsi : 3 1− 2 7 3 2 7 + 1+ =1 3 3 3 3 On saura (partiellement ?) se convaincre de la validité de cette égalité à l’aide d’un tableur ou d’une calculatrice mais si nous n’en disposions pas (imaginez, en particulier, la situation au début du 16ème siècle !) … Ainsi, une formule, aussi belle soit-elle, n’est peut-être pas toujours une fin en soi … PanaMaths [7-7] Mai 2008